C’est un sterculier à feuilles de platane ! Les yeux de Song Shuhang s’illuminèrent. Le phénix légendaire ne se reposait-il pas souvent sur les branches d’un tel arbre ?
Était-il possible que l’aîné qu’ils allaient voir fût un phénix ? Et même si ce n’était pas le cas, il devait s’agir d’une bête spirituelle de la même lignée !
Il était d’autant plus impatient et enthousiaste. À quel point cette créature était-elle belle et éblouissante ? Les histoires affirmaient que le phénix était la plus belle et la plus noble des bêtes divines.
Bien qu’excité, Song Shuhang suivit attentivement Neuf Lanternes, pas à pas et sans se tromper.
Une fois qu’ils se furent un peu approchés, il put finalement voir complètement les ramures gigantesques.
L’immense arbre mesurait plus de cinquante mètres de haut et dominait l’entrée de la vallée. Il avait des branches épaisses entortillées et un tronc robuste.
Ah ? Il me semble voir quelque chose de rose attaché à l’arbre.
Cette masse inconnue était ronde et semblait très dodue. Il pensa à un petit pain cuit à la vapeur et en eut l’eau à la bouche.
Cependant, ce n’était pas un phénix, ni même un oiseau.
Il ouvrit grand les yeux et fit de son mieux pour déterminer de quoi il s’agissait.
Peu de temps après, il réussit. C’était un cochon qui s’était recroquevillé sur lui-même.
Comme il était gros et dodu, ses quatre pattes semblaient très petites. Toutefois, c’étaient elles qui, tenant fermement l’écorce, lui permettaient de rester accroché.
Par contre, il avait l’air très fatigué…
– « Il y a un cochon dans l’arbre ! »
– « Moins fort, » souffla Neuf Lanternes.
Song Shuhang ferma rapidement sa bouche. Ce cochon dodu était tout simplement trop voyant, l’étudiant ne pouvait s’empêcher de le fixer.
Semblant s’en apercevoir, l’animal tourna la tête et le toisa de ses yeux noirs et brillants.
– « Qu’est ce que vous regardez comme ça ?! » dit-il. Sa voix était assourdissante, elle résonnait dans les oreilles du Surhomme comme le tonnerre, faisant bourdonner ses tympans. Autant parler du rugissement d’un lion !
Il n’eut pas le temps de répondre que Neuf Lanternes ricana. « C’est vous que nous regardons. Un problème ? »
– « Continuez comme ça, vous allez voir ! »
– « Bien sûr que je vais continuer ! Que pouvez-vous y faire ? » Elle inclina la tête et le fixa intensément, sans même cligner des yeux.
Le cochon recroquevillé ne dit rien. Peu de temps après, il devint complètement rose.
Au bout d’un moment, il céda faiblement : « Ne me regardez pas comme cela. Le vieux cochon que je suis est tout embarrassé… »
– « … » Song Shuhang en resta coi.
Ne me dites pas que ce truc est l’aîné que nous venons rencontrer… ?
Je peux accepter le fait que ce ne soit pas un phénix, mais un cochon… ? N’est-ce pas excessif ?
À ce moment-là, Neuf Lanternes sourit à nouveau. « Gros tas, assez avec vos bêtises. N’êtes-vous pas lassé de jouer toujours la même scène à chaque fois que je viens ? »
– « Il faut dire que j’aime ça, » répondit-il faiblement.
– « Vous feriez mieux de changer de script la prochaine fois. Sinon, je vous passe à la broche. Je n’ai pas de temps à perdre avec vous. Est-ce que l’aîné est dans la vallée ? »
– « Oui. Vous le cherchez ? »
– « Ben tiens ! Si je viens, c’est évidemment pour lui. Pensez-vous vraiment que je viendrais pour vos jolis yeux ? »
Le jeune homme poussa un soupir de soulagement. Ce cochon n’était pas la bête spirituelle qu’ils recherchaient. Heureusement, ce n’était que le gardien de la vallée…
– « Pour être honnête, je pensais vraiment que vous étiez venu pour jouer avec moi… » marmonna l’animal. Il leva une patte et frappa doucement l’arbre à trois reprises.
Dans l’instant, la vallée disparut. Elle céda la place à une mer noire infinie. De plus, l’eau était mortellement immobile !
Rien n’y flottait. Il semblait que tout serait aspiré dans ses profondeurs.
Si quelqu’un voulait faire irruption dans la vallée sans l’approbation du portier, il tombait dans l’étendue mortelle.
Après cette apparition, le cochon frappa à nouveau trois fois.
Un bateau solitaire fut généré à la surface des flots à partir du vide.
– « Allons-y. Et n’oubliez pas de me suivre à la trace. » Neuf Lanternes prit les devants et se dirigea vers l’esquif. « Écoutez attentivement. Une fois que nous serons sur l’eau, vous n’aurez pas le droit de prononcer un seul mot jusqu’à ce que nous atteignons l’autre côté ! Peu importe qui vous parle, moi inclus, vous n’êtes pas autorisé à dire quoi que ce soit. Sinon, personne ne pourra vous sauver. »
Il hocha silencieusement la tête et la suivit dans le bateau.
❄️❄️❄️
Neuf Lanternes ne dit rien en lui tendant une rame.
Il la prit et commença à ramer.
La barque s’élança rapidement sur l’eau. Bizarrement, même s’il pouvait voir l’eau éclabousser en suivant ses coups de rame, il ne pouvait entendre aucun son.
Alors qu’ils continuaient à ramer vers l’avant, Song Shuhang sentit son corps devenir progressivement plus lourd.
Auparavant, la vitesse du bateau avait considérablement augmenté, même en y allant doucement. Mais alors, même s’il mettait toute sa force dans ses bras, ils n’avançaient que légèrement.
De plus… s’il arrêtait de ramer, le bateau commençait à reculer !
Au milieu de cette mer étrange, même ramer était tout un défi !
Il sourit amèrement. Il dut puiser le Qi Sanguin de ses Acupoints pour pousser leur véhicule à avancer.
❄️❄️❄️
Rame, rame, rameurs, ramez… On n’avance à rien, dans ce canoë…
À ce moment-là, le visage pâle de Song Shuhang se reflétait à la surface de la mer.
Il avait déjà commencé à utiliser ses pilules de Qi Sanguin. Il n’aurait pas pu tenir sans elles.
Depuis combien de temps ramait-il au beau milieu de cette étendue immobile ? Il ne pouvait rien voir, ni derrière ni devant eux. La mer semblait ne pas avoir de fin.
Il épuisa son Qi Sanguin à maintes reprises. Après avoir complètement vidé son énergie, ainsi que celle fournie par l’Esprit Fantôme, il prenait une pilule pour la reconstituer, et répétait le processus.
Il avait de moins en moins de ces pilules, et pourtant il ne voyait toujours pas le bout de la mer.
Mais même si son visage était un peu pâle, son cœur était aussi ferme qu’au début.
Il devait remercier Dame Oignon pour cela. Ayant vécu ses souvenirs et s’étant transformé en bulbe sauvage, il avait connu les difficultés de l’ennui pendant de très nombreuses années.
En conséquence, sa patience avait considérablement augmenté.
Ainsi, même s’il faisait quelque chose d’aussi lassant que de ramer sur un bateau au milieu de nulle part, il conserva son calme et un mental d’acier.
Même Neuf Lanternes en fut surprise. Elle le regarda avec étonnement.
Ainsi, le petit bateau continua à avancer dans la mer silencieuse.
❄️❄️❄️
Après un certain temps, Song Shuhang se sentit soudainement devenir plus léger.
Il se sentait comme un voyageur au milieu d’un désert qu’on venait de décharger d’une centaines de kilos. Il avait l’impression de pouvoir s’envoler. Même la vitesse à laquelle il ramait augmenta considérablement.
Approchons-nous de l’autre rive ? pensa-t-il.
Alors qu’il était plongé dans ses pensées, le paysage devant ses yeux changea soudainement.
L’eau noire se changea en une étendue blanche. Un quai apparut soudain devant ses yeux.
De plus, de l’énergie spirituelle pure commença à se déverser continuellement dans son corps. C’était sa récompense pour avoir ramé si longtemps.
– « Vous pouvez parler maintenant, » retentit la voix de Neuf Lanternes.
Il poussa un soupir de soulagement. Il ouvrit la bouche.
Mais l’instant d’après, il la couvrit rapidement de ses deux mains. Presque ! Il avait failli parler ! Ils étaient encore au milieu de la mer, ils n’avaient pas encore atteint le rivage !
C’était juste !
Lorsqu’il couvrit sa bouche, l’énergie ambiante se déversa plus rapidement encore dans son corps, comme s’il avait réussi une autre épreuve.
L’étudiant avait déjà ouvert quatre Acupoints avant d’entrer dans l’Île Céleste. Il cherchait alors à ouvrir le cinquième, celui de la Bouche.
Il avait décidé de ne pas manger à nouveau Dame Oignon, bien que le Vénérable Blanc lui avait affirmé que son Acupoint déborderait de Qi Sanguin s’il le faisait.
La dense aura se déversait sans cesse dans son corps. Lorsqu’il s’était retenu de parler, l’énergie spirituelle avait fait violemment irruption dans sa bouche. Comme un coup de bélier, elle avait impacté son Acupoint et généré une poussée effrayante de puissance.
Il fallait se rappeler que Song Shuhang avait épuisé son Qi Sanguin à maintes reprises et consommé continuellement des pilules pour le reconstituer. Par conséquent, c’était comme s’il s’était entraîné pendant tout ce temps.
Ainsi, son Acupoint de la Bouche était alors rempli à 90%. Après un peu plus d’entraînement, il serait capable de le faire déborder !
Alors, il aurait à faire face à un dernier obstacle, le Saut au travers de la Porte du Dragon.
Quelle chance inattendue !
Il rama de toutes ses forces. Finalement, ils atteignirent le rivage…
❄️❄️❄️
Une fois le bateau stoppé, Neuf Lanternes sauta avec légèreté sur le quai. Elle tendit la main et tira Song Shuhang à côté d’elle.
– « Vous pouvez parler maintenant, » dit-elle en souriant.
Il regarda attentivement si sa bouche s’ouvrait et se fermait en parlant. Puis, après s’être assuré qu’il avait bien les deux pieds sur la terre ferme et qu’il était hors de portée des flots mystérieux, il poussa un soupir de soulagement.
– « C’était dangereux, » reconnut-il.
– « Oui, mais vous avez été assez vif. » Elle époussetta sa robe blanc verdâtre. « Allons-y. Nous devons saluer l’aîné. »
– « Mademoiselle Neuf Lanternes, quel est le caractère de cet aîné ? Qu’est-ce qu’il aime et déteste ? Aussi, quelle est son apparence ? »
À la guerre, les informations précises sur le camp adverse permettaient de remporter la victoire !
– « Inutile de vous parler de son tempérament, il est très lunatique. Quant à ce qu’il aime ou non, disons que c’est aussi très varié. » Elle soupira longuement. « Pour ce qui est de son apparence, il a 36 formes différentes. »
– « … » Quel genre d’être surnaturel décrit-elle ?!