Néo-Life
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Chapitre 53 – Accès Restreint
Chapitre 52 – Visite Guidée (3) Menu Chapitre 54 – Enclos corrompu

Than se tenait immobile devant l’entrée de l’édifice dans lequel vivaient Marlon et Palkor, un paquet dans les mains, son regard fixé sur le runiste sans qu’aucune émotion ne soit lisible sur son visage.

Les lumières tamisées de la caverne résidentielle résultaient en une ambiance sereine et plus sombre, dans laquelle la tunique rouge vif marbrée d’or de Than jurait, tout comme sa stature imposante et la musculature dessinée au crayon qui jouait sous les épaisseurs de tissu.

« Bonsoir, Père. »

« Bonsoir Palkor. Je dois m’entretenir avec Revenge. Tu peux rester si tu veux. »

Le ton était neutre, distant, sans aucune émotion imprégnant la phrase du chef de Forgeciel.

Palkor secoua la tête et passa devant la silhouette de son Père sans même lui jeter un regard.

« Non merci. J’ai déjà perdu suffisamment de temps comme cela. Bonne soirée, Père. Revenge, je serais dans mon atelier, ne me dérange pas s’il te plaît. »

Marlon hocha la tête mais le jeune homme avait déjà disparu dans l’embrasure de la porte, la refermant derrière lui dans un claquement sec.

Il eut l’impression que les sourcils du Forgeur Céleste se froncèrent pendant quelques secondes, une lueur triste traversant son regard, mais cela fut tellement fugace qu’il n’était pas sûr que cela soit vraiment arrivé.

« Nous avons quelques détails dont nous devons discuter, Revenge. »

Tout en gardant son air impassible, Than sortit du paquet en tissu qu’il tenait deux choses : une bague argentée à l’allure simple, mais sur laquelle des runes étaient gravées avec finesse et faisait le tour du bijou dans des circonvolutions complexes.

La deuxième était un tas de vêtements tous de la même couleur noire que ceux qu’il portait déjà.

« Voici des habits de rechange pour que tu aies de quoi faire pendant ton séjour. Je suppose que Palkor t’as expliqué la signification des couleurs sur nos habits, aussi te demanderais-je de ne pas en changer et de porter uniquement ceux que je te fournis. »

Il tendit ensuite la bague à Marlon, qui la prit entre ses doigts, observant le travail incroyable de finesse qui avait été fait dessus.

« C’est ta bague d’identification. Elle nous permet de contrôler ton identité aux différents postes de contrôle, et je serais très honnête en te disant qu’elle nous permet également de voir où tu te trouves dans Forgeciel à n’importe quel moment. Et quand je dis ‘nous’, je veux dire ‘moi’. Certains dans le conseil de la cité ne voient pas d’un bon œil que nous accueillons un étranger. Ils auraient de loin préférés te jeter aux oubliettes, mais le fait que tu sois runiste a permis de les convaincre. Si tu t’intègres correctement, tu seras un atout pour Forgeciel, alors ne me fais pas regretter ma décision. »

Marlon hocha la tête, n’allant tout de même pas jusqu’à remercier l’homme qui clairement ne voyait en lui qu’un atout stratégique. C’était toujours mieux que d’avoir la tête tranchée ou bien de croupir dans des geôles souterraines, mais une cage dorée restait une cage, quel que soit la manière dont l’on voyait les choses.

« Pensez-vous que je puisse visiter mon familier maintenant que je possède cette bague ? »

« Je pensais bien que tu allais me demander cela. Oui, et je t’y accompagnerais demain matin. L’Enclos, qui est l’endroit où restent les familiers, n’accueille les visiteurs qu’en journée. Il y a également certaines restrictions, liées au fait que tu n’es pas intégré à la cité pour le moment. »

« Et quelles sont ces restrictions ? »

Marlon faisait de son mieux pour rester calme, mais il sentait la colère bouillir en lui. Il ne pouvait aller et venir à sa guise, il était surveillé absolument tout le temps, et il ne pouvait visiter son familier quand il le voulait. Cela, plus la folie qui guettait son moindre moment de faiblesse et le sommeil de Loki, faisait qu’il sentait presque l’empreinte des menottes immatérielles autour de ses poignets.

Coincé, aussi bien dans son esprit que dans le monde réel.

Il se sentait déchiré entre plusieurs sentiments, qu’il devait en partie à sa situation mais également à sa folie, à son alter ego qui était un catalyseur pour toutes les émotions extrêmes qu’il pouvait ressentir. Il évitait d’y penser le plus possible, pour ne pas déclencher des épisodes similaires à ceux qu’il avait vécu à Delia, mais il était conscient qu’il ne pourrait pas éluder le problème ad vitam aeternam.

« Tu ne pourras aller à l’Enclos qu’une fois par semaine, sous surveillance étroite. Ton familier, lui, a un collier de restriction qui l’empêche d’utiliser ses capacités. »

Il dut ressentir la tension qui habitait le runiste, et il prit la peine d’y répondre.

« Ecoute, je comprends bien que cela puisse te paraître injuste, mais je te promets que personne ici n’a l’intention de te maltraiter toi ou ton familier. Plie-toi aux règles, intègres toi, et tu verras que tu te plairas dans cette cité. Nous possédons tout ce qu’il faut pour que l’Empire ne te manque pas. »

Marlon hocha la tête et tenta de faire bonne figure, mais Than ne parut pas dupe une seule seconde. Il poussa un soupir de dépit en secouant la tête.

« Il te faut un peu de temps…je peux le comprendre. Demain, lorsque sonnera l’Appel du matin, rejoins-moi aux ascenseurs runiques, je te montrerais comment accéder aux enclos. J’ai fait déposer dans ta chambre le sac avec lequel tu es arrivé. Nous avons retiré la dague, bien entendu, mais tout le matériel de profession que tu possédais et tes ouvrages t’ont été restitués. Lorsque ton intégration sera finie, nous te rendrons également la lame, et tu pourras acheter de l’équipement plus…offensif, disons. »

L’homme semblait sur le départ, mais il sembla se rappeler encore quelque chose avant de partir.

« Ha, et une dernière chose… »

L’homme vêtu de rouge sortit du paquet en tissu un livre, semblant posséder moins d’une centaine de pages, avant de le tendre à Marlon sans se départir de son air sévère.

« Ceci est un ouvrage qui te permettra de comprendre les rudiments de nos runes. Apprends-les assidument, car sans cela tu ne pourras ni t’orienter, ni apprendre. Tu ne devrais pas avoir de difficulté majeure à comprendre les bases. Bonne nuit, Revenge. Et n’oublies pas, demain à l’appel, devant les ascenseurs. »

L’appel faisait référence à un son harmonieux qui si situait entre un chant d’oiseau et le sifflement du cristal lorsque l’on passait son doigt dessus. Marlon l’avait entendu à trois reprises aujourd’hui, et il semblait ponctuer différents moments clés de la journée.

Il avait pensé de prime abord que cela n’était rien d’autre qu’une sonorité propre au volcan sans forcément de sens profond, mais il s’était trompé.

« Je te rends également ceci… »

Le colosse tendit à Marlon le collier sur lequel était monté le médaillon abritant Loki. Il brillait toujours de la même lueur terne depuis son départ de Delia, mais cela n’empêcha pas Marlon de le serrer contre lui après l’avoir récupéré des mains de Than.

« Ton familier devrait se réveiller d’ici quelques jours, ou semaines. Nous ne sommes pas arrivés à avoir d’informations sur lui à cause de son état de stase et le matériau dans lequel il a été inséré, pourrais-tu me dire quel type de familier c’est ? »

Marlon décida à ce moment de mentir au chef de Forgeciel, persuadé qu’un familier Divin et Transcendantal était bien trop précieux pour qu’on le lui laisse.

« Un familier spirituel classique, mais j’y tiens beaucoup…il m’a été offert par ma mère il y a des années. »

Le Forgeur observa avec attention le visage de Marlon alors qu’il lui répondait, mais ce qu’il vit ne parut pas éveiller de soupçons, aussi haussa-t-il les épaules avant de saluer le runiste. Than s’éclipsa sans demander son reste, la silhouette massive du Forgeur s’éloignant dans la pénombre tamisée de la caverne sans se retourner une seule fois.

Marlon, fatigué par la longue journée et toutes les découvertes qu’il avait fait en compagnie de ses deux guides, rentra également dans la maison, mettant à l’abri autour de son cou le médaillon de Loki, le glissant sous sa tunique pour que personne ne le voie.

Il entendit des bruits de métal sur lequel on frappe, mais le son était fortement étouffé et ne le dérangeait nullement. Commençant à comprendre un peu le caractère de Palkor, il était persuadé que ce dernier passerait la nuit à frapper du métal dans son atelier pour rattraper la journée de retard qu’il avait pris à cause de la visite guidée.

Il se lava, puis se changea, sans que cela ne fasse de différence notable, troquant ses habits de lin noir pour un ensemble de nuit de la même couleur et taillé dans le même tissu.

Remontant dans sa chambre avec le sac contenant ses achats de la journée ainsi que la bague, son matériel et le livre laissés par Than, il ne dormit pas tout de suite.

Il commença par vérifier que tout son attirail de Profession était bien là, et il ne fut pas déçu. Tout lui avait été remis, à l’exception de la dague, dans un état parfait.

Il étala le matériel pour tracer des runes devant lui, et prit une grande inspiration avant de se mettre au travail.

Cela faisait plusieurs jours qu’il n’avait pas tracé de runes, mais il n’était en aucun cas rouillé, ses doigts maniant encore le pinceau avec fermeté et dextérité alors qu’il déposait l’encre sur les parchemins vierges tout en se concentrant sur l’intention qu’il déversait dans ses écrits.

Lorsqu’il eut fini son premier parchemin, il l’utilisa immédiatement, soupirant alors que [Soin de l’Esprit] diffusait son aura apaisante en lui et faisait taire les voix qui avaient recommencées à s’élever à l’intérieur de sa psyché.

Il prit le temps de respirer profondément pendant quelques minutes, stabilisant son esprit et profitant de la sensation de tranquillité qu’il ressentit alors.

Pendant une heure, il continua à tracer des runes avec assiduité et précision, refaisant le plein de parchemins prêts à l’emploi.

Mais il se limita seulement à des parchemins de soutien. Il fit cinq [Soin], autant de [Soin de l’Esprit] et de [Vision Amplifiée]. Les cinq derniers parchemins qu’il lui restait furent divisés, et il traça deux [Accélération] et trois [Mur de Terre].

Tracer des parchemins offensifs n’était pas une bonne idée, pas dans la situation actuelle. Il changerait peut-être d’avis dans quelques jours, mais il ne savait pas exactement ce que pouvait faire la bague qu’il avait posé sur la table de nuit attenante à son matelas, et il ne voulait pas que le peu de liberté dont il disposait lui soit retiré.

Il avait beaucoup à tirer de cette ville, et même si cela lui demandait de serrer les dents et d’agir avec précaution, il s’y efforcerait du mieux qu’il pouvait.

D’après les informations que Palkor lui avait donné, il ne risquait pas d’être battu à mort, et il savait quand même se débrouiller au corps-à-corps pour ne pas être une cible trop facile pour ceux qui voudraient essayer de s’en prendre à lui.

Avant de dormir, il jeta un regard pensif sur le médaillon qui contenait Loki, se demandant dans combien de temps exactement celui qu’il considérait comme le seul ami, ou parent, qu’il possédait encore, se réveillerait.

Il n’avait jamais accordé une importance particulière à la présence de l’IA, la tenant pour acquise depuis le jour où elle était littéralement tombée du ciel, mais il se rendait compte maintenant à quel point sa présence avait été réconfortante et avait pu l’aider lors des moments les plus difficiles. Surtout ceux où il avait perdu son cap et le contrôle sur son esprit.

C’est sur ces pensées nostalgiques et tristes qu’il s’endormit, et pour une fois, les cauchemars ne vinrent pas le tourmenter pendant son sommeil. Son sommeil fut de plomb et réparateur comme il ne l’avait pas été depuis longtemps.

Lorsqu’il entendit l’Appel résonner dans la caverne de bon matin, il se leva et se prépara rapidement, passant le collier de Loki autour de son cou et le glissant sous son chemisier de lin noir, rassuré par la présence du bijou, même si son hôte ne pouvait lui parler pour le moment.

Il mit également dans une des poches de son pantalon quelques parchemins soigneusement pliés. Un pour calmer son esprit, un pour se soigner, et un dernier pour se protéger si nécessité il y avait. Mais il serait en compagnie du chef de la cité, il était donc peu probable que quelque chose de dangereux ne se produise.

Il prit à peine le temps de manger quelque chose et se mit en route, marchant à vive allure sur le chemin de gravier menant aux ascenseurs, slalomant entre les centaines de gens qui se levaient et semblaient partir pour travailler, ou étudier, ou d’autres choses dont Marlon n’avait aucune idée.

Tous regardaient avec curiosité le runiste vêtu de noir qui semblait pressé comme s’il avait l’enfer qui lui courrait après, mais personne ne pipa mot. Tous marchaient avec le même rythme, les yeux lourds de sommeil mais le dos droit, presque au pas militaire.

Les lumières étaient revenues à leur diffusion maximale, et la lumière orangée qu’elles diffusaient tendait sur le spectre clair de la couleur, illuminant avec force la totalité de la caverne.

Il en profita pour ouvrir son Interface d’une pensée et jeta un coup d’œil à sa carte qui commençait à se dévoiler de plus en plus, balisant la cité volcanique et donnant à Marlon une idée plus précise des couloirs et des destinations auxquelles ils menaient.

Lorsqu’il arriva au bout de quelques minutes au poste de contrôle, il put apercevoir Than qui l’attendait devant une cabine. Il montra sa bague rapidement aux soldats qui opéraient les contrôles et ils le laissèrent passer non sans échanger un regard plein de curiosité alors que Marlon se plantait devant Than et le saluait avec respect mais aussi avec de l’impatience.

« Bonjour, Revenge. Il faudra que tu sois plus ponctuel lorsque tu commenceras à l’Académie… »

Marlon laissa passer la pique sans répondre, grommelant une excuse pleine de mauvaise foi alors qu’il emboitait le pas au Forgeur pour embarquer dans une cabine de verre.

Ce dernier appuya sur une ligne runique que Marlon ne reconnut pas et il fut reconnaissant lorsque le Forgeur lui expliqua.

« L’Enclos se trouve à l’étage du Fort, là où se trouve la majorité de la garnison militaire de Forgeciel. C’est l’une des raisons pour laquelle des visites quotidiennes sont prohibées, cela présenterait un risque de sécurité bien trop grand. »

La cabine transparente s’enfonça dans le sol et accéléra rapidement. Elle arriva à l’étage des Terrasses agricoles mais ne ralentit pas, s’enfonçant encore dans la roche avant de déboucher sur une autre cavité.

Devant les yeux de Marlon s’étendait une multitude de bâtiments carrés tous de la couleur rouge qu’arborait encore le Than aujourd’hui. Ils faisaient des longueurs et des largeurs différentes, mais tous semblaient très fonctionnels.

De la hauteur d’où il se tenait, il pouvait apercevoir des patrouilles de cinq hommes circuler entre les allées de roches qui séparaient les différents édifices.

Le Fort portait mal son nom, car il ne voyait aucune fortification à proprement parler, mais les cieux de la caverne étaient noirs de sphères métalliques circulant selon des schémas répétitifs et sans variations aucune.

Même le long des parois de la caverne se trouvaient des structures métalliques sur lesquelles des rondes de militaires étaient visibles. Ils étaient tous armés différemment, certains portant des épées à la ceinture, d’autres tenant à la verticale des lances dont les pointes brillaient sous les reflets de la lumière orangée qui semblait être presque la même partout dans la cité.

Ils descendirent rapidement de la cabine et Marlon emboita le pas du colosse, passant le contrôle comme une simple formalité, les soldats présents regardant avec curiosité le runiste vêtu de noir.

Au lieu de se diriger vers les divers bâtiments qu’il avait pu voir depuis les hauteurs du conduit de l’ascenseur, Marlon vit que Than s’enfonça dans un couloir adjacent et il se précipita à sa suite.

Ils avancèrent sur deux cent mètres, et l’ambiance dans les tunnels était très étrange. Plusieurs intersections étaient présentes, mais toutes étaient gardées étroitement par des duos de soldats à l’air patibulaire, armes sortis de leurs fourreaux et prêtes à servir.

Le Forgeur Céleste n’y prêta aucune attention mais Marlon ne put s’empêcher de lui demander ce qui se trouvait derrière ces passages barrés.

« Des infrastructures sensibles. Il y a les geôles, tout d’abord, celle où nous enfermons les vrais criminels, pas celles où tu t’es retrouvé. Il y a aussi des installations de recherches et d’autres lieux critiques de la ville. »

Le ton de Than était ferme et il fit comprendre clairement à Marlon que le sujet était clos. Ils arrivèrent rapidement devant une voûte rocheuse impressionnante, gravée de plusieurs centaines de runes dont le sens échappa à Marlon. Mais ce qui l’intrigua plus que les gravures mystérieuses, ce fut l’illusion dont il fut témoin à ce moment-là.

Quatre soldats gardaient l’entrée de la voûte, et l’air semblait miroiter devant l’entrée, comme si c’était en réalité un mirage qui se tenait devant le runiste, pouvant perdre sa substance à n’importe quel moment sans prévenir.

Than présenta sa bague aux soldats, et Marlon fit de même, étonné que même le Forgeur doive montrer patte blanche à cet endroit.

Puis il s’avança sous la voûte et…disparut, tout simplement. Comme s’il n’avait jamais été là.

Les soldats ricanèrent devant l’expression stupéfaite du runiste et le jeune homme ne put s’empêcher de sentir un élan de colère violent s’emparer de lui, portant instinctivement sa main à sa hanche, ne se rendant compte que trop tard que son épée n’était plus, et qu’il ne pouvait en aucun cas laisser sa colère prendre le dessus, pas ici, pas maintenant.

Il inspira profondément pour se calmer, son geste n’ayant pas échappé aux gardes qui ne rigolaient plus du tout, à présent. Ils étaient entrainés et savaient reconnaître une menace quand ils en voyaient une.

Marlon avança sous la voûte avant que l’un d’eux ne décide de s’en prendre à lui, et il eut l’impression de passer sous une chute d’eau glacée, si ce n’est qu’il ne fut mouillé à aucun moment.

Le décor changea pleinement au moment où il dépassa la voûte, et il fut une nouvelle fois impressionné.

Des arbres étaient présents, un vent frais soufflant sur son visage, alors qu’un paysage très similaire à celui des plaines qu’il avait traversé entre Akranio et Delia se présentait devant lui, si ce n’étaient les ruines qui n’étaient pas présentes.

Il y avait un cours d’eau, des fleurs, et surtout des dizaines et des dizaines de familiers se promenant dans ce qui avait tout l’air d’une vallée fertile.

Il jeta un regard plein d’incompréhension et de surprise au Than, qui daigna se fendre d’une explication.

« C’est l’Enclos, l’espace alternatif que nous dédions uniquement aux Familiers de Forgeciel. Le climat de la cité est quelque peu oppressant pour eux, et nous avons donc utilisé cette solution pour que nos familiers soient plus à l’aise et en forme quand nous avons besoin d’eux. »

« Un…un espace alternatif ? »

« Tu n’en as pas vu à Delia ? Il y en a pourtant quelques-uns dans les établissements de plaisir de la ville, ainsi que dans le quartier militaire pour l’entrainement des recrues. C’est un endroit créé de toutes pièces grâce à la manipulation de mana, que cela soit grâce à des artefacts, des runes ou bien encore des techniques magiques avancées. Certains cercles magiques permettent de recréer des endroits gigantesques, comparés à celui-là. »

Maintenant que la première stupeur était passée, Marlon remarqua que le paysage, l’horizon, était flou, comme si sa vision se faisait indistincte au fur et à mesure qu’elle se portait sur les endroits les plus éloignés.

« C’est…c’est incroyable ! »

Loki se serait émerveillé devant un tel spectacle et surtout devant un tel usage de la magie, il en était certain.

« C’est surtout pratique. Le coût en mana est très élevé, et si ce n’était nôtre maitrise des Sangsues, nous serions incapables de maintenir un espace alternatif de cette taille. Heureusement, après des siècles de pratique et d’exploration, nous avons compris le fonctionnement de ces espaces et pu les reproduire artificiellement. »

« Parce qu’ils existent dans la nature ? »

« Bien sûr…des aberrations de magie comprenant autant de risques que de récompenses, où l’espace comme le temps peuvent être distordus, mais c’est un phénomène rarissime, et cela fait des années que nous n’en avons pas vu de ce côté-ci du continent. »

Marlon s’émerveilla devant les implications de ce que venait de lui révéler le Forgeur, et il fut interrompu par un rugissement puissant et vindicatif.

Une boule de poil gigantesque le renversa et avant qu’il ne comprenne ce qu’il se passait, une langue râpeuse déposait une couche épaisse de salive sur son visage alors qu’un ronronnement massif faisait vibrer jusqu’à ses os.

Même Than, d’ordinaire sévère et impassible, eut un léger sourire devant la vue de Luna qui couvrait Marlon de salive.

« Je te laisse. Pour sortir, fais signe au garde près de la voûte, il activera le passage pour que tu puisses sortir. Et rappelles toi bien les règles dont je t’ai parlé, c’est important. D’ici trois jours, tu commenceras à l’Académie, je repasserais te voir à la Résidence pour faire le point avec toi. Ton cursus sera adapté à tes compétences. Bonne journée, Revenge. »

Et il partit, sans dire un mot de plus. Il passa devant deux gardes qui le saluèrent et activèrent un artefact circulaire et doré qui brilla de mille feux avant de devenir presque transparent. L’air se mit à miroiter là où se tenait Than et il disparut sans laisser de traces, aussi soudainement que lorsqu’ils étaient arrivés dans cet endroit étrange.

Marlon prit le temps de regarder Luna, conscient qu’il avait toute la journée devant lui.

Il lui semblait que sa chimère avait encore grandi, gagnant quelques centimètres au garrot, le poil plus souple et épais que quelques jours auparavant. Elle semblait en excellente santé, mais une petite chose gâchait ces retrouvailles.

Autour du cou, Luna portait un collier métallique épais de plusieurs centimètres, entièrement recouvert de ces fameuses runes astrales, et aucun moyen de l’ouvrir ne semblait visible à l’œil nu.

Content de la voir en bonne santé, Marlon ne put s’empêcher de ressentir une rage froide l’envahir, tentant de la contenir du mieux qu’il le pouvait, alors qu’il passait ses doigts dans la fourrure épaisse de Luna.

« Qu’est-ce que c’est que cette saloperie, encore… »

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