Depuis mon départ il y a 2 jours, c’était la première fois que j’entendais de nouveau ce mot : “guerre”.
Perturbé par ce qu’il venait de dire, je lui ai demandé de répéter, comme pour être certain de bien avoir répondu.
Et il me répondit :
« Il est un peu usé ? »
« Nan pas ça, ce que vous avez dit à la fin de votre phrase. »
« Ba, que ça pourrait vous aider pendant cette guerre. »
Là, j’en étais sûr, l’annonce à bel et bien été reçue partout dans le monde.
Mais je ne pus m’empêcher de lui demander :
« Alors ça veut dire que vous aussi vous avez entendu l’annonce faite avant-hier par les Grands Patriarches ? »
« Malheureusement oui, comme toutes les personnes dans le monde. J’ai encore du mal à y croire, on se croirait dans un cauchemar tellement ça semble irréalisable. »
Il marque quelques secondes de pause, comme pour voir si je réagissais.
Mais il continua juste après :
« Mais tout est réel. Ce sont les personnes les plus puissantes du monde, ça me semble tout à fait logique qu’ils soient capables de créer un tel jeu. Le numéro sur notre bras le prouve. »
« Ah oui, vous avez raison, je les avais oubliés. Vous avez quel numéro ? »
« Moi, j’ai le numéro 03 254 928 651. Je sais si c’est censé représenter quelque chose, mais on m’a assigné celui-là. »
Tout en disant son numéro, il me montra son poignet droit, pour me prouver qu’il disait la vérité.
« Et toi, c’est combien ? » me demanda-t-il juste après.
« Le mien, c’est le 03 254 930 057. Et vu que nos numéros sont presque les mêmes, on peut en déduire que nous sommes numérotés en fonction de notre endroit de logements.
Les seules choses que je me demande, c’est où se trouve le numéro 0 000 000 001 et également si les 8 Grands Patriarches participent à la guerre, parce que si c’est le cas, chaque habitant de Tarria voit ses chances de victoires s’envoler. Mais à mon avis, soit ils ne participeront pas, soit ils participeront en affrontant uniquement les derniers survivants de la guerre. Sinon, il n’aurait pas pris la peine de créer cette “Final War”. »
C’est après avoir fini ma phrase que j’ai remarqué que j’avais dit tout haut, ce que je pensais.
Ébahi par ce que je venais de dire, Kary ne répondit pas et me fixa avec des yeux exorbitants.
Après quelques secondes il me répondit enfin :
« Jeune homme, comment as-tu pu déduire tout ça en si peu de temps ? »
« Je ne sais pas, tout et venu si naturellement, tout ce que je savais à propos de cette guerre, c’est empilé dans mon cerveau et c’est la conclusion la plus plausible à laquelle je suis parvenu, il reste juste à savoir si elle se concrétise ou non, et ça, nous le saurons qu’à partir du 1 Janvier prochain. »
« Wow, je suis vraiment impressionné, qu’un si jeune homme comme toi sois capable de déduire tout cela en ayant seulement entendu une annonce, c’est presque impensable, pour un humain lambda. Tu dois être un sacré type quand même. »
« Oh nan, je ne suis pas incroyable du tout. Tout ce que je veux, c’est survivre à cette guerre avec ma famille. »
« Tu as vraiment un bel objectif. Et au fait, tu sais comment utiliser la carte que nous avons dans notre tête ? »
« La carte ? Quelle carte ? »
« Tu ne t’en souviens pas, depuis l’annonce, nous avons tous une carte qui est censée afficher les zones où nous devons nous faire enregistrer, et aussi les endroits où se trouve le fameux poison qui nous tue si nous rentrons en contact avec lui. »
Il avait raison, j’étais tellement concentré sur comment faire pour qu’on reste tous en vie, que j’avais complètement oublié cette carte dans notre tête.
« Oui, maintenant que tu le dis, je me souviens de cette fameuse carte. Mais nan, malheureusement je ne sais pas comment l’utiliser et toi, tu y arrives ? »
« Ah ah, heureusement que je suis là, car oui je sais comment utiliser cette carte. Et aujourd’hui tu vas avoir de la chance, car c’est moi qui vais personnellement t’apprendre à l’utiliser. »
« Vraiment ? »
« Oui, bien sûr. »
« Oh super merci beaucoup. »
« Ne me remercie pas encore, je n’ai encore rien fait. Bon tu es prêt ? »
« Oui messieurs. »
« Bon très bien, alors concentre-toi et dans ta tête dis toi “Afficher carte”. Par contre, ne t’attends pas à ce que ça marche du premier coup. Moi par exemple, il m’a fallu à peu près 40 essais pour arriver à afficher la carte et encore elle n’est pas restée plus d’une seconde. Et il m’a fallu plus de 200 essais pour la maîtriser par… »
« Oh, ça y est, j’y arrive, je la vois. »
« QUOI ?? Comment c’est possible ? C’est forcément la chance du débutant ! Je suis sûr que tu n’arriveras pas de sitôt à la faire apparaître comme et autant de fois que tu veux. »
« Si, j’y arrive parfaitement, le seul problème, c’est qu’elle est totalement blanche, la seule chose que je peux distinguer dessus, c’est un point bleu, qui doit être moi, je suppose et les différents points rouges, qui je présume sont les différents lieux pour se faire enregistrer. »
« C’est impossible, du premier coup. »
« OH super, j’arrive aussi à la zoomer et à la déplacer. »
« On peut la déplacer ? Même moi je n’y arrive pas. »
« Oui, c’est simple, il suffit d’y penser et ça le fait tout seul. »
« Ah l’élève a enfin dépassé le maître. Je suis fière de toi. »
« Euh, je suis censé être l’élève dans cette histoire ? C’est moi qui vous aie appris comment faire pour déplacer et zoomer. »
« Tes parents ne t’ont jamais appris à ne pas détruire les illusions des autres ? Espèce d’impoli. »
Je n’ai pas eu le temps de répondre qu’il changea directement de sujet, comme s’il était vexé.
« Au fait, le papier que je t’ai donné, c’est une carte de la région. Elle n’est pas très grande, mais elle regroupe toutes les villes, les villages, les routes, les forêts, les rivières ainsi que les collines se trouvant à 30 kilomètres autour de Taïki. Il y à donc la ville de Meh, celle de Dorta et de Pabri, les plus grandes villes représentées sur la carte. »
« En parlant de Meh, c’est pour rejoindre cette ville que je vous emprunte ce vélo, d’ailleurs je dois me dépêcher d’y aller, car j’ai un rendez-vous important à 15 heures là-bas. »
Je n’avais bien évidemment aucun rendez-vous de prévu, j’ai juste trouvé une excuse pour partir au plus vite.
« Oh, dans ce cas, je ne te retarde pas plus longtemps et je te laisse la carte et le vélo gratuitement. Je te les donne. »
« Vraiment, je peux les prendre. »
« Oui bien sûr, tu m’as donné des informations précieuses sur cette guerre et tu m’as aidé à comprendre comment mieux utiliser la carte, alors je te les donne. Comme ça tu me seras redevable quand j’aurais besoin de ton aide pendant la guerre. »
« Vous pouvez compter sur moi pour vous être redevable. Bonne chance à vous. »
« Bonne chance à toi aussi, que la chance t’accompagne. »
C’est à ces mots que je suis parti, en prenant avec moi, la carte que je rangeais dans ma poche et le vélo. Je poussai la porte et sortis. Et juste avant que la porte ne se referme j’eus le temps de dire :
« Au fait, je m’appelle Yùichi MATO. »
Je montais sur le vélo et partis.
Dix secondes plus tard j’entendis le bruit de la porte que je venais de fermer et une voix en sortit :
« JE M’APPELLE KARY ROUKELLA. »
« Je m’en souviendrais M. ROUKELLA. »
Tout en pédalant tout droit, je lui répondis et ne me retourna pas et partis en direction de Meh, où j’allais passer les 5 prochains jours à essayer de trouver quelqu’un qui voudrait bien acheter ma maison.