Le Chevalier des Elfes
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Arthur reconnut que cela semblait entrer en conflit avec son serment de protéger les elfes de planifier un meurtre sur un roi de cette race. Mais il jugeait aussi que sa promesse impliquait de préserver le plus grand nombre d’elfes possible d’une mort violente, et d’autres tourments. Or Hertio mettait en danger un nombre élevé de personnes avec ses idées particulières sur la guerre.

De plus Arthur était écœuré par l’attitude prétentieuse du monarque, qui ne condescendait à ne recevoir de conseils que de la noblesse. Il refusa avec dédain de suivre les suggestions pourtant très avisées de plusieurs officiers issus du peuple. Pour lui le monde pouvait se résumer à deux factions, les gens simples étaient des serviteurs à ignorer et les aristocrates méritaient toute l’attention. Le vampire détestait avec ardeur ce type de mentalité, elle lui rappelait beaucoup celle de certains contremaîtres qui dédaignaient les avis d’esclaves, du temps où lui était mineur.

Il se trouvait un autre facteur qui causait une montée de colère noire chez Arthur. Hertio exigeait beaucoup des militaires présents, mais il distribuerait sans doute des punitions carabinées à certains soldats, y compris des gens qui firent bien leur travail, histoire d’entretenir ses facultés à sanctionner les troubles. Le roi aimait bien infliger des châtiments sans motif particulier, il voyait cela comme un moyen d’affirmer son pouvoir et d’inspirer de la crainte. Il avait assez de bon sens pour choisir généralement des cibles peu élevées dans la hiérarchie sociale. Mais il entraîna la mort et le déshonneur de véritables héros, juste parce qu’il souhaita exercer son pouvoir politique.

Par contre il existait un élément qui freinait la volonté d’Arthur de passer à l’attaque, il angoissait à l’idée de générer contre lui une polémique néfaste. Il savait qu’un monarque comme Hertio cela embauchait beaucoup de courtisans et un nombre impressionnant de parasites sociaux. Même si le vampire arrivait à s’en tirer devant un tribunal pour son assassinat en invoquant brillamment des circonstances atténuantes, sa vie risquait quand même d’être irrémédiablement brisée.

Les milliers de nobles qui dépendaient du monarque ne pardonneraient pas à Arthur de les avoir privés des largesses d’un souverain très dépensier pour entretenir sa cour. Hertio n’avait pas de successeur attitré, s’il trépassait une régence serait organisée, et il y avait de réelles chances que la personne désignée mette un sérieux frein aux pensions attribuées à la noblesse. Le pays d’Hertio connaissait des troubles financiers et la principale raison qui expliquait que la vis n’était pas serrée sur les aristocrates venait du comportement du roi.

Arthur avait déjà goûté à de belles manifestations d’animosité pour juste des différences d’opinion, il craignait le courroux qui l’attendait en devenant la cible de la haine de la noblesse d’un pays entier.

Alors Arthur attendit trop, sa cible avait renforcée la sécurité autour d’elle. Elle subit un élan de peur qui l’incita à augmenter les gardes la protégeant. Elle développait par moment des réflexes défensifs de manière impulsive et sans justification autre que l’intuition. Ainsi même une mouche aurait du mal à pénétrer maintenant dans la tente où se trouvait le roi. Après mûres réflexions, Arthur pouvait tolérer que le monarque réclame le commandement, mais il n’admettait pas qu’Hertio ordonne à des soldats elfes de foncer tête baissée dans ce qui pourrait être un immonde guêpier.

Le fort adorait répandre le sang, mais il considérait chaque vie de ses subordonnés comme un trésor irremplaçable. Surtout que les soldats elfes avaient beaucoup de travail à effectuer pour défendre leur patrie. Les skavens n’étaient qu’un péril parmi des dizaines d’autres.

Hertio et Lancelot ne se joignaient pas à l’incursion, ils devaient débattre de préparatifs pour une bataille contre des humains. Le monarque étant quasiment sûr que l’expédition serait une affaire rondement menée, il préférait se concentrer sur des sujets plus importants notamment la lutte contre l’armée humaine du pays d’Absolia.

Plus Arthur en apprenait, plus il pensait qu’il serait bien qu’une organisation puissante et indépendante des rois elfes veille sur leurs sujets. Cependant avant de changer le monde le fort devait veiller sur la vie de ses subalternes, il entra en contact avec Lancelot pour connaître ses ordres. Il se rendit dans la tente de son supérieur hiérarchique, et il observa un tic nerveux de mauvais augure chez Lancelot. Ce dernier avait l’habitude de siffler du nez lorsqu’il était hautement angoissé, et ce genre de phénomène arrivait souvent la veille des batailles jugées très difficiles par le général.

Lancelot : Commandant Arthur avec tes soldats tu attaqueras à l’aube.

Arthur : Cela ne vous ressemble pas d’ordonner une attaque sans préparations minutieuses, mon général.

Lancelot : Je sais, mais les ordres de sa majesté Hertio sont formels, il désire une victoire rapide.

Arthur : En se précipitant on risque fort d’obtenir une défaite plutôt qu’une victoire.

Lancelot : Je ne suis qu’un militaire, certes très gradé mais un militaire tout de même. Dans les royaumes elfiques, ce sont les politiques qui décident de la stratégie des armées.

Arthur : Il n’y a plus qu’à espérer que les skavens soient une menace mineure comme l’a dit le roi Hertio.

Malheureusement les skavens étaient plus nombreux que les elfes du général Lancelot, ce qu’ils avaient construit, n’était pas un village mais une grande ville. Le roi Hertio avait tort sur le fait que les sorciers skavens ne rivalisaient pas avec les mages elfes. Ils pouvaient s’arranger pour que les visions des magiciens elfiques soient trompeuses, les pousser à croire qu’une bataille difficile serait en réalité facile.

Grâce à la pierre malnérale un mage homme-rat était capable de rivaliser avec un magicien elfe. Certes il maltraitait sérieusement son corps en ingérant de la pierre, mais le taux de natalité très élevé des skavens, permettait de compenser aisément les pertes. Pour corser les choses la cité des hommes-rats, contenait un centre d’expérimentation du clan Romarg. Ce clan était spécialiste dans la production de créatures de combat effrayantes, et surtout très efficaces.

Après avoir découvert un immense trou en pente douce habilement camouflé par des sorts de dissimulation, sur un champ de blé, les elfes commencèrent à descendre. La progression fut laborieuse dans le labyrinthe souterrain menant à la ville skaven. D’ailleurs les tunnels bien que faits surtout de terre avaient une solidité inhabituelle, c’était une preuve qu’une importante communauté skaven vivait dans les parages. Il fallait beaucoup d’âmes à sacrifier pour obtenir des souterrains solides au moyen de la magie. Mais les larbins du roi Hertio qui accompagnaient l’armée elfe menacèrent de punitions ceux qui incitaient à rebrousser chemin, alors la descente continua.

Comme le roi Hertio réclamait une bataille rapide, les elfes prenaient moins de temps que prévu pour baliser le chemin, résultat en prime des pertes dues aux pièges, il y avait des groupes qui s’égaraient. Les soldats elfes étaient davantage inquiets au fur et à mesure que le temps passait. En plus d’une baisse constante du moral, certains d’entre eux avaient l’impression bizarre d’être observés.

Ils avaient raison, les skavens attendaient de pied ferme leurs ennemis. Grâce à des traîtres et surtout un réseau de surveillance magique, ils étaient au courant des moindres faits et gestes de leurs adversaires. Les hommes-rats avaient jalonné leurs souterrains de milliers de sphères d’observation, ces artefacts avaient l’apparence de banals cailloux gris. Toutefois ils donnaient des informations très précieuses en cas d’attaque ennemie. Autrement dit les elfes à la place d’adversaires désemparés et surpris, auraient à faire à une opposition armée franche et organisée.

Quand ils furent à mi-chemin de la ville souterraine, les hommes-rats pensèrent qu’il était temps de commencer l’éradication totale de leurs ennemis. Les chefs skavens prévirent plusieurs dispositifs, ils auraient pu tenter en une seule fois de broyer leurs adversaires. Mais ils voulaient par cruauté bien faire souffrir leurs ennemis, que les elfes soient rongés par la paranoïa et le doute. La première attaque consista en l’envoi de plusieurs milliers de rats-serpents, ces créatures hybrides avaient la tête du rat et un corps de serpent. En plus de la vivacité et du venin du serpent, elles avaient la cohésion et la capacité de travailler en équipe des rats.

La venue en masse des rats-serpents provoqua de la peur voire de la terreur chez les elfes qui avaient du mal à manœuvrer dans les couloirs étroits. De plus ils étaient gênés par le fait qu’ils se déplaçaient en rang serrés. Ils devaient se contenter d’user de couteaux et de dagues contre des adversaires redoutables. Les armures semblaient des protections peu efficaces contre les rats-serpents, vu que les créatures visaient des endroits non protégés, elles n’attaquaient pas que les jambes, elles pouvaient viser le cou ou le visage. Elles bondissaient comme des ressorts.

En outre une fois qu’elles mordaient quelqu’un, il fallait de longues minutes pour arriver à les déloger, même le fait de les décapiter ne suffisait pas à leur faire lâcher prise. Les rats-serpents n’appréciaient pas le feu, mais ils avaient été dressés pour supporter la présence des flammes. Résultat brandir une torche ou invoquer par magie un feu ne suffisait pas à protéger des créatures. D’ailleurs la fumée des flammes était un handicap dans les tunnels mal aérés, elle gênait la vue.

Arthur lui-même eut des difficultés à se dépêtrer de la situation où il se trouvait. En tant qu’officier il était une cible prioritaire, aussi il avait beaucoup plus de rats-serpents à gérer que les simples soldats sans grade. Il devait gérer un flot de créatures hostiles, tout en jouant les nounous pour les serviteurs d’Hertio dont le niveau en escrime se révélait par moment faible.

Déjà que sans poids mort la situation était quasiment impossible à gérer. En conséquence le fort finit par se faire mordre une fois, cet événement causa une excitation, un redoublement d’efforts chez les rats-serpents hostiles à Arthur qui se déchaînèrent, redoublèrent d’efforts pour attaquer leur cible. Cependant ces créatures commirent une erreur, elles s’imaginaient affronter un adversaire diminué par le venin, alors qu’elles durent gérer un ennemi non seulement en pleine forme, mais beaucoup plus alerte. Le fort en avait tellement marre des larbins d’Hertio qu’il les laissa se débrouiller quelques secondes, qu’il se focalisa sur sa défense personnelle.

Ainsi il put arriver à se battre de façon beaucoup plus correcte, il parvenait à exprimer son véritable niveau. Par conséquent il infligea un véritable carnage sur les rats-serpents. Il se fit tout de même mordre une nouvelle fois, mais il s’en moquait son état de frénésie l’empêchait de ressentir la douleur, et sa condition de vampire l’immunisait complètement contre les effets du venin. Il n’éprouvait même pas une gêne mineure pour ses deux morsures.

Arthur était toutefois dans une situation problématique, il hésitait entre sauver des camarades et protéger des laquais d’Hertio. Finalement il opta pour la solidarité, il en avait assez de voir des compagnons compétents périr en masse. Il chargea tout de même d’autres soldats de jouer les protecteurs des serviteurs d’Hertio. Le fait d’être abandonné par Arthur ne plus pas aux larbins du roi, qui promirent carrément de se plaindre pour un manque d’assistance. C’était le bouquet, des laquais contribuant à la mort de soldats valeureux par leur incompétence, étaient assez arrogants pour oser demander des compensations, imposer leurs jérémiades.

Ainsi la partie sombre d’Arthur se mit à réclamer le sang des laquais. Elle estimait que ces fauteurs de troubles joueraient enfin un rôle utile en servant de réserve pour la soif. Elle insinuait qu’à part jouer la fonction de mouchards et d’appuis involontaires pour des ennemis, les serviteurs d’Hertio ne valaient rien aussi bien en tant que troupes combattantes que personnes.

Certes il existait un tabou moral sur le fait de se nourrir d’elfes. Mais de toute façon les chances de revenir vivants étaient amenuisés en partie à cause de la faute des laquais, alors il était normal de les faire payer, de les contraindre à donner de leur personne. D’accord l’honneur était une valeur importante, mais les larbins d’Hertio s’en moquaient complètement, ils ne songeaient qu’à s’apitoyer, intriguer des complots et rapporter des dénonciations à leurs supérieurs hiérarchiques.

Arthur se sentait assez convaincu par sa partie sombre, il était assez tenté de s’abreuver du sang de gens l’énervant au plus haut point. Cependant il se rappela finalement à l’ordre, il avait d’autres sujets plus importants que la soif de sang, notamment la protection des camarades.

Finalement les elfes triomphèrent des rats-serpents, mais ils déploraient plus de mille morts, et presque autant de blessés.

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