Relâchez cette Sorcière | Release that witch | 放开那个女巫
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Chapitre 500 : Un Corps d’Acier (partie I)
Chapitre 499 : Prélude à l’offensive printanière Menu Chapitre 501 : Un Corps d’Acier (Partie II)

Debout sur le balconnet qui surplombait la salle de commandes de son bateau, Roland, très fier, sentait son cœur s’émouvoir à la vue de la flotte bien alignée derrière lui.

À côté du “Roland 1”, le vaisseau amiral, les navires en ciments étaient lents et manquaient d’élégance. Cependant, ces dix navires qui composaient sa flotte restaient magnifiques à ses yeux.  Toutes les cheminées de cette flotte imposante crachaient de longues traînées de fumée blanche et fendaient les vagues, séparant la rivière en deux dans un élan que rien ne semblait pouvoir arrêter.

De toute évidence, la canonnière était l’attraction principale de la flotte : son pont imposant et son élégance la distinguaient des voiliers ordinaires et des navires de ciment. Elle dominait la navigation fluviale avec ses armes, dont la principale, un canon de 152 mm, deux mitrailleuses Mark I, son moteur à vapeur haute pression créé sur mesure et son système de propulsion par hélice qui lui permettait d’atteindre une vitesse de 12 km / h.

– « Vous semblez de bonne humeur », observa Rossignol en arrangeant ses cheveux balayés par le vent. « Est-ce parce que vous allez bientôt rentrer chez vous ? »

– « Au Palais ? Non, jamais je ne retournerai là-bas », répondit-il en secouant la tête. « Ma véritable patrie, c’est la Région de l’Ouest et si je suis heureux, c’est parce que ce conflit sera bientôt terminé. »

– « Hmm… ce que vous dites n’est qu’à moitié vrai. »

Roland, surpris, se souvient qu’il avait presque oublié qu’elle avait la capacité de déceler le mensonge.

– « D’accord, vous avez raison. En fait, je suis plutôt fier de moi pour avoir réussi à fabriquer autant de navires durant les Mois des Démons. »

– « Cette fois, c’est la vérité », dit Rossignol avec un clin d’œil. « Mais cela vous donne l’air quelque peu imbu de vous-même. »

– « C’est bien pourquoi j’ai menti. »

– « C’est compréhensible », répondit en riant la sorcière en s’approchant du Prince. « Je ne vous jette pas la pierre. Vous pouvez dire un petit mensonge de temps à autre, cela ne me dérange pas tant qu’il ne s’agit pas de moi. »

« …Si cela ne vous dérange pas, ne relevez pas mes mensonges », pensa Roland, contrarié.

– « Au fait, je ne vous ai jamais remercié », murmura Rossignol en regardant au loin.

– « Me remercier ? Mais pour quoi ? »

– « Pour mettre fin au conflit et apporter la paix au Royaume de Graycastle. Sous votre règne, les sorcières et les gens du peuple pourront enfin vivre heureux », répondit-elle doucement. « J’ai toujours su que vous réussiriez, mais je ne pensais pas que ce jour arriverait si vite. »

– « Ce ne sera pas si rapide que vous l’imaginez car lorsque j’aurai détrôné Timothy, la noblesse tentera par tous les moyens de résister. Il me faudra encore quelques années pour unifier le Royaume de Graycastle », soupira Roland. « Le progrès n’est jamais chose facile, nous avons encore beaucoup de chemin à faire avant d’atteindre notre objectif. »

– « C’est déjà tellement au-delà de ce que j’imaginais. Je me suis toujours demandais si je vivrais assez longtemps pour voir ce jour. »

– « Allons, qu’est-ce qui vous prend de parler ainsi ? » Dit le Prince en lui lançant un regard sombre : « Pensez-vous que je vous mettrais en danger ? »

– « On s’attend à ce qu’une sorcière combattante comme moi soit toujours sur le champ de bataille. Par ailleurs, briser les conventions demande des sacrifices. »  Rossignol détourna la tête : « Depuis le jour où je vous ai juré allégeance, je m’y étais préparée. »

– « Je suis désolé de vous avoir laissé penser ça! », répondit Roland. « Il y aura certainement des sacrifices, mais ce sera du côté de nos ennemis. Quoi qu’il en soit, ce serait plutôt à moi de vous remercier. »

– « Pourquoi ? » Demanda Rossignol, surprise.

– « Parce que si je n’avais pas rencontré de sorcières, jamais je n’aurais osé faire ce que je fais aujourd’hui. »

En effet, sans sa rencontre avec Anna, jamais il n’aurait décidé de sauver ces sorcières et si le pouvoir magique n’existait pas en ce monde, il vivrait humblement une petite vie primitive dans une ville frontalière délabrée.

– « Vous …vous pensez vraiment ce que vous dites », dit Rossignol en levant les yeux vers lui.

– « Évidemment », répondit Roland en souriant.

Soudain, une silhouette dorée descendit du ciel et se posa près d’eux.

– « Votre Altesse, quatre sloops s’approchent de nous, à environ 20 kilomètres. Ils ont des rames de chaque côté et ressemblent aux navires à tête de faucon décrits dans le rapport », annonça Foudre. « Mais je n’ai pas vu de statues de faucon sur les navires.

– « La tête de faucon se réfère probablement au bélier qui se trouve sous l’eau. » Roland lui tapota la tête : « Bon travail, continuez comme ça. »

– « Dans ce cas… m’autorisez-vous à réduire un peu les problèmes pratiques que vous m’avez donnés en punition ? » Demanda la jeune fille en regardant le Prince avec des yeux suppliants.

Ce dernier ne put s’empêcher de rire.

– « Entendu. Si vous me promettez de rester tranquille dorénavant, vous ne ferez qu’une seule série de questions. »

– « Promis, Monsieur! » s’écria Foudre dont les yeux s’illuminèrent. Elle bondit et en un éclair, s’envola vers l’Est.

– « Vous n’auriez pas dû l’acquitter si facilement », se plaignit Rossignol.

– « Elle retiendra sa leçon si elle est récompensée », répondit Roland qui d’un geste de la main, rejeta sa critique avant de se tourner vers les marches : « Redescendons en salle de commandement, nous avons du travail. »

La petite salle carrée ne contenait qu’une table en bois et quatre bancs. Hache-de-Fer, le commandant de la Première Armée, Brian, le chef du Bataillon des Fusiliers, Van’er, chef du Bataillon d’Artillerie et Cacusim, Capitaine du Victoire, se tenaient autour de la table, élaborant les plans de leur première bataille fluviale.   

– « Selon le rapport de Théo, les quatre navires de guerre de Timothy sont des galères fluviales, à peu près aussi rapides que nos bateaux en ciment mais plus agiles », dit Roland en pointant du doigt le graphique posé sur la table.  « Habituellement, ces navires font en sorte de s’approcher des bateaux ennemis afin que leur équipage n’ait plus qu’à sauter sur ces derniers pour se battre. Parfois aussi, ils sont remplis de produits inflammables tels que de la poudre ou du soufre et s’écrasent sur leur cible, détruisant les deux navires. S’ils ont l’intention de bloquer la rivière et de piller nos bateaux, il est peu probable qu’ils utilisent cette seconde méthode. Comme c’est la première fois que nous nous battons sur une rivière, je vous en prie, n’hésitez pas à me faire part de vos idées. »

– « Votre Altesse, il sera difficile de frapper une cible mobile avec un canon lui-aussi en mouvement, aussi je suggère que nous ne tirions que lorsque nous nous serons rapprochés de leurs navires », suggéra Van’er. « À une distance d’environ 50 mètres, je vous fais la promesse que chacun de nos tirs coulera un vaisseau ennemi! »

– « Personnellement, j’ai entendu dire que les obus non seulement gaspillaient beaucoup de poudre mais que seule Melle Anna pouvait les fabriquer », dit Brian. « Je pense qu’il est préférable d’attendre que l’ennemi monte à bord de nos navires pour les cribler de balles avec nos mitrailleuses lourdes. »

Roland se tourna vers Cacusim :

– « Qu’en pensez-vous ? »

Il avait convoqué le vieil homme dans la salle de commandement car de tous les habitants de la Cité Sans Hiver, il était le seul à avoir déjà combattu sur des bateaux. Selon lui, lorsqu’il était marchand, il avait rencontré à plusieurs reprises des pirates et le fait d’être pillé constituait aussi une expérience.  

– « …Votre Altesse… » Cacusim hésita un instant : « À mon avis, nous devrions simplement foncer sur eux. »

– « Quoi ? » S’écrièrent les deux autres chefs, stupéfaits.

– « Votre vaisseau est grand, rapide et fait d’acier, de sorte que leurs navires en bois s’effondreront probablement à son contact. Quand bien même vous ne les détruiriez pas, les fuites probables les empêcheront d’avancer. » Il jeta un regard à la ronde : « Bien entendu, ce n’est que mon avis personnel. »

Cette stratégie inspira à Roland un petit verset qui disait : « Aujourd’hui, le soleil brille, le ciel est clair et le drapeau Delta* flotte sur le mât. »

– « D’accord, suivons ce plan », décida-t-il. « Même si nous n’avons pas de drapeau Delta, notre bannière, avec sa tour et ses quatre étoiles, fera le même effet. J’ordonne que le “Roland I” hisse le drapeau de la Cité Sans Hiver! Sonnez la corne et en avant, toute! »

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NDT : Dans le code de navigation maritime, le drapeau flottant « Delta » signifie : « Ne me gênez pas », en gros « laissez-moi passer. »

La suggestion de Cacusim rappelle à Roland qu’il est en position de force, c’est pourquoi il pense : il fait beau, le soleil brille, toutes les chances sont de mon côté donc je hisse le drapeau « laissez-moi passer ». Si vous faites naufrage, ne venez pas vous plaindre, je vous aurai prévenus.

Merci à mes collaborateurs Chinois pour cette petite précision au sujet de l’état d’esprit de Roland et de la subtilité cachée derrière cette petite phrase.

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