Subjuguer les Ténèbres | Tales of Herding Gods | 牧神记
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Chapitre 1 – Ne sors jamais le soir quand il fait noir
à suivre... Menu Chapitre 2 – Le Sang des Quatre Esprits

Bonjour à tous ! Ici Yoda, le chef d’équipe du check de Chireads. J’ai un message un peu plus solennel à faire passer en ce jour de fête nationale et où nous tenions à vous offrir du nouveau ! Nous accueillons pour la seconde fois Pierrot, qui nous propose une traduction à l’ancienne, de ‘Submerger les Ténèbres’, ‘Tales of Herding Gods’, qui est déjà un novel à succès dans sa version en anglais. Nos traducteurs les plus expérimentés comme Pierrot, Galadriel, Thor, Vili… sont dans une période difficile face à la crise actuelle. Plus que jamais, ils ont besoin de notre soutient. A votre niveau, même modestement, soutenez-les via Tipeee en cliquant sur le lien en-dessous de l’œuvre. Vos commentaires de soutien seront également les bienvenus. Ils sont au pied du mur en cette période. Nous avons besoin du financement direct participatif de tous, pour pouvoir continuer à maintenir toute l’activité. Allons enfants, tenons-bon et serrons-nous les coudes ! Bonne fête nationale et vive le LN en français^^

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‘Ne sors jamais le soir quand il fait noir.’

C’était un vieil adage, au Village des Vieux Estropiés. Une règle de conduite que chacun s’appliquait à respecter scrupuleusement, sans que personne ne sache très bien depuis quand exactement. 

Pour mamie Si, l’une des villageoises, rien n’était plus angoissant que le coucher du soleil, qui descendait lentement derrière les montagnes. À la disparition des derniers rayons du jour, le monde se trouvait soudain plongé dans un grand silence — un silence absolu —, où la seule chose visible était alors les ténèbres. Des ténèbres qui approchaient lentement et, venant de l’ouest, avalaient tout sur leur passage — les montagnes, les rivières, les arbres —, jusqu’aux abords du Village, qu’elles finissaient par engloutir à son tour. 

Au quatre coins du Village se trouvaient des statues de pierre. Des statues si anciennes et si marbrées que personne, pas même mamie Si, ne savait qui les avait sculptées, ni quand elles avaient été érigées. 

Ce soir-là, quand, à la nuit tombée, ces quatre statues commencèrent à émettre une faible lueur dans l’obscurité, mamie Si et les autres ne purent s’empêcher de pousser un soupir de soulagement. 

Peu à peu, l’obscurité continua de s’épaissir à l’entour, mais tant que la lumière des statues rayonnait, le Village était considéré en sécurité. 

Tout à coup, mamie Si se figea et prêta l’oreille. « Vous entendez?! », s’exclama-t-elle avec étonnement. « On dirait un enfant qui pleure à l’extérieur. » 

Debout à ses côtés, vieux Ma secoua la tête. « C’est impossible, tu hallucines. » Puis: « Ça alors, tu as raison. C’est bien un bébé qui pleure. » 

Tous se tournèrent et se regardèrent les uns les autres sans comprendre — à part Sourd, évidemment —, aux cris de cet enfant qui résonnaient dans les ténèbres, par-delà le Village. Un bébé abandonné, au milieu de nulle part? Comment était-ce possible? 

« Bon j’y vais », dit mamie Si. Elle s’avança d’abord sur la pointe des pieds, puis, prise d’excitation, se mit à courir jusqu’au côté de l’une des statues. 

« Mais tu es folle! », s’écria vieux Ma en accourant derrière elle. « Sortir du Village en pleine nuit, c’est de la folie! » 

« Ces choses, dans le noir, elles ont peur des statues », dit mamie Si. « J’ai une bonne chance de m’en sortir, si j’en prends une avec moi. Elle les tiendra 

éloignées. » Elle se pencha pour soulever la sculpture et la mettre sur son dos, mais elle était trop bossue pour y arriver. 

Vieux Ma secoua la tête à nouveau. « Bon allez, laisse-moi faire. » 

« Allons bon, vieux Ma », dit un autre, qui s’avança vers eux en boitant. « Tu ne risques pas d’aller bien loin avec un seul bras. Moi j’en ai deux. Laisse-moi m’en charger. » 

Vieux Ma le regarda fixement. « Tu peux toujours jaser, toi, avec ta jambe cassée, le Boiteux? Je n’ai peut-être qu’un seul bras, mais il en vaut deux, crois-moi bien », lança-t-il. Puis il souleva la lourde statue et se mit à marcher, en s’efforçant tant bien que mal de ne pas perdre l’équilibre. « Allez vieille branche, en avant! » 

« Cesse de m’appeler comme ça! », rétorqua mamie Si. 

« Et vous autres, Boiteux, Muet et les autres », ajouta-t-elle, « soyez vigilant. Avec une statue en moins, le Village est peut-être vulnérable. Prenez garde de ne laisser aucune de ces choses s’y faufiler! » 

……… 

Une fois sortis du Village des Vieux Estropiés, d’étranges objets flottants se mirent à rôder autour de vieux Ma et de mamie Si, avant de se rétracter en crissant à l’approche du halo lumineux de la statue, et de disparaître dans l’obscurité. 

Guidés par les cris de l’enfant, ils marchèrent plusieurs centaines de mètres et parvinrent à la rive d’un grand fleuve. Il était évident qu’ils n’étaient plus très loin, mais la lueur de la statue était trop faible pour y voir clair. Prêtant l’oreille, ils continuèrent en amont du cours d’eau et firent une douzaine de pas. Alors que vieux Ma et son bras était quasiment à bout de force, ils touchèrent au but: Mamie Si, qui avait une bonne vue, distingua une lueur fluorescente un peu plus loin. Elle provenait d’un panier échoué au bord de l’eau. 

“C’était bien un enfant!” 

Mamie Si s’approcha et tenta de soulever le panier, sans y arriver. À sa grande surprise, elle aperçut alors deux mains — très pâles et gonflées par les eaux du fleuve —, qui supportaient le panier et l’enfant, et s’efforçaient de les maintenir immobile contre la rive. 

« Repose en paix », dit mamie Si doucement, s’adressant à la femme sous l’eau. « L’enfant est en sécurité maintenant. » 

À ces mots, le cadavre sembla comprendre, car les mains lâchèrent prise et la femme disparut dans le noir, emportée par le courant. 

Mamie Si souleva alors le panier et, pour la première fois, posa ses yeux sur l’enfant, enveloppé de langes à l’intérieur. Posé sur l’étoffe, se trouvait un pendentif de jade, dont émanait une lueur phosphorescente pareille — en plus faible —, à celle de la statue. C’était le jade qui avait sauvé l’enfant contre l’empiétement des choses de la nuit; mais sa faible lumière n’avait pas été suffisante pour protéger la femme également. 

“C’est un garçon.” 

……… 

De retour au Village des Vieux Estropiés, les habitants — qui, d’une manière ou d’une autre, étaient tous vieux, faibles, malades et infirmes —, s’étaient rassemblés. Mamie Si déroula les langes et ne put s’empêcher de sourire, de ses quelques vieilles dents noircies qui lui restaient, à la vue du bébé. « Enfin quelqu’un en bonne santé dans ce village de vieux gâteux! » 

« Tu comptes vraiment l’élever, mamie? », demanda Boiteux, à qui il ne restait qu’une seule jambe. « On a déjà du mal à s’occuper de nous-même. Je pense qu’il vaudrait mieux le donner à… » 

« Moi, une vieille femme, sauve cet enfant de mes propres forces, et tu voudrais que j’y renonce?! », s’insurgea mamie Si en colère. 

Les autres villageois n’osèrent rien dire. 

C’est alors qu’arriva le chef du village, porté sur un brancard. 

Son état était pire que celui des autres, à qui, bien que diminués, il restait toujours au moins un membre ou deux. Lui n’avait plus rien, ni bras ni jambes. Ce qui ne l’empêchait pas d’être respecté. Même la terrible mamie Si n’osait pas se montrer impudente en sa présence. « Puisque nous allons l’élever, on devrait peut-être commencer par lui donner un nom », proposa-t-elle. 

« Vielle branche », interrompit le chef, « vois-tu quelque chose d’autre dans ce panier? » 

Mamie fouilla minutieusement à nouveau et secoua la tête. « Non rien, mis à part le pendentif, sur lequel est gravé le caractère « Qin ». Le jade n’a aucune impureté et il possède un étrange pouvoir. Ce n’est clairement pas une pierre ordinaire. Peut-être appartient-il à une famille riche? » 

« Doit-on le prénommer Qin, ou bien considérer Qin son nom de famille? » 

Le chef du village rumina la question un moment. « Son prénom sera Qin et son nom Mu. Qin Mu », trancha-t-il. « Faisons de lui un berger, quand il sera en âge. Cela lui permettra au moins de survivre. » 

« Qin Mu », murmura mamie Si. Elle se tourna à nouveau vers l’enfant, emmitouflé dans les langes. Non seulement n’avait-il pas l’air d’avoir peur d’elle, il gloussait d’aise et d’insouciance dans son petit panier. 

……… 

On entendit l’air mélodieux d’une flûte s’élever à travers la rive. Il était joué par un jeune berger juché sur une vache. Avec son visage fin, ses dents blanches et ses lèvres fraîches, il devait avoir onze ou douze ans. Sous sa chemise entre-ouverte, un pendentif en jade vacillait devant sa poitrine. 

Ce garçon n’était autre que le bébé abandonné, à la dérive sur les eaux du fleuve; celui que mamie Si avait sauvé il y avait plus de dix ans, et que les vieillards du Village avaient élevé tous ensemble, jour après jour, année après année. Pour ne pas que l’enfant meurt de malnutrition, mamie Si avait même débusqué une vache pour pouvoir l’allaiter, sans que personne ne sache où elle l’avait trouvée. 

Les habitants du Village des Vieux Estropiés étaient renfrognés et acariâtres. Pourtant, chacun traitait Qin Mu avec gentillesse. Mamie Si, qui était couturière, lui avait ainsi appris à coudre; l’Apothicaire lui avait enseigné à cueillir et préparer les herbes médicinales; Boiteux lui avait montré ses meilleures passes de jeu de jambe, et papi Malvoyant, la technique de l’écholocation. Quant au chef du village, qui n’avait plus de membre, il l’avait instruit dans l’art de la respiration. Ainsi, riche en enseignements, chacune de ses journées passait agréablement et à toute vitesse. 

Ce jour-là, Qin Mu menait le troupeau de vaches au bord du fleuve. Il adorait y contempler le ciel et les nuages, et les montagnes vertes qui s’élevaient majestueusement à l’horizon. 

Depuis qu’il avait refusé que mamie Si ne vende sa vache nourricière, après son sevrage, il en était devenu responsable et c’était à lui de s’en occuper. 

« Au secours, Qin Mu! » 

Ces mots venaient de la vache. Elle s’était mise soudain à parler. « Aide-moi. » 

Stupéfait, Qin Mu se laissa glisser de son dos et vit ses yeux de bovin se remplir de larmes. « Qin Mu, c’est moi qui t’ai nourri de mon lait quand tu étais petit », parla-t-elle à nouveau dans la langue des hommes. « Tu devrais me traiter comme ta mère. » 

« Aide-moi! » 

Qin Mu écarquilla les yeux. « Mais que puis-je faire? », demanda-t-il. 

« Cette serpe que tu portes à ta hanche », lui dit-elle, « prends-la et découpe ma peau avec, pour me libérer de cette prison. » 

Qin Mu hésita. « As-tu donc déjà oublié avec quelle abnégation j’ai pris soin de toi? », le pressa la vache. 

Qin Mu se saisit alors de sa serpe et, avec grand soin, commença à couper et dépecer l’animal. À sa grande surprise, pas une goutte de sang ne jaillit pendant l’opération. Plus étrange encore, la vache n’avait pas d’entrailles, ni même de chair ou d’os. 

Soudain, de l’intérieur du bovin à moitié dépecé, une jeune femme aux cheveux ébouriffés se révéla en se dépliant. Ses jambes étaient encore enveloppées par celles de la vache, mais la peau du haut de son corps en était séparé. 

Bouche bée, Qin Mu n’eut pas le temps de réagir, quand elle lui arracha la serpe des mains et dégagea ses jambes de celles de l’animal à coup de lame, avant de se tourner vers lui et, d’un air menaçant, pointer la serpe dans sa direction. 

« Petite vermine », lança-t-elle, en riant froidement. « C’est de ta faute si j’ai été changée en vache. Onze ans à brouter de l’herbe et à te donner mon lait! Je venais juste d’accoucher de mon premier enfant, quand cette horrible sorcière me jeta un sort. C’est à cause de toi et tu vas payer, toi et tous les démons de ce satané village! » 

Qin Mu était stupéfait. Il n’avait aucune idée de ce dont elle parlait. 

Elle se jeta sur lui, quand — à l’instant de le tuer —, elle ressentit une douleur aiguë au milieu du dos. Elle baissa la tête et vit une lame de couteau lui jaillir de la poitrine. 

« Mon p’tit Mu, papi Apothicaire te demande de rentrer. » 

Le corps de la femme s’effondra au sol et grand-père Boiteux apparut tout sourire derrière lui, une lame dégoulinante de sang à la main. « C’est l’heure de prendre ton sirop. » 

« Pépé Boiteux… » Qin Mu n’en revenait pas, ahuri à la vue de la femme poignardée, gisante devant un monticule de peau de vache. 

« Va, mon petit, va », insista Boiteux en riant, et en lui tapotant affectueusement l’épaule. 

Qin Mu était sous le choc. Il ne cessait de trébucher sur le chemin du retour. Quand, pour la dernière fois, il se retourna, il vit Boiteux traîner le cadavre de la femme et le jeter dans la rivière. 

……… 

« Bon sang d’bon soir! », jura mamie Si. « Qin Mu, qu’est-ce que je t’ai dit? Ne sors jamais le soir quand il fait noir! » 

La nuit, en effet, était en train de tomber et les statues, aux quatre coins, s’étaient à nouveau mises à luire dans la pénombre. Elle l’intercepta juste à temps, alors qu’il tentait de se faufiler hors de la clôture. Il voulait retrouver la peau de vache et la traîner jusqu’au Village. 

« Mais pourquoi ça, mamie? », demanda-t-il en levant la tête. « Que se passe-t-il quand le ciel devient tout noir? » 

« Dès qu’il fait noir, des choses terrifiantes commencent à s’agiter dans l’obscurité. Et quiconque ose s’aventurer le soir court à sa perte », expliqua-t-elle sur un ton grave. « Grâce aux statues de pierre autour du Village, ces créatures de la nuit n’osent pas trépasser. » 

« Et les autres villages aussi ont ce genre de statue? », demanda-t-il. 

Mamie Si hocha la tête, tout en scrutant avec inquiétude par-delà la clôture du Village. « J’espère que Boiteux ne va pas tarder… Je n’aurais jamais dû le laisser sortir, avec sa jambe de bois. » 

« Mamie, j’ai vu un truc incroyable aujourd’hui », dit Qin Mu, hésitant à lui raconter l’histoire de la femme sortie des entrailles de sa nourrice. 

« Laisse-moi deviner », l’interrompit mamie Si. « Tu veux parler de cette femme? Boiteux m’a tout raconté. Et il m’a dit qu’il avait réglé le problème comme il faut. Après ton sevrage, quand tu avais quatre ans, j’ai voulu la vendre, cette satanée vache, mais tu pleurais et disais que tu allais t’en occuper. Eh bien, tu vois maintenant ce qui arrive? J’étais sûre que tu allais te prendre d’affection pour cet animal, à boire son lait pendant des années. » 

Qin Mu se mit à rougir. « Papi l’a tué, mamie. Avec un couteau… » 

« Et il a bien fait », répondit mamie Si en riant. « Elle s’en est plutôt bien tirée, je trouve. Sans nous, elle serait morte depuis longtemps. Tu crois vraiment qu’elle aurait survécu, si on n’en avait pas eu besoin pour te nourrir? » 

Qin Mu la regarda avec de grands yeux. Il ne comprenait pas de quoi elle parlait. 

« Cette femme en question », expliqua mamie Si, « n’était autre que la femme du seigneur de la Cité du Dragon de la Frontière, à plusieurs milliers de kilomètres d’ici. Cet homme est un goujat. Il a pour habitude de kidnapper des jeunes filles de bonne famille, et chaque fois qu’il souille la pureté d’une pucelle, sa femme, qui était horriblement jalouse, ordonnait à ses sbires d’assassiner la petite. Quand je m’en suis aperçu, cette mégère venait juste d’accoucher, quelques mois plus tôt, et elle était en train d’allaiter son enfant. J’ai donc décidé de la changer en vache. Je n’imaginais vraiment pas qu’un jour, elle allait réussir à se libérer et tenter de te faire du mal. » 

« Mais mamie », s’écria-t-il abasourdi, « comment fait-on pour changer un humain en vache?! » 

Mamie Si éclata de rire, dévoilant ses dents moisies. « Comme tu es naïf, mon petit. Je t’apprendrai si tu v… Tiens, revoilà Boiteux! », s’exclama-t-elle à son tour. 

Qin Mu se retourna et vit Boiteux approcher laborieusement, une béquille à la main et une carcasse d’animal sur son dos. Les ténèbres étaient justement en train de débouler à toute allure vers le Village, comme l’épaisse lame de fond d’une immense marée noire. 

« Accélère, Foutu Boiteux! », cria mamie Si. « Mais bon sang, dépêche-toi! » 

« Oh tu m’embêtes », répondit l’autre et, clopin-clopant, il continua son bonhomme de chemin. 

À cet instant, alors qu’il enjambait la bordure délimitant le Village, les ténèbres s’abattirent tout autour et, ce faisant, effleurèrent l’arrière-train de l’animal — un grand tigre multicolore —, qu’il portait. Le fauve, qui n’était pas tout à fait mort, hurla de douleur. 

Qin Mu s’avança et vit que sa queue venait d’être rongée jusqu’à l’os. La fourrure, la peau et la chair avaient entièrement disparues. Effaré, il regarda au loin et tenta de discerner dans le noir, à l’extérieur du Village. 

« Mais que sont donc ces choses qui vivent dans la nuit? », s’interrogea-t-il. 

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