Auteur : Entrail_Jl
Traductrice : Moonkissed
Les nouvelles des exploits de Julien à Haven ont rapidement atteint la maison des Evenus près de Westernborn, l’une des deux régions sous la direction de la baronnie des Evenus.
« … Cela n’a pas de sens. » murmura Aldric M. Evenus en regardant les dossiers devant lui.
Cela faisait un moment qu’il n’avait pas entendu la nouvelle de son fils devenant l’Étoile Noire, et même maintenant, il avait du mal à y croire.
Était-ce vraiment son fils… ?
Bien qu’il ne soit pas incompétent, il n’était pas si compétent que ça.
Et en lisant le nouveau rapport, ses sourcils se froncèrent davantage.
« Ça ne colle pas. »
Si Leon n’avait pas dit personnellement que c’était Julien, il aurait cru que quelque chose n’allait pas chez Julien.
Toc Toc…
Une silhouette entra après avoir frappé. C’était un jeune homme aux cheveux bruns et aux yeux noisette. Son expression était nette et son visage parfaitement symétrique. Il était bel homme, de toute évidence.
« Père. »
Il s’adressa poliment à son père en entrant.
« … Linus. »
« Oui. »
Linus baissa la tête en signe d’acquiescement. Il était le deuxième fils de la famille Evenus et le suivant dans l’ordre de succession.
Contrairement à Julien, il avait un tempérament plus chaleureux et semblait plus accessible.
« As-tu remarqué quelque chose d’étrange chez ton frère avant qu’il ne parte pour l’institut ? »
« … Hein ? Mon frère ? Il s’est passé quelque chose ? »
« Regarde ça. »
Aldric fit glisser les papiers sur son bureau. Bien que confus, Linus se dirigea vers le bureau et examina les papiers.
« Ceci… »
Peu à peu, son expression se tendit. Il posa le papier et leva les yeux.
« … Est-ce vrai ? »
« Oui. »
Aldric hocha la tête.
« Je ne te l’ai pas encore dit parce que j’avais du mal à y croire moi-même. Leon a tout confirmé. »
« Ah, vraiment… »
Linus jeta un coup d’œil aux documents avant d’acquiescer.
« Si Leon l’a dit, alors il n’y a pas de quoi s’inquiéter. »
Son expression semblait sincère. Avec un soupir, Aldric tambourina des doigts sur le bureau en bois. Puis, alors qu’il levait les yeux nonchalamment vers Linus qui regardait les documents avec une intensité étrange, il fit un geste de la main.
« Tu peux partir. »
« Hein ? Maintenant ? »
Linus sembla surpris par ce renvoi soudain.
Aldric ne leva pas les yeux et s’assit sur sa chaise.
« Je voulais juste vérifier. Puisque nous sommes d’accord, j’attendrai le retour de Julien après les partiels pour confirmer. »
« Ah… je vois. »
Bien que réticent, Linus ne discuta pas et hocha la tête en signe de compréhension. Puis, après une courte révérence, il quitta la pièce.
Clank !
Un grand couloir s’offrit au regard de Linus en sortant. Il était large mais vide.
Tak. Tak.
Le bruit de ses pas résonna rythmiquement alors qu’il se dirigeait calmement vers sa chambre située au deuxième étage du domaine Evenus.
En entrant dans sa chambre, il ferma la porte derrière lui et se dirigea vers son bureau où il se servit un verre.
Glou.
La brûlure persistait dans sa gorge alors qu’il savourait sa boisson.
Le verre se vida et la douleur au fond de sa gorge s’atténua, rafraîchissant sa tête par la même occasion. Prenant une profonde inspiration, il s’assit sur son canapé en marmonnant un nom.
« … Julien. »
C’était le nom de son frère aîné.
Il serra plus fort le verre et son expression se déforma.
« As-tu enfin décidé de révéler ton vrai visage… ? »
Une image lui traversa l’esprit.
Celle d’un individu en particulier. Le regard froid qu’il lui avait jeté alors que sa maison brûlait et que tous ceux qui comptaient pour lui mouraient.
« Putain de salaud… »
Il cracha doucement entre ses dents tout en serrant plus fort le verre.
Les autres ne le savent peut-être pas, mais lui le savait.
Ses cauchemars le lui avaient dit…
Julien.
Son frère.
C’était un monstre qui attendait de détruire tout ce qu’ils avaient.
***
Il n’y avait pas grand-chose que je pouvais faire maintenant que j’étais blessé. L’entraînement était apparemment hors de question, mais je refusais de croire qu’il n’y avait aucun moyen pour moi de m’entraîner sans l’aide de mon corps.
C’était pourquoi j’étais maintenant de retour à la bibliothèque.
« Qu’est-ce que c’est que ces bêtises… »
J’avais encore beaucoup de questions concernant les sections en français et la façon dont les livres étaient disposés ici. Je supposais que ce monde était un jeu. Il ne serait pas étrange qu’il y ait du français dans ce monde si c’était la raison pour laquelle le français était présent.
Cependant…
‘Et si ce monde n’était pas un jeu… ?’
Peut-être était-ce parce que tout semblait si réel, mais il y avait quelque chose qui me tracassait dans mon esprit. Et si… ? Et si… ?
« Haa… »
L’idée me faisait mal à la tête.
C’étaient des pensées folles, mais mon esprit ne pouvait s’empêcher de s’y attarder à l’occasion. Malheureusement, il y avait aussi quelque chose qui devenait plus clair pour moi à mesure que j’avais ces pensées.
Et c’était que…
« J’en sais encore trop peu. »
La dimension miroir, cet Empire, les autres Empires et son histoire. Si je ne pouvais pas m’entraîner avec mon corps, alors il n’y avait aucune raison pour que je perde mon temps à ne rien faire d’autre qu’apprendre.
‘Je pourrais bien trouver les réponses que je cherchais ici… Et aussi un moyen de m’entraîner sans forcer mon corps.’
C’était exactement ce que je faisais.
« Voyons voir… »
Je regardai autour de moi, scrutant tous les livres soigneusement alignés sur les étagères. De la théorie de la magie à l’histoire, je pris livre après livre.
Il y avait aussi plusieurs livres intéressants de la section française que je pris.
Une fois que j’eus terminé, j’avais rassemblé plus d’une douzaine de livres.
« … »
Parvenant à trouver un endroit très isolé de la bibliothèque, je posai les livres et m’assis sur la chaise.
Boum.
Les livres étaient assez épais et ils étaient nombreux, mais…
« Je dois le faire. »
La connaissance était importante.
Même si j’étais réticent à le faire, je n’avais pas d’autre choix.
Et avec de telles pensées, je commençai à ouvrir le premier livre.
« Oh, d’accord… »
Mais juste au moment où je le faisais, je me souvins de quelque chose et sortis une paire de lunettes de ma poche. C’était quelque chose que le médecin m’avait donné.
Les dommages subis par mes yeux étaient assez graves.
Au point où je n’avais d’autre choix que de porter des lunettes chaque fois que je devais lire.
« Comme c’est étrange… »
Elles étaient bizarres, et je me suis retrouvé à plisser les yeux à plusieurs reprises. Je ne savais pas si j’arriverais un jour à m’y habituer, mais comme c’était temporaire, j’ai ignoré l’inconfort et j’ai commencé à lire.
J’avais connu pire.
Flip…
***
Il y avait certaines choses qu’Aoife gardait secrètes. Presque personne ne savait cela à son sujet, et elle n’avait jamais prévu que quelqu’un le découvre.
Et c’était…
« Ba dum ~ Ta tum ~ Lalala ~ »
Elle aimait chanter quand il n’y avait personne autour d’elle.
« Ba dum ~ Ta tum ~ »
Elle était comme ça quand elle n’avait pas à prétendre être parfaite. Les défauts n’étaient pas quelque chose que la famille Megrail acceptait. Du moins, pas en apparence.
« Ba dam~ »
Ses pieds s’arrêtèrent et son regard se posa sur les rangées de livres devant elle.
Elle se trouvait actuellement à la bibliothèque.
Ce n’était peut-être que la deuxième semaine de l’institut, mais pour une étudiante brillante comme elle, travailler en dehors des cours était extrêmement important.
Comment pourrait-elle devenir l’Étoile Noire autrement ?
Depuis son entrée à l’institut, son objectif avait toujours été de ravir le poste à Julien. Elle était d’origine royale, et le fait de ne pas être première, malgré tous ses avantages, la poussait à travailler plus dur.
Elle pouvait accepter qu’il y ait des gens plus talentueux qu’elle.
Ce qu’elle ne pouvait pas accepter, c’était de perdre face à eux alors qu’elle avait des avantages si évidents. Cela lui donnait un goût amer dans la bouche.
Comme si le monde lui disait qu’elle n’en faisait pas assez.
Qu’elle… n’était pas à la hauteur.
« Mhmmm~ »
Il y avait aussi autre chose qu’elle aimait vraiment à la bibliothèque.
C’était qu’il n’y avait presque personne.
Elle pouvait chanter librement sans aucun problème. Enfin, à un niveau modéré. Il y avait une chance qu’un cadet se cache quelque part, mais elle pouvait simplement le faire taire si nécessaire.
« … »
Elle balaya du regard les étagères.
[Théorie de la magie]
[Théorie du combat]
[Français]
Elle collectionnait toutes sortes de livres. Elle suivait de nombreux cours, et il était donc important qu’elle se tienne au courant de tous.
Aoife alla même jusqu’à prendre des livres pour les cours qui seraient dispensés à partir du semestre suivant.
Elle était si dévouée.
« Hmm~ »
La pile commençait lentement à s’élever. Un livre, deux livres, trois livres…
Peu importait le nombre de livres qu’elle avait. Contrairement aux autres cadets, elle pouvait en emprunter autant qu’elle le voulait.
Après tout, le vice-chancelier était son cousin.
« Ta da~ »
Tout se passait bien.
Aoife n’avait jamais été d’aussi bonne humeur. À tel point qu’elle se surprit même à sautiller en dansant légèrement.
To ! To !
Mais tout s’arrêta à un certain moment.
« … »
Ses pas s’arrêtèrent et son expression se figea.
Un visage qu’elle ne voulait pas voir. Il portait une paire de lunettes à monture sombre qu’elle ne connaissait pas. Étrangement, associées à son blazer et son gilet sombres, elles lui allaient bien. Ses yeux noisette sous les lunettes avaient un charme particulier, qui incitait à les regarder.
Devant elle se tenait la dernière personne qu’elle voulait voir.
« … »
Sa bouche s’ouvrit, mais aucun mot ne sortit.
Les secondes passèrent, et tout ce qu’elle put faire fut d’ouvrir la bouche comme une idiote, essayant de trouver une excuse, quelque chose… pour justifier ses actions… pour… pour… mais…
« … »
Rien.
Son esprit était vide.
Flip..
Ses pensées furent perturbées par le bruit d’une page singulière qui était tournée. Lorsqu’elle leva les yeux, elle vit Julien regarder son livre avec son expression indifférente habituelle.
C’était comme si ses singeries ne le dérangeaient pas du tout.
« Huu… »
Aoife ne savait pas pourquoi, mais elle se sentit soupirer de soulagement à cette pensée.
‘Peut-être qu’il n’a pas vu…’
Oui, ça pouvait être ça.
Il n’avait pas dû le voir.
Pincant les lèvres, elle se retourna et se prépara à repartir, quand…
« Chanter… »
« … ! »
La voix froide de Julien parvint à ses oreilles, la faisant tressaillir involontairement.
« … Fais-le ailleurs la prochaine fois. J’ai failli perdre la vue. Je ne compte pas perdre l’ouïe. »