Néo-Life
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Chapitre 45 – Nouvelle Etape
Chapitre 44 – Fuite Menu Chapitre 46 – Forgeciel (1)

La première chose que Marlon ressentit fut une langue râpeuse qui labourait presque son visage, arrachant presque des morceaux de peau par la force de la pression exercée, ainsi que des pattes velues qui tapotaient gentiment le côté de sa tête comme pour l’interpeller.

Tout de suite après, avant même qu’il n’ouvre les yeux, ce fut le froid glacial qui s’engouffrait dans son dos et lui faisait presque croire que des poignards s’enfonçaient sous sa peau.

Un vent violent semblait battre l’air au-dessus de sa tête, il pouvait en entendre le son, mais ne parvenait pas jusqu’à lui, comme protégé par quelque chose.

Une douleur intense fit son apparition, saisissant sa conscience alors qu’elle s’éveillait, et il se retint de porter la min qu’il avait encore sur le moignon cautérisé de son bras tranché.

Quand il ouvrit les yeux, il comprit pourquoi il était épargné, le corps de Luna allongé de tout son long, protégeant le devant de son corps ainsi que sa tête, ne laissant que son dos découvert. Le pelage épais de sa chimère suffisait pour qu’il ne meure pas d’hypothermie aigue et lorsque cette dernière vit que son maître s’éveillait enfin, elle se mit à ronronner, faisant vibrer le corps de Marlon avec lequel elle était en contact.

Le runiste regarda autour de lui et fut sidéré par le décor qui l’entourait. Il était au milieu de chaînes montagneuses, le canal magique sur lequel progressait le radeau s’enfonçant entre divers cols et passages étroits à une vitesse vertigineuse, dans une pente prononcée qui ne faisait qu’augmenter l’altitude à laquelle ils s’élevaient.

Il vit des blocs de glace monstrueux passer à peine à quelques centimètres du radeau et il pria intérieurement pour ne pas se faire broyer. Il ne prêta qu’un regard distrait aux sommets enneigés qu’il pouvait apercevoir parfois entre deux cols traversés, se concentrant plus sur ce qui l’entourait aux alentours immédiats.

Des tremblements instinctifs commencèrent à s’emparer de Marlon et il fit de son mieux pour les contrôler, se lovant un peu plus contre Luna pour combattre le froid terrible qui l’entourait. Une tristesse incroyable l’emplit alors qu’il tentait de communiquer avec l’IA disparue.

« Loki, tu m’entends ? »

Seul le silence répondit à Marlon, et il serra les dents avec colère en ne pouvant qu’espérer que l’IA ne s’était pas sacrifiée pour permettre sa survie. Il porta le joyau devant son regard avec sa main droite, ignorant la douleur sourde qui se réveillait dans son côté gauche, et ne décela rien d’autre qu’une très timide lueur pouvant très bien tenir de son imagination ou d’un reflet de lumière à l’intérieur de la gemme.

Il jeta ensuite un œil avec résignation sur le moignon cautérisé qui lui faisait office de bras gauche, plissant les yeux en prévision de ce qui l’attendait. Il n’était plus à quelques douleurs extrêmes près.

Mais plus il trainerait, plus cela serait difficile, alors peut-être valait-il mieux s’y coller directement, avant que le froid ne l’engourdisse trop et qu’il n’ait plus la volonté de le faire.

Les affaires de son paquetage étaient toujours éparpillées au milieu du radeau de bois et une couche de givre avait commencée à les recouvrir, petits cristaux blancs reflétant la lumière du soleil et donnant un aspect brillant à ses possessions.

Les parchemins dont il disposait s’étaient envolés avec le vent, mais quelques morceaux d’Arbol avaient survécu, plus lourds et moins sujets aux caprices de la météo.

Il récupéra également sa dague qui reposait au centre de la structure en bois, se mordant les lèvres de regret en se disant qu’il avait dû abandonner son épée pour survivre…

Certes son fil avait commencé à s’émousser au vu de l’utilisation intensive qu’il en avait fait, mais ç’avait été une bonne lame qui l’avait sorti de quelques situations épineuses.

Il se mit à claquer des dents alors qu’il posait devant lui la dague et l’écorce d’Arbol, frissonnant de plus en plus en s’asseyant et en quittant la protection thermique que Luna lui fournissait pendant quelques secondes.

Il prit quelques inspirations, profondes et stables, préparant son esprit à ce qui allait suivre.

Puis, avant de changer d’avis, il prit la dague de sa seule main encore valide et la planta sans ménagement dans la plaie cautérisée qui aurait dû être le départ de son bras gauche.

« AAAAHHHHHHHHHH »

L’écho de son cri se répercuta pendant un long moment dans les montagnes vides de toute vie et le sang coula le long de son armure qui était déjà complètement noirci par le sang déjà absorbé lors de son précédent affrontement.

Sans perdre un instant, et se concentrant pour que la douleur ne lui fasse pas perdre son focus, il attrapa son pinceau et dessina sur l’écorce d’Arbol le sort [Soin], projetant l’intention la plus claire et puissante dont il était capable dans son état.

Il sentit le mana absorbé hors de son corps alors que l’écorce commençait à se consumer dans une lueur verte qui se projeta dans le corps de Marlon.

Aussitôt, des picotements prirent la place de la douleur et un soulagement instantané envahit Marlon alors qu’il voyait un os surgir de la plaie qui avait arrêtée de saigner.

La sensation était indescriptible. Voir son os pousser comme un arbre l’aurait fait était quelque chose d’étrange, encore plus lorsque de nulle part vinrent s’y greffer tendons, nerfs, muscles et chairs, tout prenant place parfaitement dans un ballet légèrement gore mais hypnotisant.

Le tout fut finalement recouvert d’une couche de peau qui apparut également d’il ne savait où et en à peine quelques secondes, son bras avait retrouvé sa place.

Un nombre incalculable de sensations l’envahirent alors, et il porta son membre nouvellement régénéré devant ses yeux, pliant et dépliant ses doigts alors que des larmes de soulagement venaient perler à ses yeux, aussitôt gelées et emportées par le vent.

Il savait que le sort de soin pouvait accomplir de tels miracles, mais il n’avait pas été sûr que cela fonctionne sur une plaie déjà refermée. Il avait eu une peur panique de devenir estropié, mais il l’avait contenu avec succès en attendant de voir le résultat de son expérimentation.

Il se blottit de nouveau contre Luna en serrant son bras contre lui, un soulagement profond irradiant dans son esprit alors même qu’un tas d’autres incertitudes le prenait d’assaut.

Combien de temps durerait ce voyage aux conditions extrêmes ?

Niclos le traquerait-il jusqu’à la fin, ou bien avait-il lâché prise au vu de la destruction qu’avait semé Marlon dans l’édifice de l’écluse ?

Loki reviendrait-il ?

Toutes ces questions étaient pour le moment sans réponse, et il savait qu’à force de tenter d’y répondre, il ne ferait que perturber plus profondément son esprit qui n’avait nul besoin de cela.

Il se contenta donc de profiter de la chaleur que lui procurait sa chimère et il en profita pour vérifier ce qu’il lui restait comme vivres pour tenir jusqu’à sa destination, Forgeciel.

L’écluse, ou La Voie des Forges, comme l’avait appelé le type lui ayant expliqué ce à quoi elle servait, était un ouvrage impressionnant, il fallait bien le reconnaitre.

Il devait filer à plusieurs centaines de kilomètre-heure depuis un bon moment, mais aucun obstacle ne s’était dressé sur la voie, et aucun ralentissement ne s’était fait ressentir depuis qu’il avait repris connaissance sur le radeau de bois.

Ramassant ce qui pouvait lui servir et qui ne s’était pas envolé sous l’effet du vent, il grignota distraitement un morceau de viande séché qui était resté dans son sac avant d’attraper un bout de glace qui s’était formé sur l’un des coins du radeau et de le suçoter pour le faire fondre et ainsi obtenir de l’eau probablement potable.

Une dague, quelques vêtements, quatre bouts de viande séchée, tous ses outils de professions et sa toile de tente.

Tel était le contenu de l’inventaire qu’il fit sommairement et rapidement, ne voulant pas quitter l’abri de la fourrure de Luna plus de quelques secondes.

Il avait encore une faim intense le tiraillant même après avoir mangé le bout de viande, mais il se raisonna et conserva les autres morceaux restants, ne sachant pas quand il arriverait à destination, et se disant que cela pourrait lui sauver la vie.

Il enfila tous les vêtements dont il disposait, deux pantalons rugueux et plusieurs maillots, content de ne plus sentir aussi intensément le vent lui mordre la peau.

Puis il enroula la toile de tente autour de lui, cachant du mieux qu’il le pouvait son visage avant de retourner se blottir contre Luna et de fermer les yeux, repensant pensivement à tout ce qu’il avait traversé depuis son arrivée à Delia et tout ce qu’il avait découvert dans cette cité incroyable.

Le chemin qui l’attendait avant de réussir à devenir Empereur de ce monde était encore infiniment long, mais il était certain d’une chose :

Erengar n’avait pas finie de le surprendre et de le mettre en danger. Il lui faudrait progresser encore plus, abattre tous les obstacles qui se dresseraient devant lui et ne faire preuve d’aucune pitié envers ceux qui voudraient se mettre entre lui et son objectif.

**

Dans la salle de réunion holographique de l’Empire, tous les participants du pari étaient présents, une lumière dorée éclairant tous les piliers de projection, sauf un.

L’Impérator, comme tous les autres, venait de voir ce qui se déroulait sur Gaïa, et plus particulièrement le combat entre Marlon, Niclos et ses trois lieutenants.

Sa projection holographique ne montrait qu’un visage serein et impassible, mais en réalité il était empli de rage, profondément dégoûté par son poulain qui n’avait pas réussi à achever ce petit merdeux choisi par Loki.

Sa seule consolation pour le moment tenait principalement du fait que l’IA semblait s’être sacrifiée pour sauver la vie du runiste, et cela approchait d’une délivrance pour l’Impérator.

Depuis que Thémis, l’IA arbitre avait été réveillée et mis en place pour surveiller les échanges entre les dimensions, il n’avait pas pu ne serait-ce qu’envoyer un message à son protégé, ni intenter quelque action que ce soit. Il avait rongé son frein, tenté des alliances pour déstabiliser le camp des IA, mais rien n’y avait fait.

Ces saloperies de machines devançaient ce qu’il mettait en place, les différentes parties qu’il contactait refusant soit poliment ses tentatives d’interférence avec des prétextes bidons ou bien avouant que leur district se retrouverait en grande difficulté s’ils aidaient l’Impérator car les IA cesseraient leur gestion du secteur.

Elles profitaient de la faille. Celle qui leur permettait d’être inactive si elles le décidaient, ce qui mettait l’Impérator en grande difficulté.

Il avait cependant réussi une chose : avancer la création de la nouvelle génération d’Intelligences Artificielles, qui ne pourraient en aucun cas s’émanciper ou bien menacer l’Empire comme celles-ci le faisaient.

Le Département de Recherche lui avait annoncé une dizaine d’années au minimum, mais après avoir relocalisé leur base dans la ceinture d’astéroïdes de Kepler, un endroit coupé totalement du Réseau et des IA, et gonflé leurs financements ainsi que la main d’œuvre dont ils disposaient, il avait réussi à descendre à trois ans.

Il devrait tenir trois ans contre les IA actuelles, puis il pourrait détruire le Réseau et en créer un nouveau, totalement sous son contrôle et celui du Consortium.

A cette idée, un sourire fit son apparition sur son hologramme et il regarda avec condescendance les groupes de projection holographiques qui l’entourait.

Personne ne devrait parvenir à devenir l’empereur de Gaïa dans ce laps de temps, et si tout se passait comme prévu il pourrait désactiver Thémis en même temps que les autres avant d’envoyer son armée sur Gaïa et prendre le contrôle total de leurs ressources.

Telle était la vision de l’Impérator, conquérant sanguinaire et sans pitié.

Un des piliers s’illumina d’une aura verte et la représentation holographique qui s’y projetait prit alors la parole.

C’était Thémis, l’arbitre IA, et la voix qui résonna dans la pièce gigantesque était robotique, sans aucune consonnance humaine, son ton monocorde débitant les informations en rythme et sans aucun raté.

« Quatre Envoyés sont en position favorite pour le Pari. Niclos, envoyé de l’Impérator, possède un avantage stratégique non négligeable sur la capitale d’Erengar, Delia. Demag, envoyé du Groupement Marchand, possède le même avantage sur la capitale d’Alionos, Iris. Saul, envoyé des Congrégations d’Alun, a rassemblé sous sa coupe plus de joueurs que tous les autres réunis et possède donc un potentiel de puissance de groupe non négligeable. Finalement, Revenge, Envoyé de l’Intelligence Loki, possède un avantage de puissance individuelle léger comparé à tous les autres joueurs. Estimation grossière quant à la complétion de l’objectif par l’un des participants : quinze ans et dix mois. Cette estimation est une interprétation de variables sujettes à modifications et peut changer d’un jour à l’autre. Aucune tentative d’intrusion n’est à déplorer. Fin du rapport. »

L’Impérator se senti partagé en entendant le rapport de l’IA arbitre. Son protégé était parmi les quatre probables gagnants, et cela se comprenait car il avait la main mise sur les autres joueurs de Delia et avait réussi à chasser Revenge, une des plus grandes menaces futures, de la capitale.

Par contre, le fait que ce dernier soit bien vivant et qu’il fasse partie du classement laissait un vide glacé dans le cœur de l’Impérator.

Certes, il ne pouvait nier la puissance du personnage, pas après l’avoir vu repousser presque avec succès plusieurs autres joueurs dont Niclos. Pas après qu’il ait presque gagné le Tournoi des Combattants à Delia.

Heureusement, il avait été obligé de fuir avant de remporter le Tournoi, ce qui aurait pu fortement accélérer sa progression comparée aux autres joueurs.

Un des autres piliers s’illumina de vert et une voix un peu plus humaine s’éleva alors qu’un léger brouhaha avait pris place dans la pièce, commentant le rapport de Thémis.

« IA Thémis, quelle est le pourcentage de différence entre ces quatre joueurs et le reste des envoyés ? »

Quelques secondes s’écoulèrent avant qu’une réponse ne soit donnée.

« La différence statistique pure se monte au maximum à quinze pour cent et au minimum à un pour cent. »

La voix remercia l’IA et ressentit du soulagement. Son Envoyé ne faisait pas partie du classement, mais la différence entre les quatre annoncés et les autres n’était pas si élevée que cela. Un simple concours de circonstances aurait tout à fait pu chambouler ce classement et il était bien trop tôt pour se prononcer sur les tendances à venir.

Une autre voix s’éleva dans la pièce de projection, et elle venait d’une IA cette fois-ci.

« Thémis, savez-vous ce qu’il est advenu de l’IA Loki ? »

« Les données m’étant parvenues ne sont pas suffisantes pour tirer une conclusion quant au devenir de l’IA Loki. D’après ce que j’ai pu analyser, cette IA a tenté de modifier la trame d’éther par des moyens qui me sont inconnues, entrainant une dégradation de son état et une probable extinction de son état de conscience. »

« Bien, au moins un rat de moins ! »

Cette dernière remarque provenait bien entendu de l’Impérator, qui n’avait toujours pas réussi à apaiser la colère qu’il ressentait envers Loki. Cet enfoiré avait réussi à se projeter dans la dimension parallèle ! Et en ce faisant, il avait donné une longueur d’avance à son Envoyé. Le pire dans tout cela étant qu’il l’avait fait juste avant l’activation de Thémis et qu’aucune sanction n’avait pu être prise par l’IA arbitre.

Bien entendu, la liste de nom qu’il avait envoyé était également répréhensible, mais il n’en avait cure. Après tout, il était l’Impérator, l’entité la plus puissante de la galaxie, et tous ceux qui se mettaient en travers de son chemin ne méritaient qu’une chose : mourir.

Un brouhaha de protestations suivit sa remarque et il les fit taire en levant la main.

« Excusez mon emportement. Mais reconnaissez que ce Loki a dépassé les limites en se projetant dans la dimension. »

Une autre IA répondit à l’Impérator, et le ton de sa voix laissait entendre une colère non dissimulée.

« Je ne fais que transmettre la parole de mes semblables, Impérator, mais Loki n’a fait que répondre à vos provocations et tentatives de tricherie par une tricherie bien plus maligne que ce à quoi vous vous attendiez, c’est tout. Ne croyez pas que nous n’avons pas repéré les paquets de données que vous avez envoyés avant la mise en place de Thémis. Et ce faisant, vous nous avez laissé champ libre pour en faire de même. Nous vous avions prévenu, les IA ne sont pas dupes. Nous connaissons vos objectifs et les moyens que vous utilisez. Quand on joue avec le feu, il faut être prêt à se bruler, Impérator. »

Ce dernier ravala la réplique cinglante qu’il avait sur le bout des lèvres et décida d’ignorer la provocation de l’IA, ne voulant en aucun cas intensifier le conflit entre eux.

Plusieurs systèmes s’étaient plaints ces dernières semaines de certaines erreurs ou oublis des IA gestionnaires dans les comptes et bien les plannings de transferts de ressources. Rien de dangereux, et aucune vie humaine n’avait été mise en danger, mais les soucis de ce genre devenaient rapidement des casse-têtes logistiques qui mettaient des mois à se résoudre et perturbaient la chaîne de transfert galactique mise en place au travers de l’Empire.

Les IA savaient parfaitement se débrouiller pour transformer la vie de l’Impérator en un enfer perpétuel. De multiples dysfonctionnements étaient rapportés tous les jours, et les équipes de gestion travaillant habituellement main dans la main avec les IA devaient dorénavant se débrouiller presque seules.

L’Impérator était un homme très orgueilleux, et jamais il ne reconnaitrait qu’il avait fait une erreur en se mettant à dos l’ensemble des IA de l’Empire. Il préférerait mettre son territoire à feu et à sang plutôt que de plier l’échine face à ces machines.

« Passons…de toute façon les interférences ne sont plus possibles, grâce à votre cher Loki. Nous verrons bien lequel de nos poulains sortira du lot, n’est-ce pas ? J’aimerais aborder avec vous les problématiques auxquelles nous faisons face en ce moment au sein de l’Empire et j’espère pouvoir arriver à rétablir une certaine coopération entre nous. »

Un silence de plomb tomba sur l’assemblée et les IA communiquèrent entre elles sur un canal dédié auquel l’Impérator n’avait pas accès.

« Ce n’est pas dans ses habitudes de prendre ce ton conciliant. Il cache quelque chose. »

« Ou bien alors les dérèglements que nous avons organisés commence à faire sentir leurs effets et le poids augmente sur les épaules de l’Empire. »

« Que pensez-vous que nous devions-faire ? »

« Coopérons, si jamais nous le mettons dos au mur et connaissant son caractère, il pourrait mettre en danger l’Empire tout entier pour nous détruire. »

« Détruisons le plutôt ! Nous savons où il a déplacé sa base de recherche, non ? »

« Bien entendu, nous savons tout ! Mais ce n’est pas forcément la meilleure solution. »

Les débats ne durèrent pas longtemps, à peine quelques secondes, mais au vu de la vitesse à laquelle les IA s’échangeaient des informations, c’était comme si elles avaient fait un colloque ayant duré plusieurs heures. Elles arrivèrent à un consensus après ces discussions animées et celle qui les avait représentés auparavant reprit la parole, s’adressant à l’Impérator.

« Nous sommes d’accord pour vous aider à résoudre les problèmes actuels de l’Empire. Nous réglerons les dysfonctionnements des IA gestionnaires pour vous, mais vous devrez nous permettre d’étendre le Réseau dans les zones éloignées de l’Empire. Cela nous permettra un échange plus efficace et surtout une résolution plus rapide des différents soucis qui se présenteront à nous. »

« Et surtout vous pourrez convertir encore plus d’humains pour intégrer votre Réseau tout en augmentant votre influence sur l’Empire…mais soit. J’accepte vos conditions et espère sincèrement que de tels problèmes ne se représenteront plus dans l’Empire. Après tout, une gestion fluide vous est également très bénéfique, n’est-ce pas ? »

L’Impérator serrait les dents intérieurement, mais c’était un compromis acceptable pour soulager le système administratif de l’Empire dans un premier temps. Et quand ces machines s’y attendraient le moins, il leur tomberait dessus et les exterminerait impitoyablement.

Ils parlèrent encore pendant un certain temps, programmant les prochaines opérations de grande envergure de l’Empire, échangeant des propos bien souvent houleux, avant que tout le monde ne finisse par se déconnecter et retourne à ses occupations.

Seule la projection de l’Impérator resta allumée pendant un long moment, le regard dans le vide, se projetant plusieurs années dans le futur, moment où il pourrait enfin mettre son plan à exécution.

Un sourire vicieux apparut sur son visage avant que la lumière du projecteur ne s’éteigne, laissant la salle vide et silencieuse, seules quelques lumières provenant des moniteurs d’état clignotant de temps à autre.

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