Sur la rive d’un petit ruisseau au milieu des montagnes.
Le petit moine conservait son air sérieux en baissant son pantalon, puis en commençant à le laver dans l’eau. Il était doué, ce n’était sans doute pas la première fois qu’il le faisait.
Doudou se baignait en amont, laissant l’eau tremper sa fourrure. Il avait toutefois l’impression de sentir encore les excréments, même après s’être longuement plongé dans le cours de ce ruisseau. Était-ce une simple illusion ?
Environ trois minutes plus tard.
– « Aîné Doudou, j’ai fini. » Le petit moine s’approcha rapidement et montra son pantalon propre.
– « Parfait, moi aussi, » dit-il en sortant de l’eau.
Puis il s’ébroua violemment. Son énergie du monstre jaillit, séchant rapidement sa fourrure.
Après avoir vu cette scène, Guoguo était émerveillé. « Aîné Doudou, pouvez-vous le refaire pour m’aider ? »
– « … »
Il se demanda si ce petit moine était son ennemi naturel, ou une némésis du même genre.
Il tendit tout de même la patte et attrapa le pantalon, puis utilisa son énergie pour le sécher.
– « Aîné Doudou, vous êtes incroyable. » Il enfila son pantalon et se dandina joyeusement, fit une pirouette et conclut sa performance par une pose qu’il jugeait classe. « Ta-da ! »
– « … »
– « Aîné Doudou, où allons-nous maintenant ? » Le petit moine courait gaiement autour de lui. Peu importait où ils iraient, il était d’un enthousiasme extrême, comme un gamin enfin sorti de chez lui après avoir été puni pendant longtemps.
– « Allons vers Pékin. J’ai une amie monstre-chat là-bas. Allons nous amuser chez elle. » Il s’agissait justement de l’être qu’il avait voulu présenter à Song Shuhang.
Après tout, il ne pouvait pas nuire à sa propre espèce. Autant lâcher le fauve sur un chat !
❄️❄️❄️
– « Miaou… » Juste au moment où Doudou parla d’un monstre-chat, un feulement sourd résonna à ses oreilles.
Lorsqu’il tourna la tête, il vit un chat rayé comme un tigre qui le surveillait et lui montrant ses crocs et ses griffes.
Nous sommes au milieu d’une chaîne de montagnes, est-ce un chat errant ?
Les chats et les chiens étaient des ennemis naturels.
Et Doudou avait l’apparence d’un pékinois normal. Par conséquent, lorsque le chat le vit, toute sa fourrure se gonfla. Le pelage de sa queue était si tendu qu’elle ressemblait à un épis de maïs.
Le chat sauvage affichait son hostilité, comme s’il essayait de montrer à Doudou sa force et de lui faire peur…
– « Héhé ! Est-ce que vous montrez les crocs devant votre dieu chien ? » Le pékinois tira la langue, puis frappa le sol de ses quatre petites pattes et se précipita vers le chat sauvage.
Lorsque celui-ci le vit ignorer sa pose impressionnante et se jeter sur lui, il paniqua et décida de passer à un repli stratégique.
Mais comment sa vitesse aurait-elle pu correspondre à celle du monstre ?
Doudou bondit sur lui comme un chien affamé et l’écrasa de son corps.
– « Miaou… » cria amèrement le petit félin.
– « Ouaf, ouaf… Pourquoi avoir arrêté de faire le malin ? Arquez le dos ! Ouaf, ouaf ! » Il frotta sa tête contre son prisonnier.
– « Miaou… Miaou… » Il se débattit de toutes ses forces et tenta de griffer le pékinois.
Cependant… même le jeune homme en vert dans la réalité illusoire de l’Aîné Blanc n’avait pu le blesser. Alors un petit chat sauvage ?
Plus il frappait, plus Doudou se frottait le crâne contre lui.
– « Miaou ! Miaou ! » cria à nouveau l’animal. Au début, sa voix avait été très puissante, mais elle s’affaiblissait au fil du temps. Au final, il ne put que pousser des miaulements pitoyables, comme s’il sanglotait.
– « Ouaf, ouaf… Pourquoi avoir arrêté de faire le malin ? Arquez le dos ! » répéta Doudou, fier de lui. Cette scène lui rappelait sa première rencontre avec le monstre-chat Chuchu.
À l’époque, Chuchu venait de devenir un monstre-chat et avait également fait preuve d’arrogance devant lui, essayant de l’effrayer.
Mais le pékinois lui avait sautée dessus comme un chien affamé et l’avait plaquée au sol avant de frotter sa tête sur son pelage.
Chuchu avait elle-aussi lutté de toutes ses forces, comme ce chat rayé. Dommage, sa cultivation avait été bien trop basse, elle n’avait pas fait le poids et n’avait pu lui échapper.
Après avoir été longuement frotté, le monstre-chat avait également perdu tout orgueil.
Depuis, si elle rencontrait Doudou, elle gardait toujours une distance de sécurité d’au moins un mètre.
Mais les compromis ne plaisaient pas au pékinois.
Plus elle essayait de l’éviter, plus il avait envie de frotter sa tête contre elle.
Même à ce moment-là, alors qu’il était en cavale, il envisageait d’aller la retrouver pour la torturer un peu.
❄️❄️❄️
Alors que Doudou se frottait gaiement contre le chat rayé, des bruits de pas résonnaient au loin.
– « Tigré ? Tigré ? Où es-tu ? » La voix douce d’une gamine se faisait entendre.
Très vite, celle-ci fit son entrée.
Il s’agissait d’une jeune fille de 15 ou 16 ans, vêtue d’une robe de daoïste jaune abricot. Elle avait dix longues feuilles de talisman accrochées à chaque épaule, couvertes de nombreuses incantations.
Ses bras nus étaient également parsemés de tatouages, des runes.
Doudou l’identifia immédiatement grâce à sa tenue vestimentaire. « Un chasseur de monstres ? »
Les chasseurs de monstres étaient une branche de cultivateurs, plutôt que de chercher à atteindre l’immortalité comme les autres, ils ne vivaient que pour vaincre les démons et les monstres.
De plus… Ils formaient un groupe des plus ennuyeux. Pour eux, un monstre devait être maîtrisé, qu’il fût bon ou mauvais. Les premiers étaient scellés, les seconds étaient directement mis à mort.
Bref, ils voulaient libérer ce monde des créatures connues sous le nom de monstres…
Par le passé, les chasseurs et les monstres s’étaient furieusement battus, jusqu’à leur dernier souffle. Mais à un certain moment de l’Histoire, les chasseurs de monstres s’étaient cachés et avaient disparu. Depuis, ils n’étaient que rarement apparus.
Il y avait eu de nombreuses rumeurs et conjectures sur ce qui avait bien pu se passer. Mais finalement, à part les chasseurs de monstres eux-mêmes, personne ne savait quelle était la véritable raison derrière leur disparition.
Quand j’ai voulu sortir, on m’a chié dessus. Et quand j’ai trouvé un bon endroit pour me laver… J’ai rencontré un de ces chasseurs de monstres que personne n’a vus en quelques centaines d’années ! Qu’est-ce qui ne va pas avec ma chance aujourd’hui ? Doudou était déprimé.
– « Un monstre ! » Après avoir vu le pékinois, les yeux de la jeune fille à la voix d’enfant s’illuminèrent immédiatement.
Sans attendre de réaction, elle tendit les mains et arracha un talisman de chacune de ses épaules.
– « Vilain monstre, meurs ! » Elle les jeta. Ils devinrent des flammes dorées qui filèrent vers Doudou.
– « … » Comme attendu d’un chasseur de monstres… Même après tant d’années, ils sont toujours aussi débiles et têtus qu’une mule ! Dès qu’ils voient un monstre, ils se comportent comme des fous et se jettent sur lui sans même réfléchir à la différence de puissance.
Bref, il semblait qu’il y avait une règle inviolable dans leur esprit : en cas de rencontre avec un monstre, il ne fallait pas faire preuve de courtoisie ; il fallait le battre à mort !
Bang ! Bang !
Les deux flammes explosèrent au contact de la fourrure de Doudou, mais leur puissance n’était même pas suffisante pour roussir ses poils.
Le petit moine réagit finalement. Il se jeta en avant d’un air digne et réprimanda vivement la demoiselle : « Stop ! Madame, pourquoi avoir soudainement attaqué l’Aîné Doudou ?! »
– « C’est un monstre ! Poussez-vous, je dois le tuer ! »
– « Madame, vous abusez ! Même s’il est un monstre, il est quelqu’un de bien ! De toute façon, qu’y a-t-il de mal à être un monstre ? Ils sont eux-aussi des créatures vivantes ! Comment pouvez-vous ne pas distinguer le bien du mal et chercher avec désinvolture à l’occire ? »
Doudou resta muet.
Pourquoi ce petit moine parle-t-il comme si j’allais mourir ?
– « Petit moine, poussez-vous. Je suis fatiguée d’entendre les gens clamer l’égalité de toute vie. Hors de mon chemin ! Sinon, ne me blâmez pas de vous avoir blessé lors de mon combat ! » dit-elle en déchirant un autre jeu de talismans.
Doudou ne savait que dire.
Putain ! Elle me prend pour un petit pékinois ou quoi ?!
Dès que je lui montrerai ma véritable apparence, ce petit chasseur de monstres se fera dessus, apeuré devant la grandeur de ma personne !
Puis il fit un pas en avant et devint un chien de cinq mètres de long.
– « Roar ! » Son rugissement fit trembler toute la forêt et les feuilles des arbres voisins se mirent à tomber les unes après les autres.
Il ne fut pas déçu. Après avoir découvert qu’en fait, il était énorme, le chasseur de monstres déglutit, son moral en berne.
Doudou sourit, fier de lui.
Au moment où il se préparait à bondir sur elle pour la maîtriser comme le chat avant de se frotter à elle jusqu’à sa mort, un autre bruit de pas résonna.
Le monstre-chien sentit également l’odeur de Zhou Li.
– « Merde ! Comment a-t-il fait pour me retrouver aussi rapidement ? » marmonna-t-il. D’habitude, il avait au moins une semaine de tranquillité. Quelle incroyable technologie avait-il bien pu utiliser ?
Il ne voulait pas être attrapé si tôt. Il voulait aller à Pékin s’amuser avec le monstre-chat Chuchu !
– « Guoguo, partons. Notre poursuivant vient de nous rattraper. Nous ne devons pas rentrer à la maison maintenant ! »
Le petit moine hocha la tête et monta rapidement sur son dos.
– « Accrochez-vous ! » cria le pékinois. Il sauta sans effort, un vent monstrueux s’enroulant autour de lui. Il était prêt à s’enfuir.
– « N’espérez pas m’échapper ! » hurla l’adolescente. Elle tendit la main et lança une chaîne en or vers eux…
L’objet vola haut dans le ciel et finalement, s’enroula autour du cou… Du petit moine !
– « Hein ? »
Juste à ce moment-là, Doudou s’éleva vers le ciel, son passager toujours sur son dos.
Le chasseur de monstres, qui s’agrippait à l’autre bout de la chaîne, lança en étant emportée : « Monstre, tu ne peux pas m’échapper ! Je t’ai attrapé ! »
– « Madame, lâchez-moi… Vite… Je suis… Argh… » Guoguo saisit à deux mains la chaîne qui s’enroulait autour de son cou. C’est mauvais… Je ne peux pas respirer ! Lâchez ça, vite ! J’étouffe !
❄️❄️❄️
– « Doudou ! » s’époumonna Zhou Li d’en bas. « Ne songez même pas à vous enfuir ! » Il tendit la main, lançant une longue chaîne vers lui !
Elle traversa le ciel et s’enroula à la jambe gauche du chasseur de monstres.
Zhou Li, s’accrochait fermement à l’autre extrémité de la chaîne, fut également tiré vers le haut.
Guoguo s’exclama : « Je peux plus… respirer… Beuh… Je ne m’enfuirai plus jamais de chez moi ! »