Pour beaucoup, la nuit du 4 au 5 Octobre se passe bien. Avec la vie de ‘Waffie’ et ses deux parents sauvés, cela grâce aux six joueurs qui ont battu ‘JUGE’, ceux qui ont regardé le direct et qui sont fans de cette Vtubeuse ont pu dormir avec un grand sourire. Bien évidemment, les six joueurs ont encore mieux dormi, malgré la pression et le stress qu’ils ont tous ressentis cette soirée-là. a‘JUGE’ n’a pas été retrouvé cette nuit-là, mais au moins, il a respecté sa parole et a révoqué son jugement, laissant ses trois victimes en vie. Personne ne sait encore s’il compte agir une nouvelle fois dans le futur, mais pour l’instant, ce n’est pas le temps d’y penser.

Ainsi vient le 5 Octobre, un mercredi sans fête particulière. Dans l’une des maisons des victorieux du jeu, le calme règne sur les lieux jusqu’aux environs de 7h pile, là où un réveil sonne sur le téléphone de la personne qui dort encore. Toutefois, ce sommeil vient à se terminer en même temps que le téléphone se met à bruiter, réveillant ainsi la personne qui roule doucement dans son lit. Généralement, cette personne ne dort pas avec plus qu’un pantalon de pyjama — et un slip —, mais vu que l’automne est loin d’être chaud, elle dort avec un haut aussi. Enroulé dans sa couverture et les yeux tremblants, mais qui ne souhaitent pas s’ouvrir, la personne grogne doucement, voulant continuer à dormir. Vers 7h05, l’alarme s’arrête donc, comprenant qu’elle n’est pas suffisante pour réveiller son maître… mais la seconde d’ensuite, un bruit encore plus infernal retentit. La personne force sur ses paupières, serre les poings qui agrippent la couverture et finit par râler en ouvrant les yeux, laissant le vert de ceux-ci être visibles à la Vie. L’adolescent se retourne dans son lit, retire sa couverture et appuie sur le bouton de son téléphone, soupirant.

– J’aurai dû demander à mes parents de faire en sorte que j’aille pas à l’école aujourd’hui, aaaah…

Il allume son téléphone, inscrit son long mot de passe et ensuite désactive les six autres sonneries qui s’en suivent. Il pose son téléphone sur la table de nuit et se frotte les cheveux.

– J’espère que ça n’a pas réveillé ma petite-sœur…

« Jeanne Harmony », une petite fille de 8 ans qui dort dans la chambre juste à côté. Il a dû réduire le bruit de sa sonnerie exprès pour que cela ne la dérange pas. Ses parents sont déjà venus dans sa chambre pour le réveiller en le secouant, suppliant qu’il arrête avec cette sonnerie insupportable… Raiji n’en peut rien : il a du mal à se réveiller, parfois. Des jours, il se lèvera d’un coup, avec le sourire, sans avoir besoin d’un réveil — d’autres fois, on aurait dit qu’un Dieu déchu l’a noyé dans les océans des rêves, l’empêchant de revenir à la réalité. Il doit tout simplement faire bien plus attention au bruit de sa sonnerie pour ne ni réveiller sa petite-sœur, ni ses parents. S’il n’y arrive pas, alors il dormira avec un casque sur les oreilles, même s’il n’est pas très fan de l’idée… Pour l’instant, le son de son réveil semble suffisant pour qu’il se réveille sans que cela n’embête les autres de sa famille, mais il demandera leur avis en fin de semaine, avant que la classe verte n’arrive.

– C’est vrai que c’est bientôt…” pense-t-il.

Il s’étire et au moment où il va se lever de son lit, il pense à nouveau à ce qu’il s’est passé hier. Cela semble toujours sortir tout droit d’un rêve… D’abord, ce lundi, ils ont vu des cadavres troués et terrifiants pour que le jour d’ensuite, le mardi, ils doivent jouer à une partie de Stratego pour sauver trois vies. Raiji n’arrive pas à croire que Deshya doive vivre ‘presque de la sorte’ avec toutes les enquêtes sur lesquelles elle tombe actuellement. Elle est peut-être jolie, mignonne et très sympathique, avec une famille qui semble super, il est très heureux de ne pas avoir sa vie.

– …

Toutefois, il pense à autre chose ; chose qu’il a dite durant le jeu.

Cela à propos qu’il aimerait bien avoir une copine à ses côtés.

– … Aaah…

Il prend un coussin et le plaque violemment contre son visage, presque se frappant avec.

– T’es con…

Même s’il se doute que peu de gens vont s’en souvenir et que c’était la partie qui comptait vraiment, le simple fait qu’il a osé avouer une telle chose en public… Il ne trouve même pas que ce qu’il a dit était stylé ou ‘cool’, mais simplement pathétique… ! Il aurait dû se taire… Il retire le coussin de son visage, le remet à sa place et soupire en se frottant les yeux, ceux-ci encore fatigués, et se lève de son lit pour s’habiller et se préparer pour cette demie-journée de cours.

– J’espère que personne ne se souviendra de ça…” se plaint-il.

Même s’il se trouve ridicule et gêné d’avoir dit cela, si ce sont des mots qui ne sont remémorés que par lui, alors qu’importe… Tout ce qui compte pour l’instant, c’est de s’assurer de ne pas arriver trop tard à l’école.

– … Je pourrai changer de vêtement, cette fois-ci.




         CHAPITRE 64
        ⎾Messages Codés Pour Raiji Harmony ;
                                    Partie 1⏌


Un peu plus tard, sur le chemin de l’école, trois filles se mettent à discuter. Amora venait à peine d’arriver, saluant Deshya, qu’une autre fille s’approchait en agitant la main.

– Oh, c’est Lam ! Salut Lam !!

– Bonjour, Lam.

– Saluuut !

L’adolescente aux longs cheveux blancs toujours bien coiffés, un peu ondulés et qui se terminent en pique, celle qu’on surnomme parfois « Ange ». Amora est « Soleil » et Deshya « Renarde », alors cette dernière se demande ce que pourrait être Maruno et Tessa. Néanmoins, peu ont des surnoms à l’école et généralement, ce ne sont utilisés que pour plaisanter et très rarement, l’exception étant Deshya qui est bien plus populaire. Après tout, de plus en plus de gens commencent à l’appeler « Détective aux oreilles de renard ».

– Si seulement ils savaient que j’ai réellement des oreilles de renard…” sourit-elle.

Deshya se tourne ensuite vers Amora.

– Sinon, tu vas mieux, avec tes règles ?” demande Deshya.

Amora se tapote le ventre, cachée par une courte veste, et acquiesce.

– Ce n’est qu’une demie-journée, mais ça va déjà mieux !” avoue-t-elle.

– Tu as tes règles pour l’instant ?” demande Lam. Heureusement que les miennes tombent généralement les week-ends…

– T’es chanceuse, je veux ta chance !! En plus, moi ça me fait suuuper mal, aaah…

Amora soupire longuement en baissant la tête et Lam s’excuse en pouffant.

– Je préfère garder ma chance, je ne veux pas que ça me donne envie de vomir ou que ça me rende aussi mal que toi.

– Aaah, pourquoi je dois souffrir si fort ?

– Parce qu’on est des filles.

Deshya répond en haussant les épaules.

– Si on avait pas tant de mal dans notre vie, on serait tellement supérieures aux hommes que tout le monde voudrait devenir une femme.

Elles se mettent à rire toutes les trois ensemble, amusées par la plaisanterie de Deshya.

– Imagine si on pouvait choisir d’avoir nos règles ou pas,” lâche Lam, un petit rire mignon au milieu de sa phrase audible.

– Mais sans règles, on ne pourrait pas avoir d’enfants !

– On n’en veut pas tous un, pas vrai ?

Amora acquiesce, mais elle se tapote la bouche de son index.

– Mais vu que nos avis changent avec le temps, je ne sais pas si ça serait le mieux…

– Personnellement, j’accepte de sacrifier mes chances d’avoir un enfant pour ne plus avoir mal,” avoue Lam. Et pourtant, je n’ai même pas mal comme toi.

– Moi… Je ne sais pas ! Et toi, Deshya ?

Amora tourne son attention sur sa meilleure amie qui se gratte l’arrière du crâne à travers sa capuche. Elle est plus ou moins certaine de sa réponse, mais…

– Baaah…

Lam sait aussi pour son amour envers Tessa et sa sexualité, donc Deshya peut se permettre de répondre entièrement honnêtement.

– Vu que je suis bisexuelle, je reste quand même aussi attirée par les mecs et donc avoir l’idée d’être enceinte est pas une idée qui me répugne, mais je suis encore jeune et puis… Je dois avouer être si attirée par Tessa pour l’instant que j’espère pouvoir sortir avec elle et puis que ça reste comme ça, donc je n’aurai jamais d’enfant dans tous les cas.

Elle rougit doucement.

– Après, autant je crois en un premier amour qui est aussi le dernier, peut-être que Tessa ne ressent pas la même chose, peut-être que ça ne marchera pas entre nous ou alors, si ça fonctionne, peut-être qu’on se quittera en quelques mois…

– Mooow, il faut pas dire ça !

Lam caresse les cheveux de Deshya — enfin, plutôt sa capuche — avec un grand sourire.

– Qui voudrait quitter une fille comme toi ?” sourit Lam.

– Je ne suis pas parfaite non plus…” répond Deshya, gênée.

– Mais même hors physique, tu es si mignonne !” réplique Amora.

– C-C’est pas suffisant pour tenir un couple !

– Ne te sous-estime pas !!

Amora tapote le dos de Deshya qui fait la moue et Lam arrête de lui caresser les cheveux, regardant devant elle.

– Eh bien, si tu veux une réponse plus sérieuse, de ce que je connais sur toi, qui est quand même une de mes précieuses amies, tu es une fille très mignonne que ça soit physiquement ou en personnalité. Tu es attentive, tu fais attention de ne pas laisser des blancs aux autres, tu es attentive et très, très attentionnée. Même si oui, personne n’est parfait, il y a des gens qui s’approchent de cette perfection plus que d’autres. Je pense réellement que tu es une fille incroyable.

Amora approuve avec Lam et se met à parler à son tour.

– Parfois, tu es un peu froide ou agressive, tu peux garder en toi et ne pas vouloir parler ou tu peux même avoir un côté égoïste, mais rien de très grave ! Oui, personne n’est parfait, mais ne te sous-estime pas !

Deshya rougit tellement qu’elle a l’impression que tout le sang de son cœur se retrouve dans son visage, ce qui va la faire exploser. Amora la prend dans les bras en lui disant qu’elle est trop mignonne, ce qui fait bégayer Deshya. Lam se met à rire.

– On va la tuer, si on continue, ahah !” prévient-elle.

– J-Je suis gamine, parfois !” crie Deshya.

– C’est peut-être un défaut pour être un détective, mais je pense que c’est même une qualité dans un couple,” avoue Amora, toujours la prenant dans ses bras.

– Je pense pareil.

Lam approuve et Deshya soupire, se tenant les joues : elles sont si chaudes… Elle a parfois du mal avec tant de compliments, que cela viennent d’amis ou de simples connaissances. Toutefois, vu que ce sont Amora et Lam qui lui disent tout cela, c’est qu’elles le pensent : elles ne sont pas du genre à mentir pour faire plaisir. Oui, elles sont généralement très gentilles et on pourrait croire qu’elles n’aiment pas blesser les autres — ce qui est techniquement vrai —, mais elles pensent ce qu’elles disent et ne parlent pas des mauvaises choses sans raison. Amora est plutôt du genre à voir le positif chez les autres et Lam est comme son nom de famille : douce. Néanmoins, le fait qu’elles le pensent vraiment rend leurs compliments encore plus touchants, ce qui empêche Deshya de ne pas se sentir gênée et heureuse d’entendre cela…

– Mais sinon, sur un autre sujet, vous avez été extraordinaires, hier !

Lam change de sujet d’un coup et Deshya tourne le visage vers elle.

– J’ai regardé le live de ‘Waffie’ car Amora m’en a parlé et woaw ! Vous avez réussi à bien le battre ! Je connaissais à peine le Stratego, mais j’ai regardé quelques vidéos plus tard. C’est peut-être pas mon style, mais faut savoir jouer !

– Je n’avais jamais réellement joué avant,” avoue Deshya,” donc je suis heureuse qu’on a réussi à gagner…

Elle avait cru, au début, que ‘JUGE’ avait fait exprès de prendre ce jeu car il s’y connaissait énormément, mais on aurait dit qu’il a été juste avec eux. Elle ne pourra jamais pardonner un tel criminel et elle ne compte pas voir du bien en lui, mais les faits font qu’elle ne peut pas nier qu’il a été juste, ainsi qu’il a gardé sa « promesse » : il n’a pas tué ‘Waffie’ et ses parents. Elle se demande donc si ‘JUGE’ souhaite être vu d’une bonne façon des autres — ce qui est déjà raté — ou s’il voit tout cela comme un jeu. Vu qu’il a perdu, en tant que perdant, il doit se forcer à agir comme tel et n’a pas le droit de les tuer. Il a parlé de jugement, mais pensait-il réellement de la sorte… ? Deshya pourrait y réfléchir des années, mais elle ne pense pas qu’elle atteindra une réponse parfaite, vu que sans que ‘JUGE’ le leur dise honnêtement, ils n’auront jamais la possibilité de le savoir.

– J’ai regardé aussi et j’ai été choqué de voir Aya jouer comme ça !” lâche Amora. En plus, parier autant d’argent…

– J’avoue qu’elle m’a fait peur aussi,” parle Lam. Après, on dirait que ça n’a pas été une mauvaise chose.

Deshya acquiesce : cela a mis de la pression sur ‘JUGE’ qui les a sûrement aidés, mais ce n’était pas qu’un simple plan, mais la personnalité d’Aya qui a fait qu’elle a joué de la sorte. Deshya ne compte jamais oublier à quel point Aya peut être dangereuse dans un jeu, donc si elle vient à devoir jouer encore pour sauver des vies, peut-être qu’Aya n’est pas la bienvenue… C’est son amie, certes, mais cela ne veut pas dire qu’elle doit tout accepter de sa part.

– J’espère que ‘JUGE’ sera vite attrapé…” lâche Lam. Il a l’air d’avoir trois cases en moins dans un cerveau qui ne peut en accepter que deux.

Amora pouffe à la blague de son amie et approuve. Deshya l’espère tout autant, mais la police devrait bien faire son travail. Cela est à peine arrivé hier, donc elle préfère attendre quelques jours avant de voir des résultats. Alors que toutes trois parlent, lors d’un tournant de rue, deux personnes s’approchent.

– Oh, Raiji ! Frie !

Amora lève haut la main et salue les deux amis qui parlent ensemble. Ils s’arrêtent en entendant l’appel d’Amora et se retournent ensemble, voyant les trois filles qui s’approchent d’eux. Raiji et Frie sourient et rendent la salutation d’Amora.

– On parlait justement de ce qu’il se passait hier !” leur avoue Lam. Tu as été extraordinaire, Raiji !

– Frie a été pas mal aussi !

Il lui caresse les cheveux et elle rougit, avouant que ce n’était rien de particulier… Quand elle est arrivée et qu’elle a insulté ‘JUGE’, le direct n’avait pas encore été lancé, donc peu savent ce qu’elle a fait à ce moment-là, mais honnêtement, Frie préfère cela. Lam demande ce qu’il veut dire par là, mais Frie avoue que ce n’est pas important et demande à Raiji de ne pas en parler. Deshya est toujours choquée qu’elle ait agi de la sorte, même si elle a trouvé le comportement de Frie plutôt… cool. L’attention de la rousse se porte rapidement vers Raiji lui-même, parce que pour une fois, il ne porte pas ses vêtements noirs habituels. Il a déjà expliqué qu’il les adore et qu’il les lave tous les jours pour pouvoir les porter à chaque fois à l’école, mais cette fois-ci, après un mois, il a décidé de changer de vêtements. C’est un assortiment qui lui va plutôt bien, qui fait plus ‘sérieux’. Un veston bleu plus foncé que le reste sur le corps, avec une chemise bleue claire en-dessous. Un pantalon d’une couleur presque similaire sur les jambes, se terminant un peu plus haut que ses pieds qui sont chaussés des mêmes chaussures blanches que d’habitude. Devant le cou, attaché avec soin, une écharpe jaune un peu trop flashy, mais qui n’est pas non plus de mauvais goût, rend un style plus sérieux et mature à Raiji, même si son casque sans fil est toujours autour de son cou. Il est un peu étrange de voir Raiji avec une tenue si ‘classe’ et sérieuse, mais cela ne le rend pas plus moche — Deshya pense presque le contraire. C’est différent, en tout cas.

– Tu as changé d’habits, aujourd’hui !” remarque Amora, devant le dire.

Raiji se gratte la joue.

– Je me suis dit que ça serait bien de changer un peu…

– Je lui disais justement que j’aime beaucoup !” leur dit Frie.

– Héhé…

Raiji est clairement gêné par tout cela. Ils continuent leur route vers l’école tous les cinq ensemble, discutant à propos de ce qu’il s’est passé hier et de ce qu’ils ont ressenti. La pression sur leurs épaules a disparu au moment même où ils sont allés au bar tous ensemble, après la partie, et Deshya a avoué qu’elle préférait quand même venir à l’école car il n’y avait pas vraiment de raison de ne pas venir. Raiji dit que c’est pareil pour lui, même si ce matin, il s’est un peu plaint de ne pas avoir décidé de rester à la maison et profiter d’une série en mangeant des céréales. Deshya se demande si un jour, elle ne va pas profiter pour justement faire la grasse matinée en demandant à son père de rester une journée à la maison… Elle ne veut pas être ce genre de personne, mais quand elle y pense, peut-être que cela serait très cool. Ce qu’elle espère pour aujourd’hui, en tout cas, c’est le calme. Pas d’enquête de meurtre. Pas de disparition. Pas de foule qui vient lui briser la tête et rien qui lui donne envie de se frapper la tête contre un mur. Elle veut une journée calme à l’école, apprendre un peu et se préparer pour le test de mathématiques de de ce vendredi, et ensuite, retourner chez elle, parler avec ses parents et Korone, et peut-être regarder une série ou un film. Elle n’a pas besoin de beaucoup étudier et excepté s’il y a des devoirs aujourd’hui, elle n’a pas besoin de travailler pour l’instant.

Ils arrivent tous ensemble à l’école à peine plus tard, continuant de discuter tous ensemble. Contrairement à la majorité du temps, Deshya ne va pas directement saluer Maruno et Tessa — qui sont pourtant sur le banc, elle peut les voir — et reste avec ses quatre amis. Cependant, avant que les cours ne commencent, elle décide quand même d’aller leur dire bonjour, s’excusant à Amora et les trois autres. Elle accourt vers Tessa et Maruno et les salue avec le sourire.

– Comment vous allez, vous deux ?” demande la fille rousse.

– Hey, Deshya ! Je vais très bien et toi ?” lui répond Maruno.

– Je vais bien et toi ?” parle brièvement Tessa.

– Je vais plutôt bien !

Deshya sourit.

– Je suis heureuse pour hier. Si on avait pas gagné, je pense que je n’aurais pas pu dormir…

– Tu m’étonnes !

– …

Tessa ne répond rien, baissant doucement les yeux. Maruno la regarde, mais Deshya continue de parler directement.

– Désolée, je voulais parler un peu avec Raiji, c’est pour ça que je ne suis pas venue directement… Enfin, j’ai pas beaucoup vu Lam ces jours-ci non plus, ça me faisait du bien de lui parler !

– …

Tessa ne répond encore une fois rien, fixée par Maruno. Ce dernier finit par tourner le visage vers Deshya avant que le silence vienne à être réellement gênant.

– Logique, ne t’inquiètes pas ! On se voit tous les trois un peu plus souvent ces temps-ci, de toute façon, on ne peut pas t’en vouloir.

Deshya acquiesce avec le sourire, mais c’est à son tour de tourner le regard vers Tessa.

– … Tu vas bien ?

– Ouais.

Elle acquiesce.

– Ouais, je vais bien.

– … Je vois, tant mieux.

Deshya lâche un petit sourire, mais même Tessa peut voir qu’il y a de l’inquiétude derrière. La sonnerie du début des cours retentit et Maruno se lève en proposant à Tessa qu’ils aillent en cours. Elle acquiesce, s’excuse à Deshya et cette dernière se dirige vers la foule d’élèves pour aller aussi en classe. Maruno tourne le regard vers Tessa en plissant doucement des yeux, ce à quoi la fille d’un an de plus que lui réplique :

– J’ai juste pas envie de trop parler ce matin, rien de plus.

– …

Toutefois, Maruno sait que c’est plus que cela. Néanmoins comme sa copine le lui a demandé, il n’entrera pas dans les affaires qui ne le regardent pas. Si leur relation — celle entre Deshya et Tessa — vient à se détériorer à cause d’un manque de discussion, Maruno compte bien en parler avec l’une des deux, mais pour l’instant, il va rester sur le côté. Il espère réellement qu’elles vont converser à propos de leurs sentiments bientôt ; vraiment, il l’espère.


Les trois premières heures de cours se passent plutôt bien. Juste avant la récréation, pour la classe 4B, c’est celui de ‘Psychologie (3)’, un cours optionnel, donc certains ont un temps de pause qu’ils profitent pour étudier pour le test de mathématiques de vendredi ou tout juste passent du temps pour discuter ou sur leurs téléphones. La récréation arrive ensuite et Deshya continue de parler avec Amora et Lam, Abdoul ne restant pas avec sa meilleure amie cette fois-ci. Raiji reste avec une amie de sa classe et pour ce qui est de Maruno et Tessa, ils ne sont pas ensemble pour ces quinze minutes de pause. Maruno est au téléphone en train de parler avec Aya, dont les cours se sont déjà terminés vu l’absence d’un professeur, tandis que Tessa est dans son coin, en train d’écouter de la musique dans ses écouteurs. La récréation se termine trop rapidement — en tout cas, ainsi est le ressenti des élèves — et ils retournent en cours.

C’est ‘Mathématiques’ qui commence pour la classe 4B, mais leur professeur leur avoue qu’avant que les cours commencent, ce ne sera que des révisions pour le test de fin de semaine, un autre professeur va venir pour discuter avec eux. Tous se demandent de quoi, mais en pensant un peu à ce qu’il va bientôt se passer—

– Je suis ici.

Une voix douce et mielleuse retentit, l’une que tout le monde en classe reconnaît l’instant même qu’elle est entendue. Une femme arrive dans la classe en ouvrant la porte d’une main ferme, un faible sourire, souvent présent en toute heure, sur son visage. Cette femme, tout le monde la reconnaît : c’est ‘Akebi Andromeda’, leur professeure de ‘Religion’. Des cheveux gris semi-courts, s’arrêtant au niveau de ses épaules, sont coiffés d’une façon originale, mais cette coiffure lui va parfaitement bien. Ses yeux bruns clairs montrent leur vie sous des cils noirs, ancienne couleur des cheveux de la femme. Malgré qu’elle est au milieu de sa cinquantaine, son visage n’a pas laissé les traces du temps l’amocher. Peu de rides, des joues carrées, mais pas osseuses, et des oreilles à peine tombantes. Comme à son habitude, la professeure porte des chaussures à talons, avec aucune chaussette sur les pieds. Une partie de ses jambes est visible, mais cela à peine au-dessus de ses talons : une longue jupe jaune attachée au niveau de la taille, assez épaisse, lui descend jusqu’au bas des mollets. C’est un habit qu’elle porte souvent, mais vu que les temps se refroidissent, il est fort possible que bientôt, elle se mette à changer de vêtement. Pour le haut, c’est un habit noir et chaud, fait de coton et qui ne peut être retiré qu’en le faisant passer par la tête, aucune tirette ou bouton dessus. Finalement, sans grande surprise, une longue chaîne dorée, collier qui semblerait venir de sa mère décédée du cancer, autour de son cou et qui descend jusqu’au début de sa poitrine. C’est une professeure qui serait reconnue de beaucoup à l’école de Tetazo, vu qu’elle est l’une des deux seules professeures de ‘Religion’ de l’endroit. Deshya sourit en la voyant, étant donné qu’elle est actuellement sa professeure préférée.

– Je ne prends pas trop de votre temps, mais je suis ici pour rapidement parler de la classe verte qui est déjà la semaine prochaine.

Comme certains s’en doutaient déjà, elle est ici pour parler du voyage scolaire qui a lieu bientôt. Dans quelques jours à peine, ils vont vivre leur première classe verte tous ensemble — enfin, pour leur quatrième année. Cela est assez tôt dans l’année, mais c’est toujours le cas pour les trois dernières années de l’école secondaire de Tetazo. Deshya ne le savait pas auparavant, mais ce n’est pas un détail si important après tout. Lorsque les élèves entendent leur professeure parler de ce sujet, ils s’excitent déjà, même si le calme reste en classe : c’est surtout intérieurement qu’ils ressentent cela.

– Vous avez déjà reçu des papiers qu’il fallait faire signer par vos parents pour s’assurer que vous aviez la possibilité de venir pour ce voyage scolaire, mais je vais vous donner celui pour ce que vous devez prendre là-bas. Je sais que c’est un peu tard, désolée.

Akebi Andromeda n’est pas leur titulaire, mais elle est la femme désignée comme ‘cheffe’ de ce voyage scolaire. Elle sera, accompagnée de trois autres professeurs, avec la classe ces quelques jours-là. Pour ces trois fameux professeurs, ils seront les titulaires des classes 4A, 4B et 4C.

– Nous irons donc dans le sud de Férouz, dans la ville de ‘Larad’, dans un grand hôtel tout près d’une plage.

Quelques élèves discutent ensemble et même Amora lâche à Deshya qu’elle espère qu’ils pourront y aller un peu. Sa meilleure amie lui répond que cela ne fait aucun doute, vu qu’ils vont passer une semaine entière là-bas.

– Nous partons le lundi 10 octobre au matin et rentrerons l’après-midi du vendredi 14 octobre,” continue d’expliquer Akebi. Vu que certains ont peur de l’avion, nous irons en train. Tout est expliqué sur les papiers, mais je préfère faire une première explication orale.

Les papiers lui sont offerts par leur professeur de mathématiques, qui sait qu’ils ont été placés dans le tiroir inférieure gauche du bureau, et Akebi le remercie en les prenant dans ses bras. Elle s’avance ensuite vers les élèves, leur offrant un à un les papiers tout en continuant de parler.

– Même si c’est un voyage scolaire et que vous aurez le droit à des heures de repos, n’oubliez pas que cela reste dans le cadre scolaire.

– Nous allons devoir donc travailler ?” demande une élève en levant la main.

La professeure acquiesce avec le sourire.

– Nous visiterons quelques endroits clefs de la ville de Larad et irons même proche de la capitale, ‘Venussia’. Pour ceux qui se posent déjà la question, oui, vous aurez le droit de profiter de la plage.

Cela rend heureux tout le monde, avec certains qui n’arrivent pas à contenir leur joie et laisse leur enthousiasme devenir petits cris. Amora sautille presque sur place, avec Deshya qui la regarde d’un air qui signifie ‘Tu vois~ ?’.

– Il n’y a que trois élèves qui ne viennent pas en voyage scolaire, mais deux viennent de la classe 4A et un de la classe 4C, donc je me permets d’offrir un papier à tout le monde.

Deshya remercie la professeure, suivie d’Amora qui prend le papier à son tour. Elle le lit tout en écoutant la femme parler.

– Ce que vous apprendrez là-bas sera important pour un test de géographie et histoire qui aura lieu le lundi d’ensuite, le 17 octobre,” explique Akebi. Nous en reparlerons à ce moment-là, de toute façon.

Elle termine de délivrer les papiers et retourne proche de l’autre professeur, devant le tableau de la classe.

– Ne soyez pas en retard ce jour-là, car le départ du train n’est pas une chose qu’on peut changer.

– Bien.

La majorité des élèves élèvent leurs voix et approuvent. Peu d’entre eux souhaitent manquer ce voyage scolaire, de toute façon, donc ils vont s’assurer d’être là à l’heure. Akebi sourit.

– Je n’ai rien à rajouter pour la journée. J’espère que ça vous plaira, là-bas.

– Merci !!

– Hâte d’y être !!

Akebi pouffe et les salue avant de sortir de la classe. Les élèves parlent entre eux et lisent le papier qu’ils ont reçu, remarquant tous qu’il est demandé de prendre un maillot pour la plage, même si cela n’est pas obligatoire. Amora tapote le bras de Deshya de son coude.

– Tu vas peut-être voir Tessa en maillot, t’as hâte, heiiin~ ?” la taquine-t-elle.

Deshya sourit en rougissant doucement, mais finit par prendre une pose de diva.

– C’est elle qui devrait plutôt être impatiente de ME voir en maillot, mwéhéhéh~ !” répond-t-elle en plaisantant.

– Tu vas prendre le même maillot que tu as pris pour le Beleza Verde ?

– Hmm, je pense aussi le prendre, mais je pense aussi prendre un bikini car ça me va bien… Et toi ?

– Je verrai ! Je ne cherche pas vraiment à draguer, donc ça m’importe… Après…

Amora se tapote la bouche de son index, encore une fois, et finit par gigoter sur place.

– J’avoue que ça serait bien si on me regaaarde~ !

– Ahah.

Deshya rigole doucement et ensuite tourne le regard vers son papier, les yeux rivés dans le vide.

– La classe verte…

Elle ne peut pas oublier ce que lui ont dit Maruno et Amora, lorsqu’ils étaient dans le bar à chat : peut-être serait-ce le meilleur moment pour avouer son amour pour Tessa. Elle ne peut pas garder ses sentiments en elle éternellement, car cela va peut-être la détruire pour finir. Peut-être que Tessa va rencontrer quelqu’un ou qu’une autre personne va se confesser avant Deshya, ce qui va peut-être détruire toutes ses chances. Tessa est pansexuelle, ce qui a été affirmé par Maruno, et elle lui offre parfois de l’attention en plus ou « l’avantage », alors pourquoi Deshya a-t-elle peur à ce point-là ?

– J’ai peur qu’elle me dise non, je le sais, mais…

Elle a appris à bien plus s’ouvrir aux autres, que ce soit grâce à Bibi Derumi ou sa nouvelle petite-sœur, Korone. Deshya réussit maintenant à déverser ce qu’elle a sur son cœur, alors elle devrait y arriver avec Tessa. Peut-être est-elle un génie, mais cela n’est pas réellement le cas quand il y vient aux émotions et sentiments. Deshya doit réussir à se calmer et réussir à le lui dire en face : par message, cela serait un peu ridicule, elle trouve.

– Mais est-ce que c’est réellement le meilleur moment… ?

Deshya se le demande réellement. Si elle vient à lui avouer son amour en début de classe verte et que Tessa refuse, alors elle va être triste et gênée tout le reste du voyage. Alors, il n’y a qu’une solution.

– … En fin de voyage…

Le dernier jour, que ce soit avant le départ ou après. Le mieux serait avant, tant qu’ils sont encore à Ferouz. Ce n’est pas le pays de l’amour, mais c’est quand même un endroit où les plages sont magiques, alors, Deshya devrait arrêter de se tenir les mains en rougissant, le clapet fermé, et enfin ouvrir la bouche et se confesser. Elle ne peut plus attendre des jours, des semaines et des mois encore. Si elle ne dit rien, elle va finir par avoir le cœur qui explose et ses émotions vont s’enrager en elle, alors qu’elle l’avoue, même si cela produit de la déception. Elle lâche un faible sourire et acquiesce en tenant son papier un peu plus fort.

– … Hm.

Alors, elle le fera. Même si elle doit venir à en pleurer…

Elle l’avouera.


Le cours de ‘Mathématiques’ rapidement terminé, les élèves de la classe 4B rentrent déjà chez eux — excepté ceux qui ont pris en cours optionnel ‘Mathématiques (6)’, qui ont encore une heure devant eux. Toutefois, cela n’est ni le cas pour Deshya, ni pour Lam. Pour ce qui est d’Amora, elle est rentrée en vitesse, lâchant un rapide bisou sur la joue de Deshya, avouant qu’elle ne veut pas arriver en retard pour sa série du mercredi qui est plus tôt aujourd’hui. Deshya ne voit ni Tessa, ni Maruno, alors elle reste simplement avec Lam pour discuter un peu avant de retourner chez elle.

– Vu que tu connais beaucoup de choses, Deshya, tu en connais déjà beaucoup sur la ville de Larad ?” demande Lam, curieuse.

Elles sont toutes deux assises sur un banc, observant les élèves partir et profitant de l’air chaud de cette journée d’automne. Ce n’est rien de bien particulier, surtout que Bélium se trouve dans le sud du monde, donc les temps sont parfois plus tropicaux facilement. Cependant, cela n’est pas totalement juste : lorsqu’ils seront en hiver, il est fort probable qu’il commence à faire réellement froid. Pour l’instant, l’automne n’est pas trop sévère, donc ils peuvent espérer un hiver plutôt similaire.

– Je pense être assez bonne en géographie, mais la ville de Larad ne me dit rien,” lui répond Deshya. Je ne connais pas tout non plus.

– Parfois, on dirait, hihi,” pouffe son amie.

– Ce n’est malheureusement pas le cas !

– Des fois, je t’envie un peu. Enfin, j’aimerai avoir ton intelligence.

– Je suppose que ce n’est pas réellement un défaut…

– Pas réellement un défaut ? Minos est venu te voir, tu résous les affaires que la police peut prendre plusieurs jours et même XIII a reconnu ton génie !

Deshya se gratte la joue.

– Minos est venu me voir surtout car j’étais impliquée indirectement dans l’affaire, h-héhé…

Cela n’est pas un mensonge, mais la façon dont elle le dit et le fait que Minos souhaitait réellement qu’elle l’aide dans tous les cas fait que cette vérité n’est pas entièrement… une vérité.

– Et c’est normal que la police doit parfois prendre plusieurs jours ! C’est un mythe de croire que les affaires sont toutes résolues en un jour.

– Ah bon ?

Deshya acquiesce en regardant son amie.

– Les procédures, recherches d’indices, liens entre victimes et suspects, tout ça, tout ça…

– Comment ça se fait que tu arrives à résoudre en un coup, alors ? Même les grands détectives, parfois, c’est ce qu’ils font, non ? Sauf les groooosses enquêtes.

Deshya réfléchit à une réponse honnête et juste.

– Hmm, eh bien, j’ai tendance à voir des détails qu’ils loupent, mais je suppose que c’est justement grâce à mon génie ? Je ne veux pas prendre la grosse tête ou m’en vanter, mais…

– Ah non, je ne le prends pas comme ça !” la rassure Lam en agitant les bras. Je pense que c’est bien que tu assumes que tu sois un génie, c’est clairement ce que tu es.

Et peu sont les personnes qui viendront le nier.

– Héhé… Et bon, les grands détectives sont encore meilleurs. Ils peuvent trouver des détails où personne ne pourrait penser, s’y connaissent très bien un peu partout et donc peuvent imaginer des scénarios qu’un simple détective policier ne pourrait pas penser. C’est pour ça que quand Sammy, un des détectives de Tetazo, m’a dit qu’il était un peu triste d’être plus lent que moi, je lui promets que ce n’est pas grave.

– Mais est-ce que la femme qui était à l’hôtel avec nous, la pollicière aux cheveux roses, là, elle n’avait pas résolu en même temps que toi, environ ?

Deshya acquiesce.

– Hanoka et Mariah sont très douées, mais je pense justement que c’est parce qu’elles sont au-dessus de la moyenne. Enfin, Mariah l’est clairement, mais Hanoka, je ne l’ai vue qu’une fois… Enfin, deux, si on considère l’affaire de « FEDER » où elle nous a aidé.

– Et Sammy, ce n’est pas le cas ? On dirait que les femmes l’emportent, hihi !

Deshya rigole à sa plaisanterie et regarde désormais devant elle.

– Sammy est intelligent, juste plus lent et ses enquêtes durent un peu plus longtemps. Je ne pense pas avoir son niveau en tant que détective officiel et je ne peux qu’aider à découvrir la vérité, mais je suis convaincue que je ne pourrai pas être utile dans autant de domaines que lui. Par exemple, c’est lui qui a retrouvé les deux mamans de Maruno, cela en deux jours. Peut-être que j’aurai eu énormément de mal, moi.

– C’est lui ? Dieu merci… Les mamans de Maruno sont trop gentilles !!

– On est d’accord ! En plus, Shinpei est un détective réellement doué. Je l’ai peut-être surpassé durant l’enquête de ‘XIII’ au mariage, mais je pense que c’était très complexe et que vu que je lui ai caché l’un ou l’autre détail dont je me doutais déjà pour tromper ‘XIII’, cela a été plus complexe…

– Quand je te vois parler comme ça d’un détective qui est renommé du monde entier… Tu es extraordinaire, Deshya !

– Ce… Ce n’est pas parce que je suis intelligente comme ça que je suis parfaite…

– J’ai dit extraordinaire, cette fois-ci.

– Ah, tu m’as eu.

Elles se mettent à rire et Lam agitent ses jambes, admirant le ciel bleu sans nuage.

– Il ne manque plus que Minos a surpassé officiellement, alors…

– Je ne pense pas le pouvoir,” soupire Deshya. Il s’est intéressé au code un jour et a trouvé ce jour-même, alors que j’ai pris plusieurs jours et je n’aurai pas trouvé.

Korone avait même eu une piste en reconnaissant quelques-uns de ses nombres, donc les chances qu’elle comprenne leur lien avec ‘pi’ aurait peut-être offert une situation où Deshya est dépassée par Korone elle-même. Deshya ne se sentirait pas trop mal, malgré qu’elle n’ait que 8 ans, vu son génie… qui est bien trop étrange.

– Moi, je suis dans la moyenne, mais ça ne me dérange pas.

Lam balance doucement la tête.

– Excepté ma gentillesse et ma douceur, je n’ai rien de bien particulier, mais je pense qu’on a pas besoin de plus pour bien vivre.

Deshya l’écoute attentivement, les yeux rivés sur elle.

– Je ne pense pas vouloir devenir populaire, ni connue, ni riche, ni rien de bien particulier. Enfin, si.

Lam arrête de balancer ses jambes en souriant, admirant toujours le ciel de ses yeux bruns clairs.

– J’aimerais être spécial pour quelqu’un. Je ne sais pas encore qui sera ce quelqu’un, mais… J’aimerais être un vrai ange pour une seule personne.

– Toujours aussi romantique, hein ?” lui lâche doucement Deshya.

Lam rit tout en approuvant.

– Ce n’est pas la saison des amours encore, je sais, je sais.

– Oh, je suis habituée, je me souviens quand tu lisais que des romans d’amour, même en classe.

– Eh, je te jure qu’il y en a qui sont trop niais, même pour moi ! L’amour, ce n’est pas si simple et aussi… Wah !

Elle fait semblant de vomir et elles se mettent à nouveau à rire toutes les deux. Lam tourne le visage vers son amie.

– Je pense que voir ton amour pour Tessa et tout ça fait ressortir un peu de mon romantisme. Amora aussi.

– Amora ? Elle est amoureuse de quelqu’un ?” demande Deshya, surprise.

– Ah, non, non, ou pas que je le sache. Si elle venait à tomber amoureuse, je pense que tu le saurais directement, excepté si c’était de toi, mais vous êtes trop parfaites en meilleure amie pour que ça n’arrive. Enfin, les sentiments ne se contrôlent pas, je suppose.

Deshya acquiesce : elle le sait plus que trop bien.

– Je parlais de comment Amora m’a rendu plus gentille. Enfin, j’ai toujours été douce et sympathique, mais parfois, je ne faisais pas assez attention et j’étais froide quand j’étais de mauvaise humeur. Maintenant, j’arrive à mieux contrôler cela en restant polie avec les autres. Aussi, j’ai appris à mieux m’exprimer grâce à elle ! Enfin, qu’un peu, mais quand même. On a réellement une meilleure amie incroyable, tu ne trouves pas ?

– Amora est un vrai soleil de bonne humeur, il faut dire !” répond Deshya.

– On est d’accord !

Les deux amies continuent ainsi de discuter dix bonnes minutes avant qu’elles se lèvent du banc ensemble.

– Cela m’a fait du bien de te parler,” avoue Lam. On ne parlait plus trop ces jours-ci vu que tu es souvent occupée.

– Ahah, désolée… Je sais que ce n’est pas la même chose, mais si tu m’envoies un message par SMS, je répondrai. Sur Twatter, c’est complexe…

– Si j’utilisais Twatter, je pense que je viendrai à le désinstaller la minute d’après.

– Aaah, pas faux, tu n’as que les messages SMS.

– Hihi. Mais je n’oublierai pas ! J’essaierai d’y penser. Peut-être même qu’après la classe verte, on pourrait boire un verre ou voir pour une activité ensemble ? Frie est réellement cool, même si timide, alors j’aimerai bien refaire quelque chose entre amies.

– Frie est clairement cool.

Surtout avec ce que Deshya a vu d’elle hier.

– Oui, ça serait cool. On peut aussi faire quelque chose durant la classe verte aussi.

– On peut,” approuve Lam,” mais vu qu’on sera toutes les trois classes ensemble, je m’attends à qu’on parle avec un peu tout le monde. Enfin, pourquoi pas ! On verra à quel point on a du temps libre. J’y vais, moi !

Lam salue Deshya et la fille rousse lui rend son sourire et son salut avant de reprendre son sac. Elle compte y aller à son tour, mais une voix l’interpelle.

– Deshya !

La fille qu’on vient d’appeler tourne le visage vers la gauche, là où un garçon vient la voir. Cela est une scène qui ressemble un peu à ce qu’il s’est passé quand Michaël Elrick est venu la voir pour parler de la disparition de son petit-frère, mais Deshya espère grandement que ce n’est pas une situation pareille, malgré que celui qui l’a interpellé—

– Qu’est-ce qu’il y a, Raiji ?

Le garçon aux vêtements bleus et cravate jaune s’approche d’elle avec quelqu’un derrière lui. Il a un papier dans les mains, donc Deshya espère qu’il ne vient pas lui parler d’une enquête de meurtre ou encore quelque chose comme les corps qu’ils ont découverts : elle veut réellement une journée tranquille, aujourd’hui ! Elle s’apprête à refuser toute implication si cela venait à arriver, mais pour l’instant, elle est intriguée par la lettre qu’il a en main, mais aussi la fille derrière lui :

Dorothé Daihn.

C’est une fille que Deshya ne connaît que par prénom et nom. Elle est dans la même classe que Maruno et l’année dernière, elle était dans celle de Tessa. Tout comme cette dernière, elle a des cheveux colorés en mauve, mais ils sont bien plus courts que ceux de Tessa : ceux de Dorothé lui arrivent à peine aux épaules, un poil au-dessus. Encore une fois, comme ceux de Tessa, ils ont aussi une autre couleur, mais dans ceux de Dorothé, c’est du jaune, et non le rose de Tessa. Une mèche qui pend sur la gauche et au-dessus du front, un peu à la droite, il est possible de voir cette couleur jaune. Toutefois, c’est une forme d’éclair un peu bancal qui se trouve sur le côté droit, et non une simple mèche colorée en cette couleur. Rien que cet éclair rend Dorothé original, impossible à rater dans une cour de récréation. Toutefois, ce n’est pas tout ce qui fait son physique. Comme la majorité du temps, même si Deshya ne le sait uniquement parce qu’elle voit Dorothé de loin parfois, ses vêtements sont du style gothique et elle n’hésite pas à laisser de la peau visible. Un bout de son ventre, dont son nombril, se montrent entre son pull noir et un vert militaire et son short très foncé. Moïse est peut-être passé par-là. Bien plus haut, un collier noir à pics enroule son cou, lui allant très bien, mai lui donnant un air plus délinquant et dangereux — ce qui est sûrement le but dans tous les cas. Sur ses cuisses et jambes entières, en-dessous de son short noir, des filets les lui recouvrent jusqu’à ses chaussures foncés, mais à la surprise de Deshya, elle remarque que sont réllement des filets, et non des collants qui ont une couleur peau ou qui sont transparents. Tout cela lui donne déjà un magnifique style que Tessa doit adorer, mais il y a encore une partie qui doit être admirée : son visage. Des tâches de rousseurs mignonnes traversent ses joues et son nez, juste sous ses yeux bruns hypnotisants. Deshya n’a aucune idée si ses cils sont faux ou non, mais la façon dont ils pointent est telle qu’on pourrait sûrement s’y couper. Finalement, ses oreilles sont décorées de deux façons différentes. Celle de gauche détient une boucle d’oreille à son lobe qui descend en une étoile, attachée à l’une un peu plus haut, qui pend avec des petites boules noires. Un peu plus haut, au milieu de son oreille, c’est une étoile éclat (✦) grise en-dessous d’une petite boucle d’oreille ronde. Si cela n’était déjà pas suffisant pour lui décorer l’oreille, celle de droite est encore plus stylisée : un dragon qui tourne autour de son oreille, avec son aile grise qui lui permet de tenir en place. Même si Deshya ne connaît pas Dorothé plus que du peu qu’on lui a parlé d’elle et son physique, ce dernier est suffisant pour qu’elle tape dans les yeux de quiconque passe proche d’elle. C’est un style qui irait aussi plutôt bien à Tessa et Deshya, même si ce n’est pas quelque chose qu’elle porte un jour dans sa vie, trouve cet ensemble incroyable. Même si Dorothé n’a clairement aucune poitrine, cela, étrangement, lui va bien mieux.

– Désolé de venir te voir alors que t’allais partir, Deshya, mais…

Deshya tourne finalement le visage vers Raiji qui commence à parler. Elle a l’impression qu’elle a admiré Dorothé durant de longues minutes, mais cela n’avait même pas duré quatre courtes secondes.

– J’ai besoin de ton aide…” avoue Raiji.

– Pas encore une affaire comme—

– Ah, non, non !

Raiji la coupe en secouant les mains, ce qui étonne Deshya.

– Alors, qu’y a-t-il ?

Raiji va commencer à expliquer quand une autre voix retentit. Les trois adolescents du même âge se tournent vers la fille qui court vers eux et qui freinent avant d’entrer en collision avec Dorothé, cette dernière faisant un pas en arrière.

– Salut, salut !!

Cette fois-ci, c’est une fille que Deshya connaît déjà mieux, même si l’appeler ‘une amie’ serait exagéré.

Elle s’appelle Léa Huggie.

Un nom de famille particulier, mais mignon, lui allant comme un chapeau. L’année dernière, Léa était dans la classe de Deshya, donc c’est normal qu’elle la connaisse, mais elles n’ont pas parlé autant que ça ; cela est surtout de la faute de Deshya. Son physique est assez différent de Dorothé, mais ses vêtements à eux-mêmes la rendent bien différente que la fille aux cheveux mauves : il serait impossible d’interchanger leur vêtement sans les traumatiser. Pour ce qui est de Léa, elle possède un style bien plus mignon et cela ne date pas de la dernière pluie. Au-delà de son physique corporel, ses vêtements sont très mignons : un pull-manteau grenouille bien vert, avec de petites oreilles sur le haut. Les poches, qui au milieu des cuisses de la fille d’1m52, sont des nénuphares qui ont une ouverture plutôt petite, mais suffisante pour laisser un téléphone portable passer. Sur les deux côtés de la fin du pull tout doux, deux bonbons pendent d’un fil noir, mais ceux-ci ne sont pas des vrais, donc tenter de les voler pour les manger n’aurait aucun intérêt. Sous ce pull, c’est une chemise bleue claire qui est décorée d’une cravate verte qui lui descend jusqu’au nombril. Une jupe courte de la même couleur qui cache son bassin, mais qui laisse ses genoux et une partie de ses jambes visibles. Ses ‘chaussettes’ blanches laineuses qui se trouvent au-dessus de ses chaussures noires font penser à ce que porte parfois ‘Aya Deroom’, mais cela n’est pas la seule ressemblance entre ses deux filles de petites tailles : leurs yeux ont un même ‘thème’. Pour ce qui est d’Aya, ce sont des yeux bleus brillants avec une forme de chat en-dessous, mais pour Léa, c’est d’un bleu comme le ciel, un cœur avec deux ailes sur le côté. Deshya a toujours trouvé que les yeux sont une des choses les plus belles de l’humain et lorsqu’elle voit ceux de personnes comme Aya ou Léa, cela ne fait que réaffirmer son fait. Pour ce qui est de ses cheveux, une partie est actuellement cachée sous sa capuche grenouille, mais on peut voir la majorité d’entre eux. Noirs et un peu bordéliques, des mèches sont comme attirées par ses joues, juste sous ses oreilles qui n’ont rien de particulier. Pour terminer, ses cils ne sont pas très longs, mais sont épais. Comme toujours, elle porte un sourire sur son doux et joli visage.

– Salut, Deshya !

Léa salue Deshya et cette dernière le lui rend avec un sourire, avant que Léa regarde l’autre fille qui se trouve ici.

– Heyo, Dorothé !

– Hey, Léa.

– Et heyyy, Raiji !

– S-Salut, Léa.

Avec un petit bégaiement au début de sa courte phrase, Raiji salue Léa à son tour, n’agitant pas les mains comme le fait Léa. Cette dernière cligne des yeux et observe le papier qu’il a dans les mains.

– C’est quoiiii ?

– A-Ah, justement !

Raiji tourne son attention sur Deshya et lui demande s’ils peuvent parler tous les deux de cette lettre. Deshya lui demande pourquoi, mais il n’a même pas le temps de justifier sa gêne que Dorothé parle, fixant Léa.

– C’est un code étrange qu’il a trouvé dans son casier, c’matin,” explique-t-elle. Il comprend pas ce que ça veut dire, donc il veut de l’aide d’Deshya.

– Oooh, un code ? Un code de quoi ?” demande Léa, regardant Raiji.

Le garçon soupire longuement avant de se gratter l’arrière des cheveux.

– Oui, c’est ça… C’est un peu comme ce qu’avait fait Lam pour les Renards Associés, mais ça m’étonnerait vraiiiment que ça soit elle, cette fois-ci.

Deshya s’en souvient parfaitement, de cette lettre : la réponse avait été un code en morse créé par des trous très fins dans la lettre. Cela avait permis aux trois amis de se rapprocher et de plus, recevoir des chocolats que Deshya a dévoré avec délice ! Elle doit encore remercier à nouveau Lam pour ce geste.

– Et oui, je ne comprends pas vraiment ce que ça veut dire, donc je voulais voir si tu peux m’aider… Si tu es occupée, ne t’inquiètes pas, je peux le faire moi-même, mais…

Il donne le papier à Deshya en fuyant le visage.

– Je me sens mal de pas trouver et j’ai pas envie de tricher en regardant sur internet ou un truc dans le genre.

– Raiji gêné ? J’aime c’que je vois !” rigole Dorothé.

– Il ne faut pas être triste pour ça !” avoue Léa. Je suis certaine que c’est un code compliqué !

– …

Raiji ne répond cependant rien et Deshya accepte le papier. Léa se penche sur le papier aussi, un air intrigué sur son visage. Voilà ce qu’ils peuvent lire sur cette lettre :


« Cette lettre est dédiée à “Raiji Harmony” de la classe 4B. Voici un code qui décrit un certain lieu à Tetazo. Va à ce lieu et trouve le prochain code pour avoir un code final !

    Voici le premier code ->

    – 50 ans auparavant, voici que je suis apparu, deux papas pour moi. Noir et blanc, un premier enfant en moi. Désormais, j’ai été remplacé par des versions meilleures et meilleures encore ; parfois vous me trouverez encore quelques endroits. Justement, un seul endroit de la sorte existe à Tetazo.


    Bonne chance, Raiji Harmony.

    De : Anonyme. »