LiangZhu | 良渚
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De temps à autre, après la cérémonie, des membres de la tribu se rendaient sur la grande place pour y allumer un feu de joie, encore grisés par les solennités dont l’atmosphère tardait à s’estomper. 

Puis, peu à peu, l’hiver s’installa. Les baies sauvages s’en retournèrent dans le ventre de la Terre et la plupart des animaux restaient terrés dans leur coin. Si, parfois, des chasseurs s’aventuraient encore dans la montagne, c’était pour y débusquer des mulots et ramasser quelques graines. 

En cette saison des écureuils, qui s’étaient engraissés pour endurer l’hiver, Liang se rappela que Zhu rêvait d’une belle queue bien garnie, pour en fabriquer un joli pendentif ou bien des moufles, contre le froid mordant et humide des rives du Grand Lac. 

« Zhu ! », l’appela-t-il à l’entrée de sa chaumière. Plus que jamais, ils étaient devenus inséparables depuis la cérémonie, et il lui proposait sans cesse de nouvelles excursions. 

« Allons dans la forêt attraper des écureuils. » 

« Je suis occupée. Je fabrique une veste avec des plumes. Viens plutôt me donner un coup de main. » Elle était impatiente de le voir la porter. Flamboyante au soleil, elle le rendrait effarouchant comme un guerrier. 

« Tu finiras plus tard. J’aimerais t’attraper une belle queue bien garnie », dit-il en riant. 

« Si tu insistes… » 

… … … 

En chemin, ils tombèrent sur Caillou et quelques autres qui, équipés d’arcs et de flèches, jacassaient bruyamment en compagnie d’un groupe de filles, tout en marchant vers la forêt. 

« À la chasse ? », s’écria Caillou. 

« Aux écureuils, voir si on peut en trouver avec une grosse queue », dit Liang ; et avec Zhu, ils s’associèrent aux joyeux lurons. 

« Nous aussi ! » Il avait l’air surexcité, Caillou, et très décidé à attraper du gibier. « Elles veulent toutes s’en faire des moufles et des fichus ! Pourvu qu’on tombe aussi sur des renards et des chèvres de montagne. Quoi de plus chaud qu’une bonne peau de chèvre en hiver, hein ? Pas vrai ? » 

« N’y compte pas trop », dit Liang. « On est trop près du village. Les chèvres et les renards s’aventurent rarement par ici. À moins que les Esprits du Ciel n’en décident autrement. » 

« Regardez… », chuchota Zhu. « Un écureuil ! » 

« Évitez de vous éparpiller », dit Liang, tandis qu’ils entrèrent en action. « On pourrait tomber sur des loups égarés. » 

Pour les attraper, ils utilisaient une petite arbalète en bambou. Légère et précise, elle tirait des mini flèches, qui tuaient le rongeur sans abîmer sa fourrure, et même des lièvres ou des faisans, quand ils tombaient dessus. 

Quand soudain… 

« Liang ! Liang ! Viens voir ! » 

« Qu’est-ce qui se passe ? », s’écria Liang, en accourant vers Caillou. 

« Regarde-moi ça. » Il lui indiqua une large empreinte de félin. 

« C’est un léopard… », dit Liang, alerte et sur ses gardes. 

« Qu’est-ce qu’il fabrique par ici ? », se demanda Zhu, tandis qu’à leur tour, les autres filles venaient à leur rencontre. 

« Il y a forcément d’autres traces », dit Liang. « Surtout ne vous dispersez pas. » 

« C’est vraiment bizarre. Qu’est ce qu’il vient faire dans les parages », répéta Zhu. 

« Il doit être affamé. Il ne trouve plus rien à manger dans les montagnes », dit Liang. 

« Là ! », s’écria un autre, qui se tenait près d’un arbre. 

Il y avait des poils accrochés à l’écorce. 

« Aucun doute, c’est bien un léopard. Il a dû se frotter dessus », conclut Liang. Il avait l’air très inquiet. Vifs comme l’éclair, ces fauves étaient aussi très intelligents. Ils constituaient un grand danger si près du village. 

« Une vendetta ? », dit Caillou. 

« C’est possible », s’inquiéta Liang. « La dernière fois, on en a tué deux et laissé s’échapper deux autres. Ils pourraient vouloir revenir sur les lieux. » 

Pourtant, après avoir soigneusement scruté les environs, ils ne trouvèrent aucune autre trace de l’animal. Comme s’il était tombé du Ciel avant de se volatiliser. 

« Peut-être s’était-il simplement égaré. Il s’est enfui en voyant des humains », dit Zhu. 

« C’est possible », acquiesça Liang. 

« Caillou, à notre retour, nous allons devoir faire des rondes autour du village. Il est peut-être en embuscade dans les environs. Et ils pourraient y avoir d’autres fauves qui ne trouvent rien à manger dans la montagne. » 

Cet incident les avait mis sur le qui-vive. Ils collectèrent leur gibier – des écureuils, des lièvres et des faisans – et, sans traîner, décidèrent de rebrousser chemin. 

« Dès demain, Caillou, nous irons faire une battue pour le débusquer. Prenez vos lances et vos grandes flèches », dit Liang. 

« Bonne idée. Prenons aussi nos armes légères et nos paniers en osier. On en profitera pour chasser l’écureuil. Moi, un léopard qui descend de sa montagne en plein hiver, je n’y crois pas trop. » 

« Marché conclu. Tenez-vous prêts. Demain, on y retourne. » 

« Dites, ne jetez pas les plumes de faisans qu’on a attrapés », dit Zhu. « Mettez-les-moi de côté. » 

À ces mots, les autres filles, qui discutaient de la manière de cuire le gibier, ne purent s’empêcher de glousser à cette idée, à la fois drôle et ridicule. Qu’allait-elle donc bien pouvoir faire de ces plumes ? 



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