La Tour des Mondes
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Chapitre 263 : La fin du Dernier Dresseur
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Alwin se relève en retirant le haut de son armure abimée. Il crache rapidement du sang par terre avant de faire apparaître de nouvelles armes dans ses mains en souriant.

Un loup se jette sur lui et il le frappe d’un coup d’épée sans même y réfléchir. Le loup attrape la lame dans sa gueule et plie le métal à la force de sa mâchoire. Alwin le frappe avec son autre arme, mais celle-ci ne fait que projeter le loup au loin en lacérant à peine sa chair.

L’instant d’après, Fae apparaît de nulle part en plantant ses ongles dans le torse du Gardien. Elle le jette ensuite en plein milieu de la meute où il se fait piétiner quelques instants. Il se relève pour commencer à attaquer les animaux, mais sans faire plus que les envoyer voler quelques instants dans les airs avec des égratignures. Le reste de la ville, qui n’était qu’un décor dans l’arène, se dégrade un peu plus chaque seconde à cause des animaux, mais chaque attaque du Gardien continue de semer la destruction en découpant la pierre et le sol. Les gradins sont épargnés grâce au bouclier les séparant de l’arène, mais sans cela le bâtiment entier serait déjà en ruine. Dans l’arène, chaque attaque détruit à présent tout sur des centaines de mètres en frappant même le bouclier, qui brille étrangement en se tordant alors qu’il contient l’attaque. Malgré tant de puissance, le Gardien des Guerriers reconnaît qu’il ne fait qu’égratigner les animaux qu’il touche.

Fae apparaît de façon décontractée derrière Alwin qui la remarque aussitôt. Alors qu’il se retourne pour l’attaquer, elle tente de bloquer une nouvelle fois l’arme, mais cette fois-ci il en change rapidement la trajectoire et entaille le torse de Fae. Il continue alors de l’attaquer en lacérant la chair de la gardienne qui se laisse faire. La gardienne se contente de le fixer, comme intriguée par ce qu’il essaye de faire et comme si elle n’était pas concernée par les plaies qui apparaissent sur elle.

Une à une, les blessures se referment aussi vite qu’elles ont été créées. Une nouvelle attaque plus puissante finit par créer une faille dans l’arène qui, en se répercutant et traversant le bouclier, commence à fissurer un des gradins à plusieurs endroits. Son sabre se brise sous la force de l’attaque et la lame reste bloquée dans l’épaule de Fae.

— Tu m’ennuies.

— Tu as toujours l’impression que c’est un combat ?

— Quand je t’aurai coupé la tête, cela n’en sera plus un.

Alors que Fae retire le morceau de sabre de son épaule, Alwin fait apparaître une hache à deux mains et vise le cou de la gardienne qui le regarde, comme pour l’inviter à le faire. Une flèche dévie finalement la lame au dernier moment et stoppe le gardien des Guerriers.

Du haut des gradins, la voix d’Orion retentit alors aux seules oreilles des gardiens présents.

— C’est suffisant. La victoire t’appartient.

— N’interviens pas. C’est elle qui a commencé.

— Je parle à ma sœur.

— Sale traînée.

— Tu peux continuer de croire en ta victoire, cela ne change rien. Ils ont tous vu la gardienne des Dresseurs se battre à armes égales contre toi et ne montrer aucun signe de faiblesse.

— Je n’ai utilisé qu’une seule compétence comme le dit la règle alors qu’elle –

— Elle aussi. Fae, s’il te plaît.

En poussant la flèche d’un coup de pied, Fae s’approche d’Alwin et le renifle quelques instants. Il ne sait pas exactement comment interpréter ce geste comme autre chose qu’une agression et se prépare à frapper à nouveau. D’un révère de la main, Fae brise la hache en continuant d’approcher son visage du cou du Gardien.

Celui-ci cherche à reculer pour riposter, mais derrière lui quelques oiseaux minuscules l’en empêchent et bloquent toute possibilité de retraite. Avec un sourire carnassier, Fae s’approche, prête à mordre sauvagement son adversaire.

« Fae. »

La voix froide d’Orion retentit une fois de plus et signale réellement la fin du combat.

Dans l’arène, la meute ralentit graduellement sa marche alors que les yeux des animaux retrouvent un éclat normal. Les animaux se mettent tous à rugir pour signaler la fin du combat et commencent alors à se disperser en utilisant les différentes portes de l’arène qui s’ouvrent sur leur passage. Fae reste immobile face au gardien des Guerriers dont les plaies commencent à cicatriser. Elle se penche ensuite légèrement en avant et lance une dernière réplique.

— La prochaine fois que tu m’insulteras, il vaut mieux que je ne sois pas là pour le voir.

— On remet ça quand tu veux.

Fae ne répond rien et, en se servant des oiseaux encore sous son contrôle, elle saute dans les airs et retourne auprès de ses sœurs et d’Errasil. Ce dernier a stoppé les batteurs au moment où Orion a tiré sa flèche, indiquant bien son accord sur la fin du combat, et à présent il se contente de jouer de sa guitare comme si ce petit interlude n’avait jamais eu lieu.

Le public dans l’arène retrouve petit à petit ses esprits avec la disparition de la musique, mais pour l’instant, ils ont encore du mal à comprendre ce qu’il vient de se produire et l’état de transe dans lequel ils étaient tous plongés.

Aussitôt hors de vue des regards, Fae change son apparence pour l’ancienne en s’étirant rapidement et en ajustant les vêtements qu’elle vient de faire apparaître. Ce n’était pas censé être un combat, mais si Orion intervient c’est encore moins le cas… Elle est plutôt mécontente de son intervention en tirant une flèche, mais elle ne compte pas le dire ouvertement. Il y a probablement des raisons qui l’expliquent, même si elle ne l’expliquera pas.

Étrangement, c’est Ephy qui décide de réagir la première en prenant Fae dans ses bras pour lui dire qu’elle est fière d’elle.

— Euh. J’ai rien fait de particulier.

— Tu viens de ridiculiser ce type.

— Mouais… Orion est intervenue alors que j’allais devenir sérieuse.

— Et tu es la première à avoir fait valoir la règle des duels de gardiens !

— Ah ? Les autres gardiens se sont jamais battus entre eux ? Étonnant. J’ai pourtant envie de te frapper une fois sur deux quand tu parles.

— … Je vais guider ma main sur ton visage, tu vas voir.

C’est finalement Orion qui prend la parole en reprenant un ton cryptique.

« Aujourd’hui, Nomad et toi venez de faire la preuve à tous que la classe de Dresseur n’est pas à prendre à la légère. Tu as annoncé à tous que tu n’étais pas la faible qu’ils aimeraient que tu sois. Cependant, j’ai peur que cela ne crée plus de tensions entre les gardiens. »

Ici et là sur les sommets de l’arène, Orion observe des petits groupes qui sont venus observer le combat des gardiens, attirés par la puissance qu’ils ont pu sentir depuis leur tour.

Même avec la règle obligeant les gardiens à se limiter à une seule compétence et des dégâts mineurs en cas de duel, Fae vient clairement de prouver sa supériorité. En ce jour, le dernier Dresseur a prouvé sa force et sa gardienne vient de marcher dans ses pas. L’équilibre des pouvoirs est une fois de plus bouleversé.

Fae sait très bien que Nomad est au courant de ce qu’elle vient de faire. Par respect pour lui, elle a exclu Yuu de la meute, mais elle a pu sentir sa présence. Elle aurait préféré éviter qu’il ne voie ça pour qu’il continue à grandir par lui-même, mais il serait injuste que ce soit le cas alors qu’un si large public vient d’y assister. Il faut d’ailleurs qu’elle se décide sur la question d’en faire son champion et qu’elle se dépêche de rentrer dans son aile pour faire des préparations… Ugh. Elle redoute déjà la perte des siestes qu’elle devra mettre de côté et du bruit qu’il va y avoir dans son aile avec autant d’enfants.

Pendant quelques instants, son visage, qui venait de retourner à la normale, montre à nouveau de la colère. Même si elle comprend pourquoi Orion est intervenue, elle aurait aimé corriger Alwin plus longtemps. En regardant dans l’arène, elle peut le voir en train de parler à Beatice tout en retirant le sang sur son torse. C’est comme si ce combat n’avait jamais eu lieu pour lui et cela l’énerve…

— Par contre, je te l’ai déjà dit, mais pourquoi est-ce que tu joues l’exhibitionniste avec cette forme ? Te battre seins nus… je trouve ça tellement malpoli… Tu ne pourrais pas mettre un bout de tissu pour te couvrir ?

— … T’es sérieuse ? C’est vraiment la première question qui te vient ?!

*

Je suis assis sur un banc dans les gradins et… je suis un peu perdu. En entendant Yuu me dire sérieusement de revenir voir ce qu’il se passe le plus vite possible, je ne m’attendais pas à tomber sur un tel spectacle. De mes yeux, je viens de voir ce « combat » et j’ai du mal à le croire. C’est donc ça la puissance d’un gardien ? De Fae ? La vraie puissance des Dresseurs ? Sans difficulté, elle a réussi à tenir tête à un gardien dont la classe est tournée vers le combat ? Est-ce que c’est quelque chose dont je serai capable un jour ou seulement quelque chose qui lui est réservé …?

Ma tête bourdonne d’idées de ce genre…

J’hésitais sur la direction à prendre entre la classe des Assassins et des Dresseurs, surtout après ce qu’il s’est produit ce matin avec le Pyromancien, mais maintenant…

C’est un peu comme lors de mes premiers entraînements, quand j’ai compris ce que le lien était capable de faire, mais je n’ai jamais vu réellement ce que la classe de Dresseur pouvait devenir. À présent, j’ai enfin un point de référence… « Le » point de référence derrière la classe.

Si j’y vais, je devrai mettre de côté la guilde Arcana pendant quelque temps, mais ce n’est peut-être pas si mal et ça laissera le temps à la classe de Dresseur de perdre un peu d’attention.

En sortant de l’arène, je peux sentir que le brouilleur sur ma cheville chauffe beaucoup, ce qui n’est pas bon signe. C’est probablement un signe que je dois disparaître. J’ai trop attiré l’attention aujourd’hui et, avec ce que vient de faire Fae, ce n’est pas mieux.

Le tournoi vient de se finir et je me suis encore fait des ennemis avec cette légion. Ne parlons pas des ennemis que je ne connais pas encore… Ma vie s’annonce toujours plus compliquée, mais tant que je deviens plus fort, je finirai par m’en sortir. Non, « nous » finirons par nous en sortir. Micha, Juliette, Yuu et moi, ensemble. Si je suis encore vivant, c’est grâce à eux et au lien qui nous unit. Cela ne fait même pas un an que je suis devenu grimpeur et Dresseur, mais j’ai bien une famille à présent. Ma famille. Cependant, il me faut la force de la protéger.

Grimper la tour… Je ne pensais pas que ce serait aussi compliqué.

Je n’ai même pas terminé le premier monde et je dois finalement rester au pied de la tour pour m’assurer que personne à part moi ne risque sa vie. Je ne sais pas ce que fait Maliel en ce moment, mais je ne compte pas laisser Arcana s’en sortir aussi facilement après avoir manqué de la tuer.

En réajustant ma capuche et en activant le vermillon, j’avance dans les grandes allées piétonnes de la ville. Devant moi se trouvent la tour des Rangers et la suite de ma vie.

— Fin de l’arc 3 : Le Dernier Dresseur –



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