Arthur : Tiens, tiens Léodo la sale raclure vicieuse. J’ai très envie de te faire payer.
Léodo : Laissez-moi tranquille.
Arthur : Cela dépend de toi, donnes moi le renseignement que je veux, et je t’épargnerai peut-être. Connais-tu l’identité du voleur de la couronne d’Esinaé le haut-roi elfe ?
Léodo : Oui, je sais même où il habite en ce moment.
Arthur : Parfait tu vas me conduire à la cachette du voleur. Et une fois que je serais sûr que tu ne m’as pas leurré, je te ferai un cadeau.
Léodo tenta plusieurs fois de fausser compagnie à Arthur, mais le fort prit des précautions, il attacha la raclure avec une corde enchantée. Ainsi Léodo était contraint de suivre docilement Arthur le vampire. Plus le fort et son prisonnier se rapprochaient de la cachette supposée du voleur de couronne, plus le paysage devenait lugubre. Il y avait de la vie végétale et animale en abondance, mais elle semblait déformée par une vile sorcellerie. Les arbres adoptaient des formes torturées, il était rare de tombé sur un pin ou un bouleau droit. De plus des animaux normalement poilus, comme les lapins s’avéraient complètement glabres et souvent maladifs. On aurait dit qu’une malédiction avait été lancée sur la faune et la flore. Arthur vit d’autres signes alarmants, il découvrit une concentration anormale de pierres noires dans la région où il se trouvait. Le calcaire normalement blanc ou gris possédait une couleur de ténèbres opaques.
Après les cailloux, ce fut au tour du sol de noircir, d’adopter une teinte de nuit profonde. Le fort commençait à angoisser, il se demandait s’il ne poussa pas l’audace jusqu’à l’inconscience. Son sixième sens l’informait qu’il allait devoir affronter des horreurs.
De son côté Léodo paniquait complètement, il était au bord de l’hystérie, Arthur devait le frapper régulièrement pour le contraindre à avancer. Un autre phénomène préoccupant attira l’attention du vampire. D’abord il crut qu’il souffrait d’hallucinations visuelles, mais il vit que la raclure était aussi affectée par le spectacle qu’offrait le ciel. Par conséquent le fort dut admettre que ses sens ne le trompaient sans doute pas. La voûte céleste faisait l’objet d’un curieux événement, les étoiles semblaient devenir de plus en plus rares. Plus la cachette du voleur était proche, plus le nombre d’étoiles visibles diminuait, y compris dans un ciel sans nuage.
Finalement la lune cessa aussi d’être visible, et un autre phénomène angoissant se manifesta ; les torches se consumaient beaucoup plus vite que prévu et elles étaient anormalement difficiles à allumer. Il semblait qu’une magie affectait toutes les sources de lumière des parages. Comme si des ténèbres vivantes et oppressantes tenaient à étouffer tout ce qui pourrait les faire refluer. Arthur eut beau faire des efforts et disposer de bois sec autour de lui, il finit par être dans l’incapacité de faire brûler une torche avec des allumettes.
Il pensait prendre le relais avec des sorts de feu, mais il se heurtait aussi à une certaine résistance. Il parvenait à faire brûler du bois mais dès qu’il relâchait sa concentration, la flamme avait tendance à vaciller puis à disparaître. Les ténèbres l’entourant n’étaient pas trop gênantes mêmes si elles avaient une nature surnaturelle. Le vampire pouvait voir dans le noir presque absolu de par sa nature.
Mais il y avait quand même un problème, un guide qui n’arrivait pas à distinguer le paysage perdait beaucoup en efficacité. Ajouté à cela que Léodo y allait crescendo en matière de gémissements malgré les menaces verbales, et qu’Arthur en avait marre d’entendre ses jérémiades, alors il décida de se séparer de la personne l’accompagnant. De toute façon il n’était plus très loin, d’après ses sens magiques la couronne était assez proche.
Léodo : Vous êtes réputé pour avoir de puissants pouvoirs magiques, par conséquent vous devez sentir l’aura surnaturelle de la couronne. Moi je refuse de faire un mètre de plus vers la maison du voleur, je crains de mourir si je continue à vous accompagner.
Arthur : Tu as raison je sens effectivement quelque chose, et j’ai la nette impression de toucher au but. Très bien tu peux partir.
Léodo : Je prie pour ne jamais recroiser votre chemin. Avec vous j’ai le droit à des peurs terribles.
Arthur : Moi aussi je ne t’apprécie pas du tout, tu es de triste compagnie, et tu ronfles.
Léodo : Ce n’est pas vrai, bon j’ai assez été près de vous, adieu.
Arthur : Attends j’ai un cadeau pour toi, du bon or.
Léodo : C’est vrai ? Mais que ?
Arthur le fort attrapa Léodo par le cou, et lui fit avaler des pièces d’or une à une. La raclure essayait de recracher la monnaie, mais elle n’arriva à rien de probant. Elle subissait une poigne d’acier de quelqu’un de beaucoup plus costaud qu’elle. Elle tenta de donner des coups de pied et de poing, toutefois ses attaques ne signifiaient rien pour son ennemi qui encaissait sans broncher des tentatives dérisoires.
En effet Léodo n’était pas très musclé, dès qu’il s’échappa de la mine où il travaillait comme esclave, il s’empâta, il se laissa aller physiquement. Il gagnait bien sa vie en se livrant à des empoisonnements, toutefois il manquait de vigueur dans les bras et les jambes. Il regrettait de ne pas avoir entretenu ses muscles. Mais même s’il était entraîné comme un forcené pour acquérir une excellente condition physique, il aurait difficilement changé la donne.
Arthur dominait la raclure sur le plan de la force, mais aussi de la technique martiale. Il mobilisait une partie de son temps à se perfectionner à l’épée, et aussi en matière d’étranglement, et de sports comme la lutte et la boxe. Il arrivait que le recours à la magie, permette à un humain de triompher d’un vampire. Problème Léodo ne connaissait que quelques sorts inoffensifs, comme la création d’une boule lumineuse qui ne servait qu’à éclairer légèrement comme une bougie. Pourtant il tenta de se débattre de manière désespérée. Le fort par sadisme relâchait par moment la pression pour faire croire à sa proie qu’elle parvenait à un résultat positif.
Cependant dès que Léodo reprenait un peu d’espoir, il était serré davantage. Ainsi la raclure finit par décéder d’étouffement à force d’ingérer des pièces. Une fois sa tâche macabre de meurtre achevé, Arthur se concentra, il en appela à ses sens mystiques. Il avait l’impression que des forces mystérieuses et menaçantes se déchaînaient dans les environs de l’habitation où se trouvait la couronne. Toutefois le vampire refusa de rebrousser chemin, pour demander de l’aide à des renforts. Il fut frappé par la noirceur qui s’offrait à lui, l’eau était noire, ainsi que le blé et les coquelicots.
Le noir semblait la seule couleur présente dans les parages. Le fort s’avança résolument vers une demeure d’apparence insignifiante faite de planches de bois noir pour les murs et d’un toit en ardoises de couleur ténèbres. L’habitation paraissait délabrée, abandonnée depuis des années, elle ne contenait sans doute que des souris, et peut-être des oiseaux à première vue. Mais Arthur sentit une concentration de magie inquiétante émaner de la masure.
Le fort ouvrit la porte de la maison, il utilisa un sort de silence pour l’empêcher de grincer, et se déplacer sans attirer l’attention. Quand il pénétra dans l’habitation, le vampire eut le droit à une surprise de taille. Il ne s’engageait pas dans un endroit abandonné de petite taille et spartiate, comme le laissait supposer l’aspect extérieur du domicile, mais dans un véritable palais. Alors que de l’extérieur l’habitation ne semblait capable que de contenir une ou deux pièces, une fois à l’intérieur on entrait dans un domicile comportant des centaines de couloirs et de portes. Arthur n’aimait pas cela, celui qui déroba la couronne devait bénéficier de pouvoirs dignes d’un haut-mage elfe, pour avoir réalisé la maison aux propriétés singulières. L’endroit respirait le luxe et la richesse opulente, il y avait de l’or dans de nombreux endroits, le sol était en marbre, les escaliers en bois précieux, les lieux pour uriner disposait d’une cuvette en argent. Par contre le noir demeurait la couleur de référence partout.
Il était difficile de se sentir à l’aise à l’intérieur de l’habitation, on avait la sensation d’être observé en permanence par une entité malfaisante. Arthur allait de surprise en surprise en se promenant, il découvrit une pièce où il y avait une forêt éclairée par un soleil radieux mais de couleur noir, pourtant d’après l’heure, il devait faire nuit.
Après deux heures de recherches, le fort ne fit toujours pas le tour de la moitié des salles du palais. Soudain il sentit une menace proche, il se retourna et esquiva les attaques de tentacules d’ombre. Le vampire eut la surprise de voir Bastien l’ancien contremaître, et ancien manieur de radeau.
Bastien : Je suis content de te revoir Arthur, je vais pouvoir te faire payer tes affronts, à cause de toi j’ai erré plusieurs jours sans pouvoir manger. J’ai cru mourir, heureusement le Néant a répondu à mes appels au secours.
Arthur : Tu es de plus en plus pitoyable. Tu veux décrocher le titre de champion du monde dans le domaine de la pitié ?
Bastien : Moques toi pendant que tu le peux encore, car bientôt ta peau me servira de drapeau, et je me régalerai de ta chair.
Arthur : Arrêtes de prendre tes rêves pour la réalité, même en ayant les yeux bandés, je resterai capable de te battre.
Bastien : Tu as raison mais tu ne fais pas le poids face à ma créature du Néant.