Arthur avait à faire face à des soucis conjugaux, son épouse Erinyanaé s’était rendue coupable du crime de bris de serment, en couchant avec l’elfe Linaé. Par conséquent la haute-reine devait subir un procès. Le procureur était Asi, et l’avocate de la défense Morgane. Le lieu des débats judiciaires se déroulait dehors au sein d’un pré cerné par des pommiers, les arbres qui empêchaient le mensonge d’après la tradition elfique.
Le vampire n’aurait pas été contre un procès à huis clos pour diminuer les anecdotes racontées sur lui. Mais il avait beau être un haut-roi, il ne contrôlait pas complètement la justice. Et puis trop s’immiscer dans les affaires de magistrat serait mauvais pour sa réputation. Alors il dut tolérer qu’un large public soit présent lors des débats judiciaires.
Arthur ne pensait pas que son règne soit en danger, il n’était pas la personne à punir. Mais il apprit à se méfier des effets de la rumeur. Il appréciait quand il était l’auteur de ragots contre des ennemis produisant des conséquences négatives à l’égard d’adversaires politiques. Toutefois il craignait aussi les préjudices des histoires peu glorieuses quand elles le concernaient.
Certes le vampire n’avait pas le mauvais rôle dans le procès, au contraire il existait un mouvement de sympathie pour lui le mari trompé par son épouse. Cependant Arthur avait peur qu’Erinyanaé ne chercher à faire des éclats mensongers quand le couperet de la justice lui tomberait dessus. Si elle perdait son statut social, il n’y aurait plus grand-chose qui la retiendrait vis-à-vis de sa haine pour Arthur. Même si faire des scandales pourraient durcir sa peine, elle était tout à fait capable de tenter des manœuvres sournoises afin de satisfaire des pulsions de représailles contre le vampire.
Juge : Puisque vous avez fini de plaider vos conclusions, le jury va se retirer pour délibérer.
Morgane : Attendez votre honneur, il me reste un témoin à produire.
Asi : Votre honneur, cette démarche est irrégulière, il est interdit de citer un témoin après les réquisitoires.
Juge : Je donne raison à l’accusation, vous ne pouvez plus citer à comparaître de témoin.
Morgane : Votre honneur, mon témoin final est le haut-roi Arthur, en tant que mari de l’accusée, son point de vue est précieux.
Juge : Vu la qualité du témoin invoqué, je l’autorise à témoigner.
Asi : Votre honneur, vous enfreignez la loi.
Juge : Mesurez vos propos ou je vous inculpe d’outrage à magistrat.
Morgane espérait renverser la situation en interrogeant Arthur, il était son dernier espoir d’obtenir un verdict moins rude pour l’accusée.
Morgane : Témoin, veuillez décliner votre identité.
Arthur : Je suis Arthur Magnus, haut-roi des elfes, et chef d’état du royaume de Noira.
Morgane : Eprouvez-vous de la rancune envers l’accusée ?
Arthur : Non, je n’en veux absolument pas à Erinyanaé, d’ailleurs je trouve son adultère compréhensible.
Morgane : Pourquoi n’êtes-vous pas en colère contre l’accusée ?
Arthur : Nous avons fait un mariage sans amour, et je n’étais pas un mari très attentionné. En outre nous nous disputions souvent moi et Erinyanaé. Mon comportement a été une incitation à l’adultère.
Morgane : Avez-vous l’intention de gracier l’accusée, si le jury la déclare coupable ?
Arthur : Je le voudrais bien, mais je ne le peux pas. Mon droit de grâce me permet de rendre la liberté aux violeurs et aux meurtriers, mais pas aux briseurs de serment.
Morgane : Voulez-vous adresser un message au jury ?
Asi: Objection, l’avocate de la défense se sert du témoin pour influencer insidieusement le jury.
Morgane : Je ne fais que montrer au jury le point de vue d’un témoin-clé votre honneur.
Juge : Objection rejetée, votre haute-majesté vous pouvez répondre à la question de l’avocate de la défense.
Arthur : J’appelle le jury à la clémence, je lui demande de ne pas mettre à mort mon épouse, et s’il la laisse en vie de ne pas être sévère sur son mode de détention.
Erinyanaé énervée fut assez remontée pour se laisser aller à des mensonges nuisibles contre Arthur, mais la menace de se faire violer en cas d’incartade la calma bien. Un message télépathique assorti de termes très explicites réfréna ses envies.
Merlin se chargea de donner les termes d’un contrat simple à sa cible par magie. Si Erinyanaé se taisait, elle n’aurait pas d’ennuis à craindre des autres prisonniers. Elle serait même protégée par un mystérieux bienfaiteur assez actif pour lui délivrer de temps en temps des faveurs raisonnables. Mais si elle essayait de déclencher des scandales politiques, alors elle aurait le droit à un traitement spécial en matière de sévices sexuels.
Erinyanaé eut pendant un moment la pulsion de rire au nez des gens la menaçant, elle voyait la possibilité de pourrir la réputation d’Arthur comme une de ses dernières consolations.
Mais elle frémit aussi à cause du message, elle sentait bien que son expéditeur ne plaisantait pas, qu’il emploierait des moyens atroces pour la forcer à rester silencieuse en matière de révélations politiques. Elle était consciente que la torture était interdite chez les elfes, cependant elle venait d’être reconnue comme une grave parjure. Donc elle évoluait avec un statut proche de paria, même un assassin d’enfants pouvait susciter plus de sympathie qu’elle auprès de l’opinion politique. Les elfes considéraient que les dieux jugeaient en premier lieu la capacité à tenir ses engagements. Ainsi l’accès au paradis était théoriquement inaccessible pour un parjure selon les elfes, peu importe la quantité de bonnes actions effectuées au cours de sa vie. Alors Erinyanaé se résigna à tenir sa langue, concernant Arthur et ses proches.
Chez les elfes plus le crime était considéré comme important, plus les conditions de détention du criminel étaient mauvaises. Le jury fut clément avec l’ancienne haute-reine, car elle n’écopa que de vingt ans de prison. Arthur le vampire mentit durant son témoignage, notamment sur le fait qu’il n’éprouvait pas de rancune à l’égard d’Erinyanaé son ancienne épouse adultère, en fait Arthur le haut-roi était assez en colère. Toutefois il décida de suivre les avis de ses conseillers, de mystifier les gens, en faisant croire qu’il n’avait pas de ressentiment contre Erinyanaé.
Cela permit au haut-roi de passer pour une personne très clémente, et de redorer sa popularité, après ses prises de position en faveur du dieu Proélium. En effet le coup de la construction du temple gigantesque en l’honneur de la divinité énerva beaucoup d’elfes. Le sanctuaire religieux coûta plus cher que prévu à cause de retard dans les travaux. Résultat les opposants au haut-roi s’en donnèrent à cœur joie pour critiquer Arthur, qui fut contraint de changer de ministres, et faillit devoir faire des concessions sociales pour contenir des mouvements de protestation.
Les elfes étaient très pieux, d’accord ils s’avéraient plus tolérants que beaucoup d’humains, mais ils toléraient difficilement les souverains qui faisaient du favoritisme en défaveur du dieu Jéhavah dans les royaumes elfiques. Ainsi le vampire fut confronté à une forte contestation pour son projet de temple, plus d’un million d’elfes signèrent une pétition, et cinq cents mille participèrent à des manifestations.
Pour faire diversion et se venger de son ancienne épouse, le haut-roi divulgua l’adultère d’Erinyanaé. Il réussit à calmer des opposants modérés, en donnant la figure d’un monarque compatissant durant le procès de son ex épouse. Et surtout il se débarrassait d’une personne encombrante qui l’énervait au plus haut point, Arthur ressentait par moment des envies puissantes de lever la main sur Erinyanaé. Il supportait difficilement son mépris à l’égard de ses amis et de ses conseillers.
Arthur admettait une certaine condescendance à son égard, mais il détestait être vu comme un imbécile. Or Erinyanaé présenta la majorité des choix politiques et affectifs d’Arthur comme de belles stupidités. Et surtout elle se livra à des confidences avec l’amant fourni par le vampire, du genre qu’elle projetait un complot avec Hertio pour destituer Arthur. Ce danger poussa le haut-roi à sévir avec une procédure judiciaire.