Le Chevalier des Elfes
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Arthur voulait avoir un minimum confiance dans son épouse, il était prêt à tolérer certains manquements, mais il jugeait comme inadmissible de se rapprocher d’une parjure. Il découvrit qu’Erinyanaé jura à un elfe ami d’enfance de l’épouser à l’âge adulte. Mais qu’elle renia son serment pour des motifs sociaux, notamment l’appétit du gain une fois qu’elle atteignit la majorité.

Elle convainquit son ami de ne pas s’offusquer, et elle présenta des arguments très convaincants. Mais Arthur n’était pas une personne qui pardonnait facilement la tendance à revenir sur ses engagements. En fait il avait carrément tendance à punir sévèrement les briseurs de serment. Alors il consulta Merlin dans le but de trouver une combine pour annuler son mariage programmé en vexant le moins de personnes possibles.

Arthur : Merlin ma promise me dégoûte, j’ai envie de rester célibataire.

Merlin : Je comprends vos réticences, mais nous sommes allés trop loin pour renoncer sans courir le risque d’une guerre civile. Et puis ce n’est pas si mal qu’Erinyanaé ne soit pas digne de confiance. Cela présente même des avantages certains.

Arthur : Tu plaisantes, j’espère ?

Merlin : Au contraire une épouse malfaisante mais bête est un atout pour vous. Si elle avait été vertueuse et intelligente, elle aurait pu jouer un rôle d’opposante contre certains de vos projets politiques.

Arthur : Tu présentes bien les choses, mais je n’ai toujours pas envie de m’engager.

Merlin : Je conçois votre désarroi, mais si vous ne trouvez pas un prétexte solide pour justifier une absence d’union avec Erinyanaé, il y a un risque de guerre civile. Cette elfe est très populaire auprès de nombreux mages.

Arthur : Très bien je me sacrifie.

Arthur essaya de dénicher un moyen d’annuler son mariage, mais il ne trouva rien de concluant. Ainsi il se retrouva contraint au bout d’une semaine de donner son accord pour la mise en place d’une cérémonie d’union. Il chercha avec l’énergie du désespoir mais il ne parvint pas à déceler un article de loi satisfaisant, un moyen légal d’annuler son mariage sans déclencher un scandale politique.

Il pensa même à un moment tuer son épouse afin de retrouver sa liberté, mais il estimait que cela entrerait en contradiction avec son serment de protéger les elfes. Il pouvait tuer un elfe dans le cadre d’un combat s’il était menacé de mort. Mais il eut beau repasser différents scénarios, il n’arrivait pas d’arguments capables de calmer sa conscience dans le cas de l’organisation du meurtre d’Erinyanaé. Aussi il abandonna son projet d’assassinat.

Les vœux liant les deux époux se déroulèrent dans un temple du dieu Jéhavah. Un endroit assez impressionnant car il s’agissait d’un lieu avec des colonnes en bronze et un toit en or. Des centaines de statues en marbre décoraient les lieux, c’étaient des représentations de prophètes et de religieux célèbres qui arboraient tous un visage souriant ou grave. Arthur de son côté adoptait une expression joyeuse, mais intérieurement il était rongé par l’aigreur. Il ressentait le poids de son sacrifice politique, il s’avérait profondément attristé. Mais il arrivait à donner le change grâce à ses talents de manipulateur.

Le serment solennel de fidélité entre les époux fut une version inédite. Les clauses contraignantes entre les deux parties furent égales mais aussi grandement minimisées. Arthur voulait bénéficier d’une certaine de dose de marge de manœuvre à cause du fait qu’il n’aimait pas du tout sa promise.

Ainsi au lieu d’une déclaration comportant des centaines d’articles nécessitant des dizaines de minutes de lecture, il n’y eut que quelques conditions à valider, notamment la monogamie et l’interdiction d’avoir des relations sexuelles avec une autre personne. Le vampire aurait bien voulu pouvoir avoir des parties de galipette avec quelqu’un d’autre qu’Erinyanaé. Il n’était pas favorable à l’idée de copuler avec des prostitués, mais il se dit que se blottir dans le futur dans les bras de Thérésa, cela n’aurait pas été mal. Avoir une amante aurait constitué une belle consolation aidant beaucoup à supporter la présence d’Erinyanaé.

Seulement voilà Merlin eut beau chercher avec énergie un moyen de minimiser les conditions du mariage, il pensait qu’aux yeux du peuple renier le devoir de se limiter à un seul partenaire sexuel c’était un suicide politique. Le clergé de Jéhavah serait capable d’organiser une véritable croisade contre Arthur s’il bravait l’obligation de coucher seulement avec Erinyanaé.

Le vampire fut très insistant sur la question d’avoir d’autres partenaires que son épouse, mais la réponse donnée par Merlin demeurait formelle. Le haut-roi avait par conséquent un sentiment proche de l’écœurement absolu. Il vécut un des moments les plus longs de sa vie durant la cérémonie de mariage.

Les vivats et les hourras de la foule ne lui mettaient pas de baume au cœur, au contraire ils le remplissaient de tristesse. Les invités à la noce s’avéraient nombreux, il y avait plus de mille personnes qui furent conviées pour assister au mariage. En ajoutant le public présent pour observer les détails de la cérémonie, la foule qui regardait dépassait les dix mille individus. Quand le soir vint, la nuit de noce devait être consommée. Mais Arthur tint à faire chambre à part, à s’approcher le moins possible de son épouse.

Même si les chances de concevoir ensemble une descendance n’était pas optimales de par l’état de vampire d’Arthur. Il y avait toutefois une probabilité pour lui d’engendrer un héritier en couchant avec son épouse. Or le haut-roi considérait ce scénario avec horreur. Il estimait que s’il se liait charnellement à sa compagne, et donnait le jour à un descendant, que les possibilités que le royaume se retrouve avec un haut-prince dangereux soient fortes. Arthur n’avait pas spécialement peur que son enfant soit malade physiquement, mais il redoutait un très mauvais état d’esprit, une tendance à l’égoïsme vraiment prononcée.

Il admettait qu’il craignait sa part d’influence, que ses ténèbres intérieures donnent une tendance sanguinaire chez un enfant avec qui il serait lié par le sang. Mais il avait aussi son lot d’angoisse à cause du caractère de son épouse. Donc il jugeait la combinaison de son tempérament et de celui d’Erinyanaé comme une incitation à l’abstinence prolongée.

Il considérait l’hérédité comme une source majeure du caractère d’un enfant. Par conséquent il se sentait très incité à ne pas avoir de relations sexuelles avec une épouse, qui ne ferait qu’ajouter d’après lui une sacrée couche de problèmes moraux à une descendance possible. Le nouvel affront du lit de la chambre à coucher non occupé par le mari, provoqua une montée de colère chez Erinyanaé, mais elle tint une nouvelle fois à négocier.

Erinyanaé : Arthur je sais que tu ne m’aimes pas, mais peut-être qu’avec le temps, nous pourrions trouver un terrain d’entente.

Arthur : Cela m’étonnerait, mais j’ai pris des précautions pour éviter que tu ne sois un obstacle.

Erinyanaé : Quoi donc ?

Arthur : Je t’ai empoisonné, si je ne te délivre pas régulièrement un antidote temporaire, tu mourras.

Erinyanaé : Mais pourquoi tant de haine ?

Arthur : J’ai demandé à Merlin de consulter le futur, il a dit que tu me tueras d’ici quelques décennies. Alors j’ai décidé d’agir en conséquence. La clé de ta survie réside dans une obéissance formelle.

Erinyanaé ressentit une vague de détestation virulente à l’égard d’Arthur. Elle s’imagina pendant un temps que ses maux de tête, était du stress, mais il s’agissait en fait de symptômes de son empoisonnement. Elle conçut alors des projets de vengeance contre son époux. Mais elle décida de se retenir jusqu’à avoir purgé de son corps toute trace de toxine. Même si elle subissait une envie très pressante de tuer le haut-roi, tout en le torturant à petit feu. Elle conçut à grande vitesse des scénarios de supplice très élaborés.

Elle se jura de faire croire à Arthur qu’elle était soumise, mais à la moindre occasion, elle ne se priverait pas de s’occuper d’une manière sanglante de son mari. Elle se considérait comme une cruche très bête, d’avoir assortie le contrat de mariage de conditions rendant presque impossible la fin de l’union sous peine de lourdes sanctions politiques pour Arthur. Si elle avait été moins procédurière, elle n’aurait pas été forcément été dans le pétrin.

Si le haut-roi essayait d’invalider son mariage, il perdrait un quart de son territoire. Et si une mort suspecte frappait Erinyanaé, Arthur devra verser des sommes exorbitantes à la famille de son épouse. Alors il choisit une solution vicieuse pour se protéger tout en neutralisant sa compagne. Mais il ne s’agissait pas forcément de la seule mesure qu’il prendrait sur le long terme. Il avait une porte de sortie honorable, la possibilité d’annuler le mariage sans sanction pour lui-même, si Erinyanaé était reconnue coupable d’adultère. D’accord Arthur ne pensait pas que son épouse ait un amant, mais en tirant les bonnes ficelles, il y avait moyen d’arranger les choses.

Même si le haut-roi agissait pour préserver sa survie d’après Merlin, et qu’il se basait sur des prédictions sur l’avenir de la part d’un expert reconnu, il ne pouvait s’empêcher d’éprouver un certain malaise à l’idée d’avoir empoisonné Erinyanaé. Certes son ressentiment diminuait ses remords mais Arthur ne parvenait pas à étouffer totalement sa conscience. De plus il avait l’impression d’adopter une conduite risquée malgré les recommandations de Merlin, qui prépara lui-même le poison. Le haut-roi reconnaissait que son épouse était une personne pourrie, mais beaucoup de gens attendaient d’un mari que ce dernier protège son épouse, et non le fait qu’il lui fasse des crasses monumentales.

Pendant un temps Arthur fut tenté de donner un antidote définitif à Erinyanaé en échange de la fin de l’hostilité entre eux deux. Mais il réalisa vite qu’il se comportait comme un naïf. Il franchit une ligne qu’il ne fallait pas dépasser en faisant boire des toxines à son épouse. Il n’était plus possible de compter sur une affection sincère ou même une absence d’animosité de la part de sa compagne.

Même en se comportant de façon magistrale et en déployant des trésors d’éloquence, Arthur voyait mal comment il serait capable de neutraliser la haine de son épouse. Et puis après réflexions, la politique, c’était beaucoup de choix cruels et insatisfaisants. Le haut-roi considérait que sa vie était pavée de dizaines voire de centaines de sujets épineux, de facteurs désagréables, alors un de plus ou un de moins, cela ne faisait pas une très grande différence au final. Il blinda peu à peu son cœur, au fil des heures ses pensées devinrent moins teintées de regrets par rapport à sa compagne.

Il considérait que pour empêcher Erinyanaé de faire des bêtises ou de comploter contre lui, il ne fallait pas la libérer de la tyrannie de son empoisonnement. Par contre il était nécessaire de prendre des précautions.

Alors Arthur acheta une paix précaire avec son épouse, en augmentant considérablement le budget alloué aux dépenses personnelles de la haute-reine. De plus il menaça son épouse de lui couper les vivres, si elle ne mesurait pas ses paroles lors des manifestations officielles où elle participait. Selon la tradition la haute-reine des elfes devait faire acte de présence chaque année lors de plusieurs événements importants pour ses sujets.

Le haut-roi, une semaine après sa nuit de noce, convoqua une nouvelle fois dans la tente des complots Merlin, Morgane et Lancelot pour parler de la question des héritiers du trône.

Arthur : J’ai décidé chers conseillers de vous accorder le titre de haut-princes. Je refuse catégoriquement que mon épouse joue un rôle dans la conception des successeurs de ma dynastie. Et puis je préfère miser sur la confiance et la compétence plutôt que le sang.

Lancelot : Merci de cet honneur votre haute-majesté, mais que pense la haute-reine de votre choix ?

Arthur : Elle est contre, elle trouve que vous Merlin et Morgane n’avez pas assez de sang royal. Quant à toi Lancelot tu fais aussi partie des rejetés, mon épouse trouve qu’une personne née hors du cadre du mariage n’est pas digne de devenir un jour un souverain.

Morgane : Il risque d’y avoir un conflit majeur de succession, si jamais vous avez des enfants avec Erinyanaé.

Arthur : Il y a peu de chance que j’ai des enfants avec la haute-reine, je la trouve repoussante. Physiquement elle est belle, mais moralement elle s’avère ignoble. Je ne suis pas un spécialiste de l’hérédité, mais j’ai peur que si j’ai une descendance avec elle je donne le jour à des souverains détestables.

Morgane : L’hérédité joue un rôle sur le caractère, mais son influence est mineure comparé à l’éducation.

Merlin : Je ne suis pas très enthousiaste à l’idée de devenir potentiellement un jour haut-roi. J’ai déjà beaucoup de travail en tant que conseiller royal, j’ai peur d’être littéralement submergé en accédant au trône.

Arthur : Tu ne gouverneras pas seul Merlin, tu seras entouré de conseillers, et puis le pouvoir suprême sera partagé en trois. Quand je décéderai, la succession sera confiée à trois souverains et non un seul.

Morgane : Il faudrait au moins consulter le Haut-Parlement, avant de valider votre décision votre haute-majesté, ce serait plus prudent.

Arthur : Le Haut-Parlement déborderait de ses prérogatives s’il se mêlait du choix de mes successeurs. Ce que je vous propose est une requête et non un ordre de votre souverain, donc vous êtes libres tous les trois de refuser.

Lancelot : Ma réponse est toute trouvée, c’est oui.

Merlin : Accordez-moi une semaine de réflexions s’il vous plaît.

Morgane : Je voudrais un mois pour réfléchir.

Arthur : Entendu, revenez me voir quand vous estimerez être prêts.

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