Il fallut quelques instants pour que l’ascenseur runique sorte de la galerie de roche creusée à même le volcan et ne débouche sur une autre cavité dont les extrémités ne pouvaient être que devinées tellement les proportions de la caverne étaient démesurées.
Au plafond de la caverne, qui se tenait bien à vingt mètres du sol, d’imposantes lampes orangées étaient dirigées vers le sol, et des centaines de sphères métalliques pouvaient être devinées en train d’évoluer dans l’air, leurs runes brillant d’une lueur bleutée, slalomant entre les lampes qui semblaient faîtes de roche, ce que ne comprenait pas Marlon mais qu’il ignora pour l’instant, se concentrant sur le reste de la vision qui s’offrait à lui.
De nombreuses personnes circulaient dans ce qui s’apparentait fortement à des rues, si ce n’était qu’aucune cariole n’était visible.
A la place, des sortes de chariots sans personne pour les piloter semblaient circuler le long de rails sur un circuit complexe dont le runiste en pouvait qu’imaginer l’apparente complexité. Les rails en eux-mêmes étaient recouverts de runes sur toute leur longueur et brillaient de cette même lumière bleue que les Observateurs.
Même si les couleurs étaient plus ou moins semblables sur les dizaines d’étals et de boutiques qui semblaient peupler abondamment cet étage de Forgeciel, de nombreuses nuances étaient présentes et donnaient un charme important à ce qui semblait être un fouillis de bâtisses et de gens.
L’ascenseur ouvrit enfin ses portes et les trois personnes sortirent de la cabine, seul Marlon étant bouche bée alors qu’il découvrait le Marché.
« Ne te mets jamais au milieu des chemins, Revenge, ou tu te feras écraser par les chariots de marchandise. Pour traverser, suis notre exemple et reste près de nous. Le Marché est un fouillis, mais tu verras que ce n’est pas si compliqué que cela. »
Vladimir avait le ton moqueur devant la mine ébahie du runiste, mais il ne commenta pas plus avant, sachant pertinemment l’effet que pouvait avoir Forgeciel pour un inconnu.
« Allez, on va manger, après on visitera plus en profondeur ! Je meurs de faim ! »
Le géant blond pressa le pas et Marlon le suivit de près, Palkor fermant la marche d’un air désintéressé.
Il comprit rapidement que le fonctionnement était très semblable à celui de Delia. Il y avait un sens de circulation, ce qui leur évitait de rentrer dans d’autres passants malgré la foule compacte qui évoluait dans les chemins taillés à même la pierre. Les chariots évoluaient sur une ligne qui leur était propre, et tous les quelques cents mètres, des sortes de passages zébrés permettaient de passer d’un côté à l’autre, des lampes magiques signalant par un code couleur si l’on pouvait traverser ou non.
Ce système était tellement proche de celui qui existait sur Terre que Marlon se demanda pendant un instant comment il était possible que les choses soient parfois si semblables. L’évolution passait-elle par des chemins similaires quel que soit l’endroit et la dimension ? Ou bien cela n’avait-il rien à voir et faisait juste partie d’un concours de circonstances hasardeux ?
Il chassa ces pensées alors que l’odeur de nourriture grillée envahit ses narines et que son estomac se mit à gronder bruyamment, la faim se rappelant à lui avec force et insistance.
Ils avançaient sur ce qui semblait être la rue principale, large d’une dizaine de mètres, et sans prévenir Vladimir s’engouffra dans une ruelle perpendiculaire d’un pas affirmé.
Marlon continua de le suivre et fut étonné par le changement de décor.
Juste avant, les édifices et quelques rares stalles en bord de rues étaient toutes de la même couleur, sans signe distinctif et difficilement identifiables, mais tout était différent en face de lui.
Des nuances de verts, de bleus, de rose étaient fièrement utilisées pour les tentures qui représentaient les différents étals de nourriture présents dans la ruelle, et ils étaient nombreux.
Le spectacle était appréciable, mais une chose tranchait fortement avec les quartiers commerçants que Marlon avait pu visiter à Delia.
Le calme. Les vendeurs ne tentaient pas d’alpaguer les passants, ni ne criaient les différents mérites de leur cuisine pour vendre plus et se démarquer de leurs voisins.
Non, les gens regardaient simplement les différents étalages de nourriture et choisissaient calmement, sans hausser le ton, les différents vendeurs se parant d’un sourire à peine visible avant d’empaqueter le choix du client et d’encaisser leur dû.
Personne ne se pressait, tous attendaient patiemment leur tour, même si de nombreuses personnes les précédaient parfois, et le même spectacle se répétait devant de nombreuses stalles, présentes sur toute la longueur de la ruelle, ce qui représentait énormément de vendeurs.
Il y avait même un groupe musical sur l’avenue principale chantant des musiques très similaires aux chants religieux de le Terre, et ce qui étonna Marlon ce fut d’entendre correctement leur chanson malgré la foule et le nombre de marchands.
Vladimir s’était déjà avancé, une dizaine de stalles en avant, sachant exactement ce qu’il voulait, et faisait signe à Palkor et Marlon de le rejoindre, ce qu’ils firent sans attendre, prenant place calmement dans la queue qui semblait bien plus importante que pour les autres stalles de nourriture.
« Je vais te faire goûter quelque chose que tu vas aimer, Revenge ! »
Alors qu’ils patientaient et avançaient pas à pas dans la file d’attente, l’eau montait à la bouche du runiste qui ne put s’empêcher d’observer ce que faisaient les autres cuisiniers dans leurs étals en patientant.
Ici, des brochettes de ce qui ressemblait à des champignons et brillaient d’un éclat gras qui ressemblait à un laquage au beurre, dégageant une odeur épicée et terreuse très alléchante.
Là, des steaks de viande rouge semblant grillés à la perfection, saisis sur ce qui ressemblait à des planchas runiques et les épices que parsemait le cuisinier dessus semblaient animées d’une vie propre alors que la chaleur les faisait grésiller et fondre sur la viande marquée.
Il y avait aussi des poissons à l’allure étrange, aussi fins que des aiguilles et cuits dans des poêlons en demi-lune, des fruits découpés et confits dans des jus qui renvoyaient la lumière avec une appétence incroyable.
Il fallut quinze bonnes minutes pour arriver devant le vendeur, et lorsqu’ils y arrivèrent, Marlon était prêt à manger un bras de Vladimir pour calmer la férocité de la faim qui le tenaillait.
Le colosse choisit de nombreux plats différents, dont tous semblaient aussi bons les uns que les autres, et il tendit quatre sacs en tissu bien remplis à Palkor et Marlon, qui les prirent de bon cœur.
Sans trainer, ils allèrent s’installer sur des tables non loin de là. La ruelle se finissait en effet sur une espèce de parc sans végétation mais très joli, avec de nombreuses sculptures de roches, des tables étant disposées tous les quelques mètres afin que tous puissent s’y asseoir et se restaurer.
Vladimir reprit les sacs des mains de ses deux acolytes et commença à déballer la nourriture devant leurs yeux. Même ceux de Palkor étaient devenus brillants et plein d’intérêts devant ce qu’il voyait.
C’était un condensé de tout ce que Marlon avait pu voir sur les autres stands, à quelques différences prêtes.
« Je n’aime pas perdre mon temps hors des études et des expériences, mais Vlad je dois reconnaître que tu sais choisir les plats les plus appétissants du Marché… »
« Les délices de Sarthu ! Depuis que je vogue dans les méandres du Marché, je n’ai jamais trouvé un cuisinier qui arrive à faire autant de plats avec autant de talent ! Il est cher par contre… »
En disant cela, Vladimir lorgna sans vergogne du côté de Palkor, ou du moins de la bourse qu’il portait à la ceinture, tirant un soupir exaspéré de la part du jeune Apprenti.
« J’ai compris, je paierais une partie, ne t’inquiètes pas… »
« Tu peux retirer une part aussi de l’allocation qui m’a été donnée, Palkor. »
Marlon se sentait l’âme un peu plus généreuse alors qu’il commençait à dévorer au hasard certains des plats présentés devant lui, Vladimir ayant déjà une longueur d’avance sur lui et grognant avec plus ou moins de force suivant la volupté dans laquelle le plongeait la dégustation.
Autour d’eux, seules quelques personnes mangeaient également, dans un silence et une propreté qui en devenaient presque gênantes. Le colosse blond se détachait de par ses gestes démesurés et ses éclats de bonheur quand il finissait un plat.
Palkor, lui, était bien plus mesuré, même si de temps à autre ses yeux se fermaient dans ce qui semblait être un instant de délectation unique.
Leur repas dura presque une heure, et à la fin, seuls les emballages végétaux servant à contenir la nourriture avaient survécus, les trois personnages grimaçants alors que leur ventre était distendu par la quantité impressionnante de plats ingurgités.
Ce fut Palkor qui reprit la parole en premier.
« Finissons cette visite, Vlad. Avec ce que j’ai mangé, j’ai l’impression qu’il serait plus facile de rouler à terre que de marcher. »
La phrase fit rigoler le colosse, et il se leva en soupirant et en acquiesçant à ce que disait Palkor.
« Ne sois pas si pressé, Palkor, il y a plein de choses que Revenge doit voir à cet étage, après tout. »
Les yeux de Vladimir s’étaient faits brillants et Palkor secoua la tête en grognant sa désapprobation.
« Pas de maison close, aujourd’hui, Vlad ! C’est non négociable ! Je ne suis pas venu pour cela ! »
Le géant fit un clin d’œil à Marlon et sourit d’un air lubrique.
« Tant pis, je l’emmènerais une prochaine fois. Mais nous devons quand même lui montrer plusieurs choses, sans parler des maisons de plaisir. Profite un peu, espèce de bougon ! Tu dois venir ici une fois tous les six mois ! Et ne me parle pas des commissions pour tes expériences, ça ne compte pas ! »
Palkor, qui avait déjà ouvert la bouche pour rétorquer, la referma aussi sec et se contenta d’emboîter le pas derrière Vladimir et Marlon alors que ceux-ci retournaient sur la rue principale, maugréant contre son ami qui le connaissait trop bien.
A partir de ce moment, Vladimir joua le rôle de guide touristique, ce qui convenait à Marlon, car il était bien plus enjoué que Palkor, qui semblait s’impatienter encore plus à chaque instant qui passait.
Ils marchaient lentement, le ventre lourd et en pleine digestion, et Vlad commença à expliquer à Revenge ce qui composait cet étage.
« Sur la rue principale, tu trouveras la majorité de ce que tu cherches. Il y a des marchands de matières premières, allant de roches rares jusqu’aux parchemins vierges, en passant par des tissus et des denrées alimentaires. Rien à voir avec la ruelle des cuisiniers, note bien. »
Il indiqua, alors qu’ils s’enfonçaient vers les profondeurs de la caverne et que l’affluence de la rue était de plus en plus compacte, un bâtiment qui se détachait des autres, une couleur jaune familière à Marlon peintes sur les murs qui s’élevaient sur plusieurs étages.
« Ici, c’est la Guilde des Aventuriers. Tu pourras, une fois intégré à Forgeciel, y prendre des quêtes pour explorer des grottes alentours, chasser des nuisibles ou même récupérer des matériaux dont la cité a grand besoin. Les quêtes sont moins fournies qu’à Delia et plus ciblées, mais il y a largement de quoi faire pour ceux qui veulent se faire de l’argent et gagner un peu d’expérience. Fais gaffe au directeur, ce n’est pas un tendre et il déteste les étrangers… »
Lors de leur promenade, Marlon remarqua un étal qui vendait des parchemins vierges ainsi que de l’encre, et il demanda à Palkor un peu de son allocation pour acheter du matériel, ce que l’Apprenti lui accorda, dans un murmure, après l’avoir prévenu de ne pas faire de folies avec ses runes, à voix basse.
Marlon hocha la tête et prit le sac en tissu que lui tendait le marchand, toujours ce sourire à peine visible sur les lèvres, leurs échanges se limitant à un simple salut et à un remerciement, loin des effusions habituelles de ce type de profession.
Lorsqu’ils avancèrent plus avant, Marlon entendit des rires et des cris faussement effrontés provenir d’une des ruelles attenantes à la rue principale, et il vit que Vladimir jetait un regard plein de regret dans la direction d’où provenaient les éclats sonores.
« Je suppose que c’est là que se trouvent les maisons de plaisir, comme tu les appelles ? »
Vladimir hocha la tête, l’air triste et pitoyable d’un chien battu affiché sur le visage, voutant même ses épaules et avançant d’un pas si lent que c’en devenait risible.
« Non négociable, Vlad. Avance ! »
Ils continuèrent pendant quelques minutes, le colosse commentant certains édifices en expliquant à Marlon que ce dernier pourrait en avoir besoin un jour où l’autre.
Il retint l’emplacement du forgeron et du tailleur, qui pourraient lui être fortement utiles à l’avenir.
Il se rappela son arme brisée lors de sa fuite et soupira en se disant qu’il lui faudrait tout racheter pour le combat, de l’arme à l’armure, cette dernière ayant finie aussi en pièce avant son arrivée à Forgeciel.
Un autre endroit qui attira son attention, une boutique d’artefacts runiques, se démarquait également des autres par sa couleur, rouge vive, et contenait d’après les explications de Vladimir plusieurs Sangsues pouvant faciliter le quotidien. Certaines accéléraient la vitesse de marche, d’autres permettaient de stocker de l’eau ou de la nourriture, très semblables à des anneaux de stockage.
L’avantage était que les Sangsues étant quelque chose de répandu à Forgeciel, les prix étaient bien plus corrects. La cité, bien que se voulant indépendante de l’Empire, utilisait cependant la même monnaie, l’Amecareth, afin de faciliter les échanges et le commerce, une des quatre bases sur lesquelles reposait la cité.
Vladimir était prolixe en explications, et il aurait fait un guide touristique très efficace, Marlon buvant ses paroles et s’informa nt plus en détail sur cette ville souterraine.
Ils avaient déjà traversé plus de la moitié de la caverne, et cela leur avait pris pas loin d’une demi-heure de marche à vive allure.
Le passage était toujours aussi rempli de monde, et le colosse blond s’arrêta devant une ruelle un peu plus large que les autres, expliquant à Marlon ce qu’elle contenait.
« Ici, tu trouveras l’édifice des Professions ! C’est ici que tu devras venir pour avancer la profession que tu as choisi et aussi pour t’équiper ! »
« C’est un seul bâtiment ? A Delia, toutes les professions possédaient leur propre bâtisse. »
« Pas ici, mais tu verras, c’est assez impressionnant. Tous sont rassemblés dans un hall gigantesque et c’est sublimement décoré ! Mais tu dois posséder ta bague d’identification avant de pouvoir y aller. »
Marlon hocha la tête, et comprit que pour accéder à tous les endroits sensibles de la cité il fallait que ladite cité puisse le traquer…Forgeciel semblait être très rigide dans le contrôle qu’elle exerçait, mais après tout, si cela fonctionnait et évitait les troubles qu’il avait connu à Delia…
Il faudrait qu’il exerce un contrôle bien plus intense sur sa folie, il en était conscient, et c’est à cet escient qu’il avait acheté les dizaines de parchemins et fioles d’encre chez le marchand.
[Soin de l’Esprit] lui procurerait un sursis, et même s’il n’était pas totalement libre, le manque de danger ambiant était une bonne chose, pour le moment.
Tout l’intriguait, et il avait hâte de pouvoir acquérir plus de savoir sur les runes Astrales, sur les Sangsues, sur les Arts de Combats de Forgeciel…toutes ces connaissances l’aideraient à atteindre son objectif, et il lui fallait être patient quoiqu’il arrive, pour que Loki guérisse et se réveille, ainsi que pour récupérer Luna.
Ils continuèrent donc leur visite jusqu’au fond de la caverne, Vladimir expliquant les divers marchands et étals présents, mais plus aucune surprise ne les attendait.
Ils avaient marché plus d’une heure pour arriver jusque-là, et Marlon soupira intérieurement à l’idée de devoir refaire le même trajet, et une voix les héla alors qu’il était perdu dans ses pensées.
« Jeunes gens ! Vous voulez des potions, des Sangsues à des prix imbattables ? Venez voir ce vieux Bartho, je peux vous rendre ce service ! N’hésitez pas ! »
Marlon sourit alors qu’il retrouvait enfin chez le vieil homme grisonnant l’esprit d’un vrai marchand, mais le visage de Vladimir et de Palkor, qui venaient de se fermer comme des huîtres, annonçaient tout autre chose.
C’est Vlad qui prit la parole en premier, grognant presque à l’intention du marchand.
« Non merci, Bartho…on connaît ta réputation ! La dernière fois qu’un crédule t’as acheté une potion, il a fini presque mort sur le sol de sa chambre ! »
« Une erreur, une simple erreur, jeune maître ! »
Une patrouille de soldat passa devant l’étal et instantanément le marchand se tut, ses yeux suivant avec angoisse la patrouille alors qu’il souriait faussement aux trois jeunes gens devant lui.
« Je…je vous l’assure, tout est…tout est certifié ! »
Mais déjà Vladimir s’éloignait, suivit par Marlon et Palkor.
Marlon, curieux, demanda ce qui venait de se passer à Vladimir, mais ce dernier semblait énervé et ne répondit pas. C’est Palkor qui le fit, voyant que son ami était furieux.
« Un ami de Vladimir a vraiment failli mourir d’une potion que ce type lui a vendu. En punition, il a été relégué au fond du Marché avec un blâme, mais il faut croire que cela n’a pas suffi pour faire changer ce vieux crouton… »
Ils continuèrent dans un silence qui était un peu plus tendu et Marlon se demanda où ils allaient, prenant une ruelle partant perpendiculairement par rapport à la paroi de la caverne, au lieu de faire demi-tour sur la rue principale.
Il eut rapidement sa réponse alors qu’ils débouchèrent devant des files d’attente qui se tenaient debout devant ce qui ressemblait à un circuit similaire à celui sur lequel évoluaient les chariots sans pilote qui avançaient dans tout l’étage du Marché.
Les gens embarquaient dans ce qui ressemblait à des tasses géantes dans lesquelles se trouvaient quatre sièges. De couleurs grises, les embarcations, s’arrêtaient quelques secondes devant les files, le temps que les gens s’asseyent dedans, puis partaient à toute vitesse dans la direction opposée à celle d’où elles provenaient.
« Ce circuit permet de repartir à l’entrée du Marché très rapidement, en moins de cinq minutes. Il y a plusieurs circuits similaires à celui-ci à chaque étage de Forgeciel, et même plusieurs rien que sur le Marché, pour éviter de marcher pendant des heures. Mais vu que nous te faisons visiter, il n’y avait aucune utilité à les emprunter. »
Leur tour arriva bientôt et la rapidité avec laquelle l’embarcation s’élança fit que Marlon s’accrocha avec force à la barre qui sortait devant lui et servait apparemment à cela. Vladimir était d’humeur sombre depuis qu’il avait conversé avec Bartho, le marchand, et lorsqu’ils arrivèrent au débarcadère de leur soucoupe, il les salua en grommelant et leur dit qu’il les verrait bientôt à l’Académie.
Palkor lui tapota l’épaule amicalement avant que le colosse ne s’éloigne et il soupira alors qu’ils reprenaient l’ascenseur pour se diriger vers les Résidences.
« Ne lui en veut pas. Son ami est toujours sous soins intensifs et il ne sera apparemment jamais plus comme avant. C’était un des meilleurs éléments de l’Académie… »
Marlon hocha la tête, plus pour simuler une compassion qu’il ne ressentait pas réellement que par réelle empathie envers la situation de l’ami de Vladimir, mais il voulait bien se faire voir, et rapidement si possible.
Ils descendirent et repassèrent devant le contrôle des gardes qui vérifièrent encore une fois leurs documents avant de les laisser passer. Les lumières un peu partout autour d’eux se firent plus tamisées, et Palkor indiqua à Marlon que cela signifiait la fin de la journée.
Beaucoup de sections de la cité n’ayant pas accès à la lumière directe du soleil, c’était la méthode la plus efficace pour simuler les cycles diurnes et nocturnes, détail très important pour le bien-être mental de la cité.
Les chemins en gravier menant aux différents bâtiments blancs de l’aire résidentielle étaient encore fréquentés par beaucoup de monde, la plupart d’entre eux semblant rentrer chez eux quand une partie se dirigeait vers les ascenseurs.
« Quand tu auras ton allocation et ta bague d’identification, tu devrais aller au Marché dans ces heure-ci. Des spectacles sont donnés tous les soirs, et les animations de rues, bien qu’elles ne soient pas ce qui m’intéresse, sont très bien faite et distrayantes. »
Marlon hocha la tête, sentant une fatigue latente s’installer, chose normale après la longue journée de visite qu’ils venaient d’avoir. Content de rentrer et de pouvoir se reposer, il remarqua une silhouette imposante qui patientait devant l’entrée de leur bâtiment et Palkor jura doucement.
« Qu’est ce qu’il fait encore ici… »
Than, imposant et l’air sévère, se tenait devant leur porte d’entrée et fixait un regard insistant sur le duo qui rentrait, un paquet de cuir fermé par des lanières entre les mains.
Il regarda à peine son fils qu’il salua d’un hochement de tête et s’adressa à Marlon d’un ton qui ne souffrait aucune réplique.
« Revenge, nous avons encore des choses à régler, tous les deux. »