– « L’épouser ? »
Le visage entier de Zhang Xuan convulsa en diverses grimaces. Il recula d’un pas, horrifié. C’était trop d’informations d’un coup pour lui !
Hey ! Il ne faut pas plaisanter avec ça !
Mon cœur n’est pas capable de supporter ce genre de choses !
Pour lui rendre honneur, Bai Ruanqing était une très belle femme. Ses longues jambes fines attiraient tous les regards, remplissant l’esprit des pervers de fantasmes inavouables.
Mais il avait déjà une petite amie ! Sans oublier qu’il y avait de nombreuses rumeurs selon lesquelles Bai Ruanqing était une diablesse qui frappait les autres quand les choses ne se passaient pas comme elle le voulait.
Même les hommes les plus coriaces ne pourraient pas tenir en ménage !
Bref, il ne pensait pas avoir une facette aussi masochiste en lui.
– « Quelque chose ne va pas ? » Remarquant son air effrayé, Bai Ruanqing revint de son délire et se tourna vers lui, intriguée.
J’ai seulement dit que j’allais certainement épouser Discret . Pourquoi se comporte-t-il ainsi ?
– « Ah, ce n’est rien, » dit-il rapidement en essuyant la sueur de son front. Il décida d’emporter son identité de Discret dans la tombe.
Bai Ruanqing le fixa étrangement pendant un moment avant de reporter son attention sur Liu Lujie et Wang Jiandong.
– « Grand-père Feng m’a expliqué quelques aspects du maniement de l’épée de Discret. Il a dit… »
En entendant son explication, les deux hommes écarquillèrent leurs yeux, éclairés.
De son côté, Zhang Xuan se retrouva, retenant des haut-le-cœur dès les premières phrases. Il préféra débrancher ses tympans.
Cela le peinait vraiment de voir son art être déformé en quelque chose d’aussi inconvenant. S’il continuait à écouter, il pourrait bien devenir lui-même une diablesse !
Si sa cultivation n’avait pas été si basse, il se serait précipité vers le cercueil du fondateur du Pavilion de l’Épée du Nuage Ascendant pour savoir comment il avait pu laisser son héritage finir par devenir aussi lamentable.
Je devrais vraiment trouver une occasion de les guider, pensa le Maître Enseignant.
…
Un peu plus tard, Bai Ruanqing acheva d’enseigner ses deux Cadets. Avec un sourire satisfait au visage, elle fit signe à Zhang Xuan de monter sur le dos de sa bête aérienne.
Le sommet où vivaient les disciples principaux n’était pas loin. Néanmoins, il était bien plus imposant que le pic des disciples interne. Le haut de la montagne était complètement dissimulé au milieu des nuages, donnant le sentiment d’être un lieu utopique séparé de ce monde.
Zhang Xuan pouvait clairement sentir que l’énergie spirituelle dans ce secteur était beaucoup plus concentrée que dans le précédent, permettant d’y cultiver beaucoup plus rapidement.
– « La bibliothèque est juste devant. Voici mon jeton d’identité. Vous devriez pouvoir entrer dans les locaux en l’utilisant. Je viendrai vous chercher dans six heures, » affirma-t-elle alors que sa monture atterrissait devant une tour majestueuse.
Fidèle à sa réputation de diablesse, elle admirait ceux qui lisaient énormément tout en étant incapable de trouver la patience de faire de même. Au lieu de s’ennuyer à la bibliothèque, mieux valait à ses yeux apporter le remède à son grand-père pour lui épargner plus de souffrances.
– « Vous avez toute ma gratitude ! » répondit-il respectueusement.
Il était également préférable pour lui de ne pas être suivi par Bai Ruanqing. Après tout, il avait une façon de lire assez inhabituelle.
Comme pour la bibliothèque des disciples internes, il fut autorisé à entrer après avoir montré le jeton et payé quelques Pièces du Pavillon de l’Épée.
Pour entrer dans la bibliothèque des disciples internes, il fallait débourser deux Pièces par heure, mais là le prix était dix fois plus élevé ici. Chaque heure coûtait vingt Pièces !
Heureusement, l’argent n’était plus un problème pour lui. Il paya directement 120 Pièces du Pavillon de l’Épée.
Les techniques de cultivation et les manuels d’escrime auxquels les disciples principaux avaient accès étaient beaucoup plus profonds que ceux pour les disciples internes. Il y avait beaucoup de manuels de techniques de cultivation du royaume du Pseudo Immortel.
Les yeux brillants, il balaya tous les livres du regard et les copia dans la Bibliothèque de la Voie Céleste.
Avec l’argent qu’il avait accumulé et ces manuels, il pourrait facilement progresser.
…
De retour à sa résidence, Bai Ruanqing alla immédiatement voir son faible grand-père.
– « Grand-père, j’ai ramené le remède ! » dit-elle en lui présentant les trois bouteilles de jade qu’elle venait d’acquérir.
– « Est-ce le même que précédemment ? » demanda-t-il d’une voix étouffée en en débouchant une pour en examiner le contenu.
Bizarre.
Les médecins de la secte lui avaient fabriqué de nombreuses pilules, mais aucune d’entre elles n’avait été efficace. Il avait pensé que quelque chose qui pourrait lui faire reprendre conscience aurait sûrement encore plus de valeur, mais il s’avérait que ce n’était pas différent d’une eau plate. Il ne pouvait pas sentir la moindre trace d’énergie spirituelle !
Pire, il n’y avait même pas d’énergie médicinale.
Était-ce vraiment utile ?
– « Je sais que cela semble être de l’eau parfaitement ordinaire, mais c’est réellement ce qui vous a guéri auparavant. Dépêchez-vous et buvez ! » l’exhorta-t-elle en poussant un petit rire.
La première fois, elle avait acheté ce remède parce qu’elle ne savait pas ce que c’était. Si elle n’avait pas été désespérée, elle n’aurait jamais cru qu’un tel médicament pouvait soigner son grand-père.
– « Bon… » Le Doyen Bai Ye hocha la tête et s’exécuta.
Dès que l’eau coula dans sa gorge, il sentit immédiatement ses blessures s’atténuer un peu. Il avait été impuissant pendant si longtemps ! L’énergie qui corrodait sans relâche ses organes s’amenuisa considérablement.
– « Incroyable… » Il était euphorique.
Il déboucha immédiatement les deux autres et but tout d’une traite.
– « Alors ? » demanda sa petite-fille avec anxiété.
Hu !
Au lieu de répondre, il posa légèrement sa paume contre son lit. L’instant d’après, il était déjà dans la cour, une épée à la main.
Tzzzzzzz !
Ses mouvements attiraient l’énergie spirituelle dans les environs avec le bruit d’une rafale de vent. Geste après geste, son arme dansait en douceur comme l’eau d’une rivière. Il ne ressemblait plus du tout au vieil homme maladif allongé sur son lit !
Le voyant faire, les yeux de Bai Ruanqing s’embuèrent.
– « Grand-père, êtes-vous complètement guéri ? »
Lorsque son art s’acheva, il se tourna vers elle et parla avec une joie ineffable. « Je suis encore loin d’un rétablissement complet, mais l’énergie destructrice que je n’étais pas en mesure d’évacuer a été éliminée. Tant que je nourris correctement mon corps, je devrais pouvoir récupérer totalement en un mois ! »
Cloué au lit, il s’était résigné à son sort. Il avait été désespéré à l’idée de finir sa vie de cette manière, mais rien n’avait pu l’aider. Il n’aurait jamais cru que cet humble remède réaliserait un tel miracle.
– « Félicitations, grand-père ! »
Le Doyen continua à pratiquer son escrime pendant un moment, sentant ses pensées s’éclaircir et sa force lui revenir. Quelque temps plus tard, il revint à Bai Ruanqing et dit : « La personne qui vous a vendu ce médicament est mon bienfaiteur. Où est-elle ? J’aimerais la rencontrer ! »
– « C’est un disciple interne. Je viens de l’emmener à la bibliothèque des disciples principaux. »
– « La bibliothèque des disciples principaux ? »
Remarquant sa confusion, elle lui raconta rapidement sa conversation avec Zhang Xuan.
– « Malgré la vente d’un remède aussi puissant, tout ce qu’il a demandé était l’accès à la bibliothèque des disciples principaux ? » Il avait du mal à croire ce qu’il venait d’entendre.
– « En effet ! » La diablesse hocha la tête. Elle avait également été surprise.
Il avait eu une si bonne occasion de demander des conseils pour sa cultivation et de la faire progresser, mais il y avait renoncé pour si peu.
Après avoir posé quelques questions supplémentaires, le Doyen Bai Ye hocha la tête et dit : « Allons à la bibliothèque… Un instant. Feng ! »
– « Oui, Vieux Maître ! » répondit Bai Feng en s’approchant.
– « Voici une Pilule de Transmogrification. Après l’avoir consommée, vous pourrez modifier temporairement votre apparence pendant deux heures. Réduisez votre cultivation au même niveau que ce jeune ami et essayez de trouver une occasion de le tester ! »
– « Le tester ? Vieux Maître, avez-vous l’intention de le prendre comme disciple ? »
Le Doyen Bai Ye ne mettait pas un disciple à l’épreuve sans raison, sans parler du fait qu’il lui était redevable !
La seule raison pour laquelle il décidait de tenter cette approche était qu’il avait l’intention de faire de cet homme son élève !
– « Il savait que Ruanqing avait besoin du remède, pourtant il n’en a pas profité pour lui extorquer quelque chose de précieux. C’est une personne de principes. De plus, il m’a sauvé la vie. Si je l’ignore, cela ne signifie-t-il pas que ma vie ne vaut rien ? » déclara le Doyen Bai Ye en plaçant ses mains derrière son dos.
Il était l’un des Trois Grands Doyens du Pavillon, un homme célèbre sur le Continent Abandonné.
Il ne pouvait pas laisser son bienfaiteur partir sans rien faire pour lui !
– « Je comprends vos intentions, Vieux Maître ! » sourit Bai Feng. « Même quelqu’un de votre influence et de votre force n’a pas pu surmonter les blessures subies dans la Cité de l’Espace Effondré. Si d’autres apprennent que ce jeune homme a obtenu quelque chose qui peut guérir ce genre d’affliction, cela pourrait attirer des individus aux intentions malveillantes, même s’il affirme ne plus en avoir. Vous craignez qu’il ne lui arrive malheur, alors vous voulez le placer sous votre aile. C’est votre façon de le protéger ! »
D’innombrables trésors étaient cachés dans la Cité de l’Espace Effondré, c’était une région qui attirait de puissants pratiquants. Cependant, les dangers y étaient bien réels. Pas même 1% de ceux qui osaient s’y aventurer ne réussissait à revenir vivant. La plupart des survivants subissaient de graves blessures incurables et mourraient le cœur lourd.
De nombreux individus talentueux avaient cherché à découvrir un moyen de surmonter les menaces tapies dans la Cité de l’Espace Effondré, mais aucun n’avait réussi.
Il ne faisait aucun doute qu’une substance capable de guérir les blessures subies dans cette zone augmenterait drastiquement les chances de survie. Ainsi, si la nouvelle de l’existence de ce remède se répandait, ce disciple deviendrait la cible de nombreux experts. Sa vie serait en grand danger.
En le plaçant sous sa tutelle, si quelqu’un souhaitait s’en prendre à lui, il faudrait être prêt à offenser le Doyen Bai Ye. Voilà qui mettrait ce jeune homme à l’abri de bien des menaces.
Prenant une profonde inspiration, le Doyen dit, regardant au loin : « Le Pavillon de l’Épée du Nuage Ascendant est certes relativement sûr, mais la cupidité humaine ne doit jamais être mésestimée. Il vaut mieux jouer la carte de la prudence. Ce sera ma façon de rembourser ma dette envers lui. Bien sûr, j’ai aussi mes propres standards. Si sa maîtrise de l’épée est trop basse, je n’aurai qu’à le rembourser d’une autre manière ! »
– « Je comprends. Je vais le faire ! » Le majordome hocha la tête avant de quitter la pièce.
– « Grand-père, allez-vous vraiment faire de lui votre disciple ? » Bai Ruanqing était troublée. « Est-ce que ça ne voudrait pas dire que… Je serai d’un statut inférieur ? »
– « Je n’ai jamais pris de disciple. Voyons s’il est capable d’impressionner Bai Feng, puis nous en reparlerons. » Il gloussa doucement en tapotant la tête de sa petite-fille. « S’il réussit, il sera votre Grand Oncle. Vous devez le traiter comme tel, d’accord ? J’ai entendu beaucoup d’histoires sur votre comportement dans la secte et j’ai toujours fait semblant de rien. Mais je suis au courant ! »
– « Grand Oncle… » Elle se sentait oppressée.
Un instant plus tôt, elle avait pensé que l’air sérieux de ce jeune homme était mignon. Mais l’idée d’appeler une personne plus jeune qu’elle son Grand Oncle la remplissait de rage.
Une lueur passa dans son regard. Elle dit rapidement : « Grand-père, puisque vous allez mieux maintenant, je vais sortir pour m’entraîner ! »
– « Allez-y ! » accepta-t-il d’un geste de la main.
Alors qu’elle sortait, il soupira profondément et secoua la tête. Comment aurait-il pu ne pas voir clair dans son jeu ?
Il la connaissait. Même s’il l’arrêtait cette fois-là, elle trouverait toujours un autre moyen de causer des ennuis à ce garçon. Il ne pouvait qu’espérer qu’il serait capable de trouver un moyen de lui faire face.
Dès que Bai Ruanqing quitta la résidence, son air paisible s’évapora. Avec une expression diabolique, elle ricana. « Je dois lui donner une leçon. Au pire, je l’appellerai Grand Oncle devant Grand-père, mais ailleurs, il devra s’adresser à moi en tant qu’Aînée ! »
Elle, la célèbre diablesse, n’avait jamais été prise de haut. Elle ne pouvait vraiment pas se résoudre à appeler une personne plus faible et plus jeune qu’elle Grand Oncle !
Peu lui importait, elle devait s’assurer de lui enfoncer dans le crâne la différence d’ancienneté entre eux !
Puisqu’il devait être testé de toute façon, elle pouvait bien s’en occuper.
Sur sa bête aérienne, elle arriva rapidement devant la bibliothèque. Même sans sa pièce d’identité, elle pouvait entrer sans problème.
– « N’a-t-il pas dit qu’il était là pour étudier ? »
La bibliothèque des disciples principaux était étrangement silencieuse. Comme s’il n’y avait personne. On n’entendait nulle part le bruit des pages qui tournaient, aucun livre qu’on bougeait, nul coup de pinceau.
Elle marcha pendant un bon moment avant de finalement trouver la personne qu’elle cherchait. Cet homme marchait dans une allée, jetant un coup d’œil aux livres autour de lui en passant devant. Ce qui était étrange, c’était la façon dont il s’était positionné. Pile au centre de l’allée, les livres des deux côtés étaient hors de sa portée. Cela donnait l’impression qu’il n’avait pas du tout l’intention d’en prendre un seul.
Perplexe, elle le suivit un bon moment. Il se contentait de passer d’allée en allée sans prendre aucun livre.
Elle s’approcha finalement de lui et lui demanda : « Qu’est-ce que vous faites ? »
– « Oh ! C’est vous… » Il fit un geste vers les étagères et répondit avec un sourire : « Je cherche toujours ce que je veux. »
S’il avait dû être honnête, il aurait reconnu être impressionné par la quantité de livres à disposition des disciples internes. Après une si longue période de temps, il n’avait même pas récupéré la moitié de ce qu’il y avait là.
Il semblait qu’il aurait vraiment besoin de six heures pour tout copier.