L’explosion et le rugissement de Dylin secouèrent tout le Château du Sang de Dragon.
– « Que se passe-t-il ? » S’écrièrent le Dieu de la Guerre, le Grand Prêtre, César, Délia, Wharton, Gates et les autres.
Ils se précipitèrent et virent Dylin affronter Ojwin et Hanbritt. Aussitôt, ils se dirigèrent prudemment vers Linley.
Délia lui saisit chaleureusement la main et demanda d’une voix douce et inquiète :
– « Ojwin est revenu ? »
Comme Linley les avait envoyés se cacher dans la Dimension Miniature la dernière fois que ce dernier avait attaqué, ils n’avaient encore jamais vu Ojwin. Néanmoins, Délia était persuadée que ces Dieux ne pouvaient être que des hommes de son camp.
– « C’est lui, en effet. Et il n’est pas venu seul. Cependant, les Seigneurs Dylin et Tarosse sauront y faire face », dit-il d’un ton réconfortant.
Délia hocha la tête et tous deux levèrent les yeux.
Au-dessus d’eux, Tarosse éclata d’un rire sonore :
« Je n’aurais jamais cru que vous ayez le courage de revenir, Ojwin! Apparemment, vous n’avez rien retenu de ce que je vous ai dit dans la capitale impériale! »
Puis apparut dans ses mains un fouet vert duquel émanait une aura si glaciale qu’elle terrorisa Hanbritt et les deux clones divins d’Ojwin.
– « Ojwin!!! » S’écria Hanbritt, furieux, par l’intermédiaire de son sens divin.
Les évènements prenant une tournure totalement différente de ce que son ami avait prévu, il était vraiment en colère.
De son côté, Ojwin avait un mauvais pressentiment.
Même en unissant leurs forces, ils étaient à peine capables de résister au pouvoir dévorant de Dylin et pour le moment, ils ne pouvaient plus bouger. Si la situation persistait… et que Tarosse passe à l’attaque, ils seraient tous deux des cibles faciles à atteindre.
– « Haha, vous allez d’abord déguster quelques centaines de coups », s’écria Tarosse en faisant tournoyer son fouet.
À ces mots, Ojwin et Hanbritt, qui luttaient pour résister au pouvoir dévorant, blêmirent. Comment allaient-ils encaisser l’attaque de ce Dieu ?
Soudain, le long fouet vert qui dansait comme un énorme serpent se transforma en ombres vertes et brillantes et claqua méchamment vers les deux experts.
La température environnante baissa jusqu’au point de congélation et une couche de givre se forma sur le sol.
– « Retirons nous! » S’écrièrent simultanément Ojwin et Hanbritt.
Ils serrèrent les dents, expulsèrent toute l’énergie de leur corps au risque de se blesser et traversèrent la zone affectée par la force dévorante de Dylin.
Une explosion se produisit alors dans les airs et une tempête sembla surgir de nulle part, détruisant certaines des plantes et arbres décoratifs qui ornaient le domaine du château au-dessus duquel se tenaient les deux clones divins d’Ojwin et Hanbritt, le visage sombre.
« Mon pouvoir divin ne doit pas encore être assez puissant ni assez pur, sinon, comment auraient-ils pu s’échapper ? » pensa Dylin.
– « Vous feriez mieux de partir tous les deux et de vous tenir loin d’ici, car la prochaine fois, je n’aurai aucune pitié », dit Tarosse avec son éternel rire en levant la tête vers ces deux personnages déconfits.
– « Ojwin, ce Dylin, est-il le “faible” dont vous m’avez parlé ? À mon avis, nous ferions mieux de partir », suggéra Hanbritt qui, maintenant qu’il avait accepté l’artefact Divin, ne se sentait pas fier de le laisser seul.
Ojwin regarda froidement Olivier qui se tenait près de Linley, le cœur rempli de fureur. Tout son corps tremblait.
– « J’ai fait l’erreur de ne pas suffisamment me renseigner sur la force de l’adversaire. Mais… je dois absolument tuer cet Olivier. Si je ne le fais pas, même dans la mort, je ne serai pas satisfait. »
– « Es-tu devenu fou ? » Demanda Hanbritt, le regard triste.
Ojwin, qui fixait toujours le sol, lui répondit télépathiquement :
– « Rassure-toi. La force dévorante de Dylin ne peut être dirigée que dans une direction. Que dirais tu d’attaquer depuis deux directions différentes. Je bloquerai Dylin et Tarosse pendant que tu tueras Olivier. Fais-le, je t’en prie! » Dit-il avec un regard grave.
Hanbritt hésita un moment, puis laissa échapper un soupir.
– « Entendu », répondit-il. Bien. « Mais si je suis en danger, ne m’en veux pas si je prends la fuite. »
– « Cela va de soi », dit Ojwin, reconnaissant. « Merci beaucoup. »
– « Prêt ? »
Les clones Divins d’affinité Lumière et Feu d’Ojwin démontrèrent aussitôt leur puissance. Une brillante lumière sacrée, purifiante, capable de blesser les Saints, s’abattit tout autour de Linley.
Ojwin avait déjà fait appel à cette technique pour détruire le palais impérial de l’Empire Baruch et elle avait provoqué la mort de presque toutes les personnes présentes, à l’exception d’Ankh et de Cena, grièvement blessé, qui avaient survécu.
Sans hésiter, Linley frappa le sol de ses poings et une étrange énergie, telle une barrière translucide, se répandit dans les airs et l’enveloppa, ainsi que ses proches, dans son étreinte protectrice. C’était sa Défense Pulsatile issue de la Magie Terrestre, un sort Interdit, capable de protéger une ville entière, même contre une attaque de type “Chute de Météorites Célestes”.
Au niveau Divin, il faut une seconde pour lancer ce type de sort, beaucoup plus puissants que ceux des Saints. La Défense Pulsatile, étendue sur une dizaine de mètres seulement, eut raison de la lumière sacrée.
Un rayon de lumière blanche, puis un rouge fusèrent vers le sol. Ojwin ne l’utilisait pas pour tuer qui que ce soit mais pour créer le chaos. Ses deux clones divins fonçaient vers le sol à ce qui semblait être la vitesse de la lumière…
Et au même moment, Hanbritt se déplaça de manière angulaire et fonça vers Linley.
– « Je vais le bloquer! Je vous laisse gérer les deux clones divins d’Ojwin. Ne les laissez pas passer », dit Dylin à Tarosse via son sens divin.
– « Aucun souci », répondit ce dernier, l’air joyeux.
Dylin fila vers Hanbritt au maximum de sa vitesse. Au même moment, un rayon de lumière rouge, générant une aura destructrice, l’attaqua sauvagement tandis qu’Ojwin projetait sa lance, telle un dragon de feu.
– « Ojwin serait-il devenu fou ? » Se demanda Dylin, stupéfait, en voyant que son clone de type Feu utilisait avec tant de fureur son pouvoir Divin.
Il faut savoir que le pouvoir divin que possède une Divinité ne s’accumule que très lentement, aussi, en temps normal, ne l’utilisent-elles pas de manière aussi sauvage lors d’une bataille. Il serait vite épuisé et l’ennemi aurait facilement raison de la personne.
Immédiatement, le troisième œil de Dylin projeta une onde invisible qui vint frapper le clone de Feu d’Ojwin, bien moins puissant que son clone de Lumière. Dylin en profita pour revêtir ses mains de ses gants griffus, deux artefacts Divins, et donna de grands coups de griffe en direction de la tête de son adversaire.
Ce fut un affrontement violent et finalement, alors que Dylin se retrouvait lié par le clone, Hanbritt, une lueur d’excitation dans les yeux, fonça sur Olivier qui, bien moins rapide, n’avait aucune chance de s’enfuir.
– « Ne vous réjouissez pas si vite », dit une voix tranquille dans l’esprit de Hanbritt tandis qu’apparaissait devant lui un homme en tunique noire portant un long sabre rouge sang.
Partout où ce sabre passait, l’espace se désintégrait.
La main droite de Hanbritt, recouverte elle-aussi d’un artefact Divin, émit une lumière bleue. Il frappa le bord du sabre et… fut rejeté en arrière.
« Ce Tarosse possède un clone divin de type Destruction! » Pensa-t-il, stupéfait.
En effet, tandis que le Tarosse en tunique verte, son fouet à la main, s’occupait d’Ojwin, l’autre venait, en un coup, de le contraindre à battre en retraite.
Renonçant à combattre, Hanbritt cria à Ojwin :
– « Vite, partons! » après quoi il prit la fuite en direction du Nord.
Furieux à l’idée d’admettre leur défaite, les deux clones d’Ojwin poussèrent des hurlements de colère. Ce dernier avait envoyé son clone d’affinité Feu s’occuper de Dylin, prêt à accepter la perte de l’un de ses deux clones, pourvu qu’il parvienne à tuer Olivier et à venger la mort de son fils!
Mais à la différence d’Ojwin, le clone d’affinité Destruction de Tarosse était aussi puissant que son autre de type Eau.
Avec un cri furieux, les deux clones divins d’Ojwin prirent l’apparence de deux rayons de lumière rouge et blanche et s’enfuirent à leur tour vers le Nord.
« C’est enfin fini », soupirèrent les habitants du château, gardes et servantes qui s’étaient cachés, terrifiés à l’idée qu’ils puissent être tués à titre des dommages collatéraux et leurs âmes détruites.
– « Tarosse, pourquoi n’avez-vous pas révélé votre véritable puissance ? » Demanda Dylin, quelque peu mécontent. « En pareil moment, vous n’avez même pas été en mesure d’en retenir un ? Ne me dites pas que vous n’en aviez pas la capacité car vous avez certainement plus de pouvoir que je ne le pense! »
Dylin et Tarosse vivaient tous deux sur le continent Yulan depuis dix mille ans et avaient été bons amis, c’est pourquoi ils connaissaient leurs capacités innées réciproques.
– « Haha, ne me blâmez pas », dit Tarosse en riant et en recombinant ses deux clones divins. « Et vous, Dylin, pourquoi ne pas avoir pas utilisé une seconde fois votre pouvoir dévorant ? Vous auriez certainement pu dévorer le clone divin de type Feu d’Ojwin. »
Dylin le regarda :
– « Deux fois ? C’est facile à dire! Mon pouvoir Divin aurait été complètement épuisé! Quelle honte! La première fois, Quelle honte! J’espérais les tuer tous deux en même temps et je n’ai pas réussi! »
Cette capacité innée, terrifiante et monstrueuse, consommait une quantité stupéfiante d’énergie, indépendamment de la force de la personne.
Les plus faibles, comme les plus forts, pouvaient l’utiliser deux ou trois fois, mais à faible puissance tandis que les seconds généraient à chaque fois un pouvoir étonnant.
– « Vous êtes tellement avide! Si, il y a cinq mille ans, vous n’aviez pas utilisé votre capacité Dévorante pour tenter d’obtenir des Étincelles Divines de Demi Dieu pour vos enfants, vous n’auriez pas irrité le Seigneur Beyrut et il ne vous aurait pas jeté en prison », répondit Tarosse en riant.
Dylin n’ajouta rien, car il se sentait mal en repensant à cette période.
Tout en bavardant, ils se rapprochèrent de Linley et de leurs compagnons. Conscients de la différence de pouvoir qui existait entre eux et ces Dieux, ils savaient que s’ils avaient dû les affronter à leur niveau actuel, ils auraient été condamnés.
– « Merci, Seigneur Tarosse, Merci, Seigneur Dylin! » Dit solennellement Olivier en s’avançant vers eux.
– « De rien », répondit Tarosse avec un sourire. « Mais à l’avenir, petit fripon, ne nous causez plus autant de souci. »