Alors que Deshya marche tranquillement dans la rue, à environ cinq minutes de chez elle, une explosion retentit depuis la maison à sa gauche. Son oreille de renard semble avoir intercepté quelque chose juste avant, mais le son a été si faible qu’elle-même ne pourrait pas dire ce qu’elle a entendu.
La vitre se brise à cause de l’explosion et Deshya ouvre grand les yeux. Elle saute en se laissant tomber vers le sol et protège sa tête de ses mains, mais heureusement, elle n’est pas blessée. Le bruit des morceaux de vitre qui rebondissent et se brisent sur le sol est accompagné d’aboiements de chiens du voisinage et de portes, dont de fenêtres qui s’ouvrent.
– Que se passe-t-il ?!” hurle un voisin.
– U-Une explosion ?!” crie un autre.
Deshya se lève et secoue la tête avant de reculer d’un pas, voyant la cuisine en feu à l’intérieur de la maison. Elle reste immobile quelques instants, mais le cri d’une femme la réveille. Elle grince des dents et attrape son téléphone avant de courir. Elle tape sur son clavier d’abord le 112 et ensuite le numéro de la police, le 101.
– Une explosion a retenti dans la maison 47, rue des Pommiers !!
CHAPITRE 2
⎾Explosion Chez Les Blushark⏌
(Case 1)
Il faut à peine quatre minutes pour que les pompiers arrivent et une minute plus tard, c’est la police qui se présente. Les voisins se sont rassemblés dans la rue, certains observant le grabuge depuis l’extérieur, tandis que Deshya est en train d’attendre dans le jardin, assise devant le porche. Elle soupire longuement lorsqu’un homme la sort de ses pensées en appelant son prénom. Elle lève le regard et sourit.
– Je me doutais que tu serais ici…
Un homme au regard sérieux et aux cheveux roux, bien que plus ternes que ceux de Deshya—
– Papa.
L’homme à la tenue policière qui prend légèrement la forme de ses muscles a les deux mains en poche. Il plisse les yeux en voyant sa fille — qui est son unique enfant — devant le porche de la maison, mais il ne réplique rien.
– J’ai entendu dire que c’est toi qui a appelé les pompiers et la police ?” lui demande-t-il.
Elle se lève avant d’acquiescer.
– Exactement.
L’homme aux cheveux roux soupire bruyamment et retire ses mains de ses poches.
– T’es un témoin important, mais ne touche à rien.
Deshya comprend directement ce que cela signifie : elle a le droit de le suivre à l’intérieur pour voir ce qu’il s’est passé, mais elle ne doit pas interférer avec leur travail.
– Promis !!
Dans son dos, sa queue de renard se met à gigoter dans tous les sens. En réalité, Deshya a déjà suivi son père dans des enquêtes, même si parfois ce n’était qu’un accident ou un simple suicide, et elle trouve ça… trop intéressant ! Malheureusement, vu qu’elle est encore jeune, Deshya n’est pas souvent autorisé à suivre son père. De plus, le travail de policier est l’un très sérieux et Deshya n’est qu’une adolescente qui est loin d’être une apprentie ; bref, elle n’a pas le droit de faire tout ce qu’elle souhaite. Derrière elle, un homme aux cheveux châtains se précipite dans le jardin avant d’arriver à la hauteur du père de Deshya.
– Ah, Sammy.
L’homme agite la tête et s’excuse du retard. Deshya l’observe, mais elle sait déjà qui il est : Sammy Graton, un détective de la police. Il est facilement reconnaissable grâce à ses oreilles un peu plus pointues que la normale, ainsi que son costume trois pièces très foncé qu’il porte sur le corps. Certains le voient un peu comme un vampire à cause de son physique et de sa façon de s’habiller. Il a aussi une écharpe rouge claire qu’il a autour du cou, descendant doucement devant son torse. Le gilet qu’il porte est souvent le même et cela lui donne un style que Deshya trouve très élégant ; pourquoi est-ce que les hommes ne s’habillent pas plus souvent d’un tel vêtement ? L’attention de Sammy est attirée par la présence d’une jeune fille aux cheveux roux, juste à côté du policier.
– Oh, c’est Deshya, la fifille de Gatito !” s’exclame Sammy avec un mignon sourire.
La fille agite les deux mains avec un petit sourire et Sammy caresse doucement sa tête. Gatito, le père de Deshya, s’éclaircit violemment la gorge, ce qui fait sursauter Sammy. Il retire sa main de la tête de la fille et la met devant son propre front, un air bien plus sérieux sur le visage.
– Pardon, inspecteur !!” dit-il.
Deshya cligne des yeux et tourne le visage vers son père.
– Inspecteur ? N’es-tu pas agent de police ?” demande-t-elle, intriguée.
Gatito toque sur le mur à côté de la porte ouverte, prévenant de son arrivée aux pompiers qui se trouvent déjà dans la cuisine. Sammy s’abaisse un peu et répond à la fille.
– Eh bien, même si c’est moi le détective de la police, il reste inspecteur. Ne connais-tu pas tous les termes ?
Deshya se gratte la joue avec un sourire gêné.
– La police de notre pays est un peu différente que d’autres polices, alors parfois, je me perds un peu, ahah…” avoue-t-elle.
– Tu trouves ? Pourtant, elle est assez similaire aux autres…
Même si son père est un policier, Deshya ne s’est jamais grandement intéressée sur tous les rôles et noms qu’on donne aux différentes fonctions. Elle en connaît quelques-uns, bien évidemment, mais elle n’est pas experte sur le sujet.
Tous trois entrent dans la pièce endommagée : la cuisine de cette maison. Quelques pompiers s’y trouvent, vérifiant que tout aille bien après avoir éteint le feu qui avait menacé de s’expandre dans la maison entière. L’un d’eux se lève et vient à la rencontre des deux agents de la police.
– Gatito. Sammy.
Il les salue personnellement : c’est un grand ami de la police, même si Deshya ne sait pas qui il est.
– Salut, Luke,” lâche Gatito.
Le pompier lève un peu son casque et observe le grand bazar devant lui. Deshya fait de même, sans pour autant bouger de sa place, juste à côté de son père.
La cuisine est dans un sale état. Le four, qui est posé contre le mur de la maison, juste en face de la fenêtre, a sa vitre complètement brisée. Les étagères au-dessus sont ouvertes et certaines canettes se trouvent par terre, accompagnées d’aliments divers et de légumes brûlés. Les tiroirs des meubles à côté du four montrent des marques noires et le micro-onde est grandement endommagé, posé à la gauche du four. Juste à côté, proche de l’évier, un mixer totalement détruit montre son piteux état, tandis que le feu qui a été éteint il y a peu a laissé ses traces, dont son odeur… Cela fait quelques minutes que le feu a perdu ses flammes, vu que les membres de la police sont sortis de leur voiture après un petit temps, et Deshya a pu tout entendre depuis l’extérieur. Elle a aussi entendu—
– Nous avons une victime, inspecteur.
Un autre pompier se lève et salue les deux agents de police. Il se pousse et les laisse voir le corps couché par terre, la figure brûlée et peu reconnaissable. Deshya ouvre grand les yeux et son père dépose une main sur sa tête.
– Quelle est la victime ?” demande-t-il.
Le pompier au nom de Luke est celui qui vient lui répondre.
– C’est un homme au nom de ‘Miro Blushark’. 61 ans, 1m81.
– Est-il mort ?
– Malheureusement, oui.
Cela ne l’étonne pas, vu l’état dans lequel il se trouve. Sammy passe à côté de Gatito et s’approche du corps après avoir enfilé ses deux gants. Il s’accroupit et observe le cadavre quelques instants avant de se relever.
– Il est fort probable qu’il soit bel et bien mort à cause de l’explosion,” dit-il.
Gatito acquiesce et s’approche à son tour, mais avant de rejoindre Sammy, il s’arrête et se retourne.
– Deshya.
Sa fille au pull renard avance d’un pas, mais cesse sa courte marche lorsqu’elle entend son père l’appeler. Elle lève le regard vers lui.
– Oui… ?
– Je sais que tu m’as déjà accompagnée pour certaines enquêtes et que tu n’es pas inconnue aux cadavres, mais nous faisons notre job. Tu n’es pas obligée de rester si tu ne veux pas.
Il enfile ses gants à son tour.
– Si tu le souhaites, tu peux nous attendre dehors, nous te parlerons au poste pour savoir ce que tu as vu et entendu.
Gatito rejoint Sammy, laissant Deshya quelques pas derrière. Ses oreilles de renard se baissent et sa queue duveteuse touche le sol, la tête faiblement tournée vers le bas. Elle range ses mains dans ses poches, mais elle ne sort pas encore de la maison. Elle observe le four et plisse les yeux.
– …
Elle décide finalement de s’approcher de son père sans prononcer un seul mot, même si elle sait qu’il va la remarquer directement. Néanmoins, il ne réplique rien et discute avec Sammy, ainsi que les pompiers.
– Son corps est transpercé de dizaines de morceaux de la vitre brisée du four, il semblerait,” remarque Sammy.
– Sa tête est surtout en mauvais état, ainsi qu’une partie de son tronc.
Gatito, toujours accroupi, analyse le four qui est à sa droite. Il se touche le menton, les yeux perçants.
– Il a sûrement ouvert le four en s’accroupissant et il a explosé.
Il ouvre grand les yeux et se retourne en même temps que Sammy. Ce n’est pas lui qui a dit de tels mots, mais sa fille. Deshya a toujours les mains dans les poches et, les yeux, elle aussi, plissés.
– La nourriture qui se trouve par terre et les quelques étagères ouvertes signifient qu’il était en train de cuisiner. Le four a explosé à 16h32, qui est une heure pas anormale s’il voulait préparer un goûter ou même le souper.
Deshya se frotte le menton, un geste très similaire à celui de son père.
– Son visage était proche du four et la force de l’explosion a fait reculer son corps, le tuant d’un coup. Cela explique aussi tous les morceaux de verre qu’il y a sur son visage…
Même les policiers se sont arrêtés de travailler pour l’écouter. Le silence règne dans la pièce et Deshya cligne des yeux en voyant que tout le monde l’observe. Gatito se lève et la frappe au front avec son index, après avoir créé de l’élan en le bloquant sur son pouce. Elle se tient le front en criant de douleur et fronce les sourcils.
– Pourquoi ?!” demande-t-elle.
– Ce n’est pas un endroit pour une jeune fille !!! Et puis, ne nous dérange pas dans notre travail ! Ne touche à rien et ne nous déconcentre pas !
Il claque sa langue et regarde le four.
– Cependant, c’est ce que je pense aussi…” avoue-t-il.
– Cela ne serait qu’un accident, alors ?” demande Sammy, qui vient tout juste de se lever.
Deshya suppose que c’est le cas. Un dysfonctionnement dans le four expliquerait pourquoi au moment où il l’a allumé, il a explosé. Cependant, quelque chose la dérange.
– …
Elle regarde le corps et plisse les yeux. Aurait-il allumé le four en même temps qu’il a mis un plat à l’intérieur ? Si leur théorie est juste, alors ça doit être le cas… ou alors—
– Inspecteur.
Alors qu’elle est dans ses pensées, un pompier s’approche des deux policiers, quelque chose dans les mains. Deshya retire les siennes de ses poches et s’approche, la queue de renard levée. Sammy attrape un des morceaux que le policier a récupéré et l’analyse avant de froncer les sourcils.
– C’est… !
Gatito l’observe quelques courtes secondes avant de tourner le regard vers le pompier.
– Où l’avez-vous trouvé ?” demande-t-il.
Le pompier se tourne vers le four… et le pointe. Les deux policiers, dont Deshya, plissent les yeux.
– … Cela veut dire…
– Que ce n’est pas un accident.
Deshya a failli le dire, mais Sammy est le premier à parler. Il s’approche du four et remet le morceau cassé dans la main du pompier. Il s’accroupit devant le fourneau et l’observe attentivement. Deshya effleure doucement Sammy, en faisant attention à ce que sa queue de renard ne touche à rien, et met à nouveau ses mains dans les poches.
– La porte du four est ouverte… !!
Alors qu’elle observe le four, un éclair traverse son esprit. Elle fronce les sourcils en se mordant la lèvre inférieure.
– …
Elle reste silencieuse, observant la scène— mais une voix retentit derrière elle.
– C-Chéri !!
Tout le monde se retourne vers la source du bruit et Gatito se lève hâtivement. Une femme aux courts cheveux blonds est en pleurs, essayant de rentrer dans la cuisine en tendant le bras. Un policier la retient, la forçant à rester en dehors de la pièce, pendant qu’elle se déchaîne.
– Qui est-elle ?” demande Gatito de sa voix grave.
– Je-Je suis sa femme !! Je suis la femme de… de Miro !!
– !!
– Sa femme…
Gatito fait un signe au policier qui la lâche et la femme aux cheveux blonds s’approche du cadavre de son mari, mais Sammy s’assure qu’elle ne le touche pas. Les yeux toujours en pleurs, les larmes se mettent à couler encore plus abondamment en voyant le visage presque irreconnaissable de son mari.
– Ché-Chériiii…
Pleurant la mort de l’homme qu’elle aime, elle tombe genoux à terre et met les mains devant les yeux. Deshya baisse doucement les paupières, ne s’habituant toujours pas à la tristesse de quelqu’un qui perd une personne qui lui est chère. Même si elle ne connaît pas vraiment cette dame, ni le décédé, elle ne peut pas s’empêcher de compatir pour eux.
– Miro Blushark… Son nom de famille me dit quelque chose…” pense Deshya.
Alors qu’elle réfléchit, un autre policier arrive dans la pièce. Gatito se tourne vers lui.
– Inspecteur, une jeune fille veut rentrer ! Elle dit habiter ici !” crie le policier.
La femme du défunt renifle et tourne doucement le visage.
– Jeune fille… Cela doit être… être Kyria…
– Kyria ?” demande Sammy.
– M-Ma fille…
La femme se lève et se sèche les yeux.
– Il y a aussi Koinu, qui est notre deuxième fille… Elle doit être… au travail, actuellement.
Sammy et Gatito se regardent l’un l’autre et ils finissent par acquiescer. Deshya plisse les yeux et se retourne à nouveau vers le four. Gatito dit au policier d’autoriser la jeune fille à rentrer et demande le numéro de téléphone de l’autre fille au nom de Koinu. Il le compose sur son téléphone pendant que la femme le récite, avec certains reniflements entre les chiffres, et Gatito met le téléphone sur son oreille.
– … Bonjour, Koinu Blushark ? C’est bien vous ? Parfait. Je m’appelle Gatito, je suis membre de la police de Tetazo. Je sais que vous êtes au travail, mais est-il possible que vous veniez à la maison à l’instant ? Oui ? D’accord, parfait.
Il raccroche et range son téléphone dans sa poche. Gatito regarde le corps du défunt et murmure quelques mots à Sammy. La femme se sèche à nouveau les yeux, les larmes ne voulant pas arrêter de couler.
– …
Elle ne crie plus et reste tranquille. Sammy lui demande d’attendre dans la salle à manger, la pièce juste à côté, ce dont elle accepte sans discuter. Alors qu’elle passe la porte, la jeune fille au nom de Kyria arrive dans la cuisine et semble perturbée.
– Que se passe-t-il, ici… ?” demande-t-elle.
Deshya se retourne et observe les courts cheveux blonds de la fille. Elle ouvre la bouche, la reconnaissant. Cette fille— !
Kyria observe avec tracas ce qu’il y a autour d’elle avant de s’arrêter net devant… le corps de quelqu’un.
– …
Gatito s’approche d’elle et lui demande d’aller dans la salle à manger. Cependant, la fille ne bouge pas.
– … Q-Que s’est-il—
– On vous expliquera tout lorsque votre sœur sera arrivée. Votre mère vous attend dans la salle à manger.
Kyria se met à trembler, la bouche bée. Elle ne peut pas s’empêcher de fixer le corps devant elle. Est-ce que… Est-ce que……
– Hey, Kyria.
Alors que les larmes commencent à apparaître dans ses yeux, une autre fille la salue. Kyria tourne doucement le visage et reconnaît directement la personne qui se présente à elle.
– D-Deshya… Tu fais quoi… ici ?” demande Kyria, les yeux mouillés.
– Je passais dans la rue quand le four a explosé.
– Hey, Deshya !” crie Gatito.
– Je ne vais pas mentir pour rien. Tu veux bien attendre dans la salle à côté ?
– …… D-D’accord…
Gatito lâche la jeune fille aux cheveux blonds et celle-ci traîne doucement vers la salle à manger, contournant le corps sans oser le regarder à nouveau. Gatito l’admire avec peine, mais un air colérique se met sur son visage lorsqu’il se tourne vers sa fille.
– Je t’ai dit de ne pas nous embêter dans notre travail… !” lâche-t-il, sur le point de crier.
Deshya s’accroupit devant le four et sa queue de renard se lève : elle ne veut pas qu’elle se salisse sur le sol.
– Kyria est dans la classe à côté de la mienne, en 4A,” dit-elle.
Gatito ne répond rien.
– Même si on ne se connaît pas bien, cela signifie que le père d’une fille aussi gentille qu’elle vient de mourir.
Deshya serra un poing et grince des dents.
– Surtout qu’il a été assassiné.
Sammy fuit doucement le regard tandis que Gatito serre un poing à son tour. Il soupire longuement et tape le dos de sa fille, mais sans trop de force.
– Je te comprends, mais n’oublie pas que tu restes une jeune fille. Nous, nous sommes dans la police. C’est notre travail.
– … Je sais, papa.
Gatito tourne les talons et laisse sa fille dans son coin avant de rejoindre le détective.
**********************
Quelques minutes passent et une voiture modeste s’arrête près de l’une de la police. Une femme aux lunettes rondes sort de son véhicule et plisse les yeux en voyant tout le bouquant qui se trouve devant elle. Elle avance de quelques pas quand un policier l’arrête, mais elle décline directement son identité. Le policier accepte donc de la laisser passer. Elle se met à courir dans le jardin et arrive dans le couloir lorsqu’elle freine en voyant la jeune fille qui est assise sur le sol.
– Q-Qui êtes-vous ?” demande la femme.
La fille se lève et soupire.
– Les policiers vous attendent dans la salle à manger,” lui répond Deshya.
– P-Policiers… ? Hein ?
Deshya passe devant la femme, les mains dans les poches, mais ne lui répond rien. La femme cligne des yeux en voyant la longue queue de renard qui traîne derrière elle et penche la tête vers la droite, confuse. Elle arrive dans la pièce d’à côté lorsqu’elle remarque les dégâts de la cuisine. Elle recule d’un pas en arrière.
– Q-Qu’est-ce que—
– Êtes-vous Koinu Blushark ?
Elle sursaute et regarde l’homme qui vient de l’approcher.
– O-O-Oui, c’est moi…
– On vous attend dans la salle à manger. On vous expliquera la situation là-bas.
Koinu acquiesce avec confusion et marche aux côtés de Sammy. Elle regarde les dégâts de la cuisine avec des yeux qui bougent dans tous les sens et finit par remarquer qu’un drap a été posé au-dessus…
– U-Un corps ?!” crie-t-elle.
Sammy lui ordonne de continuer d’avancer et Koinu commence à trembloter à son tour. Deshya ouvre la porte de la salle à manger et y entre juste avant Koinu. Cette dernière remarque que sa petite-sœur et sa mère se trouvent toutes deux là, des expressions tristes sur le visage.
– O-Oi, il se passe quoi, ici… ?” demande Koinu.
– Asseyez-vous.
Un homme aux cheveux roux lui indique une chaise et Koinu hésite. Cependant, elle finit par s’y diriger et s’assied sur la chaise qui se trouve à côté de celle de sa mère. Gatito se lève de la sienne et met les mains derrière son dos.
– Lorsque ma fille, ici présente, est passée dans votre rue, la cuisine de votre maison a explosé.
Koinu ouvre grand les yeux et un petit ‘Huh ?’ sort de sa gorge. Gatito n’en prend pas compte et continue instantanément.
– Il était 16h32 précisément. Les pompiers sont arrivés 4 minutes plus tard et malheureusement… Miro Blushark est décédé dans l’explosion.
Le bruit de la chaise qui racle le sol crispe Deshya. Koinu frappe la table sous elle, désormais levée.
– Pa-Papa est mort ?!” crie-t-elle.
Gatito acquiesce.
– La cause de sa mort est sans aucun doute l’explosion provoquée par le four.
– L-Le… H-Hein… Papa…
Koinu tourne doucement le visage vers sa mère et sa sœur et Kyria se baisse la tête.
– … Je l’ai vu… Papa…
Les larmes qui commencent à monter, la jeune fille du même âge que Deshya ne termine pas sa phrase. Toujours bouche bée, elle s’immobilise et regarde sa sœur avec de grands yeux.
– Asseyez-vous, s’il vous plaît.
Sammy lui demande gentiment de s’asseoir à nouveau et Koinu s’exécute. Elle n’arrive pas à croire ce qu’elle vient d’entendre et cela se voit dans ses yeux.
– Cela ne pourrait qu’être un malheureux accident…
Gatito s’arrête sur place et ouvre les yeux.
– Cependant, cela n’est pas le cas.
Les trois membres de la famille Blushark ouvrent grand leurs yeux. Kyria tremble fortement tandis que Koinu fronce les sourcils.
– Comment ça ?!” crie-t-elle.
Le policier se tourne vers elles et plisse les yeux. Il demande à Sammy de déposer quelque chose sur la table et il s’exécute sans tarder. Deshya est assise sur la chaise la plus proche de son père, les jambes croisées, et fuit doucement du regard. Les Blushark regardent les morceaux qui ont été déposés sur la table et Mary, la mère des deux filles, ne comprend pas ce que c’est. Kyria non plus ; Koinu non plus. Gatito appuie les deux mains sur la table et l’intensité de son regard augmente.
– Miro Blushark a été assassiné.
– !!!
– Hein ?!
– M-Mon mari… ?!
Sammy prend l’un des morceaux qui a été déposé sur la table et le fait tourner dans sa main. Il prend désormais la parole.
– Un des morceaux a été envoyé au labo, mais ils ont été retrouvés dans le four. Il est certain d’une chose : il s’agit d’une bombe.
– Une bombe ?!!
Koinu se met à trembler à son tour et la femme âgée se met à pleurer. Les larmes coulent sur ses joues faiblement ridées, tandis que Kyria a les deux mains devant la bouche. Sammy acquiesce.
– C’est un type de bombe qui provoque suffisamment de dégâts pour tuer un homme sans trop d’effort, sans pour autant détruire une pièce entière à elle seule. Des morceaux étaient aussi retrouvés devant le four, probablement propulsés lorsqu’elle a explosé,” explique Sammy.
Il dépose à nouveau le morceau de la bombe sur la table et s’assied à côté en face de la famille.
– C’est un type de bombe qui peut être achetée dans les environs, mais qui peut être fabriquée. Elle réagit aux mouvements et peut être activée en tirant sur une baguette métallique… et les morceaux sont justement de cette ‘baguette’.
– P-Personne dans la famille ne sait en fabriquer une…” avoue la femme de la victime.
– Il est possible d’en acheter sur des marchés illégaux ou dans des magasins spécialisés,” lâche Deshya.
Gatito se tourne vers elle, prêt à l’engueuler, mais Deshya ne s’arrête pas de parler.
– Vu les dégâts du four, la bombe a explosé après avoir été activée d’une façon ou d’une autre et a tué Miro. Le problème, c’est que ce genre de bombe est facilement trouvable et achetable dans des marchés illégaux, donc retracer qui l’a acheté serait compliqué.
– DESHYA !!!
Son père lui crie dans son oreille de renard et elle sursaute si haut qu’elle tombe de sa chaise. Elle ferme les yeux à cause de la douleur et Gatito soupire avec rage. Il se tourne vers la famille et s’éclaircit la gorge.
– Pardonnez-la, c’est ma fille, a-ahah…
– A-t-elle raison ?!” demande Kyria.
Gatito se tourne vers elle et après deux longues secondes, il acquiesce.
– Malheureusement, c’est la vérité. Nous allons quand même demander aux magasins qui en vendent, mais c’est plus simple à dire qu’à faire. Ce sont des magasins illégaux, donc jamais ils n’accepteront de coopérer avec nous, la police.
Kyria sèche ses yeux et laisse ses mains devant son visage. Mary tient la main droite de Kyria et la main gauche de Koinu, les serrant fortement.
– Avez-vous une idée de qui pourrait être… qui pourrait avoir… tué…
– Elle n’arrive même pas à finir sa phrase… La pauvre…” pense Sammy.
Gatito ne répond pas directement. Deshya s’assoit à nouveau sur sa chaise, se frottant l’oreille, et respire avec énervement. Elle a conscience que son père n’aime pas quand elle le dérange dans son travail, mais il sait pertinemment à quel point la douleur est horrible quand on lui crie dans les oreilles…
– Je vais être assez droit au but : puis-je avoir vos alibis ?”
La famille Blushark ne cache pas leur surprise. Toutes les trois avec de grands yeux, elles se regardent les unes les autres avant que Mary ouvre la bouche.
– V-Vous voulez… dire…
– Vous pensez qu’une d’entre nous a tué papa ?!
Koinu crie avant de frapper la table et grince des dents. Gatito plisse les yeux.
– Rien ne dit que c’est vous ; comme rien ne dit que c’est quelqu’un d’extérieur.
– Vous vous foutez de nous ? Hein ?!” crie Koinu.
– M-Maman…
Mary se met à caresser les cheveux de sa fille tout en lui disant que tout va bien se passer. Gatito ne répond rien, un regard toujours sérieux sur le visage. Deshya observe les trois membres de la famille Blushark avec ses yeux attentifs, ne disant absolument rien. Gatito dépose les deux bras sur la table et croise ses deux mains.
– La bombe était dans votre four, donc…
– Et alors ?! Vous êtes idiots ?! Quelqu’un aurait pû rentrer dans la maison et… Je ne sais pas, et—
– Non.
Koinu se fait couper par Deshya. Gatito va encore l’engueuler, mais sa fille le regarde avec intensité. Il soupire et se frotte les yeux.
– Nous voulons seulement votre alibi,” dit-il.
Koinu dépose férocement son dos contre le dossier de sa chaise et râle.
– J’étais au travail. Je suis partie à la maison vers 9h54 et je n’ai pas bougé de là-bas. C’est une boutique qui me demande presque 25 minutes de trajet en voiture.
Elle croise les jambes.
– Vous pouvez appeler la boutique où je travaille, ils vous confirmeront que je ne suis pas partie.
Gatito regarde Sammy et acquiesce.
– Quel est le numéro de votre boutique ?” demande le détective policier.
Koinu épelle le numéro et Sammy les appelle. Tout le monde l’observe attentivement et silencieusement.
– Oui, bonjour. Boutique ‘De La Forêt’ ? Oui, je suis un policier de la ville de Tetazo. Je voulais vous demander, est-ce que Koinu a quitté son poste ou n’était plus là pendant un certain temps ? Hm ? D’accord. Merci.
Sammy raccroche et met le téléphone dans sa poche.
– Ils m’ont dit que Koinu a pris sa pause midi, mais cela n’a duré que 20 minutes. De plus, elle a été aperçue avec une amie dans le restaurant à côté.
– Je vois. Merci,” lui dit Gatito.
Deshya fronce les sourcils en regardant Koinu.
– Si ma théorie est juste, alors cet alibi ne vaut rien…” pense-t-elle.
Cependant, elle reste silencieuse, assise sur sa chaise. Gatito tourne le regard vers Mary.
– J-J’étais à la maison toute la journée…” avoue-t-elle. J’étais avec mon mari la plupart du temps…
– Où étiez-vous lorsque l’explosion a retentit ?” demande Gatito.
– Je lisais Agatha Christie dans ma chambre.
– Très bon goût !
Deshya sourit et lâche ces mots sans le penser. Mary se gratte la joue.
– M-Merci.
– Depuis combien de temps étiez-vous dans votre chambre ?” demande Gatito.
– Il était… environ 15h14 quand je suis montée et que j’ai vu mon mari depuis la dernière fois.
Sammy note dans son carnet les informations qu’ils reçoivent, tandis que Gatito les questionne. Deshya, elle, attend de voir si l’alibi d’une des trois Blushark viendrait à révéler quoi que ce soit.
– Que faisiez-vous dans la journée ?
– Je me suis levée un peu après 7h00 du matin. J’ai préparé le petit-déjeuner de Koinu et de Kyria et ensuite, j’ai rangé un peu notre salon. Je me suis posée avec mon mari devant un feuilleton jusqu’à 14h12… Mon mari est ensuite sorti pendant 1h30 et j’ai cuisiné pour ce soir avant d’aller lire dans ma chambre.
Lorsqu’elle termine ses explications, Deshya ouvre grand les yeux ; la même réaction que Sammy. Gatito, lui, plisse les siens et se tourne vers la jeune fille ; la dernière à donner son alibi.
– J’étais à l’école ! Je suis partie vers 7h43 et je ne suis pas revenue…
Deshya fronce les sourcils.
– Pourquoi être arrivée plus tard ?” demande-t-elle.
– Qu’est-ce que tu racontes ?!” crie Koinu.
– Calmez-vous,” dit Sammy en posant sa main sur l’épaule de la jeune femme.
Celle-ci claque de la langue violemment et Deshya tourne le regard vers elle.
– Kyria va à la même école que moi, après tout. J’ai pris environ 15 minutes pour arriver au niveau de la maison et pourtant, Kyria a pris presque quinze minutes de plus.
Les deux policiers tournent leurs regards vers Kyria. Celle-ci agite les mains, de la sueur tombant de son front.
– A-Ah, c’est parce que le professeur de gymnastique voulait que je l’aide…
– C’est vrai que la classe 4A termine avec le professeur de gym… mais pourquoi aurait-il besoin d’aide le premier jour ?” se demande Deshya.
– … Je vois.
Gatito croise les bras et prend une grande respiration. Sammy s’approche et lui murmure quelque chose. Kyria se remet à trembler et Mary lui attrape la main pour la rassurer. Deshya entend ce que dit Sammy et lorsqu’il finit, elle baisse le regard. Gatito décroise les mains, mais les croise à nouveau directement.
– …
Le silence est pesant. Personne ne lâche le moindre mot ; ou plutôt, personne n’ose parler. Koinu se ronge un ongle pendant que Kyria renifle. Gatito finit par prendre une grande inspiration—
– Vous n’avez pas d’alibi, Mary.
Il cligne des yeux et tourne le visage.
Deshya a les yeux plissés, fixés avec intensité sur Mary.
– …
La femme ne répond rien. Koinu et Kyria regardent leur mère en même temps, bouche bée.
– …
Sammy se gratte les cheveux et demande à Gatito quoi faire, mais le policier ne répond rien non plus. Deshya le regarde, lui demandant quelque chose rien qu’avec ses yeux. Il hausse les épaules et la fille sourit.
– L’affaire est bizarrement simple.
Elle se lève de sa chaise et met les mains dans les poches de son pull.
– Vous avez cuisiné, c’est bien ça ?” demande-t-elle.
– … Ne me dis pas que…
Koinu tourne son visage vers sa mère et la dame tremble. Elle finit par baisser la tête.
– … Oui, j’ai utilisé le four.
– !!!
Kyria reste bouche bée, les yeux grand ouverts. Deshya dépose son dos contre le mur derrière elle.
– Vous avez utilisé le four environ 2h avant l’explosion et étiez chez vous toute la journée. Si la personne qui a mis la bombe dans le four vient de l’extérieur, alors il aurait dû se faufiler chez vous, préparer la bombe ainsi que le mécanisme qui va avec avant de s’enfuir sans se faire voir. Il n’aurait eu qu’environ 30 minutes pour s’exécuter et même si ce n’est pas impossible, cela me paraît peu probable.
– P-Pourquoi donc ?” demande Kyria.
– Nous avons déjà questionné quelques-uns de vos voisins et personne n’a été vu dans les environs,” répond Sammy.
Il met les mains dans les poches avant de son pantalon et se met à marcher.
– Si la personne qui a placé la bombe dans le four vient de l’extérieur, il aurait dû attendre à l’extérieur pour que Mary s’en aille de la cuisine. De plus, rien ne dit que Miro serait le prochain à utiliser le four, donc ce plan paraît bien trop farfelu.
Il s’arrête derrière Gatito et fixe Mary.
– Non seulement vous êtes la dernière à utiliser le four, mais vous êtes la seule qui aurait pû mettre la bombe dedans.
– !!
Mary ouvre grand les yeux et Koinu se met à trembler.
– M-Maman… ?
– J-Je n’aurai jamais tué mon mari !!” crie-t-elle.
– Une bombe et un fil.
– H-Hein ?
Mary se tourne vers la fille au pull renard. Celle-ci est toujours dos contre le mur de la salle à manger.
– Vous placez la bombe quelque part dans le four et accrochez un fil à la ‘baguette’ qui sert de détonateur. Après tout, lorsque la baguette est tirée et donc retirée de la bombe, cela agit comme une grenade et la bombe explose. Cela est presque instantané avec ce genre de dispositif, donc même si Miro l’aurait vue, jamais n’aurait-il eu le temps de réagir.
– A-Attendez !
Mary se lève à son tour.
– J-J’ai utilisé le four rapidement, je n’ai même pas passé cinq secondes dedans !!” dit-elle. Je vérifiais juste que rien n’était dedans pour quand mon mari l’utiliserait !
Deshya plisse les yeux.
– Donc vous saviez qu’il allait l’utiliser.
– !!!
Mary recule, percutant sa chaise. Les deux policiers fixent la femme silencieusement. Deshya continue.
– Vous accrochez le fil à la ‘baguette’ et ensuite à la poignée du four— non, encore plus simple.
Elle sourit.
– Vous avez accroché la bombe avec du papier collant sur le haut du four, là où ça ne serait pas vu depuis l’extérieur, et avec un autre papier collant, bien évidemment transparent, vous avez le fil collé sur l’intérieur de la portière du four. Bien évidemment, la portière était presque fermée lorsque vous avez fait ça, et ensuite vous l’avez entièrement fermée. Jamais votre mari n’aurait pû douter d’une telle chose, alors il a allumé le four, s’est accroupi pour mettre quelque chose dans le four, et en l’ouvrant, le fil a tiré sur la ‘baguette’…
Elle fronce les sourcils.
– Et là, BOOM.
Sans faire le geste d’une explosion, elle termine son explication en retournant s’asseoir à côté de son père. Mary secoue la tête, les larmes reprenant.
– N-Non…
– Une preuve !!
Koinu agite la main devant elle, de droite à gauche, comme si elle venait de faire une claque à un homme invisible.
– Où est votre preuve ?!” crie-t-elle.
– Même sans preuve, c’est la seule possibilité,” avoue Deshya.
– Elle ne vient même pas de la police, pourquoi la laissez-vous parler ?!
Koinu se tourne vers les deux policiers, mais Gatito se lève à son tour sans cacher sa colère intérieure.
– Même si vous avez raison et que ce n’est pas professionnel de laisser ma fille parler de la sorte, Sammy et moi avons une même conclusion.
– N-Non…
Koinu se calme et s’assied avant de tourner lentement son visage vers sa mère qui pleure. Le visage de Koinu ne montre que désarroi et non-acceptance.
– C-Ce n’est pas vrai, n’est-ce pas, maman… ?” demande Koinu.
– Ce n’est pas moi !” crie la femme.
Sammy s’approche de la femme et pose une main sur l’épaule de la femme.
– Nous entendrons vos plaintes au commissariat,” lâche-t-il.
– Je n’aurai jamais tué la personne que j’aime !!! Jamais !!!
La femme se débat, mais Sammy lui mets des menottes et tente de la calmer. Ne voulant pas voir ça, Deshya sort de la pièce et retourne à la cuisine, là où seuls deux pompiers sont restés. Elle regarde le four et tout ce qui s’y trouve au-dessus avant de soupirer, les mains dans les poches.
– Pauvre homme, quand même…
Elle lève doucement le drap pour voir le cadavre et prend un air triste. Se faire tuer par sa propre femme, de la sorte…
– Elle pensait vraiment s’en tirer de la sorte… Dégoûtant.
Deshya comprend l’idée de vouloir tuer quelqu’un ; cependant, uniquement L’ENVIE. Sûrement pas l’action de tuer. Seules les personnes inhumaines viendraient à tuer quelqu’un ; quelle que soit la raison. Même en comprenant l’envie que quelqu’un puisse avoir de tuer quelqu’un, ce n’est pas un sentiment qu’elle considère correct : c’est l’un entièrement idiot à ses yeux. Une preuve d’un cœur corrompu.
– Ne regarde pas son corps comme ça.
Deshya regarde son père et s’excuse.
– Pardon, pardon…
Elle va se lever et descendre le drap lorsqu’elle s’arrête d’un coup. Tandis que Koinu pleure doucement avec sa petite-sœur dans la salle à manger, Mary, la femme de Miro, suit à contre-cœur Sammy, le détective policier. Ils vont sortir de la pièce quand—
– ATTENDEZ !!!
Sammy s’arrête d’un coup et Gatito se retourne. Deshya range ses mains dans ses poches et fronce les sourcils.
– Quelque chose…
Elle ne l’avait pas remarqué avant — comment avait-elle pû louper un tel détail !! Deshya n’arrivait pas à le croire… Elle avait bien vu que quelque chose n’allait pas ; alors pourquoi n’avait-elle pas plus réfléchi ?!
– Quelque chose cloche.