Néo-Life
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Chapitre 33- L’Orchid vénéneux
Chapitre 32 – Origines Menu Chapitre 34 – Tournoi 1

Le soleil commençait à disparaitre pour laisser place à une nuit fraîche et dégagée, et Marlon était de retour à l’auberge, se préparant pour son rendez-vous à l’Orchid, Loki se moquant allègrement de lui et Luna semblant elle aussi moqueuse dans les regards qu’elle lançait au jeune homme. Lui ne se sentait pas du tout à l’aise mais ne pouvait s’empêcher d’éprouver une pointe d’impatience.

« On dirait vraiment un nobliau qui a oublié comment s’habiller. Je ne veux pas me moquer, je t’assure, mais en te voyant, c’est plus fort que moi…hahahaha. »

L’aventurier regretta de ne pas avoir de moyen de faire taire l’IA, aussi préféra-t-il ne pas lui prêter attention, même si en se regardant dans le miroir de pied qui se trouvait dans la salle d’eau de l’auberge, il ne pouvait s’empêcher de penser qu’il avait raison.

Sa journée avait été bien remplie, et il n’avait plus le temps de retourner acheter des vêtements, sinon il serait en retard. Non pas que ça lui importait tant que cela, mais il devait reconnaître qu’un tantinet de normalité dans son existence ne lui ferait pas de mal.

Après avoir écouté le conte des Origines de Léon, Marlon était parti voir Djilany et avait passé la matinée à ses côtés, le mage lui enseignant diverses runes de liaisons qui pourrait lui être utiles à l’avenir. Le temps avait défilé incroyablement vite, et il n’avait pas trouvé le temps d’expérimenter de nouvelles combinaisons de runes.

Il avait également demandé au mage si l’histoire conté par le barde était vraie, et il avait confirmé en jetant un coup d’œil étrange à Marlon, comme si tout le monde était censé connaître la situation d’Erengar. Il ajouta également que le Forteresse d’Embria était une des destinations où il était censé se rendre, car ils avaient un grand besoin de créer de nouveaux pièges runiques pour repousser les légions de morts-vivants qui s’abattaient de plus en plus fréquemment contre les murailles millénaires.

Il confirma également que Magnus était l’un des seuls personnages capables de manier plusieurs types de magie, les runes comprises. Son titre d’archimage n’avait pas été usurpé, bien au contraire.

Une fois terminé avec le mage qui avait d’autres engagements, il était parti en direction de l’Arène, non sans s’arrêter pour manger de délicieuses brochettes qui l’avaient attirées grâce à leurs odeurs tentantes à la limite de l’indécence.

Ce repas avait été suivi d’une après-midi qui fut très longue pour le jeune homme.

Jacob avait été ravi de le revoir et la première chose qu’il voulut faire fut de le combattre, combat que Marlon refusa pendant de très longues minutes.

Devant l’insistance de son instructeur, il fut obligé de lui raconter sa perte de contrôle sur sa folie et les visions dont il était victime, mentionnant sans omettre un seul détail de ce qui s’était passé dans la forêt, sa longue isolation de la civilisation et les massacres commis.

Assis tous deux dans la pièce qui lui avait servi de chambre pendant son entraînement infernal, ils partageaient une boisson épicée que Jacob avait appelé du Toca, un liquide de couleur noire et pétillant, très sucré, qui avait un côté caramélisé presque addictif. Marlon nota mentalement le nom de cette boisson et finit son explication à son instructeur, pas tout à fait certain de ce qu’il ressentait.

« C’est une bonne chose que tu aies…découvert ces runes, ou ce sort, peu importe comment tu l’appelles. Si cela te permet de calmer ton esprit et de garder un semblant de contrôle, c’est le plus important. Mais j’espère que tu es conscient que ce n’est pas une solution miracle. »

« Oui, et c’est l’une des choses dont je voulais discuter. Tu m’as dit avoir vécu cette situation et être arrivé à surpasser ta folie, à la canaliser…comment as-tu fait ? »

Jacob lui fit un grand sourire qui cachait quelque chose de bien plus sinistre, et quand il lui répondit, Marlon sentit tout le poids de ce qu’il avait vécu dans sa voix.

« Déjà, sache que je n’ai jamais eu de visions comme toi. Ma folie se limitait à…des voix, ou plutôt une voix en particulier, qui me commandait de me laisser aller, de laisser libre cours à ma rage, à cette fureur qui me consumait… »

« Et… ? »

« Et je l’ai écouté, sans mettre mes proches en danger. Je suis parti sur le front, et j’ai massacré les ennemis de l’Empire pendant des mois, jusqu’à ce que ma rage soit satisfaite, presque étouffée du sang que j’avais versé… »

« Le front ? Tu…tu t’es battu contre des Nécros ? »

Jacob acquiesça et rigola en voyant l’étonnement sur le visage de Marlon.

« Qui d’autre ? L’empire n’a jamais été en guerre avec les Elfes et les Nains, pas depuis l’époque de Magnus, et les escarmouches contre les Nessos se sont arrêtées il y a des centaines d’années. A part les Nécros, nous sommes en paix. Mais quelle saloperie d’ennemis ! Les affronter te permettrait à coup sûr de relâcher ta colère. Il n’y a rien de mieux qu’un ennemi qui se relève tant que tu ne lui as pas coupé la tête pour libérer quelques tensions, crois-moi ! »

« Pour l’instant, ce n’est pas une solution. Je veux participer au tournoi, dans un mois, et aller me perdre sur un front militaire pour exterminer des zombies n’est pas ma priorité. »

« Zo…zombie ? Ha, tu parles des Nécros…non, en effet, ce n’est pas la solution rêvée pour toi. Je ne sais pas quoi te conseiller d’autre. Aie toujours avec toi ce sort qui permet de soulager ton esprit et fais de ton mieux pour ne pas avoir de crise dans des lieux bondés. Ou face à des gens dangereux. Ça pourrait être la dernière erreur que tu ferais. »

Ils avaient échangé encore quelques instants, et Jacob avait exhorté Marlon à repasser le voir avant le commencement du tournoi pour fignoler ses compétences, le tir à l’arc en premier, car cela lui servirait surement.

Marlon lui promit de le faire et il s’éclipsa donc rapidement de l’Arène pour se diriger vers le quartier marchand.

Il visita de nombreuses boutiques et finit par tomber sur une échoppe qui vendait de superbes habits. Le vendeur vit bien sûr que Marlon n’était pas un habitué de ce genre de tenue, et en avait profité pour jouer de son bagout. L’aventurier acheta ainsi l’ensemble complet qu’il portait, le tout lui ayant coûté vingt pièces d’argent, une véritable fortune maintenant qu’il y pensait.

Mais il s’était laissé convaincre, et le vendeur avait eu des arguments frappants. Voilà une des raisons pour lesquelles il avait toujours détesté les commerciaux sur Terre. Ils pouvaient vendre du sable à un bédouin…

« Le bon côté, c’est que tu pourras infiltrer n’importe quelle fête de la haute dans la capitale, maintenant, hahaha. »

Ce que Marlon regrettait le plus dans sa tenue, ce n’était pas tant le style outrancier que cela dégageait, mais le fait qu’il n’y avait aucune poche, pas de doublure discrète où il pourrait ranger des parchemins pour parer à toute éventualité. Et cela augmentait les risques, chose que le jeune homme n’aimait pas du tout.

« Lance un Soin de l’Esprit avant de partir de l’auberge. Tu devrais être tranquille pendant quelques heures, au minimum. »

Il hocha la tête et fut soulagé de voir qu’au moins, la ceinture qu’il avait achetée était faite pour pouvoir y glisser son épée. Sans cela, il aurait peut-être réfléchi à deux fois avant de se rendre à l’Orchid.

Il regarda Luna, prêt à partir, et lui dit :

« Suis-moi ce soir, Luna. Tu resteras à distance, et tu m’attendras devant l’Orchid. Je ne veux pas me retrouver démuni si les choses tournent d’une manière inattendue. »

Sa chimère grogna son assentiment.

Dorénavant, Marlon réfléchissait proprement avant de faire quoi que ce soit. Sa folie était un facteur trop instable pour qu’il ne prévoie pas le pire dans toute situation, surtout dans un cadre inhabituel. Mais il n’y avait aucune raison que cela tourne mal. Il traça Soin de l’esprit sur une écorce d’Arbol, avec du sang d’Arbol également, pour que le sort soit plus puissant et dure plus longtemps.

Une fois consumé, il ressentit le soulagement habituel sur son esprit et soupira longuement, content de ne plus sentir cette pression quasi permanente à laquelle il s’habituait doucement.

Il se mit donc en route, Luna suivant à quelques mètres derrière lui, les passants s’écartant sur le passage de ce tigre à l’air intimidant. Heureusement, Delia avait vu d’autres bizarreries dans ses rues, aussi personne ne se formalisa-t-il de voir un félin de cette taille déambuler dans les rues de la capitale.

Il fallut trente minutes à Marlon pour trouver l’Orchid, malgré les indications d’Ivy. Il se savait en avance, aussi ne se pressa-t-il pas lorsqu’après avoir demandé son chemin à deux personnes, il arriva enfin devant le bâtiment recherché.

C’était un bel édifice, à deux étages, et dont la façade était recouverte d’un lierre oscillant entre le jaune et le vert, donnant un cachet ancien à l’édifice.

Devant l’entrée se trouvait une petite cour intérieure où de nombreuses plantes et fleurs multicolores s’épanouissaient sous la lumière de deux lampadaires magiques. Projetant une lueur jaune sur le parterre colorés, ils s’élevaient à trois ou quatre mètres de hauteur et étaient impressionnants de par leur finition et les multiples gravures qui s’élançaient le long de leur mât.

Deux bancs étaient disposés le long du chemin qui menait vers la porte en bois massif de l’entrée, mais personne ne s’y trouvait.

Il était étonnant de trouver un édifice duquel se dégageait une impression si intimiste dans le cœur de la capitale, et une sérénité toute particulière était ressentie par le runiste alors qu’il se dirigeait vers l’entrée.

Un homme trapu et très costaud se trouvait à côté de l’entrée, l’air impassible mais scrutateur envers le jeune homme qui s’approchait. Sa tenue faisait penser à celle des gens du vingtième siècle sur Terre. Une veste taillée sur mesure, un béret discret et un pantalon qui semblait faite d’une matière semblable au lin donnaient au gardien de la porte un air très distingué.

« Bonsoir monsieur. Puis-je connaître le motif de votre venue, s’il vous plaît ? »

« Je…bonsoir. Ivy, de la guilde des Herboristes, m’a invité. Je me nomme Revenge. »

L’homme consulta une liste qu’il sortit de nulle part et hocha la tête alors qu’il venait probablement de trouver le nom de Marlon dessus. Il s’écarta et ouvrit la porte gracieusement en faisant un geste de bienvenue à son nouveau client.

« Bienvenue à l’Orchid, monsieur Revenge. Nous espérons que vous passerez un moment agréable. »

Avant de pénétrer dans le bâtiment, Marlon jeta un coup d’œil derrière lui et vit que Luna se tenait dans l’ombre de la rue adjacente, les yeux rivés sur son maître. Relativement rassuré, il franchit le seuil de l’Orchid.

Ce qui le frappa immédiatement, ce furent les odeurs.

Des senteurs florales, presque identiques à celles qu’il avait pu découvrir à la guilde des Herboristes, mais plus agressives. Ces arômes donnaient envie de…courir. Il en émanait une énergie incroyable, et Marlon se sentit revigoré, des pulsions de danse traversant son être alors que devant lui se tenaient des gens qui justement semblaient s’être laissés emporter par le pouvoir mystérieux dégagé par ces fleurs.

Les lumières étaient tamisées, rouges et jaune, virevoltant le long de ce qui délimitait une piste de danse entourée d’un parterre tout aussi coloré que le jardin de l’entrée.

Marlon résista à l’envie de se déhancher et continua son chemin en contournant la piste encombrée de couples enlacés et de personnes se laissant emporter par la musique entêtante qui flottait dans l’air. Les yeux fermés, ils semblaient être sur un autre monde, sourire aux lèvres et bouches entrouvertes sur un plaisir sensoriel que l’aventurier pouvait percevoir.

« Encore cette magie des odeurs…intriguant, mais au moins tu peux être content, ton code vestimentaire ne jure pas avec l’endroit. »

En effet, tous étaient vêtus dans la même catégorie que Marlon : chics, inutilement étoffés et colorés. Le marchand ne l’avait donc pas arnaqué et il s’en sentit très légèrement soulagé.

Dépassant la piste de danse, il arriva sur une sorte de patio ou l’ambiance était beaucoup plus détendue. Les senteurs changèrent, et amenèrent une sorte de torpeur languide dans laquelle il était agréable de se prélasser et de se laisser aller. Des salons pourvus de canapés moelleux étaient disposés autour de tables basses en verre blanc qui renvoyaient la lumière devenue bleue sombre provenant du plafond, et il repéra enfin Ivy.

Elle était vêtue d’une splendide robe de soirée aux notes dorées, contrastant avec la couleur ébène de sa peau qui semblait luire sous les lumières du lieu. Son habit laissait beaucoup de zones presque nues, et Marlon se surprit à l’imaginer sans ses atours, seule avec lui et leur imagination pour passer un…

Il secoua la tête et sortit de sa contemplation qui semblait provoquée par les odeurs magiques qui flottaient dans l’air. Il s’avança vers elle et lui fit un grand sourire, qu’elle lui rendit au centuple en se levant et en l’embrassant lentement sur l’une de ses joues. Un simple baiser, mais qui fit fuir l’esprit de Marlon vers d’autres lieux de son imagination, plus charnels et lubriques.

« Contente de te voir ici. Je t’avoue que je n’étais pas sûre que tu viennes. »

« Je n’aurais manqué cela pour rien au monde…quel endroit impressionnant ! »

« Tu n’as rien vu. Ce n’est que l’un des établissements qui existe à Delia. Si à l’avenir tu le souhaites, je t’emmènerais dans le Quartier des Plaisirs, au Nord-Ouest de la ville. Il y a des choses surprenantes et très intéressantes à découvrir pour ceux qui n’ont pas froid aux yeux. Et je ne te parle même pas des Souterrains, haha. »

Ivy attrapa la main de Marlon et le tira derrière elle, vers un salon aux odeurs plus sensuelles, plus intimes, les lumières en adéquation avec cette sensation.

Ils s’installèrent tous deux et commandèrent donc des boissons auprès d’une serveuse qui vint les voir, vêtue très légèrement et semblant très aguicheuse envers lui et Ivy.

En attendant leur commande, ils discutèrent du lieu et Ivy leva une partie du mystère sur l’ambiance sulfureuse du lieu.

« L’Orchid est connu pour être un lieu…d’échanges et de plaisir. Nous avons toute la nuit devant nous pour nous amuser, ne t’en fais pas… »

Il rougit en comprenant les implications de ce que racontait Ivy, mais il ne s’en effraya pas, après tout il était là. Ses pensées dérivèrent encore une fois et il fronça les sourcils devant l’effet qu’avait les arômes magiques sur lui.

Il n’aimait pas l’idée de ne pas contrôler au mieux sa psyché, mais cela restait gérable. Quand leurs boissons arrivèrent et qu’ils se mirent à les siroter en discutant de tout et de rien, chose que Marlon avait beaucoup de mal à faire, il ne put s’empêcher d’interroger son hôte sur le goût terreux et plutôt désagréable des cocktails.

« Ho, ce n’est rien ! Fungus Nobilis, le Champignon Noble. Ils mettent cela dans tous les cocktails et même les plats ici. Ce champignon a des vertus aphrodisiaques et aussi un peu hallucinogènes. Ne t’en fais pas, tu n’as rien à craindre. »

Il rigola avec elle, et les senteurs apaisantes qui parvenaient sans interruption à ses narines firent qu’il ne s’inquiéta pas du sens de ses paroles.

Ils dinèrent ensuite, une merveilleuse entrecôte tirée d’il ne savait quel animal, tandis qu’elle mangea du poisson, grillé et dont les arômes auraient fait saliver n’importe qui. La serveuse leur faisait de grands sourires, et le jeune homme se sentait vraiment à l’aise dans ce décor.

Ivy, commençant à être légèrement éméchée, commença innocemment à frotter l’un de ses pieds sur le pied de Marlon, remontant doucement le long de sa jambe avant de venir se poser sur son entrejambe, semblant apprécier ce qu’elle y trouva et accélérant son frottement tout en souriant.

Lorsqu’ils furent débarrassés, la jeune femme lorgnant avec un sourire sur le manège entre la jambe d’Ivy et l’entrejambe de Marlon, qui ne restait pas insensible à ce qui se passait.

« Je pense que les desserts arrivent, ça me rappelle mon enfance, cette odeur de chocolat fondu… »

« Revenge, on n’a rien commandé encore…mais j’ai bien quelques idées sur ce que l’on pourrait faire avec du chocolat… »

Le sourire de Marlon se figea, l’adrénaline se mettant à pomper dangereusement fort dans son corps, alors que les lumières de l’Orchid se mirent à danser plus rapidement, plus violemment. Son souffle s’accéléra imperceptiblement et ses pupilles se dilatèrent sous l’effet du stress et du Fungus qu’il avait consommé.

« Marlon, sors d’ici, tu es en train de… »

Un filet de sueur froide se mit à couler le long du jeune homme, et sa tête se mit à tourner, comme pris de vertige.

« Chéri, laisse-toi aller, ne t’inquiète pas, tout va bien se passer. On va bien s’amuser. »

Il releva la tête pour répondre à Ivy mais à côté d’elle se trouvait sa mère, et c’était elle qui venait de parler.

Elle avait toujours un sourire morbide accroché aux lèvres, mais cette fois son visage était en putréfaction, son nez à moitié rongé et des larmes de sang coagulé coulant le long de ses joues. Un de ses yeux était vide, comme rongé par des vers, et ses doigts osseux tapotaient l’épaule d’Ivy en rythme

Lorsqu’elle parla, cette fois-ci, ce fut d’une voix beaucoup plus grave, semblant sortie tout droit de la tombe. Il put même sentir l’odeur de décomposition se dégageant de son souffle parvenir jusqu’à ses narines.

« Venge-moi, mon amour, tues-la. Offre-moi son cœur encore palpitant, hahaha ! »

Dans un élan de panique, Marlon se leva d’un geste brusque et renversa la table basse, qui se brisa dans un grand fracas, attirant l’attention de presque tous les clients de la salle. Il faisait un effort mental colossal pour garder le contrôle sur son esprit qui commençait à dériver dangereusement et une douleur sourde lui parvenait de l’arrière de son crâne.

« Il faut…il faut que je sorte ! »

Se retournant et trébuchant sur l’un des pieds de la table, il faillit tomber face contre terre mais se rattrapa in extremis. Ivy, le visage inquiet, se leva et tenta de poser sa main sur son épaule.

« Revenge, qu’est ce qui se passe ? Nous pouvons… »

« LAISSE-MOI SORTIR !!! IL FAUT QUE JE SORTE TOUT DE SUITE !!! »

La rage suintait dans la voix de l’aventurier, et son regard devenait de plus en plus trouble. Sans en avoir conscience, il avait sorti son arme de sa ceinture et la balayait maintenant devant lui, tentant de repousser l’apparition cadavérique de sa mère qui continuait à s’approcher de lui tout en tenant Ivy par la taille.

Le sol devenait gluant, comme poisseux de sang, et les pas de Marlon se faisaient de plus en plus lourds, mais il rassembla tout ce qu’il avait de volonté et partit en courant aussi vite qu’il le put vers la sortie de l’Orchid. Il ne sentait plus que l’odeur de sang dorénavant, et de la putréfaction.

Il avait été stupide. Stupide de penser qu’il pourrait avoir des moments normaux dans son existence, des moments qui le feraient se sentir comme tout à chacun. Stupide de croire que sa folie le laisserait tranquille dans un moment pareil.

Il enfonça presque la porte de l’Orchid et le portier s’écarta de son chemin sans tenter de l’intercepter. Il ne s’arrêta pas pour autant de courir et continua sa course effrénée dans les rues de Delia. Il n’eut pas conscience de Luna qui se mit à le suivre, ni d’Ivy qui se tenait sur le seuil de l’édifice, un regard interrogateur se posant sur lui et le tigre qui le suivait.

**

Dans la salle de l’Orchid, un personnage avait assisté à toute la scène et avait trouvé cela intriguant. Les autochtones savaient les effets des herbes de l’Orchid et aucun incident n’était jamais à déplorer. Cette personne faisait-elle partie des joueurs ? Dejros se promit d’en parler à Niclos et de lui relater l’incident. Lui qui avait demandé à ce qu’on lui rapporte toute activité d’autres joueurs de Néo-Life serait certainement content en apprenant cela.

**

Lorsque Marlon s’éveilla le lendemain matin, il était recroquevillé au sol, dans une ruelle de la capitale, Luna allongée à quelques mètres de lui, éveillée et ne le quittant pas du regard. Son épée gisait, à terre, près de sa main. Sa tête l’élançait comme si elle était enserrée dans un étau et un arrière-goût âpre ne voulait pas quitter sa bouche.

Le soleil se levait à peine et regardant nerveusement autour de lui, Marlon ne trouva aucun corps. Il fut soulagé que sa folie ne l’ait pas encore entraîné à tuer quelqu’un d’innocent, mais il préféra demander confirmation à Loki.

« Tout va bien, gamin. Tu as couru comme un dératé pendant une bonne heure, puis tu t’es écroulé au sol, ici même. Luna a veillé sur toi et tu n’as commis aucun acte répréhensible. Ce qui n’aurait pas été le cas si tu n’étais pas parti en trombe de cet endroit. Tu as eu les bon réflexes cette fois-ci… »

« En espérant que j’arrive encore à les avoir à la prochaine crise…mais j’ai été bête. Putain ! Ça m’apprendra à me relâcher ! J’aurais pu tout perdre, tout ce à quoi j’ai travaillé si dur… A partir de maintenant, Loki, on va se concentrer uniquement sur notre objectif. Il faut que je devienne plus fort, que j’amasse plus de connaissances, et que j’avance sans jamais m’arrêter. »

« C’est louable, Marlon, mais il faut surtout que tu te reposes. Si ton esprit lâche pour de bon, on ne pourra rien faire. »

« Peut-être qu’aller combattre des Nécros n’est pas une si mauvaise idée après tout… »

Le jeune homme rentra à l’auberge, ayant du mal à retrouver son chemin et demandant l’aide de plusieurs passants. Il avait couru jusqu’à la limite nord-ouest de la ville, quartier dans lequel il ne s’était jamais aventuré, et plus d’une heure fut nécessaire pour y retourner.

Il prit un bain brulant, mangea un repas copieux, se débarrassant enfin de l’arrière-goût âcre qu’il avait en bouche et se concentra sur les prochaines étapes de son périple.

« Je vais retourner chasser, quelques jours, et je m’entrainerais avec Jacob pour monter de niveau. Ensuite, je gagnerais ce tournoi et je me dirigerais enfin vers l’île Onirique. »

Ils devraient avoir des réponses sur les dragons, du moins ceux que Marlon recherchait, il l’espérait du fond de son être.

Et s’ils n’en avaient pas, alors il chercherait ses réponses ailleurs. Sur ce continent ou sur un autre. Mais quoi qu’il en coûte, il avancerait, et rien ne l’arrêterait…

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Chapitre 32 – Origines Menu Chapitre 34 – Tournoi 1