Le Chevalier des Elfes
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Arthur le fort renonça à jamais à l’idée de poursuivre son apprentissage chez Merlin. Il n’avait pas envie de faire de plates excuses, et il possédait désormais les moyens de se payer les services d’un autre haut-magicien.

Le pactole que le fort avait ramassé grâce aux paris sur son combat avec Véruza, se chiffrait en millions de zénis, une véritable fortune. Ce qui permettrait à Arthur le vampire de mener une vie avec un faste digne d’un roi elfe. Mais avant de se remettre à étudier, le vampire avait soif de combat. La confrontation avec Véruza réveilla les instincts guerriers d’Arthur. Les sensations du champ de bataille, la montée d’adrénaline quand il fallait défendre sa vie, les joies de la victoire, tout cela manquait cruellement au fort. De plus le vampire aimait particulièrement entendre des louanges sur lui, savoir que son nom était sur de nombreuses lèvres, Arthur aimait beaucoup la gloire.

Or sa réputation même si elle restait fameuse, était moins élogieuse. Même si son duel contre Véruza le dragon augmenta le nombre de ses admirateurs, il n’empêchait que les cinq années d’apprentissage chez Merlin avaient eu un effet négatif sur la renommée du fort. Ainsi on parlait encore beaucoup du vampire, mais il y avait des guerriers qui bénéficiaient de plus d’éloges que lui dans les royaumes elfes. Arthur avait changé, quand il était un esclave mineur il appliquait la règle du profil bas, il cherchait à se faire le moins remarquer possible par les contremaîtres. Il se fondait dans la masse, il travaillait vite et bien, mais il était plutôt discret. Maintenant le fort était avide de prestige, il prenait mal que d’autres personnes soient plus célèbres que lui dans le domaine guerrier.

Arthur pensa un moment répandre des rumeurs désobligeantes sur certains rivaux qui empiétaient sur sa gloire afin de regagner de façon malhonnête de la notoriété.

En effet le fort pouvait désormais se payer les services de centaines d’agitateurs et démagogues dans le but de chanter ses exploits, et de tourner en ridicule d’autres personnes. D’ailleurs sa tendance sombre l’invitait avec énergie à abuser de l’intrigue, la calomnie et le ragot infondé pour servir ses buts. Elle clamait que ce n’était pas le courage, l’honneur et la compétence guerrière qui garantissaient le renom, mais la capacité à couvrir de honte ses adversaires. Certes il fallait d’après elle un minimum de vérité afin de bénéficier de prestige. Mais elle citait des exemples de gens qui ne s’illustrèrent que lors d’une bataille, qui avaient une bien meilleure célébrité que des soldats méritants qui passèrent leur vie à se battre avec détermination.

Arthur se sentait assez partagé, il trouvait assez séduisante l’idée de s’adonner à des manipulations pour obtenir de la renommée. Toutefois il avait peur de franchir un pas particulièrement osé, une étape qui lui laisserait une mauvaise impression sur sa conscience, s’il s’abaissait à dénigrer de manière prononcée ses rivaux guerriers. Finalement il fit un compromis, il payerait des bardes et d’autres artistes pour chanter ses louanges, mais il ne tenterait pas de recourir à la calomnie contre d’autres soldats célèbres.

Arthur s’intéressait toutefois à d’autres préoccupations que le renom, il était aussi déterminé à faire plaisir à ses amis, il éprouvait une vive joie à revoir le général Lancelot. Il découvrit que lors de son absence son interlocuteur agrandit sa collection d’armes dans sa tente. Et qu’il apporta des changements dans l’agencement de ses pièces, Lancelot s’intéressait désormais à exhiber des armes à distance comme des arcs et des arbalètes.

Lancelot : Je suis heureux de te revoir Arthur, même si tu n’as pas suivi jusqu’au bout ta formation.

Arthur : Merci mais c’était au-dessus de mes forces de supporter Merlin, il faut avoir une patience d’ange avec lui.

Lancelot : Je l’admets, Merlin a un caractère difficile, en particulier avec ses élèves, il a tendance à les traiter comme des serviteurs. Ne t’en fais, ton apprentissage de la magie servira dans l’armée, tu pourras si tu le souhaites être payé comme analyseur d’objets surnaturels. Ce genre de tâche ne demande qu’une heure de travail par semaine, mais elle est vitale et bien payée.

Arthur : Merci beaucoup, j’accepte votre proposition. Vous avez l’air de bien connaître Merlin, avez-vous fait partie de ses apprentis ?

Lancelot : En effet mais je n’ai tenu qu’un mois, tu as été plus courageux que moi, vu que tu as résisté cinq ans aux ordres de Merlin. Aujourd’hui est un jour spécial, nous recevons la visite du roi elfe Hertio, il faut que tu mettes ton uniforme d’apparat.

Le roi elfe Hertio passait pour quelqu’un de brave, toutefois il faisait parfois preuve d’un fanatisme gênant quand il fallait combattre les ennemis des elfes, tels que les orques et les skavens. Sur le plan militaire Hertio n’était pas un stratège très brillant, mais il ne déléguait que rarement, il avait subi d’ailleurs plusieurs défaites humiliantes.

Toutefois il parvint à sauvegarder sa réputation en trouvant des boucs émissaires, en réussissant à faire accuser des elfes innocents de trahison. L’intrigue et le coup en traître étaient deux tâches dans lesquelles excellait le roi. Il devait d’ailleurs sa place non pas à ses qualités morales, mais à son grand talent pour flatter, tendre des pièges, et à orchestrer des meurtres qui avaient des allures d’accidents ou de suicides.

À l’origine Hertio appartenait à une famille de nobles sans grande importance, il sut tout de même tirer son épingle du jeu, en étant un lèche-bottes de premier ordre. Il finit par être admis dans l’entourage d’un souverain. Il sut générer suffisamment d’affection dans le cœur du monarque pour se faire adopter.

Problème Hertio s’avérait à l’origine quatorzième dans l’ordre de succession du souverain. Cependant il décida de forcer le destin en faisant mourir tous ses frères et sœurs. Il s’arrangea pour rendre fous furieux les animaux carnivores d’un zoo, et pour ouvrir les cages de lions au moment où ses frères et sœurs passaient. Ceux qui survécurent à l’attaque des fauves, officiellement se pendirent, se tailladèrent les veines, ou s’enfoncèrent volontairement une épée dans le cou.

Arthur le fort dès qu’il vit le roi Hertio, ressentit une vive animosité pour lui, il craignait que le monarque risque de provoquer un désastre terrible. Le fort n’appréciait pas qu’une personne d’une compétence faible telle qu’Hertio prit le commandement militaire à la place de Lancelot, un général expérimenté et très bien formé avec pour seule justification un titre de roi. Arthur avait peur que le nombre de morts pour les combats à venir soit très supérieur à cause du souverain, une personne qui aimait la stratégie frontale, et qui se caractérisait par un traditionalisme gênant.

En effet le monarque jugeait vital que les nobles elfes combattent à cheval au nom de la coutume, y compris si le sol où il fallait affronter l’ennemi nuirait considérablement à une charge de cavalerie. Le fort se demanda s’il ne faudrait pas organiser discrètement l’assassinat d’Hertio pour préserver un maximum de vies elfes. Il jugeait les incompétents orgueilleux comme des plaies dont il était nécessaire de s’occuper très rapidement. Or il voyait le roi comme un superbe exemple d’arrogance doublée d’imbécilité.

Sa partie sombre applaudissait franchement ses pensées, l’incitait à concrétiser son envie lui-même ou de déléguer la tâche de meurtre à un exécuteur. Par contre sa partie honnête se remplit d’horreur à la perspective qu’Arthur fomente de façon poussée des plans pour ôter la vie à un elfe qu’il ne connaissait pas vraiment.

Certes les rumeurs sur Hertio étaient peu élogieuses, mais il se pouvait très bien que le roi soit nettement plus compétent que prévu. Les ragots ne correspondaient pas forcément à la vérité. Finalement Arthur opta pour observer sa cible avant de passer par une action mortelle.

Le souverain organisa une entrevue avec Lancelot et d’autres officiers, mais pas Arthur, il refusait de communiquer plus que nécessaire avec un vampire d’origine humaine. Le monarque démontra que son amour du luxe était véridique, sa tente immense était recouverte d’un tissu doublée d’une couche d’or. Elle prenait assez de place pour contenir une bonne centaine de personnes. Les couverts d’Hertio comportaient un manche en ivoire, sa couverture de lit s’avérait faite dans une matière prestigieuse : le satin. Certains affirmaient que le roi avait un tel goût pour les richesses, qu’il chiait de l’or.

Il profita de l’occasion pour annoncer sa volonté d’organiser une offensive militaire lors d’un banquet comportant quarante plats différents. Il puisa dans ses fonds personnels mais aussi ceux de l’armée de Lancelot afin d’organiser un repas somptueux en plein air, avec de la nourriture hors de prix tel que du caviar, et des desserts à la vanille.

Hertio : Officiers j’ai une bonne et une mauvaise nouvelles à vous annoncer, la mauvaise est que des skavens ont installé un village souterrain non loin d’ici, la bonne c’est que ces hommes-rats ne vont pas tarder à être chassés.

Lancelot : Les skavens peuvent être des adversaires redoutables. Quelles informations avons-nous sur les effectifs ennemis, ainsi que leurs forces et faiblesses ?

Hertio : Nous n’avons pas beaucoup de renseignements, mais ce n’est pas grave. Une armée d’elfes aguerris n’aura aucun mal à se débarrasser d’une vermine malfaisante.

Lancelot : Sans vouloir vous vexer votre majesté, il faudrait peut-être attendre. Mes troupes n’ont pas combattu en milieu souterrain depuis des années. Et si les skavens sont de piètres guerriers, ce sont en revanche de bons piégeurs.

Hertio : Ne vous en faites pas, j’ai prévu le coup, des mages clairvoyants nous assisteront pour détecter les traquenards.

Lancelot : Une des spécialités des sorciers hommes-rats est d’envoyer de fausses visions qui trompent les mages ennemis.

Hertio : Ce type de ruse marche peut-être sur les mages humains, mais elle est inopérante sur les magiciens elfes.

Lancelot : Combien de soldats dois-je envoyer pour traquer les skavens ?

Hertio : Je veux que la plupart de vos soldats participe d’ici demain à l’anéantissement des hommes-rats.

Lancelot : Pourrais-je avoir un jour de plus ? Je souhaiterais que des éclaireurs me fassent un rapport sur les skavens.

Hertio : Je refuse, je ne veux pas perdre l’effet de surprise.

Lancelot : Permettez-moi d’insister, pour minimiser les morts dans notre camp, bien connaître l’ennemi est vital.

Hertio : Les éclaireurs sont inutiles, le rapport de force est clairement en notre faveur, trop de prudence nuit gravement à la réussite.

Le général Lancelot se disait que ses subordonnés ne s’en tiraient pas si mal. Certes le manque d’aptitude pour le commandement militaire du roi Hertio était flagrant. Mais le monarque ne poussait pas la bêtise jusqu’à avertir les skavens de la présence d’elfes, et de les inviter à combattre en face à face. Dans les armées elfiques il y avait des hauts gradés partisans du combat chevaleresque, qui réagissaient de manière inadaptée quand ils étaient confrontés à des skavens.

Ils optaient pour des manœuvres frontales, le déploiement de bannières bien voyantes, l’utilisation de sonneurs de trompettes bruyantes, l’envoi de porte-paroles qui menaient de longues discussions, permettant à l’ennemi de bien préparer sa défense. Les hommes-rats eux pratiquaient sans retenue l’embuscade vicieuse, avec des flèches empoisonnées, la pollution des cours d’eau et des récoltes, le recours à des sorts véhiculant des maladies, la prise d’otages jeunes tels que des enfants.

Arthur le fort était de moins bonne humeur que le général. En effet grâce à une ouïe renforcée par un sort, il put suivre la conversation entre Lancelot et le roi Hertio. Or ce qu’il entendit, lui donnait très envie commettre un assassinat sur le souverain en l’étranglant.

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