Néo-Life
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Le soleil avait fini de se lever sur le campement, et Marlon frotta ses yeux fatigués par le manque de sommeil.

Il fallait dire que l’excitation d’une attaque surprise de loups et une expérience de mort imminente supplémentaire à son palmarès avait de quoi garder éveillé n’importe qui.

Le jeune homme regarda avec fierté son camp transformé en hérisson gigantesque, empêchant toute attaque surprise sans qu’il ne voie ou n’entende quelque chose. Mais les loups restaient des créatures très difficiles à chasser, d’après ce qu’il en avait vu.

Déjà, ils semblaient se déplacer uniquement en groupe, et attaquer de nuit seulement. Le chasseur, même avec les connaissances que lui apportait sa profession, ne se voyait pas faire de chasse nocturne au loup, même avec ses runes. Il pourrait facilement se faire attaquer par derrière et il n’aurait pas toujours la chance qu’il avait eu cette nuit, malgré ses blessures.

Mais il y avait bien un moyen pour en tuer encore plus, sans prendre forcément de risques énormes.

Des pièges, beaucoup plus de pièges.

« Bonne idée, mais tu vas manquer de matériel, gamin. »

Marlon avait bien réfléchi au problème et finit par changer d’avis sur le fait de ne pas retourner vers la civilisation tout de suite. Il y aurait bien un artisan dans la banlieue de Delia qui aurait ce dont il avait besoin pour mettre en œuvre son plan de chasse. Pas besoin de rentrer dans le centre de la capitale, où les rues seraient bondées, et il pourrait peut-être même négocier les prix.

Il intima à Luna l’ordre de rester ici et de surveiller le campement pendant qu’il ferait l’aller-retour, et il ne prit que son paquetage qu’il vida quelque peu pour laisser de la place pour ses prochains achats ainsi que son épée qu’il mit à sa ceinture.

Sans réfléchir plus avant, il s’élança au pas de course en direction de la banlieue de Delia. Le vent sifflait à ses oreilles, glacé mais revigorant après la nuit qu’il venait de passer. Le paysage était toujours aussi sublime, les montagnes gigantesques sur sa droite défilant lentement alors que les arbres de Cronande étaient presque flous à cause de sa vitesse.

Au bout de vingt minutes de course, enchaînant les sort runiques [Sprint], il parvint enfin aux premiers édifices humains et il ralentit son rythme doucement en évitant les chariots et autres carioles qui apparurent sur la voie pavée dans leur cycle infini de transport de marchandise.

Les odeurs de fer, de nourriture et autres senteurs liées à l’activité humaine parvinrent aux narines de Marlon et il ne put s’empêcher de ressentir une faim tenaillante alors que son estomac se mettait à gronder bruyamment, manifestant son appétit.

Il dépassa les premières bâtisses de la banlieue, qui ne semblaient être que des zones résidentielles, et continua jusqu’à trouver un endroit où l’activité était encore plus intense.

Il voyait les murailles de Delia se dresser, à deux ou trois kilomètres plus loin, mais il s’arrêta alors qu’il tomba sur ce qui semblait être une rue d’affaires bien remplie.

D’un coté de la rue s’alignaient différents étals vendant de la nourriture, tous possédant une surface étendue où étaient disposées des chaises et des tables permettant aux gens de s’asseoir pour consommer leurs achats. Il vit même une jeune personne passer entre les différentes tables pour nettoyer alors que des clients partaient en saluant d’un mouvement de tête.

Elle semblait d’origine Nessos, des traits félins bien marqués visibles de là où se trouvait le jeune homme.

De l’autre côté de la rue se trouvaient des magasins divers, de la forge au marchand de tissu. Marlon appréciait beaucoup le fait que tous aient semblés se rassembler ici, ce qui lui évitait bien des recherches.

Mais chacun ses priorités.

Il se dirigea tout d’abord vers un des vendeurs de nourriture, attiré par l’odeur de grillade épicée qui s’en dégageait, et quand il parla au vendeur, de la salive coulait presque du coin de ses lèvres. Ce qui fit beaucoup rire son interlocuteur.

Commandant deux plats différents, il alla s’installer dès que sa nourriture fut prête et se mit à dévorer comme un ogre les assiettes qu’il avait devant lui.

La première assiette était un ragoût de Poune, une espèce de volaille très proche des poulets terriens, et l’assaisonnement était juste parfait, sublimant chaque morceau de viande et chaque morceau de légume présent dans l’assiette.

La deuxième était un assortiment de brochettes, poisson et viande rouge, contenant des épices très différentes, très parfumées et presque sucrées, le jeune homme les avalant en moins de temps qu’il n’en avait fallu pour les préparer.

Le ventre repu, Marlon se leva et remercia la demoiselle qui nettoya sa table, cette dernière rougissante et s’inclinant légèrement devant le jeune homme.

Il ne s’attarda pas et se dirigea vers les magasins en face de lui.

Ce qu’il lui fallait, en priorité, c’était une pelle, de la corde, et une scie.

Il trouva la scie et la pelle dans la partie boutique du forgeron, qui s’avérait aussi travailler le bois, mais Marlon s’en tint à ses besoins, résistant à l’envie d’acheter d’autres outils qui pourraient lui être utile mais videraient ses économies tout aussi sûrement.

Il acheta ensuite plus de vingt mètres de corde chez le vendeur de tissu, fine et solide, tout ce qu’il voulait.

Après ses achats, il lui restait deux pièces d’argent, ayant dépensé un Amecareth d’argent et soixante de cuivre pour s’équiper.

Il accrocha la scie et la pelle solidement à son paquetage et rangea la corde à l’intérieur, avant de se remettre en marche en direction de la forêt de Cronande.

Il se dit également que son apparence était hirsute après avoir remarqué les divers regards appuyés que lui lançaient les passants et les conducteurs de cariole passant sur l’avenue.

Une fois sorti, il avait regardé et s’était rendu compte en effet que son armure de cuir était dans un piteux état. La jambière gauche n’existait quasiment plus, grâce aux crocs aiguisés du loup qui l’avait attaqué, ainsi que son brassard du même côté. Le plastron, lui, était très abîmé et le cuir commençait à se déchirer par endroits, laissant voir le tissu de la chemise qu’il portait en-dessous, dans un état pas très lointain de celui du reste de son armure.

Les autres pièces commençaient également à se détériorer, et Marlon pensa sérieusement qu’à la fin de cette quête il devrait réinvestir dans un équipement défensif, ce qui le motiva encore plus pour chasser le plus grand nombre possible de créatures et remporter le jackpot avec la guilde des aventuriers.

Quarante-cinq minutes plus tard, il était de retour à son campement et vit que rien n’avait bougé, Luna plantée à l’entrée telle un chien de garde surveillant son territoire. Elle remua la queue quelques fois en voyant son maître revenir, mais sa démonstration d’affection s’arrêta là, lui en voulant de l’avoir laissée ici alors qu’il avait pris du bon temps.

Marlon était conscient qu’il avait la journée pour se préparer et que le temps défilait bien plus vite que ce qu’il aurait souhaité, aussi ne traina-t-il pas et s’attela à la tache rapidement.

Il ignora la fatigue qui revenait constamment à lui et se mit à découper des branches fines, une énorme quantité de branches, sans trop s’enfoncer dans la forêt, voulant éviter de rencontrer des Arbols alors qu’il était en pleine préparation. Avec les morceaux de bois qu’il avait découpés, il prépara des sortes de grilles, liant les morceaux ensemble grâce à la corde qu’il avait achetée.

Puis il s’enfonça un peu plus, attentif au moindre bruit inhabituel comme le craquement provoqué par les monstres sylvestres. A une centaine de mètres du campement, il marqua un symbole de croix sur un arbre et se mit à creuser. Heureusement pour lui, la terre était meuble et aucune roche ne venait gêner ou retarder son excavation.

Une heure plus tard, une fosse profonde d’un peu plus d’un mètre était excavée, et il adapta sa taille à la grille qu’il avait préparé, faisant bien attention de la disposer de telle sorte que quiconque ou quoi que ce soit marchant dessus tombe dans le trou.

Il s’attela ensuite à préparer d’autres piques qu’il brûla sur le feu pour les durcir et il en garnit le fond de la fosse, posant la grille de bois sur l’ouverture béante avant de recouvrir le tout d’un tapis de branches fines et de feuilles mortes, camouflant le piège mortel pour quiconque marcherait dessus.

Marlon réussit à préparer deux autres pièges du même acabit avant de rencontrer un Arbol Majeur qui festoyait sur un cadavre de rongeur exactement comme l’un de ceux qu’il avait chassé la veille.

Il décida d’attaquer la créature avec la même technique que la veille et approcha donc doucement du monstre.

Une dizaine de minutes plus tard, l’Arbol gisait, mort, sur le sol de la forêt, les deux excroissances faisant office de bras tranchées et de nombreuses coupures sur le corps suintant d’un liquide verdâtre que le jeune homme se dépêcha de récolter. Il avait été à peine essoufflé par le combat et il comprit qu’il avait trouvé la bonne technique pour affronter ces créatures.

Il lui fallut encore autant de temps pour récolter l’écorce du monstre et ramener le tout à son campement, où Luna se prélassait au soleil, lui jetant subrepticement un coup d’œil avant de se rendormir.

Le soleil était maintenant à son zénith, mais Marlon était loin d’avoir fini sa tâche. Il mangea un peu de la soupe restante de la veille et alla se nettoyer rapidement dans le ruisseau voisin avant de se remettre à l’ouvrage, creusant deux fosses supplémentaires, à plusieurs centaines de mètres du campement cette fois. Il avait emmené tout le matériel avec lui pour gagner du temps et alors qu’il finissait la dernière en jetant des feuilles mortes sur le dessus, il voulut essayer autre chose.

Il n’entendit aucun craquement proche, se rassurant quand aux monstres présents dans les environs immédiats. S’éloignant des pièges déjà présents, il décida d’en construire un autre, à contrepoids celui-là. Grâce aux connaissances infusées dans son esprit par son métier de chasseur, il savait exactement comment le faire, où placer le contrepoids et comment placer la corde de telle manière à ce qu’elle ne soit pas visible par l’animal qui se prendrait dedans.

Le problème majeur était de trouver un contrepoids adéquat, aucun rocher n’étant visible dans les environs immédiats. Il finit par se rabattre sur une souche d’arbre vieille de plusieurs années mais pesant à peu près deux fois son poids grognant sous l’effort qu’il lui fallut pour la déplacer.

En s’aidant de la corde et de branches épaisses, il parvint à placer son poids en hauteur, en équilibre délicat sur les ramifications de branches d’un arbre. Il lui fallut trois tentatives pour le placer correctement et être sûr que son piège se déclencherait efficacement. Marlon finit ensuite le placement de la corde en camouflant bien sûr toute trace de sa construction avec des feuilles mortes, espérant tout simplement qu’un simple lapin ne le déclencherait pas, plus de deux heures ayant été nécessaires pour finaliser tout cela.

Mais Marlon était persuadé que ce ne serait pas une perte de temps, et cela lui permettait de diversifier sa pratique quant à sa profession. Tout le savoir déjà infusé en lui l’aidait grandement, alors il éprouvait une certaine impatience à découvrir ce que lui réservaient les échelons suivants de ses différentes professions.

Suivant son horloge interne, lorsqu’il finit enfin de placer ce dernier piège, la moitié de l’après-midi s’était déjà écoulée, même s’il n’était pas certain à cent pour cent de la fiabilité de ses assomptions.

Il retourna encore une fois à son campement, ignorant une fois de plus Luna qui n’avait pas changé d’occupation depuis la dernière fois, et il posa ses outils ainsi que la corde dont il n’avait plus l’utilité pour le moment.

Il était temps de se mettre en chasse.

Pendant les trois heures suivantes, il sillonna la forêt de long en large, évitant bien entendu les pièges qu’il avait posé, et abattit le plus d’Arbols possibles. La technique pour les chasser était établie, et Marlon fut agréablement surpris de voir que contrairement aux loups, ces monstres n’évoluaient pas en groupe.

Eut-il possédé une maitrise différente d’une arme autre que l’épée, les choses ne se seraient pas déroulées aussi simplement. Mais le fait de les incapaciter sans vraiment se retrouver en danger était un avantage énorme qui lui permit d’en tuer une dizaine dans ce court laps de temps.

Lorsque le soleil commença à disparaitre et que la forêt se fit plus sombre, plus menaçante, il décida de rentrer au campement en s’aidant des marques qu’il avait fait sur les arbres au fil de son avancée. La chasse lui avait prit autant de temps que la récolte des ressources sur les cadavres de ses cibles, et il avait dû faire plusieurs allers-retours avec des paquets d’écorces attachées ensemble pour ne pas se retrouver encombré et potentiellement en danger devant une attaque surprise.

Il avait également profité de ses errements pour récolter toutes sortes de plantes, mousses et champignons qui pouvaient être utiles pour se nourrir ou bien encore pour confectionner des remèdes et élixirs divers.

Il trouva même une plante rare lorsqu’il tua le neuvième Arbol, plus profondément dans la forêt qu’il n’avait encore été. Une Lusiane Bleue. C’était une plante découverte dans son livre, et elle n’était pas fréquemment trouvée dans ces régions forestières. Elle permettait de préparer des potions fortifiant le corps et rendant la peau imperméable à toutes sortes de poisons. Il ne l’utiliserait pas pour lui, n’ayant pas le matériel ou les connaissances nécessaires à sa préparation, mais il était certain de pouvoir la vendre à un prix très intéressant.

Qui plus est, les herbes étaient relativement simples à conserver, il fallait juste les garder au sec entre deux morceaux de papiers ou de tissu, aussi pût-il la stocker dans son sac entre deux vêtements de rechange, faute de mieux.

Une fois rentré au campement, il alluma une flambée conséquente, deux fois plus grande que la veille, car il voulait un éclairage optimal pour ce qui allait suivre, les hurlements de loups commençant à résonner dans le lointain alors que les étoiles se faisaient visibles dans le ciel.

Il avait rempli toutes ses fioles de sang vert, aussi commença-t-il par remplacer les écorces imprégnées du sort Traqueur de Feu qu’il avait utilisé contre les loups la veille, ainsi que trois avec le sort de Soin, prêtes à être complétées et utilisées en cas de danger.

Puis il lut son recueil d’herboristerie, pendant deux bonnes heures, perfectionnant ses connaissances et découvrant toujours plus de plantes pouvant lui être utiles.

Il prit ensuite son pinceau et décida d’expérimenter encore, cette fois sur les défenses qui entouraient sa zone de confort. Prenant plusieurs fioles de sang d’Arbol, il essaya tout d’abord sur la première rangée intérieure un combiné de la rune Protection et Etincelle, son intention très précise quant à ce qu’il voulait accomplir.

Toujours rien ne se produisit, et au bout de trente minutes de tentatives infructueuses, il poussa un cri de frustration et décida de faire autre chose, dégoûté de ne pas avoir trouvé la solution pour créer des artefacts ou du moins améliorer les matériaux grâce à ses runes.

Le campement allait lui servir pendant quelques semaines au moins, aussi renforcer sa défense n’était pas un luxe, si cela pouvait lui permettre de dormir un peu.

Faisant attention à ne pas trop s’éloigner, il creusa donc quelques fosses supplémentaires devant le cercle de piques extérieur pour surprendre de possibles agresseurs, et cela lui prit deux bonne heures supplémentaires.

Après avoir fini, il sentit la fatigue revenir à l’assaut, aussi prit-il son épée, se dirigeant vers la zone libre qu’il avait laissé à coté du foyer et de sa tente. Il avait fermement décidé de ne pas dormir cette nuit, légèrement traumatisé par les évènements de la veille.

S’entraînant au maniement de l’épée, il se plongea dans la même transe libératrice que la veille, expulsant ses démons à coups de taille, d’estoc et de tranches violentes avec son arme, puisant dans toutes les fibres de son corps, poussant son organisme à tout donner comme à chaque fois qu’il accomplissait ses routines.

Celui la permit d’ignorer les hurlements de plus en plus proches des loups sylvestres ainsi que d’autres hurlements qu’il n’identifia pas mais qui faisaient tout aussi froids dans le dos. Même Loki resta silencieux, laissant le jeune homme extérioriser sa rage et sa frustration par ses propres moyens.

Lorsque le soleil finit par se lever, aucun loup n’avait attaqué le campement, et Marlon était véritablement épuisé, que ce soit par le manque de sommeil ou bien par son entraînement nocturne. Il les avait entendus rôder autour, mais le fait que le jeune homme ne soit pas en position de faiblesse les avait dissuadés d’attaquer.

Ça, et le cadavre de loup qu’il avait empalé sur une pique entre sa tente et la forêt, comme avertissement pour les congénères de la bête.

Puant la sueur, il alla se nettoyer dans le ruisseau, parant au plus pressé, et en profita pour faire cuire quelques champignons et racines ramenés de la forêt la veille.

Il mangea et se permit ensuite de se reposer, demandant une fois de plus à Luna de monter la garde, au cas où une créature plus audacieuse que les autres viennent jusqu’à son campement en plein jour.

Lorsqu’il se réveilla, le soleil était au plus haut dans le ciel, et la température ambiante était presque chaude, quelques gouttes de sueur coulant sur le front du jeune homme qui ne put s’empêcher de penser qu’une nuit complète de sommeil ferait un bien fou.

Mais il chassa très vite ces pensées et se leva, sortant de la tente et s’étirant, heureux de voir que rien d’anormal ne s’était produit dans les environs pendant qu’il se reposait.

Il but un peu d’eau, mangea les restes du matin, et se mit en route de nouveau vers la forêt, sac à dos sur les épaules et épée en main. Encore une fois, sa chimère garda le camp mais ne sembla pas contrariée par cette tâche.

Marlon avait cinq fosses à vérifier, et un piège à contrepoids. Il se rappelait exactement les emplacements de chacun d’entre eux, et le trajet ne prit pas plus de cinq minutes jusqu’au premier.

Lorsqu’il s’en approcha, une odeur de sang parvint jusqu’à ses narines et lui fit serrer instinctivement la garde de son épée. Il fit attention également à avancer doucement pour ne pas faire trop de bruit, ne voulant attirer l’attention d’une quelconque créature présente sur les lieux.

Mais il fut finalement agréablement surpris. Le piège avait fonctionné.

Il s’avança au bord de la fosse et vit un loup empalé sur les nombreuses piques garnissant le fond du piège. Il était mort, et le fond du piège était rempli de sang séché.

La grille de bois avait cédé et avait parfaitement remplie son office de leurre.

Sans perdre une seconde, le jeune homme sortit le cadavre de la fosse et le tira vers le campement. Il s’en écarta un peu avant de se mettre au travail, récupérant tout le cuir qu’il pouvait, impatient de pouvoir vendre les carrés découpés ou de les utiliser pour tracer des runes. Le seul bémol étant qu’il ne pouvait vendre que des carrés de peau, à cause des trous causés par les piques de bois.

Il tailla également deux gros steaks de viande dans la carcasse, voulant absolument goûter ce monstre qui avait failli lui coûter la vie. Un sourire sadique s’étira sur son visage alors que cette pensée lui traversait l’esprit, et il ne fit rien pour le réprimer.

Une fois terminé, il posa la carcasse bien à l’écart en se disant qu’il y mettrait le fau avec les autres plus tard dans la journée.

Que les quatre autres fosses, trois avaient été efficaces ! Et toutes avaient tué des loups de belle taille, ce qui demanda à Marlon un effort conséquent pour les ramener et les dépecer, mais il était profondément satisfait par ce qu’il considérait comme une réussite totale.

Alors que le soleil n’allait pas tarder à se coucher, l’air ambiant se faisant de plus en plus frais, il se décida pour aller vérifier rapidement le dernier piège qu’il avait posé, celui avec le contrepoids.

Il lui fallait vingt minutes pour faire l’aller-retour, aussi ne traina-t-il pas et il s’y rendit en courant, faisant fi de la prudence jusqu’à ce qu’il arrive à une centaine de mètres de son piège.

Il n’entendit rien, mais une forte puanteur régnait dans l’air. Une odeur de sang, mais aussi de putréfaction, ce qui était étrange vu le type de piège posé. Il se figea et tendit les oreilles, aucun son ne trahissant la présence d’une créature ou d’un danger quelconque.

Une fois certain que rien de dangereux ne l’attendait, il avança et finalement vit son piège à contrepoids.

Marlon n’était pas du genre sensible, il pouvait tuer sans sourciller et y prenait même du plaisir, ne sentant aucun dégoût à la vue de viscères, de sang ou encore de cervelle.

Un corps était suspendu au piège, qui avait rempli son office admirablement.

Le problème ne venait pas du piège, mais de ce qui était arrivé à la personne suspendue au bout de la corde.

C’était un humain, apparemment, et le piège était juste assez grand pour l’empêcher d’en sortir, mais il n’était pas assez haut pour échapper à de potentiels prédateurs. Et il s’était fait littéralement dévorer vivant.

Seules les jambes restaient suspendues au piège, jusqu’au bassin. Le reste était un puzzle de chair et d’organes en tous genres, complètement ouverts et baignant dans une mare de fluides corporels divers sur le sol.

Les morsures typiques de loup étaient visibles sur les morceaux de membres qui trainaient encore çà et là autour du cadavre, des bouts de tendons étant sur certains la seule chose les reliant au reste du corps.

Sentant son estomac sur le point de se vider, Marlon détourna le regard et prit de grandes inspirations, jusqu’à ce que son organe digestif se calme et ne veuille plus rendre le repas qu’il avait pris à peine quelques heures plus tôt.

Il tenta de remettre son regard dessus, mais aussitôt le malaise revint, et il ne put s’empêcher de vomir au pied d’un arbre, pendant de longues minutes.

L’odeur de putréfaction venait des boyaux du cadavre qui s’étaient déchirés sous l’attaque de la ou des créatures qui l’avaient attaqué.

Mais le pire était à venir. Au pied de ce cadavre, Marlon vit clairement une forme qui flottait dans les airs.

Une rune.

Une foutue rune se trouvait au milieu des pièces détachés qui composaient un corps humain quelques heures auparavant.

N’ayant plus rien à vomir, Marlon s’approcha et toucha rapidement la rune avant de s’éloigner de l’odeur et de ce spectacle si glauque que même lui avait du mal à le supporter.

Ding

Vous avez appris la rune Absorption

L’esprit de Marlon, tel un fusible, sauta, et il se mit à ricaner.

Ensuite il se mit à rire, d’abord un simple souffle à peine audible sortant de sa bouche, puis le son devint plus rauque, presque comme une toux inarrêtable.

Puis le rire rauque se transforma doucement en hurlement, un hurlement aigu et hystérique où seule la folie se faisait entendre. Une folie telle qu’elle n’en était presque plus humaine. Elle était autre chose, presque une entité à part, une force sombre que toute vie devait redouter.

Marlon roula à terre, sans s’arrêter une seule seconde et en se tenant les côtes, ses yeux exorbités dansant dans tous les sens alors que rien ne semblait pouvoir arrêter ce qui venait de prendre possession de lui.

Même les animaux avaient fui devant ce son inconcevable aux ténèbres insondables, et longtemps il résonna dans les profondeurs de Cronande.

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