Le Maître des Secrets | Lord of the Mysteries | 诡秘之主
A+ a-
Chapitre 164 – Dîner chez Capim
Chapitre 163 – Monsieur Harras Menu Chapitre 165 – Que le spectacle commence !

Vol 2 : L’Homme Sans Visage / Chapitre 164 – Dîner chez Capim

Posant son stylo plume rouge sombre, Klein prit le morceau de papier sur lequel il avait noté la déclaration divinatoire et se laissa aller contre le dossier de sa chaise en répétant : Heure du dîner chez Capim aujourd’hui.

Alors que sa voix résonnait dans cet univers désert, ses yeux s’assombrirent et très vite, ses paupières s’affaissèrent.

Dans son rêve fragmenté, il vit une salle à manger spacieuse et élégante où trônaient des couverts en porcelaine dorée, du caviar, du poulet rôti, du ragoût d’agneau, de l’entrecôte frite, du poisson Os de Dragon, une soupe épaisse et crémeuse, etc.

Les plats étaient placés dans un certain ordre et selon les demandes spécifiques devant les convives, parmi lesquels Capim, Harras avec sa capuche blanche, Katy vêtue d’un fin chemisier et Parker, dont le visage n’avait rien d’intimidant en raison de son âge avancé.

Du bout de la table, on pouvait voir une fenêtre ornée de superbes décorations. Au dehors, la lune cramoisie qui perçait à travers les nuages clairsemés, était légèrement perceptible.

Klein ouvrit les yeux et nota la position de la lune. Puis, aidé de ses connaissances en astromancie, il calcula l’heure approximative.

Il semblerait qu’il soit entre 19h30 et 19h45… D’après ce que j’ai pu voir, Capim et ses invités en sont déjà à plus de la moitié de leur repas. Je peux donc reculer l’heure de quinze minutes. Restons sur 19h30… murmura Klein pour lui-même.

Dîner à 19h30 n’était pas chose rare. C’était même une pratique courante au Royaume de Loen et même sur le Continent Nord. Bon nombre de gens, en effet – soit en raison de leur situation personnelle, soit pour une question de faible loyer – vivaient en banlieue et devaient prendre le train pour se rendre au travail. Lorsqu’ils rentraient chez eux, il était généralement plus de 19h.

Klein avait vécu la même chose à Tingen, mais c’était parce qu’il n’avait ni épouse, ni domestique. Une fois les trois frères et sœurs rentrés chez eux, il leur fallait encore s’affairer un certain temps avant de pouvoir déguster un plat chaud.

C’est pourquoi les gens du peuple et les pauvres dînaient souvent entre 19h30 et 20h.

Et parce que dîner était fort éloigné du déjeuner, le thé de l’après-midi, autrefois réservé aux citoyens de la classe supérieure, était devenu populaire au sein de la classe moyenne et du peuple.

Son interprétation terminée, Klein se remémora la révélation qu’il venait de recevoir et une question lui traversa l’esprit : Où sont la femme et les enfants de Capim ?

Je ne les ai pas vus dans la salle à manger… Capim serait-il un de ces disciple extrémistes du Seigneur des Tempêtes chez lesquels femme et enfants doivent prendre leurs repas dans la salle d’activités ? Ou y a-t-il une autre raison ? Serait-il célibataire et sans enfants ? Il a déjà atteint un âge moyen…

Klein tenta une séance de divination à ce sujet mais ne recevant aucune révélation conséquente, il renonça.

19h30 répéta-t-il avant de retourner dans le monde réel.

Le soir venu, Capim qui, même chez lui, portait un nœud papillon habillé, plissa les yeux et, regardant ses subordonnés, demanda d’une voix lente mais glaciale :

– « Fabian est mort ? »

– « Oui patron. »

Même s’il travaillait avec Capim depuis de nombreuses années, l’homme ressentait toujours de la crainte et de l’horreur.

– « Appelle-moi Monsieur, Odysseus. Monsieur. Dans quelques années, tu m’appelleras Sir Capim », dit le maître des lieux en desserrant son nœud papillon. « Quand et comment Fabian est-il mort ? » s’enquit-il en tripotant négligemment un gros cigare.

– « Cet après-midi. Je l’avais envoyé faire quelque chose dans le Quartier Est. Il s’est retrouvé pris dans un conflit avec le gang Zmanger et a été poignardé dans le cou… », expliqua Odysseus d’une voix tremblante.

Capim, qui grillait son cigare, commenta d’un ton imperturbable :

– « Fabian est vraiment un imbécile. Cela dit, le gang Zmanger est-il stupide au point d’ignorer qu’il travaillait pour moi ? »

– « Comme vous le savez, Monsieur, il est fréquent que les Highlanders, lorsqu’ils arrivent dans le Quartier Est, rejoignent le gang Zmanger. Ce sont des barbares, des téméraires qui se moquent de savoir qui est qui », expliqua brièvement Odysseus.

Capim eut un ricanement.

– « Auraient-ils oublié que nous ne sommes pas dans les hautes terres ? À moins qu’ils n’aient oublié qui je suis ?

« Odysseus, je veux le corps du chef du gang Zmanger de ce quartier. Peux-tu t’en charger ? Si tu en es incapable, je te ferai noyer avec ta femme et ton enfant dans la rivière Tussock. »

– « Pas de problème, Monsieur ! », répondit le subalterne d’une voix forte avant de baisser le ton : « Qui puis-je mobiliser ? »

Capim était sur le point de répondre lorsque soudain, la porte s’ouvrit et Harras, l’homme d’âge moyen à la perruque blanche, entra.

Il a jeté un regard froid à Odysseus et se tourna vers Capim.

– « J’ai entendu dire qu’un de vos subordonnés s’était battu avec un gang du Quartier Est et qu’il était mort ? »

Capim se leva, cigare à la main :

– « Oui, M. Harras. »

Harras a regardé Capim dans les yeux :

– « Vous comptez vous venger ? »

Le front de Capim se couvrit de sueur :

– « En aucune façon. Vous vous méprenez M. Harras. »

L’homme hocha légèrement la tête :

« N’oubliez pas que durant cette période critique, nous devons faire l’impossible pour ne pas causer de problèmes, sauf si c’est nécessaire. » Il marqua une courte pause et observa la réaction de son interlocuteur. « Vous n’êtes pas le seul trafiquant d’êtres humains à Backlund. Si nous pouvons vous soutenir, nous pouvons faire de même pour d’autres, ne l’oubliez pas. 

« Si je vous ai choisi, c’est parce que vous étiez plutôt vicieux et sans vergogne, mais extrêmement prudent. Et non pas parce que vous étiez le plus grand trafiquant d’êtres humains. »

Debout sur le côté, Odysseus écoutait la conversation. Il aurait souhaité n’être qu’une masse d’air, ce qui lui aurait évité de constater à quel point son patron était humble.

Sans trace de colère sur le visage, Capim sourit :

– « Mon principal souci, M. Harras, est que la mort de Fabian pourrait perturber vos plans. »

– « Non, sa mort n’a pas eu de répercussions pour moi », répondit Harras.

– « Je vois… » Capim fit mine de comprendre : « Dans ce cas, je suis soulagé. »

Il regarda Odysseus et lui fit signe de les laisser seuls. Puis, baissant la voix, il reprit : « M. Harras, vous allez aimer la marchandise que je viens d’acquérir. »

Voyant l’expression de l’homme s’adoucir sans qu’il ne montrât aucun signe d’émotion, Capim s’empressa d’ajouter : « Nous avons déjà rassemblé ceux qui doivent être envoyés là-bas. »

Harras hocha lentement la tête.

– « Faites-la venir dans ma chambre ce soir. »

– « Entendu M. Harras ! », répondit Capim avec un grand sourire.

Son interlocuteur parti, le visage de ce dernier s’assombrit. Il prit une profonde inspiration et murmura : J’espère que cette fois, vous tiendrez votre promesse… Je ne veux plus être impliqué dans ce genre de chose !

Il se souvenait clairement de cette année-là où, durant la Fête des Moissons, quelqu’un était venu le trouver dans l’espoir de se procurer un lot de jeunes filles innocentes.

À partir de ce jour, la trajectoire de sa vie avait radicalement changé. Il représentait un cinquième de la part de marché du commerce illégal d’esclaves.

Devenu en un rien de temps l’un des magnats les plus célèbres de Backlund, il avait rencontré de nombreuses personnalités qu’il entraînait dans les abysses de la dépravation.

En cet instant, il aurait désespérément voulu couvrir ses fautes passées, faire subir à “Capim” une catharsis qui lui permettrait de devenir un véritable membre de la classe supérieure. Mais pour l’instant, il en était incapable.

Jetant un coup d’œil au cigare qu’il tenait à la main, il prit un cadre photo qui le représentait accompagné d’une jolie femme et de deux enfants, en frotta la surface avec son pouce et murmura en fronçant les sourcils : Ce contrat terminé, tu devrais pouvoir revenir…

L’heure du dîner ayant sonné, Capim sortit de son bureau, un sourire chaleureux sur le visage.

– « Madame Katy, voici votre caviar préféré et un poulet rôti spécialement préparé pour vous ce soir », dit-il à la femme au fin chemisier.

Katy effleura du doigt la vieille cicatrice qu’elle portait au visage et acquiesça sans un mot.

Capim, qui savait qu’elle était silencieuse et farouche, n’insista pas. Il la regarda prendre place.

Harras fit alors son entrée dans la salle à manger et salua d’un léger signe de tête chacun des convives.

Le vieux Parker but une gorgée du vin qu’il avait pris en apéritif, sourit et fit signe à Capim de s’asseoir.

Les serviettes blanches se déplièrent et les plats furent servi un par un. Capim leva son verre et eut un petit rire :

– « Saint Seigneur des Tempêtes, portons un toast à un bel avenir. »

– « À un bel avenir », répondit Parker.

Harras se contenta d’un geste de son verre. Quant à Katy, elle les ignorait totalement.

L’horloge murale classique indiquait alors 7 h 23.

Dans un hôtel bon marché du quartier du Pont de Backlund…

Klein, qui s’était déguisé, consulta sa montre à gousset en or, puis il prit de la poudre de Nuit Sacrée et scella la pièce d’un mur d’énergie spirituelle.

Cela fait, il dressa rapidement un autel et procéda à un rituel.

« Moi !

« J’invoque en mon nom :

« Le Fou qui n’appartient pas à cette époque, le Mystérieux Souverain élevé au-dessus du brouillard gris, le Roi du Jaune et du Noir qui confère la chance. »

Le rituel terminé, Klein fit quatre pas dans le sens inverse des aiguilles d’une montre et se transporta au-dessus du brouillard, prêt à se répondre à lui-même.

Arrivé dans l’imposant et solennel palais, il vit la Porte d’Invocation, condensée par une lumière ondulante, sous la forme de deux portes immatérielles couvertes de symboles mystérieux et qui s’ouvraient vers l’extérieur.

Klein prit d’abord la Broche du Soleil et d’autres objets occultes qu’il absorba dans son Corps Spirituel conformément à son plan. Enfin, il prit avec lui la carte Empereur Noir et l’enveloppa de son entité spirituelle.

Tout à coup, il eut l’impression que celle-ci prenait de la densité, devenait un corps de chair et de sang et qu’il était capable de soulever un fusil, de déplacer une table et une chaise !

Une brume sombre et éthérée s’éleva autour de lui et vint former une imposante armure autour de son corps.

Il portait une couronne noire sur la tête et sur son dos flottait une longue cape de la même couleur.

On aurait dit un empereur sur le point d’embarquer pour un voyage.

L’Empereur Noir.

Il examina les balles purificatrices et le revolver qu’il n’avait pas apporté avec lui, puis fit un pas en avant et pénétra par l’ouverture de la porte immatérielle.

Sautant de la lueur des bougies, il prit aussitôt son envol, sous le couvert de la nuit, vers la villa de Capim située rue Iris dans le Quartier de Cherwood.

En un rien de temps, il se retrouva flottant devant la fontaine artificielle et il s’approcha tranquillement de l’entrée de la villa. Les gardes qui patrouillaient passèrent près de lui sans même réagir. La nuit n’étant pas très avancée, aucun Transcendant ne montait la garde à l’extérieur.

Par ailleurs, Klein n’avait pas à craindre que les puissants Transcendants présents à l’intérieur ne le remarquent ni n’aient de prémonition.

La carte de l’Empereur Noir, en effet, possédait des propriétés anti-divination et anti-prophétie !

🏆 Top tipeurs
  • 🥇1. Meifumado
  • 🥈2. matsu 1
🎗 Tipeurs récents
  • matsu 1
  • Meifumado


Rejoignez-nous et devenez correcteur de Chireads Discord []~( ̄▽ ̄)~*
Chapitre 163 – Monsieur Harras Menu Chapitre 165 – Que le spectacle commence !