Le Chevalier des Elfes
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Les trois conseillers eurent des réponses différentes du point de vue du vocabulaire mais pareilles sur le contenu. Arthur se rangea finalement à l’avis de ses lieutenants, il avait beau mettre en place une monarchie avec beaucoup de pouvoir pour le haut-roi, il devait tenir compte de l’opinion du peuple par rapport à certains points. Sa liberté d’action ne s’avérait pas absolue, il aimait beaucoup son dieu, mais il voulait aussi éviter la guerre civile.

Même s’il voyait l’adoration de Jéhavah comme un peu désuète, dans les sens que ce dieu manquait de valeur guerrière dans une ère de combats à répétition. Il croyait que Jéhavah la divinité de la nature et de la justice existait, mais avait trop de bienveillance pour remporter la guerre contre le Néant. Cependant Arthur décida quand même de se concentrer sur des stratagèmes politiques et non religieux.

Merlin le haut-mage se sentit heureux que son monarque n’aille pas jusqu’au bout avec son projet initial de renforcer Proélium de manière rapide. Cependant Merlin demeurait préoccupé des opinions religieuses de son souverain, il craignait qu’Arthur ne joue à une partie dangereuse pour son âme. Le haut-mage ne réfutait pas l’existence de Proélium, et lui concédait une haute valeur dans des temps obscurs mais il accordait aussi un intérêt particulier à Jéhavah.

D’ailleurs même s’il pensait que l’amour et la patience de sa divinité préférée était grandes, il n’était pas bon de chercher à l’éclipser surtout en employant la ruse et le complot. Jéhavah pourrait peut-être pardonner que des prêcheurs d’un autre culte provoquent une diminution de la ferveur de son adoration si la vérité et l’altruisme étaient employés. Par contre Merlin avait peur que son dieu ressente une colère vive, si Arthur ne modifiait pas ses méthodes de conversion religieuse.

Morgane et Lancelot étaient moins angoissés que le haut-mage, mais tous deux n’étaient pas non plus complètement confiants dans les méthodes de promotion de Proélium développées par Arthur. Ils jugeaient que leur haut-roi ne risquait pas de colère divine, cependant il choisissait tout de même une tactique risquée du point de vue politique.

Jéhavah était une valeur importante dans l’esprit de la plupart des elfes, donc inciter même très subtilement un autre culte à occuper une dimension plus importante en terme d’influence constituait un pari osé.

Lancelot avait peur qu’Arthur ne soit destitué sur le long terme par une vaste coalition, le jour où ses intentions véritables serraient mises à jour aux yeux du peuple. Le haut-roi ne cachait pas sa préférence pour Proélium, néanmoins le peuple elfe était majoritairement assez tolérant pour accepter cette attitude au nom de la liberté religieuse. Cependant c’était une autre paire de manches de supporter le fait qu’un monarque important veuille bouleverser les tendances religieuses acceptées par les gens ordinaires.

Morgane pensait qu’Arthur ne serait pas victimes d’actions légales en faisant une promotion trop forte de Proélium, par contre il favoriserait le risque d’un empoisonnement ou d’une autre action meurtrière à son égard. Le haut-roi avait déjà suffisamment d’ennemis parmi les elfes comme cela, il serait idiot d’après Morgane de leur fournir un bon prétexte pour s’unir.

Arthur était parfois un peu tenté de ne pas tenir compte de l’avis de ses conseillers, de se débrouiller pour imposer rapidement le culte de Proélium au détriment de celui de Jéhavah, malgré de sages suggestions. Mais il se rappela un précepte de sa divinité fétiche qui modéra son impatience. «Les grandes réussites prennent du temps, et se précipiter pour un combat martial ou d’idées est le sommet de l’imbécilité». Le haut-roi admettait que ce serait un coup d’éclat très impressionnant à l’égard de nombre de ses détracteurs, de s’arranger pour que la cause de Proélium triomphe de manière large et bien visible.

Et son esprit mit au point des dizaines de plans plutôt bien conçus pour défendre ses idéaux religieux. Il ferait éclater des scandales retentissants à l’égard du culte de Jéhavah, il s’arrangerait pour que ses agitateurs professionnels colportent des nouvelles utiles jusque dans des villages isolés. Le haut-roi avait plein de stratagèmes en tête afin de développer la religion autour de Proélium.

De plus il considérait comme de la justice d’insister sur la promotion de son dieu préféré. Il y avait quantité de manœuvres de dénigrement de la part d’elfes influents et d’autres notables contre Proélium. Le peuple elfe accueillait souvent favorablement les prêtres de la divinité de la guerre. Par contre beaucoup d’aristocrates vassaux d’Arthur voyaient comme un signe de décadence toute marque d’intérêt pour Proélium. Le conflit idéologique prenait diverses formes, le fait de privilégier d’autres armes que l’épée au sein du culte de la guerre, l’absence de honte en recourant à des ruses comme l’embuscade, et d’autres éléments, tout cela énervait les bien-pensants qui vouaient un culte étriqué à Jéhavah.

Aussi le monarque estimait comme une action méritée de défendre avec ardeur Proélium, cependant il finit par reconnaître complètement qu’il serait un idiot obstiné de chercher à tenter d’imposer trop vite ses idées. Il voyait comme dommage pour les elfes que sa divinité n’ait pas plus de popularité, mais il apprit que même en occupant le sommet de la fonction politique dans un pays, il était nécessaire de faire des concessions.

Même le plus rusé des individus devait par moment s’avouer vaincu, s’incliner devant un rapport de forces défavorable. Or d’après Arthur il existait nettement plus malin que lui pour établir des complots. Il pensait que sans l’assistance de ses conseillers proches, il y aurait belle lurette qu’il aurait été remplacé ou qu’il serait coincé pour la vie à un rôle de subalterne. D’après le haut-roi sans Lancelot, il n’aurait jamais fait de carrière militaire glorieuse, sans les intrigues élaborées de Morgane, certains ennemis gênants continueraient de demeurer des menaces préoccupantes, et sans la magie de Merlin, de graves périls d’origine surnaturelle persisteraient à décimer les elfes.

Certes Arthur possédait une certaine confiance en lui, il pensait avoir fait de réels progrès dans plusieurs domaines intellectuels. Mais il songeait aussi qu’il ne serait pas grand-chose s’il n’avait pas rencontré des personnes utiles ou bienveillantes le long de sa vie.

Même si la ténacité d’une partie de ses adversaires politiques ou religieux à défendre envers et contre tout la cause de Jéhavah donnaient des envies de représailles au haut-roi. Ce dernier conservait encore suffisamment de calme et de patience pour différer sur le très long terme ses plans de soutien à Proélium. Il ferait néanmoins taire de temps à autre quelques voix dissidentes trop bornées ou fanatiques.

Arthur s’appuierait surtout sur la vérité, et il ne commettrait pas de meurtres ou d’autres actions peu honorables sur les elfes qui se cantonnaient à marquer une préférence modérée pour Jéhavah. Toutefois pour ses sujets se caractérisant par un fanatisme destructeur en l’honneur de Jéhavah, il y avait un programme plus dissuasif d’organisé, une véritable procédure judiciaire d’orchestrée pour faire tomber ses ennemis de Proélium. Quelques jours plus tard, Merlin un peu angoissé ne résista pas à l’envie de participer à une entrevue avec Arthur dans la tente des complots.

Merlin : Votre majesté, je sais que vous jugez ardemment faire triompher Proélium, mais je doute que vous soyez sur une bonne pente.

Arthur : Tu as ton opinion, et je la respecte mais j’ai aussi mes propres objectifs.

Merlin : Vous risquez de vous attirer un courroux divin.

Arthur : Je pense être plus utile pour mes sujets en choisissant Proélium que Jéhavah comme préférence. Assez discuté, j’ai à faire.

Merlin se demandait s’il devrait tolérer la décision d’Arthur, il se dit qu’il commettrait une belle erreur en ne remettant pas sur le droit chemin son haut-roi. Il se demandait s’il ne faudrait pas qu’il ne prenne des mesures, quand brusquement il eut une vision particulièrement troublante. Il découvrit les royaumes elfes qui menaçaient d’être engloutis par une tornade avec une énorme bouche, il s’agissait du Néant qui s’attaquait directement aux elfes. La civilisation elfe menaçait de disparaître, engloutie par l’appétit sans fin d’une entité maléfique, mais brusquement une épée enflammée tenue par Arthur transperçait la tornade et sauvait le monde d’une terrible catastrophe.

L’arme du haut-roi était en lien avec Proélium, toutefois Merlin sentait la présence de Jéhavah dans son présage, il identifia son dieu comme l’auteur de la vision. Ce qui amena Merlin à modifier son projet initial, apparemment sa divinité insistait pour que le haut-roi continue sur sa lancée. Devant les dangers représentés par le Néant, Jéhavah paraissait prêt à se sacrifier. Merlin en conçut une foi renforcée pour son dieu préféré. Il était ébranlé par le message communiqué mais il ne prendrait pas de mesures afin de contrecarrer Arthur sur le plan religieux.

Il en conclut une chose, l’amour de Jéhavah dépassait la notion de grand, il était carrément infini. Cette divinité était prête à risquer l’oubli pour permettre de maximiser les chances des elfes de survivre. Merlin pleura intensément, il ne croyait pas qu’un tel dévouement était possible. Pourtant Jéhavah lui paraissait prêt à disparaître du cœur des elfes, afin d’optimiser les chances des elfes d’avoir un avenir. Merlin était émerveillé de cet altruisme et en même temps assez triste des nécessités imposées par la guerre contre le Néant.

Cependant il était un dévot respectueux des décisions de son dieu. Aussi il n’irait pas contre le message de sa divinité. Y compris s’il jugeait navrante la perspective que Jéhavah perde peut-être un jour la majorité de sa popularité, qu’il finisse possiblement par être relégué au rang de dieu secondaire. Certes Arthur n’envisageait pas d’interdire le culte de Jéhavah, mais il avait des plans néfastes pour la gloire de cette religion.

Ou alors la vision était juste un appel à une trêve temporaire, quand les conflits en rapport avec le Néant cesseraient, Merlin pourrait prendre des mesures contre Arthur. Cependant après réflexions il jugeait beaucoup trop optimiste ce raisonnement. Même si le haut-roi obtenait des victoires splendides, surpassant complètement les triomphes de ses prédécesseurs, le Néant demeurerait toujours une menace. Il pouvait être contrecarré par des héros, mais il disposait de sacrées ressources magiques et de nombreux sbires dévoués.

Puis finalement Merlin fit un compromis, il ne contesterait pas ouvertement la politique pro-Proélium d’Arthur. Mais il entretiendrait quand même le souvenir de Jéhavah auprès d’une communauté. Il vanterait auprès d’autres personnes l’amour infini de son dieu. Il entretiendrait un minimum la gloire de sa divinité, et tant pis s’il recevait des ordres l’invitant à cesser de faire l’apologie de Jéhavah.

Il estimait déjà très gentil de ne pas chercher à opérer de manigances afin de contrer Arthur. Même si les ordres formels de son haut-roi étaient des éléments prioritaires, Merlin ne transigerait pas sur la question de sa foi. Il refusait catégoriquement de céder sur ce point. Pour lui une divinité remplie d’amour comme Jéhavah méritait un profond respect, comparé à un dieu comme Proélium qui passait son temps à chercher de nouveaux motifs pour guerroyer.

Arthur dut laisser temporairement de côté ses désirs de promotion religieuse, à cause des adorateurs du Néant qui dévoilèrent brutalement leurs cartes, en se rassemblant de façon massive. Ils obligèrent le haut-roi à mettre de côté ses tactiques de comploteur pour se concentrer sur des actions militaires.

Erèbe le chef suprême de l’armée du Néant aligna une grande armée, et lui et ses troupes développèrent une immunité vis-à-vis de l’anti-néantus. Arthur mobilisa aussi beaucoup de monde, il laissa quelques troupes aux frontières, mais il aligna quand même plus de cent mille combattants. Il affrontait une véritable horde sur le terrain d’une ancienne grande forêt de chênes. L’ennemi organisa la flétrissure ou l’abattage de la majorité des arbres des bois pour avoir plus de marges de manœuvre pour se déplacer, et se fournir en matériel.

Erèbe et Arthur étaient déterminés à prononcer des mots pour renforcer le moral de leurs subordonnés et alliés.

Erèbe : Soldats nous sommes un grand jour aujourd’hui, car le Néant est maintenant complètement réveillé, par conséquent nous sommes devenus invincibles. En face il n’y a que des freluquets et des mauviettes. Nous sommes des dragons, et nos adversaires s’avèrent des vers de terre, nous ne ferons qu’une bouchée de nos ennemis.

Arthur : Mes amis la nouvelle selon laquelle le Néant est pleinement conscient est malheureusement vraie, mais cela ne veut pas dire que nous perdrons. Le Néant a déjà été battu à de nombreuses reprises par des héros elfes. Or tout autour de moi il y a des milliers de valeureux. De plus le généralissime de l’armée ennemie est Erèbe aux mille défaites, avec un tel personnage du côté adverse, notre victoire est déjà à moitié assurée.

Erèbe le malfaisant certain de sa victoire, ne prit aucune précaution pour faciliter la retraite de ses troupes. En outre sa stratégie était simple, il fallait attaquer sans se soucier des pertes. D’une part cela permettait de se débarrasser de rivaux gênants, mais surtout cela contribuait à forger la légende du Néant. Le malfaisant tenait à diffuser aux elfes et aux générations futures le message suivant : “Même en recourant à des stratégies simples et peu élaborées, y compris quand l’adversaire avait l’avantage du nombre, peu importe les alliances et les sacrifices consentis pour faire face, malgré la présence des puissants dragons, le Néant l’emportait”. D’ailleurs Erèbe gagna beaucoup en courage grâce au Néant, sa personnalité se révéla modifiée progressivement. Ainsi il s’avérait désormais assez tenace pour combattre au contact de l’ennemi.

Pour corser les choses, certains des pactes conclus avec les alliés d’Arthur le vampire n’étaient que partiellement honorés. Ainsi les hobbits n’envoyèrent que la moitié des effectifs prévus, et les dragons ne s’avéraient que cinquante, et non pas cent contrairement à ce que prévoyait le traité. Il fallait aussi ajouter la mauvaise volonté des rois elfes à fournir des militaires. Les monarques gardèrent une partie de leurs troupes pour défendre leurs terres.

Ce geste était compréhensible, la protection de sa nation d’origine constituait une priorité absolue pour une personne patriote. Néanmoins la mauvaise surprise faite au vampire le mettait de très mauvaise humeur, Arthur le haut-roi n’avait pas hésité à vider la plupart des garnisons de son pays. Pourtant il était récompensé par plusieurs défections importantes. Il devait composer avec trente pour cent d’effectifs en moins que prévu, autrement dit il était obligé de modifier significativement ses plans de bataille. Quand les alliés vous jouaient des tours pendables, la victoire s’avérait beaucoup plus difficile à obtenir.

Merlin et Lancelot les haut-princes n’étaient pas aux côtés du vampire, ils devaient remplir une mission pour leur haut-roi. Il fallait qu’ils se dépêchent tous deux, car leur contribution jouait un rôle essentiel.

Lancelot : Sommes-nous encore loin Merlin ? J’ai hâte de combattre.

Merlin : Ne t’en fais pas il n’y a plus que quelques minutes de marche, et nous serons devant le portail de puissance. Attention une patrouille ennemie ! Cachons nous.

Merlin et Lancelot durent se cacher derrière de gros rochers pour éviter d’attirer l’attention, s’ils ne remplissaient pas leur mission, Arthur était fichu. Heureusement les cachettes ne manquaient pas dans le coin pour s’approcher discrètement, les rochers où se mettre à couvert pullulaient. Il y avait encore quelques heures, les pierres les plus grosses des environs se limitaient à des cailloux de la taille d’un poing.

Seulement voilà l’activation du portail bouleversa le paysage naturel, causa divers cataclysmes durant son démarrage. Notamment une explosion qui détruisit trois montagnes, qui réduisit en centaines voire milliers de morceaux des étendues atteignant à de grandes hauteurs. Ce qui était normal, le portail véhiculait une énergie plus que considérable. Il donnait à des gens puissants à la base, la possibilité de modifier les lois de la réalité. Par exemple, il permettait à un démon mineur tout juste capable en temps normal de générer une boule de lumière éclairant comme une luciole, d’avoir la capacité de provoquer des éclairs de foudre suffisamment redoutables pour carboniser un groupe de cent personnes.

Les gardiens du portail étaient mille fois plus nombreux que l’escorte des deux haut-princes. Certaines sentinelles étaient en outre franchement puissantes, il y avait des elfes ordinaires adeptes du Néant, mais aussi des démons majeurs, et même un avatar du Néant. La forme de l’avatar s’avérait celle d’une boule noire géante de la taille d’un cheval, il ressemblait un peu à un jouet. Mais celui qui le contemplait sans une volonté d’acier avait tendance à paniquer, à subir un accès de terreur brute.

Le portail remplissait la fonction d’un amplificateur de pouvoir qui prenait la forme d’un cercle de métal gravé avec des symboles mystiques complexes, posé sur le sol relié à des machines complexes dotées de manettes et de boutons.

Le portail s’avérait directement relié au Néant lui-même, il puisait des forces dans une dimension régie par des dieux de la destruction. Un endroit où la réalité n’obéissait pas à des lois bien définies, où la folie régnait en maître, où en quelques minutes une montagne pouvait laisser la place à un lac de sang rouge, devenant une seconde plus tard un océan d’eau salée, puis une forêt luxuriante au bout de quelques battements de cœur.

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