Néo-Life
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Chapitre 14 – Delia et Merveilles
Chapitre 13 – Arrivée à Delia Menu Chapitre 15 – Métier et Monnaie

Marlon finit de traverser le passage rocheux parsemé de lampes magiques menant à l’intérieur des murailles de Delia, et ce qu’il vit lui coupa, encore une fois, le souffle.

Tous les bâtiments étaient faits de la même matière que les murs d’enceinte, et de larges fenêtres en verre ceignaient les façades de toutes ces constructions. Certaines s’élevaient à peine de deux ou trois étages, mais d’autres semblaient chatouiller les cieux et montaient bien plus haut. La roche semblait polie jusqu’à la perfection, aucune aspérité n’étant visible à l’œil nu, ces finitions sûrement œuvres de la magie.

L’avenue qui se trouvait devant lui était bondée de monde, et il se mit sur le côté pour ne pas gêner le trafic des carioles ralentissant à peine pour l’éviter et l’injuriant copieusement.

Les odeurs s’étaient faites encore plus intense maintenant qu’il avait franchi les murs de la cité, et il pouvait sentir le méli-mélo de senteurs qui dansaient dans l’air. Des fragrances de parfum se mêlant à de la nourriture, de sueur et même des relents de purin, ce qui devait être incontournable vu le nombre de chariots et de montures qui les tirait.

Ce n’est qu’au bout d’un moment qu’il remarqua que ces chariots empruntaient des lignes bien distinctes sur l’avenue, et que les piétons en empruntaient d’autres, ce qui semblait éviter la majorité des accidents. Cela donna une sensation étrange de déjà-vu au jeune homme qui se rappelait les routes bien délimitées de la Terre et ses trottoirs qui permettaient aux passants de déambuler en relative sécurité.

Les passants. Les yeux du jeune homme se firent tout ronds alors qu’il voyait pour la première fois des humanoïdes différents de tout ceux qu’il avait jusque-là rencontré.

Beaucoup avaient visage humain, mais possédaient certains attributs animaux, comme des queues soyeuses dépassant de leurs chausses ou bien des oreilles de chat pointant sur le sommet de leur crâne au lieu d’être disposées normalement sur les côtés.

D’autres avaient des visages dont les traits étaient bien plus félins, ou canins. Certains ressemblaient même à des rongeurs !

Marlon avait les yeux écarquillés de stupeur, ne pouvant s’empêcher de dévisager les différents humanoïdes qui défilaient devant lui. Bien sûr, sur Terre, il avait déjà vu des simili humains, tels que des androïdes ou des corps mécanisés servant de réceptacle pour des consciences Virtus. Ou bien même des clones. Mais des humains mêlés à des animaux ? Jamais. La science humaine, bien que folle, n’avait pas été dans ce domaine-là.

Il y avait également ce qui ressemblait à des nains ! Petits et trapus, certains avaient de lourdes haches accrochées dans leur dos quand d’autres semblaient deviser entre eux, tenant des morceaux de métal en main.

Il ne trouvait pas dérangeant. Il était plutôt intrigué comme un enfant était curieux devant quelque chose qu’il n’a jamais vu. Méfiant, mais pas dédaigneux. Alors qu’il pensait arriver au bout de ses surprises, il aperçut également ce qui semblait être des hommes-reptiles !

Ils se promenaient avec une capuche sur la tête et guidaient ce qui semblait être un énorme taureau noir dans l’avenue bondée de monde. Des soldats les précédaient et écartaient les passants sur leur chemin, jetant des coups d’œil curieux à la bête couleur de jais. Ce taureau de plus de deux mètres de haut possédait une musculature nerveuse et qui tremblait sous son cuir ténébreux. Il possédait quatre cornes ressemblant à celles d’un bouc sur la tête, mais en bien plus effilée.

Si Marlon se prenait un coup de ces cornes, il serait immédiatement coupé en deux, sans pouvoir y faire quoi que ce soit. Chaque pas de la bête faisait trembler le sol sous les pieds de Marlon et il ne put se retenir, demandant à un passant à cote de lui :

« Excusez-moi, monsieur, mais quelle est cette bête ? Et comment se fait-il qu’il y ait autant d’hommes animaux ici ? »

Le jeune homme se figea alors que son interlocuteur rabaissa sa capuche et dévoila ce qui ressemblait à deux cornes sur le haut de son front. Des oreilles pointues et…laineuses dépassaient également de la chevelure épaisse du passant qui fronça les sourcils devant la question très peu délicate de Marlon.

« Ho, excusez-moi ! Je viens d’arriver en ville et je suis juste curieux, n’y voyez aucune critique ! »

Marlon se sentir rougir légèrement alors qu’il ne savait plus vraiment où se mettre. Il entendit même un ricanement moqueur venant de l’intérieur de son crâne et manqua de se mettre une calotte pour faire taire Loki.

Il pouvait tuer sans sourciller d’autres joueurs, mais ce genre de situation sociale l’avait toujours embarrassé au plus haut point.

Heureusement, celui à qui il s’était adressé eut un rire franc et hocha la tête avec bonhommie en répondant au jeune gaffeur.

« Ne t’inquiètes pas, jeune homme ! Je ne suis pas du genre à me vexer pour si peu ! Mais tu dois venir du Sud si c’est la première fois que tu vois des êtres comme nous, n’est-ce pas ? »

Alors qu’il hochait la tête en réponse, l’homme-mouton eut un éclair de compréhension qui traversa ses yeux et il continua simplement son explication.

« Les régions du Sud n’accueillent pas les Nessos, aussi n’est-il pas étonnant que tu n’en ai jamais vu. Nessos, c’est le nom de notre espèce, les ‘hommes-animaux’, comme tu les appelles. Seulement, n’utilises pas ce terme devant n’importe qui. En général, nous le détestons. Nous sommes humanoïdes, mais nous n’avons vraiment pas grand-chose à voir avec les humains au niveau des origines…et nos comportements sont…différents, dirons-nous. Il y a aussi des Aviens, que tu pourrais vouloir appeler hommes-oiseaux, mais ils sont plutôt discrets et se promènent peu dans les cités humaines. »

Il reprit son souffle et montra du doigt le taureau qui s’éloignait maintenant vers le Nord de la ville, toujours encadré par les Nessos reptiliens.

« Ceci est une Bête Démon. Elles sont extrêmement puissantes et intelligentes, et elles sont chassées pour les incroyables ressources qu’elles peuvent offrir. »

Voyant la lueur d’intérêt qui brilla dans le regard du jeune homme, le Nessos s’empressa d’ajouter.

« Elles ne sont cependant pas faciles à capturer, et encore moins à tuer. Plus de cinq cents personnes sont mortes pour capturer celle-ci, et elle reste dangereuse, malgré de nombreux sorts d’entraves. Et elle fait partie des Bêtes Démon les plus faibles du continent. »

« Merci beaucoup, et désolé si je vous ai paru impoli. »

« Ne t’inquiètes pas, je ne reproche pas l’ignorance, seulement la bêtise, et tu n’en as pas montré ! Et si tu n’as jamais vu de Nessos, bien d’autres surprises t’attendent ! Nous ne sommes pas la seule espèce…exotique que tu pourras voir dans le coin. Allez, bonne journée à toi, jeune homme », conclut-il en rigolant et en s’éloignant sur la route bondée.

Le Nessos s’en alla en rabattant sa capuche sur sa tête et Marlon pensa intérieurement qu’il devrait se renseigner sur les relations humains-Nessos, ne serait-ce que pour ne plus paraître idiot.

« Tu sais que je peux t’aider dans ce genre de situation, hein ? »

« Si tu le pouvais vraiment, pourquoi ne m’as-tu rien dit avant que je passe pour un gros bouseux ? » demanda Marlon, légèrement agacé.

« Hmm, oui, bon, je suis désolé. Je trouvais ça très drôle, sur le coup. Ça t’intéresse toujours de savoir ce que je sais ? »

Marlon acquiesça intérieurement et Loki se lança dans un petit cours d’histoire. C’était quand même bien pratique de l’avoir sous la main, si ce n’était son côté espiègle.

« D’après ce que nous savons, les Nessos proviennent de continents différents d’Erengar, qui est le continent sur lequel nous nous trouvons, au passage. De nombreux conflits ont chassé les Nessos au fil des millénaires, et ils se sont mélangés peu à peu à la population humaine. Mais beaucoup ont mal finis, la nature humaine étant ce qu’elle est. C’était il y a quelques centaines d’années, et d’après les enregistrements que nous avons, la communauté Nessos s’est alors renfermée sur elle-même et a interdit toute relation autre que commerciale avec les humains. Mais ça s’est arrangé, depuis. »

L’IA s’interrompit quelques instants et reprit de plus belle.

« Nous sommes dans la partie médiane d’Erengar, qui pourrait être considérée comme rurale à l’exception de la capitale. Au Sud de Delia, les humains sont très…basiques, dirons-nous. Ils n’apprécient pas beaucoup ce qui ne leur ressemble pas, encore moins des espèces différentes. La Terre était comme cela aussi, il y a une bonne paire de siècles. Le Réseau a effacé les différences, mais avant tout cela, les gens se battaient entre eux pour des raisons aussi saugrenues que la différence de couleur de peau. Ne cherche pas à comprendre, il n’y a aucune logique derrière cela . »

Marlon secoua la tête, ayant du mal à comprendre les conflits de ce genre. Sur Terre, seuls les conflits liés à la richesse et au confort demeuraient. Littéralement rien d’autre n’avait d’importance, d’ailleurs. Et vu que vous pouviez changer de corps comme de chemise si vous aviez les moyens, les conflits basés sur l’apparence n’avaient plus de place sur Terre. Seulement, il semblait en être autrement ici. Marlon devrait donc prendre des pincettes et surtout faire attention à ce qu’il disait.

« Pour l’instant, on devrait se concentrer sur nos objectifs. Tu pourras toujours en apprendre plus ultérieurement. Et non, je ne vais pas te faire un exposé maintenant sur les nains, les elfes, ou encore les Aviens. Par quel bout on commence ? »

Marlon mit de côté les dizaines de questions liées à la dernière remarque de Loki et réfléchit. Il s’était déjà posé la question, bien sûr, et bien que prendre la direction de l’arène semblait le plus logique, il voulait d’abord se renseigner sur les dernières indications de son écran de statut, à savoir la pêche et la survie. Si ces compétences pouvaient être améliorées et amenaient alors des avantages que d’autres n’auraient pas, il ne fallait absolument pas passer à côté.

Il vit un panneau en bois devant lui semblant indiquer des directions. Marlon arriva sans aucun souci à déchiffrer les écritures de l’écriteau et en fut plutôt surpris.

« Ne le sois pas. En vous envoyant ici, on vous a tous appris le langage commun le plus répandu dans ce continent. Cela aurait été bien trop compliqué si vous ne parliez ni ne compreniez pas la langue dans un monde déjà plein de nouveautés. On voulait que vous surviviez un minimum ! Par contre cela ne concerne que le langage commun. Pour tous les autres, il faudra les apprendre. »

Le jeune homme hocha la tête, comprenant la logique derrière cette décision, et il vit que l’arène se situait dans le quartier Est de la ville, ainsi que le quartier des artisans. Coup de bol, il ne serait pas trop éloigné de l’arène en satisfaisant sa curiosité.

Il se dirigea donc vers le quartier Est, tout en prenant son temps pour observer ce qui se passait autour de lui.

Il s’arrêta même devant un étal qui vendait ce qui semblait être des sucreries et en acheta quelques-unes, dépensant une pièce de cuivre avec plaisir pour se régaler. Il apprit par la même occasion que ces pièces avaient un nom. Les habitants de la cité appelaient ça des Amecareth. Cuivre, argent ou or semblaient être les trois différentes versions de ces pièces, Marlon ne possédant que la version cuivrée de la monnaie.

Il arriva donc au quartier Est, et le paysage de la rue changea subtilement. Les étals de marchands alpaguant les passants et les habitations diverses avaient maintenant laissé place à de grands bâtiments, tous possédant une enseigne qui précisait leur spécialité. Aucun étal ne se trouvait dans la rue, et les gens avaient l’air plus…renfrognés ?

« Ils sont épuisés, surtout. Le quartier des artisans ne s’arrête jamais de vivre, nuit et jour, et ceux qui y travaillent sont des passionnés ne prenant que rarement le temps de se reposer. Aussi sont-ils un peu moins exubérants que ceux que tu as croisés jusque-là. Du moins, c’est l’analyse que nous en avons fait sur Terre. »

Le jeune homme vit que cela ne suffisait pas à expliquer le renfrognement des gens, et il se dit que l’analyse que les IA avaient faites des données reçues sur Terre possédait sûrement des lacunes, car il vit une amabilité sous cette apparence rude, des échanges aimables et respectueux pour la plupart.

Les façades étaient toutes bien entretenues, et les odeurs étaient bien plus distinctes dans ce quartier qu’à l’entrée de la ville. Il pouvait sentir l’odeur des peaux fraichement tannées, mêlée à celle plus douce des poissons frais. Il y avait également des notes de métal chaud, provenant surement d’un atelier de forge, et des senteurs herbacées provenant d’il ne savait quel bâtiment.

De petites venelles semblaient mener à l’arrière des bâtiments et c’est là que se dirigeaient les carioles, semblant charger ou décharger leurs marchandises dans des zones dédiées pour ne pas bloquer la circulation sur l’avenue principale.

Marlon resta figé quelques secondes, découvrant ces arômes incroyables qui se dégageaient de cette partie de la ville. Le trafic des chariots et marchands n’était pas moins intense que vers l’entrée mais il y avait beaucoup plus de passants, clairement. Cependant, tous se dirigeait plus loin dans le quartier.

« L’arène se trouve là-bas. On peut toujours y aller et revenir ici après ? »

Marlon voulait d’abord vérifier les ateliers. Et le premier vers lequel il se dirigea avait une devanture peinte en bleu, un poisson gigantesque faisant office d’enseigne. Sans être devin, il s’agissait surement du bâtiment des pêcheurs, aussi poussa-t-il la porte en bois massif qui semblait être l’entrée principale.

Il fut surpris par ce qu’il trouva à l’intérieur. Il y avait beaucoup de poissons, tous énormes, mais morts et empaillés, servant de décorations murales dans ce qui ressemblait à un grand hall en pierre grise. Des parties de ce hall étaient recouvertes de planches de bois et ce qui ressemblait à un comptoir d’accueil se dressait devant lui, une femme semblant être dans la trentaine et avec le regard vif se trouvant derrière.

Sa peau était brune, comme cuite par le soleil, et elle avait de faux airs de ressemblance avec le pêcheur qui avait aidé Marlon sur le lac.

« Salut, garçon. Bienvenue à la guilde des pêcheurs ! T’as pas l’air d’être du coin, je me trompe ? »

« No..non, en effet. Je viens d’arriver en ville et je…je n’y connais pas grand-chose, pour tout vous dire. Je ne savais même pas qu’il y avait des guildes… »

La femme eut un grand rire cristallin qui parut résonner dans le hall et les quelques personnes présentes se retournèrent toutes pour voir d’où venait cet éclat sonore. Elles retournèrent cependant bien vite à leurs occupations.

« T’inquiètes pas, jeune homme. T’es pas le seul dans ce cas-là, j’ai croisé plein de gens comme toi ces dernières semaines, presque à croire qu’il y a eu un bateau de touristes débarquant sur le continent, haha ! »

Marlon sut qu’elle parlait des autres joueurs. Il se contenta d’hocher la tête pour l’inciter à expliquer ce que le jeune homme ne savait pas.

« Bon alors, déjà, sache que toutes les professions ont une guilde semblable à celle-là. Ici, à Delia, dans ce quartier, tu peux même trouver les guildes de chaque métier existant. Contrairement aux arts militaires ou magiques, notre classement est simple. Il va de Débutant à Grand Maître. Chaque niveau te permettra d’accéder à du matériel de qualité supérieure dans la guilde correspondante. Mais surtout, et c’est là le plus intéressant, d’accéder à des savoirs restreints. »

« Des savoirs restreints ? Comme des avantages ? »

La femme applaudit des deux mains comme une gamine, ce qui jura profondément avec l’impression qui se dégageait d’elle.

« C’est exactement ça ! Pour la pêche, par exemple, certaines créatures ne peuvent se trouver et être attrapés que par des pêcheurs de rang Avancé, où bien Maître, car seul le savoir inhérent à ce niveau leur permettra de tirer le maximum des créatures et surtout de savoir où les trouver et comment les appâter. »

Marlon comprenait le principe de tout cela, mais il voyait une faille béante.

« Mais quelqu’un de puissant ne pourrait-il pas juste outrepasser ce savoir ? Ou bien tricher et demander ce savoir à un autre ? »

La femme tourna la tête en signe de dénégation et continua d’expliquer au jeune homme comme à un enfant.

« Ce n’est pas aussi simple. Quelques-uns ont peut-être trichés, mais le bénéfice à court terme n’équivaudra jamais la connaissance d’un vrai pêcheur. D’ailleurs le matériel permettant d’attraper les créatures de haut niveau est extrêmement complexe et ne peut être manié que par un pêcheur certifié. Qui plus est, le savoir inhérent au passage de classe est quelque chose de précieux. Il peut aider à mieux comprendre beaucoup de choses en ce monde. Et il en va de même pour toutes les professions. Connaître les poissons comme un Grand Maître, c’est connaître un peu mieux tous les êtres vivants. C’est comprendre le mana qui les régit, leur âme, si tu préfères. Ça marche pour les plantes, le métal, les poissons, absolument tout ! »

« Retiens attentivement ce qu’elle te dit, Marlon. Le mana n’est que le nom que les habitants d’ici donnent à l’éther. Les professions t’aideraient donc à mieux comprendre l’éther lié à leur champ de connaissance ? C’est incroyable…nous n’avions jamais compris cela dans les données ! »

Même Loki était sidéré par ce qu’il venait d’entendre, aussi le jeune homme n’en perdit-il pas une miette.

« Je pense comprendre…et comment faire si l’on veut avancer de niveau ? »

« Tout d’abord, il faut qu’on te reconnaisse comme pêcheur. C’est un simple sceau magique te permettant d’accéder à notre boutique de Guilde, et qui sera comme ta carte d’identification de pêcheur. C’est le même système pour toutes les professions. Quand ce sceau se mettra à briller, cela voudra dire que tu es prêt pour passer au niveau suivant avec un instructeur ou une quête. Ça dépend des gens et du niveau. Et quelques connaissances de bases te seront offertes à chaque niveau passé. »

Marlon venait en quelque minutes d’apprendre tout un tas d’informations précieuses sur le fonctionnement de ce monde. Et tout semblait lié, de près ou de loin, à la magie.

« On peut avancer grâce à une quête ?!? » demanda-t-il les yeux grands ouverts

« Haha, ne crois pas que cela soit simple. C’est valable surtout pour les hauts-rangs. Quand tu devras réussir à pêcher un Léviathan par tes propres moyens, demandant une parfaite compréhension de la créature et de ses capacités, puis une préparation de plusieurs semaines, voire des mois, tu comprendras pourquoi c’est compliqué ! »

Marlon réfléchit quelques instants puis décida de s’enregistrer officiellement comme pêcheur.

« Je peux devenir pêcheur officiel, s’il vous plaît ? »

« Bien sûr, c’est ouvert à tout le monde, approche ! »

Alors qu’il se rapprochait de la femme, elle lui saisit le poignet dans un geste vit et murmura quelques paroles incompréhensibles avant qu’une douleur intense n’irradie de l’avant-bras de Marlon. Cela ne dura qu’une seconde ou deux, heureusement, et elle disparut aussi vite qu’elle était apparue.

A l’endroit où la femme avait posé son doigt apparaissait maintenant un tatouage en forme de poisson, assez joli, il devait le reconnaître, et ce poisson était surmonté d’un symbole qu’il ne put déchiffrer.

« Voila ! Tu es officiellement un pêcheur débutant ! Sens-tu une différence ? »

Marlon ferma les yeux et se concentra, les rouvrant instantanément. Lui et Loki eurent la même réaction.

« Bordel de… »

« Bordel de… »

C’est comme si on lui avait littéralement greffé un savoir qu’il n’avait pas quelques secondes auparavant. Il connaissait des techniques de pêche comme la pêche au filet ou bien la pêche à la traine alors qu’il ne l’avait jamais pratiqué. Certaines espèces de poissons faisaient clairement partie maintenant de ses souvenirs alors qu’il ne les avait jamais vu auparavant.

« Tu comprends mieux maintenant ce que je te disais il y a quelques minutes ? Tu ne pourras jamais, même avec une puissance très élevée, égaler le savoir de générations entières. C’est ce que nous transmettons avec ces sceaux magiques, et tes expériences s’ajouteront également aux prochains pêcheurs. Un de mes anciens mentors aimait beaucoup dire que ça nous évitait de réinventer la roue à chaque fois que l’on voulait voyager. Et c’est exactement ça ! »

« C’est…c’est incroyable ! Et toutes les professions transmettent leur savoir de cette manière ? »

La femme hocha la tête, ravie devoir l’étonnement et la joie sur le visage de Marlon alors qu’il admirait son tout nouveau tatouage.

« Après, cela demande quand même un travail conséquent pour passer au stade suivant. Ne crois pas que ce tatouage va te mâcher le travail. Il te sert juste de support pour les connaissances de base. A toi de faire tes propres expériences pour avancer. Tu devrais aller faire un tour à la boutique de guilde, sur la droite, et acheter un peu de matériel. Ça t’aidera un peu. »

Juste avant que Marlon ne parte, elle l’interpella une dernière fois.

« Si jamais tu attrapes des espèces rares, nous sommes toujours intéressés pour les acheter à bon prix, ne l’oublies pas ! »

Elle avait un grand sourire sur le visage alors qu’elle lui disait tout ça, et Marlon la remercia chaleureusement avant de s’éclipser poliment et d’aller en effet visiter la boutique de guilde. Il en profita pour glisser quelques mots intérieurs à Loki.

« Loki, je vais prendre toutes les professions de la ville. C’est incroyable ! C’est aussi bien que le transfert d’informations sur Terre ! »

Le ton de Marlon était fébrile et une excitation non contenue transperçait dans son timbre de voix.

« C’est quasiment pareil, en effet. Mais bien plus complexe. Après tout, la magie est impliquée. Mais je t’avoue que personne n’avait d’informations sur les professions et que j’en tombe sur le cul, passe-moi l’expression ! Mais ne prends pas la grosse tête non plus, gamin ! Prends des professions qui te seront utiles dans l’immédiat, ça ne sert à rien de te surcharger. Une journée ne contient qu’un certain nombre d’heures, et tu as déjà beaucoup à faire. »

Marlon était arrivé au comptoir de la boutique et demanda à l’homme barbu et trapu qui la tenait ce qu’il proposait à la vente. Ce dernier lui tendit une sorte de catalogue, uniquement après avoir vérifié son tatouage, et le jeune homme s’empressa de vérifier son contenu.

Des filets, des cannes à pêches, des moulinets, des appâts…

De multiples articles étaient disponibles et faciliteraient en effet l’avancée de Marlon pour le stade suivant de sa profession. Il demanda au vieil homme la canne à pêche télescopique qui était sur la première page du livret. Elle était indiquée à dix Amecareth de cuivre, tout ce qui lui restait, aussi les tendit-il avec un grand sourire au vendeur, provoquant un fou rire chez ce dernier.

« Petit, tous les prix sur le catalogue sont en Amecareth d’argent, pas de cuivre ! Haha, elle est bien bonne celle-là ! »

Marlon vit son sourire se figer et son sang se glacer alors qu’il comprenait une chose vitale pour son aventure : il était en fait fauché !

« Gamin, je pense qu’il va falloir que tu bosses vraiment dur si tu veux acheter les fournitures de toutes les professions de la ville. »

Le rire de Loki résonnait encore dans ses oreilles alors qu’il franchissait la porte de la guilde des pêcheurs.

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