– «C’est vrai. Combattons jusqu’au bout.»

Le campement était contre les collines, il était donc impossible de se replier sur la crête face à des armes à feu. Comme chaque équipe de secours agissait séparément, ils ne recevraient pas de renforts de sitôt. Considérant la situation précaire, Fish Ball jugea que la meilleure façon de repousser les ennemis était de tenir le campement.

Non seulement ils étaient beaucoup moins nombreux, mais la plupart des soldats n’avaient apporté que de la nourriture et des vêtements. Il n’y avait pas une seule mitrailleuse sur le camp, donc ils ne pouvaient pas vaincre les ennemis avec des armes avancées à longue distance.

Cela allait être une situation de “50 contre 1000”.

Fish Ball admettait qu’il avait peur à ce moment, mais il n’était plus le lâche qui ne pensait qu’à fuir. En tant que chef d’unité, il avait l’obligation de sortir toute son équipe du pétrin.

Il devait faire payer le prix à ces “réfugiés” avant de mourir ici.

Apparemment, les membres de son équipe pensaient également la même chose, car ils laissaient maintenant les ennemis les approcher. Actuellement, les deux parties étaient à moins de 200 mètres l’une de l’autre.

Comme ils n’avaient qu’un nombre limité de munitions, le moyen le plus efficace de tuer les “réfugiés” était de tirer à bout portant.

Pendant ce temps, les ennemis tiraient aussi plus précisément alors que la distance entre les deux groupes se raccourcissait. Cette méthode était donc une épée à double tranchant et, à l’heure actuelle, c’est la volonté qui déterminerait tout.

Fish Ball attendit près d’une minute que les ennemis s’approchent. Finalement, ils étaient à 100 mètres des soldats de la Première Armée. À cette distance, il pouvait maintenant voir les visages de ces traîtres à travers le télescope. Ses soupçons furent confirmés. Contrairement à des réfugiés démoralisés et fatigués, la plupart d’entre eux avaient l’air en forme et sûrs d’eux. Il n’y avait pas le moindre signe de réticence dans leur comportement.

Il n’avait plus à s’inquiéter d’avoir du sang innocent sur les mains.

Fish Ball visa l’ennemi qui était le plus près et appuya sur la gâchette.

Les membres de son équipe tirèrent également au même moment.

En un instant, des coups de feu retentirent au-dessus du campement. Alors que les ennemis au front tombaient, les autres ralentirent et commencèrent à tirer sur la Première Armée. Fish Ball ne savait pas si ces “réfugiés” avaient appris à utiliser les armes à feu par eux-mêmes ou s’ils avaient reçu une formation venant des Diables. Quoi qu’il en soit, les deux parties commencèrent à se tirer dessus de part et d’autre.

Juste à ce moment, les ennemis poussèrent quelques charriots à deux roues recouverts de tissus vers l’avant.

Fish Ball était familier avec ce type de véhicule de transport. Comparé à une charrette ou à un mulet, un charriot était plus souvent utilisé pour déplacer et transporter des marchandises lourdes. Il avait pensé que les ennemis utilisaient ces charriots simplement pour ressembler davantage à des réfugiés, et il était surpris de voir qu’ils n’avaient pas encore abandonné ces accessoires.

Ce ne fut que lorsque les ennemis retirèrent les tissus que Fish Ball se rendit compte qu’il y avait une mitrailleuse lourde Mark 1 dessous!

Les ennemis commencèrent à tirer.

La pluie de balles réprima immédiatement l’attaque de la Première Armée. Il semblait que les balles que les ennemis utilisaient étaient toutes traçantes, et la mitrailleuse lourde était beaucoup plus rapide que les fusils à verrou. Tout le campement fut ainsi secoué. La poussière et la boue volaient dans toutes les directions. Grâce aux remparts, les soldats de la Première Armée pouvaient encore de défendre.

Heureusement, les ennemis ne tirèrent pas de loin mais emportèrent la mitrailleuse lourde en chargeant. La mitrailleuse n’était donc qu’à environ 200 mètres de la ligne défensive. Puisque la Première Armée était assez dispersée, les ennemis avaient le temps de se positionner.

– «Hanson! »Cria Fish Ball.

Il comprit et courut vers le bord des remparts tout en portant son arme.

La Première Armée se trouvait rarement dans une position désavantageuse à cause du manque de munitions. Selon le manuel, lorsque la réserve de munition était basse, les soldats devaient immédiatement demander le soutien de l’artillerie à l’arrière ou se concentrer sur la retraite. Apparemment, dans la situation actuelle, la seule chose que l’unité pouvait faire était de tirer pour dissuader les ennemis d’avancer.

Pendant que les ennemis rechargeait la mitrailleuse, Fish Ball et les membres de son équipe tirèrent férocement pour distraire les ennemis. Hanson pendant ce temps réussit à abattre les artilleurs dans les charriots. Ceux qui tentèrent de grimper sur les charriots furent immédiatement abattus un par un.

Sans le soutien de la mitrailleuse lourde, les ennemis qui chargeaient furent rapidement repoussés, et la bataille revint à son point de départ.

«Bon sang, pourquoi n’ont-ils pas encore atteint le campement? » Marwayne se plaignait irrité en levant les yeux vers le soleil couchant. «Vicomte Narnos, vos hommes sont tous des lâches, n’est-ce pas? Qu’est-ce qui leur prend autant de temps pour écraser ces quelques soldats? S’ils ne peuvent pas gagner d’ici la fin de la journée, les hommes de Graycastle risquent de réussir à s’échapper sous notre nez !»

En tant que commandants, les nobles n’avaient pas à se battre au front en personne comme leurs écuyers et mercenaires. De plus, les hommes de Graycastle n’avaient jamais suivi les règles de la guerre entre nobles. Ils n’avaient ni montré le respect que méritaient les nobles qui étaient faits prisonniers ni échangé de captifs. Les nobles connaissaient parfaitement l’attitude arrogante des hommes de Graycastle. Le fait de charger à l’avant ne leur apporterait ni honneur ni respect, mais seulement une mort misérable.

«Ils font de leur mieux, et vos hommes ne sont pas meilleurs que les miens non plus», rétorqua Narnos, indigné. «Vous avez la plus grande armée, mais ils sont tous à l’arrière. Si votre force principale avait rejoint mes hommes, nous aurions pris le campement il y a longtemps.»

«Vous…» Marwayne était à court de mots. Il posa ses yeux sur le front et se promit de se venger plus tard.

«Lorsque je serai le Roi d’Eternel Hiver, vous paierez votre insolence! »

Cependant, pour le moment, Marwayne savait qu’il devait gagner. Autrement, le Seigneur Céleste l’abandonnerait.

Il ne comprenait pas pourquoi la bataille prenait autant de temps.

Tout se passait comme prévu. Pour tromper les hommes de Graycastle, ils n’avaient pas mis en place une embuscade dans la ville ou en entourant leur campement, mais avaient attendu dans cette vallée afin que les deux groupes aient une vision claire de la force de l’adversaire. Il avait pris en compte tous les détails de cette opération pour s’assurer qu’ils ne se feraient pas démasquer. Ils avaient même tué tous les habitants du village qui auraient pu révéler leur véritable identité.

En fait, comme il l’avait prévu, les hommes de Graycastle ne montraient aucune suspicion à plusieurs centaines de mètres l’un de l’autre. Les nobles avaient beaucoup plus d’armes à feu et de soldats que leurs adversaires et cette bataille aurait dû se terminer en quelques secondes. Pourquoi n’avaient-ils pas encore atteint le campement?

Même si chacun des soldats de Graycastle possédait une arme, il n’y en avait que 50, mais l’armée de l’Alliance des nobles avait plus de 200 fusils!

Marwayne croyait que les soldats de Graycastle auraient dû être vaincus facilement face à des conditions aussi défavorables.

Mais la réalité semblait démontrer tout le contraire.

L’armée de l’Alliance n’arrivait pas à se rapprocher et, à de nombreuses reprises, ils avaient été repoussés par les tirs des soldats de Graycastle. Leur attaque, cependant, n’avait pas du tout affaibli les hommes de Graycastle, comme si les ennemis possédaient un pouvoir inhabituel qui leur permettait d’utiliser plusieurs armes à la fois.

Les fusils auxquels Marwayne avait fait confiance étaient presque inefficaces. Non seulement ils avaient échoué à briser l’esprit des soldats de Graycastle mais, bien des fois, les soldats qui les utilisaient avaient blessés leurs camarades. Du haut de la colline, Marwayne pouvait voir des corps étendus autour des armes, dont personne n’avait plus le courage d’aller ramasser.

Si les choses continuaient comme ça, tout ce qu’il avait rêvé devenir resterait un rêve.

Le Royaume de l’Eternel Hiver ne possédait pas la technologie pour produire des balles. S’il ne pouvait pas obtenir suffisamment de munitions après cette bataille, il n’aurait aucune chance de gagner à nouveau face aux hommes de Graycastle.

«Ne vous inquiétez pas, Votre Seigneurie», réconforta Fueler. «Pour autant que je sache, les ennemis tirent moins fréquemment maintenant, ce qui signifie qu’ils seront bientôt à court de munitions. Dans quelques minutes, nous allons mener cette bataille de manière traditionnelle. Les hommes de Graycastle n’ont que des fusils, mais nous avons tout. »

«Mais dans ce cas, nous ne pourrons pas obtenir plus de munitions», se dit Marwayne, angoissé. Il devrait en demander davantage au Seigneur Céleste. La tâche la plus urgente pour lui maintenant était d’éliminer ces soldats de Graycastle aussi vite que possible. Marwayne fit venir un garde et ordonna: «Dites-leur que la récompense que j’ai promise doublera s’ils gagnent cette bataille, et le premier qui entrera dans le camp des ennemis recevra 100 Royals d’or! »