Les Mondes Epars
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Chapitre 0 – Prologue : Quelque part sur Terre
à suivre... Menu Chapitre 1 – Le monde de Glyndal (1)

Dans un bureau, sous une chaleur étouffante, un téléphone sonne. Une main ferme mais agile l’attrape :

« Ici, le Bureau 66, que puis-je faire pour vous ?

– Je voudrais vous engager…

– Pardon ?

– Vous n’êtes pas le Bureau 66, une agence de mercenaires ?

– Si mais… Ce ne sont pas des choses dont on discute au téléphone normalement…

– Ah… Désolé… Je vais raccrocher alors… Je vais venir à votre adresse directement c’est bien le 6…

– Attendez, attendez ! Le téléphone ira très bien après réflexion !

– Vous êtes sûr ?

– Certain. Quelle est la nature de votre demande, chère madame… comment souhaitez-vous que nous vous appelions ?…

– Appelez-moi, Lucie tout simplement… Je souhaite engager votre meilleur homme,

– Chère Lucie, je crains que la notion de meilleur homme ne soit relative au type de mission que vous souhaitiez qu’il accomplisse. Il me faudrait un peu plus de détails pour que je puisse vous guider dans votre choix…

– Eh bien, vous savez, je viens d’une famille un peu spéciale. Le genre qui sauve le monde, quoi ! Or, avec le temps, je me suis rendue compte que c’était à mon tour de prendre la relève. Sauf que je ne suis pas certaine d’y arriver toute seule… C’est au moment où je me disais que je devrais abandonner l’idée que j’ai découvert l’existence de votre d’agence qui propose ce type de… prestations. Pour faire simple, vous m’aidez à accomplir des hauts-faits dignes d’une héroïne et je vous paye. Vous en dites quoi ?

En l’écoutant, l’homme lève les yeux au ciel, encore une philanthrope excentrique… Et une bien perchée comme il faut ! De temps en temps, il y a une personne un peu dérangée comme elle qui tente sa chance. A chaque fois, c’est lui qui se charge de les éconduire le plus diplomatiquement possible. Il tente les différents arguments qui ont fait mouche les fois précédentes :

– Je crois deviner ce que vous voulez… Nous n’avons jamais fait cela jusqu’à présent… Je ne sais pas qui vous attribuer surtout que nous préférons…

– Dans ce cas, pourquoi pas vous ?

– Moi, mais je ne suis que…

– Qu’importe, c’est décidé, ce sera vous ! Rejoignez-moi à mon domicile, je vous envoie ça sur votre boîte mail !

– Je ne peux pas faire cela, nous devons signer un contrat, puis vous nous payez avant que je ne puisse…

– Ah, je suis navrée, j’ai oublié le paiement… Je fais cela de suite, donnez-moi quelques secondes pour que je vous fasse le transfert. Je vous ajoute un supplément pour les modalités…

– Madame ce n’est pas comme ça que cela marche ! Je doute que vous ayez…

– Et voilà !

Di-ding

Une notification apparaît sur l’écran face à l’homme. Il vérifie à plusieurs reprises son contenu avant de reprendre, la voix tremblotante :

– Très bien madame ! A vos ordres madame ! Je suis le mercenaire Yann pour vous servir !

– Super ! Vous avez mon adresse sur le reçu bancaire. A bientôt ! »

Le téléphone est raccroché.

L’homme, ou plutôt Yann, met quelques secondes à rattraper le fil des évènements. Une inconnue du nom de Lucie l’a embauché, lui, spécifiquement ! Certes, cette histoire de collecter des haut-faits lui semble étrange, mais bon, la politique de la maison est aucune question tant qu’on paye.

Les mains fébriles, il remplit son ordre de mission :

Ordre de Mission

Missionnaire : Lucie

Missionné : Yann

Durée : jusqu’à révocation du présent contrat ou atteinte des objectifs de missions

Montant : 300 000 000€

Objectif : permettre à Lucie de devenir une héroïne (métrique à déterminer ultérieurement)

Description : Le missionné mettra à profit ses talents dans le cadre fixé par l’intéressée afin d’accroître sa popularité pour qu’elle apparaisse comme une héroïne aux yeux de l’opinion publique.

Note : le missionnaire a spécifié vouloir le missionné susnommé.

Désormais, il ne reste plus qu’à annoncer la nouvelle à son supérieur. Mine de rien, cela lui demande un important effort. Ce type, un ancien commando marine, possède une aura des plus menaçantes. Jusqu’à présent, les talents de Yann ne l’ont pas convaincu, au contraire. Au point qu’il l’a relégué aux tâches administratives. Il n’y a qu’à espérer que l’argent versé par l’étrange mais richissime cliente ne le persuade de lui donner une nouvelle chance. Surtout que l’excentrique mission n’a pas l’air des plus impressionnantes, sûrement une riche héritière qui veut un gorille pendant qu’elle sauve les bébés phoques, rien de bien compliqué.

Yann prend son courage à deux mains et s’annonce au bureau de son chef :

« Entrez !

– Mon commandant, j’ai l’honneur de vous informer que je pars en mission sur ordre personnel d’un client !

Le chef s’étouffe avec une gorgée de son café :

– Vous ?! Qui souhaiterait vous engager ? Faites-moi voir l’ordre de mission… Mmmmh… 300 000 000 € ?! Bordel… Y en a qui ont du blé à jeter par les fenêtres… Et c’est quoi cette mission ? C’est à rien y comprendre…

– Justement mon commandant, je me suis dit qu’outre sa demande vis-à-vis de ma personne, je serais le mieux placé pour accomplir cette mission sans enjeux important afin de libérer nos gars pour d’autres missions de leur calibre !

– Très bonne initiative pour une fois mercenaire Yann ! Je vous autorise à vous engager sur cette mission ! Je compte sur vous pour ne pas faire honte à notre agence. Qui sait, avec un peu de chance ce pige-… client aura assez d’argent pour revenir ! Bon courage, mercenaire Yann !

– Merci mon commandant ! »

Le reste de la journée, Yann l’occupe à préparer son paquetage et réserver les moyens de transport pour se rendre à l’adresse fournie par son commanditaire. Il part sans même vérifier les mails de l’agence avant de partir. Ainsi, il ne verra jamais l’objet du dernier mail :

[URGENT] REFUSER TOUTE DEMANDE PROVENANT DE LUCIE !

Sous un ciel couvert, il descend du train et se dirige vers le taxi qui l’attend pour l’emmener à sa destination : la demeure de l’étrange commanditaire répondant au nom de Lucie. D’après sa voix et sa façon de parler, il s’agirait d’une jeune femme tout juste adulte. Tout du moins, c’est ce qu’il pensait jusqu’à ce qu’apparaisse un manoir en vieille pierre. Loin du style de maison dans lequel vivrait une jeune femme… En même temps, ce n’est pas tous les jours que l’on en croise une capable de dépenser plusieurs centaines de millions d’euros en un claquement de doigt… Et s’il s’agit de la maison de ses parents ? Dans ce cas, comment réagiront-ils lors de leur découverte de la nouvelle lubie de leur fille ? Avec un peu de chance, ils ne seront pas là…

Pendant que ces pensées l’assaillent, il descend du taxi et s’approche du porche. La maison, bien entretenue, ne ressemble guère à ses bâtisses en vieilles pierres s’écroulant sous le poids de leur âge. Au contraire, le lieu respire la vie même s’il fleure bon le côté vieille aristocratie. Qu’importe. Un client reste un client ! Il frappe à la porte. Un bruit sourd résonne dans l’ensemble du manoir. Sa nervosité explique sans doute son incapacité à doser son effort…

Après une attente de quelques secondes, la porte s’ouvre pour laisser apparaître une jeune fille en tenue de sport d’un âge incertain, quelques aspects de son visage paraissant juvéniles, tandis que d’autres témoignent de sa maturité. Ses longs cheveux blonds forment une queue de cheval dégageant son visage où deux yeux verts percent Yann comme s’ils le jaugeaient :

« Vous êtes ?

– Le mercenaire que vous avez engagé…

– C’est vous Yann ? Excusez-moi, je vous imaginais… Plus grand et imposant… Tant pis, je suppose que ça fera l’affaire quand même.

– Et moi je vous imaginais plus adulte.

– Ne vous inquiétez pas, je suis majeure et vaccinée ! Je ne connais pas trop la loi sur les mercenaires, mais je suppose que j’en respecte les conditions, non ?

Elle s’esclaffe suite à sa blague. Yann tente de conserver un stoïcisme professionnel. Pourtant, la jeune fille qu’il a face à lui paraît différente de l’impression qu’elle donnait au téléphone. Étrange. Si elle l’a fait consciemment, cela voudrait dire qu’elle l’a manipulé, ce qui n’annonce rien de bon pour la suite. Lucie reprend son sérieux :

– Enfin, maintenant que vous êtes ici, je me dois de vous informer de votre mission comme il se doit. Pour commencer, serrons-nous la main comme les deux adultes bien élevés que nous sommes.

– Si cela vous fait plaisir.

Le contact de sa main renforce sa méfiance. Bien qu’elle soit douce et agréable au toucher, sa fermeté lui rappelle celles de ceux qui s’entraînent en sachant que leur vie en dépend comme les soldats. Que lui cache-t-elle ? Elle poursuit la conversation sans se soucier des doutes de son interlocuteur :

– Une bonne chose de faite. Il ne nous reste plus qu’à discuter de votre mission et nous aurons fini.

– Très bien, je vous écoute.

– Si vous le voulez bien, allons discuter dans le jardin, nous y serons mieux. Laissez vos affaires dans l’entrée, je m’en occuperai plus tard. Voilà, maintenant suivez-moi, je vais vous guider. »

Sa nouvelle patronne l’amène jusque dans une pièce obscure du manoir. Quel drôle d’endroit pour accéder au jardin, pense-t-il. Puis apparaît la porte menant sur une herbe verdoyante sur laquelle le soleil brille au milieu d’un ciel bleu. Sur l’invitation de sa jeune employeuse, il passe la porte pour atterrir… ailleurs que dans le jardin.



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