Le Chevalier des Elfes
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Le débat entre les deux protagonistes se poursuivit une bonne heure. Puis les membres du Haut-Parlement elfique à trois cent dix voix pour et deux cent cinquante contre, validèrent la fermeture progressive des zoos et l’interdiction pour les artistes de cirque d’employer des animaux dans leur numéro, à l’intérieur des royaumes elfiques.

Certains zoos servirent à accueillir les animaux devenus inutiles pour les cirques. Il y eut des mouvements de protestation parmi les artistes et le personnel des zoos, mais Arthur le vampire avait prévu le coup. Il savait que quelques propriétaires de cirque et de zoos refilaient à des chasseurs leurs bêtes malades ou qui manquaient de docilité. Alors il s’arrangea pour que les agitateurs et démagogues qui travaillaient pour lui répandent le scandale.

Le vampire œuvra pour que la suspicion pesa sur la majorité des zoos et des cirques, afin d’étouffer la contestation. Cette stratégie bien que malhonnête était habile, car elle prit de court de nombreux opposants, et surtout elle les stigmatisa. Pour parfaire le malaise, Arthur créa de toutes pièces de faux documents qui accusaient des possesseurs de zoos et de cirques, de vente d’animaux à des chasseurs sadiques, notamment le tristement célèbre Alphonse qui avait l’habitude de torturer pendant des heures des bêtes, avant de les tuer. Il lui arrivait de manger vivant un lion, une girafe ou un éléphant, il prélevait de petits morceaux de chair, et il se délectait de l’immense souffrance de ses proies.

Arthur le haut-roi n’était pas seulement un écologiste, il s’avérait aussi un partisan du progrès, ainsi il milita pour le développement du char à vapeur. Le vampire tenait à développer des innovations dans le civil car cela apporterait bonheur et confort aux gens. Mais il n’était pas sans arrières intentions.

Une révolution technologique dans le domaine du transport signifierait de grandes avancées positives, comme des familles un peu éloignées qui trouveraient davantage d’occasions de se réunir. Mais Arthur n’était pas tout sucre, il avait d’autres motivations que le bonheur de ses sujets. Si les gens témoignaient de la réceptivité pour de l’innovation civile, il leur serait plus difficile d’invoquer la tradition pour contrer les recherches militaires.

Or il demeurait beaucoup de partisans du combat exclusif à l’épée et la lance chez les elfes. De plus si le haut-roi obtint gain de cause dans le passé pour contrer les adeptes du combat chevaleresque, il était suffisamment fin politique pour savoir que ce qu’il fit était annulable.

Même si le bilan d’Arthur en matière de recherche militaire montrait une efficacité remarquable, il existait encore des passéistes influents qui éprouvaient une nostalgie dérangeante pour l’épée et la lance comme seules armes autorisées chez les elfes. D’ailleurs ils pensaient sincèrement apporter la victoire pour les elfes au nom de dogmes religieux, comme quoi le dieu Jéhavah s’investirait davantage si la lance et l’épée devenaient les seuls moyens de combattre. Le vampire ne réfutait pas avec trop de force cet argument pour ménager des susceptibilités, mais il doutait fortement qu’une divinité subtile se montrerait plus entreprenante à cause d’une modification de l’armement.

Encore une fois le roi Hertio se dressa sur la route du vampire, même s’il agissait plus par volonté de satisfaire ses commanditaires financiers que par conviction. En effet quelques compagnies de voyage à cheval, trouvèrent un porte-parole dans la personne d’Hertio, en échange de généreux dons financiers.

Encore une fois Arthur dut débattre dans la Pyramide.

Hertio : Les chars à vapeur ne sont pas sûrs, le risque de déraillement est à prendre en considération. Trois mille personnes sont mortes entre 2730 et 2740 dans les royaumes nains à cause du déraillement de ce type de véhicule.

Arthur : Voyager sur un cheval n’est pas sans danger. Le cheval peut prendre peur à cause d’un bruit fort, tel que le son de la foudre, et un chien qui aboie est un élément suffisant pour qu’un cheval se cabre. En essayant de sauter un obstacle avec un cheval le cavalier prend le risque de tomber et de se casser la nuque. Quatre mille elfes sont morts en faisant du cheval entre 2730 et 2740.

Hertio : Les chars font beaucoup de bruit, ils mettent en péril le calme et la tranquillité de nombreux villages et petites villes.

Arthur : Vous décriez des engins qui ne sont pas si bruyants que cela, et puis les nains améliorent constamment leurs créations. Par conséquent les chars sont appelés à devenir de plus en plus silencieux. En fait il se pourrait qu’ils fassent bientôt beaucoup moins de bruit qu’un cheval. Je suis en discussion avec plusieurs haut-mages elfes qui mettent au point un artefact magique, qui aurait la propriété d’étouffer les bruits des machines, les résultats s’avèrent prometteurs.

Hertio : Voyager dans le transport défendu par sa haute-majesté est une vraie épreuve les jours d’affluence, car vous vous retrouvez vraiment serrés.

Arthur : Les voyages en char sont plus confortables que ceux en diligence ou sur une selle de cheval, car une banquette fait moins mal au dos qu’une selle qui tasse les vertèbres. Il est possible d’écrire lors d’un voyage en char, c’est plus compliqué dans une diligence. En outre les passagers d’une diligence se sentent souvent à l’étroit dans le véhicule qui les transporte. L’espace à la disposition des passagers sur les lignes fréquentées s’avère petit.

Hertio : Est-ce qu’une fréquentation assidue du char est mauvaise pour la santé ? La fumée que rejette cet engin me semble très nocive pour les poumons.

Arthur : Il est vrai que si les passagers respiraient la fumée des chars, ils suffoqueraient. Mais leur vapeur s’élève dans les airs, donc elle ne gêne personne.

Hertio : Le développement du char risque d’être préjudiciable à l’emploi de ceux qui vivent du voyage à cheval, mettant ainsi au chômage des milliers d’elfes qui travaillent comme palefreniers, cochers et d’autres métiers.

Arthur : Le char ne menace pas le voyage à cheval, même s’il connaît dans les royaumes elfiques un développement aussi fort que dans les royaumes nains ; il restera des milliers de villes et de villages qui ne seront pas desservis par ce véhicule. Et puis il constitue un moyen d’obliger les compagnies de voyage à cheval à évoluer. Les grandes compagnies ont mis en place une alliance qui a fait disparaître toute concurrence entre elles. Elles imposent à leurs clients des tarifs élevés. La présence du char va les obliger à mettre en place des prix compétitifs. Ce qui permettra à de nombreuses personnes aux revenus modestes de ne plus avoir à se coltiner un trajet éprouvant à pied pour rendre visite à de la famille ; ou de rendre réalisable des sorties vers des lieux se trouvant à plus d’un jour de marche du domicile durant les jours de congé.

Hertio : Les projets de voies en fer pour les chars, s’ils sont acceptés par le haut-Parlement couperont en deux plusieurs forêts, ce qui sera un préjudice écologique. En outre les voies en fer gêneront des centaines d’agriculteurs, car elles empiéteront sur des milliers de parcelles agricoles. Il faudra indemniser très généreusement de nombreux gens pour éviter des tragédies.

Arthur : Certes quelques centaines de personnes seront gênées par le char à vapeur. Mais plusieurs centaines de milliers voire millions auront une vie plus agréable grâce à lui. Ce véhicule est très pratique pour ceux qui n’ont pas de chevaux. Et il permettra à ceux qui veulent voyager sur terre sur de très longues distances de ne pas avoir à se ruiner pour payer le voyage.

Le projet à l’égard des chars à vapeurs fut adopté à une large majorité. Merlin le haut-mage après avoir mûrement réfléchi, sollicita une entrevue dans un couloir du palais d’été avec Arthur. Il mit au point différents plans, il était disposé à accepter le souhait du vampire de le nommer comme héritier du trône. Mais il y aurait des conditions à respecter, notamment le doter du titre de premier successeur. Ce n’était pas simplement une distinction honorifique, Merlin désirait des pouvoirs politiques accrus par rapport aux autres héritiers.

Il comptait devenir le second personnage des royaumes elfes grâce à sa nomination. Il reconnaissait la supériorité hiérarchique d’Arthur, mais il convoitait quand même la capacité à donner des ordres à beaucoup de monde, y compris Lancelot et Morgane. Il en avait assez de devoir traiter avec un pied d’égalité avec ces deux personnes. Il pensait qu’il était vraiment temps que son génie intellectuel soit récompensé par un rang social accru. Il ne pouvait pas lorgner sur la place d’Arthur à cause d’un serment formel, mais il pensait qu’il était tout à fait de son droit de disposer d’une position davantage élevée dans la hiérarchie.

Il allait faire sa demande d’élévation, quand il fut traversé par un sursaut de lucidité. Certes Merlin avait de l’intelligence à revendre, mais il valait aussi tenir compte de la paix chez les elfes. Si Arthur donnait une position plus avantageuse à un successeur par rapport aux autres, peu importe les arguments utilisés, il y aurait sans doute beaucoup de jalousie.

Merlin ne doutait pas de la capacité de Lancelot à suivre sans trop de problème les ordres d’Arthur, mais Morgane c’était autre chose. D’après le haut-mage, elle risquait de mal prendre le fait d’être considérée comme moins valable qu’un interlocuteur de sexe masculin. Elle était une féministe par moment très hargneuse, elle pensait que la femme elfe était généralement supérieure à l’homme. Si Arthur ne respectait pas des principes égalitaires pour le choix de ses héritiers, il pourrait causer un conflit majeur. Morgane n’avait pas encore donné de réponse négative ou positive sur le fait d’endosser la responsabilité de l’héritage politique du vampire, mais dans l’esprit du haut-mage la réponse serait forcément positive, vu son opinion sur elle.

Alors bien que Merlin soit une personne assez vaniteuse, il jugea que pour défendre la paix chez les elfes, il devait avoir le même niveau d’exigence en terme de puissance politique que les autres successeurs.

Merlin : Je suis d’accord pour être nommé successeur, si vous acceptez que mon grand projet d’interdiction de la monnaie et de son remplacement par le troc soit à l’ordre du jour du Haut-Parlement.

Arthur : Soit, mais d’un autre côté je plaiderai contre ta réforme.

Merlin : Cela ne me dérange pas.

Arthur : Très bien je m’arrangerai pour que d’ici trois semaines au plus tard, un débat ait lieu auprès des haut-parlementaires.

Arthur le fort, content mais fatigué, décida de faire une promenade dans une forêt contenant essentiellement des chênes pour se ressourcer. Il fit une rencontre avec un individu portant une longue capuche grise qui dissimulait partiellement ses traits. Le visage de l’homme à la capuche affichait une certaine joie. Arthur remarqua que son interlocuteur devait avoir dans les trente ans.

Il portait un arc court et un carquois pas complètement rempli, comportant seulement cinq flèches. Il arborait une tenue plutôt pouilleuse, dans le sens que ses vêtements s’avéraient usés et paraissaient de mauvaise qualité. Pourtant le fort sentit la présence d’or sur l’homme près de lui, et pas en petite quantité. Il estimait que l’individu transportait au minimum cent pièces d’or.

Soit il était une personne avare qui n’aimait pas faire étalage de ses richesses, soit il était un homme qui cherchait à détourner l’attention. Arthur se crispa, il estimait qu’il y avait une embrouille. Il fouilla dans sa mémoire pour essayer d’identifier la personne qui se situait à une vingtaine de mètres de lui. Il ne l’avait jamais rencontré avant aujourd’hui, mais il lui semblait que sa figure lui disait quelque chose. Le fort eut alors une illumination, l’individu faisait peut-être partie des gens recherchés pour des vols.

Il se rappela avoir aperçu sur un avis promettant une prime de mille pièces d’or la figure de son interlocuteur. Arthur hésitait, s’il tirait son épée, cela risquait d’inciter son adversaire à se montrer méfiant, et à tenter de fuir. D’un autre côté ne pas passer à l’offensive comportait aussi son lot d’inconvénients. Cependant il n’était pas totalement sûr que l’homme près de lui était un criminel. Si le fort menaçait une personne innocente, cela serait mauvais pour sa réputation.

??? : La charité, monseigneur pour un voyageur sans le sou, tout ce que je demande, c’est l’intégralité de ta bourse.

Arthur : La bourse ou la vie.

??? : Quoi ?

Arthur : J’ai dit la bourse ou la vie.

??? : Le bandit c’est moi Alphonse et tu es la victime, ne cherche pas à inverser les rôles, ou tu tâteras de mes flèches.

Arthur : La corde de ton arc est inappropriée, non seulement tu me manqueras, mais tu es capable de te toucher le pied en tirant.

Alphonse : Tu racontes vraiment n’importe quoi, et je le prouve. Argh !

La flèche suivit un parcours assez particulier, elle se dirigea pendant deux mètres vers Arthur, puis elle revint blesser le voleur au pied. L’arc du bandit possédait en partie une volonté propre, et aussi d’une rancune contre le scélérat, aussi quand il le pouvait il lui nuisait de toutes ses forces. Il modifia grâce à un sort la trajectoire de la flèche, même si cet effort risquait de le plonger dans la léthargie pour des années. Le voleur usait de magie noire de façon inconsidérée, ainsi il donna une conscience hostile à certains objets dont il se servait.

Arthur : Tu ferais mieux de te rendre, je suis un vampire et toi un simple humain, j’ai beaucoup plus d’expérience que toi en matière de combat. Et puis tu n’es pas en état de m’affronter avec ta blessure au pied.

Alphonse : Mon arc est peut-être miteux, mais j’ai encore un atout, une flèche enchantée, si ma cible se trouve à moins de cent mètres, je peux l’atteindre même si je vise en fermant les yeux.

Arthur : Malheureusement ta flèche surnaturelle est aussi fiable que ton arc.

Alphonse : Ça ne prend pas, il y a une semaine j’ai effectué des essais réussis, ma flèche enchantée est parfaite.

Arthur : L’ensorcellement de ta flèche est mauvais, avec le temps il s’est détérioré.

Alphonse : Fais plutôt tes prières, au lieu de raconter des imbécilités.

Alphonse résistait bien à la douleur car il consommait régulièrement de l’opium, il fallait de sacrés stimulus pour lui arracher un cri de souffrance physique. Néanmoins il hurla quand même un «ouille» retentissant quand sa flèche se logea dans ses fesses. Il ne comprenait pas la situation, il était pourtant un super génie qui comprit à quinze ans que lors d’un tour de table, il fallait se présenter et non se lever de son siège et déambuler autour d’une table. Et il arriva à comprendre parfaitement le concept au bout de seulement dix tentatives d’explications en moins d’un mois.

Arthur : Tu es un super tireur après le pied, tu réussis à atteindre tes fesses. Tu me fais tellement pitié que j’ai décidé de te laisser filer. Profite de cette chance en redevenant honnête.

Arthur le vampire commit une erreur de taille, en laissant s’en aller Alphonse le voleur qui pouvait faire preuve d’une volonté de fer quand il s’agissait de se venger. En effet Alphonse afin d’obtenir réparation pour un outrage léger était capable de passer des centaines d’heures à préparer des représailles. De plus quand il était clairement motivé, il arrivait qu’il montre une intelligence très vive. Alphonse se ridiculisait souvent, mais il déployait par moment un potentiel certain pour concevoir des plans. Il inspirait parfois une grande pitié, mais ceux qui connaissaient bien le voleur, admettaient ses capacités à accomplir de grandes choses.

Par exemple Alphonse réussit à accumuler une véritable fortune en or et en bijoux en se livrant à de multiples larcins. Cependant bien qu’il soit très riche, il continuait à commettre des crimes par goût du risque, et l’envie de ressentir des frissons. Quand le voleur sentait qu’un cambriolage ou une attaque armée lui apporterait de l’excitation, il déployait des trésors d’ingéniosité pour arriver à ses fins.

Cela faisait plus de dix ans qu’Alphonse pratiquait le larcin, en plus d’être un chasseur sadique, et il était toujours libre. Pourtant il enchaîna des dizaines de coups. Néanmoins il possédait une faiblesse notoire, il avait une tendance prononcée à la provocation. Quand il rencontrait une personne nettement plus forte que lui sur le plan martial, il n’était pas rare que le voleur ne puisse s’empêcher de la narguer.

Dans l’avenir Alphonse pourrait être une grosse épine dans les plans d’Arthur, il risquait de mettre le vampire dans une position délicate. En effet des entités puissantes s’avéraient prêtes à fournir de l’aide au voleur. En utilisant leurs capacités prophétiques, elles distinguèrent parmi la multitude d’avenirs possibles, plusieurs scénarios de mise à mort d’Arthur à cause d’Alphonse.

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