Les Mondes Epars
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Chapitre 1 – Le monde de Glyndal (1)
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La lumière surréelle du lieu accueille Yann. Celui-ci, surpris par son intensité particulière, se tourne vers son employeuse. La vision qui apparaît l’estomaque davantage : derrière lui, à l’emplacement supposé du manoir ne se trouve qu’une verte étendue d’herbe et un étrange monument brillant d’une aura violette. Les mots manquent à Yann pour décrire sa confusion :

« Qu’est-ce que…

– Bienvenue, cher Yann, dans votre première mission : le monde de Glyndal !

Il prend une pause, le temps que son cerveau assimile l’ensemble des informations et tente de trouver un raisonnement logique. Après une minute d’intense réflexion aboutissant à davantage de chaos de son esprit, il formule la seule question qui lui vient en tête :

– Le monde de… quoi ?

– Le monde de Glyndal, c’est comme cela que les pionniers ont surnommé ce fragment de monde.

– Je ne comprends pas, qui êtes-vous ? Pourquoi m’avez-vous engagé ? Et que m’avez-vous fait ?

– Calmez-vous Yann, ne vous inquiétez pas, la première fois, ça fait la même chose à tout le monde. Respirez et inspirez profondément pendant que je vous explique. Je suis bien Lucie, telle que je vous l’ai dit et je compte bien devenir une héroïne comme le reste de ma famille. Je ne vous ai pas menti. Je vous ai fait traverser un portail pour quitter la Terre afin de rejoindre ce lieu, le monde de Glyndal. C’est bon pour le moment ?

– Ça ne m’aide aucunement pour le moment, répondez à mes…

– On s’en fout pour le moment, avez-vous compris ce que j’ai dis ?

– Oui…

– Bien. Ce monde, celui de Glyndal, est ce que l’on surnomme un monde épars, c’est-à-dire un fragment d’une réalité qui n’a jamais existé. Ainsi, tout ce qui se passe ici est figé pour l’éternité tant que personne n’interagit.

– Je ne comprends plus ce que vous dites…

– Ce n’est pas grave pour le moment, ça va venir avec le temps. Le plus important est que vous reteniez que nous ne sommes plus sur Terre et que les règles que vous connaissiez jusqu’à présent ne sont plus valables ici.

– Je crois comprendre mais… Comment ?

Lucie soupire. Décidément ce mercenaire ne lui facilite pas la tâche…

– Pour le moment suivez ce que je dis et ça ira. J’introduirai les concepts au fur et à mesure sinon vous allez être encore plus perdu que vous ne l’êtes déjà…

– Très bien…

– Première étape, nous allons rejoindre le camp de pionniers qui se trouve face à nous, derrière le monticule que nous voyons.

– Soit, c’est vous qui décidez après tout… »

Il la suit, abandonnant tout espoir de comprendre sa situation par lui-même. Un mince sentier les guide jusqu’à leur destination, preuve qu’une présence humaine les a précédés. Après une marche d’à peine cinq cents mètres, dans une dépression derrière la colline, apparaît un camp regorgeant d’activités humaines. Une cinquantaine d’ouvriers s’affairent à abattre des arbres, à les élaguer puis à scier les troncs en planches, pour les stocker plus loin. L’ensemble constitue une scierie adossée à un camp de bûcheron. Lucie, guère impressionnée par la scène, se dirige vers celui qui semble en être le superviseur :

« Bonjour, Aldric, me revoilà !

– Ah mais ne serait-ce pas cette chère Lucie ! Et pas seule en plus ! Elle a ramené les renforts promis ! Je savais qu’on pouvait compter sur toi !

– Je n’ai qu’une parole après tout ! J’espère que mon absence n’a pas duré trop longtemps…

– T’inquiète pas, pendant ton absence tout s’est parfaitement bien déroulé à une exception près. Mais heureusement, sans grande conséquence puisqu’on a eu que deux blessés légers mais au détriment de la production qu’on a dû ralentir… Mais vu ce que tu nous as promis, cela vaut bien la peine d’attendre ! Hé, toi, le nouveau, c’est quoi ton nom ?

– Yann, pour vous servir monsieur…

– Eh beh, monsieur ! Je l’aime bien lui !

– Je vous présente Aldric, c’est le chef des pionniers qui ont construit ce camp et se chargent d’exploiter le bois de ce monde.

– Euh… ravi de vous rencontrer…

– Excuse-le Aldric, c’est sa première fois en dehors de son monde originel, donc tu sais comment c’est… La confusion, l’incompréhension, tout ça…

– Ah je comprends mieux ! Puisque c’est ta première fois, on va fêter son dépucelage ce soir ! En plus ça va ravir mes gars de pouvoir se lâcher un peu, vous allez voir, ça va…

– Attends, attends, on a pas le temps pour ça pour le moment… Quand le travail sera fait pourquoi pas, mais là…

– Toujours aussi pressée cette chère Lucie ! Très bien, nous patienterons… Mais une fois le boulot accompli, vous aurez plus d’excuses pour y échapper ! Du coup, pour pas perdre de temps, je te fais le topo.

– Écoute, Yann, c’est important !

Le pauvre mercenaire reçoit un coup de coude dans les côtes pour le sortir de ses pensées. Le commandant des pionniers reprend :

– Bien, donc derrière la porte, il y a rien à part un peu d’herbe donc c’est pas important. Pour la largeur, nous avons environ un kilomètre et demi. Le seul paramètre manquant est la longueur même si nous l’estimons autour de trois kilomètres d’après la typologie de ce genre de monde. Donc la première chose à faire, serait de confirmer cela et de cartographier l’ensemble de manière grossière pour agir ensuite en sûreté. Cela vous va ?

– Cela me semble bon, Aldric, c’est toi le chef des opérations après tout…

– Si ça vous va, je vous libère, vous pouvez y aller quand vous voulez. J’ai fait préparer du matériel pour vous si ça vous intéresse. Après si vous êtes fatigués, ce que je peux comprendre, ça peut attendre demain.

– Merci de ton hospitalité, mais je préfère abattre le maximum de travail aujourd’hui, surtout que j’ai mon camarade à former…

– Je comprends… Dans ce cas, bon courage ! »

Aldric les abandonne pour retourner auprès des pionniers. Yann le fixe quelques instants essayant de comprendre la discussion. Sentant son cerveau bouillir, il préfère se référer à Lucie :

« Est-ce que je pourrais avoir quelques explications sur notre mission ?

– En gros, il nous a chargés de cartographier le monde.

– J’avais compris, mais comment est-ce possible, c’est un monde et nous ne sommes que deux…

– C’est parce que la taille des mondes épars varie de mondes minuscules comme celui-ci de l’ordre de quelques hectares à des mondes titanesques de surfaces des dizaines de fois plus grandes que celle de la Terre ! Enfin, à ce qu’il paraît, je n’ai jamais mis les pieds sur l’un d’eux…

– Ah oui, effectivement, vous ne mentez pas quand vous disiez que les règles que je connaissais ne fonctionne pas ici… Mais, qu’elle est le rapport avec ma mission à moi en tant que mercenaire, sauf votre respect ?

– Eh bien, pour parvenir au but que je vous ai exposé, j’ai besoin d’explorer ces fameux mondes épars.

– Je ne comprends pas comment…

– Tout va bientôt s’expliquer mais je pense qu’une démonstration sera mieux qu’une explication que vous ne croirez pas. Mais n’oubliez pas, vous n’êtes plus sur Terre ! »

Elle le conduit un peu plus loin dans ce qui constitue les logements des pionniers avec de nombreuses tentes en toiles bien alignées le long du chemin. Au bout de cette dernière, un homme s’occupe de relever l’état du stock d’objets variés indispensables à la vie quotidienne du camp. Lucie l’approche :

« Bonjour, nous venons de la part d’Aldric récupérer du matériel pour l’exploration.

– Ah oui, il m’a demandé de vous préparer le nécessaire pour deux donc voici deux besaces avec des vivres pour deux jours par personne, une paire de vêtements adaptés et une arme chacun. C’est bien cela ?

– Parfait. »

Les affaires récupérées, ils se les répartissent entre eux. Seuls les armes diffèrent du reste : Lucie obtient une épée en bois, là où Yann récupère un pieu. Cet élément étonne ce dernier :

« Qu’est-ce que c’est que ce truc… Il n’y a pas moyen d’obtenir un fusil d’assaut ou une arme de poing au moins ?

– Haha, hélas non, je ne sais pas si ça existe mais si jamais c’est le cas, ça doit être bien au-dessus de mes moyens…

– Vous plaisantez ? Vous avez payé 300 millions d’euros pour m’embaucher dans votre… délire et vous ne pouvez pas payez une arme à moins de 500 euros sur le marché noir ?

Lucie marmonne :

– C’est pénible à force… Écoutez, ici, la monnaie en vigueur n’est pas l’euro mais autre chose que je ne possède pas. Donc nous nous contenterons de ces armes et si ça ne vous plaît pas, vous pouvez toujours repasser la porte en sens inverse, rentrer sur Terre et me rembourser mon argent ! Ce n’est pas ma faute si vous avez mal compris ce que j’ai demandé non ?!

Son agacement monte à mesure qu’elle s’exprime jusqu’à ce qu’elle explose de colère. Yann dépité par ses remarques s’excusent pour son attitude non professionnelle :

– Non vous avez raison, qu’importe les conditions, nous avons un contrat et je me dois de le respecter. Si nous… je n’avais pas été avide et avais demandé davantage de détails, tout cela ne ce serait pas passé. A partir de maintenant, je me contenterai de suivre vos indications sans jamais chercher à comprendre le pourquoi !

– N’exagérons rien… Je vous dois quand même quelques explications… Au moins pour que vous me soyez utile…

– Comme vous voudrez.

– D’ailleurs si vous pouviez arrêter de me vouvoyer ça serait pas plus mal aussi cela va vite devenir horripilant au bout d’un moment…

– Si c’est ce que vous… tu désires.

– Bien maintenant que nous avons tiré les choses au clair, passons aux explications sérieuses. »

Malgré sa promesse, Yann ne peut s’empêcher de déglutir face à cette annonce.



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