Les Mondes Epars
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Chapitre 4 – Le monde de Glyndal (4)
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Ils marquent une pause, le temps de régénérer leurs barrières. Pendant celle-ci, Yann se rapproche du cadavre de la bête qu’il observe. Rien en dehors de l’absence de marque de blessure n’indique sa création par l’éther. Il s’attendait à ce que morte, elle disparaisse mais non, elle reste bien là, comme si elle dormait. Un peu inquiet, il s’enquiert auprès de Lucie, sur le phénomène. Cette dernière le rassure en lui expliquant que jamais une créature de ce niveau n’aurait l’intelligence de se comportait ainsi. Peu convaincu, Yann l’accepte tout de même. Profitant de leurs immobilisations, il regarde à nouveau ses statuts pour voir une éventuelle différence après leur combat.

Le tatouage sur son bras droit, le statut personnel, n’a pas changé. Déçu, il regarde son autre bras. Là, une nouveauté l’accueille :

Statut d’arme

Potentiel : 1/5

Seuils : +1 force (1), +1 résistance (3), +10 barrière (5)

Surpris, il touche les modifications. Aussitôt une voix familière résonne dans sa tête :

Le Potentiel de l’arme à atteint la valeur 1 débloquant le seuil associé +1 de force

Il se tourne vers sa propriétaire, Lucie. Celle-ci remarquant son mouvement brusque s’inquiète de son attitude :

« Qu’est-ce qu’il y a ? J’ai fais quelque chose de mal ?…

– Tu n’as rien dis ?

– Ben… non… Pourquoi ?

– J’ai vérifié mes statuts et il y en a eu un nouveau sur celui de mon arme alors je l’ai touché et tu as parlé…

– Ah ! Je sais… Je ne pensais pas qu’elle l’avait vraiment fait…

– Ça provenait d’où ?

– De ton éther…

– Pardon ?

– En fait, l’enveloppe d’éther, elle provient d’un sort.

– D’un sort… magique ?

– Oui on peut dire ça…

– Mais dans ce cas quand a-t-il été jeté sur moi et par qui ?

– C’est moi quand on s’est rencontré, nous nous sommes serrés la main, je te l’ai appliqué à ce moment-là.

– Tu maîtrises la magie ?!

– Non, le sort est prêt à l’emploi, son créateur est ma mère. Il y a quelques années, elle m’a fait enregistrer plein de phrases qui n’avaient ni queue ni tête à l’époque… Maintenant je comprends mieux pourquoi… Pour que je fasse la voix de son sort !

– Attends, ta mère fait de la magie ? Ça veut dire qu’elle n’est pas de la Terre ? Et toi du coup, tu es…

– Stop ! La discussion n’ira pas plus loin ! D’un, tu poses trop de questions, surtout pour un type travaillant pour une organisation vantant sa discrétion et de deux… ce sont mes affaires, pas les tiennes.

– Ok, ok… Désolé, j’étais curieux…

– T’inquiète pas… C’est juste, est-ce que tu peux éviter le sujet de ma famille s’il te plaît ?

– C’est noté.

– Bon, je pense que nous sommes revenus à un niveau acceptable, il est temps de poursuivre notre exploration. »

Sur ce commandement, ils se remettent en marche à travers la forêt abandonnant le corps de la créature derrière eux. Pour eux, il n’a aucune utilité. Ils en parleront aux pionniers plus tard, dans l’éventualité où il peut les intéresser.

Après une marche d’une heure toujours à travers la forêt dense sans accroc, ils arrivent sur le bord d’un précipice. Ébahis par le spectacle, ils l’admirent un moment. La falaise débouche sur une vision bleuté dont les tons changent en permanence, voguant du bleu ciel à un bleu tirant sur le violet, le tout sur un rythme lent. Jamais ils n’avaient observé un tel phénomène auparavant. Ce n’est que péniblement que Lucie s’extrait de son admiration pour retrouver son rôle de guide :

« C’est donc ça les confins d’un monde… J’en avais entendu parlé mais j’en avais jamais vu…

– Ça veut dire qu’il n’y a rien au-delà ?

– Non, si tu tombes de cette falaise, tu te fais absorber par l’éther… Même ta protection ne tiendrait pas une seconde… »

Effrayé par cette possibilité, Yann recule de deux pas du bord, sous le rire de Lucie, amusée par cette précaution. Jugeant qu’ils ont bien profité du spectacle, elle longe le rebord. Yann s’empresse de la suivre. Ils parcourent ainsi le bord sur plusieurs centaines de mètres jusqu’à ce qu’un frémissement les alertent sur leur côté gauche. Ils partent à la recherche de son origine en s’enfonçant dans les bois sur plusieurs dizaines de mètres, comme si à chaque fois qu’ils s’en rapprochaient, elle se déplaçait avant de s’arrêter. Puis ils trouvent ce qu’ils poursuivent. Comme ils le soupçonnaient, il s’agit bien d’un hokal. Ou plutôt d’un regroupement d’hokals. Cinq d’entre eux vaquent à leur occupation tandis qu’un sixième les surveille. Pas n’importe quel autre, un hokal bien plus grand que les autres, leur donnant une stature de louveteau en comparaison. Sa taille effleure les trois mètres de haut et sa longueur approche les cinq mètres, d’après les estimations de Yann. Ses crocs paraissent suffisants pour broyer un humain entier ou même un de ses congénères. Une main tire Yann à l’écart du groupe. Encore une fois le sang froid de Lucie l’a sauvé. Lui qui pourtant a survécu à des bombardements, subi des fusillades, assisté à des explosions, rien ne l’a plus impressionné que cet instant.

Sûr d’être loin du groupe, Lucie engage la conversation, non sans un rictus nerveux :

« Ouah, c’est la première fois que j’en vois un… C’est aussi impressionnant que l’on m’a raconté…

– Qu’est-ce que c’était que… ce monstre ? Il est loin de la créature que nous avons affrontée…

– Il s’agit du gardien du monde, la créature dans laquelle est enfoui le noyau de ce monde, là où tout a commencé. Et tout finira.

– Est-ce bien le moment pour philosopher ?

Elle se gratte la gorge.

– Désolé faut que je détende l’atmosphère. Et puis j’avais toujours rêvé de sortir ce genre de phrase… Bref, si nous tuons cette créature, nous pouvons récupérer le noyau de ce monde ! Et aider les pionniers accessoirement car les créatures disparaîtront…

– Tuer cette créature ? Mais comment ?… Rien qu’en la voyant, je tremble comme une feuille…

– C’est normal, le gardien est la personnification du monde et donc de son éther. Toute la haine qu’il nous voue se concentre dans cette créature. D’où sa taille et son caractère impressionnant mais en pratique, elle n’est pas si forte qu’elle en a l’air.

– Donc dans ce cas nous allons l’affronter ?

– Non pas maintenant, nous allons noter son emplacement et retourner au camp des pionniers et avec un peu de chance nous croiserons d’autres créatures pour nous faire la main et progresser.

– Ouf, ça me rassure…

– Mais nous reviendrons ! Ne t’inquiète pas ! Nous allons retourner au bord du monde pour contourner du mieux que l’on peut ce groupe. »

Ils rebroussent chemin et appliquent le plan de Lucie. Ils s’éloignent sans que le groupe ne réagisse. Yann, méticuleux, annote la carte qu’il dessine depuis le début pour y afficher le groupe d’hokals. Après deux cents mètres à côté de l’abîme, ils retournent une nouvelle fois dans la forêt.

Ils essayent de rester le plus furtif possible pour ne pas alerter les créatures alentour. Ils surveillent le moindre de leur pas, évitant les endroits à risque. Quand ils sortent enfin de ce qu’ils jugent la zone à risque, ils soufflent de soulagement. Toutefois, la fin de la journée approche, ce qui les oblige à ne pas s’attarder. A la moitié du chemin retour, un bruit désormais familier les interpelle.

Ils sortent leurs armes prêt à se battre. La créature surgit face à eux. Sans attendre, Yann bondit sur la créature, Lucie à sa suite. L’hokal fonce sur eux à son tour. Il percute Yann qu’il renverse. Toutefois ce dernier à le temps de brandir son pieu qu’il enfonce dans la créature avant de tomber. Lucie ne laisse pas le temps à la créature d’attaquer son compagnon, deux coups de taille attirent son attention. Yann se relève, paré à assister Lucie. Dans le dos de l’hokal, il transperce autant de fois que possible la créature. Celle-ci tente une manœuvre désespérée en griffant et mordant tout ce qui se trouve devant elle. Lucie esquive son attaque d’un bond. Libérée de son opposant frontal, la créature tente d’interrompre les assauts incessants de Yann mais trop tard. L’ultime coup atteint sa cible qui s’effondre dans un spasme avant d’avoir pu se retourner.

Ravis de leur victoire, ils lâchent un petit cri de joie. Avant de repartir, et après que Yann note l’emplacement de la carcasse, ils vérifient le niveau de leur barrière. Le choc frontal avec la créature n’a abaissé sa valeur que de six points pour Yann tandis que son ultime attaque a arraché une quinzaine de points à Lucie. Avec cette marge importante, ils poursuivent leur chemin.

Sans rencontrer d’autres créatures, ils atteignent le campement au crépuscule. Aldric se montre satisfait de leur rapport. Pour le lendemain, il leur assigne l’objectif de patrouiller à travers la forêt afin de réduire la présence des hokals à proximité du camp. Ils rejoignent l’ensemble des travailleurs au milieu de leur dîner. Yann apprend qu’ils auront droit au même traitement que les pionniers pour la vie au camp et ce quel que soit le monde. Le repas fini, ils enchaînent par une nuit de repos chacun dans une tente personnelle mise à disposition par Aldric.



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