Subjuguer les Ténèbres | Tales of Herding Gods | 牧神记
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Chapitre 5 – Les Cinq Aînés du Fleuve Li
Chapitre 4 – La Technique de la Création du Démon Céleste Menu Chapitre 6 – Meurs, petite larve!

Les tympans de Qin Mu se mirent à bourdonner. Une voix portée par un Qi puissant résonna dans toute la plaine. Cette voix venait de très loin, et pourtant, on eut dit qu’elle venait de quelqu’un se tenant juste à côté. 

Qin Mu se tourna vers la montagne et, à environ un kilomètre, il aperçut des silhouettes debout au sommet d’une falaise. Il ne distinguait pas leurs visages, mais si l’un d’eux était capable de projeter sa voix sur une telle distance, c’était la preuve qu’ils n’étaient pas des gens ordinaires. 

« Démon? Quel démon? Je ne suis qu’une vieille femme ordinaire, voilà tout. Je vis près de la rive et ce petit wapiti fait partie de mon cheptel », répondit mamie Si en souriant. Puis elle souleva le panier, l’accrocha à son bras et murmura « Cours, mon p’tit Mu! Cours! » 

Le ton pressant trahissait son inquiétude. Qin Mu voulut l’interroger, mais il ne trouvait pas les mots. Il craignait qu’elle ne soit en danger et refusa de l’abandonner. 

« Une vieille femme ordinaire vivant près de la rive, dis-tu? », reprit la voix âgée, mais vibrante, venant de la falaise. « Alors comment se fait-il, dis-moi, que ton Qi soit si puissant et que tu puisses projeter ta voix d’aussi loin, toi aussi? » 

Puis, ricanante: « Ne te fatigue pas. Il n’y a aucune chance que nous, les Cinq Aînés du Fleuve Li, nous puissions nous méprendre sur la Technique Céleste de la Création Démoniaque. Cette Technique, en constante évolution, consiste à dépecer des animaux pour en faire des vêtements. Allons, cesse tes balivernes. » 

« Tu as dû en changer des humains en bétail, avec cette Technique, et les traîner jusqu’à l’abattoir, n’est-ce pas? », résonna une autre voix, sur un ton grave et solennel. « J’en connais qui, parmi nous, ont été changés en bovin et forcés de ruminer pour l’éternité! Allons, on connait tes méthodes, inutile de nous baratiner! » 

« Un wapiti est un être vivant à part entière. Comment oses-tu t’accaparer sa peau et son âme pour un dessein aussi funeste », s’éleva une troisième, sur un ton plaintif. « Dieu sait combien d’innocents risquent de périr à leur tour, si nous ne mettons pas fin à tes agissements. Nous allons te mettre hors d’état de nuire — immédiatement! » 

Mamie Si s’approcha de Qin Mu et retira l’aiguille plantée entre ses deux yeux. « Ces vieux gâteux ne sont pas dangereux », murmura-t-elle. « Mais si tu restes à mes côtés, je risque d’être distraite et occupée à te protéger. Maintenant dépêche-toi! Rentre au Village en courant! » 

Qin Mu se retourna et, sans hésitation cette fois, prit la fuite par le chemin parallèle à la rive. Il craignait que, une fois changé en daim, il aurait du mal à bouger. En réalité, il était capable de galoper comme s’il avait été un wapiti toute sa vie. 

« Le petit démon tente de s’échapper! Cinq Disciples de la Rivière Li, c’est l’occasion de vous faire les dents. Attrapez-le et rapportez-moi sa tête! » 

À ces mots, les jeunes voix fringantes d’un petit groupe de garçons et de filles s’écrièrent à l’unisson, « Compris! » 

On vit alors cinq figures se jeter de la falaise et débouler le long de la paroi à la vitesse d’un cheval au galop. En quelques secondes ils étaient déjà en bas, où se trouvait un bassin profond formé par les eaux d’une cascade s’écoulant de la montagne. Au lieu de plonger dedans dans un grand « plouf », ils marchèrent sur l’eau d’un pas rapide et léger, et se lancèrent à la poursuite de Qin Mu. 

Mamie Si sentit son cœur se serrer dans sa poitrine. « Des Corps Spirituels! Et le niveau des Trésors Divins de leurs Embryons Spirituels est loin d’être négligeable. Petit Mu ne court pas assez vite pour leur échapper! » 

Alors que mamie Si s’apprêtait à se lancer à leurs trousses, on vit quatre figures traverser le ciel, atterrir autour d’elle et l’encercler. Seul l’un d’eux était resté au sommet de la falaise. Il se tenait là fièrement et ne semblait pas près de bouger. 

« Que fabriquez-vous donc dans les Grandes Ruines, Cinq Aînées de la Rivière Li? », demanda mamie Si en roulant des yeux, tout en s’efforçant d’étouffer un rire moqueur. « Vous n’êtes pas sans savoir à quel point c’est dangereux par ici. Vous autres les Illustres n’avez pas peur d’y passer? » 

L’un d’eux, qui portait une barbe noire, répondit froidement: « Nous avons entendu dire que de petites crapules se cachaient dans les Grandes Ruines… Que des démons malfaisants y avaient trouvé refuge. Nous, les Cinq Aînés, avons amené nos disciples, pour qu’ils s’occupent de les mettre au pas. » 

« Reste à savoir qui de nous deux est un démon malfaisant… Et rira bien qui rira le dernier, hein », dit mamie Si, le panier accroché à son coude et brandissant une paire de ciseaux de son autre main. Elle les observa d’un air myope et se mit à glousser. « Ça fait longtemps que mes vieux os ne se sont pas défoulés. Malheureusement pour vous, je ne suis pas encore complément rouillée. On dirait bien, bande de vieux gâteux, que vous rêvez d’être changés en vêtement, vous aussi. » 

« Tu ne manques pas d’air, vieux démon. Et tu vas devoir répondre de ton insolence face à nous », s’écria un Aîné, avant de lancer l’assaut. 

Ils attaquèrent mamie Si à tour de rôle. 

Au même moment, dans sa folle course vers le Village, Qin Mu fut ébloui par des flashs de lumière. De purs éclairs de lumière blanche, plusieurs fois plus puissante que celle du soleil, illuminèrent la plaine et les montagnes. Puis il sentit un puissant grondement de tonnerre comme lui rouler dessus. 

Qin Mu se retourna un instant, en direction de mamie Si. Il n’aperçut que des rafales de vents soufflant vers l’extérieur; une sorte de tempête projetant de la terre, des pierres et même des rochers lourds de plusieurs tonnes dans les airs et à une vitesse phénoménale. 

« Je suis sûr que mamie va s’en tirer », se dit-il le cœur serré, en reprenant sa course. 

C’est alors que, tout à coup, il entendit des bruits de pas mouillés du côté du Fleuve. Il se retourna et vit un garçon et une fille courir sur l’eau à toute vitesse! 

Tous deux filaient à la surface, au lieu de s’enfoncer et de couler. La vitesse à laquelle leurs pieds battaient l’eau était stupéfiante, et bien plus rapide que Qin Mu en plein sprint. À chaque pas, leurs semelles de vent s’éclipsaient avant même que l’eau n’eut le temps de les éclabousser. 

« Ils sont déjà capables de chevaucher les vagues! D’après papi Boiteux, je suis encore très loin de pouvoir le faire. Ils sont bien plus forts que moi, c’est certain! » 

Ils couraient au milieu du Fleuve, parallèlement à Qin Mu. Après l’avoir dépassé, ils coupèrent diagonalement vers la rive. Clairement, ils avaient l’intention de l’intercepter et de lui couper la route. 

Qin Mu se retourna et en vit un troisième à ses trousses. Puis, à sa gauche, un quatrième et un cinquième courant entre les crêtes des montagnes, puis bondissant par la forêt, sur la cime des arbres. Heureusement, ils ne pouvaient pas se déplacer ainsi très longtemps et redescendirent pour reprendre leur souffle. Malgré cela, courant parallèlement à sa trajectoire, eux aussi eurent vite fait de dépasser Qin Mu. 

« Je ne dois pas les laisser me couper la route. Je dois atteindre le Village avant eux et alerter papi Ma et les autres, pour qu’ils aillent aider mamie! » 

La mâchoire serrée, Qin Mu s’éloigna de la rive et s’enfonça à vive allure dans la forêt. 

C’était sa seule chance, car les deux assaillants, au milieu du Fleuve, couraient bien trop vite pour lui. Leurs compagnons, dans la forêt, étaient un peu moins rapides 

« Petit démon! Toi et ta vieille tueuse de daim, n’essayez pas de vous échapper. Vous n’avez aucune chance! », s’écria l’un des poursuivants dans la forêt. Il pressa le pas et tenta d’intercepter Qin Mu au galop, mais le petit wapiti esquiva de justesse. 

« Cours toujours, tu n’iras pas bien loin! » 

Le visage du couple aux commandes — le garçon et la fille qui filaient sur l’eau —, était inexpressif. D’un battement de manche, et tout en riant doucement, la fille accéléra sa course, puis se mit à bondir sur la cime des arbres comme un oiseau. Le garçon, lui, menait l’assaut avec aplomb, ordonnant aux trois autres de déborder Qin Mu par les côtés. 

Dans cette course folle, Qin Mu galopait de toutes ses forces, sans parvenir à se débarrasser de ses poursuivants. Pire encore, il était contraint de s’éloigner du Village des Vieux Estropiés et de s’enfoncer de plus en plus profondément dans les Grandes Ruines. 

En quinze ans, il ne s’était jamais aventuré plus de deux ou trois kilomètres au-delà de la clôture, et n’avait donc jamais mis les pieds dans cette région désolée et dénuée du moindre sentier. 

Non loin de là, Qin Mu aperçut une vallée plantée d’arbres fruitiers, et au milieu de laquelle se trouvait un troupeau de wapitis. Qin Mu s’empressa de galoper dans sa direction et de se mêler à lui. 

Wouuuche! 

Qin Mu sentit un parfum se diffuser à l’entour. La jeune fille venait juste de se poser au sol. Ses manches battant au vent, elle scruta le troupeau en fronçant les sourcils. 

« Il est passé où, ce sale morveux, grande sœur? », demanda l’un des garçons, qui devait avoir l’âge de Qin Mu. Il venait juste d’atterrir lui aussi, à la suite des quatre autres, l’un après l’autre. 

La fille fit la moue avec sa bouche. « Il s’est mêlé au troupeau. » 

« Alors dans ce cas, tuons-les tous! » 

Ils fondirent sur le troupeau en brandissant l’un une épée, l’autre un poignard, et se mirent à massacrer les animaux sans merci. Pris de panique, les daims prirent la fuite dans toutes les directions, mais n’étaient pas assez rapides pour leur échapper. 

Tous les cinq, en effet, étaient doués de Corps Spirituels et pratiquaient les arts martiaux depuis des années. Les wapitis tombèrent égorgés l’un après l’autre dans un grand bain de sang. 

Quand soudain, une voix humaine s’éleva au milieu du troupeau en déroute. 

« Hypocrites! Vos Ainés disent que les wapitis sont des êtres vivants dignes de respect. Mamie Si n’en a tué qu’un seul. Vous, vous massacrez tout un troupeau. Qui d’entre nous est le plus maléfique? » 

« Il est là-bas! » 

Les yeux de la fille brillèrent d’excitation. Elle collecta son Qi et brandit une grande épée. Le Qi du Tigre Blanc émanant d’elle se diffusa le long de la lame, qui se mit à étinceler comme de l’or. À cet l’instant, l’épée quitta ses mains et fila comme une flèche vers Qin Mu, qui galopait toujours au milieu du troupeau. 

Qin Mu se déhancha, s’efforçant de zigzaguer pour esquiver le projectile, mais l’épée modifiait chaque fois sa trajectoire, comme une tête chercheuse. 

« Quelle est donc cette Technique? » 

Il ne comprenait pas. « Est-ce de l’Art Divin? » Difficile à croire, car, comme le lui avait expliqué papi Boiteux, seul celui qui avait cultivé la voie martiale jusqu’au bout pouvait prétendre à cet Art. Or cette fille était clairement encore loin du niveau de papi… » 

L’épée fondit sur lui. Zigzaguant et au ras du sol, il esquiva l’attaque de justesse. 

Il aperçut alors un fil, fin comme de la soie et à peine visible, attaché au manche de l’épée. Quant à l’autre bout, il se trouvait dans les mains de la fille. 

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