La Tour des Mondes
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Chapitre 168 – L’heure du départ
Chapitre 167 – La clé de l’histoire Menu Chapitre 169 – L’espoir disparaît comme le sang qui coule.

Pourquoi… ? C’était censé être fini. Les manges-mots n’étaient plus une menace. Être escorté vers l’extérieur du palais pour aller en sécurité retrouver Mad et attendre la fin de la guerre civile. Voilà ce qu’il devait se passer.

Au lieu de ça, la plupart des manges-mots dans la salle du trône sont par terre en train d’agoniser ou sont déjà morts.

Et Maliel… Je n’arrive même pas à croire qu’elle soit dans cet état. Elle se tenait devant moi il y a quelques instants à peine. Elle allait bien, elle souriait presque. Je blaguais avec elle.

Maintenant elle est par terre avec trois balles dans la poitrine.

Les tirs continuent alors que j’ai du mal à comprendre la situation, c’est confus et bruyant. Ça ne fait aucun sens tout ça, aucun fichu sens. Je la regarde et elle me dévisage à son tour, incapable de parler. Cherchant à respirer alors qu’elle n’y arrive pas.

« CRO’ !!! »

Je hurle son nom parce que c’est la seule chose qui me vient à l’esprit. C’est le seul à pouvoir faire quelque chose. Il s’approche en courant après m’avoir entendu et se penche sur elle alors que je me pousse.

Les balles continuent de filer dans tous les sens alors qu’un cri, ou plutôt un rire de fou, retentit dans la pièce. Quelqu’un prend son pied par là-bas. Environ une vingtaine de mètres plus loin.

J’attrape un stylet dans mon inventaire. Il y a du sang séché dessus, sans doute celui du mange-mots supérieur. Sans importance.

Je referme mon poing sur le manche de l’arme. Je fais un pas en me demandant ce que je fais. J’en fais un deuxième en comprenant parce que mes yeux ne sont fixés que sur un seul point dans la pièce. Au troisième il ne me reste plus qu’à foncer en avant, me précipiter vers la source des coups de feu. Au quatrième je cours en essayant de zigzaguer et faire abstraction de la douleur dans mes muscles. Ce n’est rien, juste une égratignure. Ce n’est pas important. Ce n’est pas la peine de s’arrêter parce que mon corps n’est pas content.

Je sens de la sueur froide sur mon front qui coule à cause du stress d’être touché par une balle et par les protestations de mon corps. Je continue de zigzaguer en me disant que ça ira. Tout va bien.

Je passe au-dessus des corps en faisant abstraction de l’horreur que j’y vois. Micha a peur pour moi et a l’air d’être terrorisée par les bruits. Yuu comprend ce qu’il se passe, mais ne dit rien.

Je saute au dessus d’un homme blessé qui a une jambe arrachée. Je me baisse en voyant une rafale partir. Quelque chose me pique à l’épaule. Je m’agrippe à un pilier derrière lequel je me cache quelques instants.

J’entends des cris et des hurlements d’extase venir du propriétaire de l’arme. Il ne sait probablement pas ce qu’il fait, ce qu’il vient de faire.

Maliel ne peut pas mourir maintenant. Je ne le laisserai pas continuer.

Il recharge, j’entends le chargeur tomber par terre et je fonce en sortant de ma cachette. En direction de l’homme que je ne voyais pas jusque-là à cause de la fumée dans la pièce.

Pourquoi est-ce qu’il tire, pourquoi est-ce qu’il a l’air de s’amuser autant ?

Je regarde son visage et même s’il me semble familier je n’arrive pas à savoir où je l’ai vu.

Il est étonné de me voir aussi proche de lui. Est-ce que j’ai activé le boost ? Je ne sais même plus. Plus que quelques mètres.

Je suis devant lui et il attrape un pistolet de la poche de son manteau en comprenant qu’il n’aura pas le temps de recharger. Il lève le canon de l’arme dans ma direction. Il reste encore cinq mètres entre lui et moi et plus aucune cachette. Il a l’air inquiet de me voir aussi près. Mais cela ne l’empêche pas d’avoir un sourire de fou sur le visage qui cache assez mal son inquiétude.

Il fait feu et avant même de savoir s’il a bien visé ou non, je me jette par terre. Je peux sentir une autre piqûre au niveau de mon ventre, mais si je m’arrête, je meurs. Mon corps n’est que souffrance et j’ai l’impression que mes muscles se déchirent à chaque pas de plus, mais je continue à avancer dans sa direction aussi vite que je peux.

Il s’apprête à faire feu une fois de plus. Un sourire toujours plus grand illumine son visage comme s’il avait déjà gagné. Comme si sa défaite n’avait jamais été possible. Je reconnais ce regard, je sais qui est devant moi maintenant. C’est l’homme dont j’ai vu le portrait à plusieurs reprises. C’est aussi l’homme que j’ai vu à travers les yeux de Yuu. Cet homme qui sourit comme un fou, c’est le roi de Lishnul et même si je le reconnais, je ne vois pas pourquoi il est devant moi en train de me tirer dessus… Mais ce n’est pas important. Maliel est importante.

Il tire une nouvelle fois, mais cette fois-ci je ne sens rien, rien du tout. Pas de piqûre, pas de douleur, absolument rien. Je suis toujours en vie et maintenant c’est à mon tour d’attaquer. Je dévie rapidement le canon de l’arme avec ma main libre et j’enfonce mon arme dans son torse.

Le Roi n’a pas l’air d’avoir mal alors que mon stylet s’enfonce dans son corps, il continue de sourire et de rire alors qu’il lâche son arme et m’attrape par les épaules. Il souffre, mais il ne semble pas vouloir me pousser pour empêcher le stylet de s’enfoncer. Il me regarde droit dans les yeux et semble presque m’inviter à en finir.

« Tu l’as vu toi aussi… La tour… n’est-elle pas magnifique ?! »

Je ne vois pas mon arme s’enfoncer dans son torse en avançant en direction de son cœur. Je ne l’écoute pas me parler. Je ne vois que trois taches rouges sur le corps de Maliel et le responsable est en train de souffrir devant moi.

Je me fiche de savoir qu’il est roi. Je me fiche complètement du problème politique de ce pays, je n’étais même pas dans ce palais pour m’en occuper, mais juste pour m’enrichir. La première chose que j’ai fait en arrivant au pied de la tour a été de me construire une famille…. Et… Personne… Ne touche…. MA FAMILLE.

Tout un tas de questions me traversent la tête sur le pourquoi, mais aucune ne concerne la survie du roi. Il était mort dès qu’il a commencé à tirer.

Mon stylet finit par ne plus vouloir avancer dans le corps. J’en attrape une deuxième que je plante à côté de l’autre. Le roi s’effondre à moitié sur moi maintenant, en crachant du sang.

« La tour… Elle m’appelle… Kof kof… Elle m’attend… »

J’attrape mon dernier stylet que je plante dans son cou.

J’ai envie de lui demander pourquoi il a fait ça, pourquoi il a des armes, pourquoi ça l’amuse, mais il n’y a qu’un sourire sur son visage alors qu’il marmonne encore et encore les mêmes mots. Mais je me fiche d’entendre un fou. Je veux juste qu’il meurt et qu’il ne fasse plus de mal à personne.

Tout allait bien, c’était fini ! Et en moins de trente secondes ce fou a changé cela. Je lui frappe le visage alors qu’il est déjà figé dans ce rictus ridicule de bonheur ou de joie. Peut-être qu’il est déjà mort, mais je ne supporte pas son sourire ni même ses yeux sans vie encore fixés sur moi.

Je le frappe plusieurs fois à la tête alors que je sais que ça ne sert à rien. Je voudrais qu’il paye encore et encore alors que, dans ma tête, j’ai déjà l’impression que Maliel est morte…

« NOMAD ! »

J’entends la voix de Cro’ qui retentit dans mes oreilles comme s’il était à côté de moi. Je me retourne en poussant les manges-mots debout autour de moi.

Je finis par voir Cro’ qui est toujours à genou à côté d’elle, mais Maliel n’a pas l’air d’aller mieux. Sur le visage de Cro’ je peux voir de l’inquiétude, mais elle n’est pas encore morte… Elle n’est pas morte, mais si Cro’ ne peut rien faire c’est à moi d’agir.

Yuu essaye vaguement de me rassurer sur son état, mais je l’ignore. Je cours dans la direction du groupe en manquant de tomber à plusieurs reprises alors que mes muscles n’arrivent plus à me porter.

Tout ce que je vois sur les visages c’est de l’inquiétude, et tout ce que je veux savoir c’est si elle va bien. Je cours aussi vite que je peux. Mais avant même que je ne puisse l’atteindre, elle disparaît.

Comme si elle n’avait jamais été présente, son corps disparaît en un clignement de paupière. Je m’effondre par terre et me demande ce qu’il vient de se produire. Pourquoi est-ce qu’elle vient de disparaître… POURQUOI, pourquoi, pourquoi, pourquoi !?

Ma tête me fait souffrir et mon corps tremble, mais je ne comprends pas pourquoi elle a disparu.

À l’endroit où elle était il ne reste que du sang, mais je n’arrive pas à savoir ce qu’il vient de se passer.

[La clé.]

OUI. Je comprends, j’ai compris. Je me redresse en touchant mon poignet là où j’ai fixé la clé de la tour que Maliel m’avait donnée un peu plus tôt. Je me tourne vers Cro’. Je sens que je vais m’effondrer si ça continue, mais je ne peux pas la laisser… Je dois faire quelque chose. J’arrive à balbutier quelques mots alors qu’il me dévisage en grimaçant. Il a l’air d’avoir compris.

Je compte sur Yuu pour me réveiller et lui ordonne de le faire dès que c’est possible. Il faut que je me réveille et que je m’assure qu’elle va bien… Je dois le faire, il faut que je tienne…

Je pense à la tour. La tour. La tour. La tour. Je frotte la clé que je tiens dans ma main maintenant.

Cro’ n’attend pas. Il s’avance vers moi d’un pas et je peux voir sa main fermée fonçant vers mon visage.

*

Caché dans un petit couloir vide donnant sur la salle du trône, un homme regarde la scène en se disant que le résultat n’est pas si mauvais que ça. Il jette un regard en direction de l’homme qui a attaqué et qui est maintenant mort. Rien de bien grave, l’homme était condamné de toute façon. Au moins le roi sera parti dans un dernier baroud d’honneur.

Cela aura coûté un peu d’argent en armes et munitions, mais c’est un investissement qui vaut le coup.

L’homme à la peau sombre se retourne en direction des deux hommes derrière lui et leur dit que c’est le moment d’y aller. Tous les trois attrapent une clé et prennent un peu de somnifère. Rapidement les effets se font sentir, et en même temps qu’ils s’effondrent, leur corps disparaît dans le vide.



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