La nuit enveloppa la ville de Hai-Zhu. Les lumières des lampadaires s’étaient allumées au fur et à mesure de la circulation et des étrangers trompés par Xia Lei. La ville était à la fois familière et étrangère à Xia Lei.
La brise fraîche du soir soufflait et emportait peu à peu son humeur dépressive. Il n’allait pas se fâcher à cause des moqueries et des railleries de Ren Wen-Qiang, d’autant plus qu’il l’avait giflé en retour avec sa connaissance inattendue des langues étrangères.
Son téléphone portable s’était soudainement mis à sonner, c’était Jiang Ru-Yi.
« Espèce de connard. Jusqu’à quand tu comptais me le cacher ? »
Xia Lei s’arrêta et demanda, confus : « Te cacher quoi ? »
« Un million ! Tu as gagné un million ! Comment se fait-il que j’aie été la dernière à le savoir ? » dit Jiang Ru-Yi. (61800 €)
« Oh, alors tu parles de ça. Désolé d’avoir oublié de te le dire. », répondit Xia Lei en riant.
« Tu l’as fait exprès, pas vrai ! Même la travailleuse que vous venez d’engager a reçu 20 000 de prime, mais je n’ai pas reçu un centime ! » s’indigna Jiang Ru-Yi. (2400 €)
« Tu n’es même pas une employée de notre atelier du Cheval Fracassant, alors pourquoi devrais-je te donner une prime ? »
« Je m’en fiche ! Je veux des vêtements, du maquillage et des sacs ! Tu dois me les acheter. »
Xia Lei resta sans voix.
« C’est une promesse. Je t’attendrai à la maison. »
Jiang Ru-Yi raccrocha sans attendre la réponse de Xia Lei.
Ce dernier fixa le téléphone dans ses mains, à court de mots. Il lui parla alors comme s’il y avait encore Jiang Ru-Yi en ligne.
« Toi ! Que suis-je pour toi ? Je dois t’acheter des vêtements parce que tu le veux ? Tu veux du maquillage et des sacs, alors je dois te les acheter ? Vraiment !? »
Xia Lei erra dans les rues et fit un grand détour mais, comme s’il devait à Jiang Ru-Yi quelque chose depuis sa vie précédente, il s’arrêta finalement dans un magasin de vêtements pour dames et dépensa plus de mille yuans pour lui acheter une robe. (123 €)
De retour dans son quartier, Xia Lei ne rentra pas chez lui, mais se rendit directement à la porte de Jiang Ru-Yi. Il tendit la main et frappa à sa porte.
Il n’y eut aucune réponse.
Xia Lei fronça les sourcils et frappa avec plus de force à la porte tout en disant : « Ru-Yi ? C’est moi, Xia Lei. Ouvre. »
La voix de Jiang Ru-Yi vint finalement de l’autre côté de la porte.
« C’est le milieu de la nuit, qui frappe à ma porte ? »
« C’est moi, Xia Lei », répondit-il.
« Xia Lei ? Je ne connais personne de ce nom », dit Jiang Ru-Yi.
Xia Lei était sans voix.
« J’ai rompu tout lien avec toi », continua-t-elle.
« Alors, je vais donner la robe à Xue », se moqua Xia Lei.
La porte de l’appartement s’ouvrit avec fracas.
Dès l’instant où la porte s’était ouverte, un vent printanier souffla. Xia Lei avait été temporairement transporté dans un champ plein de fleurs en floraison. Il ne se sentait pas lui-même.
Jiang Ru-Yi se tenait dans l’embrasure de la porte, vêtue d’un peignoir. Ses cheveux étaient mouillés. Elle venait certainement de finir de prendre un bain. On aurait dit qu’elle s’était précipitée dehors en entendant les coups et qu’elle n’avait pas eu le temps de s’essuyer. Le peignoir fin et humide s’accrochait à sa peau, offrant une vision envoûtante. Le peignoir présentait des taches sèches et des taches humides, des endroits plus sombres et des endroits plus clairs, certaines parties étaient plates tandis que d’autres restaient en relief, et d’autres encore… Le corps d’une femme en peignoir était comme de la poésie abstraite ; chaque lecture apportait une nouveauté et un mystère nouveaux.
Xia Lei s’était figé, incertain de la façon dont il devait interagir avec elle.
Jiang Ru-Yi se comportait comme si elle portait une veste en duvet et un pantalon en coton matelassé. Elle s’était inclinée à la taille, comme pour saluer la royauté, et sourit : « Patron Lei, entrez, je vous en prie. Qu’est-ce que vous aimeriez avoir ? »
Les lèvres de Xia Lei étaient sèches, « N’importe quoi. Une bière, donne-moi une canette de bière. »
« Quelle bière ? Tu sais que je ne bois pas de bière. De l’eau du robinet, ça ira ? »
Le regard de Jiang Ru-Yi était fixé sur la boîte dans la main de Xia Lei. Elle était impatiente de mettre la robe à l’intérieur.
Après tout, c’était Jiang Ru-Yi. Xia Lei sourit et ses sentiments s’apaisèrent. N’était-ce pas juste Jiang Ru-Yi en peignoir humide ? Il avait même vu Jiang Ru-Yi nue ! Il était passé devant elle dans l’appartement, puis s’était assis sur le canapé du salon. Il n’avait pas posé la boîte sur la table, mais derrière lui. Jiang Ru-Yi était d’habitude celle qui le taquinait, il n’allait donc pas laisser passer l’occasion de la taquiner.
Jiang Ru-Yi ferma la porte et s’approcha. Elle s’assit en face de Xia Lei, sans même lui donner l’eau du robinet.
Elle croisa ses jambes. Les deux tiers de ses jambes blanches furent mises en lumière. Son dos s’était enfoncé dans le canapé et ses bras s’étaient écartés pour reposer sur les accoudoirs, ouvrant le peignoir pour révéler une tache de douceur blanche sous le col ainsi qu’un un décolleté étonnant. Sa posture était assez ouverte et elle était à l’aise. En face d’elle, cependant, Xia Lei semblait mal à l’aise et ne savait pas où regarder.
« Où est la robe que tu m’as achetée ? »
Jiang Ru-Yi parla avec insouciance : « Pourquoi la cacher puisque tu l’as achetée ? »
Cette attitude était celle d’une fille gâtée d’un propriétaire dans l’Antiquité et Xia Lei était le robuste jeune employé sous contrat de sa famille.
Xia Lei sourit et dit : « Appele-moi Grand Frère. Je te la donnerai si tu m’appele Grand Frère. »
« Grand Frère, mon… »
Jiang Ru-Yi avait rapidement changé ses mots et dit gentiment « Grand Frère. »
« Bonne fille. »
Xia Lei se tenait le menton : « Fais donc un petit déhanchement pour Grand Frère. »
Jiang Ru-Yi s’était figée, puis avait soudainement pris un oreiller et s’était précipitée sur Xia Lei, féroce comme une tigresse.
« Toi ! Te crois-tu patron d’un bordel ? »
Xia Lei se figea aussi. Patron ? Pourquoi a-t-elle utilisé le mot “patron” ?
Jiang Ru-Yi se rendit également compte de son erreur et son visage devint rose. Elle changea rapidement de sujet : « Donne-moi la robe maintenant, ou ne pense pas passer ma porte ce soir. »
Ces mots étaient également très ambigus et Xia Lei n’en pouvait plus. Il jeta la boîte qu’il avait cachée derrière lui à Jiang Ru-Yi.
Celle-ci l’ouvrit avec empressement. À l’intérieur se trouvait une longue robe noire, dans un style et un matériau de bon goût. Elle avait eu le coup de foudre et un doux sourire était apparu sur son visage.
« Essaye-la. Sais-tu qu’elle vaut 1 600 yuans. C’est cher », déclara Xia Lei.
Jiang Ru-Yi regarda Xia Lei timidement : « Tu veux que je me change ici ? Dans tes rêves. »
Xia Lei fronça les sourcils : « Quelle oreille m’a entendue dire de te changer ici ? Tu es si moche que je ne te regarderais même pas nue. »
Jiang Ru-Yi n’était pas du tout fâchée, elle lui fit un petit rire : « Attends-moi ici, Lei. Je vais me changer dans ma chambre, ensuite tu verras si je suis bien. »
« Très bien, très bien. » dit Xia Lei avec impatience.
Jiang Ru-Yi se rendit avec joie dans sa chambre et réapparut quelques minutes plus tard, toute changée dans la robe que Xia Lei lui avait achetée. La robe noire s’accrochait à son corps et faisait ressortir les lignes de sa silhouette, accentuant sa beauté et ajoutant un peu d’élégance froide. La robe lui allait parfaitement.
« Lei, suis-je jolie ? », demanda Jiang Ru-Yi, satisfait.
Personne ne répondit. Le salon était vide.
Jiang Ru-Yi fit une pause, puis se précipita sur le balcon, juste à temps pour voir Xia Lei s’échapper par la rampe verte et vers la cage d’escalier. Elle cria : « Xia Lei, salaud ! Tu me dois encore du maquillage et des sacs ! Achète-les-moi demain ou je te tue ! »
Xia Lei ne s’était pas retourné, il avait disparu des escaliers en un clin d’œil.
Une fenêtre du troisième étage s’ouvrit et une femme d’âge moyen regarda en bas, puis murmura : « Ces deux amoureux… Quand vont-ils se retrouver ? Toujours à faire traîner les choses ainsi. Je m’inquiète vraiment pour eux. »
Ni Jiang Ru-Yi ni Xia Lei n’entendirent ses paroles.
De retour à la maison, Xia Xue était déjà couchée. Xia Lei était allé dans sa chambre pour lire, jusqu’à ce qu’il soit fatigué et s’endorme.
Le lendemain matin, Xia Lei se rendit à l’atelier du Cheval Fracassant, s’installa sur l’ordinateur de l’atelier et parcourut Alibaba, choisissant l’équipement et le matériel à commander. Il avait gagné un million grâce aux Industries des Éoliennes de l’Est et cet argent devait être utilisé pour des choses cruciales. Il voulait vraiment acheter une voiture, mais il avait décidé de moderniser son atelier d’usinage. Il serait satisfait s’il pouvait acheter une voiture d’occasion bon marché avec l’argent qui lui restait.
Zhou Xiao-Hong avait préparé une tasse de thé pour Xia Lei et l’avait posée sur son bureau. Elle avait regardé le moniteur par-dessus son épaule : « Grand Frère Lei, tu achètes plus d’équipements ? »
« Oui, nos affaires vont aller de mieux en mieux. L’équipement dont nous disposons actuellement ne suffira pas pour faire face à ce volume de travail. Je n’achète pas seulement du matériel, mais je cherche aussi à embaucher plus de monde. »
Il s’était retourné pour parler : « À Plus tard, Xiao-Ho… »
Xia Lei ne s’attendait pas à ce que la tête de Zhou Xiao-Hong soit au-dessus de son épaule et que ses lèvres touchent sa joue avant qu’il ne puisse finir sa phrase. Ses lèvres avaient atterri près du bord de ses lèvres. C’était presque devenu un baiser.
Le visage de Zhou Xiao-Hong en forme de pomme devint rouge. Elle s’était mise à reculer, troublée. Cette sensation merveilleuse instantanée la mit dans l’embarras, mais son corps semblait réagir subtilement. Ce sentiment la rendait encore plus embarrassée.
Xia Lei était également très embarrassé. Il s’excusa rapidement : « Je suis désolé, je, je ne voulais pas. »
Zhou Xiao-Hong avait également réagi rapidement : « C’est, c’est bon. »
Xia Lei toussa sèchement et changea de sujet.
« Je disais… Xiao-An va gérer le personnel à l’avenir et tu seras chargée des comptes, de la collecte de l’argent et du paiement des travailleurs. Qu’en penses-tu ? »
« Moi ? Les comptes ? »
Zhou Xiao-Hong secoua la tête si fortement qu’elle ressemblait à un hochet.
« Je ne peux pas le faire, Grand Frère Lei. Je ne suis qu’une jeune diplômée. Je ne sais même pas utiliser les ordinateurs, alors comment vais-je faire les comptes ? Non, non, il n’est pas bon que je le fasse. »
Xia Lei sourit : « Tu peux apprendre si tu ne sais pas. De plus, nous ne sommes pas une grande entreprise, rien qu’un simple petit atelier d’usinage. Les comptes sont simples. Tu t’en sortiras bien si tu apprends. »
« M, mais je ne peux pas. »
Zhou Xiao-Hong doutait encore de ses propres capacités.
Xia Lei se mit debout et la tira vers le bureau, puis l’assit sur la chaise tout en lui disant : « Utilise la souris et clique ici pour ouvrir Office… »
Zhou Xiao-Hong suivit pas à pas les instructions de Xia Lei, pleine de nervosité.
Ma Xiao-An entra et vit Xia Lei apprendre à Zhou Xiao-Hong comment utiliser l’ordinateur. Il lui dit en riant : « Xiao-Hong, ne va pas sur les sites vidéos japonais pour adulte. Tu prendras de mauvaises habitudes. »
« Qu’est-ce qu’un site de vidéos japonais pour adultes ? », demanda Zhou Xiao-Hong avec curiosité.
« Continue. N’écoute pas ses bêtises », dit Xia Lei.
« D’accord », dit Zhou Xiao-Hong avec obéissance. Elle regarda ensuite Ma Xiao-An avec ses grands yeux noirs.
Xia Lei laissa Zhou Xiao-Hong s’entraîner seule et appela Ma Xiao-An à l’écart pour lui parler de son plan avant de lui demander : « C’est comme ça. Qu’est-ce que tu en penses ? »
« Tu fais ce que tu penses être le mieux. Cet atelier est à toi. Je te suivrai quoi que tu fasses. »
Xia Lei sourit : « Nous avons fait la connaissance de beaucoup de gens en travaillant sur des chantiers. Contacte ceux qui te semblent pragmatiques, travailleurs et de bonne facture. Demande-leur s’ils sont prêts à venir travailler chez nous. Quant au salaire, nous pouvons leur donner une somme plus élevée afin qu’ils puissent y réfléchir. »
« Bien sûr. Combien ? »
Xia Lei réfléchit un peu : « Cinq, juste cinq. Nous en chercherons d’autres si nous en avons besoin. »
« Je vais passer quelques coups de fil maintenant », dit Ma Xiao-An.
Xia Lei fit un signe de tête.
« Ouais, mieux vaut appeler tôt. »
Zhou Xiao-Hong apprenait à utiliser l’ordinateur tandis que Ma Xiao-An était au téléphone pour appeler les gens. Xia Lei faisait les cent pas, réfléchissant à l’emplacement du nouvel équipement.
Une voiture s’arrêta sur le bord de la route. La porte s’ouvrit et Ning Jing en descendit. Elle portait un T-shirt blanc et un short en denim moulant avec des sandales à talons hauts de couleur claire. Elle dégageait une aura de jeunesse, sexy et charmante.
À sa vue, Xia Lei se dit : Elle n’est pas là pour me demander de faire semblant d’être à nouveau son petit ami, pas vrai ?