“Tais-toi, Charbon Noir !”, cria Urien d’une voix stridente. Il portait une robe noire de magicien et son visage était un peu sombre. Il regarda le père et sa fille s’éloigner. “Une vague magique aussi puissante ! Cette petite fille est un génie ? Ou bien cet homme est-il un maître caché de la magie ?”, murmura-t-il.
“Maintenant, vous êtes un vrai Charbon Noir.” Le perroquet vert gloussa devant le corbeau noir dont les plumes avaient été brûlées.
“Appelez-moi l’honorable Odin Ben Fama, vieil homme. Mon palais a été incendié par cette petite fille, alors procurez m’en un nouveau rapidement. Et confectionnez une robe flamboyante pour moi, sinon quelqu’un pourrait apercevoir mon beau corps”, se plaignit le corbeau noir. Puis il renifla. “Bon Dieu, pourquoi est-ce que je sens un poulet rôti ?”, s’écria-t-il.
Urien se tourna vers son corbeau noir. “Ferme ta bouche ou je te donnerai de ma nouvelle potion !” Son visage était inexpressif, sa voix aussi aiguë que celle d’un démon surgissant de l’enfer.
L’oiseau noir arrêta immédiatement son comportement indiscipliné. Il se déplaça timidement. “Au moins… donne-moi au moins deux feuilles pour couvrir mon corps. Tu n’as pas à me voir dans un tel accoutrement.”
“Pois Vert, allez lui chercher des feuilles”, dit Urien en se dirigeant vers son magasin. “Pourquoi n’ai-je pas remarqué cette vague magique auparavant ? Peut-être que nous pourrons échanger nos expériences un jour”, marmonna-t-il dans sa barbe.
“Monseigneur Urien, appelez-moi la prochaine fois que vous voudrez que je vous aide”, dit joyeusement la perruche verte. Elle pencha la tête sur le côté pour ouvrir la serrure de sa cage et s’envola. Après un petit moment, elle revint et posa deux feuilles à côté de Charbon Noir. Puis elle retourna dans sa cage, verrouilla la porte et se lissa les plumes avec grâce.
“Je n’aurais jamais pensé que je deviendrai comme ça.” Charbon Noir soupira. Il regarda autour de lui et ramassa les deux feuilles pour couvrir ses parties les plus intimes.
Mag marchait avec Amy sur la place. Apparemment, elle était très heureuse après avoir mis le feu au corbeau noir. Elle sauta joyeusement en avant, s’arrêta pour attendre Mag et se remit à sauter.
Mag avait 10 pièces d’or dans sa poche. Elles étaient très importantes pour lui à ce moment précis, mais si Amy voulait acheter quoi que ce soit, il n’aurait aucune hésitation.
Cependant, la petite créature était vraiment raisonnable. Ils avaient marché dans les environs pendant une demi-heure, mais elle n’avait demandé qu’une marionnette à ficelles.
Puis Mag emmena Amy au plus grand marché de la place Aden. Malheureusement, ils n’avaient pas trouvé de cygne, encore moins un vilain petit canard.
Cependant, ils avaient trouvé des canetons ordinaires mais Mag craignait qu’au moment où elle réaliserait qu’ils ne deviendraient pas de beaux cygnes, Amy aurait l’impression d’avoir été trompée. Il n’en avait donc pas acheté.
Ici, les légumes étaient bon marché mais une fois, le système avait dit qu’il n’était pas autorisé à emporter des ingrédients venant de l’extérieur dans la cuisine. De ce fait, leur petit prix ne le tentait pas.
“Père, nous ne trouverons pas un vilain petit canard aujourd’hui, n’est-ce pas ?” Amy leva les yeux vers Mag, un peu déçue.
Mag hocha la tête. “On dit que les vilains canetons ne sont pas encore nés, on pourrait donc peut-être en acheter un plus tard.” Il essayait de trouver un moyen de réconforter Amy, qui était pleine d’espoir. C’était le début de l’automne désormais. Les gros cygnes se faisaient très rares dans la ville du Chaos, sans parler des petits. Il y avait de fortes chances qu’il n’en trouvât pas avant longtemps.
“Qu’est-ce que c’est ?” Avant que Mag ne pût la consoler, le regard d’Amy avait déjà été attiré par un étal d’herbes au bord de la route. Elle courut dans sa direction et s’accroupit immédiatement. Les yeux écarquillés, elle l’observa un long moment puis elle se tourna vers Mag pour lui faire un signe de la main en criant: “Père, regardez ! Ce doit être un vilain petit œuf !”
“Oh ?” Mag se rapprocha d’elle. L’étal appartenait à un homme ayant la cinquantaine, fort et ténébreux, qui tressait un panier de tiges séchées. Il ressemblait à un herboriste et ses mains étaient couvertes de callosités. Les sacs sur le sol étaient remplis d’herbes. À côté de ses pieds se trouvait un petit tas de foin sur lequel était posé un œuf gris de la taille d’un bol.
“Père, pouvons-nous acheter cet œuf ? Vous avez dit qu’il n’y avait pas de vilain petit canard en ce moment, donc nous pourrons faire éclore celui-ci quand nous rentrerons.” Amy leva les yeux vers Mag alors qu’elle pointait l’œuf du doigt, le visage plein d’espérance.
Mag hocha la tête en souriant. “Oui.” La petite créature avait été déçue assez de fois pour aujourd’hui. Il voulait qu’elle rentre chez elle de bonne humeur, il se tourna donc vers l’homme et demanda : “Qu’est-ce que c’est que cet œuf ?”
“Eh bien, je ne suis pas sûr de moi. Je l’ai trouvé sur une falaise hier alors que je cueillais des herbes. Seuls les oiseaux peuvent atteindre cet endroit, ce doit donc être un œuf d’oiseau. C’est très nourrissant”, dit le vendeur en souriant.
“Combien ?” Les yeux de Mag s’illuminèrent. Si c’était un œuf d’oiseau, il ressemblerait à quelque chose comme un cygne une fois éclos. De plus, à en juger par sa taille, l’oiseau pourrait être encore plus gros qu’une autruche, ce qui ferait une excellente monture pour Amy après avoir été bien entraînée.
Le vendeur sourit et se gratta la tête en regardant Amy qui regardait l’oeuf avec beaucoup d’intérêt. “Je vois que la petite fille adore ça, alors… trois pièces d’or”, dit-il.
“Très bien. Voici trois pièces d’or.” Mag remit l’argent. Chaque jour, ceux qui ramassaient des herbes risquaient leur vie pour gravir des falaises. Si c’était vraiment un œuf d’oiseau, trois pièces d’or, ce n’était pas cher du tout.
“Je te remercie. Prends ce petit panier avec toi, petite fille. L’œuf s’y glissera parfaitement.” Le cinquantenaire mit l’œuf avec le foin dans le petit panier qu’il venait de faire et le tendit à Amy.
“Remercie ce monsieur, Amy”, lui dit aussitôt Mag.
“Merci, Monsieur.” Amy prit joyeusement le panier et le porta avec ses deux mains. “Sois gentil, vilain petit canard. Je vais te faire éclore très prudemment”, murmura-t-elle.
“Avec plaisir.” Le vendeur agita la main en souriant. Puis il se tourna vers Mag et déclara: “J’ai une petite fille du même âge qu’elle et elle aussi aime élever des animaux. Mais elle a déjà deux singes, j’ai donc décidé de ne pas lui apporter cet œuf.”
”Je vois. Cette petite créature est partie pour élever un vilain petit canard d’ici quelques jours. J’espère qu’elle l’appréciera quand il naîtra.” Mag lui adressa un sourire amer mais quand il posa le regard sur Amy, ses yeux étaient remplis d’amour.
Ils quittèrent l’étal de l’herboriste. Mag voulait aider Amy à porter l’œuf mais elle refusa. Elle devait faire beaucoup d’efforts pour porter le panier devant Mag qui craignait qu’elle pût le laisser tomber.
Ils finirent par revenir au bout d’une demi-heure. Amy posa doucement le panier sur l’escalier devant la porte et soupira de soulagement. Elle se tourna vers Mag et dit sincèrement : “Père, merci d’avoir acheté cet œuf de canard pour moi. J’en prendrai grand soin.”
“Mais ce monsieur a dit que ce n’était peut-être pas un oeuf de vilain petit canard. Il pourrait appartenir à un autre oiseau”, dit Mag en souriant. Il sortit un mouchoir et essuya la sueur de son front.
Amy secoua la tête d’un air obstiné. “Non, je suis certaine que c’est un oeuf de vilain petit canard. Je vais le faire éclore et l’élever. Il deviendra un magnifique cygne, et… et…”
Et Mag la vit avaler sa salive.