Le Chevalier des Elfes
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Les hauts-princes elfes n’avaient pour supérieur hiérarchique que le haut-roi.

Lancelot le conseiller était à la fois content de l’honneur que lui faisait Arthur le vampire, mais en même temps anxieux. Il se demandait s’il ne s’était pas précipité, en acceptant tout de suite la charge de haut-prince. Certes il disposait de capacités intellectuelles et sociales solides, d’après certains de ses proches. Mais la fonction de haut-prince était une des plus écrasantes et exigeantes qui soit dans les royaumes elfes.

Les adversaires du vampire pourraient profiter des maladresses du conseiller, pour nuire à Arthur le haut-roi. Puis Lancelot se dit que maintenant qu’il avait dit oui, il était impossible de revenir en arrière. Il devait par conséquent faire le maximum pour commettre le moins d’erreur possible. Il se promit d’étudier d’arrache-pied pour prouver que son haut-roi n’avait pas fait un mauvais choix, en le nommant haut-prince.

Morgane la séductrice s’avérait heureuse qu’Arthur lui témoigne beaucoup d’intérêt. De plus elle éprouvait de la joie à la perspective d’avoir accès à une garde-robe de haute-princesse. Elle s’imaginait qu’elle disposerait d’habits somptueux, dont l’apparence serait sans commune mesure avec ses anciens vêtements. Mais d’un autre côté elle était consciente qu’elle porterait un lourd fardeau. Elle perdrait beaucoup en liberté de langage, elle devrait surveiller beaucoup plus sérieusement ses paroles et ses gestes. Elle connaissait bien le protocole haut-royal, elle le considérait comme franchement barbant. C’était pourquoi elle voulait prendre un délai de réflexion, avant de donner sa réponse.

Merlin le haut-mage estimait comme normal que le vampire l’ait choisi comme successeur potentiel. En effet le haut-mage estimait qu’en tant que membre de l’élite intellectuelle, il était approprié de lui confier un haut niveau de responsabilité. Néanmoins il hésitait à devenir un haut-prince par souci pour sa propre sécurité. Étant donné les réformes que voulait entreprendre le haut-mage, le nombre de ses ennemis risquait d’exploser.

Arthur avait une idée pour se différencier de ses prédécesseurs, au lieu d’augmenter le nombre de traditions, il allait les diminuer. Plutôt que de complexifier les lois et les sources de droit, il allait opérer un grand ménage. Il savait qu’il défendait une mesure audacieuse, mais il la jugeait nécessaire. Il y avait tellement de coutumes chez les elfes que simplement les énumérer pouvait être une longue source de travail, même avec des moyens magiques. Et puis la multitude de traditions favorisait beaucoup d’abus, permettait à des profiteurs de disposer d’importants privilèges. Si certaines coutumes apportaient des avantages au peuple, beaucoup d’autres ne servaient qu’à enrichir de manière honteuse des individus peu scrupuleux.

Cependant la tâche s’annonçait compliquée, Arthur voulait faire place net mais il devrait batailler sévèrement, il risquait une union sacrée des nobles, du clergé et d’une partie du peuple à l’égard de certaines traditions. Il était animé de bonnes attentions, mais les défenseurs de la coutume étaient par moment très influents. Et la conception moderne du vampire sur le droit heurtait assez les esprits.

Plutôt qu’une multitude de droits locaux, il cherchait à créer sur le long terme une seule source de loi, la législation haute-royale. Il voulait progressivement que seul lui le haut-roi et des fidèles à son régime soient les dépositaires de la justice et de la légalité dans les royaumes elfiques. Il réunit ses conseillers les plus proches dans la tente des complots pour établir un calendrier et faciliter les démarches.

Arthur : Je voudrais diviser par plus de cent le nombre des traditions elfes d’ici moins de cinq ans.

Merlin : Cela fait beaucoup, et personne parmi vos prédécesseurs n’a cherché à faire ce que vous entrepreniez.

Arthur : Il y a tellement de coutumes dans les royaumes elfes que cela nuit au peuple, ainsi qu’aux nobles scrupuleux, aux prêtres honnêtes et aux représentants dévoués de la royauté. Il est grand temps de faire le ménage.

Merlin : Même si vous avez raison, vous tentez une démarche très hasardeuse.

Lancelot : Vous pouvez dépoussiérer les lois, mais il faut faire du cas par cas, agir très lentement pour ménager les susceptibilités.

Morgane : Une des rares choses sur laquelle les grands nobles sont fréquemment d’accord est la défense de la tradition locale. Si vous allez trop vite, vous causerez une dissension irrémédiable avec des personnages très influents.

Merlin : Il ne faut pas oublier que les grands aristocrates ensemble pèsent plus lourd que vous sur l’échiquier politique actuel.

Cela désolait un peu le vampire, mais il se résolut à travailler très lentement sur la question des traditions, il accepta de transiger et de pratiquer la négociation intense. Au lieu d’imposer ses vues de manière rapide, il accordait une faveur politique à tel opposant, il donnait une rente financière à un autre. Il jouait à un jeu impliquant beaucoup la carotte et très rarement le bâton. Même s’il n’aurait pas été contre employer des punitions contre certains des nostalgiques ou des défenseurs de la coutume. Mais voilà le pouvoir politique ce n’était pas que des triomphes absolus, cela passait beaucoup par des manœuvres de conciliation. Arthur apprenait que la fonction de haut-roi s’accompagnait de nombreuses démarches de négociation.

Merlin n’appréciait pas trop que son souverain inclut les coutumes protégeant les mages elfes dans son programme de dépoussiérage, mais il coopérait quand même car il admettait que le vampire s’appuyait sur des raisons valables dans la majorité des cas. Et puis Merlin se voyait comme une figure indispensable de la politique, s’il montrait de manière trop franche sa désapprobation, il jugeait qu’Arthur accumulerait des ennuis monumentaux. Alors Merlin gardait pour lui ses remontrances ou se contentait discrètement de mettre en garde le haut-roi.

Morgane voyait d’un excellent œil la volonté d’Arthur de diminuer le nombre de coutumes ayant force de loi. Même si elle n’était pas dupe. Elle voyait comme une bonne réforme les démarches du vampire, mais elle était consciente que le but premier de son haut-roi consistait à renforcer son influence.

Lancelot était désolé que les manœuvres d’Arthur doivent se poursuivre sur une très longue durée, qu’il faudrait bien plusieurs siècles pour que l’objectif de son haut-roi de diviser le nombre de traditions soit pleinement rempli dans les royaumes elfes. Il se rendit compte aussi que le vampire œuvrait pour renforcer sa sphère d’influence, mais Lancelot en concevait beaucoup moins de méfiance que Morgane ou Merlin.

Pour lui son haut-roi représentait une chance inestimable pour les royaumes elfes, un excellent moyen de leur accorder un niveau de gloire inégalé par rapport à la majorité des souverains du passé. Même si Arthur avait encore quelques progrès à faire dans le domaine de la négociation, il apporterait énormément aux elfes d’après Lancelot. Il contribuerait à ce que ses sujets cessent de subir un lent déclin politique par rapport à d’autres races notamment aux humains, pour retrouver une véritable splendeur.

Il existait un adversaire politique d’Arthur parmi les elfes qui se tâtait pour mettre en place des sanctions contre le haut-roi, ou bien le laisser faire un moment avec les mesures d’abolition des traditions. Il s’agissait de Hertio, ce dernier pensait tenir un bon filon avec l’affaire des coutumes abrogées pour sanctionner durement le vampire. Néanmoins il considérait comme aussi utile la politique d’Arthur, pas par altruisme mais par pur opportunisme.

Les réformes du vampire contribuaient à renforcer lentement mais sûrement la fonction du haut-roi des elfes. Or Hertio jugeait très agréablement ce constat, il désirait prendre la place d’Arthur mais aussi avoir le maximum de marges de manœuvre politique. Il voulait régner comme un monarque absolu et non briguer une place où les concessions à faire seraient nombreuses pour éviter la guerre civile, ou la destitution.

Bien sûr Hertio devrait réagir en pratiquant la protection acharnée de quelques coutumes, notamment dans le domaine fiscal, afin d’éviter de s’aliéner des soutiens politiques importants. Mais il comptait aussi faire preuve d’une certaine tolérance pour l’œuvre d’abrogation des traditions du vampire. Puisqu’un autre que lui se chargeait du sale travail, en affaiblissant les défenseurs de la tradition locale, ce serait dommage de saboter des mesures utiles.

Mais il se trouvait quand même des adversaires d’Arthur qui voulait profiter de l’occasion de s’amuser à ses dépens, en particulier Asi le procureur. Cette personne devait sa nomination en tant qu’officier de justice à un intense jeu de promotion de la coutume locale auprès d’aristocrates défenseurs de la tradition. Donc il aurait été malvenu pour sa carrière de chercher à faire volte-face.

Même s’il trouvait sensés certains des arguments du vampire, il ne pouvait pas se permettre de tolérer les agissements d’Arthur. Par contre viser un haut-roi des elfes sans des preuves à l’apparence irréfutable constituait un très gros défi, qui pourrait lui coûter affreusement cher. Alors Asi choisit de réduire ses ambitions en prenant comme cible quelqu’un de moins important socialement que le vampire, mais suffisamment proche de lui pour exercer une pression efficace. Il organisa un procès contre Merlin le haut-mage.

Bien sûr il s’attaquait à un gros poisson capable de jeter des sorts dévastateurs. Cependant il bénéficiait de très solides protections surnaturelles. Et puis il doutait que sa proie veuille se défendre vraiment, car il acquit un solide moyen de pression, le cadavre de la mère de Merlin. Sans cette dépouille, le haut-mage n’arriverait jamais à concrétiser son désir de ramener sa chère mère à la vie.

Asi s’appuyait en prime sur la vérité pour ses accusations, donc il était assez confiant. Il organisa un procès pour acquisition de plantes interdites, de substances en lien avec la magie noire. Merlin risquait une peine de six mois à quelques années de prison ferme. Arthur était assez contrarié par la mauvaise nouvelle frappant le haut-mage, il se réunit avec Morgane et Lancelot dans la tente des complots, afin d’établir une contre-attaque.

Arthur : Asi m’énerve au plus haut point, que me conseillez-vous de faire pour qu’il annule ses poursuites judiciaires ?

Lancelot : Rien du tout, c’est triste que Merlin tombe, mais faire obstacle à une justice véridique ce serait un comportement suicidaire du point de vue politique. Et puis Merlin a joué à une partie dangereuse avec son obsession de ressusciter sa mère.

Morgane : J’aime bien Merlin mais il a manqué de discrétion, il s’est fait attraper par la faute d’un manque de discernement et d’un excès d’arrogance. Et puis je trouve approprié de la prison pour lui, cela dégonflera son orgueil notoire.

Arthur : Tous les deux vous n’êtes pas très solidaires avec un camarade.

Lancelot : Si Merlin était victime d’un complot mensonger, il serait normal de réagir, mais Asi s’appuie sur la vérité.

Morgane : Et puis je doute que notre camarade en difficulté oserait lever le petit doigt pour un autre que sa mère ou vous sa haut-majesté. La solidarité n’est pas un point fort de Merlin.

Lancelot agissait par défense de l’intérêt général, mais Morgane était plus portée par la motivation d’écarter un rival politique encombrant de son chemin. Arthur comprenait les suggestions de ses conseillers proches, mais il ne voulait pas aussi abandonner Merlin. Même si ancien professeur de magie se comportait souvent de manière arrogante, le haut-roi avait quand même de l’affection pour lui. Et puis il y avait peut-être moyen de déboucher sur un accord profitable avec Asi sans compromettre gravement la politique d’abolition des traditions. Même si le vampire savait qu’il faudrait sans doute marchander ferme, se montrer souple et ouvert pour convaincre le procureur, il n’abandonnait pas l’idée de sauver Merlin tout en préservant ses mesures sur les coutumes. Il donna rendez-vous à Asi dans la tente des complots.

Arthur : Asi, êtes-vous certain que les charges sur Merlin sont suffisantes pour organiser un procès ?

Asi : Tout à fait, et je ne suis pas prêt de changer d’avis, sauf si une mesure particulièrement utile pour l’intérêt général pourrait en découler.

Arthur allait formuler une offre subtile sous la forme d’un pot-de-vin afin d’essayer d’adoucir le comportement d’Asi. Puis il se mit à songer aux conséquences d’une négociation, céder serait un signe de faiblesse qui inciterait à la création d’autres attaques sur des proches. Certes le vampire ne voulait pas abandonner le haut-mage, toutefois si le fait de se montrer gentil contribuait à affaiblir sa légitimité politique, c’était quand même un facteur à prendre en considération.

Et puis le procureur agissait d’une manière profondément antipathique pour le haut-roi. Certes il tenait compte de la vérité pour justifier le procès organisé. Mais il agissait avec une synchronisation étonnante, tellement opportune que cela était affreusement suspect. Asi poursuivait Merlin, un proche d’Arthur quelques semaines après que le début de la procédure d’abolition des traditions ne commence. Ajouté à cela que le procureur était connu pour être un fervent défenseur des coutumes locales, et vous obteniez de gros motifs de crainte de parti pris de la part de l’officier de justice. Néanmoins de vagues soupçons ne suffiraient jamais à empêcher la tenue du procès de Merlin.

La partie ténébreuse d’Arthur l’incitait à se jeter sur Asi dans le but de le vider de son sang. Il peinait à résister à l’envie de boire le liquide de vie du procureur. Le ton mielleux employé par son interlocuteur et ses sous-entendus portaient vraiment sur les nerfs du haut-roi. Certes le vampire avait affaire à un personnage influent dont la mort ne passerait pas inaperçue. Et même si Arthur commençait à être très doué en matière de dissimulation de cadavres, vu le nombre d’humains dont il provoqua la mort, il n’empêchait qu’il se sentirait profondément mal à l’aise d’oser tuer un elfe. Même si ses ténèbres intérieures étaient particulièrement actives aujourd’hui, il n’osait pas franchir le pas. Cependant il restait un dilemme épineux à régler. Soit Arthur cédait sur le terrain des traditions, soit il ne pourrait pas compter sur son meilleur élément en terme de magie pour longtemps.

Les sorts de Merlin suffisaient par moment à renverser à eux seuls une situation problématique. Bien sûr le vampire avait d’autres armes que les arcanes surnaturels, il pouvait compter sur la ruse, la séduction et l’intimidation. Mais la magie avait un côté sacrément pratique. Surtout que Merlin était le dépositaire de secrets mystiques vraiment utiles, et qu’il refusait catégoriquement de les communiquer à quiconque.

Même s’il reconnaissait maintenant la hiérarchie entre lui Arthur, il demeurait assez têtu pour refuser de transmettre de son vivant beaucoup de son savoir. Le vampire, pourrait à la mort du haut-mage, connaître l’intégralité de ses sorts, mais pas avant. Le casse-tête auquel faisait face Arthur renforçait son côté sanguinaire. Ainsi ses sombres pensées ne le quittaient pas, au contraire elles devenaient davantage obsédantes avec le temps. Donc cela le conduisit à un acte téméraire. Il réussit à ne pas céder à la pulsion de donner des coups ou de mordre, mais il s’adonna à un acte d’intimidation.

Et puis le haut-roi se dit qu’il en avait assez de négocier avec des gens qui le révulsaient. Arthur commençait à en avoir sérieusement marre de jouer les conciliateurs, alors il se laissa aller à un mouvement de mauvaise humeur. Il recourut à un sortilège de télépathie afin de menacer Asi. Ce dernier connut un moment d’intense effroi. Il vit sa maison et lui-même brûler lentement à cause d’un feu magique. Les flammes détruisaient très lentement le procureur, elles possédaient des vertus spéciales, au lieu de causer la mort en quelques minutes, elles ne procuraient le trépas qu’au bout de plusieurs heures.

Asi regarda horrifié le vampire, il n’était pas du tout habitué à être menacé par des notables officiels. Certains criminels l’insultaient copieusement, mais c’était la première fois qu’une personne avec un statut royal osait formuler contre lui des menaces voilées. Tous les hauts nobles et rois avec lesquels le procureur croisa la route se comportaient poliment à son égard. Asi examina le sourire et les yeux du vampire, et découvrit un pur condensé de haine. Alors il choisit finalement de reculer, d’organiser un non-lieu pour Merlin, et de restituer le cadavre de la mère du haut-mage. Mais il n’oublierait pas de sitôt l’outrage à son égard. Il attendrait peut-être des années, mais il aurait un jour une belle revanche sur Arthur.

Alors qu’Arthur renforçait son pouvoir politique, certains ennemis tels qu’Orunaé accumulaient les ressources financières et surnaturelles pour le perdre. Cependant cet adversaire avait encore une lueur de vertu dans son cœur, il ressentait des sentiments pour Thérésa qui atténuaient sa rancune. Orunaé le tressé après avoir enfilé de très beaux vêtements en soie, notamment une chemise blanche et un pantalon rouge remplis de divers rubans bleus, opta pour faire la cour à celle qui occupait une place importante dans son esprit. Orunaé se rendit près de la belle maison de sa cible, une demeure de noble de trois étages située en ville. Cet hôtel particulier était en pierre grise et ornée de plusieurs grandes colonnes de huit mètres de haut.

Thérésa : Orunaé tu es tenace, mais ma réponse est toujours la même, non, je ne veux nouer de relation amoureuse avec toi.

Orunaé : Tu sais pourtant que tu n’as aucune chance de te marier avec Arthur, et je représente un bon parti.

Thérésa : Seulement si l’on préfère les richesses financières et l’hypocrisie à l’honneur.

Orunaé : Je suis riche mais honorable.

Thérésa : C’est cela prends moi pour une idiote, pour se rapprocher d’un roi comme Hertio, il est nécessaire d’être un superbe scélérat.

Orunaé : Tu te fais des idées sur moi, je ne suis pas parfait mais j’ai des principes.

Thérésa : Peut-être mais alors des principes égoïstes, tant que tu travailleras pour les ennemis d’Arthur je refuse de me lier à toi.

Les réponses sèches de Thérésa flétrirent davantage le cœur d’Orunaé, et lui donnèrent une nouvelle idée de complot. Le tressé allait faire participer Thérésa à un procédé de déchéance d’Arthur.

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