Zhang Xuan ressemblait comme deux gouttes d’eau au médecin Bai Chan qui était allongé au sol. C’était très simple, si Mo Yu n’avait pas vu le jeune professeur enfiler les vêtements, elle aurait cru que Bai Chan avait un frère jumeau.

La Princesse avait déjà entendu parler de déguisement, mais elle pensait qu’il s’agissait d’une de ces illusions d’optique qu’un œil averti pourrait déceler. Pourtant, le prodige qu’elle avait devant ses yeux brisait toutes ses convictions!

Est-ce un changeur de forme professionnel ?

La légende disait qu’il y avait une profession vraiment formidable dans les Neufs Voies Intermédiaires. Celle de Changeur de forme. Même si cette activité n’ajoutait aucune capacité de combat supplémentaire, elle permettait d’imiter quiconque à proximité. C’était la meilleure méthode pour échapper à un poursuivant. Néanmoins, cette profession avait disparu des annales de l’histoire depuis longtemps.

Médecin, dompteur, apothicaire, maître enseignant…

Même en se dévouant durant toute sa vie, un pratiquant ordinaire ne pouvait pas maîtriser totalement un métier ? Pourtant, le jeune Zhang semblait être capable de tout.

Est-ce de famille ? Autrement, comment pouvez-vous être aussi doué dans autant de domaines différents à même pas vingt ans ?

S’il n’était qu’un monstrueux génie, cela ne serait pas grand-chose…mais voilà, ses talents n’ont d’égale que sa nature excentrique!

Je ne suis là que pour offrir mon aide, vous ai-je offensé d’une quelconque manière ?

« Allons-y! » Zhang Xuan était fin prêt à se rendre au manoir du Grand Roi des Herbes. L’Art du Déguisement de la Voie Céleste lui permettait aussi d’imiter la voix à la perfection. Il était pratiquement impossible de distinguer le vrai du faux.

« Mince alors… » Le voyant sortir de l’allée, la Princesse serra les fesses et le suivit. Il était trop tard pour faire machine arrière.

Il est facile d’obtenir un badge de médecin, mais soigner le Grand Roi des Herbes, c’est une autre paire de manches…Voyons ce que vous pourrez faire!

Ils ne mirent pas longtemps à rejoindre la résidence. L’entrée était toujours protégée par des gardes, et la foule n’osait pas approcher.

Ajustant bien ses vêtements, le professeur Zhang essaya de se rappeler la démarche de Bai Chan. Puis, tout en l’imitant le mieux possible, il approcha de l’entrée.

La foule se réjouissait de le voir se “vautrer” 

« Regarde, une autre personne qui veut mourir! »

« Hé hé, Il y a eu pas mal d’effrontés qui sont morts aujourd’hui. Ce type a du cran d’oser approcher le manoir! »

« Regardons le spectacle. Je parie qu’il se fera surprendre par la mort! »

« Halte! » Haussant les sourcils, un des gardes bloqua l’accès à Mo Yu et Zhang Xuan.

« Je suis médecin! » Zhang Xuan montra son emblème.

« Médecin ?  Je suis désolé, le manoir est interdit aux médecins dont le niveau est inférieur au rang deux! »

« Il faut être de rang deux minimum ? » Même s’il en avait le temps, où pourrait-il trouver un badge de deuxième rang ? Tous les médecins de ce rang étaient des experts Zongshis. Même s’il aurait voulu dérober un de ces emblèmes, il ne le pourrait pas!

« Veuillez repartir! » Mo Yu savait que c’était sans espoir. Mais alors qu’elle pensait partir, elle vit Zhang Xuan placer ses mains derrière son dos et plisser le front :

« Quelle audace! » D’un ton imposant il dit :

« Moi, Bai Chan, je suis médecin une étoile, mais qui a dit que les médecins une étoile étaient incompétents pour soigner une maladie ? » La Princesse se sentit mal à l’aise.

Vous avez raison de dire qu’un médecin une étoile peut soigner…Mais vous êtes un trompe l’œil. D’où vous vient votre assurance ?

N’avez-vous pas trop de testostérones ?

N’avez-vous pas vu ce qui est arrivé au domestique du Prince ?

Le cœur de Mo Yu battait la chamade. Elle regrettait vraiment d’avoir suivi ce type.

« Il est vrai qu’un médecin une étoile peut soigner des maladies, mais… » Le garde ne s’attendait pas à cette tournure des événements.

« Est ce que ces médecins deux et trois étoiles sont parvenus à guérir votre Vénérable Maître ? »

« Comment… » Le garde resta interloqué.

« L’emblème n’est pas représentatif des bases en médecine. Êtes-vous certain de vouloir prendre la responsabilité de retarder le traitement de votre Maître ? » Levant les sourcils, il parla fermement :

« Allez, dépêchez-vous de dégager la voie! »

« Comment… » Les gardes se regardèrent, incapables de prendre une décision. Toutefois, leur supérieur leur avait donné comme instructions de ne laisser entrer que les médecins deux étoiles ou plus.

« Qu’est-ce qui ne va pas ? » Un homme d’âge mûr approcha. Il s’agissait du majordome.

« Majordome Lu! » Les gardes s’inclinèrent immédiatement.

« Que se passe-t-il ? »

« Voici le médecin Bai Chan, c’est un médecin une étoile… » Expliqua un garde.

« Un médecin une étoile ? Chassez-le alors! » En tant que majordome, il avait vu de nombreux médecins deux et trois étoiles. Il se foutait pas mal des une étoile!

« Mais il a dit que…nous serons responsables du retard dans le traitement du Vénérable Maître. Il semble être confiant en sa capacité  à le soigner… »

« Quelle arrogance! » Le majordome se tourna vers Zhang Xuan et le regarda avec suffisance :

« Avez-vous dit que vous pouviez soigner le Maître ? Les médecins deux et trois étoiles n’osent pas le dire, mais vous… »

« Peu importe d’où me vient mon assurance ! Si vous ne me croyez pas, nous pouvons faire un pari! »

« Que voulez-vous parier ? » Demanda Lu, l’air dédaigneux.

« Je pari que je pourrai identifier votre maladie par l’entremise d’une technique de vos coups de poings! » Dit Zhang Xuan, les mains dans le dos.

Les gardes se mirent en colère :

« Quelles sottises dites-vous ? Le majordome Lu est encore jeune et en bonne santé. Quelle genre de maladie peut-il avoir ? »

« Il est évident que vous n’êtes qu’un gamin arrogant. J’ai rencontré des médecins trois étoiles, et chacun faisait leur diagnostic en examinant leur patient. Je n’ai jamais entendu parler d’un diagnostic par l’observation d’une technique de coup de poings. »

« Ce n’est qu’un vantard, nous devrions le chasser! »

Mo Yu, qui se trouvait à côté du jeune professeur, avait le visage qui chauffait. Elle était à un doigt de se cacher dans un trou de souris.

Êtes-vous certain que vous savez soigner les humains et non pas que les bêtes sauvages ?

Qui plus est, le malade, c’est le Grand Roi des Herbes, pas le majordome…

Le majordome se sentant humilié, eut le visage rougi comme une pivoine. Et au moment de faire sa critique, sa vision se flouta. Et hop! Un coup de poing direct se dirigea vers sa face…

« Quelle audace! »

Un médecin une étoile venait de tenter de frapper le majordome Lu à l’entrée du manoir du Grand Roi des Herbes ? Le majordome fou de rage, contra immédiatement le coup.

Les gardes ne s’attendaient pas à autant d’effronterie. Ils tirèrent leur épée sur l’instant et une envie de meurtre envahit les lieux. Certains avaient même des pilules empoisonnées.

« Vous voulez mourir ? »

« Sale gamin impertinent! »

Hu!

Avant que la paume du majordome Lu ne puisse atteindre Zhang Xuan, celui-ci recula brusquement. Et d’un air calme, il plaça ses mains derrière son dos, comme si de rien était.

« Messieurs, remettez-le à sa place! » Hurla Lu.

« Me remettre à ma place ? » Le professeur Zhang fixa Lu :

« Si vous pensez pouvoir continuer à endurer les hyperventilations dont vous souffrez la nuit, je peux partir tout de suite! »

« Qu’avez-vous dit ? » Le majordome Lu se figea sur place, et son visage devint aussi pâle que du talc pour bébé!