***
Traductrice : Moonkissed
Auteur : Emperor Penguin
***
Une atmosphère tendue régnait dans l’air.
On pouvait voir la sueur couler sur le cou des gens.
Après s’être occupés des imposteurs, les Mercenaires du Roi Noir avaient fini par devenir les nouvelles escortes de Jin. Cependant, les escortes ne pouvaient s’empêcher de retenir leur souffle autour de leur client. Maintenant que les magiciens de Yuta étaient revenus par leurs propres moyens, les mercenaires étaient les seuls à devoir s’occuper du terrifiant enfant.
‘Quel genre de garçon de 10 ans agit-t-il de la sorte ?’
Le vice-capitaine du 3ème corps des mercenaires du Roi Noir s’était demandé, une question que tous ses hommes se posaient également.
Les Mercenaires du Roi Noir ! C’étaient des guerriers vétérans qui pouvaient renverser la situation sur le champ de bataille. Bains de sang, os brisés, peau brûlée ! Rien ne pouvait arrêter ces soldats meurtris par la guerre.
La vue de prisonniers impitoyablement torturés et assassinés était un événement quotidien pour ces hommes. Voir Jin ordonner à Gilly de tuer les faux Jérôme et Holtz de manière sanglante n’était rien de nouveau pour eux.
Néanmoins, ces mercenaires vicieux se méfiaient de Jin en raison de son âge.
Où auraient-ils pu trouver un enfant de 10 ans se comportant de la sorte avec leur assassin ? Même s’il était un Runcandel, il n’était qu’un enfant qui venait de quitter le Château de la Tempête pour entrer dans le monde.
En fait, leurs sens les avertissaient d’être extrêmement prudents avec Jin lorsqu’ils l’avaient vu donner des ordres à Gilly. Son discours et son comportement n’étaient pas ceux d’un enfant, sans parler de sa méthode d’élimination de l’assassin survivant.
Les mercenaires ne pouvaient voir en Jin qu’un suzerain des Runcandels, qui se trouvait être de petite taille.
« Nous ne devons pas faire la moindre erreur jusqu’à ce que nous l’escortions avec succès jusqu’à la porte de transfert. Tout comportement frivole ou superficiel est absolument interdit, vous comprenez ? »
« Oui, vice-capitaine Murka. »
Les mercenaires du Roi Noir, connus pour leur comportement brutal et rustre, se comportaient comme de dignes gentlemen. Ils se tenaient tous raides et nerveux, comme s’ils portaient des vêtements serrés et inconfortables.
Cependant, ils n’agissaient pas ainsi uniquement à cause de leur peur de l’enfant connu sous le nom de Jin Runcandel. Il y avait également un soupçon d’admiration et de fascination dans leurs yeux envers ce garçon dangereux.
« Jeune Maître. »
Alors que Jin chassait la neige en marchant, Gilly l’avait appelé. Elle arborait une expression et un ton calmes, mais le garçon avait capté un léger regard mélancolique qui avait duré un instant.
« Nous atteindrons le village dans environ deux heures. Une fois arrivés, il serait préférable d’attendre que les chutes de neige se calment avant de poursuivre notre voyage. »
« Faisons cela. »
Jin balaya la neige qui s’accumulait sur son épaule.
« Oh, Gilly ? »
« Oui, jeune maître ? »
« Ne t’inquiète pas de ce qui s’est passé. Ce n’était pas ta faute. »
Jin le croyait vraiment dans son cœur. Même Khan n’avait pas remarqué que Jérôme et Holtz étaient des imposteurs au Château de la Tempête, alors Gilly n’aurait jamais pu le savoir.
De plus, le fait que Jin connaissait mieux les règles des chevaliers gardiens que sa nounou n’était pas un problème non plus. En tout cas, Jin ne le pensait pas. Pourtant, Gilly s’attardait encore sur cet incident.
« Je m’excuse. »
Après avoir entendu sa réponse, Jin avait affiché un sourire amer en se remémorant certains souvenirs.
Gilly ne s’excusait jamais.
Elle n’avancerait jamais de justifications telles que ‘J’ai perdu la main après avoir passé dix années paisibles au Château de la Tempête’ ou ‘Je me sentais mal, ce qui a émoussé mes sens’.
‘Dans ma première vie… Gilly était la même, elle s’excusait toujours pour quelque chose qui n’était pas de sa faute. Je me sentais désolé pour elle. Tous les tourments qu’elle a dû endurer…’
Avant sa régression, la seule personne du clan qui se souciait inconditionnellement de Jin était Gilly. Lorsque Jin avait été banni, sa vie avait pris un tournant terrible et elle était devenue misérable. Néanmoins, Gilly n’avait jamais blâmé son jeune maître.
Même lorsque son aura 7 étoiles avait été scellée et qu’elle avait été expulsée du clan avec Jin, elle avait répété la même phrase qu’aujourd’hui.
« Je m’excuse ».
« Une fois que nous serons de retour à la maison principale, j’accepterai toute punition pour… »
« Assez. Je t’ai dit de ne pas t’inquiéter à ce sujet, n’est-ce pas ? C’est un ordre. »
Gilly avait baissé la tête.
« Je comprends. »
« Tu es peut-être ma nounou, mais tu es aussi mon seul chevalier gardien en ce moment. Si tu continues à ruminer une erreur mineure qui ne me dérange pas, tu ne pourras pas me protéger pleinement. J’espère que je n’aurai pas à me répéter. »
Jin ne voulait pas parler à Gilly d’une manière aussi autoritaire, mais c’était le seul moyen de la faire écouter.
Dans cette vie, c’était à lui de protéger sa nounou. Même si Jin devait parfois faire preuve de sang-froid, il devait s’assurer que la dure réalité n’écraserait pas son cœur gentil et chaleureux. C’était au tour du garçon de conduire sa nounou vers une vie meilleure.
« Vos désirs sont des ordres, jeune maître. »
Gilly avait répondu en se mordant la lèvre inférieure. Elle était consciente que le ton indifférent de Jin était dû à sa bonne volonté à son égard.
‘Pourquoi un jeune maître aussi brillant et intelligent a-t-il été coincé avec une nounou aussi lente et ennuyeuse que moi ? Je devrais reprendre mes esprits et m’assurer qu’aucun autre problème ne vienne déranger le jeune maître aujourd’hui.’
Devenir une personne digne du jeune maître !
Alors qu’elle s’en faisait la promesse, Gilly avait serré le poing et levé la tête. Soulagé par son visage résolu, Jin s’était mis à penser aux assassins.
Les faux Jérôme et Holtz.
Ils faisaient partie d’un groupe radical d’adeptes de Zipfel et s’étaient parfaitement déguisés, trompant tout le monde au château de la tempête.
Il était impossible de créer un déguisement aussi parfait avec de la magie. La “transformation” était un privilège spécial accordé uniquement aux dragons, et même avec ce pouvoir, il était impossible de répliquer et d’imiter parfaitement un autre individu.
Dans ce cas, comment les assassins avaient-ils pu recréer l’apparence des chevaliers sans aucune imperfection ?
Après avoir vérifié la mort des vrais Jérôme et Holtz, la maison principale de Runcandel avait immédiatement envoyé les Mercenaires du Roi Noir qui étaient en attente dans le Royaume de Mitel, et avait commencé à enquêter sur les identités des imposteurs.
Cependant, Jin ne s’attendait pas à ce qu’ils découvrent quoi que ce soit. Le monde entier grouillait d’adeptes du clan Zipfel. Les accuser et les exécuter tous serait impossible à réaliser, tant sur le plan pratique que politique.
De plus, révéler la tentative d’assassinat de Jin et organiser un mandat de recherche dans le monde entier serait défavorable aux Runcandels.
Par conséquent, les Runcandels allaient certainement faire comme d’habitude. Ils trouveraient un groupe aléatoire de partisans de Zipfel et les puniraient pour en faire un exemple et inspirer la peur aux autres.
Cependant, Jin savait déjà qui était le cerveau.
‘Bouvard Gaston’.
Techniquement parlant, il n’était pas le cerveau… mais le coupable derrière les excellents déguisements.
Selon les connaissances de Jin, Bouvard Gaston était la seule personne dans ce monde qui pouvait créer avec succès une “transformation parfaite”.
Au moment où Jin avait eu 20 ans, l’identité de Bouvard avait été révélée au monde entier. L’Empire du Vermont avait envoyé un groupe de forces spéciales afin de traquer le criminel inconnu à l’origine des “crimes de transformation”, et l’avait finalement capturé après une poursuite de 10 ans.
Jin se souvenait encore de la façon dont la nouvelle du criminel de transformation Bouvard s’était répandue dans le monde entier dans sa première vie.
Dans le futur, les gens viendraient à apprendre sur Bouvard. Cependant, Jin était la seule personne à le connaître dans sa vie actuelle.
‘Ses transformations parfaites seraient très utiles à avoir. Si je gagne Bouvard et que j’utilise ses compétences…’
Mais Jin avait secoué la tête.
C’est un fou furieux. Lorsque Bouvard était emprisonné dans le Vermont, il n’arrêtait pas de proclamer qu’il était un artiste et non un criminel. Le mieux serait de se débarrasser de lui. À ce stade, il a déjà levé sa lame contre moi.
Bouvard était une existence qui ne faisait que créer le chaos dans le monde. Le chaos pour le plaisir du chaos. C’était son inspiration et son “style de l’art”.
Maintenant qu’il s’était souvenu de tout ce qui était terrible sur ce fou, Jin commençait à avoir mal à la tête.
Heureusement, Jin n’avait pas besoin de passer des années à chercher Bouvard. Il savait déjà que Bouvard se faisait passer pour un citoyen ordinaire, et se souvenait de l’emplacement de “l’atelier fragmenté” que l’artiste gérait.
« Nous allons bientôt arriver. Si vous avez besoin de quoi que ce soit, n’hésitez pas à en parler à mes subordonnés. »
Dès qu’un des accompagnateurs de Jin lui avait parlé, le soleil du matin avait commencé à se lever.
Jin prit un repas simple composé de soupe et d’œufs à l’auberge, avant de se reposer dans sa chambre. Bien qu’il ait entraîné sa magie, ses arts spirituels et ses arts martiaux au Château de la Tempête, marcher sous de fortes chutes de neige pendant plusieurs heures restait une tâche épuisante pour un corps d’enfant.
***
« Miaou. »
« Miaou. »
« Miaou ! »
2 novembre 1790. 15 HEURES.
Les fortes chutes de neige durèrent jusqu’à midi, mais disparurent complètement peu après, comme si elles n’avaient jamais existé. Maintenant, un certain chat noir miaulait.
Le chat était devant la fenêtre du 3ème étage d’une auberge. À l’intérieur, il pouvait voir un certain garçon dormir tranquillement sur le lit.
L’adorable petit félin avait levé sa patte avant et a commencé à taper sur la fenêtre. Il n’avait pas l’air différent d’un chat ordinaire et joyeux.
« Mmm. »
Maintenant réveillé, Jin s’était assis et s’était frotté les yeux. Après avoir dormi pendant plusieurs heures, son corps était aussi léger qu’une plume.
« Miaou ! Miaou ! »
Remarquant le changement, le chat grattait maintenant violemment la vitre avec ses deux pattes avant, comme s’il voulait désespérément entrer à l’intérieur.
Pffft.
En voyant le comportement du chat, un petit ricanement s’était échappé de la bouche du garçon. Qui aurait pu imaginer que ce chat ultra-adorable était en fait le Grand Dragon Noir Murakan ?
‘Mince… il est si mignon. Je devrais le taquiner un peu ?’
L’espièglerie de Jin s’était activée. Il feignit l’ignorance et attrapa la tasse d’eau chaude à côté de son lit, quand soudain…
Hissss ! Hiiissssss !
Murakan commençait à s’impatienter et à s’irriter. Jin se rendit compte que s’il continuait, ce serait bientôt une corvée de pacifier le chat en colère. Il arrêta alors sa raillerie et ouvrit la fenêtre.
« J-J’ai compris. J’ai compris. Je ne faisais que plaisanter, pas besoin de s’énerver comme ça… »
Pouf !
Murakan s’était instantanément retransformé en humain et avait fait une chute la tête première sur le sol.
WhaBAM !
Un bruit lourd secoua la pièce, et la nourrice — qui était en attente à côté de la porte — se précipita immédiatement à l’intérieur.
« Jeune Maître ! »
Clang !
Dès que l’humain inconnu sur le sol entra dans sa vision, elle sortit rapidement sa griffe. Elle était déjà recouverte d’une couche de bleu abyssal, prête à engager l’ennemi.
‘On a merdé. Mon Dieu, pourquoi…’
C’était fini. Une situation inattendue avait complètement déjoué ses plans, et l’avait mis entre le marteau et l’enclume…
Avant que Jin et Murakan ne puissent prononcer le moindre mot, Gilly s’élança vers l’homme allongé sur le sol et appuya sa griffe contre sa nuque.
« Qui t’a envoyé ? Parle avant que je ne te mette en pièces et ne te découpe en mille morceaux… ! »
Elle avait cru à tort que Murakan était un assassin. Il n’y avait pas une seule once d’hésitation dans son esprit.
Alors qu’il restait bouche bée, Jin pouvait sentir quelque chose s’échapper lentement de sa bouche. C’était très probablement son âme et son espoir pour l’avenir…
« G-Gilly. »
« S’il vous plaît, restez en arrière, jeune maître ! C’est un assassin extrêmement doué. Dire qu’il s’est faufilé dans votre chambre sans la moindre trace de sa présence… ! »
Il n’était pas surprenant que Gilly n’ait pas senti la présence de Murakan bien qu’elle ait monté la garde devant la chambre pendant toute la durée du sommeil de Jin. Parce qu’il y a quelques instants, Murakan était… simplement un petit chat.
En un instant, Jin avait trouvé des dizaines d’excuses qu’il pourrait utiliser pour faire face à cette situation imprévue de manière pacifique.
…Aucune d’entre elles n’étaient de bonnes excuses.
‘C’est impossible. Il n’y a aucun moyen de gérer cette situation sans lui dire la vérité.’
Soupir !
Jin prit une profonde inspiration avant d’ouvrir la bouche.
« Gilly, cet homme n’est pas un assassin. Rentre ta griffe. »
Les yeux de la nounou s’ouvrirent en grand. Elle se leva alors rapidement et fit quelques pas en arrière. Murakan, qui avait le bras tordu en arrière il y a encore quelques instants, toussait maintenant et se tordait sur le sol.
« Jeune Maître, qui est… »
« Une fois que tu te seras excusé correctement, salue-le avec respect. C’est le gardien du clan, le Dragon Noir Murakan. »
Gilly n’en croyait pas ses oreilles.
Cet homme pathétique à l’air minable, qui grognait encore sur le sol, était le Grand Dragon Noir Murakan ? Cet homme, qui agonisait encore à cause de cette petite torsion du bras, était le gardien du clan ?
La raison pour laquelle Murakan souffrait autant n’était pas due à la force écrasante de Gilly, mais aux effets secondaires de sa transformation. Mais il n’y avait aucun moyen pour Gilly de le savoir. En fait, même Jin n’avait pas été informé de ces effets secondaires.
Après avoir observé l’expression de Jin, Gilly avait obéi docilement à son ordre.
« En tant que membre inférieur du clan Runcandel, j’ai fait preuve d’un grand manque de respect envers le gardien du clan. S’il vous plaît, ayez pitié de moi. »
« Urghhhh… »
Murakan s’était retourné et avait fixé Gilly d’un regard vide.
« Je te pardonne… ma tarte aux fraises. »
Une tarte aux fraises !
Dès qu’elle avait entendu ces mots, Gilly avait enfin compris la vérité.
La raison pour laquelle Jin avait toujours envie de tartes aux fraises. La raison pour laquelle il descendait toujours dans le terrier situé dans le jardin du château de la Tempête, et pourquoi il emportait toujours ces tartes avec lui.
Elle n’avait pas de preuve définitive, mais son intuition était déjà arrivée à une conclusion.
Whoooosh… !
Une rafale de vent froid souffla de la fenêtre. Dans l’air calme de l’hiver, les trois individus n’échangeaient que des regards gênés et des fixations.
« Gilly. »
« Oui… Jeune Maître. »
« Je vais te dire toute la vérité, alors peux-tu fermer la porte ? »
Grincement.
Une fois l’acte accompli, Jin commença à raconter et à expliquer ses dernières années passées au Château de la Tempête. Bien qu’il n’ait pas mentionné sa régression, il lui avait parlé de sa transcription des tomes secrets et de son statut de contracteur de Solderet.
Étonnamment, Gilly était restée calme et posée pendant le récit de Jin. Elle acquiesça cependant intensément pendant tout ce temps.
« Alors maintenant, tu es aussi complice. Je ne peux pas encore informer le clan du réveil de Murakan, ni de mon lien avec lui. »
« Je serai sous ta responsabilité à partir de maintenant, Tarte aux fraises. »
C’est à ce moment que le groupe informel de trois Runcandels — composé d’une nourrice, d’un enfant et d’un dragon — s’était formé.
____
N’hésitez pas à laisser vos impressions en commentaires et laisser une réaction pour que je sache si l’histoire vous plaît.
____