Néo-Life
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Chapitre 20 – Préparations
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Marlon monta les escaliers menant à la surface rapidement, les larmes coulant toujours sur ses joues alors qu’il repensait au meurtre qu’il venait d’accomplir, des lambeaux de rires hystériques échappant de temps à autre de ses lèvres sur lesquelles il avait le goût du sang. Il avait déjà tué plusieurs joueurs, mais uniquement ceux qui avaient été menaçants ou bien des personnes s’en étant pris à lui. Il n’avait encore jamais tué quelqu’un qui l’avait aidé, qui avait littéralement sauvé sa vie.

Il n’avait jamais perdu la bataille contre son propre esprit, pensant jusque-là avoir la main haute sur son mental. On venait juste de lui prouver le contraire, et Marlon se dit que Jacob avait eu raison sur beaucoup de points lorsqu’il lui avait parlé de ses…soucis.

Il s’assit à terre, se prenant la tête entre les mains et s’appuyant dos contre le mur alors que ses pensées formaient un tourbillon chaotique et imprévisible. Son cœur battait follement et il se mordait les lèvres pour ne pas laisser échapper un cri de désespoir.

« Respire un grand coup, gamin. Après tout, tu n’as fait qu’avancer vers ton objectif un peu plus. Pas de la manière la plus propre qui existe, mais rappelle-toi bien pourquoi tu fais tout ça, pourquoi je suis là avec toi. »

Les paroles de Loki calmèrent quelque peu les tremblements de Marlon qui sentait poindre une attaque de panique. Elle reflua doucement et il se recentra sur ses désirs, repensant à sa mère, à la mort qu’elle avait eu et aux fils de chiennes qui lui avait fait cela.

Instantanément il se calma et son esprit s’apaisa, les pensées tourmentées s’éloignant de l’horizon de sa conscience.

L’IA avait raison. Il se battait pour venger sa mère, pour conquérir ce monde fait de magie et d’autres choses qu’il n’avait jamais espéré connaître de toute son existence.

Si son chemin devait être pavé de sang, soit. S’il devait massacrer des centaines, non, des milliers d’autres joueurs, soit.

Il n’avait qu’à ne pas devenir amical avec eux, les considérer comme des cibles, uniquement.

« Seulement les joueurs, et ceux qui menacent ma vie. Je ne veux pas devenir comme ceux qui m’ont infligé cette douleur », dit-il pour lui-même.

« Aucun souci, gamin. Je suis là pour te soutenir de toute manière. Et ce n’est pas comme si tu avais dérogé à cette règle, quoique tu en penses. Xin était un joueur, et il t’a apporté quelque chose d’intéressant. J’ai hâte de voir ce que tu vas pouvoir faire avec cette rune. »

Marlon se releva, inspirant un grand coup avant de se retourner et de poser la main sur le levier en métal dépassant du mur. Sa résolution se raffermit et se fit plus claire, plus présente.

Loki, lui, garda le silence, content d’avoir réussi à détourner les pensées de Marlon mais inquiet sur la progression rapide de sa folie.

Luna se mit derrière lui et se frotta avec insistance contre sa jambe.

Il se rappela les instructions du garde pour sortir des catacombes, aussi abaissa-t-il la tige, ignorant la chimère pour l’instant, et entendant aussitôt des mécanismes se mettre en route à l’intérieur des murs. Il n’avait rien perçu de tout cela quand le garde avait ouvert la porte grâce à sa magie.

Était-ce une formule qu’il avait prononcé pour déclencher l’ouverture ? Ou pour activer une rune quelconque ? Le fonctionnement de la magie restait encore un grand mystère pour Marlon, qui commençait seulement à appréhender les Runes qu’il avait à sa disposition. Il faudrait très bientôt qu’il aille voir ce fameux mage Runiste à la Tour, mais sa priorité était de se renflouer et d’investir dans ses professions.

La porte en roche finit de pivoter, révélant la place d’où il était arrivé, si ce n’était que le soleil s’était couché depuis longtemps et que l’endroit était illuminé dorénavant par des lampadaires hauts de cinq mètres. Ils ressemblaient énormément à ceux présents sur terre, si ce n’est qu’ils ne fonctionnaient pas grâce à l’électricité mais à la magie.

La lumière blanche qui s’en dégageait donnait un air blafard aux gardes qui protégeaient l’entrée des catacombes, leur armure sombre contrastant avec ces visages clairs.

Tous avaient à la ceinture de petites roches gravées qui s’élevèrent à hauteur de leur visage et projetèrent un rayon lumineux intense vers le jeune homme dès qu’ils le remarquèrent. Le jeune homme ne reconnut pas les runes, mais elles semblaient bizarrement similaires à celles qu’il avait vu gravé sur l’artefact de téléportation qu’avait utilisé Drevos.

Parmi les quatre gardes présents, un seul parut familier à Marlon, et c’est celui-ci qui prit la parole alors que tous s’étaient retournés pour observer le jeune homme sortant de l’accès souterrain.

« Vous avez été rapide ! » commenta le garde qu’il avait reconnu, une mine étonnée sur le visage.

Ils relevèrent leurs armes, se détendant en voyant que le nouveau venu était un humain et non une de ces créatures velues que l’épéiste avait été envoyé chasser. Les petites roches volantes retournèrent dans ce qui semblait être leur poche de rangement et les lumières inquisitrices s’éteignirent par la même occasion.

Marlon respira de nouveau l’air pur de la cité, ses soucis balayés alors que les senteurs de putréfaction et d’égout furent remplacées par celles de la ville, bien plus supportables.

« Ce n’était pas une promenade de santé, mais j’ai préféré écourter vu le cadre de travail… » plaisanta mollement Marlon, qui ne pouvait s’empêcher de regarder avec intérêt les cailloux lumineux maintenant au repos.

Tous eurent un hochement de tête, comprenant tout à fait la vision du jeune homme. Ce qu’ignorait Marlon, c’est que tous ces gardes avaient comme première mission et comme bizutage surtout, de tuer au moins un homme-rat dans les catacombes.

Cela permettait de limiter l’infestation et surtout d’endurcir les nouvelles recrues, aussi comprenaient-ils tous très bien ce que venait de vivre le jeune guerrier, excepté le meurtre de Xin, bien sûr.

Ils ne purent cependant s’empêcher de froncer le nez alors que les relents de putréfaction et autres notes désagréables se dégageant des habits de Marlon parvinrent à leurs narines.

« Je vous conseille de vous laver avant de rendre votre quête. Votre fumet est assez…intense. »

Marlon rigola à la remarque du garde et il jeta un coup d’œil à la fontaine, secouant la tête en refoulant l’idée facile qui venait de lui traverser l’esprit.

« Y a-t-il une auberge proposant des bains non loin de la guilde des aventuriers ? »

« Mieux, avant d’arriver à la guilde, vous verrez un édifice blanc de deux étages avec un emblème représentant la pluie. Ce sont les bains publics, et ils sont ouvert à toute heure du jour et de la nuit. » répondit un des membres du quatuor en pointant le doigt en direction des thermes.

Marlon leva un sourcil à la mention du bâtiment. Il était en effet passé devant lors de sa traversée vers cette place, mais il n’y avait pas prêté attention.

Il remercia le garde et se dirigea sans plus attendre vers les bains, heureux de pouvoir laver son corps incrusté de sang séché et de sueur, entre autres.

Même sa chimère semblait se tenir à bonne distance de lui, et pas sous le vent. Surement pour éviter les désagréments olfactifs liés à son état de propreté.

Les rues étaient bien plus calmes que dans la journée. Il n’avait aucune idée de l’heure exacte, mais elle devait être bien avancée, car aucune carriole de marchand ne passait, et les quelques rares piétons présents étaient bien plus discrets que ceux croisés dans la journée.

Il vit des couples se peloter, dans les allées, des ivrognes rendre leurs boyaux dans les caniveaux d’évacuation alors qu’ils avaient trop bu, mais rien d’inhabituel pour une ville de cette taille, ce qui l’étonna grandement.

Le fond de l’air était frais, et il accéléra le pas, pressé de pouvoir se laver. Il allait devoir se procurer des vêtements de rechange rapidement, car porter les frusques peu ragoutantes qu’il avait sur lui après un bain serait…eh bien, contre-productif.

Quelques instants plus tard, la question fut heureusement résolue pour la nuit. Il avait pénétré dans l’édifice des bains et un homme plutôt bourru à l’accueil, qui manqua rendre l’âme en sentant le parfum de l’aventurier, lui proposa de laver son attirail pour cinq Amecareth de cuivre.

Marlon se fit un plaisir d’accepter et il suivit l’homme vers une pièce individuelle ou une baignoire de métal se trouvait. L’homme toucha avec légèreté un ensemble de runes gravées sur la baignoire, et de l’eau remplit alors le tube métallique, claire et fumante, alors qu’une rune bleue se mit à briller, chauffant l’eau dans le tube métallique.

Le jeune homme se déshabilla, donna ses vêtements à l’homme qui semblait toujours avoir l’estomac au bord des lèvres, et il s’enfonça dans l’eau chaude en soupirant de bonheur.

Il mit presque une heure à sortir du bain, et l’eau dedans n’avait plus rien d’attirante quand il s’en alla. Il avait voulu laver Luna, mais une panoplie de griffures plus tard, il avait renoncé en se disant que son comportement était vraiment semblable à celui d’un chat terrien.

L’homme était revenu entre-temps et avait posé ses habits sur une table en bois accolée à la baignoire avant de s’en aller en faisant un signe de tête à Marlon.

Sentant le frais, et avec ses vêtements redevenus portables, le jeune homme se dirigea d’un pas bien plus léger vers la guilde des Aventuriers. Cette trempette lui avait fait un bien fou, physiquement comme mentalement. Son esprit s’était allégé et c’était presque comme si les évènements de la journée n’avaient été qu’un rêve étrange.

« Et surtout tu ne fais plus fuir les gens à moins de dix mètres de toi, haha ! »

Marlon ignora en grommelant la pique sarcastique de Loki et une dizaine de minutes plus tard il était devant un des comptoirs de la guilde, qui semblait elle aussi ouverte non-stop.

Quelques autres aventuriers étaient présents, mais en bien moins grand nombre que précédemment. Le clone de la tenancière de la guilde lui tendit encore une fois la boule noire qui avait révélé sa classe et lui demanda de poser ses mains dessus. Il le fit sans poser de questions et quelques secondes plus tard elle hocha la tête.

« Votre quête a été validée. Voici votre récompense, ainsi qu’un message de notre corps original. Bonne fin de soirée à vous, monsieur Revenge. »

« Co…comment êtes vous sûre que j’ai bien effectué cette quête ? Vous ne demandez aucune preuve ? »

Le grand sourire que fit l’hôtesse semblait tout sauf naturel, mais elle expliqua tout de même au jeune homme le fonctionnement de la boule noire.

« Cet outil nous permet de voir vos statuts, classes, mais également tous les évènements liés à une ou plusieurs quêtes choisies. Cela évite les malfaçons, la fraude, ou bien toute forme de ruse destinée à éviter de faire proprement les quêtes choisies. D’autres questions, monsieur ? »

Marlon secoua la tête, intrigué par le fonctionnement de cet outil, et il sentait l’intérêt de Loki également dans un coin de son esprit, mais il ne put empêcher un frisson quant aux implications de ce qu’elle venait de dire.

Il ramassa le sac contenant les dix Amecareth d’argent ainsi que le joyau commun, les rangeant dans son sac avant de lire la note laissée par la patronne de cette branche de la guilde.

« Bien joué. Revenez me voir quand vous aurez vu le Mage Runiste, je suis intriguée par cette magie qui vous donne des runes lorsque vous tuez. »

Le jeune homme sentit un frisson lui traverser le corps, la boule noire révélait donc vraiment tout ce qui était lié à la quête. Elle était donc bien au courant du meurtre et de la Rune de Vie.

« Elle ne te reproche rien, bien au contraire. Je pense que c’est une bonne nouvelle. Tu pourras peut-être échanger quelques connaissances contre des informations de premier rang. Intéressant ! »

Le jeune homme mit donc de côté le fait dérangeant que la Multipliante connaissait déjà tout le déroulement de sa quête dans les catacombes et il se dirigea vers l’ardoise géante.

« Je dois trouver une autre quête. Le matériel vendu dans les guildes de professions demandait minimum des Amecareth d’argent. Je n’irais pas loin avec ce que j’ai sur moi. »

« Je pense la même chose. Si tu veux continuer à progresser, c’est également une bonne méthode. Tu trouveras certainement d’autres joueurs sur lesquels te faire les dents. »

« Le problème est que je ne peux pas différencier les joueurs des natifs… »

« Tu n’as qu’à leur demander. Si ce sont des joueurs lambda, ils croiront toujours être dans un jeu et te répondront sans aucun doute. S’ils ne réagissent pas à la mention de Néo-Life, ce sont des natifs. Ou des élus… »

« Je préférerais éviter de tomber sur la dernière catégorie si je le pouvais. »

Les gens alentours le regardèrent bizarrement alors qu’il semblait parler tout seul, mais il n’y prêta pas attention.

Marlon était déjà absorbé par les différentes quêtes affichées sur le tableau géant, cherchant quelque chose qui ne l’emmènerait pas trop loin et serait quand même profitable. Les propositions étaient vraiment nombreuses, mais beaucoup d’entre elles requéraient d’intégrer un groupe et il voulait absolument éviter ça pour le moment.

Une quête attira son regard. Ne nécessitant pas de groupe, disponible pour les rangs Bronze à Argent, elle demandait de chasser deux types de créatures différentes.

Il devrait chasser des Loups Sylvestres et des Arbols Majeurs. La zone de chasse se situait dans la Forêt de Cronande. Et surtout la récompense était d’une pièce d’argent par créature chassée, sans limite de nombre, ainsi qu’une recette de potion. Ce qui pourrait être très profitable pour le jeune homme, de toutes les manières possibles.

Il se redirigea vers l’hôtesse et demanda où se situait la Forêt de Cronande, Loki étant incapable de le renseigner. Elle haussa les sourcils devant cette question qu’elle jugea très basique mais répondit tout de même, laissant transparaître son étonnement dans sa voix.

« C’est une forêt qui se situe à une demi-journée de marche à l’Est de Delia. C’est une vallée très grande engoncée entre les montagnes menant à Forgeciel. La traverser à pied prendrait une à deux semaines, selon le rythme, et les créatures sont très variées. »

Marlon la remercia et pensa intérieurement qu’il devrait vraiment se procurer une carte de ce monde. Il commençait à en avoir réellement besoin.

Une demi-journée de marche équivaudrait surement à moins pour lui, avec l’enchantement de son armure de cuir, aussi valida-t-il la quête en inscrivant son nom dessus. Le son familier du système résonna dans son esprit et il regarda le message distraitement avant de le valider.

Ding

Quête de La Chasse de Cronande acceptée

Les Loups Sylvestres et les Arbols Majeurs pullulent dans la forêt de Cronande. La guilde vous demande de juguler leur infestation et vous récompensera pour chaque créature chassée.

Récompense : 1 Amecareth d’argent par créature tuée, Recette d’antidote basique. Expérience selon score de chasse.

Limite : Aucune.

Il ne traina pas dans le bâtiment de la guilde et se dirigea aussitôt vers le quartier des professions. Il avait besoin de certains matériaux avant de se lancer dans la quête, et il avait bien retenu la leçon des catacombes.

Deux heures plus tard, le soleil se levait sur la cité de Delia et Marlon quittait le quartier des Artisans. Les volets s’ouvraient de tous les côtés sans que personne ne les manipule, semblant réagir magiquement aux rayons du soleil, et il put même voir des gens s’appuyer sur leur balcon alors que des chaises se déployaient sans aucune aide avant qu’ils ne s’assoient dessus.

La magie ne cessait de l’impressionner, et il n’avait qu’une hâte, la maitriser au mieux afin de l’exploiter comme il le voulait.

Il avait racheté des parchemins afin de pouvoir préparer quelques runes, une centaine à peu près. Le marchandage avait été rude, mais il était passé de deux pièces de cuivre à une pièce le parchemin, sous conditions qu’il prenne un stock considérable.

Son sac à dos avait heureusement de nombreuses poches, et les parchemins ne prenaient pas une place importante, ce qui lui permit également d’acheter du matériel un peu plus confortable pour dormir en extérieur. Rien de grandiloquent, mais un sac de couchage bien plus confortable que ce qu’il avait précédemment, pour vingt pièces de cuivre, et deux antidotes qu’il avait négociés à quarante Amecareth de cuivre chacun.

Niveau équipement de chasse, il avait investi trois pièces d’argent pour un arc en bois, n’ayant pas pu garder celui de son entraînement avec Jacob, ainsi qu’une cinquantaine de flèches basiques, carquois fourni.

« Passe par la Guilde des Herboristes. Tu devrais y acheter un ouvrage t’aidant à améliorer tes connaissances sur les herbes et plantes du coin, ça pourrait aussi te servir pour te faire un peu d’argent. »

Le conseil de Loki était bien sûr plein de sagesse, aussi dépensa-t-il cinquante pièces de cuivres supplémentaires dans l’acquisition d’un ouvrage détaillant les trouvailles plus ou moins rares que l’on pouvait faire dans la région de Delia.

Sa dernière visite fut la guilde des alchimistes, où il acheta une vingtaine de fioles métalliques pour un Amecareth d’argent, en prévision du plein qu’il allait faire dans la forêt. Avec celles qu’il possédait déjà, on arrivait donc à une trentaine de fioles. Vingt-sept étaient vides, trois remplies avec le sang des hommes-rats.

Il lui restait donc trois pièces d’argent, à peu près, qu’il décida de conserver en vue d’un possible échec ou d’un imprévu qui le forcerait à revenir dans la cité avant de pouvoir rentabiliser sa quête.

Il n’avait rien acheté d’autre, comptant bien profiter de sa quête pour massacrer de la créature en masse et se refaire un pécule bien plus important.

Qui plus est, il avait toujours les deux pièges à loup récupérés près de Takpes, et le savoir basique qu’il possédait dans ses cinq professions lui permettrait de survivre bien plus aisément dans la forêt.

Il avait calculé que pour se procurer tout le matériel de base lié à ses différentes professions, il lui faudrait au bas mot quatre-vingt Amecareth d’argent. Uniquement le basique, bien sûr.

Il n’en aurait choisi qu’une seule, il aurait pu s’équiper dès à présent, mais il voyait les choses en grand, aussi l’investissement de départ était bien plus conséquent, mais le retour le serait également sans aucun doute.

C’est donc empli d’une nouvelle sérénité qu’il se dirigea vers la porte Est de Delia, suivant simplement les différents panneaux sur le chemin.

Les gens commençaient à s’éveiller et la vie revenait dans les rues de la capitale, des carrioles passant de plus en plus à côté du jeune homme, les quelques échoppes pas encore ouvertes finissant de sortir sur le parvis leurs différents articles.

Il remarqua des choses qui n’avaient pas attiré son attention précédemment, et il s’émerveilla une fois de plus au sujet de ce monde plein de mystères.

Certains passants ne marchaient pas mais semblaient léviter à quelques centimètres au-dessus du sol, un bracelet scintillant de mille feux incrustés sur leur bras. Sûrement un artefact leur permettant d’effectuer cette prouesse.

Ici, un marchand proposait des gourdes se remplissant automatiquement d’eau grâce à des runes imprimées dans le métal même du contenant.

Là, des parchemins qui dessinaient automatiquement une carte suivant les endroits que l’on explorait, quelque chose que Marlon trouvait très utile, très semblable à son interface, et qui n’avaient pour lui aucune utilité.

Il avait préféré la tranquillité de la nuit, et il se dit qu’il devrait s’organiser à l’avenir pour éviter la masse compacte de gens circulant en pleine journée. Le brouhaha ambiant et l’excitation constante de la capitale épuisaient le jeune homme qui avait besoin de se retrouver seul bien plus souvent qu’il ne l’aurait cru.

Quarante-cinq minutes supplémentaires furent nécessaires pour traverser la ville, et Marlon passa encore devant de nombreuses merveilles qu’il n’aurait jamais cru possible.

Il vit des boutiques vendant des familiers, certains ressemblant à des dragons miniatures flottant dans les airs, d’autres à des tortues gigantesques pouvant transporter plusieurs personnes.

Curieux, il demanda les prix mais partit la tête basse quand le vendeur lui annonça que les prix de départ étaient supérieurs à dix Amecareth d’or. Il fallait qu’il monte de niveau rapidement afin de pouvoir se payer ce genre de monture. Il en avait marre de marcher pour traverser la cité de long en large, c’était une perte de temps incroyable.

Même Luna miaulait de frustration alors que les pavés de la route commençaient à chauffer sous l’effet du soleil.

Une autre boutique l’intéressa fortement mais son budget était encore une fois un peu léger. Elle vendait des artefacts de stockage, chose que Marlon n’avait encore une fois vu que dans des jeux vidéo sous forme du fameux système d’inventaire.

Il faillit prendre un anneau et se sauver en courant, mais il savait que les gardes le rattraperaient vite et lui feraient payer fortement cet acte de vandalisme. Qui plus est, la sécurité de la boutique était très élevée, des vigiles aux airs de molosse suivant du regard chacun de ses faits et geste.

Le vendeur lui jeta à peine un coup d’œil et lui expliqua dédaigneusement que le plus petit anneau de stockage coutait au bas mot dix Amecareth d’or. Dépité, Marlon repartit la tête basse en se disant qu’il n’arriverait à se payer ce genre d’objets que dans un très lointain futur, vu le montant d’argent nécessaire.

Il avait bien demandé à des marchands de le transporter, mais ils lui avaient jeté des regards condescendants en l’ignorant et en continuant leur chemin.

Quand il arriva enfin devant l’entrée Est de la ville, semblable en tout point à celle par laquelle il était arrivé à Delia, il ressentit un soulagement certain à quitter l’émulation constante qui régnait dans les rues de la capitale.

Il salua d’un air distrait les soldats gardant la porte et ceux-ci répondirent d’un hochement de tête. Ils ne faisaient apparemment pas attention aux gens sortant de la ville, préférant contrôler les carrioles et piétons arrivant dans la capitale que ceux-là quittant.

Le changement de décor ne fut pas immédiat, comme à son arrivée, les différents bâtiments et chemins présents à la sortie du cœur de la cité pas si différents des autres, si ce n’était un espacement progressivement plus important alors que ses pas l’éloignaient des murailles imposantes de Delia.

Sur sa gauche, après cinq minutes de marche, il remarqua une structure étrange, ressemblant à deux toboggans immenses dont l’on ne voyait pas la fin et qui continuaient dans les montagnes s’étendant à l’horizon.

Chacun d’entre eux faisait deux à trois mètres de large et Marlon voyait des sortes d’embarcations plates qui partaient de celui de droite en remontant la structure en bois, contrairement à tout ce que les lois de la physique dictaient. Des chargements étaient présents sur ces embarcations et Marlon remarqua que la deuxième structure, elle, accueillait les mêmes embarcations mais arrivant dans l’autre sens.

Intrigué, il demanda à un passant ce que c’était, et ce dernier le regarda avec étonnement. Encore quelque chose qui était connu par tous dans le coin, semblait-il.

« C’est la Voie des Forges, voyons, l’Ecluse ! C’est de là que nous proviennent tous les artefacts de Forgeciel, ainsi que les minerais précieux dont a besoin la capitale. Et c’est de là que partent les différentes ressources exigées en paiement contre leurs créations. Elle existe depuis des centaines d’années et ne s’est jamais arrêtée pour autre chose que des travaux d’entretien ! Plutôt impressionnante, non ? »

Marlon hocha la tête et se dit qu’il devrait visiter cette cité un jour. C’était la deuxième fois qu’il entendait ce nom depuis son arrivée à Delia.

Dix minutes plus tard, il se mit à courir, ne craignant plus d’entrer en collision avec d’autres gens, le flux de passants s’étant raréfié, et il fut content de sentir le vent siffler à ses oreilles alors que les édifices autour de lui se faisaient de plus en plus rares et que la nature reprenait ses droits sur son environnement.

Les quelques conducteurs de carioles qu’il dépassa le regardèrent avec nonchalance, habitués à en voir de plus étranges aux abords de Delia, et très rapidement il arriva à ce qui semblait être la bordure de la forêt de Cronande.

Il ne s’enfonça pas directement dans l’étendue verte, cherchant un endroit confortable et bien placé pour installer ce qui serait son camp pendant ces prochains jours.

Rapidement, il trouva l’endroit parfait. Un endroit plat, où seule de l’herbe verte poussait, couvert par l’ombre des arbres, un petit ruisseau coulant à quelques dizaines de mètres de là. Il eut un grand sourire et Loki ne put s’empêcher de faire une réflexion légèrement moqueuse, mais où l’on sentait poindre une légère impatience.

« Mesdames et messieurs, la chasse est ouverte ! »

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