Le Chevalier des Elfes
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Merlin : Tu es dans un triste état Arthur, ne t’en fais pas, je te soigne tout de suite.

Arthur : Merci de m’avoir sauvé Merlin. Mais que faites-vous ici ?

Merlin : Je suis là sur la demande de Lancelot, il s’inquiétait de ne pas avoir de nouvelles de ta part, alors il a sollicité mon aide. Tu as de la chance si la requête ne venait pas de lui, je ne t’aurais pas épaulé.

Arthur : Je vous dois beaucoup, comment puis-je combler ma dette ?

Merlin : Ce n’est pas la peine, tu ne me dois rien. Lancelot m’a épaulé à de nombreuses reprises. Par conséquent il est naturel que je lui rende de temps à autre des services.

Arthur : La couronne de sa haute-majesté Esinaé est sous les décombres de cette maison, ce serait bien si vous enleviez les gravats.

Merlin : Je veux bien t’aider dans cette quête, mais mon appui a un prix. Je veux les deux tiers de la récompense financière promise par Esinaé.

Arthur : Très bien marché conclu, mais d’un autre côté je réclame toute la gloire. Autrement dit que votre rôle dans ma quête soit inconnu.

Merlin : Cela ne me dérange pas, j’ai besoin d’argent pour mes projets, et je n’apprécie pas la célébrité. La gloire c’est le début des ennuis.

Esinaé le haut-roi des elfes s’avéra heureux de retrouver sa couronne, il reçut en audience privée Arthur. Il dominait du point de vue de la hauteur son interlocuteur car il se trouvait au sommet d’une plate-forme comportant un escalier de dix marches, sur un trône blanc fait en mitrhil, en fer, en argent et en or. Il fut fabriqué avec les armes de nombreux chefs ennemis vaincus par des elfes, en observant bien, il était possible de retrouver un morceau de pointe de lance, de lame de hache, et de poignée d’épée sur le trône.

Il y eut plusieurs conseillers proches du haut-roi qui déconseillèrent au monarque d’accorder un entretien plutôt intime à Arthur. Certes le vampire rendit un grand service en rapportant la couronne, mais il se pouvait très bien qu’il soit aussi un agent involontaire de sombres forces. Ces arguments étaient surtout dictés par la mauvaise foi et la jalousie, à cause du fait qu’Esinaé n’accordait que très rarement une audience privée. Il pouvait se passer un an avant sans qu’il ne génère ce genre d’événement. Mais le haut-roi rassura ses conseillers, il ne connaissait pas depuis longtemps Arthur mais il avait l’impression qu’il pouvait lui accorder une grande confiance.

Donc il s’arrangea pour que les seules personnes présentes en plus de lui et du vampire lors leur conversation, soient quelques gardes d’élite.

Le contexte intime auquel bénéficiait Arthur le rassura et l’incita à concevoir un nouveau plan. Le fort hésitait cependant à aller jusqu’au bout, il avait peur de paraître très cupide s’il profitait trop de la situation. D’un autre côté il n’aurait sans doute pas avant très longtemps d’autres occasions de profiter de la générosité d’un souverain. Il ne craignait pas la prison ou une autre punition avec ce qu’il voulait quémander. Toutefois il ne désirait pas non plus s’attirer non plus l’hostilité d’Esinaé.

Ce monarque était une personne plutôt modérée, donc il ne devrait pas châtier par un procès Arthur. Mais le fort savait que déplaire au haut-roi, signifierait donner beaucoup de répondant à ses ennemis politiques elfes.

Esinaé : Arthur en plus de l’argent, voudrais-tu quelque chose en particulier ?

Arthur : J’aimerai que vous me permettiez de devenir haut-parlementaire s’il vous plaît, votre haute majesté.

Esinaé : Entendu, je vais accéder à ta demande.

La majorité des haut-parlementaires dans les royaumes elfiques était élue démocratiquement, cependant le haut-roi des elfes pouvait en nommer un ou deux tous les dix ans.

Ainsi Arthur bénéficia d’un poste politique très convoité. Il pensa un moment agir en tant que parlementaire indépendant, mais il réalisa rapidement qu’il aurait davantage de marges de manœuvre en coopérant avec un groupe déjà en place. Aussi il s’associa de nouveau au parti de la nature, le groupe politique d’elfes le plus à cheval sur la question du respect des espaces naturels.

Il pencha un temps pour rejoindre le parti royal par reconnaissance pour Esinaé, mais il ne voulait pas être jugé comme un larbin du haut-roi. Le vampire réalisa de jolies prouesses dès le début de son entrée à son nouveau poste. Il participa à l’élaboration de lois utiles pour sauvegarder des forêts d’une destruction partielle ou totale. Mais aussi il fit tomber des adversaires politiques grâce à de savantes manipulations. Arthur s’appuyait sur les mots mais aussi la rumeur pour déstabiliser ses concurrents et ses ennemis.

Il avait une organisation à moitié illégale qui œuvrait pour lui, donc il ne s’encombrait d’aucun scrupule pour récolter des informations au moyen de cambriolages et d’autres coups fourrés. Il ne cautionnait toutefois pas le recours au meurtre et la brutalité physique contre des elfes. Son but consistait à purger le milieu politique elfique des gens qui négligeaient trop la défense des royaumes au profit de traditions désuètes ou de la corruption financière, pas de transformer en martyrs populaires des ennemis. Le vampire n’était pas parfait, il profitait de sa fonction pour s’enrichir beaucoup, mais il prenait quand même à cœur la protection du peuple elfe.

Parmi les adversaires politiques d’Arthur, la plus acharnée à le combattre était l’elfe Morgane.

La nouvelle raison de leur opposition était un débat sur le droit des fripiers, qui étaient des vendeurs de vêtements d’occasion à commercer dans les royaumes elfiques. Leur débat se déroula au Haut-Parlement elfique, une assemblée politique où selon le rang du dignitaire la chaise était dans une matière différente. Un membre du peuple avait le droit à du bois, un noble à de la pierre, et un monarque à de l’or. Les places du premier rang étaient réservées aux rois et aux invités d’honneur, le deuxième au troisième rang aux ducs, et autrement la répartition s’annonçait aléatoire pour les aristocrates de moindre importance et les gens du peuple. Hormis les places réservées, la tradition voulait qu’au sein du Haut-Parlement le premier arrivé prenait la place de son choix.

Arthur : Pour beaucoup de gens pauvres, les fripiers sont le seul recours pour éviter d’être nus.

Morgane : Si les fripiers disparaissent, les tailleurs pourront baisser leurs prix.

Arthur : Je doute que les tailleurs acceptent de vendre deux à trois fois moins chers leur production.

Morgane : Les tailleurs coûtent plus chers que les fripiers, mais leurs vêtements sont généralement de qualité, ils tiennent plus longtemps. Au final les gens seront gagnants économiquement, si les fripiers disparaissent.

Arthur : Dame Morgane, vous avez une vision erronée des fripiers, quelques-uns vendent de la mauvaise qualité. Mais la majorité pour garder une clientèle fidèle est attachée au concept de bonne qualité.

Morgane : Les fripiers vendent très souvent une marchandise honteuse, ils proposent des vêtements de troisième choix, voire des loques.

Arthur : Le fait de vendre des vêtements d’occasion n’empêche pas d’avoir un minimum d’exigences sur la qualité.

Morgane : Les tailleurs respectent des normes claires et précises, mais les fripiers ne sont soumis à aucune réglementation.

Arthur : Les fripiers ne sont pas contre le fait d’avoir un statut. Le problème vient du fait que les tailleurs et leurs alliés font le maximum pour empêcher les fripiers de s’organiser en guildes.

Une fois le débat fini, Lancelot vint à la rencontre d’Arthur. Il était assez gêné, mais il tenait quand même à annoncer personnellement une mauvaise nouvelle à Arthur. Il espérait faire passer l’imprévu négatif en l’assaisonnant d’un événement positif.

Il céda à ses démons du jeu, et renforça sa spirale infernale de l’endettement. Il voulait lutter contre la frénésie apportée par les grosses mises. Mais il était trop vulnérable aux chants de sirène du bruissement des cartes ou des jets de dés en os. Il essayait de contrôler ses impulsions dépensières, toutefois la simple perspective de jouer gros lui apportait un frisson d’excitation presque incontrôlable. Il emprunta même sur le budget alloué à Arthur afin de tenter de rafler la mise. Il parvint de justesse à combler certains trous, s’il n’y avait pas d’enquête approfondie, il pourrait échapper à une dénonciation. Lancelot fut le premier à soutenir financièrement le berserker dans sa carrière politique, aussi il occupait une fonction de gestion des comptes de campagne en remerciement. Lancelot était un militaire mais aussi une personne formant par moment des politiques, car il pensait que c’était essentiel de défendre à la fois la grandeur militaire et politique pour protéger efficacement les elfes.

Néanmoins il jouait avec le feu, si hier soir il n’avait pas eu beaucoup de chance dans un tripot clandestin, il aurait imposé au vampire le fait de supporter une lourde dette. Il encaissa suffisamment d’argent pour calmer un peu ses créanciers, mais il ne serait pas débarrassé de sitôt de la nécessité de rembourser beaucoup.

Lancelot avait assez honte de lui, mais il n’arrivait pas à juguler ses appétits de joueur. Au contraire plus le temps passait plus il s’enfonçait dans une sorte de dépendance. Il lui fallait davantage débourser pour obtenir les sensations escomptées. Sa capacité à raisonner s’étiolait beaucoup en présence de cartes ou de dés, surtout quand il était possible de miser plus de cent pièces d’or. Lancelot au départ se contentait d’emprunter un peu par ci par là, mais actuellement il avait de gros contrats de dette avec des usuriers.

Il retrouva son ami Arthur dehors près de la sortie du Haut-Parlement, le bâtiment était facile à reconnaître, il prenait la forme d’une pyramide de granit de couleur blanche.

Lancelot : Arthur j’ai une bonne nouvelle à t’annoncer, le Haut-Parlement est favorable au maintien de l’activité des fripiers.

Arthur : Pour fêter l’événement je t’invite au restaurant Lancelot.

Lancelot : J’aimerai savoir une chose, pourquoi as-tu pris la défense des fripiers ? Tu as plutôt tendance à t’habiller chez des tailleurs renommés.

Arthur : En effet, mais les fripiers sont indispensables pour les gens pauvres.

Lancelot : Autrement je vais devoir à cause de soucis financiers t’aider moins que prévu pour la prochaine élection.

Arthur : Ne t’en fais pas, j’avais anticipé la situation, j’ai trouvé d’autres mécènes que toi pour m’appuyer.

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