Néo-Life
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La nuit était tombée sur le campement de Marlon, et seule la lumière rougeoyante du feu de camp éclairait les environs. Le vent soufflait légèrement et charriait avec lui des températures glaciales qui faisaient frissonner le jeune homme, malgré le feu, tout autant que les hurlements sporadiques de loups qui résonnaient dans les profondeurs de la forêt.

Le jeune homme s’assura de bien charger le feu en bois, peut-être un peu plus que de raison, mais cela lui permettait de se réchauffer plus efficacement et surtout de mieux éclairer les environs.

Luna faisait des allers-retours au tour du campement, patrouillant et jetant de temps à autre des regards inquisiteurs vers la masse d’arbres qui leur faisait face, angoissé à l’idée de voir des loups surgir brusquement de l’obscurité.

« Il y a mieux comme ambiance pour se reposer, ça c’est sûr. »

Loki ironisa, et cela aida quelque peu le jeune homme à se détendre. Il n’avait pas compté dormir toute la nuit, de toute manière, et cela serait impossible même s’il le désirait, un instinct aussi vieux que l’homme l’empêchant de fermer les yeux alors que des prédateurs rodaient non loin de là.

Marlon en profita et sortit les fioles remplies du sang d’Arbol. Il observa quelques secondes le liquide épais et de couleur verte, puis il posa tout ça à côté de lui, défaisant le paquet d’écorce qu’il avait réussi à récupérer sur son dernier adversaire. Il y avait au bas mot de quoi faire une dizaine de parchemins, et il allait en profiter pour expérimenter un peu, sachant que la qualité du catalyseur comme du support étaient acceptables et pouvaient réaliser pas mal de choses si son intention était assez forte.

Il commença par dessiner deux sorts Traqueurs de Feu pour remplacer ceux qu’il avait utilisé contre l’Arbol. Il savait que l’explosion serait surement bien plus forte avec les composants utilisés qu’avec un simple parchemin, aussi devrait-il faire attention à ne pas déclencher un incendie monstrueux par négligence, le sol étant couvert de feuilles mortes.

Pour se perfectionner, il utilisa le reste des écorces pour dessiner des runes de soin, concentré comme jamais sur le tracé des motifs et sur la visualisation de l’effet qu’il désirait. Une fois qu’il eut fini, il disposa soigneusement ses morceaux d’écorce près de sa tente et voulut tenter autre chose.

Il attrapa son carquois et en sortit une dizaine de flèches, les disposant devant lui et se demandant comment il pourrait faire pour dessiner une rune sur cet espace si petit.

Il tenta d’en tracer une sur la tige de bois, mais abandonna rapidement, l’espace étant bien trop petit et son pinceau bien trop large pour réussir quoi que ce soit. Réfléchissant à la méthode nécessaire pour atteindre son but, il essaya diverses méthodes, du petit bout de bois pour dessiner au taillage de la tige avec la pointe de sa dague. Aucune ne fut concluante, et au bout d’une heure il jeta rageusement la flèche qu’il tenait entre les mains, frustré de ne pas avoir réussi à atteindre son objectif.

Il achèterait plus de matériel en retournant à Delia lorsqu’il aurait fini sa chasse, voulant absolument essayer d’améliorer tout le matériel qu’il possédait.

Dépité, il retira le plastron de son armure en cuir et le posa devant lui. Il voulait rajouter une protection supplémentaire dessus, et il avait une petite idée. Avant de tracer sur l’armure, il prit un parchemin et dessina deux runes mêlées, Protection et Vie. Il pensa fortement à une sorte de bouclier protecteur alors qu’il finissait de tracer les formes sur le papier.

Une fois fini, il attendit de voir si quelque chose se passait, mais rien ne bougea. Aucune réaction, le sang utilisé et imprégnant le tissu restant tel quel au lieu de se volatiliser et de réduire en cendres le support comme il s’y était attendu.

Grognant devant son échec, il ne s’avoua pas vaincu et refit plusieurs tentatives, mêlant diverses runes et essayant plusieurs intentions qui lui passaient par la tête, lui semblant logique sur le coup.

Mais à chaque fois, le fameux son résonnait dans son esprit, augmentant petit à petit la frustration qu’il ressentait, jusqu’à ce qu’il n’en puisse plus, jetant de rage la fiole de sang quasiment vide dans le feu. Elle explosa dans le foyer et un chuintement se fit entendre alors que le sang encore présent à l’intérieur s’évaporait au contact des braises et des flammes.

Même si toutes ne menaient pas à quelque chose, il était persuadé que certaines combinaisons auraient dues fonctionner, ne comprenant pas la raison de ses multiples échecs. Il avait bien vu les artefacts utilisés par les gardes et celui de Drevos fonctionner, alors qu’en était-il ? N’avait-il pas les bonnes runes ? Ou bien y avait-il une différence plus fondamentale ?

Il décida d’arrêter de tracer des runes pour le moment, frustré au possible, rangeant ses flèches, son carquois et tout ce qu’il avait utilisé pour ses expérimentations avant de s’emparer de la casserole dont il se servait pour faire bouillir de l’eau.

« Tu dois vraiment aller rendre visite au mage Runiste qui réside à Delia. Je suis sûr qu’il pourra t’aider à mieux comprendre le fonctionnement des Runes. »

Marlon grogna son assentiment, ne voulant plus y penser pour le moment, trop plein de frustration et de colère pour pouvoir avoir l’esprit ouvert à ce genre de remarques.

Il récupéra les quelques plantes et champignons qu’il avait récupéré lors de sa promenade en forêt et décida de les tailler en morceaux réguliers avant de mettre le tout à cuire sur le feu, remplissant le reste de la casserole avec de l’eau. Ce serait la première soupe que Marlon se cuisinerait dans ce monde, et le savoir pour la préparation avait fait surface dans son esprit, exactement comme toutes les autres informations liées à ses métiers.

Il savait déjà qu’il manquerait d’assaisonnement et de certains ingrédients pour en faire quelque chose de vraiment sublime. Du fromage râpé et du pain grillé seraient d’ailleurs une addition parfaite à sa soupe.

« Mais c’est que tu vas te transformer en véritable cordon bleu ! Ce transfert de savoir est passionnant. »

Marlon du reconnaître que c’était bluffant. Il ne connaissait pas tout, loin de là, mais c’est comme s’il avait suivi une formation couvrant les bases des cinq métiers qu’il avait appris, lui permettant d’éviter les plus gros écueils et lui donnant la technicité nécessaire à l’accomplissement des diverses tâches qui leur étaient liées.

En attendant que la cuisson fut complète, il reprit l’ouvrage d’herboristerie et le parcourut à la lueur des flammes, à peine suffisantes pour lire correctement, mais cela fit tout de même l’affaire.

Deux heures plus tard, c’est un jeune homme au ventre plein qui s’allongeait à côté de foyer encore bien vif. Il s’était régalé avec sa mixture improvisée, et même s’il n’en avait tiré aucun buff, sans aucun doute à cause de son niveau de maitrise très bas, il était très heureux d’avoir cette corde à son arc.

Les hurlements de loup s’étaient éloignés, et il fut rassuré de ne pas avoir à se battre contre ces bêtes ce soir.

Ne les entendant plus, il se détendit sensiblement et se surprit même à fermer les yeux, allongé à la belle étoile. Puis il s’enfonça doucement mais surement dans un sommeil profond.

Les mêmes cauchemars l’envahirent encore une fois. Il revit sa mère mourir, autant dans la boutique d’insertion dans laquelle tout s’était déroulé que dans d’autres lieux insolites tels qu’une caverne sombre ou une plateforme en pleine mer. Tous n’avaient qu’un seul point commun, Marlon échouait systématiquement à la sauver et finissait toujours par hurler son nom alors que son cœur saignait et que des larmes coulaient sur son visage. Encore et encore il voyait son visage disparaitre dans une pluie de chair et de cervelle qui l’aspergeait et rentrait dans sa bouche, l’étouffant comme s’il se noyait.

Puis dans un tourbillon brumeux la scène changeait du tout au tout.

Il trouvait ceux qui avait perpétré son meurtre, paralysés devant lui tels des agneaux sacrificiels lui étant offerts sur un tapis rouge.

Ce tapis rouge n’était pas en tissu. Il était composé de sang frais, et lorsque le jeune homme s’avança vers eux, ses pieds nus furent mouillés par le liquide poisseux et odorant, laissant totalement indifférent Marlon qui ressentait même une joie indescriptible en son cœur. Elle était intense, mais aussi malsaine, un sadisme puissant destiné à ceux ayant assassinés sa mère.

Alors que cette pensée s’immisçait dans le rêve, il se retrouva armé d’une épée et les deux hommes ligotés au sol eurent les yeux qui s’écarquillèrent, encore et encore, jusqu’au stade où la peau de leur visage se déchira, laissant couler encore plus de sang sur le sol. Des cris s’élevèrent de leurs bouches et des plaies commencèrent à apparaître sur leur corps qui soudainement étaient dénudés. Les blessures qui apparaissaient au fur et à mesure perturbant encore plus Marlon.

Une partie de lui ressentait cependant un bonheur profond, une jouissance intime que seule la violence et la folie pouvait apporter. Il vengerait le sang avec le sang, prêt à les éventrer et à se baigner dans leurs viscères.

Il se voyait maintenant à la troisième personne et un sourire de dément était plaqué sur son visage, ses yeux pleurant des larmes de sang alors qu’un rire mécanique sortait de sa bouche.

Il se vit lever l’arme qu’il tenait en main et l’abattre sur les deux hommes, frappant alternativement chacun d’entre eux, arrachant des morceaux de chair, coupant un membre, dévisageant ceux qui lui avait occasionnés tant de souffrance. Le rire mécanique était devenu un hurlement hystérique et les coups s’abattaient de plus en plus violemment alors que les deux hommes étaient morts depuis longtemps.

Il vit leur corps se décomposer alors que son image continuait à frapper encore et encore, projetant des fluides immondes sur son visage et son corps, totalement livré à sa folie furieuse.

Enfin, tout sembla se figer.

Son double, dans un geste brusque, leva la tête vers lui et se mit à le fixer, le sang coulant toujours sur ses joues. Le rire fou s’était arrêté et seules ses dents étaient visibles, tachées de sang. Il secoua la tête comme de dépit et mit la lame de l’épée sous sa gorge, pris de sursauts ressemblants à des sanglots sans pour autant que des sons ne sortent de sa bouche.

Puis dans un crissement mécanique, il se mit à cisailler sa propre tête alors que de sa bouche sortait un seul son : marlon…Marlon…MArLon…MARLON

« MARLON, REVEILLES-TOI ! »

Le jeune homme s’éveilla brusquement, désorienté par son cauchemar. La première chose qu’il vit, ce fut une tête longue et effilée couverte de fourrure grise, des yeux jaunes avec une pupille verticale, si proche qu’il aurait pu sentir son souffle.

Par réflexe il leva le bras gauche pour se protéger alors qu’un loup de taille adulte ouvrait la gueule pour lui attraper la nuque et le vider de son sang. Son geste le sauva et il sentit une douleur aigue traverser son système nerveux alors que la mâchoire puissante de la bête se refermait sur son avant-bras.

Il n’eut pas le temps de réfléchir, ni de se demander ce qu’il se passait, attrapant de sa main droite sa dague qui pendait à sa ceinture alors qu’un cri de rage franchissait ses lèvres, l’adrénaline pompée en quantité monstrueuse dans son système sanguin et lui faisant oublier pendant un instant la douleur due à la morsure.

Le loup tira sur le bras, secouant la tête de droite à gauche pour emmener le jeune homme avec lui, mais Marlon campa ses pieds solidement dans le sol, ignorant la souffrance supplémentaire infligée par la créature lupine. Il planta sa dague dans la tête du bestiau enragé, y mettant toute la force dont il était capable.

Rencontrant une résistance lorsque la dague rencontra l’os de la bête, il la retira violemment et la replanta, cette fois-ci dans l’œil du monstre. Il ignora le sang qui jaillit et aspergea son visage, l’œil du monstre éclatant sous le coup.

Sous l’effet de la blessure, le loup lâcha son bras et poussa un jappement de douleur en reculant. Marlon ne lâcha pas la bête du regard une seule seconde et se bénit intérieurement d’avoir laissé son épée à côté de lui, l’attrapant d’un mouvement rapide alors qu’il se mettait debout.

Il ne put s’empêcher de pousser un cri de douleur lorsqu’il empoigna son arme à deux mains, ne regardant pas l’état de son avant-bras pour ne pas se déconcentrer, sachant pertinemment qu’il était très abimé, un manque de sensations étrange provenant de son bras.

Il n’attendit pas que son adversaire se replie et se jeta dessus, le coup vertical qu’il abattit sur sa tête faisant mouche et traversant cette fois sans problème la masse osseuse de son crâne, le tranchant en deux.

Le loup s’effondra net sur ses quatre pattes et ne bougea plus, mort.

Le jeune homme jeta un œil sur la scène se déroulant au-delà du cadavre de son adversaire et vit fugacement Luna se battre contre deux autres créatures identiques, chacun d’entre eux souffrant de plaies profondes. Mais elle était également blessée et boitait lourdement en se tenant à distance des bêtes sauvages et en poussant des rugissements très semblables à ceux que le Mantis avait poussé dans la forêt des Milles Lieues.

Il allait se jeter à son secours quand il sentit quelque chose attraper sa jambe gauche par derrière et la tirer d’un coup sec, le faisant tomber violemment face contre terre. Il lâcha son épée et protégea son visage en mettant sa main droite devant lui pour amortir le choc, ce qui lui évita d’être sonné.

De sa deuxième jambe, il donna de puissants coups de pieds pour se dégager, mais rien n’y fit, un autre loup avait refermé sa mâchoire sur son mollet et tentait de le tirer violemment en arrière, déchirant les chairs et infligeant encore une douleur supplémentaire à Marlon qui ne put se retenir de crier.

De sa main droite, il attrapa une braise brulante dans le feu et ignorant la douleur, il l’écrasa contre le museau du loup qui retenait sa jambe prisonnière. Un grésillement se fit entendre en même temps que le couinement de douleur du quadrupède qui le lâcha pour s’éloigner de ce démon brûlant, une odeur de chair brûlée s’élevant dans l’air.

Sans perdre une seconde et profitant de sa liberté de mouvement retrouvée, Marlon poussa sur ses jambes et se jeta contre le tas d’écorces d’Arbol qu’il avait soigneusement préparé quelques heures auparavant. Saisissant le pinceau posé juste à côté, il trempa le bout dans son propre sang et compléta un premier sort Traqueur en imaginant son adversaire brûler de mille feux.

L’écorce de monstre se consuma dans un craquement alors qu’une langue de feu s’élança vers le loup qui revenait déjà à la charge. Marlon vit avec satisfaction les flammes recouvrir son corps et consumer dans un brasier intense les chairs de la créature dans un hurlement qui n’avait plus rien de lupin mais semblait sorti droit des gorges de l’enfer.

Marlon attrapa un deuxième morceau d’écorce et refit exactement la même chose, ciblant cette fois un des deux loups s’en prenant à Luna, qui semblait de plus en plus mal en point alors qu’ils continuaient à s’échanger des coups de crocs et s’arrachaient littéralement des morceaux entiers de chair.

« RECULE, LUNA !! »

La chimère l’entendit et fit un bond en arrière alors que les flammes enveloppaient un des deux monstres avec la même violence que le premier. Ne s’arrêtant pas en si bon chemin, Marlon utilisa un troisième morceau d’écorce pour cibler la dernière créature intacte et voyant que la boule de feu atteignait sa cible comme prévu, il récupéra sa dague sur le sol et se retourna vers l’adversaire le plus proche de lui.

Le loup n’était pas encore mort, même s’il n’était plus vraiment en état de se battre. Son pelage avait complètement brulé, révélant un cuir noirci par les flammes qui avait craqué en de nombreux endroits sous l’effet de la chaleur.

Ses yeux avaient fondu également et il ne voyait plus rien, se roulant à terre dans des spasmes d’agonie violents, sa mâchoire claquant dans le vide pour tenter d’attraper une proie qu’il ne pouvait plus repérer.

Le jeune homme s’approcha prudemment et il se jeta sur lui, enserrant son cou avec son bras gauche, serrant les dents, au point d’en sentir plusieurs se fendre, sous l’effet de la douleur, avant de planter encore et encore son arme dans la nuque du monstre, roulant avec lui mais ne desserrant à aucun moment sa prise sur lui.

Quand enfin les mouvements de la créature stoppèrent et que son corps se ramollit, finalement mort, Marlon se releva difficilement. Sa vision se troublait et des vertiges perturbaient son équilibre, la perte de sang n’étant sûrement pas à négliger vu les blessures dont il souffrait. Il était poisseux du sang de la créature qui avait imbibé complètement ses vêtements et une quantité non négligeable s’était glissée dans sa bouche, libérant un goût acre et métallique qu’il ignora, guidé par sa rage.

En titubant, il parvint au tas d’écorces d’Arbol qui avait été renversé, gisant sur le sol en puzzle macabre, et après s’être assuré que les deux loups restants étaient dans le même état que celui qu’il venait d’achever, il saisit une écorce et activa la rune de soin tracée dessus.

Aussitôt, elle se consuma et l’aura verte qu’il avait déjà expérimentée s’éleva en l’air avant de fondre en lui et de se mettre à irradier de son corps.

Deux choses se produisirent alors en même temps.

Tout d’abord une douleur intense envahit Marlon, comme si toutes les plaies et blessures présentes à ce moment sur son corps s’éveillaient en même temps et pulsaient à l’intérieur de son corps, toutes autant de coup de poignard dirigés contre son système nerveux. Une sensation horrible et déchirante mais qui heureusement ne dura pas longtemps.

Instantanément la chair se reforma là où il n’y en avait plus, les tendons et nerfs sectionnés par les mâchoires puissantes se reconstruisirent, comme si l’on rembobinait un film à la vitesse maximum. Il ne prit pas le temps d’admirer la réaction de guérison, mais s’il l’avait fait il aurait pu voir les veines se réassembler et la peau apparaître de nulle part avant de combler les trous laissés par les crocs des deux loups qui avaient voulu le déchiqueter.

Sans attendre, il saisit un autre morceau où était gravé le sort Traqueur et l’activa, achevant un des deux loups dans un hurlement de douleur.

Il allait s’occuper du dernier de la même manière, mais Luna bondit avec ce qui lui semblait lui rester de force et planta ses griffes dans le cou de la créature déjà très affaiblie, le pelage complètement fondu et la vision oblitérée par les flammes de Marlon.

Tout fut terminé quelques secondes plus tard, et c’est avec inquiétude que le jeune homme vit sa chimère s’effondrer sur le côté, la respiration faible et du sang s’écoulant abondamment des nombreuses blessures qui ornaient son corps.

Il prit une autre écorce sur laquelle était gravée une rune de soin et se précipita auprès d’elle, finissant de l’activer lorsqu’il fut devant Luna. L’aura verte s’éleva du support qui se consuma instantanément et se fondit en elle.

La chimère s’arc-bouta soudainement, sous l’effet d’une douleur semblable à celle qu’avait ressenti le jeune homme, et ses plaies disparurent aussi rapidement que les siennes, ne laissant bientôt plus que le souvenir de leur douleur et les cadavres environnants pour leur rappeler que ce qui s’était passé avait été bien réel.

« Bordel, ce coup-ci j’ai bien cru qu’on allait tous y passer ! Tu es dur à réveiller, gamin… »

« Désolé, je n’aurais jamais dû m’endormir en premier lieu. Merci infiniment Luna, et toi aussi, Loki. Sans vous je serais certainement mort à l’heure qu’il est. »

« Leçon à retenir : quand tu n’entends plus les loups, ça ne veut pas forcément dire qu’ils sont partis ! »

Après ce qu’il venait de se passer, Marlon était plus nerveux que jamais, et c’est les mains tremblantes qu’il alla récolter ce qu’il pouvait sur les loups, c’est-à-dire pas grand-chose d’autre que des fioles de sang, le cuir des monstres ayant totalement brulé à cause des sorts de feu que le jeune homme avait lancé sur eux.

Luna tournait autour de lui en ronronnant fortement, heureuse de ne plus ressentir de douleur et du fait que son maître allait bien.

Marlon n’oublia pas de tailler quelques morceaux de steaks dans les carcasses, ne négligeant pas une source de nourriture aussi abondante. Il était dommage de ne pas tout pouvoir garder, mais sans moyen efficace de réfrigération, la chair allait se gâter très rapidement, et il n’avait pas de sel pour faire de salaisons. Chose à laquelle il n’aurait jamais pensé auparavant, merci à sa profession de cuisinier.

-Il faut que je monte plus de pièges autour du campement, mais avant, je dois dégager ces corps.

Il les tira donc un peu plus loin, à l’opposé de la forêt, puis disposant du bois mort il mit le feu au bucher pour se débarrasser des corps.

Le reste de la nuit fut très occupé, et heureusement la lune éclairait suffisamment pour permettre à Marlon de s’orienter autour de son campement et récupérer les ressources nécessaires au renforcement de son campement.

Cela lui prit jusqu’à l’aube.

Il coupa des branches en pointes, toute faisant à peu près entre un mètre cinquante et trois mètres, puis il les enterra autour de son campement en diagonale, comme des lances plantées dans le sol empêchant la cavalerie de s’approcher trop près.

Il passa auparavant chaque morceau de bois au-dessus des flammes, le brûlant légèrement pour rendre les pointes plus solides, serrant les pieux le plus possible pour laisser le moins de passage pour les prédateurs qui voudraient faire de lui leur casse-croûte.

Il bénissait à chaque instant le choix de ses professions, le savoir affluant dans son esprit au fil des manipulations pour fortifier son campement.

Il allait poser d’autres pièges, mais il n’avait pas encore les composants nécessaires à leur création. Il manquait cruellement de matériel, et il ne voulait pas abandonner son campement pour retourner à Delia, pas aussi rapidement après être arrivé, et il avait quelques idées qui pourraient faire l’affaire pour piéger les créatures lupines.

Quand le soleil finit par se lever, le campement de Marlon ressemblait de loin au dos d’un hérisson, des piques de bois plantées sur trois rangées et profondément enterrées en diagonale pour empaler quiconque tenterait de forcer l’entrée.

Il s’était laissé un espace confortable autour de sa tente pour pouvoir s’entraîner et vivre sans se sentir oppressé pendant le laps de temps durant lequel il accomplirait sa quête.

Le jeune homme admira son œuvre et se sentit profondément satisfait d’avoir accompli tout cela en l’espace de quelques heures à peine. Mais il fallait dire qu’une attaque de loups et une expérience de mort imminente donnaient une motivation sans égale.

Une nouvelle journée bien remplie s’annonçait, et Marlon était plus que prêt à affronter les défis qu’elle amènerait avec elle.

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