Fox-Eared Detective
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Chapitre SP1 – En Plein Coeur
Chapitre 47 – Sleeping Little Beauty : Mystère d’Internet ; Cinquième Ligne Menu Chapitre 48 – Le Nombre Le Plus Populaire De Tous

Avant de commencer le chapitre :

Cette histoire se passe entre le ‘Case 9’ et le ‘Case 10’ suivant directement le Chapitre 47. Ce Chapitre “Special” est important dans l’histoire et ne peut pas être considéré comme l’un qui peut être non lu.

Ceci est le premier ‘SPECIAL’ de Détective Aux Oreilles De Renard. Mais qu’est-ce qu’est un ‘SPECIAL’ ?

Un ‘SPECIAL’ est une enquête (Case) entière en un seul Chapitre. Il est aussi possible que cela soit un jeu (Game), mais cela se concentre principalement sur les enquêtes. Bref, le Chapitre entier est l’enquête entière, regroupant donc plusieurs chapitres en un seul. N’hésitez pas à mettre une pause dans votre lecture et ne pas lire tout d’un coup, vu qu’un SPECIAL n’est clairement pas court. Personne ne vous en voudra ! Bien évidemment, vous avez le droit de le lire en entier d’une traite, vous avez le choix.

Il faut aussi savoir que les ‘SPECIALS’ sortent tous les 10 Arcs. Un Arc = une enquête (Case) ou un jeu (Game). Le Case 9 = Arc 10 parce que l’Arc 4 est le Game 1. J’espère avoir été clair. Bref, le prochain ‘SPECIAL’ sera dans 10 Arcs, le ‘SPECIAL 3’ entre l’Arc 30 et 31, etc…

Bref, profitez de votre lecture !! ❤️

 

 

Il n’existe rien de plus beau que l’amour. C’est ce que j’ai toujours cru. Même encore aujourd’hui, j’y crois.

Se lier à quelqu’un qu’on aime de tout notre cœur est quelque chose que la science ne pourra jamais expliquer. Il n’y a pas de ‘logique’ derrière, simplement des désirs et de la compassion.

Peut-être est-ce cela qui nous rend le plus humain ? L’amour.

Je n’ai jamais arrêté de l’aimer. Jamais n’arrêterai-je. Peut-être suis-je naïf de croire cela, peut-être que la réalité me rattrapera et qu’un jour, elle et moi ne serons plus ensemble. Peut-être serai-je la cause de la séparation, peut-être le sera-t-elle. Il est même possible que l’amour s’éteigne, que le soleil chaleureux sous lequel je suis s’effondre. Que le ciel bleu prenne des couleurs de braises, que les oiseaux mélodieux perdent leurs voix, que les larmes de joie deviennent salées et amères. Oui, il est impossible de connaître le futur, mais suis-je idiot de vouloir croire à une fin heureuse pour moi ? Puis-je garder cette fleur de cœur dans ma poitrine ? Puis-je garder ses sentiments pour moi, la tenir dans mes bras avec amour et vice versa ? Parce que moi, je veux l’aimer jusqu’à la fin des temps. Parce qu’elle est la personne qui m’a libéré. Elle me dit des mots doux et rassurants elle aussi et je sais qu’elle ne ment pas, alors je veux y croire.

Et pourtant, je pointe un pistolet vers elle.

– Woaah, mais c’est trop coooooool !

Amora sautille sur place en regardant la liasse d’argent dans les mains de Deshya. Cette dernière laisse un air fier et taquin lui traverser le visage en lâchant un petit rire bourgeois.

– Le commun des mortels ne peut gagner cela en une semaine, mohohoh !

– C’est bien vrai, hihi !

Après une journée d’école très calme pour Deshya, ce vendredi 16 Septembre, elle a invité sa meilleure amie, Amora, a venir dormir aujourd’hui chez elle. Il est un peu moins de 22h et Korone est aux toilettes pendant que Deshya montre enfin ce qu’elle a gagné grâce à l’affaire de Sleeping Little Beauty, celle qu’elle a résolu aux côtés de ‘Minos Kiyon’, le détective le plus populaire et intelligent de tout Bélium. Bien qu’il ne soit quand même pas vu comme le meilleur détective du monde entier, il est toujours placé dans le Top 5, minimum Top 10. Vu qu’il a remporté 30 000 euros brut de la part du ministre de la défense pour avoir résolu l’affaire du site de Sleeping Little Beauty et attrapé ses membres, Minos a décidé d’offrir le tiers à Deshya pour la remercier de son aide sur l’enquête. Il aurait voulu offrir un peu pour Korone, mais vu qu’elle n’a que 8 ans, il s’est dit que cela ne servirait à rien ; toutefois, par message, il a avoué qu’il aimerait que Deshya en laissant un peu pour elle, ce qu’elle a accepté.

– Je suis là, grande-sœur !

Korone arrive enfin dans la chambre et Amora lâche un « Aaaaaw » en voyant son pyjama renard. Korone sourit.

– C’est la cinquième fois qu’Amora tombe sous mon charme ! lâche Korone avec amusement.

– Mais tu es trooooop mignonne !! Si seulement j’avais une petite-sœur aussi mignonne…

Korone monte sur le lit et tapote gentiment la tête d’Amora avant de sauter sur le coussin de Deshya, celui avec le dessin du personnage ‘Liv’ dessus. Amora est amusée de voir la petite fille s’y attacher, mais Deshya avoue que Korone s’en fiche du personnage dessus : elle aime juste qu’elle puisse le prendre dans ses bras comme si c’était une réelle personne, mais plus douce et « marshmallow » comme elle le dit. Amora avoue qu’elle comprend, bien qu’elle adore prendre une vraie personne dans les bras.

– Je sais, ça…” sourit Deshya.

– Vui !

– Attendez !!

Korone crie en se relevant, se mettant debout sur les lits en pointant ses doigts vers les deux adolescentes.

– J’ai oublié de demander, mais moi, je dors comment ? Est-ce qu’Amora va prendre toute la place ?!

La petite fille pose sa question avec une moue, se préparant déjà à la réponse. Deshya et Amora se regardent avant que la fille aux cheveux roses fasse la moue à son tour.

– Eh bah, je suis sa meilleure amie depuis environ 6 ans !” répond-t-elle.

– Je suis sa petite-sœur !

– Tu peux dormir avec nous, mais c’est moi qui prend Deshyshy dans les bras.

– Ah ! Mais je veux câliner grande-sœur !

– Et moi je veux câliner Deshyshy !

Des éclairs sortent des yeux des deux filles, s’entrechoquant, provoquant de l’électricité qui pourrait tuer un petit animal — en tout cas, c’est ce que ressent Deshya. Cette dernière les laisse s’énerver l’une sur l’autre en s’amusant, tout en pensant à ses propres attributs de renard. Lorsqu’elle dort avec Korone, elle a le droit de mettre son réel pyjama ou presque rien, laissant ses oreilles de renard respirer. Lorsqu’elle est avec Amora, elle doit garder une capuche pour les cacher… Elle a failli être découverte une fois, lorsqu’Amora s’est réveillée en première et que la capuche de Deshya s’était presque entièrement retirée, donc elle fait désormais plus attention. Toutefois, Deshya ne peut pas le nier : elle aurait presque voulu qu’Amora vienne découvrir la vérité, cette nuit-là. Son cœur l’interdit de révéler quoi que ce soit à Amora pour sa propre sécurité, mais Deshya n’aime pas lui mentir… Elle hait mentir à tout le monde, surtout à Tessa, Amora et Maruno, mais aussi à des gens comme Lam ou même Sammy. Il y a certaines personnes dont elle fait moins confiance, comme Abdoul, mais c’est parce qu’elle n’aimerait quand même pas que tout le monde vienne à le découvrir : elle serait en réelle danger. Même si elle ne prend pas en compte la possibilité d’une organisation qui l’aie transformée de la sorte, si les gens apprennent l’existence d’une réelle fille renarde, alors elle va être chassée par tout le monde. Les personnes qui souhaitent sortir avec elle, toucher ses oreilles ou sa queue, celles qui vont vouloir l’analyser et savoir comment c’est possible pour créer un futur où les demi-humains, demi-animaux existeront… Bien que Deshya ne dirait sûrement pas non à un tel futur, elle est convaincue qu’elle va être traitée horriblement et peut-être même tuée dans le processus : bref, elle doit faire attention à elle. Deshya est certaine que si elle avoue la vérité à Amora, Lam ou Tessa, ils garderont le secret si elle le leur demande, mais cela n’est pas le cas de tout le monde… De toute façon, Deshya a surtout peur qu’une organisation la surveille et que si un jour, ils apprennent qu’elle a avoué la vérité à quelqu’un, alors ils se feront tuer. Pour l’instant, seuls ses parents et Korone savent pour ses attributs de renard : bref, sa famille. C’est évident qu’ils sachent la vérité, vu qu’ils habitent avec eux, mais quelqu’un de l’extérieur… Deshya se demande si elle n’est pas paranoïaque, surtout si un jour, elle vient à être gravement blessée… alors elle va devoir être analysée par des médecins. Si ce jour arrive, comment va-t-elle faire pour cacher la vérité ? Même si Gatito leur demande de ne rien révéler à quiconque, Deshya ne pourra plus se sentir en sécurité… En tout cas, elle le pense. Pour l’instant, elle n’a jamais dû vivre un tel jour. Certes, elle a été analysée par un médecin qui a vérifié en long et large le corps de Deshya, lorsqu’elle a été retrouvée par ses parents, mais il est la raison précise pour laquelle Deshya se sent si mal. Bien que ses parents lui disent encore et encore que ce n’est qu’une coïncidence…

Le jour juste après avoir analysé Deshya et lui avoir donné les résultats, il s’est suicidé dans sa chambre.

Gatito lui avait dit qu’il se sentait déjà mal auparavant et essaie de la convaincre, parfois encore maintenant, qu’il n’en pouvait juste plus à cause d’un message qu’il a reçu par son ex-femme, mais Deshya trouve la coïncidence bien trop… étrange. Il avait été la seule personne hors de sa famille à savoir pour ses attributs de renard et pourtant, il est mort… à peine un jour après avoir découvert la vérité. Depuis, Deshya a toujours eu peur d’avouer la vérité. Même si c’est réellement une coïncidence, elle ne veut pas prendre le moindre risque. Si Amora apprend pour ses attributs de renard et qu’elle meurt de sa faute, alors Deshya ne sait pas comment elle osera continuer.

Mais pourquoi ma famille n’est pas attaquée, alors ?

C’est la question que se pose Deshya. Cependant, elle sait qu’elle ne pourra pas avoir la réponse en réfléchissant : elle doit soit découvrir la vérité sur ses attributs d’animaux ou doit-elle découvrir quelqu’un qui sait quoi que ce soit. Elle aimerait bien demander à Minos, mais c’est bien trop risqué… De plus, s’il savait quoi que ce soit, il aurait probablement compris qu’elle était une fille à moitié renarde, alors elle suppose qu’il n’aurait aucune piste à lui offrir.

– Tu nous écoutes, Deshyshy ?!

Deshya cligne des yeux et tourne son regard — ainsi que son attention — vers les deux filles qui font la moue, les mains sur les hanches.

– Q-Quoi ?

– Qui peut t’enlacer, quand tu dors ?! demande Amora.

Deshya pouffe avant d’exploser de rire, tapotant la tête des deux filles.

– Vous êtes vraiment anormales, ahah !

– Aah ?! C’est pas gentil !” lâche Korone.

– On est toutes les trois pas normales, c’était pas méchant,” avoue Deshya.

Elle soupire de soulagement et se lève en souriant.

– Vous comptez pas dormir tout de suite, si ?” demande-t-elle.

Elles hochent la tête.

– On a dit qu’on se ferait un film sur ton ordinateur avant !” lâche Deshya.

– Je veux voir le chat chat roux qui fait swing et swung avec son épée !

– On va regarder ça, alors !

– Mais pour—

– Korone a qu’à me prendre par un sens et Amora de l’autre ?

Les deux filles la regardent avec un air aussi horrifié que surpris avant que Deshya râle.

– Je veux dire me câline.

– Pas bien, ça.

– Si tu veux être prise comme ça, on peut appeler Tessa et voir—

– Je vous hais.

Amora et Korone se mettent à rire et Deshya demande à la petite fille comment elle peut savoir un tel terme, mais sa petite-sœur est trop amusée à rire pour lui répondre. Deshya abandonne donc, sa queue de renard touchant le sol, préférant installer le film et accepter qu’elle a tout bonnement utilisé un mauvais verbe dans sa phrase.

La journée d’après, le samedi 17 Septembre, Deshya, Amora et Korone s’amusent toutes les trois dans le jardin pendant tout le début de la journée, s’occupant même de ‘Néro’, le berger allemand de la famille Oveja. Vers midi, elles mangent ensemble des tartines en regardant la télévision qui parle de Minos Kiyon. Cette fois-ci, cela ne concerne pas l’affaire de Sleeping Little Beauty, mais celle d’un meurtre qui a été commis dans le nord de Bexel. Minos Kiyon est sur l’affaire pour aider la police, vu qu’il semblerait que c’est un criminel recherché depuis un peu plus de trois mois qui a commis l’acte, mais Minos avoue qu’il n’a pas encore trouvé le moindre indice qui pourrait l’aider à découvrir son identité. Deshya en parle avec sa meilleure amie et sa petite-sœur quelques minutes avant d’envoyer un message de courage à Minos. Elle aura une réponse en fin d’après-midi, quelques minutes avant qu’Amora ne doive rentrer chez elle : elle a une fête de famille demain, donc il lui est impossible de rester plus longtemps, même si elle aurait voulu. Amora est amusée de la réponse offerte par Minos :

« Ahah, merci !! Je suis certain qu’on trouvera, ne t’inquiètes pas ! Sinon, je demanderai à ton père qu’il t’envoie ici pour que tu découvres la vérité à mes côtés ! »

Korone demande si c’est vrai et qu’elles vont aller à Bexel, mais Deshya lui explique que c’est une blague et que de toute façon, son père n’accepterait pas. Amora prépare ses affaires quelques instants plus tard, remerciant sa meilleure amie de l’avoir invité et pour ces deux journées superbes à ses côtés. Korone les accompagne jusqu’à la gare, conduites toutes trois par Pera, la mère de Deshya.

Au même moment, un garçon et une fille rigolent ensemble.

– Ahah, c’est vrai ?!

– Je te promets !!

Il la tient dans ses bras en regardant la télévision, mais ils sont plus concentrés sur leur propre conversation que ce qu’ils regardent, surtout que c’est une série qui a commencé fort pour continuer son propre déclin, devenant presque inintéressante et remplie de références inutiles.

– Tu sais ce qu’on va manger ce soir ?” demande le garçon.

– Oui, mais surprise !

– Maaaw, tu sais bien que j’aime bien savoir !

– Tant pis~ !

Il la pousse sur le lit en insistant, mais elle se dandine en avouant qu’elle ne dira rien du tout ! Il lui lâche un sourire taquin en disant que si elle ne lui dit rien, alors plus de bisous. Toutefois, la fille lui rend un sourire similaire et lève les sourcils.

– Eeeh, tu oserais ne plus m’embrasser… ?

Il acquiesce, mais après 10 secondes de silence, il soupire.

– D’accord, j’ai menti.

La fille rigole et le prend dans ses bras, le forçant à la rejoindre dans le lit, et tous deux se mettent à rire.

– On se revoit bientôt, promis !

– J’ai hâte, mamour !!

La fille sautille sur place en agitant la main, ses parents derrière saluant le garçon qui tourne les talons avec le sourire. Sa petite-amie fait de même en fredonnant, sortant de la gare pour retourner à leur voiture.

– Tu l’aimes vraiment beaucoup, ton copain !” lâche son père.

– Il est le meilleur !

La fille a la peau foncée, des cheveux bouclés et foncés qui lui arrivent un peu plus bas que les épaules, ainsi que des yeux bleus vifs. Elle s’appelle—

– N’oublies pas les tickets pour tu-sais-qui, d’accord, Aya ?

— Aya Deroom.

Une fille de 15 ans qui habite à Teuhl, la ville en-dessous de Tetazo. Elle est la petite-amie actuelle d’un garçon de 17 ans qui va à l’école de Tetazo, mais est toujours en 4ème. Une des trois personnes considérées comme des ‘génies’ par les élèves, un membre des Renards Associés—

– Oui, je leur donnerai ! Il faut en passer un pour mon petit Maruno !!

— Maruno Uffite.

C’est le seul garçon qui est assis dans le train avec le sourire, se remémorant cette magnifique journée passée avec sa copine. Des cheveux noirs qu’il attache presque à chaque fois , des yeux verts et un regard qui peut être considéré comme froid, il est un garçon populaire dans son école et souvent est vu avec ses deux meilleurs amis, ‘Tessa Merossa’ et ‘Deshya Oveja’. Il est un garçon qui attire l’attention et dont certaines filles de son âge tombent sous son charme, mais Maruno ne voit qu’Aya dans sa vie. Ils sortent ensemble depuis bientôt 5 mois et se connaissent depuis à peine cette année, mais il ne regrette nullement d’être en couple avec elle — c’est tout le contraire. Le train part enfin, Maruno ayant hâte de revoir sa copine le plus tôt possible, bien que cela attendra le week-end prochain. Même s’ils habitent dans des villes adjacentes, la maison d’Aya se trouve tout au sud de Teuhl, tandis que celle de Maruno est tout au nord. La distance ne les dérange pas réellement, vu que Maruno possède un go-pass qui lui permet de prendre le train entre Tetazo et Teuhl gratuitement. Il n’a que l’acheter à nouveau tous les six mois, mais ce n’est pas très cher pour ce que c’est et cela vaut le coup ! Pour l’instant, il ne l’a pris qu’une fois, mais fin Novembre, il va devoir l’acheter à nouveau.

Le train arrive à destination dans les alentours de 22h10 et il descend en s’étirant. Il sort son téléphone et l’observe, le fond d’écran étant Aya et lui en cosplay, mais il remarque que ses parents n’ont toujours pas répondu. Il ne croit pas qu’ils sont en train de dormir, donc ils doivent être trop concentrés sur la télévision ou n’ont pas fait attention à leur téléphone, ce qui est déjà arrivé dans le passé. Il le range donc dans sa poche et prend le chemin habituel pour rentrer. Cela ne prend jamais bien longtemps, vu que la gare n’est pas si loin de sa maison, mais il préfère marcher plus rapidement que prévu vu qu’il est déjà assez tard. Il n’a pas trop peur pour sa propre sécurité vu que c’est un garçon et que Tetazo n’est pas très dangereux la nuit, mais il préfère ne prendre aucun risque. Sans pour autant courir, il rentre chez lui en sifflotant. Il pense à Deshya et l’enquête qu’elle a résolu aux côtés de Minos.

Tessa l’a même aidé à trouver le coupable dans un train qui aurait pû exploser, mais moi, j’ai rien fait, depuis…

Il a été temporairement le donneur durant une partie de Poker… et c’est plus ou moins tout. Certes, il a aidé pour la lettre du défi, mais cela n’avait été rien et plutôt pour le fun, surtout que c’est Deshya qui avait compris. Maruno se gratte la joue en se disant qu’il n’a pas trop montré son ‘génie’ dont certains élèves parlent, pour ce début d’année. Néanmoins, il s’en fiche : il n’a pas forcément envie d’être entraîné dans une enquête, encore moins risqué sa vie inutilement.

Et pourtant, même chou est tombée sur une enquête…

Lorsqu’elle était dans l’hôtel ‘Beleza Verde’ avec son père, elle a rencontré Deshya à nouveau et elle l’a suivi jusqu’à une scène de meurtre. Elle lui a longuement raconté par message et a expliqué comment Deshya était trop cool, vu qu’elle avait eu juste sur le criminel, contrairement à ‘Hanoka Atege’, une détective policière de Tetazo, ce qui avait rendu heureux Maruno. Néanmoins, il préfère qu’elle ne tombe pas sur des cadavres, ce qui se comprend. Il continue son chemin et observe la lune en levant le regard, la trouvant magnifique aujourd’hui. Il sourit, se demandant si Aya est bien arrivée chez elle.

Et c’est à ce moment-là qu’on l’attrape par derrière.

La personne lui place un mouchoir devant la bouche, forçant Maruno à le respirer pendant qu’il se débat, les deux mains bloquées. Il fait de son mieux pour ne pas inspirer le chloroforme dans le mouchoir, mais il finit par ne pas avoir le choix et se calme avant de s’endormir dans les bras de la personne. Cette dernière sourit à pleine dent.

– …

Maruno se réveille doucement sans ouvrir les yeux, mais lorsque de l’eau lui est jeté dessus, il tousse en secouant la tête, les ouvrant doucement. Avant même qu’il ne puisse savoir où il se trouve, il remarque que ses mains sont attachées et observe donc derrière lui : une corde les tient ensemble, empêchant ainsi Maruno de s’en détacher. De plus, il est attaché sur une chaise en bois au design particulièrement familier… Il se débat, mais cela ne sert à rien. De plus, en regardant devant lui, il remarque qu’une personne se trouve là, debout, venant de déposer un seau désormais vide, son contenu ayant été balancé sur la figure de Maruno.

– …

Le jeune garçon ne prononce pas le moindre mot, les sourcils froncés. En voyant cette expression, la personne sourit, mais il est compliqué de la voir : elle possède une cagoule devant le visage.

– J’ai dû te jeter de l’eau deux fois pour que tu te réveilles, tu es embêtant, Maruno Uffite.

Sa façon de prononcer l’identité du garçon est perturbante et remplie de malice. Maruno remarque que ses pieds sont aussi attachés et la chaise est clouée au sol, donc il ne pourrait même pas la renverser : de toute façon, il se ferait directement attraper par la personne qui se tient debout à quelques pas de lui. Cette même personne n’est pas non seulement cagoulée, mais aussi capuchée. Un long vêtement semblable à un pull qui ne dépasse pas les 30 euros vête son corps, un t-shirt très sombre juste en-dessous. Ses jambes sont cachées par un long jeans gris foncé et ses chaussures sont d’une normalité ennuyeuse. L’attention de Maruno est à nouveau attirée sur les mots de la personne, qui vient tout juste de l’appeler avec agressivité. Sa voix est robotique et grésille sur certaines lettres, il est donc impossible de savoir le sexe de cette personne.

– Je veux que tu m’écoutes attentivement, Maruno. Tu vas obéir à mes ordres.

Sans bouger sa tête, qui fait toujours face à cette personne, il tourne le regard pour savoir où il se trouve. Plutôt rapidement, il comprend qu’il est détenu… dans la cave de sa propre maison. Les étagères de vins dont ils manquent ⅓ de leur contenu, l’ampoule qui a été remplacée il y a peu longtemps parce qu’elle a explosé quand Maruno a allumé la lumière, le petit espace vitreux au fond de la cave pour laisser l’air extérieur passer, mais actuellement fermé… De plus, la chaise sur laquelle il est assis est l’une de sa cuisine : le design est le même. Maruno peut même dire que cette chaise appartient à son père, vu les marques fines sur le siège.

Mais si je suis dans ma propre cave…

– Maruno, tu vas m’écouter tout de suite.

Il cligne des yeux et fixe la personne avec colère, mais il reste calme. La bouche de Maruno n’est pas bloquée par un tissu ou un bandeau, alors il pourrait crier, mais il se trouve dans sa cave, personne ne pourra l’entendre, surtout à cette heure-ci. Même si par miracle quelqu’un vient à passer dans son jardin pour une quelconque raison, Maruno risquerait surtout sa vie inutilement. Bref, il préfère garder son calme et écouter ce que la personne a à lui dire.

– Je me répète : je veux que tu m’obéisses. Tu vas m’écouter et faire exactement ce que je vais te demander.

– Et vous voulez que je fasse quoi, au juste ?

Maruno ne tente pas de provoquer la personne, mais il ne peut s’empêcher de laisser une couche d’agressivité se poser dans sa voix. La personne s’approche agressivement de Maruno et son visage est à quelques centimètres de celui du garçon.

– Je veux que tu tues ta propre copine, Aya Deroom.

Un frisson traverse le dos de Maruno et il écarquille grandement les yeux, une expression choquée sur le visage. La façon dont la personne vient de prononcer ‘Aya Deroom’ est haineuse. Tel un serpent qui plante son venin dans le corps de Maruno, la personne attrape l’épaule de l’adolescent sans cacher la rage qui fait battre son cœur. Maruno est figé par la surprise et il n’arrive pas à répliquer quoi que ce soit, n’arrivant pas à croire qu’on lui pose une telle question, mais il finit par fermer sa bouche et…

Se met à rire.

La personne en face de lui se recule, les yeux plissés, et Maruno continue de se fendre la poire, comme s’il venait d’entendre une blague hilarante. La personne soupire et le laisse rire en se dirigeant vers le congélateur de la cave, celui-ci couché et à moitié rempli de glaces et de friandises gelées. Toutefois, elle ne l’ouvre pas, mais prend en main ce qu’il y a posé dessus. Maruno arrête finalement de rire et frappe violemment ses pieds sur le sol de la cave.

– Je préfère crever que faire une telle chose, fils de pute.

La personne se retourne vers lui, un ordinateur portable fermé dans les mains, et elle sourit.

– Directement les insultes…

– Ahah, tu crois quoi, hein ?! Tu me demandes de tuer ma propre copine ??? Tu m’as pris pour qui ?!!

Maruno s’agite sur la chaise, n’arrivant pas à calmer le ton de sa voix, mais la personne devant lui ouvre tout simplement l’ordinateur sans laisser le garçon l’affecter. Maruno grince des dents et fronçant les sourcils, se demandant surtout pourquoi cette personne veut qu’il exécute une telle tâche. Est-ce que c’est parce que… ?

– Maruno, Maruno…

La personne soupire en secouant la tête, touchant au clavier de son ordinateur portable.

– Je ne me souviens pas de t’avoir demandé ton avis, ni d’entendre tes aboiements.

Il montre au garçon l’écran de son ordinateur portable en restant à quelques pas de lui.

Dessus est visible l’image des deux parents de Maruno. Les mains et les pieds ligotés, leur bouche bandée et tous deux inconscientes dans une pièce sombre et presque vide.

Maruno reste immobile, la bouche bée, les yeux grand ouverts. Il n’ose même pas parler, encore moins taquiner la personne en face de lui. Il aurait préféré avoir tort, mais il avait eu raison : s’il se trouve dans sa cave avec cette personne, alors cela signifie que ses parents sont tous les deux dans une position de danger. Il avait d’abord cru que ses deux mères se trouvaient dans leur chambre, attachées et incapables de bouger, mais il ne reconnaît pas cette pièce. Ce n’est pas un placard, ni une chambre de la maison, encore moins le cabanon de leur jardin. Toutefois, il n’a pas plus de temps pour essayer de découvrir l’endroit où elles sont retenues : la personne retourne l’ordinateur vers elle-même et le dépose à nouveau sur le congélateur.

– Tu vois, Maruno Uffite…

La personne s’approche du garçon avant de lui tenir la gorge, l’empêchant de respirer. Elle force avec colère de sa main gantée.

– Tes deux mamans adorées sont retenues quelque part que tu ne trouveras jamais. Si tu refuses de m’aider, alors je me ferai une joie de les tuer. Si tu refuses même après leur mort, alors ce sera avec tristesse que je trouverai quelqu’un d’autre pour s’occuper d’Aya Deroom et en finir avec sa vie.

Maruno ouvre la bouche avec difficulté, mais il ne peut pas lâcher le moindre son — respirer lui est aussi impossible.

– Si tu veux continuer de faire le malin, alors dit adieu à tes parents. Je te tuerai aussi, juste après que tu sois effondré de voir ta petite-amie chérie MOURIR !!

La personne lâche finalement la gorge de Maruno en reculant, attrapant une bouteille de vin et l’agitant avec rage.

– Elle va mourir, tu m’entends ?!! Même si tu refuses de m’aider, je ferai en sorte qu’elle crève !!!!!

La personne hurle sans même avoir peur qu’on l’entende depuis l’extérieur. Elle finit par lancer la bouteille de vin en direction de Maruno, mais le rate exprès. Elle s’éclate en plusieurs morceaux sur le mur de la cave, laissant la boisson violette en son intérieur se répandre sur le sol et une partie sur le mur. La personne soupire longuement avant de se calmer, même si les battements de son cœur continuent d’être excités. Maruno ferme finalement la bouche, tremblotant sur sa chaise. Il est certain que les deux femmes qu’il a vu sur son ordinateur portable sont bien ses deux mères, celles qui l’ont adopté il y a des années d’ici. Ses parents qu’il aime tant. De plus, ce n’est pas une image fixe qu’il aurait pû prendre n’importe où, vu que Maruno a vu un insecte rapidement passé devant la caméra qui filme ses deux parents. Il serre les poings et ferme les yeux, essayant de calmer les battements de son propre cœur… mais cela est à la limite de l’impossible. Alors que quelques heures auparavant, il était en train de s’amuser joyeusement avec sa copine, il est désormais retenu dans sa propre cave, ses parents sont en danger et on lui demande de tuer la fille qu’il aime. Certes, il préfère réellement mourir que lui faire du mal, mais la vie de ses parents est sur la ligne. De plus, même s’il refuse, cette personne demandera à quelqu’un d’autre… Alors…

– … Est-ce… je peux savoir les détails ?

Il parle enfin. Il transpire et n’arrive pas à arrêter ses tremblements. Sans pour autant accepter directement, il est clair à la personne que Maruno a compris qu’il n’a en réalité qu’un seul choix en face de lui. Elle sourit donc et d’une façon heureuse, elle s’approche de Maruno et lui parle.

– C’est bien, c’est bien, tu apprends vite, Maruno.

La personne s’accroupit en face de lui.

– Je veux que tu tues ta petite-copine un jour bien précis, à l’endroit où je te dirai, de la façon que j’ai choisi. Si tu changes le plan en cours de route ou que tu essaies de faire ton petit génie, alors ça se passera très mal pour toi, même si je commencerai par te punir en éliminant tes deux pauvres mamans.

Maruno grince des dents, mais il reste sur place, acceptant qu’il est en position de faiblesse pour l’instant. Non seulement ne peut-il pas s’échapper de l’emprise des cordes, il ne pourrait jamais vaincre un adulte comme cette personne. Bien qu’il est toujours incertain de son sexe, cela ne change rien à ses yeux : il ne pourrait rien faire face à elle. Sans savoir où sont retenus ses parents, il ne peut qu’accepter de l’écouter en espérant que quelqu’un vienne le sauver…

– Je vais être clair, petit génie de Tetazo.

La personne se lève et sans détourner le regard du visage de l’adolescent la moindre seconde, elle lui dit :

– Si tu tentes de prévenir quiconque de ta situation, si tu essaies d’en parler avec tes amis ou encore pire, la police, alors tu peux dire adieu à tes parents. Alors j’arrête tout de suite de t’utiliser pour mes plans,” lui explique la personne.

Maruno fronce les sourcils en la fixant.

– Pourquoi moi ?

– Hm ?

– Pourquoi ne pas s’en occuper vous-même ? Pourquoi ne pas engager un tueur à gage ou un assassin ? Pourquoi un garçon comme moi, hein ?

Des questions légitimes : la personne le sait parfaitement. Maruno attend des réponses, mais en même temps, il se doute qu’elle ne compte pas lui offrir grand-chose.

– Parce que cela ne serait pas suffisant.

– Suffisant… ?” répète Maruno, étonné.

La personne acquiesce en serrant un poing devant elle.

– Je veux que ça soit quelqu’un de proche de la famille Deroom qui s’occupe de leur fille… Je veux que ça soit quelqu’un de confiance et qu’ils adorent qui accomplisse ma vengeance.

– Votre…

Maruno ne termine pas sa phrase et préfère se taire tout en observant le sol. Il est dans une position où refuser est la pire solution et ne le mènera à rien. Quelqu’un veut la mort de sa copine, Aya Deroom, et semble être prêt à tout pour accomplir ‘sa vengeance’. Accepter… est la seule solution. Alors—

– … D’accord.

La personne sourit à pleine dent ; une expression si exagérée que sa cagoule prend cette forme-là. Maruno serre fortement les dents, enragé de la situation, mais il ne peut faire qu’une chose :

– J’accepte.

SPECIAL 1  
                           En Plein Coeur


– H-Hmm…

Difficilement, les yeux de la jeune fille s’ouvrent. Les rayons du soleil traversent déjà le velux du toit de la maison et la chambre est illuminée de la journée qui a déjà commencé. La petite fille cligne ses yeux avant de relever le haut de son corps, s’asseyant ainsi sur le matelas du lit. Elle remarque qu’elle ne câline plus la queue de renard de sa grande-sœur : après tout, elle n’est plus couchée.

– Bonzour, grande-sœur…

D’une voix fatiguée, elle salue Deshya qui est déjà sur son ordinateur, toujours en pyjama. Entendant la voix douce de sa petite-sœur adoptive, Deshya se retourne sur sa chaise de bureau et s’y lève. Elle s’assied ensuite sur le lit et lui embrasse la joue en demandant si elle a bien dormi.

– Mui, mais je me souviens pas de mon rêve,” avoue Korone.

– Moi non plus,” ne cache pas Deshya avec le sourire.

– Tu es levée depuis longtemps ?

L’adolescente secoue la tête.

– Je me suis réveillée il y a quelques minutes, mais vu que tu dormais encore, j’ai un peu regardé les messages qu’on m’a envoyé,” dit-elle.

– Je vois… !

Il faut peu de temps pour que Korone reprenne son sourire, mais son côté excité n’est toujours pas réveillé. Deshya lui propose qu’elles aillent se brosser les dents, s’habiller et ensuite manger un peu, mais Korone secoue la tête.

– Pas besoin s’habiller ! On reste à la maison !

Korone lève les bras en sautant du lit et Deshya se gratte la joue.

– Je suppose, mais je ne suis qu’en sous-vêtements…

– Moi, je reste en pyjama, wahoo !

En réalité, son côté excité se réveille rapidement, alors Korone le laisse déjà rayonner. Deshya pouffe avant de dire à sa petite-sœur qu’elle fait ce qu’elle veut, mais vu que les temps deviennent tout doucement plus froids, elle préfère au moins mettre un pull de renard. Tout en descendant les escaliers, Korone demande à sa grande-sœur ce qu’elle ferait si Tessa et elle sortaient ensemble.

– Comment ça ?” la questionne Deshya, incertaine de comprendre.

– Tu dormirais toute nue avec Tessa~ ?

– Hm, on y est pas et je ne pense pas que Tessa m’aime. Je pense qu’elle est hétéro, de toute façon…

– Nul.

Korone saute les dernières marches et arrive dans la salle de bain en ouvrant la porte elle-même.

– Tessa est madame trop cool, alors elle doit sortir avec la plus mignonne des filles, donc ma grande-sœur !

– Je ne suis pas la plus mignonne…

– Grande-sœur est une fille renarde, alors personne ne peut la dépasser ! Maintenant, grande-sœur se tait et accepte les mots de la plus belle petite-fille du monde, Korone Oveja !!

Korone se met debout sur un petit tabouret qu’elle utilise pour pouvoir attraper sa brosse à dent et dépose les deux poings sur ses hanches.

– Alors grande-sœur va accepter qu’elle est trooooop mimi et va ensuite dire à madame trop cool ceci :

Korone s’éclaircit la gorge avant de commencer à parler en imitant Deshya comme elle peut.

– Je suis Deshya Oveja et je t’aime ! Alors on smoochies !

– Je dirai jamais quelque chose comme ça.

– Hm, tu as encore de l’entraînement pour devenir aussi mimi que moi.

Korone secoue la tête, tel un parent déçu, et attrape sa brosse à dent en plissant les yeux.

– Les jeunes d’aujourd’hui sont décevants…

– T-Tu as mangé quoi, la nuit… ?

Korone se met à rire, ce qui contamine Deshya qui ne peut s’empêcher de l’imiter. Korone s’excuse pour son énergie matinale, mais sa grande-sœur avoue qu’au moins, ça l’a bien réveillé ! Korone en est donc heureuse et elles se brossent les dents, toutes deux avec le sourire.

Lorsqu’elles descendent ensemble, elles arrivent dans la cuisine pour remarquer que Pera et Gatito sont déjà tous deux à table. Le chien vient saluer sa maîtresse et ensuite la petite nouvelle, caressé dans tous les sens des quatre mains des deux filles.

– Vous avez bien dormi, vous deux ?” demande Pera avant de siroter son verre d’eau.

– J’aurai voulu un peu plus dormir, mais les rayons du soleil m’ont réveillé…” avoue Deshya.

– J’ai bien dodo !” dit ensuite Korone, se dirigeant vers la table de la salle à manger.

Deshya laisse le chien en le caressant une dernière fois et demande à ses parents s’ils ont bien dormi aussi.

– Ton père a un peu trop ronflé, cette fois-ci…” avoue Pera avec un sourire un peu embêté.

– J’ai juste trop mangé, hm,” répond Gatito sans même lever le regard.

Deshya sourit : c’est bien son genre. Elle se souvient qu’une fois, elle a voulu dormir avec lui, mais elle n’en pouvait plus de tous ses ronflements… C’était juste après qu’elle soit retrouvée par eux deux, quand elle était encore traumatisée d’être enlevée à nouveau. Depuis, cela va bien mieux et elle n’a même plus peur de se promener seule la nuit, bien qu’elle préfère éviter cela. Tetazo n’est pas une ville très dangereuse — malgré les quelques meurtres sur lesquels elle est tombée dernièrement —, mais étant une fille, elle préfère ne pas risquer sa vie inutilement. Deshya ne veut pas penser à tout cela dès le tôt mâtin, alors elle s’assoit à sa place habituelle en décorant des yeux le pain bien frais déjà coupé en plusieurs morceaux, ainsi que les quelques pots de confitures, de chocolat et même de beurre à cacahuètes qui n’attendent qu’elle. Un bruit de fond provoqué par la télévision rend l’ambiance bizarrement familiale et Korone demande à sa grande-sœur si elle peut lui donner le pot de confiture à la fraise. Elle s’exécute directement avant de regarder l’heure sur le four : 09:15. Deshya remarque qu’il y a même du fromage et du jambon sur la table, mais cela ne l’étonne pas grandement : son père adore manger des dagoberts comme petit-déjeuner. La salade est un délice pour lui.

– Tiens, tu as fait quoi que ce soit avec les 10 000 euros que Minos t’as donné pour l’affaire, chérie ?” demande Pera.

Deshya tartine de la confiture aux abricots sur son morceau de pain avant de répondre à sa mère.

– J’y ai un peu plus réfléchi, mais autant ça me tente de dépenser pour l’instant vu que je suis encore jeune, je préfère garder un maximum pour des occasions. En plus, j’aimerai utiliser une petite partie pour offrir un peu de don à Waffie.

– Ah, le… la… Heu… V…

– Vtuber.

– Ah, exactement. Le Vtuber que tu suis ?” demande son père, s’intéressant un peu à leur conversation.

Deshya acquiesce.

– Bon, tout mon argent est liquide, mais j’aimerai mettre tout ça sur mon compte !

– Tant que tu nous demandes avant, tu sais que tu peux !” lui dit sa mère.

– Mui ! Merci ! Il y a quelques streamers dont j’aimerai offrir l’un ou l’autre don, même si ça ne surpassera pas plus de 10 euros, mais j’aimerai aussi soutenir l’un ou l’autre artiste sur Twatter, donc je leur demanderai peut-être un dessin… Mais bon, je vais faire attention !

– N’importe quelle fille normale aurait déjà dépensé la moitié en se disant que 10 000, c’est énorme…

C’est ce que lâche Gatito en soupirant, mais cela de soulagement.

– Je vais croire que c’est notre éducation qui a été bonne. J’en suis fier.

– Plus qu’à arrêter de me crier dans mon oreille de renard et tu es la limite de la perfection.

Même si la remarque de la fille est taquine et amuse les deux filles à côté d’elle, Gatito la fixe en plissant les yeux, une expression presque énervée sur le visage. Deshya lui dirait bien qu’elle rigole, mais elle déteste réellement cela, alors elle préfère manger sa tartine en souriant, regardant la télévision.

– Je me trouve devant le grand hôtel qui est en fin de construction à Teuhl, le fameux hôtel « FEDER ».

C’est une femme aux cheveux blonds attachés qui parle, un microphone fermement tenu dans les mains et des yeux bleus ravissants. Sa queue de cheval n’est pas bien visible dans cette angle, mais lors de ses courts mouvements, il est possible de la voir doucement voler à l’arrière de son crâne.

– « FEDER » est un hôtel de 55 étages qui a été pensé et construit par la grande compagnie « Lordly », une compagnie que vous devez tous connaître. Même si son accès n’est toujours pas autorisé et que les finitions sont en cours, il est possible d’approcher le bâtiment et observer sa grandeur depuis l’extérieur. Il est impossible de rater un tel hôtel !

– Il faut dire que l’hôtel le plus grand du monde fait 75 étages… 55, c’est immense,” avoue Gatito.

– ‘Lordly’ sont toujours sur des projets assez intéressants, je trouve !” lâche Pera.

Deshya acquiesce en mâchant sa tartine à la confiture, admirant silencieusement la télévision.

– Ce même hôtel ouvrira ses portes le 24 Septembre, mais cela uniquement pour des membres VIPs invités par la compagnie Lordly elle-même ! La date exacte où « FEDER » ouvrira ses portes au grand public est encore inconnue, mais le chef de Lordly a avoué que cela serait avant Halloween, probablement dans les alentours de fin Octobre.

La femme parle clairement et sa voix est agréable à l’écoute. Elle travaille pour la chaîne de télévision « ITB1 », la plus populaire et regardée de tout le pays de Bélium.

– « FEDER » a été pensé en fin 2011 et sa construction a commencé en 2015. Après 7 ans d’attente, il va enfin être terminé et ouvrir ses portes !

– 7 ans pour le construire !” lâche Korone, étonnée.

– Il en faut du temps, pour bâtir quelque chose de si grand…” avoue Gatito en terminant son dagobert.

– Cela va être l’hôtel le plus grand Bélium, non ?” demande Pera.

Deshya acquiesce et répond avec son père.

– L’hôtel le plus grand de Bélium était l’hôtel ‘Deus Naturae’, celui à Bexel, la capitale.

– 48 étages et des tours de magie toutes les semaines. Il y a même un sous-sol avec une sorte de zoo à insectes, si je ne dis pas n’importe quoi,” avoue Gatito, ne voulant pas que sa fille réponde toute seule.

– Je veux y aller !” lâche Korone.

– C’est cher et si on a pas de raisons d’y rester, c’est inutile…

Deshya et Pera sont d’accord avec Gatito, ce qui déçoit Korone qui continue d’écouter la télévision en mangeant son pain.

– Bien qu’on ne sache pas encore ce qu’il va se passer, il semblerait que le 24 Septembre, le samedi de la semaine qui arrive, lorsque l’hôtel va ouvrir, un jeu sera proposé aux membres VIPs qui se trouveront dans l’hôtel. ‘Farhoü Deroom’, le dirigeant de la compagnie « Lordly », a promis d’en parler un peu plus lorsque le jour arrivera.

– Oh, ils parlent de Farhoü !” lâche Pera.

– Vous le connaissez ?” demande Korone.

– Je suis triste de ne pas l’avoir vu, la dernière fois…” se remémore Deshya.

La petite fille tourne le regard vers sa grande-sœur qui sourit.

– Ah, Farhoü Deroom, c’est le père d’Aya Deroom. Tu ne la connais pas, mais c’est—

– Attendez, elle a presque fini de parler.

Gatito coupe sa fille qui gonfle ses deux joues.

– L’hôtel « FEDER » est un premier grand projet dans une ligne d’hôtel que compte créer « Lordly », mais pour l’instant, nous n’avons pas plus de détails. Farhoü Deroom a promis d’en parler lorsque l’hôtel « FEDER » ouvrira ses portes au public. Merci, c’était Annah pour vous.

Les informations continuent, mais elles changent de sujet en parlant du scandale qui touche la fabrique de chocolat dans le nord de Férouz, le pays adjacent à Bélium. Deshya explique donc à Korone ce qu’elle allait lui dire.

– Du coup, je disais qu’Aya Deroom est la petite-copine actuelle de Maruno ! Tu sais, Maruno Uffite !

– Oh, la petite-amie de monsieur le beau-gosse ?” confirme Korone.

Deshya acquiesce. Korone demande pour voir une photo et sa grande-sœur accepte, sortant son téléphone de sa poche. Elle cherche dans sa galerie quelques instants, sous le regard excité de Korone, et trouve finalement la photo qu’elle a prise d’elle. On peut aussi y voir Deshya dessus, prenant le selfie avec Aya.

– Oh, c’est donc elle la copine de monsieur le beau-gosse ?” demande Korone, des grands yeux curieux sur l’écran.

Deshya acquiesce et lui explique que cette photo a été prise à la fin de l’année scolaire, en Juin 2020. Aya sourit avec intensité et ses yeux bleus rayonnent des rayons du soleil, ainsi que de joie et bonne humeur. Deshya elle-même semble s’amuser et rit probablement de la situation. Korone comprend directement grâce au décor qu’elles se trouvaient toutes deux dans un parc d’attraction, mais elle ne demande même pas le contexte : elle est trop concentrée à admirer la beauté d’Aya, la copine de Maruno.

– Elle est trop belle !” lâche-t-elle finalement.

– T’as vu ça !” sourit Deshya.

– C’est madame belle gosse, alors !

Deshya cligne des yeux avant de se mettre à rire. La remarque de Korone amuse la famille entière et la petite fille remercie sa grande-soeur de lui avoir montré Aya. Deshya lui caresse les cheveux avant de tartiner un autre morceau de pain de chocolat, en préparant un pour Korone aussi. Ils continuent ainsi de manger leur petit-déjeuner silencieusement, avec le bruit de la télévision comme fond.

Dans les alentours de 13h, quelqu’un vient sonner à la porte de la famille Oveja. Pera, qui est aux toilettes du rez-de-chaussée, laisse donc ses deux filles aller leur ouvrir, surtout qu’elle ne sait pas qui pourrait venir à cette heure-ci. Deshya descend avec Korone, même si elle est plus rapide que la petite fille, et saute les dernières marches avant d’ouvrir la porte d’entrée. Elle était déjà habillée de son pull de renard, donc elle n’a pas besoin d’attraper celui qui attend sur le porte-manteau. Lorsqu’elle ouvre la porte, elle remarque que celle qui a sonné est—

– Oh, Aya !

La petite-amie de Maruno. Ses cheveux sont détachés, mais leur beauté n’est pas moindre. Korone saute la dernière marche et court vers la porte d’entrée, admirant Aya en levant le regard.

– Tu vas bien, Deshya ? On ne s’est pas parlé depuis l’affaire à l’hôtel, hihi !” lui dit Aya avec le sourire.

– C’est vrai. Je vais bien et toi ?

– Tout va bien ! J’ai pu passer deux superbes journées avec mon chéri !

– Eh, c’est bien, d’être en couple…

Deshya le dit avec joie, mais aussi avec une goutte de jalousie : elle aimerait aussi avoir quelqu’un à câliner, embrasser, appeler ‘mon amour’ et tout ça… Aya pouffe et va lui promettre que cela lui arrivera bientôt, mais son attention est attirée par la petite-fille à ses côtés.

– Oh, c’est madame belle-gosse !!” lâche Korone.

Aya cligne des yeux, incertaine de comprendre pourquoi elle est appelée de la sorte, mais Deshya lui dit de ne pas y prêter attention. Aya sourit et remercie la petite-fille avant de scruter derrière Deshya.

– Tes parents ne sont pas là ?” demande-t-elle en tenant la lanière de son sac.

– Ma mère est toujours aux toilettes, mais mon père est au travail. Il semblerait qu’il y a plusieurs affaires, aujourd’hui…

– La police de Tetazo n’est jamais tranquille, on dirait, hihi !

Deshya soupire.

– Vu qu’elle est connue pour être très juste et compétente, elle doit parfois aider certains pays, comme Shiru ou Venniers… M’enfin, bref !

Deshya reprend une pose droite et lui questionne sur sa venue. Avant qu’Aya ne puisse répondre, Pera sort des toilettes, le bruit de la chasse toujours audible, et s’approche de ses deux filles.

– Oh, n’est-ce pas la fille de Farhoü !” lâche Pera en se séchant les mains sur son pyjama bleu.

– Bonjour, maman de Deshya !

Aya agite une main devant elle, l’autre toujours sur la lanière du sac.

– Que nous vaut ta visite ?” demande la femme rousse.

– Ah, en réalité…

Elle se débarrasse de son sac, le retirant de son dos, pour le fouiller en baissant le regard.

– Je ne reste pas très longtemps, mais je venais vous offrir… ceci !

Aya sort ensuite des bouts de papier de son sac en les offrant à la famille devant elle.

– Des tickets VIPs pour le jour d’inauguration de l’hôtel « FEDER » !

Les tickets sont dorés et reflètent brillamment les rayons du soleil qui vient de dépasser son zénith. Pera les attrape avec des yeux illuminés et remercie sans plus attendre Aya.

– Mon chéri m’a parlé de Korone, la petite nouvelle de la famille, donc j’ai réussi à facilement convaincre mon père d’en rajouter un pour elle !

– Oooh, je pourrai aller à l’hôtel ?! Au grand hôtel dont ils parlaient à la télévision ?!

Korone sautille sur place en demandant à Pera d’en prendre un : elle veut tenir un ticket VIP ! La femme rousse accepte et Korone la remercie avec un grand sourire.

– C’est vraiment sympathique de votre part !” dit Pera en s’adressant à Aya.

– Oui, c’est super gentil !” avoue Deshya avec le sourire.

Aya ferme son sac en le plaçant à nouveau sur son dos et leur rend leur sourire.

– Aucun souci, vous êtes de bons amis ! C’est normal ! Est-ce que vous pourrez tous venir ?

Pera acquiesce et Deshya lui dit qu’il n’y aura aucun souci. Korone est heureuse que ce soit possible, mais elle demande ensuite si Gatito aura l’occasion de venir, vu qu’il a souvent du travail.

– Ah, à propos de Gatito, il a été engagé par mon propre père pour surveiller l’hôtel. Nous n’avons jamais eu réellement de soucis, mais comme ça, il peut aussi venir et il y a un policier de confiance à l’hôtel. Certes, c’est un hôtel qui se trouve à Teuhl et non à Tetazo, mais la police de Teuhl est assez petite et accepte toujours l’aide de Tetazo,” leur explique Aya.

– Oh, est-ce vrai ? Mon mari ne m’a pas parlé de ce travail…

– Je suppose qu’il voulait nous faire la surprise !” présume Korone.

– Probablement.

Pera sourit, se disant que c’est bien le genre de son mari.

– Maruno viendra, tiens ?” demande Deshya, intéressée.

Aya acquiesce, mais elle touche sa propre bouche de son index.

– Je suis allée le voir juste avant vous et je lui ai donné son ticket et ceux pour ses parents, mais il m’a avoué qu’ils ne pourront pas venir à cause du travail, m’a rapidement embrassé sur le front avant de se renfermer chez lui. Je pensais qu’il serait tout heureux de me voir, mais il semblait pressé.

– Ah bon ? Pourtant, la dernière fois que tu es venu chez lui en surprise, il m’a envoyé un vocal juste après en criant à quel point il avait été heureux…” se souvient Deshya.

Elle avait eu le son à fond et tout le monde à la maison avait pû l’entendre alors qu’elle se trouvait dans le salon et ses parents dans la cuisine. Depuis, elle fait attention à toujours descendre le son lorsqu’elle écoute quoi que ce soit, vocal ou vidéo. Aya hausse les épaules.

– Il ne devait pas se sentir très bien, ce n’est pas trop grave. De toute façon, je compte l’inviter chez nous après l’hôtel, je suis certaine qu’il sera heureux !

– Oh, c’est vrai que le 24 Septembre…

– C’est le jour de l’inauguration, j’ai hâte !” lâche Korone.

Deshya baisse le regard vers sa petite-sœur et sourit.

– Ce n’est pas de ça dont je parlais, mais oui, c’est vrai.

– Il y a quelque chose d’autre ce jour-là ?” demande Korone.

Toutefois, Deshya regarde Aya et toutes les deux pouffent. Korone ne comprend pas, mais sa curiosité la force à insister sur la question. Deshya lui dit de quoi elle parle et Korone ouvre grand la bouche.

– Ooooh !!!

Deshya demande à Aya si ce samedi c’est bien passé pour eux et elle leur explique rapidement ce qu’ils ont fait, la série qu’ils ont regardé et qu’ils ont tous les deux jouer aux cartes. Après 5 longues minutes d’explication sans la moindre pause, Aya sort son téléphone pour regarder l’heure et avoue qu’elle doit aller voir un autre ami avant de rentrer, alors elle salue la famille Oveja en retournant à la voiture, là où l’attend sa mère qui vient de l’appeler. Pera ferme la porte derrière elle et reprend le ticket à Korone en lui disant qu’elle va les ranger quelque part pour s’assurer qu’ils ne les perdent pas. La petite-fille accepte et Deshya sort son propre téléphone en le fixant de longues secondes. Elle décide finalement d’appeler Maruno pour savoir s’il se sent bien, mais elle ne reçoit aucune réponse. Cela l’inquiète faiblement, mais elle se dit qu’il doit se reposer ou s’occuper à faire autre chose. Il est aussi possible que son téléphone soit bien plus loin de lui, ce qui peut arriver. Elle monte donc les escaliers sans y penser plus, retirant sa capuche.

– …

Le téléphone de Maruno vient de vibrer, mais il n’a pas été autorisé à le toucher, donc encore moins à répondre. Il aurait bien voulu savoir qui l’a appelé, bien qu’il suppose que c’est Aya, sa copine, mais il doit respecter les ordres de la personne cagoulée qui se trouve juste à ses côtés : sans son autorisation, il ne peut répondre à personne. Envoyer un message est interdit sauf si exception et à ce moment-là, la personne doit voir le message et vérifier que rien de codé n’a été inscrit dans les mots ou les phrases. Bref, Maruno est totalement contrôlé. Même lorsqu’il va aux toilettes, il doit être surveillé. Il n’y a aucune caméra à l’intérieur — ce que doute quand même Maruno — et la personne ne la suivra pas jusque-là, mais le garçon ne peut pas prendre son temps et sera fouillé directement après pour s’assurer qu’il n’a aucun papier caché ou quoi que ce soit. Vu que les toilettes de Maruno n’ont ni de fenêtre, ni de trous, il est autorisé à y aller sans être trop surveillé. Maruno soupire, assis sur son canapé, observant le ticket doré que lui a passé Aya. Il aurait bien voulu y aller avec ses parents, mais cela ne sera pas possible. Après tout, le 24 Septembre, lorsque l’hôtel FEDER va ouvrir ses portes pour la première fois—

– Ne fais pas une telle tête, Maruno.

La personne parle après de longues minutes de silence. Elle ne fait rien de spécial à part vérifier que Maruno ne fasse aucune idiotie, les bras croisés et assis sur une chaise en bois.

– Peut-être que tes parents ne sont pas là pour toi, pour l’instant, mais nous trois te surveillons, donc tu ne dois pas te sentir seul, n’est-ce pas ?

Maruno fronce les sourcils. Ce qu’il a appris hier l’a grandement dérangé, vu que cela l’empêche d’espérer avoir le moindre moment pour lui et alerter quiconque :

Il est surveillé par trois personnes.

Les deux autres sont totalement inconnus à Maruno. Cette personne restera à ses côtés le plus longtemps possible, bien qu’il devra parfois partir pour une question de travail ou de famille, ne pouvant pas disparaître pendant plusieurs jours sans donner une raison valable. Lorsque cette personne ne sera plus aux côtés de Maruno pendant plusieurs minutes ou heures, il sera surveillé par les deux autres personnes qu’il ne connaît pas, ni n’a pas encore vu. Il semblerait que l’une des deux a même été engagée pour surveiller Maruno la nuit entière, s’assurant qu’il n’essaie rien dans les alentours de 4 à 5 heures du matin. Lorsqu’il a compris qu’il était retenu par cette personne, Maruno avait encore eu confiance en ses chances de prévenir quiconque, mais vu toutes les précautions prises par cette personne, il semblerait qu’il peut abandonner l’idée de communiquer avec quiconque. Néanmoins, agir seul est aussi impossible sans risquer la vie de ses parents et la sienne. S’il meurt, cela ne signifie pas qu’Aya ne sera plus la cible de cette personne, donc se sacrifier n’est même pas un choix. La raison pour laquelle tant de précautions sont prises est celle qui a été donné par la personne hier soir :

– Parce que tu es un génie de l’école de Tetazo.

Maruno avait rigolé en avouant que c’est un titre exagéré offert par les élèves de son école, qu’il est plus normal qu’on ne le pense, mais cela n’avait pas du tout convaincu la personne. Elle lui avait dit que non seulement elle ne la croyait pas, mais de plus, même si cela s’avère être juste, il y a quand même le problème d’une de ses amies : ‘Deshya Oveja’. Maruno avait froncé les sourcils, mais il avait directement compris pourquoi la personne venait de dire cela. Maruno n’avait rien répliqué à ce commentaire et la personne avait ajouté qu’elle pourrait rapidement comprendre sa situation, surtout qu’elle a résolu il y a peu une affaire avec ‘Minos Kiyon’, l’aidant même à découvrir la vérité derrière les codes postés sur Sleeping Little Beauty. Bref, la personne qui retient Maruno et souhaite la mort d’Aya Deroom ne préfère pas qu’elle intervienne, ce qui pourrait gâcher les plans. Même sans elle, la personne est convaincue que Maruno n’est pas un garçon si ordinaire que cela et pourrait penser à un plan pour prévenir ses amis de ce qu’il se passe. Vu que le père de Deshya est un inspecteur policier bien populaire à Tetazo, s’il vient enquêter sur cette affaire… La personne préfère que cela n’arrive jamais. Maruno est donc assis silencieusement sur le sofa de son salon, les tentures fermées et ne laissant passer que très peu de rayons du soleil, regardant l’objet qu’il a dans les mains.

Un pistolet de couleur noir. Un vrai.

Il n’est actuellement pas chargé pour éviter qu’il tire sur la personne à côté de lui, bien que cela ne l’aiderait pas réellement : les deux autres personnes qui le surveillent s’occuperont directement des parents de Maruno et s’enfuiront par la suite, comme demandé. La personne a si confiance en elle-même qu’elle ne cache même pas une telle information au garçon qu’elle retient chez lui. Néanmoins, Maruno ne ferait pas une telle chose : certes, cela sauverait probablement Aya, mais ses parents périront, chose qu’il ne souhaite pas. De plus, Maruno ne souhaite pas tirer sur quiconque, encore moins tuer ou blesser fortement. S’il peut s’en sortir sans avoir à utiliser la violence, il en serait heureux, même si sa situation est si complexe qu’il n’en est pas si convaincu… L’arme qu’il a dans les mains est donc un pistolet assez basique, mais dont il connaît le nom, qui sera utilisé pour la mort d’Aya Deroom, sa copine qu’il aime tant. Le plan que lui a énoncer la personne à côté de lui était étrangement simple :

Le samedi 24 Septembre, pendant la fête d’inauguration de l’hôtel « FEDER », Maruno va leurrer Aya à le suivre dans les toilettes, que ce soit pour hommes ou pour femmes, et lui tirer une balle dans le cœur, plusieurs si besoin.

La raison pour laquelle il doit la tuer là-bas est qu’il y a une caméra de surveillance qui y sera plantée d’avance pour vérifier que Maruno agit réellement comme on lui demande. Elle ne pourra pas être trafiquée et uniquement la personne et ses deux collègues pourront la visionner, donc Maruno ne peut même pas espérer jouer avec la vidéo. De plus, dans les toilettes, il devrait être tranquille s’il choisit le bon moment. Il doit la tuer le plus rapidement possible et s’enfuir sans être repéré, même si Maruno sait qu’il sera simple de comprendre que c’est lui qui l’a tiré dessus. Toutefois, même si cela arrive et qu’il est arrêté, la personne lui a dit qu’il pourra avouer la vérité à la police et qu’il sera libéré de ses liens. La personne fuira, son but accompli, et laissera les parents de Maruno sortir de la salle obscure. Maruno n’aime quand même pas cela, surtout que rien ne dit que la personne n’est pas en train de mentir, mais il n’a de toute façon pas le choix que de l’écouter et d’obéir.

– Dites.

Maruno brise le long silence et tourne le regard vers la personne à côté de lui sans pour autant bouger la tête.

– Est-ce que cela est réellement tout ce que je dois faire ? Le plan s’arrête-t-il là ?” demande-t-il.

La personne ne répond pas dans l’instant, alors Maruno pense qu’il n’aura aucune réponse, mais à sa grande surprise—

– Tu t’occupes d’Aya Deroom, je m’occupe de ses parents. Comme je te l’ai dit, je veux que tu la tues après que Farhoü termine son petit ‘speech’ comme il fait souvent. Le père et la mère d’Aya connaîtront leur fin un peu après leur fille, ne t’inquiète pas… Bien évidemment, si tu veux crier dans la salle, pendant la fête, que quelqu’un te force à tuer Aya et que ses parents sont en danger, je tuerai directement les tiens. Après tout, des bombes sont placées un peu partout dans la salle… D’un seul bouton, je peux retirer l’âme de leur corps sans même être à côté.

Maruno grince des dents et la personne assise sur la chaise en bois ne sourit même pas, gardant sa concentration sur le garçon devant elle.

C’est bien donc la famille entière qui est menacée… Mais pourquoi sont-ils pris sur cible par cette personne ? En plus, pourquoi…

Alors qu’il réfléchit avec colère, une sonnerie retentit. La personne se lève en se pressant et sort de la pièce en désactivant le mécanisme qui lui permet de parler d’une voix différente. Maruno la regarde partir, observant ses vêtements, voyant la bosse dans son pull. La personne passe dans une autre pièce sans parler trop fortement, évitant d’être entendue par le garçon qu’elle retient. Maruno aimerait aller écouter la conversation pour en apprendre plus sur la personne et entendre sa réelle voix, mais il est surveillé par une caméra placée — ou plusieurs — dans ce salon, donc s’il ose bouger sans y être autorisé… C’est en levant les yeux qu’il remarque la caméra de surveillance cachée derrière le lustre du salon, mais il préfère ne pas trop longuement la fixer. Il dépose le pistolet devant lui, sur la table du salon, et grince des dents. Il reste dans ses pensées, attendant que la personne revienne. C’est quelques instants plus tard qu’elle retourne dans le salon, ayant activé à nouveau le mécanisme qui la permet de parler d’une voix robotique, donc irreconnaissable.

– Je dois m’occuper d’une certaine affaire, alors je dois partir. Tu es surveillé constamment, alors ne fais rien d’idiot. Si tu dois aller aux toilettes, tu y vas maintenant tant que je suis là, sinon tu attends que je revienne point barre. Si tu oses faire quoi que ce soit—

– Je sais.

Maruno dépose les deux pieds sur la table et soupire.

– Je n’ai pas besoin d’aller aux toilettes, j’attendrai, mais je me pisserai pas dessus si vous ne revenez pas avant longtemps.

– Tsk. Parler comme ça alors que tu es presque comme un otage… Je n’ai pas le temps pour ça.

La personne est clairement mécontente du comportement de Maruno, mais elle ne veut pas s’embêter avec son manque de respect et se dirige dans la cuisine. Une minute plus tard, la personne dépose deux bouteilles d’eau de 50cl devant lui, ainsi que de la nourriture qui se mange froide, et lui dit qu’elle devrait revenir bientôt. Maruno acquiesce en fermant les yeux, n’ayant pas le choix dans tous les cas. La personne reprend le pistolet de ses mains gantées, mais ne le range nulle part, avouant qu’elle va le prendre avec elle au cas où il tenterait quoi que ce soit d’idiot. Maruno avoue qu’il ne pourrait pas faire cela, mais la personne ne réplique rien et prend l’arme quoi qu’il advienne.

– Après tout, je ne veux pas voir mes parents mourir.

C’est ce que le garçon dit à l’adulte qui part donc du salon, laissant la surveillance de Maruno aux personnes qui l’observent depuis les caméras de surveillance dans le salon. Même s’il peut en voir une clairement, il doute qu’il n’y en a qu’une seule à l’intérieur de cette pièce. Maruno remarque que son téléphone ne se trouve nulle part, ce qui signifie que la personne l’a confisqué pendant et en même temps que le pistolet… Maruno soupire et attrape la télécommande de la télévision, l’allumant ainsi et regardant la chaîne d’info live.

Le soleil montre ses rayons pour commencer la nouvelle journée du lundi 19 Septembre. Il est encore tôt et certains adultes dorment encore, mais la plupart des enfants et adolescents se trouvent déjà dans les bus, les trains ou dans la rue, se dirigeant vers l’école pour cette nouvelle semaine qui commence. La fille au pull de renard foncé qui discute avec sa meilleure amie aux cheveux roses et son autre amie aux cheveux blancs bâille.

– Tu as mal dormi ?” demande Frie.

– Pas vraiment, mais j’ai pris un certain temps à m’endormir, vu que je regardais l’interview de Minos Kiyon avec Korone…” avoue Deshya.

– Ah, j’ai regardé un peu, mais je n’ai pas tout vu !” lâche Amora. Il parlait de l’enquête à propos de l’homme qu’il n’a toujours pas attrapé, c’est ça ?

Deshya approuve et tient les deux lanières de son sac.

– L’interview était plus longue parce qu’on a vu d’autres policiers qui ont discuté un peu, mais même si je comptais quitter bien avant que ça se termine, Korone voulait vraiment tout voir… Elle disait que peut-être elle aurait un indice dans leurs discussions.

– Elle n’a pas genre… 8 ans ?” demande Frie, étonnée.

– Ahah, c’est… C’est Korone, on va dire.

Deshya n’a pas une autre façon de l’expliquer. Frie ne comprend pas bien, mais Amora demande directement si Korone a compris quelque chose. Néanmoins, Deshya secoue la tête et avoue qu’elle-même n’a pas trouvé d’indice, ce qui ne l’étonne pas.

– Eeeh, donc Korone et toi-même avez regardé l’interview live d’hier !

Un garçon aux cheveux noirs, cachés majoritairement par une casquette ‘NY’, arrive de la ruelle d’à côté. Les trois amies l’observent et Amora lâche un grand sourire.

– Ah ! Salut, Raiji !

Le garçon porte les mêmes vêtements que ceux qu’il avait eu durant l’enlèvement de Deshya Oveja, lorsqu’il a dû porter l’argent dans le train et l’amener jusqu’aux ravisseurs. C’est aussi ce jour-là où il a fait la rencontre avec Korone, avant même qu’elle ne devienne la petite-sœur adoptive de Deshya.

– Tu vas bien ?” demande cette dernière.

– Un peu fatigué comme toi, pour la même raison,” répond-t-il.

Il s’incruste dans le groupe des filles, mais celles-ci n’ont pas de souci avec cela. Raiji et Frie ne se connaissent pas aussi bien qu’avec Amora, mais ils sont loin d’être en mauvais termes. Ils discutent tous les quatre ensemble, parlant de l’affaire de Sleeping Little Beauty ou de leur week-end, ainsi que de l’interview de Minos et des policiers d’hier soir. Lorsqu’ils arrivent tous à l’école, ils remarquent qu’encore une fois, une agglomération d’élèves s’est créée à l’entrée. Deshya soupire d’avance, étant certaine d’elle qu’ils se trouvent tous là pour une raison—

– Deshya ! Pourquoi tu n’avais rien dit quand on te demandait des informations, hein ?!

– Tu comptais cacher que tu étais sur une affaire avec Minos Kiyon, le grand détective ?!!

– Même moi, je pouvais pas savoir… ?

Les plaintes retentissent dans le groupe, ce qui embête Deshya. Elle leur explique qu’elle ne pouvait rien dire à ce moment-là, vu que si le public général venait à apprendre que des détectives étaient sur l’affaire, surtout quelqu’un comme Minos, alors les coupables auraient peut-être changé leur façon de faire, ce qui aurait tout gâché. Les élèves se plaignent en disant qu’ils ne sont pas des balances, mais Deshya secoue la tête et leur demande juste de passer, n’ayant ni le temps, ni l’envie de s’embêter avec une conversation si inutile. Cela ne plaît pas grandement aux élèves, mais ils comprennent qu’ils n’ont pas le choix et n’insistent pas plus longtemps. Certains n’abandonnent pas, mais Deshya ne leur offre aucune réponse.

C’est ça que ressentent les célébrités… ? Je les plains,” pense Deshya.

Lorsque la fille au pull renard arrive dans la cour de récréation, elle est rapidement saluée par une autre fille aux cheveux blancs, ces derniers plus longs que ceux de Frie.

– Bonjour, Deshya.

Des beaux yeux bruns rayonnants et des vêtements féminins, mais qui ne laissent que très peu de peau se montrer, la fille agite doucement la main devant elle. Amora, Raiji et Frie traversent la foule d’élèves qui se disperse avec tristesse et déception.

– Salut, Lam,” lui répond Deshya.

– Dans quelques semaines, tu vas devenir une réelle célébrité de Bélium, si ça continue !” lâche Lam.

– Tu dis n’importe quoi…

– Moi, j’pense aussi que c’est possible.

C’est Raiji qui avoue cela en souriant.

– T’as enquêté avec Minos Kiyon et il a même dit qu’il était impressionné par ton talent, c’qui est pas rien. Quand on tape ton prénom sur internet, on t’trouve très rapidement !” dit-il.

– J’ai vu l’une ou l’autre discussion sur Twatter, même l’une qui a été vue par énormément de gens,” ne cache pas Frie.

Deshya est embarrassée et ne sait quoi leur répondre, surtout qu’au fond d’elle, elle sait qu’elle devient de plus en plus connue. Le mois de Septembre n’est toujours pas terminé que sa popularité s’est multipliée de… beaucoup. Elle reste loin d’être une fille « connue » comme des gens comme Minos ou Ayumi, mais elle ne peut plus se cacher la face : si cela continue, comme ils disent, dans quelques mois, elle deviendra bien plus populaire.

– J’espère que tu parleras de nous, si ça arrive !

C’est une voix masculine qui retentit. Le groupe se retourne vers les deux garçons à la peau foncée. L’un des deux frères est vêtu d’un bonnet dont il ne se sépare presque jamais, tandis que l’autre ne cache pas son crâne rasé. Celui qui a parlé est le grand-frère, donc—

– N’est-ce pas Abdoul Ferino~ ?” sourit Raiji.

– Hey, c’est Raiji !

Leurs poings s’entrechoquent amicalement et Raiji fait cela avec Minoru aussi, le petit-frère d’Abdoul. Lam salue le garçon et ils discutent ensemble, tandis que Frie s’approche doucement de Deshya.

– Deshya, je voulais te demander rapidement…

– Qu’y a-t-il ?

– Tu pourras me dire où tu as acheté ta queue de renard, exactement ?

Deshya cligne des yeux et lâche un sourire taquin.

– Oh, tu aimerais une queue de renard comme moi~ ?

Elle la tapote du coude avec un ton moqueur et Frie rougit.

– P-Pour le coup, ce n’est même pas pour moi, mais j’ai honte de demander… !

– Hm, alors pour qui ?

– Tu sais, notre amie furry

– Ah !

Deshya ouvre grand la bouche et le reste du groupe se retourne vers elles. Frie rougit encore plus fortement et Deshya s’excuse avant de chuchoter à son amie qu’elle lui dira en rentrant aujourd’hui. La fille aux cheveux blancs attachés la remercie et retourne aux côtés d’Amora. En scrutant les environs, Deshya remarque du coin de l’œil deux autres de ses amis, tous deux assis sur leur banc habituel. Deshya s’excuse et salue son groupe d’amis, eux qui lui disent à bientôt. La fille mi-renarde marche rapidement vers le banc et arrivée là-bas, ses deux amis la remarquent à leur tour.

– N’est-ce pas notre renarde qui devient connue ?” la taquine déjà Tessa.

– Je ne suis pas encore connue…” avoue Deshya.

– Oh, salut, Deshya.

Contrairement à Tessa, Maruno ne montre pas d’énergie, ni d’envie de réellement parler. Deshya cligne des yeux en l’observant, mais Tessa soupire en croisant les jambes.

– Laisse-le, on dirait qu’il est malade…” dit-elle.

– C’est vrai ?” demande Deshya.

Maruno se gratte la joue.

– Je ne suis pas en forme et on dirait que j’ai attrapé un rhume en rentrant de chez Aya…” avoue-t-il.

– Eh… Elle m’a raconté à propos de vos deux jours ensemble. Elle ne peut pas attendre la prochaine fois que vous voyez.

– …

Mais Maruno ne répond rien. Deshya en est surprise vu que normalement, il parlerait bien plus d’elle, parfois oubliant même que ses amis sont à ses côtés. Tessa a failli le frapper le jour où il l’a coupé au beau milieu de sa phrase pour parler de l’odeur des cheveux d’Aya après une douche… Deshya s’en souvient bien : elle aussi veut se vanter de l’odeur des cheveux de Tessa…

– J’espère que tu te rétabliras rapidement, alors !” sourit Deshya.

– Hm, merci. J’espère aussi. J’ai épuisé la plupart de mon énergie en voyant Aya et vu que je suis un peu malade, ça n’aide pas…

Deshya est désormais assise à côté de Tessa, cette dernière admirant Twatter sur son téléphone.

– J’sais pas comment t’épuises ton énergie avec elle, mais j’suis certaine tu tiens pas deux rounds.

– H-Hein ?

Tessa sourit et Deshya en rigole, mais Maruno soupire avec le sourire, hésitant d’en rire aussi. Toutefois, il a une bonne raison de ne pas réussir à trouver la « joie suffisante » pour s’en amuser comme d’habitude…

Plus rapidement qu’ils ne l’auraient pensé, après une courte conversation, la sonnerie des débuts des cours retentit dans la cour de récréation. Les trois amis se lèvent ensemble et se saluent avant d’aller en classe, Tessa suivant Deshya, Maruno allant de l’autre côté. Le garçon s’arrête au milieu de son chemin et lance un regard rapide vers ses deux amies, mais il repart rapidement, ne prononçant pas le moindre mot.

Comme un lundi normal, les élèves travaillent sérieusement, écoutant leur professeur ou parfois rigolant à la bêtise d’un camarade de classe. Le soleil ne cache jamais ses beaux rayons et peu de nuages font surface dans le ciel bleu, ce qui incite Deshya et ses amis à manger à l’extérieur. Malheureusement, Amora n’a pas pris à manger, tout comme Raiji, donc ils vont en acheter à l’extérieur, ce qu’ils ont le droit grâce à l’accord de leurs parents, donc Deshya dévore ses tartines aux côtés de Lam, Abdoul, son petit-frère et trois autres amis de sa classe. Maruno est assis tout seul, observant la voûte céleste, tandis que Tessa est assise avec un ami de la classe d’au-dessus, qui lui a redoublé l’année dernière. Après un repas de midi bien chaleureux, ils retournent en classe et continuent de travailler jusqu’à la fin de la journée scolaire.

– Tu veux manger un goûter sur le chemin ? Il y a un magasin de bonbons qui a rouvert ses portes, ça serait cool d’y aller !

Amora discute avec Deshya, mais ils sont plusieurs dans leur groupe d’amis.

– Lam m’a proposé d’y aller et on sera plusieurs !” avoue Amora.

Son énergie est contagieuse et Deshya aurait normalement accepté, mais—

– Pas aujourd’hui, désolée,” s’excuse Deshya.

– Eeeh ?

– Je n’ai pas trop faim, donc ça serait du gâchis…

– Oh, je vois.

Il est clair qu’Amora est déçue : son expression ne ment pas. Deshya s’excuse à nouveau, mais sa meilleure amie promet que ce n’est pas grave, ce qui rassure la fille rousse.

De son côté, Maruno rentre chez lui, silencieux sur le chemin, n’admirant même pas le paysage qui se trouve devant lui. Non seulement le connaît-il par cœur, mais en plus, il n’a pas la tête pour profiter de la beauté de la ville de Tetazo. Il n’écoute aucune musique, vu qu’il n’a pas le droit d’utiliser son téléphone quoi qu’il advienne, et son esprit est ailleurs…

– C’est bien.

Maruno fronce les sourcils et tourne le visage : une personne capuchée arrive à côté de lui. Elle est cagoulée, mais vu que son visage est majoritairement caché par la capuche, il serait compliqué de le remarquer. Maruno aimerait sourire taquinement en lâchant sa prochaine phrase, mais il n’arrive même pas à le faire.

– Oser venir me voir dans la rue… Vous êtes confiant à ce point-là, hein ?

Cela fait sourire la personne qui ne peut s’empêcher de pouffer de sa voix robotique. Maruno aimerait tellement hurler à l’aide, vu que certains passants se trouvent dans la même rue que lui, mais cela le mettrait en danger, ainsi que ses deux mamans qui sont retenues… il ne sait où. Il préfère donc se taire et ne pas provoquer la personne qui est arrivée de nulle part.

– De ce que mes deux collègues m’ont dit, tu n’as rien tenté d’étrange, tu n’as rien dit que pourrait être un code et il semblerait que tu aies réussi à mentir parfaitement à tes deux amis… génies.

– Hmph. J’ai tellement de pensées en tête que je n’arrive pas à me bien me concentrer sur ce qu’on me dit, je dois éviter un maximum mes amis et vu que je vais devoir tuer ma propre copine, je n’arrive pas à me sentir heureux. Ma propre performance me fait pitié.

Maruno range ses mains dans les poches de son pantalon et claque la langue contre ses dents.

– Si je ne m’reprends pas rapidement, je suis certain que Tessa ou Deshya, voire les deux, vont comprendre que quelque chose cloche. Autant j’aimerais leur aide, là, je dois tout faire pour leur cacher la vérité… J’peux pas l’cacher, ça m’fait pas plaisir.

Il soupire.

– Bah, je dois faire en sorte de rester à ma place jusqu’à ce que mes parents soient libérés. Après ça, je ferai tout pour découvrir votre identité et vous voir pourrir en prison,” ose-t-il lâcher à la personne à côté de lui.

– Eh. T’as du mordant même quand t’es dans une position de faiblesse. On dit qu’les jeunes d’aujourd’hui sont faibles et froussards, mais certains d’entre vous ont un mental d’acier.

– J’suis juste moi.

C’est avec un minuscule sourire que Maruno lâche cette courte phrase. Il continue son chemin silencieusement, accompagné par la personne qui reste à ses côtés.

Arrivés chez Maruno, il ouvre la porte de sa clef et se débarrasse de son sac en soupirant. Il est à peine arrivé qu’il se retourne vers la personne.

– J’ai oublié de le demander, mais j’espère que mes parents sont bien nourris ou entretenus, hein ?” lâche-t-il, les yeux plissés.

La personne passe à côté de l’adolescent dans le couloir et rejoint le salon, répondant à sa question lorsqu’ils y sont tous les deux.

– Je prépare mon plan depuis un petit temps, tu sais. Des caméras un peu partout dans ta maison, un endroit fait exprès pour retenir tes parents et un plan, même si assez simple, pour se débarrasser de la famille Deroom lorsque leur hôtel ouvrira ses portes pour la première fois. Si je laisse tes parents mourir alors que tu peux vérifier leur état en live, ça gâcherait tout, vu que tu n’aurais plus de raison de m’écouter et vu ta personnalité, il est certain que tu préviendras la police ou tes amis quitte à mourir,” explique la personne.

– Longue phrase pour dire un simple « Oui ».

– J’aime bien les gens qui ont du mordant, mais n’en n’abuse pas, sale clébard.

Maruno claque de la langue à nouveau avant de s’asseoir dans le sofa de son salon.

– Est-ce que j’ai le droit de voir mes parents quelques instants ?

– Que si tu t’excuses pour ton comportement.

– … Pardonnez-moi.

– Voilà. C’est mieux comme ça.

La personne allume son ordinateur portable et quelques instants plus tard, il le retourne vers Maruno, lui permettant de voir l’image de ses deux mères qui sont de leur côté, mais dans la même pièce. Elles ne sont pas attachées l’une à l’autre, mais elles ont bougé depuis la dernière fois, et malgré la qualité de la caméra qui n’est pas parfaite, il remarque qu’elles bougent encore. Cette fois-ci, elles ne dorment pas, mais elles ne font pas grand-chose, comme si elles attendaient… quelque chose. Peut-être qu’on vienne les sauver. Peut-être leur inévitable fin. Peut-être autre chose. Maruno sourit et touche l’écran de sa paume droite, des yeux reflétant l’image de ses parents.

– Pardonnez-moi d’être si faible, mères…

Il ferme les yeux et soupire avant de se lever.

– C’est suffisant. Merci.

Il remercie la personne avant de demander l’autorisation d’aller chercher à manger, ce que l’adulte accepte sans problème. Maruno va donc prendre un goûter — choisissant une glace à la vanille — et la mange en observant le plafond, n’ayant pas grand-chose d’autre à faire.

– Tu rentres plus tard que prévu, chérie !

La mère de Deshya salue sa fille dans la cuisine. L’adolescente retire sa capuche et laisse ses oreilles de renard respirer après une longue journée de cours.

– Ah, pardon, j’ai pris mon temps,” avoue-t-elle, s’excusant. Il y a quoi comme goûter ?

– Pas grand-chose. Je pense faire les courses demain. Quoi que ce soit que tu veux de spécial ?

Deshya réfléchit et lui dit qu’elle va l’écrire sur la liste de course, ce qui plaît à sa mère. Korone salue sa grande-sœur, se trouvant sur une des chaises de la cuisine. Deshya s’approche d’elle et lui demande si elle va bien, ce que la petite fille répond « Oui » avec un grand sourire. Elle lui pose la même question et Deshya acquiesce avant d’aller chercher un yaourt au soja dans le frigo.

– Ah, aussi !

Deshya attrape une cuillère dans le tiroir avant de se souvenir ce qu’elle devait dire à ses parents — même si son père est toujours au travail — ainsi que Korone.

– Demain, j’irai à l’école un peu plus tôt,” prévient-elle. Je vais voir Tessa.

– Oh, je vois,” lâche sa mère, ne sachant pas quoi répondre.

– Rencard amoureux ?” demande Korone, les yeux remplis d’espoir.

Toutefois, Deshya pouffe et soupire juste après, baissant la tête tout en s’asseyant à côté de sa petite-sœur.

– J’aurai bien voulu, crois-moi, mais non…

– Pourquoi, alors ?” demande Korone, un peu déçue.

– Maruno semble être malade, donc on va lui faire une surprise !” avoue Deshya.

– Eeeh ?!

– J’espère qu’il ira mieux,” souhaite Pera.

Deshya acquiesce à nouveau et commence à manger son yaourt en discutant un peu avec sa famille. Après qu’elle ait terminé son goûter, elle monte dans sa chambre avec Korone. Elles discutent toutes les deux ensemble jusqu’au soir, au moment où Gatito hurle depuis le rez-de-chaussée pour les prévenir que le souper est prêt. Les deux sœurs descendent rapidement les marches d’escaliers et arrivent dans la cuisine en quelques secondes à peine. Parfois, Deshya arrive plusieurs minutes après, lorsqu’elle discute avec des amis ou est en pleine partie d’échecs, même contre un ordinateur. Lorsqu’elles sont à table, Gatito commence à parler.

– On a eu une affaire embêtante, aujourd’hui…” avoue-t-il.

– Quoi donc ?” demande sa fille aux cheveux roux, intéressée.

– Des marchands de drogue que nous chassons depuis un petit temps qui a été découvert un peu plus dans le nord de Tetazo.

– Oh, tu as été mis sur l’affaire ?” l’interroge sa femme.

Gatito enfourche sa nourriture dans sa bouche et répond après avoir avalé.

– Lorsque ce sont des affaires de marchandises illégales, c’est souvent Karine qui s’en occupe, mais j’ai été envoyé là-bas aussi avec quelques collègues pour qu’on puisse les arrêter,” avoue-t-il.

– Et du coup ? Vous avez réussi à les coffrer ?” demande Deshya.

– Pas tous ; c’est ce qu’Hanoka croit, en tout cas.

– Hanoka était là-bas aussi ?

Gatito acquiesce et Korone demande si ‘Hanoka’ est la détective aux cheveux roses qu’elle a rencontré à l’hôtel ‘Beleza Verde’. Deshya acquiesce avant de repenser à elle : elles ne sont vues qu’une seule fois, mais Deshya se demande si elles vont être mises sur une affaire à nouveau. Elle avait peut-être eu tort sur l’identité du coupable, mais elle avait montré une certaine intelligence, vu qu’elle avait compris l’astuce du meurtre en même temps que Deshya. Cette dernière y pense, mais des détectives policiers qu’elle connaît, les deux femmes — Hanoka et Mariah — semblent les plus douées. Certes, Sammy est loin d’être idiot, mais il est plus lent et parfois ne pense pas à certains détails. Elle ne veut pas le rabaisser, mais elle trouve cela amusant que les femmes semblent plus… ‘intelligentes’. Bien évidemment, Deshya voit Sammy comme un bon détective : elle a juste été plus rapide que lui sur les enquêtes où ils étaient ensemble. La fille espère revoir Hanoka bientôt, vu qu’elle l’aimait bien.

Après le souper, Deshya s’occupe de ranger la vaisselle et monte ensuite avec le reste de sa famille. Korone et elle se brossent les dents avant d’aller dans leur chambre, discutent ensemble et vers 22h, Deshya éteint la lumière, va dans son lit et s’endort avec sa petite-sœur, cette dernière profitant de la douceur de la queue de renard de Deshya.

– Je suis là !

La fille à qui Deshya s’adresse ouvre son œil gauche et regarde son amie qui s’approche d’elle en respirant rapidement.

– Tu as couru, on dirait.

Deshya acquiesce et la fille qui cache son visage sous une capuche décroise les bras, s’approchant de son amie.

– Il est l’heure qu’on avait convaincu, je suis étonnée. Je m’attendais à te voir arriver plus tard, sans être méchante.

Deshya soupire longuement et reprend sa respiration avant de sourire à pleine dent.

– J’ai mis un réveil pour être certaine de me lever à temps ! Bon, ça a réveillé ma petite-sœur, mais elle s’est juste… rendormie.

– C’est vrai qu’elle n’a pas encore école, elle,” pense la fille qui retire sa capuche.

Elle secoue ses cheveux mauves et montre sa beauté à celle qui l’aime ‘secrètement’.

– Bah, je suis arrivée ici il y a à peine 5 minutes, donc tout va bien,” sourit Tessa.

Deshya lâche un acquiescement avant de remettre correctement le sac sur son dos.

– Le p’tit soleil va pas se sentir mal d’aller toute seule à l’école, tiens ?” demande Tessa, touchant la lanière de son cartable.

– Je l’ai prévenu hier soir et elle m’a dit que ça la dérange pas, vu qu’elle compte chercher Alec sur le chemin.

– Ah, okay. Parfait, alors.

Tessa sourit.

– Préparons le cadeau pour Maruno, d’accord ?

Deshya acquiesce et sourit à son tour.

Comme à son heure habituelle, Maruno arrive à l’école dans la foule dispersée d’élèves qui se préparent pour les cours. Toutefois, contrairement à la majorité du temps, Maruno ne montre aucun sourire ou joie d’être ici. Certes, il n’a jamais adoré l’école au point de se sentir heureux en arrivant ici, mais jamais ne fait-il une telle tête. Il lâche un regard rapide derrière lui, ensuite scrute les environs avec vitesse, mais il finit par soupirer en baissant les épaules, continuant son chemin. Il se dirige vers le banc où il s’assoit toujours et remarque que Tessa s’y trouve déjà. Ce qui le surprend est de voir Deshya à ses côtés, en train de discuter tranquillement avec la fille sur laquelle elle crush. Maruno s’y dirige plus rapidement avec un regard étonné et s’arrête devant le banc.

– Ah, Maruno !

– Hey !

Les deux filles lui sourient tout en le saluant. Maruno fait de même et déglutit.

Est-ce qu’elles auraient compris ma situation… ?” se demande-t-il, de l’espoir dans les yeux.

Si Deshya se trouve ici en avance, il est fort probable que ce soit le cas, sinon, elle serait venue un peu plus tard, accompagnée d’Amora et probablement de Lam ou même Raiji, son nouvel ami. Tessa lui dit qu’elle a quelque chose pour lui dans son sac et Maruno plisse les yeux, récupérant un sourire sur son visage…

– Tiens, un cadeau !

Mais elle lui offre une boîte de donuts.

– Des… donuts ?” pose-t-il avec étonnement.

Tessa acquiesce, continuant de lui tendre le paquet de donuts.

– Ne t’inquiètes pas, la boîte est toujours fermée et on n’y a pas touché, si tu penses que j’aurai mis quoi que ce soit dedans,” la rassure Tessa.

Maruno ne sait pas comment réagir face à ce cadeau surprise.

– … M-Mais… Pourquoi ?

Deshya et Tessa clignent des yeux avant de se fixer l’une l’autre. Les secondes passent et la fille au pull de renard penche la tête vers la droite.

– Comment ça, pourquoi ?

– Tu te sens malade et tu n’as pas l’air dans ton assiette, donc on penserait que ça te ferait plaisir,” avoue Tessa.

Maruno reste immobile, debout devant elles, mais il finit par sourire en soufflant du nez, amusé. Il attrape la boîte de donuts et s’assied à côté de Tessa.

– C’est vrai que j’ai un peu la tête dans le brouillard. Merci, Tessa. Merci, Deshya.

– De rien ! C’est Tessa qui y a pensé !” avoue Deshya avec le sourire.

Maruno regarde la boîte de donuts, mais comme Tessa l’a dit, il n’y a rien de spécial dessus. Pas de notes accrochées, pas de trous où elle aurait pû cacher quelque chose à l’intérieur, rien d’étrange : juste une boîte de donuts qui n’a pas été touchée.

– 6 donuts… J’en mangerai un en rentrant chez moi,” lâche Maruno.

– Profite bien !

Tessa lui tapote l’épaule et Maruno se réjouit d’avance d’en goûter. Les deux filles sont heureuses que cela lui fasse plaisir et discutent ensemble jusqu’au début des cours.

Au milieu du cours de mathématiques, Maruno analyse sa classe en essayant d’être le plus discret possible. Il peut se permettre d’être déconcentré pour l’instant, vu que le sujet dont parle le professeur lui est déjà connu à la limite du par cœur. En scrutant la classe, Maruno remarque une caméra cachée, presque invisible sans réellement la chercher, sur le haut d’une étagère métallique. Maruno n’en voit pas d’autre, mais vu le niveau de préparation de cette personne, il se doute qu’elle est la seule caméra dans la pièce. Il soupire donc et tourne à nouveau son regard sur son travail.

Même des caméras en classe… Ils ne veulent vraiment aucun risque, hein. Toutefois, ils ne sont pas si intelligents que ça.

Maruno plisse les yeux.

Il aurait été bien plus intelligent pour eux de me forcer à commettre le crime en me retenant dans leurs liens bien plus tard, un jour avant que l’hôtel « FEDER » ne soit ouvert… Je suppose que cette personne n’était pas convaincue que j’accepterai, donc elle voulait s’assurer que si je refuse, elle puisse trouver quelqu’un d’autre ? Elle veut donc réellement la mort d’Aya et de ses parents ce jour-là… Pourquoi ?

Toutefois, même s’il aimerait y réfléchir, il n’en a pas l’occasion : une fiche est placée devant lui. Le professeur explique aux élèves, tout en passant autour de chaque banc, que c’est un test surprise sur le sujet de mathématiques qu’ils ont appris jusqu’ici. Maruno observe la feuille en regardant son contenu et ses questions avant de sourire.

Je connais les réponses de toutes les questions… Un 10/10.

Il commence à écrire avec rapidité et assurance lorsque le professeur leur donne le feu vert, souriant. Quelques minutes plus tard, il rend la fiche au professeur qui le remercie. Maruno tourne sa tête et observe le paysage à travers les fenêtres de la classe, un air songeur sur le visage. Il se demande si tout va bien se passer… S’il réussira à sauver tout le monde. Ses propres parents, ceux d’Aya et sa copine elle-même. Le problème qu’il rencontre avec cet espoir…

Mes propres capacités.

Un manque de confiance en soi — ou plutôt, il est CONVAINCU d’être moins doué que ses deux compères, Deshya Oveja et Tessa Merossa. Elles sont plus intelligentes et observatrices que lui. Que son ‘génie’ est moins impressionnant que le leur. Si c’était l’une d’elles dans cette situation, il est certain qu’elles trouveraient un moyen de s’en sortir bien plus vite… mais lui, il ne sait pas. Il a trop peur. Ses émotions jouent beaucoup sur lui. Il ne veut pas prendre ce pistolet dans ses mains… Certes, personne ne voudrait tirer sur la personne qu’ils aiment, mais Maruno n’a aucune idée de comment s’en sortir tout seul. Peut-être que Deshya, celle qui arrive à résoudre des affaires criminelles compliquées, ou Tessa, celle au sang froid et qui a des yeux de rapace, le sauraient, elles…

Toutefois, Maruno n’abandonnera pas. Même au moment même où il visera ce pistolet devant Aya, si cela arrive, il n’abandonnera pas.

Il compte sauver tout le monde. Même si sa situation est perplexe, il s’assurera que personne ne meurt. Cela seul ou avec l’aide des autres.

– Merci encore pour les donuts !

Maruno remercie ses deux amies en les saluant et rentre chez lui en prenant le train. Il regarde la boîte de donuts qu’il a dans les mains, mais il décide de ne pas l’ouvrir pour une raison bien précise. C’est en arrivant chez lui qu’il comprend qu’il avait eu bien raison de ne pas y toucher plus que cela.

– Je vois que tu n’as pas ouvert la boîte de donuts. Tu supposais que si tu le faisais, j’aurais cru qu’il y avait quelque chose caché dessus ou dedans, n’est-ce pas ?

La personne accueillie Maruno avec les bras croisés, lui parlant sans même un bonjour. Le garçon ferme la porte d’entrée derrière lui et ensuite donne la boîte de donuts à la personne en se débarrassant de sa veste.

– J’ai besoin d’être fouillé aussi ?” demande Maruno, se préparant déjà à devoir donner tous ses habits.

– Mes deux hommes t’ont bien surveillé et tu sembles calme, donc cela ne sera pas nécessaire. De plus, ils m’ont dit que tu avais mis la boîte dans ton sac et tu n’y avais plus touché, excepté rapidement dans le train.

Ils m’ont aussi suivi dans le train, hein…

Cela ne l’étonne étrangement pas et hausse les épaules en continuant son chemin, entrant dans le salon avec la personne qui analyse la boîte de donuts. Elle s’assied sur sa chaise et observe les étiquettes, vérifie si aucun mot n’a été changé ou effacé pour former un code et vérifie finalement l’intérieur de la boîte… mais il n’y a que six donuts aux goûts différents. Rien d’étrange. La personne rend donc la boîte à Maruno en acceptant qu’il les mange. Maruno la remercie à contre-cœur et observe les donuts en se demandant lequel manger.

– Je trouve ça quand même inutile de vérifier son contenu,” avoue Maruno. C’est plutôt moi qui devrait leur donner quelque chose que l’opposé. Vu que je n’ai jamais expliqué ma situation, elles ne pourraient rien m’offrir qui m’aiderait, non ?

Maruno pose cette question en attrapant un donut au glaçage chocolat, le plus basique des six. Il donne la boîte à la personne pour qu’elle la range quelque part et l’adulte lâche un bruit mécontent.

– On sait jamais, avec vous trois. Je n’ai pas préparé tout ça pour me foirer en milieu de routes !

– On reste que des gosses…” lâche Maruno en croquant dans son donut.

– Ouais, des gosses qui résolvent des affaires criminelles, sauvent des gens d’un train qui détiennent des bombes et même travaillent avec Minos Kiyon. Des gosses !!

– Vous parlez de Deshya et Tessa. Je n’ai rien fait d’aussi impressionnant.

Maruno savoure le goût du donut avec joie. La personne revient dans le salon et pose son dos sur le mur, les bras croisés.

– Je préfère me méfier de l’eau qui dort.

– Bonne mentalité.

Maruno sourit en déposant ses pieds sur la table, remerciant encore Deshya et Tessa dans sa tête. Il lui est même impossible de cacher ce qu’il ressent et des débuts de larmes se forment dans ses yeux, une boule dans la gorge. Il fait de son mieux pour ne pas pleurer et la personne ricane à côté de lui. Il fronce les sourcils et se tourne vers l’adulte.

– Pas besoin de pleurer pour ça, Maruno,” dit-elle. Tu vas juste tuer ta copine que tu connais depuis quelques mois. Juste exorciser une fille qui vient d’une famille de démons.

Maruno grince des dents et fixe la personne d’un regard enragé, mais l’adulte hausse simplement les épaules. Maruno veut répliquer et laisser sa rage devenir mots… mais il soupire finalement et continue de manger son donut sans arrêter de plisser les yeux, agacé. C’est au même moment que la sonnette retentit dans la maison. La personne fronce les yeux et Maruno ne cache pas sa surprise.

– Hey, qui est à la porte ?

C’est la personne qui demande cela, mais elle ne s’adresse pas à Maruno : elle parle dans le petit microphone qui est accroché dans ses vêtements.

– C’est juste une… petite-fille,” avoue la femme.

– …

La personne regarde Maruno avant de lui tourner le dos.

– Je reste dans la cuisine pendant que tu lui parles, mais ne prends pas ton temps et—

– Je sais, je sais, si je tente quoi que ce soit, mes parents meurent, blabla. C’est bon.

Maruno termine son donut et se lève de son sofa, se dirigeant dans le couloir en rangeant une main dans sa poche de pantalon. Il s’approche de la porte d’entrée et l’ouvre en se demandant qui pourrait avoir sonner, espérant que cela pourrait être Tessa ou Deshya…

– Bonbour !!

Mais c’est une fille aux longs cheveux blancs, purs comme la neige, un mignon sourire et une expression rayonnante qui se présente à lui.

– Ko-Korone ?! Qu’est-ce que tu fais ici ?!

La petite-sœur adoptive de la famille Oveja pouffe, les deux mains dans le dos. Maruno secoue la tête.

– Attends, attends, comment tu sais même où j’habite, en fait ??

La personne qui écoute leur conversation plisse les yeux, se demandant si cette ‘Korone’ n’est pas la petite-fille qu’a gardé Gatito après l’affaire des deux meurtres dans le bus…

– Eh bah, grande-sœur m’a dit que tu te sentais pas au top, alors j’ai voulu te faire un cadeau aussi ! Pera m’a amenée ici en voiture, vu qu’elle avait un peu le temps, hihi !

Elle agite ses deux mains derrière son dos.

– Pera est restée dans la voiture car elle veut qu’on parte vite, alors je te donne un cadeau à mon tour !

Korone sort enfin les mains de son dos et tend quelque chose à Maruno : son cadeau.

– J’espère que t’iras mieux, monsieur le beau-gosse !

Un beau collier simple avec un « M » comme pendentif.

Le garçon devant la petite-fille prend son temps à observer le collier avant de l’attraper doucement et lentement, l’observant de gros yeux. Korone explique rapidement qu’elle l’a vu dans une vitrine et vu qu’il avait l’air de qualité sans être trop cher, elle a demandé à Deshya si elle pourrait l’acheter comme cadeau pour lui, de sa part. Deshya avait voulu payer dans ses 10 000 euros pour Korone, mais Pera a accepté de l’acheter elle-même en trouvant cela très mignon de leur part. Maruno le tient fermement dans sa main avant de lâcher un magnifique sourire.

– Merci. Réellement.

– De rien !” lâche Korone. Diiis, j’ai vu la copine de monsieur beau-gosse, mais je peux voir les parents de monsieur beau-gosse ?

La personne qui écoute la conversation depuis la cuisine fronce les sourcils, mais Maruno répond directement à la petite-fille, tout en se baissant :

– Désolé choupinette, mais mes parents sont encore au travail.

– Maaaaw, je les verrai un jour ?

Maruno ouvre la bouche, mais il reprend rapidement son sourire avant d’acquiescer.

– Bien sûr.

– J’ai hâte !! Portes-toi bien, monsieur le beau-gosse ! Rétablis-toi bieeen !!

Korone agite sa main droite et s’éloigne de la maison en sautillant, ce que trouve Maruno extrêmement mignon. Maruno la remercie en la saluant à son tour. Il retourne chez lui en fermant la porte derrière lui, admirant le collier que vient de lui offrir Korone. Certes, il possède un design simple, mais l’intention de la petite-fille lui fait énormément plaisir et de plus, il est réellement joli.

– Montres-moi ça.

Maruno qui souriait jusqu’ici plisse les yeux. La personne tend la main, obligeant Maruno à lui passer le collier. Il hésite, mais il soupire, comprenant qu’il n’a pas le choix. La personne l’observe en fronçant les sourcils.

– J’ai eu peur quand elle t’a demandé pour tes parents…

– C’est qu’une petite fille ! En plus, comme si j’allais lui dire quoi que ce soit. J’ai promis de ne rien dire.

Maruno croise les bras après avoir dit cela, mais il ne semble pas convaincre l’adulte en face de lui. Remarquant qu’il n’y a aucun transmetteur, microphone ou autre sur le collier, il le rend à Maruno sans rien rajouter. Le garçon sourit à nouveau et le place autour du coup en l’observant joyeusement.

– Il est beau… Merci encore, Korone.

– J’ai offert le cadeau à monsieur le beau-gosse !

Korone est désormais chez elle, saluant sa grande-sœur qui vient de descendre dans le hall d’entrée.

– Il a bien aimé ?

– Il semblait aimer beaucoup !

– Eeeh, parfait, alors ! C’est très sympathique de ta part, Korone.

Deshya lui caresse les cheveux avant que toutes deux aillent dans la cuisine. Leurs parents s’y trouvent déjà, assis et de la nourriture en face d’eux et bien plus tard, dans les alentours de 22h à nouveau, les deux filles s’endorment ensemble.

Le jour d’après, le garçon aux cheveux noirs soupire, assis sur son banc habituel. Il peut entendre Deshya et Tessa discuter avec Amora, Lam et Raiji, dont Frie, toutefois, Maruno n’arrive pas à bien se concentrer sur ce qui est dit parce qu’il pense trop à—

J’ai envie de revoir chou. J’ai envie de la prendre dans mes bras. L’embrasser. Dormir avec elle. J’en ai marre… Je ne sais même pas si j’arriverai à la sauver et en plus, je ne peux presque plus lui parler. Je dois trouver des excuses bidons comme « Oh pardon, je m’endors vite et je me repose beaucoup pour me rétablir ! Lol ! ». Quelle situation de merde.

Il soupire longuement à nouveau et place sa tête entre ses deux mains. Ses amis ne viennent même pas lui parler ce mâtin et il a mal dormi : il a cauchemardé de la mort d’Aya par ses propres mains, ayant tiré une balle de pistolet dans son cœur. Les journées lui semblent longues et interminables et pourtant, samedi approche… Il aurait préféré qu’il ne vienne jamais. Pouvoir mourir en se suicidant et revenir dans le temps comme dans ‘Back Cat Time’. Néanmoins, il ne veut même pas tenter une telle idiotie, vu que ce n’est pas une fiction. La sonnerie des cours retentit et Maruno se lève en gardant la tête baissée, ignorant les gestes amicaux de Deshya et Tessa, voulant réellement que le temps s’arrête une bonne fois pour toute.

Il ne veut pas que samedi arrive.

Des heures plus tard, dans les alentours de 14h25, Maruno joue au solitaire en s’amusant faiblement. Il aurait préféré faire autre chose, mais vu que ses mouvements sont très limités et qu’il est surveillé par la personne qui reste à côté de lui constamment, il préfère tout simplement jouer aux cartes tout seul. Il aurait pû regarder la télévision, mais il ne ressent pas l’envie de rire devant des dessins-animés. Alors qu’il prend une carte en main, quelque chose se passe d’inattendu :

Un hurlement depuis l’extérieur.

Maruno fronce les sourcils, même réaction que la personne à ses côtés qui se lève. C’est une femme qui vient de crier, mais cela n’avait pas l’air d’avoir été de douleur, plutôt—

– « Arrêtez-la »… ?

C’est ce que pense avoir entendu Maruno. La personne rapproche le microphone dans les plis de ses vêtements de sa bouche.

– Oi, il se passe quoi ?” demande-t-elle.

Quelques secondes passent sans réponse, ce qui impatiente grandement la personne, mais finalement, la femme qu’elle a engagé donne son explication.

– Une femme semble poursuivre un voleur… Non, une voleuse ? Je ne saurai pas dire.

La personne plisse les yeux—

— mais au même moment, elle reçoit un appel.

Elle attrape son téléphone avant de s’éloigner, insistant à Maruno qu’il doit rester dans le salon. Celui-ci plisse les yeux, mais il acquiesce en s’asseyant à nouveau sur le sofa. Quelques secondes à peine passent quand la personne revient dans le salon.

– Je dois m’absenter quelques instants.

– Hm, okay.

Maruno acquiesce à nouveau et continue de jouer, ne s’intéressant pas plus aux mouvements de la personne. Cette dernière s’en va donc de la maison en courant. Ce n’est bien que plus tard qu’elle reviendra, allant se reposer dans la chambre des parents de Maruno. Quelques heures plus tard, ils vont tous les deux dormir.

Après un jeudi peu intéressant, la journée du vendredi 23 Septembre arrive. Ce jour-là—

– Demain soir, l’hôtel « FEDER » va enfin ouvrir ses portes ! Son jour d’inauguration ne sera que pour des membres VIPs et invités pour l’occasion, mais sur les réseaux sociaux, beaucoup en parlent déjà !

Une femme aux cheveux courts châtains parle avec excitation. L’homme à la caméra bouge lentement en suivant la journaliste qui se trouve tout près de l’hôtel, son immensité visible derrière elle.

– Je suis justement devant cet immense hôtel. 55 étages, 265 mètres de haut et un dernier étage plus grand que les autres, c’est désormais l’un des plus grands bâtiments de tout le pays, mais surtout le plus haut hôtel, surpassant même le « Deus Naturae » de Bexel !

La femme ne cache pas son excitation, bien qu’elle garde un maximum de son sérieux. Elle continue de marcher dans la rue avant de tomber sur quelqu’un, même si cela n’est pas un hasard.

– « Farhoü Deroom », l’homme derrière cet hôtel et directeur actuel de la compagnie « Lordly », a accepté de nous parler un peu de cet hôtel ! Bonjour, Farhoü.

C’est un homme assez grand, mais a l’air amical. Ses cheveux noirs et bouclés ressemblent à ceux de ‘Dash Tarway’, mais sans être colorés. Toutefois, il est bien moins musclé et sa peau est encore plus foncée.

– Bonjour et enchanté.

Sa voix est assez posée et calme.

– Vous nous avez dit que vous accepteriez de nous parler un peu de l’hôtel et de son jour d’inauguration. Qu’avez-vous de prévu pour ce grand jour ?” demande la femme, pointant désormais le grand microphone vers l’homme.

– Pour vous être honnête, nous n’avons pas prévu énormément d’activités. Comme d’habitude, ma femme et moi-même parleront un peu sur scène en portant un toast pour les invités et les remercier de leur venue, mais sinon, nous n’avons prévu qu’une chose de spécial. Nous comptons préparer des activités lorsque l’hôtel sera ouvert pour le public, surtout qu’il sera possible de commander une chambre dès la semaine prochaine !

La voix de Farhoü ne cache pas sa propre excitation : c’est un projet qui a commencé il y a des années et enfin il voit le jour, terminé. Comment pourrait-il se calmer alors que dès demain, l’hôtel « FEDER » va recevoir ses premiers invités ?

– Est-ce qu’il sera possible de voir l’intérieur en live ?

– Nous n’avons prévu aucune diffusion live de notre part, mais les vidéos ou streams de nos invités VIPs ne sont pas interdits. Bien évidemment, nous demandons de ne pas commencer à filmer tous les étages et tout ça, mais pendant le discours et le toast, tout stream ou vidéo est la bienvenue !

– C’est super !

– Toutefois, j’accepte de parler dès maintenant de la surprise que nous avons prévu pour demain.

Farhoü sourit en croisant les bras.

– Après le discours et que la fête ait commencé dans le dernier étage de l’hôtel, nous permettrons à l’un de nos invités de gagner une moto 212 chevaux, fibre de carbone et de la marque « Sprinter ».

– Réellement ?! Est-ce que cela signifie que « Sprinter » est un des sponsors de l’hôtel ?

Farhoü acquiesce avec le sourire.

– Ils ont accepté de nous offrir l’une de leur dernière moto pour la faire gagner dans un tirage au sort. Bien évidemment, vu qu’il y aura aussi des enfants dans les invités, si l’un d’eux vient à remporter le prix, nous offrirons la moto à leur parent ou s’ils ne sont pas intéressés, nous recommencerons et leur offrirons quelque chose d’autre, comme des friandises ou du chocolat « Lechien »,” explique Farhoü.

– C’est réellement excitant et sympathique de votre part ! Vous semblez réellement heureux de la construction de cet hôtel.

– C’est bien le cas.

– Comment allez-vous descendre la moto, si puis-je me permettre ?

– L’hôtel possède plusieurs ascenseurs, mais l’un d’eux est différent, vu qu’il est plus grand et permet la transportation de lourds objets, mais aussi de gros objets. Ce n’est rien de bien spécial, mais nous descendrons la moto depuis cet ascenseur, aussi simple que cela.

La femme l’écoute attentivement et Farhoü parle sans bégayer, sans fourcher sa langue ou sans hésiter sur ses mots, comme s’il avait préparé cet interview à l’avance. Elle lui avoue que c’est excitant de l’apprendre et qu’elle a hâte d’être demain. Farhoü ne cache pas qu’ils vont faire un jeu de lumière sur les murs de l’hôtel, mais il n’en dit pas plus pour l’instant.

– Est-il possible d’en savoir un peu plus sur les invités VIPs ?” demande la journaliste.

– Nous aurons des personnes plutôt importantes dans tout le pays, même l’un ou l’autre des pays environnants ! Il y aura aussi des amis de notre famille, que ce soit les miens, ceux de ma femme ou de ma fille.

La journaliste continue de parler, bien qu’il soit clair que l’interview arrive à sa fin. L’image de la femme et de Farhoü qui discutent ensemble est visible sur la télévision d’une personne qui mange des céréales devant l’écran, assise sur un sofa assez vieux.

– Un grand jour pour vous, hein…

Il murmure dans sa barbe des mots emplis de—

– Un grand jour de malheur, oui.

haine.

– Même le pire des jours pour vous, famille de démons.

La personne se met à rire, renversant même un peu de lait du bol sur elle. Elle sait que demain, ce fameux samedi qui doit être un jour de fête… deviendra la fin de la famille Deroom.

De ses propres mains et de celles de Maruno, le copain de leur fille.

La personne continue de ricaner en terminant ses céréales et ensuite s’habille, sortant de sa maison pour se préparer à travailler. Elle a hâte d’être demain. Elle a si hâte.

– Ah… Ah…

Maruno soupire longuement en arrivant à l’école : la sonnerie retentit déjà. Il s’est réveillé un peu trop tard et a failli raté son bus, vu que cette fois-ci, il a décidé de ne pas prendre le train. Tetazo est loin d’être une petite ville et il y a un train spécial pour des courts trajets qu’il prend toujours, mais vu qu’il s’est réveillé trop tard, il n’a pas pû entrer dedans : il était déjà parti. Maruno aurait voulu discuter un peu avec ses amis, mais il comprend qu’il devra attendre le temps de midi pour avoir l’occasion de leur parler.

Contrairement aux autres jours de cours où il a réussi à se concentrer sans trop de problèmes, cette fois-ci, Maruno a du mal. Demain approche à grand pas et si aucune solution ne lui vient pour sauver Aya, alors… Alors…

Je ne peux pas essayer de changer le pistolet sans qu’il le remarque et prévenir Aya m’est impossible… Je pourrai peut-être tenter durant le discours de demain, mais même si je fais ça… Quoi, après ? Je pourrai sauver Aya et peut-être ses parents, mais les miens se feront tuer.

Et cela n’est pas une option à ses yeux. Sauver tout le monde est une nécessité. Il se demande ce qu’il se passera si le stress joue tant sur lui qu’il n’arrive pas à tirer sur Aya, s’il ne trouve pas d’autre solution… S’il finit par ne pas y arriver, que va-t-il se passer ? Aura-t-il droit à une seconde chance ? Il secoue la tête : il est certain que cela n’arrivera pas. Si Aya réussit à fuir, elle préviendra probablement ses parents et tout le monde. Même si Maruno pourrait expliquer la situation, la confiance sera brisée. Être son copain ne sera plus une option. L’amour entre eux disparaîtra — Aya aura même peur de lui. Il ne veut pas d’une telle chose… Maruno—

– Voici le résultat des tests que vous avez passés ce mardi.

Le professeur de mathématiques sort Maruno de ses pensées qui ouvre grand les yeux. Il regarde le professeur qui lui rend sa fiche et le garçon observe son résultat. Quelques secondes passent et il finit par sourire. La fille sur le banc d’à côté demande à son ami s’il a eu des bons points en montrant sa propre fiche : elle a eu un 9.5/10. Maruno garde son sourire et la félicite avant de tapoter sa propre feuille.

– Un 10/10 grâce à des amis en or.

La fille cligne des yeux, incertaine d’avoir compris la signification de ses mots. Remarquant le manque de compréhension dans les yeux de la fille, Maruno se frotte les cheveux.

– J’ai étudié un peu avec des amis avant, pour ce sujet, c’est ça que je veux dire,” avoue-t-il.

La fille dit qu’elle voit et Maruno continue de regarder sa feuille avant de la ranger, heureux.

La sonnerie de la fin des cours retentit dans les bâtiments scolaires. Maruno range rapidement son sac avant de filer hors de la classe, courant ensuite dans les escaliers et arrivant finalement dans la cour de récréation. Lorsqu’il y dépose les pieds, une fille rousse s’approche de lui en le saluant.

– On ne t’a pas vu ce mâtin, Maruno !” lui dit Deshya.

– C’est car il dort trop, ce p’tit.

Tessa arrive derrière Deshya, les mains dans les poches et un chewing-gum en bouche. Le garçon se retourne vers elles et sourit.

– Au moins, je suis rétabli,” avoue-t-il.

– Tu n’es plus malade ?” demande Tessa.

Tous les trois marchent dans la cour de récréation et Maruno acquiesce, ce qui rassure Deshya.

– Tu as eu combien au test surprise ?” demande la fille. Nous deux, on a eu 10/10, donc—

– Pareil !

Maruno coupe Deshya en tirant la langue.

– Je suis un membre des Renards Associés, n’est-ce pas ? Si je n’avais pas 10/10 sur un tel test, ça serait triste. Moins triste que si c’était Tessa qui n’avait pas eu un 10/10, vu qu’elle a redoublé deux fois.

Tessa fronce les sourcils.

– Aaah ? T’as doublé aussi.

– Oui, mais pas deux fois.

– T’inquiètes, tu redoubleras cette année j’rigolerai d’toi.

– Ah ?!

Maruno commence à se chamailler avec Tessa et Deshya pouffe en secouant la tête : cela leur ressemble bien. Ils continuent leur chemin ensemble jusqu’à une certaine intersection où les trois amis se séparent. Quelques instants après à peine, une fille aux longs cheveux roses arrive derrière Deshya.

– D-Deshya !

La fille rousse se retourne et demande ce qu’il se passe. Amora reprend son souffle avant de sourire en agitant les poings devant elle.

– Dis, dis, tu veux venir dormir chez moi, cette fois-ci ?!” demande-t-elle. Mes parents veulent trooop te revoir ! Je compte inviter Frie et Alec, la prochaine fois !

Deshya caresse doucement les cheveux de sa meilleure amie avant de lâcher un “Pardon”.

– Vu que demain, je vais à l’hôtel « FEDER » avec mes parents et tout ça, je préfère dormir chez moi. Par contre, je veux bien venir chez toi dimanche et on ira à l’école ensemble lundi ?

– Oooh, c’est vrai que tu y vas ! Bah, on n’y peut rien… Et d’accourd, mais on ne pourra pas passer tant de temps que ça ensemble, alors ?!

– Pour me faire pardonner, je dormirai avec toi lundi, mardi et même mercredi si tu veux ?

– E-Et ta sœur ? Ta famille ?

Deshya y réfléchit et propose que Korone vienne dormir avec elles aussi. Amora acquiesce et lui dit qu’elle demandera à ses parents si c’est possible, ce dont répond Deshya qu’elle va faire de même. Elles se saluent l’une l’autre avant que leur chemin se sépare, Amora retournant d’où elle vient, là où l’attend un de ses nombreux amis. La fille aux cheveux roses se retourne pour admirer une dernière fois Deshya, mais elle remarque avec étonnement qu’elle ne prend pas le chemin habituel pour rentrer chez elle. Toutefois, Amora hausse les épaules et s’excuse à son ami.

Rapidement, le soir tombe sur Tetazo et le pays de Bélium. Toutefois, malgré l’heure qui tourne, la vie ne s’arrête pas : nous sommes un vendredi, alors les gens en profitent pour faire la fête ou aller dormir plus tard. Certes, certains vont travailler le samedi et il y a des écoles ou des cours particuliers se passent le week-end, mais cela n’empêche pas la majorité des gens, jeunes ou adultes, de s’amuser en cette fin de semaine. Dans l’une des nombreuses maisons de Tetazo—

– Un bon garçon, ça.

– …

Maruno aurait voulu s’amuser et discuter avec Aya la soirée, mais il est obligé de rester devant la télévision avec un air énervé et ennuyé, félicité par la personne qui le retient.

– Tu n’as rien dit à personne, tu n’as rien fait d’étrange et tu t’es toujours assuré qu’aucun ne puisse comprendre ta situation. Promis, demain se passera vite. Une balle est suffisante.

Maruno grince des dents, incapable de se concentrer sur le dessin-animé qui passe à la télévision, et tourne finalement son regard vers l’adulte.

– Rien ne dit que votre plan va fonctionner…” lâche Maruno avec mépris.

– Ahah, tes parents se trouvent toujours où ils doivent être et personne ne semble avoir compris quoi que ce soit. Je n’ai pas peur pour le plan. Tu devrais avoir peur pour ta copine et ses parents, ahahah !!

L’adulte se met à rire, sa voix toujours robotisée et Maruno hésite à élever le ton, mais il préfère garder son calme : cela ne servirait à rien de s’énerver. L’adulte admire le pistolet que Maruno utilisera pour mettre un terme à la vie d’Aya.

– De toute façon, je t’ai déjà dit dans quelles toilettes tu dois aller et tu auras un signal pour te confirmer que personne ne s’y trouve,” lui explique la personne. On vérifiera par les caméras qu’Aya est morte et vu où elle est placée, il est impossible de cacher le corps d’Aya dans un angle mort à part si tu la tues dans une cabine, mais je t’ai déjà dit que cela n’irait pas.

– Comment je pourrai faire semblant de la tuer sans la prévenir, de toute façon ?” demande Maruno.

– Eh. On sait jamais.

Ils ne se sont pas vus de la semaine et il ne lui a presque pas parlé une seule fois par message — seulement des « Bonjour » et des « Bonne nuit ». Aya lui a avoué qu’elle était triste de le voir parler si peu, mais cela faisait rire la personne, alors il a interdit Maruno de répondre plus longtemps.

Je vais te faire pourrir en prison.

C’est ce qu’à penser encore et encore Maruno. Se mettre dans le chemin de leur relation, le forcer à tuer sa propre copine… Si Maruno le pouvait, il aurait déjà attrapé une batte et se serait battu contre elle, même s’il venait à perdre. Il n’avait pas envie de tuer l’adulte ou quoi que ce soit, mais bien lui faire comprendre ce que Maruno ressent. Toutefois, cela n’est pas possible et il doit rester sur place, agissant et obéissant comme un toutou.

– En tout cas, tu as intérêt à la tuer, sinon—

– Je sais, pas besoin de me le répéter chaque jour.

Maruno soupire en agitant la main. La personne sourit en regardant la télévision et murmure :

– Et moi, je vais me débarrasser de ses parents… De cette famille de démons.

Des bruits d’excitation qui proviennent tous de la même fille. Des cheveux blancs qui rebondissent, taillés en queue de cheval, et une robe rose qu’elle portait il y a maintenant deux semaines. Sa mère adoptive se bidonne en lui disant de se calmer, mais Korone continue de sautiller sur place, heureuse. C’est la même robe qu’elle avait sur elle lorsqu’ils sont allés à la fête d’anniversaire de Colin et Mona Furas, pour leur mariage. Deshya arrive dans la salle de bain, habillée de la même robe à capuche de renard, orange aux étoiles noires, et sourit en voyant sa petite-sœur sautiller sur place.

– On dirait qu’elle ne peut pas cacher son contentement,” plaisante Deshya.

– J’ai hâte de voir le grand hôtel !” avoue Korone.

– On a tous hâte, Korone,” sourit Pera.

Deshya ne peut pas le cacher non plus, mais elle est impatiente de voir ce qu’il donne depuis l’intérieur. Elle est heureuse de pouvoir y aller grâce aux tickets que lui a offerts Aya et se demande à quel point son intérieur sera beau.

– Votre père est déjà dans la voiture, donc ne tardons pas plus longtemps !” lâche Pera en se relevant, ayant terminé de coiffer Korone.

Les deux filles acquiescent et Korone prend la main de Pera dans la sienne. Elles descendent ensuite au rez-de-chaussée, se chaussent toutes les pieds et sortent de la maison en saluant ‘Néro’, leur chien, qui aboie comme pour leur dire ‘Au revoir’. Pera attarpe une clef de la porte d’entrée et ferme cette dernière derrière elle, se dirigeant désormais vers la voiture où son mari les attend. Deshya et Korone vont à l’arrière du véhicule et Pera s’assied à côté de son mari qui est au volant avant qu’ils ne partent tous en direction de l’hôtel « FEDER ».

C’est vers 19h15 qu’ils arrivent là-bas, tous ensemble. Korone sort ne première, suivie de Deshya, Pera et finalement Gatito. Ils regardent tous ensemble l’immensité de l’hôtel : une beauté qui s’élève aussi dans les cieux. Sur ses murs, « FEDER » est inscrit avec des jeux de lumières et des néons éclairent le haut de l’hôtel de multitudes de couleurs. Le design est moderne, mais à cause de sa grandeur, il est impossible d’être trop original. Simplement en regardant le toit assez plat de l’hôtel, Deshya ressent un certain vertige.

– Le toit est fait pour pouvoir y atterrir avec plusieurs hélicoptères. T’imagines ?” lâche Gatito en avançant vers l’immense bâtiment.

– Woah !

De ses gros yeux, Korone admire l’hôtel en se demandant comment la construction s’est passée. Elle avait vu des infos dessus lorsqu’elle habitait encore avec ses anciens parents adoptifs, mais elle ne s’y était pas beaucoup intéressée — ce dont elle regrette actuellement. Elle compte regarder sur internet l’avancement de cet immense bâtiment, surtout que le parking autour est aussi énorme, pourtant peu rempli. La plupart des voitures qui y sont garées prouvent la richesse de leur acheteur. Des marques qu’on ne trouverait sur presque aucune route et des voitures presque futuristes de partout, Korone ne sait pas où poser son regard tellement elle est émerveillée de tout. Deshya lui prend la main en lui disant qu’ils vont aller dans l’hôtel maintenant, ce qui excite encore plus la petite fille. La famille marche sur le sol du parking en s’approchant de l’hôtel. Ce dernier semble s’agrandir doucement à chaque pas qu’ils font face à lui, ce qui impressionne Deshya. Un total de 7 ans pour construire un tel bâtiment… Elle n’imagine pas tout le travail demandé pour le créer. D’ici, la fille aux attributs de renard peut observer le dernier étage et remarquer qu’il est totalement vitré, ce qui l’étonne grandement. Est-ce que le 55ème étage ne possède donc pas de chambres ? De plus, le toit au-dessus est clairement fait d’un matériau très résistant, même si elle ne serait pas dire lequel encore. La famille arrive finalement devant les portes d’entrée faites d’un matériau qui imite de l’or, et aux vitres blindées. Un tapis rouge est déjà installé devant les portes et dans l’entièreté du hall d’entrée. Des plantes accueillent les invités et Deshya remarque que d’autres personnes arrivent derrière eux. Elle passe avec Korone les portes d’entrées qu’a ouvert Gatito et elle admire l’intérieur : un gigantesque hall d’entrée. Deshya comprend directement que le rez-de-chaussée est plus grand que n’importe quel étage, mais cela ne l’étonne pas réellement. Comparé au ‘Beleza Verde’, le hall d’entrée est plus grand et magnifique, même si Deshya se doute qu’elle ne doit pas mettre en parallèle les deux, vu qu’ils sont des hôtels bien différents dans leur structure. De plus, l’un ne fait même pas 15 étages et l’autre 55… Bref, pas comparable. Les membres de la famille montrent leurs tickets devant les femmes de l’entrée et directement après, ils sont autorisés au sein de l’hôtel. Ils les remercient et avancent dans l’hall d’entrée. Un peu plus loin, devant les ascenseurs, Gatito remarque des collègues ou des amis, alors ils vont les saluer. Pera et les deux filles y vont aussi, même si Deshya ne connaît pas grand-monde…

– Oh, Dash !

L’homme cligne des yeux avant de se retourner vers la fille rousse.

– Oh, n’est-ce pas Deshya ?

Korone salue à son tour le réceptionniste de la police de Tetazo. Contrairement à la majorité du temps où il est en tenue courte et ne cache pas son corps musclé, il est cette fois-ci en tenue bien plus chic. Gatito lui parle rapidement, mais vu que ses deux filles sont déjà en discussion avec lui, il préfère ne pas les embêter. Deshya remarque l’un ou l’autre membre de la police, mais pour les autres invités qui sont encore au rez-de-chaussée, elle ne les reconnaît pas du tout. Elle se doute que la majorité des invités de l’hôtel sont actuellement au dernier étage, là où ils doivent tous se rassembler à 20h15. Deshya et Korone arrête leur discussion avec Dash quand il va voir Mariah et la seconde d’après—

– Oh, Deshya !!

La fille à la robe renard se retourne vers la fille qui vient de l’appeler, mais elle n’a pas besoin de la voir pour savoir à qui appartient cette voix :

– Aya !

– Madame belle-gosse est là !

Une telle classe sur le corps, Aya Deroom s’approche des deux filles avec le sourire. Aya gonfle les joues en regardant Korone.

– Toujours à m’appeler madame beau-gosse ? C’est parce que Maruno est un monsieur beau-gosse, c’est ça ?” demande-t-elle.

Korone acquiesce avec excitation et Aya se touche la bouche de l’index avant de sourire.

– J’aime bien !

Cela n’étonne pas Deshya qui sourit. Aya leur demande si elles veulent une visite guidée ‘privée et spéciale’ de sa part, vu qu’elle est déjà venue plusieurs fois dans cet hôtel, même durant sa construction, et Deshya baisse le regard vers Korone.

– Tu veux ?” demande Deshya.

Comme elle s’en doutait, Korone acquiesce encore et encore, menaçant de faire tomber sa propre tête dans son excitation. Deshya en rigole et lui caresse les cheveux avant d’accepter la proposition d’Aya. Elles préviennent Gatito et Pera avant de suivre Aya de près. La fille à la peau foncée leur explique qu’elles vont prendre les ascenseurs de l’autre côté, vu que monter toutes les marches serait bien trop long et épuisant.

– Et Maruno ? Il est où ?” demande Deshya.

– Il m’a dit qu’il viendrait plutôt dans les alentours de 20h, un peu avant que la cérémonie ne commence !” répond directement Aya.

Korone demande ce qu’elles vont visiter et la ‘guide’ leur explique qu’elle va simplement leur montrer un étage dans le milieu de l’hôtel pour qu’elles voient le genre de bâtiment que c’est. Excepté l’un ou l’autre étage qui possède une salle de billard, un café ou même des activités un peu plus pour les adultes, la plupart sont les mêmes, sauf le rez-de-chaussée et le dernier. Aya appuie sur l’ascenseur qui arrive rapidement pour les chercher.

– Je suis quand même étonnée que la copine de monsieur beau-gosse vient d’une famille si riche !” avoue Korone en entrant dans l’ascenseur.

Aya pouffe avant d’appuyer sur le bouton de l’étage ‘23’.

– Avant mon père, c’était mon grand-père qui était à la tête de Lordly. C’est après sa mort à cause d’un cancer des poumons que papa est devenu directeur,” explique Aya.

– Ta mère est aussi comme une directrice, non ?” demande Deshya.

Les portes de l’ascenseur se ferment au même moment où Aya acquiesce.

– Ils s’occupent tous les deux d’une partie différente de la compagnie. Enfin, de ce que je sais, mon père est plutôt dans la gestion de Lordly lui-même et ma mère plutôt pour les sponsors, la qualité de vie des employés et aussi de l’économie. Mon père doit beaucoup plus se déplacer que ma mère et donc je le vois moins souvent, mais il peut se permettre de prendre parfois du repos et laisser un de ses amis gérer un peu, ce que maman n’aime pas trop,” explique-t-elle.

– Et c’est quoi comme compagnie exactement ?” demande Korone, intéressée.

– Dans la construction de bâtiments généralement, mais nous avons beaucoup de marques différentes. L’une est un groupe automobile, nous avons aussi une marque de shampoings et de cosmétiques. Par exemple, l’aéroport de Bexel a été construit par Lordly. Je sais aussi qu’il y a une marque mondialement connue de jouets que nous possédons, mais le nom…

– N’est-ce pas ‘ Chreish’ ?

Aya acquiesce en entendant les mots de Deshya. Korone demande ce que cela est exactement et sa grande-sœur baisse le regard vers elle.

– Une marque de jouets qui s’occupe principalement de peluches d’animaux, de figurines d’animaux ou même de jeux de société sur les animaux. Ils sont les concurrents de ‘MINALAS’, même si certains disent que ‘Chreish’ est en-dessous niveau qualité.

– Mon père m’a dit qu’il aimerait changer la politique de ‘Chreish’ vu qu’ils se concentrent surtout sur les peluches, donc le reste est d’une qualité un peu inférieure. Ah, nous y voilà.

L’ascenseur s’arrête enfin, ses portes s’ouvrent et elles sortent toutes trois pour voir l’étage. Le couloir est loin d’être étroit, mais ne permet pas plus de trois personnes l’une à côté de l’autre : bref, un peu plus que suffisant pour que deux chariots passent l’un à côté de l’autre. Le tapis sur le sol est coloré chaudement, des motifs tigrés le traversant tout le long. Les portes sont toutes faites d’un magnifique bois et l’ambiance générale de l’étage est parfaitement chaude et vive. La peinture murale et du plafond, les ampoules incrustées et le tapis rendent le couloir très convivial et agréable.

– Faisons ça vite, il faut ensuite aller tout en haut !” lâche Aya.

Sur le chemin, elle continue de parler à son amie et sa petite-sœur adoptive.

– Papa dit qu’il aimerait que je prenne la tête de la compagnie avec Maruno si on est mariés,” avoue-t-elle. J’ai dit que c’était trop tôt pour nous d’y penser, mais il préfère que j’y réfléchisse trop tôt que trop tard.

– Est-ce que ça serait ton style ?

– Je ne m’y connais pas trop et donner des ordres ne me plaît pas trop… Chéri est du genre à pouvoir être sévère, mais mon papa a déjà avoué avoir des doutes sur sa capacité de leader, vu qu’il serait peut-être un peu trop relax.

– C’est vrai qu’il est impossible d’être un bon directeur sans savoir être sévère. Il faut juste une bonne balance.

Aya acquiesce en marchant dans le couloir, heureuse de faire visiter tout cela aux deux filles. Korone écoute leur conversation, mais elle est principalement concentrée sur le couloir.

– Du coup, j’ai dit que je ne savais pas encore si j’accepterai, mais papa m’a expliqué qu’il avait dit la même chose auparavant, alors il croit en moi. Ma maman s’en fiche un peu plus de tout ça, vu qu’il y a beaucoup de gens qui veulent être à la tête de la compagnie, mais papa préfère que ce soit quelqu’un de grande confiance pour ça.

– Il a si confiance en ton copain ?” demande Korone. Vu qu’il a dit qu’il accepterait qu’il soit directeur avec toi si vous êtes mariés.

– Maruno est un amour, comment ne pas lui faire confiance ?

Korone a l’impression de voir des fleurs apparaître autour d’elle dans sa bonne humeur, ce qui la fait sourire. Deshya imite l’expression de la petite fille en continuant de marcher dans le couloir.

Quelques minutes plus tard, elles montent tous les trois au dernier étage pour voir sa grandeur et sa beauté : une immense pièce aux murs vitrés. Seul le plafond est fait d’un matériau bien plus résistant, robuste et épais, vu qu’il doit pouvoir supporter plusieurs hélicoptères à la fois. Devant les trois filles, un peu plus d’une centaine de personnes — impossible à compter — discutent, s’amusent et jouent ensemble. Certains prennent un verre en se fendant la poire, d’autres profitent de la nourriture et une minorité reste dans leur coin en admirant leur téléphone ou analysant la pièce. Korone demande à Deshya de monter sur ses épaules, ce qu’accepte la fille, et elle observe la pièce entière. Des tables rondes et fines se trouvent un peu partout, des longues tables remplies de bons plats sur les côtés. Tout au fond, une scène bien plus belle que celle à la villa des Furas n’attend rien d’autre que l’arrivée de Farhoü et Minerva pour leur discours. Korone tourne la tête un peu partout, un grand sourire sur le visage, essayant de trouver quelqu’un qu’elle connaît. Un homme incroyablement beau, des cheveux longs et une expression amicale s’approche des trois filles, leur proposant une boisson qu’il détient sur son plateau : elles sont sans alcool. Il appelle même Aya ‘Madame’, ce qui étonne Korone. La fille à la peau foncée accepte joyeusement le verre et Deshya en prend un pour Korone et elle-même, remerciant l’homme qui acquiesce gentiment avant de continuer sa route. Deshya goûte la boisson et trouve cela très bon, mais elle ne saurait dire ce que c’est. Elle veut poser la question à Aya, mais Korone lâche un long ‘Aaaah’ avant de pointer du doigt la droite.

– Rémy, nous allons là-bas !

– R-Ré— Aie !

Korone utilise sa main libre pour tirer doucement sur une oreille de Deshya, s’assurant de ne pas lui faire trop mal, et guide sa grande-sœur là où elle veut aller.

– Tu sais que c’est Alfredo Linguini l’homme que la souris contrôle ? Rémy, c’est le nom de la souris.

– Pas grave !

Deshya soupire et accepte de la suivre en lui demandant de ne plus tirer sur son oreille. Certains invités observent les trois filles passer, cela parce qu’Aya Deroom se trouve dans le petit groupe, parce que Korone est sur les épaules de Deshya ou que la ‘détective aux oreilles de renard’ se trouve ici. Toutefois, personne ne vient les embêter. Deshya comprend rapidement qui Korone a vu lorsqu’elle tombe sur trois personnes qui discutent ensemble. La femme aux cheveux blancs tourne la tête vers elles avant de sourire.

– Ah, n’est-ce pas notre adorable détective et sa petite-sœur ?

– Bonsoir, Annie !!

Korone agite une main avec un grand sourire, ce qui fait grandement plaisir à la dame qui l’imite. Aya demande qui elle est et Deshya tourne doucement le visage vers elle.

– Une docteure policière très compétente,” avoue Deshya.

– Presque chaque fois qu’on m’appelle, je tombe sur Deshya, ces temps-ci ! Nous nous sommes déjà rencontrés à un hôtel la dernière fois, tu crois que cela va arriver à nouveau ?

– Ce n’était pas la dernière fois, mais l’avant-dernière fois,” sourit Deshya.

– Ah, c’est vrai ! Il y avait l’affaire du coup de feu invisible chez les Furas. Où ai-je la tête !

– C’est car Annie boit de l’alcool !

– Ahah, ce n’est pas vrai !

Annie montre sa boisson à Korone avant de faire ‘Tching !’ en touchant doucement le verre de la petite-fille avec le sien.

– J’ai la même boisson que toi,” avoue-t-elle. Je suis ici au cas où quelque chose n’arrive, donc je n’ai pas le droit de boire pour que mes capacités soient au maximum.

– C’est vrai qu’il est interdit pour les policiers de boire de l’alcool la majorité du temps, vu que s’ils sont appelés pour une urgence, ils doivent être préparés à tout moment,” lâche Deshya.

Annie acquiesce et avoue que cela est vrai. Elles continuent de discuter quand l’attention d’Aya est attirée vers la droite—

– Ah, c’est chou !

Elle dépose son verre sur la petite table à côté de la docteure et court à travers la foule de gens. Korone demande à Deshya si elles peuvent aller voir monsieur beau-gosse et elle accepte en lui demandant d’arrêter de tapoter sa tête, mais Korone continue en rigolant. Annie les salue et Deshya agite doucement la main en avançant vers Aya et Maruno.

– Chéri !

– Hey, baby.

Maruno sourit à sa copine et remarque ensuite Deshya et sa petite-sœur qui s’approchent.

– Hey, vous deux.

– Comment va monsieur le beau-gosse ?!” demande Korone avant de boire la fin de son verre.

– Connu mieux, mais je vais bien,” avoue-t-il.

– C’est vrai que tu n’as pas l’air d’avoir la meilleure mine,” remarque Aya.

Maruno est habillé chiquement et ses cheveux sont magnifiquement coiffés, mais sa copine remarque bien son air un peu… triste. Toutefois, Maruno explique qu’il a juste mal dormi à cause d’un chien du voisinage qui n’a pas arrêté d’aboyer dehors.

– Et toi, chou ? Tu as l’air de transpirer un peu plus que d’habitude,” remarque Maruno.

– C’est rien, on a beaucoup marché.

– Elle est lente, ta copine !” plaisante Korone.

– Héhé…

Aya se gratte la joue et Deshya sourit, mais ne réplique rien à leur discussion. Maruno soupire et secoue la tête avant de leur dire qu’il va voir s’il peut prendre un verre. Les trois filles le regardant partir, la tête baissée.

– …

– …

– …

Elles n’en disent rien. Korone scrute les environs silencieusement, tandis qu’Aya garde ses paupières abaissées en observant son copain prendre un verre.

– Toilettes !

Les deux filles se tournent vers Korone qui observe Deshya avec de gros yeux.

– Je veux aller aux toilettes…

Deshya acquiesce et prend sa main en s’excusant à Aya. La fille les salue avant que Maruno revienne à ses côtés.

– Désolé d’être aussi… Disons, bad mood ?” s’excuse-t-il.

– J’espère que tu iras mieux rapidement,” souhaite Aya en souriant.

Maruno lui rend son sourire et promet qu’il fera de son mieux, ce qui rassure grandement Aya. Ils discutent un peu ensemble avant que—

– Nous voici !

Deux personnes montent sur la scène de la grande pièce. C’est un homme à la peau foncée et à la tenue costard cravate chic, mais rien de bien de spécial. La femme à côté de lui, celle qui lui est marié, possède une robe bien plus belle et scintillante. Le contraste entre les deux pourrait en faire rire plus d’un. Tout le monde dans la pièce sait qui ils sont :

– Je suis ‘Farhoü Deroom’ et voici ma femme, ‘Minerva Tandae’ !

Cela dépend des femmes, mais toutes ne choisissent pas de prendre le nom de famille de leur mari lorsqu’elles se marient. Cela est le cas pour les parents de Deshya, Maruno ou même ceux de Maruno, par exemple, contrairement à Mona Furas. La femme aux longs cheveux brodés et décorés salue la foule d’invités qui applaudit. Certains filment ou même se mettent à ‘stream’ l’événement, leur téléphone en l’air.

– Encore merci à tous de nous avoir rejoint en ce grand jour. Nous avons pris du temps à vous offrir cet hôtel, mais le voici enfin terminé !

Des cris retentissent et Maruno attrape sa copine par l’épaule, ce qui la fait énormément plaisir, l’autre main tenant son verre de jus.

– Comme vous le savez, l’hôtel « FEDER » est un projet de longue date qui nous a demandé beaucoup de corrections et d’ajustements, mais cela en valait le coup. Le plus grand hôtel de Bélium, l’un des plus grands du monde entier !

Farhoü montre son énergie habituelle en levant un poing en l’air, signe de victoire, ce dont beaucoup d’invités réagissent — même Aya qui l’imite en pouffant. Maruno trouve cela très mignon et en sourit, mais en regardant sa copine, il ne peut pas penser à autre chose que le pistolet qui se trouve dans sa poche, caché et patient de son usage. Il ne veut pas y penser, mais lorsque leur discours viendra se terminer… Alors…

– Pour le tirage au sort de la moto, nous vous expliquerons un peu plus tard comment cela se passera, mais elle attend patiemment derrière les rideaux de cette scène,” explique Farhoü. Avant cela, profitons un peu de la fête de l’ambiance !

La plupart des invités lèvent leur verre en criant de joie, ce dont fait Maruno à son tour, mais sans élever sa voix.

Profitons-en, oui…

C’est ce qu’il pense en tenant un peu plus fermement sa copine contre lui, ses yeux plissés.

– Je suis réellement ému que nous ayons enfin terminé un tel hôtel. Tout cet argent investi, tout ce temps consacré en son honneur… « FEDER » est un nouveau début pour nous, la compagnie « Lordly » !!

Une personne apporte deux verres pour Farhoü et Minerva et Deshya revient avec Korone.

– Vous avez loupé une bonne partie du discours !” lâche Aya, faisant presque la moue.

– On pouvait entendre depuis le couloir,” avoue Deshya avec un petit sourire.

Maruno les regarde, mais ne leur prête pas grande attention.

– Nous allons bientôt porter un toast pour cet hôtel et ce nouveau début pour notre compagnie ! Sept ans de construction, certes, mais cela en vaudra la peine !

Les cris retentissent encore plus fort dans la foule, mais les oreilles de Deshya le supportent encore plutôt bien.

– Dans environ 15 à 20 minutes, nous ferons le tirage au sort pour la moto de 212 chevaux qui vous attend ! Celle de la marque « Sprinter » !” lâche Minerva.

– Oh, c’est déjà si tôt ?” lâche Aya, surprise.

Maruno va sourire, mais une voix retentit dans l’oreillette cachée sur lui.

– Personne aux toilettes. C’est maintenant que tu y vas.

La voix de la personne qui y retentit. Le cœur de Maruno qui rate un battement. Sa main tremble doucement, mais il se reprend rapidement : il n’a pas de temps à perdre. Hésiter n’est même pas possible.

– Dis, Aya…

Il tourne le visage vers lui en chuchotant. Sa copine l’admire avec le sourire, l’interrogeant du regard.

– Je peux te parler rapidement aux toilettes… ?” demande-t-il, le ton incertain.

– Oh ? Bien sûr. En plus, je veux te dire quelque chose aussi.

Aya acquiesce donc et s’excuse à Deshya et la petite Korone. Maruno est étonné qu’elle veuille le parler, mais il suppose qu’il comprendra pourquoi assez rapidement, bien que cela le stress un peu. Les deux filles agitent la main en souriant, les observant sortir de la pièce ensemble.

– Je me demande qui gagnera la moto !” lâche Korone.

– Je ne veux pas réellement en conduire une et mes parents n’en auraient pas besoin, donc ça ne sera pas nous.

– Je veux bien conduire la moto !

– Oi…

Aya et Maruno marchent dans le couloir, mais l’expression faciale des deux est complètement différente. Aya est joyeuse et fredonne, tandis que Maruno transpire et déglutit parfois avec difficulté, n’arrivant pas à penser autre chose que le pistolet silencieux dans sa poche. Il est prêt à tirer et il possède quatre balles au cas où une seule ne serait pas suffisante. Toutefois, Maruno ne compte pas rater…

Une seule balle dans le cœur. Là où Maruno se trouve pour Aya.

Maruno demande si c’est possible de rapidement parler dans les toilettes des garçons, vu que personne n’y est, et Aya accepte sans souci. Elle entre en première et Maruno vérifie que personne ne s’y trouve réellement, mais la voix dans l’oreillette lui assure que c’est bien le cas. Il ferme la porte derrière lui et se retourne pour voir la caméra de surveillance qui se trouve dans les toilettes, ce qui est énormément illégal à Tetazo… Toutefois, elle est bien cachée, vu sa petite taille. Il aurait voulu prévenir la famille d’Aya de ce qu’il se passe, mais perdre ses parents n’est pas une option… Il aimerait faire marche arrière ou avoir la solution d’abandonner… mais cela n’est juste pas une option. Il est arrivé trop loin.

– Du coup, chéri, je peux commencer ?” demande Aya, faisant dos à son copain.

Maruno déglutit bruyamment et acquiesce finalement. Aya baisse doucement la tête… et se retourne en le faisant face.

– Joyeux 5 mois, mon amour !!

Et dans ses mains se trouve une peluche qui ressemble à Maruno.

Le garçon est figé, de gros et grands yeux qui admirent ce qu’elle lui offre. Elle n’est pas très éloignée de lui et son sourire est si rayonnant qu’éteindre les lumières ne changerait pas la luminosité de la pièce. C’est une peluche clairement fabriquée par elle-même et qui n’a pas été son premier essai. Les cheveux sont faits de fils noirs qui sont attachés dans l’arrière, comme la coiffure actuelle de Maruno. C’est une peluche qui est clairement humaine aux mains et pieds flexibles : bref, il est possible de la faire s’asseoir sans souci. Ses grands yeux sont verts et c’est une peluche extrêmement mignonne et conçue avec amour et soin.

– J’ai dû recommencer 5 fois, mais je suis fière de moi.

Maruno reste figé devant elle, incapable de prononcer le moindre mot. Il fixe toujours la peluche qui lui ressemble, le cœur qui bat à la chamade. La beauté de sa copine qui sourit, ses mains qui sont tendues vers lui et ses émotions qui rayonnent de son corps… Tout ce qu’il veut faire est d’attraper cette peluche en la remerciant mille fois, l’embrassant et l’enlaçant ensuite. Il veut juste—

Arrêtes de prendre ton temps. Tues-la.

Maruno cligne une fois des yeux et ouvre doucement la bouche sous la surprise de sa copine. Ses paupières s’abaissent.

– Tu n’aimes pas le cadeau, chéri… ?” demande-t-elle.

Maruno veut acquiescer, veut crier qu’il l’adore—

— mais il ne fait que pleurer.

Les larmes coulent sur ses joues et il lui est impossible de les arrêter. Aya cligne des yeux, comme confuse, ses mains revenant vers son corps et la peluche désormais contre son torse.

– C-Chou…

Maruno continue de pleurer avant de toucher la chose qu’il a dans la poche, l’agrippant ensuite avec peine. Il ne veut pas qu’il la voit comme ça, mais il n’y peut rien.

Et au même moment, il sort le pistolet, visant Aya.

– …

La fille ne dit rien, un air surpris sur le visage. Elle recule d’un, puis de deux pas.

– On me force… Désolé… On me force…

Ses mots sont presque incompréhensibles à cause de la boule qui se trouve dans sa gorge. Les larmes coulent encore et encore. Il tremble et vise le cœur d’Aya, ne se sentant pas capable de tirer.

– Maintenant. Tu as cinq secondes maximum.

La voix horrible de la personne retentit à nouveau dans son oreillette et Maruno tente de sourire… mais cela lui est impossible.

– Je t’aime.

Et au même moment, il lui tire en plein cœur.

Aya ouvre grand les yeux et recule jusqu’au mur opposé des toilettes, se touchant la poitrine en tremblant. Elle lâche presque la peluche, mais elle la tient fermement contre elle et regarde la paume de sa main gauche, celle qui touchait sa poitrine où se trouve son cœur.

Une main en sang.

Elle tombe contre le sol et essaie de parler, mais elle s’effondre par terre. Avant de fermer les yeux, elle enlace la peluche avec un sourire…

Et plus rien.

Le silence. Maruno n’arrive même pas à s’excuser encore et encore. Rien ne se passe. Le bruit du pistolet avait été encore plus silencieux que prévu. La personne ne dit rien, même pas un ‘Félicitations’ ou un ‘C’est fini’. Rien. Le pistolet touche le sol et Maruno se réveille avant de scruter les environs en tremblant, les larmes qui coulent encore plus abondamment sur son visage. Il attrape l’arme qu’il a fait tomber et le cache sous ses vêtements avant de partir en courant, fuyant la scène de crime en grinçant des dents, son esprit si confus et brouillardeux que lui-même ne sait pas à quoi il pense. Comme il doit le faire par obligation, il retourne à la grande salle en se séchant les larmes, mais elles continuent quand même de couler. Il aurait voulu prendre la peluche d’Aya et l’enlacer à son tour, mais cela n’est pas possible. Il doit obéir aux ordres. Il doit sauver ses parents coûte que coûte. Maruno ne doit qu’accepter que c’est réellement bientôt fini. Le plan s’est passé comme prévu.

Aya a été tirée dessus.

Il retourne donc dans la grande salle sans se faire remarquer, continuant de se sécher les larmes, mais ses émotions sont trop fortes.

Il pleure… Il pleure, ahah… Ahahah…

Dans la grande salle, la personne observe Maruno avec un grand sourire. Il parle rapidement au microphone dans les plis de ses vêtements et—

– Je confirme qu’Aya a été tiré dessus. Elle est bel et bien morte.

La personne ne réagit d’abord pas…

Avant de lâcher un sourire encore plus immense.

La joie qu’il ressent est l’une qu’il n’aurait jamais cru connaître auparavant. Cependant, il pourra laisser son cœur battre de joie entièrement lorsqu’il aura la confirmation que son plan se soit bien passé jusqu’au bout, alors il se tourne vers la scène avec des yeux remplis d’espoir et de haine.

– Buvons notre toast avant que nous ne commencions tout cela !” lâche Farhoü en levant son verre.

Allez… Allez… Finissons-en enfin… !!! Démons !!!!

Aya est déjà morte et il est certain que son plan n’aura aucune gêne : Maruno est interdit de prévenir qui que ce soit. Lorsque les parents d’Aya viendront mourir, alors il sera libre de ses liens, mais il regrettera toute sa vie de son action, de son silence, de son incompétence ! Maruno devra payer pour oser sortir avec la fille de tels démons ! Farhoü et Minerva se mettent à boire leur champagne et les invités font de même.

Et le bruit d’un verre qui se brise contre le sol retentit.

La personne ouvre grand les yeux — ce que fait aussi Farhoü. Ce dernier se tient la gorge avec une expression horrifiée et douloureuse, sa femme à côté de lui tremblante. L’homme à la peau foncée tombe à genoux sur le sol de la scène en se tenant la gorge, n’arrivant même pas à crier sous les yeux terrifiés des invités : même Maruno tremble en voyant la scène. Toutefois, il y a bien une personne qui sourit dans la salle :

J’ai réussi… J’ai…

La personne sourit à pleine dent et Farhoü se laisse tomber sur la scène, sa femme à côté de lui s’effondrant à son tour.

Et la foule d’invités hurle de peur… la panique s’installant sur le dernier étage de l’hôtel « FEDER ».

– C’est bien ça. Oui. Bien.

Un homme raccroche le téléphone et se tourne vers la femme qui plisse les yeux.

– Un job ?

– Tu seras surprise, mais quelqu’un veut que nous nous occupions d’un adolescent qui s’appellerait… ‘Maruno Uffite’.

La femme plisse les yeux, retire sa cigarette de sa bouche et ne cache pas son presque dégoût.

– Un job aussi ridicule… ?

– Il semblerait qu’il soit un très bon ami de Deshya Oveja. Tu sais, la fille qui commence à se faire un nom dans Tetazo.

La femme hausse les épaules et jette sa cigarette à travers la fenêtre de la voiture.

– Aucune idée et j’en ai rien à faire. Tu as refusé l’offre, j’espère ?

– Nous sommes très bien payés, toutefois,” avoue l’homme aux yeux bleus. Il nous demande de juste surveiller les caméras cachés un peu partout et vérifier qu’il ne tente de prévenir personne. Nous aurons plus d’informations et le travail ne dure qu’une semaine entière.

La femme n’est pas entièrement covnaincue, les bras croisés, mais elle finit par soupirer.

– On gagne combien pour cette merde ?

– Un total de 15K brut chacun.

-15 000 euros ???

– Ouais.

– C’est énorme.

– Notre client avoue qu’il a assez d’argent pour se le permettre et s’en fiche un peu de vivre ou mourir après ça, donc l’argent lui importe peu.

La femme hésite toujours, mais désormais qu’elle sait le montant ridicule pour un travail si simple, elle sourit et sort son rouge à lèvres de son sac. Elle s’en place sur sa bouche en se regardant dans le miroir et ensuite tourne le visage vers son compagnon.

– Je veux plus d’informations sur le boulot. On doit commencer quand ?

L’homme lâche un rapide acquiescement.

– Si tout se passe bien, nous commençons dans trois jours.

L’homme attrape son téléphone et sourit.

– Dès le samedi 17 Septembre.

Maruno est retenu dans son salon, n’ayant pas le choix que d’obéir aux ordres de la personne. Il réfléchit à sa situation, mais il ne peut rien faire tout seul.

C’est bien donc la famille entière qui est menacée… Mais pourquoi sont-ils pris sur cible par cette personne ? En plus, pourquoi…

Il se demande pourquoi il est celui qui doit se débarrasser d’Aya : est-ce que cela ne serait-il pas plus simple que cette personne le fasse elle-même ? Néanmoins, alors qu’il réfléchit sur ce point, une sonnerie retentit, ce qui le réveille de ses pensées. La personne qui était alors à ses côtés se lève d’un coup, presse son pas en sortant de la salle. Profitant de cette occasion, Maruno observe attentivement la personne qui s’en va.

Une bosse dans ses vêtements, dans son dos à peine plus haut que son bassin. Quelque chose se trouve dans la poche arrière de son pantalon et ressort assez pour former cette bosse. Si c’est un objet dans son pantalon, ça doit être un pistolet. Un autre pistolet alors que cette personne en possède un autre pour que je l’utilise comme arme de crime ?

Maruno pense à cela rapidement avant de tourner le regard vers le pistolet qu’il détient toujours dans les mains.

Ce genre de pistolet est un modèle ‘FNP-9’ dont un silencieux a été ajouté. Depuis 2002, c’est le modèle utilisé par la police de Tetazo, Shiru et la majorité des villes dans le sud, contrairement au Glock 17 dans les villes au nord et le HK 9mm qu’utilise principalement Bexel et l’une ou l’autre ville des alentours.

Maruno plisse les yeux et veut sourire :

Cette personne garde un pistolet sur soi qui doit être du même type que celui que j’ai en main. Même si ce n’est pas le cas, se procurer un FNP-9 légalement est impossible et c’est peu probable que ce soit acheté illégalement vu qu’ils ne se trouvent presque pas sur le marché ici. Même si pour une raison ou une autre, cette personne a réussi à se fournir un tel pistolet, il y en a des plus simples à acheter et moins chers. Bref—

La personne revient dans le salon, sa voix robotique activée à nouveau.

– Je dois m’occuper d’une certaine affaire, alors je dois partir. Tu es surveillé constamment, alors ne fais rien d’idiot. Si tu dois aller aux toilettes, tu y vas maintenant tant que je suis là, sinon tu attends que je revienne point barre. Si tu oses faire quoi que ce soit—

– Je sais.

Maruno dépose les deux pieds sur la table et soupire.

– Je n’ai pas besoin d’aller aux toilettes, j’attendrai, mais je me pisserai pas dessus si vous ne revenez pas avant longtemps.

– Tsk. Parler comme ça alors que tu es presque comme un otage… Je n’ai pas le temps pour ça.

La personne ne cache pas son mécontentement avant de s’en aller, laissant Maruno tout seul dans le salon. Le garçon allume rapidement la télévision et choisit la chaîne de télévision qui est presque toujours en live ou des affaires de police et de détectives sont diffusées dans tout le pays de Bélium.

– … nord de Tetazo, des dealers de drogues étaient en train de marchander quand un homme des environs les a remarqué depuis la fenêtre de son appartement. La police est déjà en route pour attraper les dealers qui semblent avoir fui il y a peu longtemps !

Un homme parle dans son microphone, confortablement posé dans son studio, mais il n’est pas visible : les images sont celles capturées sur un hélicoptère de la police, montrant les rues du nord de Tetazo, assez proche de là où Maruno se trouve. Le garçon regarde la télévision sans montrer la moindre émotion, mais intérieurement, c’est un sourire à pleine dent qu’il fait.

J’avais raison.

Maruno plisse les yeux.

Un agent de police.

Cela a été simple à deviner — presque trop simple. Si cette personne travaillait autre part, cela aurait été bien plus compliqué à deviner.

Vu sa carrure, cela doit être un homme. La majorité de ses formes sont cachées derrière ses vêtements, mais il doit faire plus d’1m80, ce qui est assez rare pour une femme. De plus, même si sa voix m’empêche de deviner son sexe, on dirait plutôt la façon de parler d’un homme. Pour finir, du peu que je peux observer, ses hanches et son bassin ne ressemblent pas ceux d’une femme… Même sans ça, vu les épaules, je peux être plus ou moins convaincu que c’est un homme.

Il aimerait en savoir encore plus sur cet homme, mais sans pouvoir bouger de son salon ou même de sa maison, il ne peut rien faire. Il compte regarder la télévision et essayer de voir les policiers qui vont se montrer, mais il a peur que même avec cela, il ne pourra jamais découvrir l’identité de cet homme. Même s’il y arrivait, à quoi cela servirait ? Que pourrait-il faire ? Prévenir Deshya pour qu’elle le dise à son père ? S’ils agissent trop rapidement, ses deux mères vont probablement mourir… De plus, il y a deux autres personnes qui le surveillent, alors arrêter la personne qui le retient ne serait pas suffisant.

Quoi qu’il advienne, j’ai le temps devant moi avant samedi : ils agissent bien trop tôt. Toutefois, ils semblent me surveiller de tous les côtés… Il est fort possible que même à l’école, des caméras soient installées. Si c’est un agent de police et que les personnes qui me surveillent travaillent dans le domaine de l’espionnage, j’ai peu de chance de les tromper. Prévenir Deshya ou Tessa avec un code va être complexe si je me fais écouter h24 et si je suis surveillé physiquement à l’école, chuchoter ne servira à rien, ni écrire une lettre pour les prévenir de ma situation. Je pourrai en écrire une en cours et la glisser dans le cartable de Deshya ou Tessa sans être vu, mais je vais d’abord vérifier si je suis surveillé à ce point-là ou non : la sécurité m’est très importante.

Et Maruno le sait. Il ne veut pas sous-estimer ses adversaires et s’ils comprennent sa mascarade, alors il est certain que ses parents vont être tués directement. Il n’est malheureusement pas dans un jeu, donc il ne peut pas tenter quoi que ce soit de risquer en se disant que cela va bien se passer… Cela n’est juste pas une option pour lui. Il doit sauver Aya, ses parents et ses propres deux mères de la mort. Cela n’est pas faisable tout seul donc dès demain, il doit trouver un moyen de prévenir Deshya ou Tessa — préférablement son amie aux tenues de renard, vu que son père est policier et qu’elle a des connaissances dans la police. Plus rapidement il la prévient, plus de temps ils auront pour trouver une solution et arrêter ce projet d’assassinat. Il doit donc penser à un moyen de prévenir Deshya, même Tessa si nécessaire, sans être vu, remarqué ou entendu par les personnes qui le surveillent…

C’est une question de vie ou de mort pour Maruno.

Le jour suivant, la fin d’un week-end peu heureux et le retour des cours. Le lundi ouvre ses bras à Maruno de son soleil rayonnant, mais cela est loin d’être suffisant pour le réconforter. Il a une idée de la profession de la personne qui le retient, ainsi que de son sexe, dont qu’il a été appelé sur l’affaire de drogues, mais en apprendre plus tout seul va être très complexe. Les élèves entrent dans la cour de récréation autour de Maruno, lui-même se dirigeant là-bas, mais il ne prête attention à personne. Il a réussi à dormir ce soir, mais il n’a fait que cauchemarder la mort de sa copine et sa défaite totale. Même si tuer Aya semble être la seule façon de sauver ses parents, Maruno n’a aucune confiance envers les mots de l’homme cagoulé. Même s’il réussit le plan, rien ne dit que ses deux mères ne vont quand même pas mourir en même temps que l’homme s’enfuit, ne laissant aucune trace derrière lui. Vu qu’il ne lâche jamais ses gants et évite de toucher quoi que ce soit dans la maison de Maruno, il sera à la limite de l’impossible de découvrir la moindre piste là-bas. Même si la police cherche partout, Maruno ne croit pas que les caméras seront laissées là-bas… Tuer Aya n’est de toute façon pas une solution pour lui : il n’oserait pas traverser son cœur d’une balle, vu qu’il ne veut faire cela qu’avec son propre amour. C’est avec de telles pensées qu’il continue son chemin dans la cour de récréation. Il remarque que sur le banc ‘spécial pour les Renards Associés’, Tessa est déjà assise, en train de regarder son téléphone. Comme presque chaque mâtin, Maruno s’y avance en tenant son sac, l’autre main dans sa poche. Tout en s’y dirigeant, il lâche un regard rapide derrière lui, scrutant les environs. Au même moment, il voit—

– …

— un scintillement. Des rayons qui se reflètent sur une surface en verre ou sur une surface qui peut réfléchir. Maruno plisse les yeux et continue sa route jusqu’au banc.

C’est sur un toit… Des jumelles ? On m’observe donc à ce point-là… Ils sont deux à me surveiller, donc possible que l’un vérifie depuis l’extérieur et un autre est bien plus proche de moi. Celui ou celle sur le toit doit écouter mes conversations grâce aux microphones qu’on a placés sur moi, l’autre doit sûrement être plus proche pour vérifier que je ne donne rien d’étrange à quiconque. Tant que je ne peux pas savoir d’où on me regarde, je ne peux pas m’autoriser à donner de papier à Deshya, ni à en écrire,” pense Maruno.

Avant d’arriver sur le banc, il regarde ses vêtements.

J’ai deux microphones sur moi au cas où l’un d’eux arrête de fonctionner… Si j’en casse un en faisant semblant que je n’ai pas fait exprès, je suis convaincu que l’homme qui me retient va directement voir ça comme moi qui tente de trouver un moyen de me débarrasser des micros pour que je puisse prévenir Deshya en chuchotant, vu qu’elle a une super ouïe… Je ne peux rien faire qui ne me vaut pas un ‘GAME OVER’ instantanément, donc il est préférable que je joue la carte de sûreté plutôt que de risquer quoi que ce soit pour prévenir Deshya ou même Tessa.

Il s’assied sur le banc à côté de son amie… qui ne réagit juste pas.

– Hey, Tessa.

Il finit par la saluer et elle lui agite la main, mâchant ce qui est probablement un chewing-gum. Maruno cligne des yeux avant de sourire.

– Trop concentrée sur ton téléphone pour me parler ?

Elle acquiesce et Maruno soupire.

– Probablement en train de regarder des photos de filles nues, hein…

– Heiiin ?

Lentement et d’une façon menaçante, Tessa tourne la tête vers Maruno, les sourcils froncés. Maruno sort la langue, mais cela n’amuse pas grandement la fille qui éteint son téléphone.

– J’regardais juste les infos, pourquoi j’regarderais des photos de filles nues, hein ?!” lâche-t-elle avec un ton assez agressif.

Maruno ouvre un peu plus grand les yeux, mais garde une expression assez similaire. La raison pour cela —

— Une opportunité s’offre à lui.

– Les infos ? Est-ce qu’ils parlent de l’affaire de drogue dans le nord de Tetazo ?” demande-t-il.

Tessa range son téléphone et croise les bras.

– Ah, j’en ai entendu parlé hier, mais j’regardais pas ça, non.

– J’ai rapidement vu ça à la télévision, mais ça m’intéressait pas de ouf donc j’ai changé de chaîne,” lui avoue Maruno. Finalement, ça c’est bien passé ?

– Tout ce que j’ai vu, c’est que les coupables ont été arrêtés par la police, pas loin de leur lieu de deal. Quel bande de cons, à se faire voir par un civil.

Tessa secoue la tête, comme si elle était déçue qu’ils soient des incapables.

Tu devrais pas être contente… ?” se demande Maruno, hésitant à en rire.

il aimerait en savoir plus sur l’affaire, demander quels sont les policiers qui ont attrapé les coupables et tout ce qu’il peut savoir, mais il a peur que s’il insiste trop longuement sur cela, les personne qui l’écoutent — dont probablement l’homme policier qui le retient — viendront à comprendre que Maruno en sait trop. Le garçon décide donc de changer de sujet en parlant du parc d’attractions qui va fermer dans le sud du pays, ne voulant pas discuter à propos de l’hôtel « FEDER ». Tessa avoue qu’elle en a rien à foutre et Maruno soupire avec énervement.

Je sais qu’elle est comme ça, mais j’ai envie de la frapper, parfois…” pense Maruno.

Il se demande justement comment une fille si mignonne, amicale et parfois excitée que Deshya peut aimer une fille si… ‘jemenfoutiste’. Certes, elle est cool et Maruno sait très bien que c’est une très belle fille qui donne un côté ‘tomboy’, mais il ne comprend pas bien Deshya. Néanmoins, ce n’est pas à lui de juger ce que ressent son amie. De plus, vu que Tessa est bien plus ‘douce’ avec Deshya, il peut comprendre qu’elle ressente de telles émotions. Alors qu’il est dans ses pensées, un faible sourire sur le visage, une feuille d’arbre vole jusqu’à ses pieds. Maruno l’attrape avant de l’observer attentivement, le regard fixé dessus. Il se souvient des moments passés avec ses parents dans la forêt proche de sa maison, de la fois où il est allé en rendez-vous avec Aya dans le parc naturel de Teuhl ou même la fois où il a visité le sud d’Inakunia. Tant de bons souvenirs qu’il veut garder à tout jamais en lui… S’il perd ses parents ou même Aya, alors comment pourra-t-il sourire en repensant à tout cela ? Comment vivre heureux avec un tel poids sur le cœur ?

– Tu vas bien ?

Tessa plisse les yeux en posant la question, remarquant son regard figé sur la feuille d’arbre. Maruno acquiesce et laisse la feuille tomber sur le sol.

– Je pensais juste à ma copine,” avoue-t-il.

– Vous vous êtes vus le week-end, c’est ça ?

– Vendredi et samedi, yup.

Le sourire de Maruno est fatigué, mais il est réel. Tessa le fixe sans rien dire, voulant lui demander s’il va réellement bien, mais Maruno commence à fredonner une musique en observant devant lui, le regard perdu dans l’horizon. Tessa l’écoute avec une bouche faiblement ouverte, mais elle-même reste silencieuse. Maruno s’arrête finalement et se tourne vers son amie.

– A-Ah pardon, c’est juste—

– Nah, t’inquiète.

Tessa hausse les épaules et au même moment, Deshya se dirige vers eux deux.

Après leur discussion, la sonnerie des cours retentit et ils se dirigent tous vers leur classe, Deshya et Tessa ensemble, Maruno partant de l’autre côté.

– Hey, Deshya.

Sans tourner la tête, regardant toujours devant elle, Tessa s’adresse à son amie. Deshya acquiesce en l’observant.

– Après les cours, il faut qu’on parle rapidement, toutes les deux. L’arrêt de bus abandonné tout près de l’école. Sans que personne ne le sache. Personne.

Le visage de Deshya montre de la confusion et Deshya n’a aucune idée de comment interpréter cette demande, mais elle ne réplique pas. Elle ne demande pas à en savoir plus et lâche simplement un acquiescement, ce qui fait plaisir à Tessa qui le montre par un sourire.

Et comme prévu, Deshya rejoint Tessa discrètement, n’ayant pas avoué à quiconque de cette rencontre entre elles. Tessa est assise sur le siège métallique rouillé et qui ne supporterait pas plus qu’une personne sur lui. Elle tourne le regard vers son amie renard qui a dû refuser d’accompagner Amora à contre-cœur.

– De quoi veux-tu parler ?” demande Deshya.

Le lieu où elles se retrouvent est délabré. La vitre où des annonces publicitaires normalement se montrent est brisée, des rémanents de graffitis encore visibles sur les morceaux qui ont survécu. Le toit a tellement été peint et peint qu’on aurait dit qu’un arc-en-ciel malade a vomi dessus, tandis que les deux sièges sont en si mauvais état que Deshya n’oserait pas s’asseoir dessus, contrairement à son amie qui n’a pas peur qu’il s’effondre sous son poids. Certes, elle est loin d’être lourde, mais le reste du siège n’a ni l’air confortable, ni capable de tenir même un simple sac de baseball.

– C’est à propos de Maruno,” lâche Tessa.

– Ah ? De quoi, à propos de sa maladie ?

Tessa plisse les yeux.

– Tu crois vraiment qu’il est malade, notre p’tite génie ?

Les mots de Tessa transpercent d’un coup le corps de Deshya. Elle plisse les yeux à son tour et Tessa se lève du siège métallique qui a perdu de sa couleur jaune.

– Au début, je me suis dit que son rendez-vous avec Aya s’est mal passé. Peut-être qu’il s’était disputé avec elle ou qu’une conversation sérieuse a été faite entre eux deux, donc j’ai pas voulu faire ma connasse et insister. Par contre, j’suis convaincue que c’est autre chose, maintenant,” explique-t-elle.

– J’ai vu Aya hier et elle m’a dit que ça s’était super bien passé, mais il s’est enfermé rapidement dans sa maison et il ne semble répondre ni aux appels, ni à la plupart des messages qu’on lui envoie,” avoue Deshya. Je ne crois pas qu’il soit simplement malade, mais ce ne sont pas mes oignons.

– Je pense que ça va rapidement devenir nos affaires.

– Comment ça ?

Deshya est de plus en plus intriguée par les mots de Tessa. Elle se demande si elle dit tout cela pour une bonne raison ou simplement parce qu’elle s’inquiète pour son ami… Toutefois, elle va rapidement comprendre pourquoi Tessa agit de la sorte et l’a appelé ici.

– On était en train de discuter tranquillement quand il a commencé à fredonner une musique.

– Ah ? C’est normal, non ?

Tessa fredonne la musique à son tour avant d’ouvrir un œil, répétant un bout du refrain de cette même musique. Deshya ouvre grand les yeux.

– C-C’est…

Tessa acquiesce.

– ‘S.O.S’ d’ABBA.

Une des musiques préférées du père de Deshya, l’une qu’elle peut réciter le ¾ par cœur. La fille au pull renard baisse la tête, les yeux plissés et une expression confuse sur le visage.

– Quand j’ai reconnu la musique, j’ai analysé un peu plus Maruno et j’ai remarqué un pli étrange dans son col, comme une petite bosse. Il est fort probable qu’il a un micro attaché sur lui,” avoue Tessa.

– En parlant de ça, en arrivant à l’école, j’ai remarqué quelque chose de brillant sur le toit d’en face… Est-ce que c’est possible qu’on l’observe ? Attend, mais pourquoi ?

Deshya se frotte le menton, se souvenant du scintillement sur le toit en face de l’école. Est-ce que quelqu’un le surveille donc ?

– Est-ce qu’on doit aller lui en parler ?” demande Deshya, incertaine de quoi faire.

Cependant, Tessa refuse directement en secouant la tête.

– Si Maruno a dû fredonner une musique en espérant que je comprenne ce qu’il se passe, je pense qu’aller le voir serait la pire idée. S’il ne répond pas beaucoup par messages ou même aux appels, il doit être surveillé de très près. Si ce que tu as vu sur le toit est la réflection de la lumière contre du verre, on peut même croire à des jumelles ou quelque chose dans le genre,” explique-t-elle.

– S’il a un microphone sur lui, alors on l’écoute constamment. Pourquoi faire ça ?

C’est une question que même Tessa ne connaît pas la réponse, l’une que seule Maruno doit la savoir.

– Il aurait pû même me glisser un papier pour essayer de faire un code morse, mais il doit supposer que le moindre geste risqué le met en danger,” pense Tessa.

– Bref, il est impossible de communiquer avec lui sans que quiconque le surveille ne le comprenne…

Desha se gratte les cheveux à travers sa capuche, ne se sentant pas très bien. Cela expliquerait la réaction de Maruno lorsqu’Aya est arrivée et—

– Attends…

Tessa se tourne vers Deshya lorsque celle-ci parle.

– Maruno a dit à Aya que ses parents ne pourraient pas venir ce samedi… Est-ce que—

– Ses parents sont en danger ?

Deshya acquiesce et Tessa grince des dents.

– Ses deux mères sont toutes gentilles, en plus… ‘Tain.

Tessa baisse la tête en réfléchissant. Elles comprennent toutes les deux que demander directement à Maruno ce qu’il ne va n’est pas possible. Essayer de parler en code serait trop dangereux si même le garçon n’ose pas le faire. Essayer de lui glisser un papier dans ses vêtements pourrait être très complexe, même si Deshya se dit qu’il ne doit pas être surveillé dans les toilettes, donc ce n’est pas impossible. Toutefois, même en faisant cela et que ceci vient à fonctionner, comment recevoir une réponse de sa part ? Elle pourrait en parler à Raiji qui le rejoindrait aux toilettes un moment donné et leur donnerait le papier après, ce qui ne serait pas un plan idiot, mais et si on le surveille de près ? Et si on remarque que Deshya lui donne un papier ? Elle peut même penser plus loin et se demander ce qu’il se passerait si Maruno est même surveillé dans les toilettes, voire est interdit d’y aller excepté chez lui ? Deshya ne veut pas agir d’une façon paranoïaque, mais si même Maruno n’ose rien faire d’autre que fredonner une musique qui pourrait ne pas être comprise, alors elle préfère s’imaginer le pire. Alors qu’elle réfléchit, Tessa pouffe. Deshya cligne des yeux et lui demande ce qu’il y a de drôle.

– J’ai une idée, mais c’est un peu… taré. J’sais pas si ça va être accepté.

– Laquelle ?

Tessa lui explique rapidement et Deshya l’écoute attentivement avant de baisser la tête en y réfléchissant, souriante à son tour.

– C’est pas con… Il faut voir avec elle si on peut faire ça…

– Peut-être qu’il faudrait en parler avec ton père ?” propose Tessa. S’il lui en parle, alors—

– Non, je ne préfère pas.

Tessa est surprise du refus de la fille, mais elle l’accepte en haussant les épaules.

– Même si mon père ne doit rien avoir dans l’histoire, si je lui explique ce qu’il se passe avant même qu’on comprenne la vérité, j’ai peur qu’il agisse un peu rapidement ou même en parle à la police. Toutefois, si Maruno est réellement surveillé aussi efficacement, ce n’est pas étrange de penser que quelqu’un de la police peut être impliqué dans l’affaire, tu ne penses pas ?” lui demande Deshya.

– Impossible à dire. On fait ce que j’ai dit, alors ?

Deshya réfléchit encore un peu, mais elle finit par acquiescer. Tessa lui propose qu’elles se voient toutes les deux demain dans les environs de 7h du matin, lorsque l’école ouvre, comme ça, elles ont le temps d’en parler et aussi de n’être repérées par personne. Deshya approuve et lui dit qu’elles devraient faire semblant qu’elles veulent offrir un cadeau à Maruno pour qu’il se rétablisse bien.

– Si quelqu’un le surveille de si près, il est fort probable qu’il va fouiller les donuts en pensant qu’il y a quelque chose de caché dedans ou écrit dessus. Quand il va remarquer que ce n’est pas le cas, il va être rassuré en voyant qu’en réalité, nous n’avons rien compris, ce qui peut faire baisser sa garde,” explique Deshya.

Tessa l’écoute d’oreilles grandes ouvertes et finit par sourire.

– Eh, tu ne changes pas, hein.

– Comment ça ?

La confuse fille-renarde penche la tête, un air si mignon que même Tessa ne peut s’empêcher de vouloir lui caresser le crâne. Toutefois, elle se retient et sort de l’arrêt de bus.

– Faire un plan qui joue sur la psychologie des autres. Penser plus loin que ce qu’il faut… et c’est bien pour ça que tu es meilleure que moi.

Tessa garde son sourire et s’éloigne de Deshya en agitant la main au-dessus d’elle.

– On fait comme ça alors, Deshya !

La fille au pull de renard n’est pas certaine de comprendre, mais elle finit par sourire à son tour et acquiesce.

– On se voit demain !

Et sur ce, Deshya part à son tour, courant pour rentrer chez elle.

Quelques instants après que Maruno soit rentré chez lui, accompagné de la personne qui le retient dans ses liens—

– Est-ce que j’ai le droit de voir mes parents quelques instants ?

– Que si tu t’excuses pour ton comportement.

– … Pardonnez-moi.

– Voilà. C’est mieux comme ça.

La personne allume son ordinateur portable et quelques instants plus tard, il le retourne vers Maruno, lui permettant de voir l’image de ses deux mères qui sont de leur côté, mais dans la même pièce. Même s’il voulait réellement les voir et vérifier leur état, il voulait surtout analyser rapidement la pièce où elles se trouvent. Malheureusement, il n’y a presque aucun indice qui lui permet de comprendre où elles sont enfermées. Il n’y a aucune fenêtre et la pièce est presque totalement vide, alors cela pourrait être n’importe où. S’il y avait des cartons qui viennent d’une ou l’autre compagnie, alors peut-être aurait-il pû avoir une zone plus précise de recherche, mais là… Elles peuvent être retenues à Tetazo comme dans la ville d’à côté, voire même à Bexel s’il le faut : il est impossible de le savoir. S’il apprend l’identité de la personne, il est possible de chercher tous les endroits qui le concernent et trouver cette pièce, mais sinon…

Je n’ai pas osé faire plus que fredonner ‘S.O.S’ à Tessa, mais j’espère qu’elle comprendra. Si elle en parle avec Deshya, alors ça serait parfait, mais vu que j’hésitais à fredonner la musique, je ne sais pas si ça a été bien clair…” pense Maruno, perdant de plus en plus espoir sur ce petit plan qu’il a pensé sur le coup.

De plus, maintenant qu’il y pense, il est possible que Tessa vienne lui envoyer un message pour voir ce qu’il se passe. Toutefois, si elle fait une telle chose, la personne comprendra que Maruno a essayé de la prévenir qu’il était en danger ou dans une situation complexe, ce qui gâcherait tout. Il n’a aucune idée s’il aurait l’occasion d’avoir une deuxième chance, surtout que si Tessa ne reçoit aucune réponse, il est certain qu’elle comprendra directement que quelque chose de grave se passe et va en parler avec Deshya et toutes deux chercheront à s’occuper de l’affaire. Cela serait actuellement horrible et viendrait à mettre en danger ses parents, vu que la personne n’acceptera plus d’utiliser Maruno pour le plan. Toutefois, il veut être celui qui est chargé de tirer sur Aya, parce que si c’est quelqu’un d’autre, il est fort probable qu’ils ne puissent pas trouver une solution et donc réellement viennent à tuer la fille. Si c’est Maruno, il peut espérer trouver un plan pour sauver tout le monde… cela aussi avec l’aide des deux autres membres des ‘Renards Associés’.

On dirait que c’est dans une cave, mais c’est tout ce que je sais en voyant la caméra,” pense Maruno.

Remarquant que quoi qu’il advienne, il ne pourra pas avoir le moindre indice sur le lieu où ses deux mères sont retenues, il décide que cela ne sert à rien de fixer l’écran et juste déposer sa paume dessus.

– Pardonnez-moi d’être si faible, mères…

Le fait qu’il n’arrive pas à trouver une solution seul alors que sa copine, sa famille et ses propres parents sont en danger le rend triste, alors il s’excuse. Il s’en veut pour son manque d’intelligence contrairement à ses deux amies. Il aimerait être plus doué, mais cela est plus simple à dire qu’à faire. Peut-être est-il trop dur sur lui-même, mais il le pense réellement : il est réellement triste de ses propres capacités. Cependant, même en se disant cela, même s’il n’est pas heureux de lui, il doit tout donner pour continuer à se battre pour sauver tout le monde. Il doit croire en Tessa. Il doit croire en lui. S’il se laisse trop être affecté par la situation et qu’il s’effondre sous la pression, alors cela sera la fin. Il ne pense pas qu’il pourra trouver un moyen de sauver Aya ou ses parents, ni ses deux mères qui sont retenues il ne sait où.

Alors il doit garder la tête haute et faire de son mieux pour montrer que le titre qu’on lui donne à l’école n’est pas l’un sans raison.

Après le goûter, Deshya monte dans sa chambre avec Korone. La petite fille aux cheveux blancs monte sur le lit confortable de la chambre, mais l’adolescente aux oreilles de renard s’assied sur sa chaise de bureau, se posant devant son ordinateur. Elle l’allume, inscrit son mot de passe et vérifie les messages qu’on a pû lui envoyer.

– Wuuh…

Elle lâche un bruit presque de dégoût et Korone lui demande ce qu’il se passe. Deshya soupire en baissant la tête.

– Depuis l’affaire avec Minos, il y a plein de gens qui me suivent ou me mentionnent… Bon, rien de spectaculaire, mais hier, j’avais déjà répondu à certains et maintenant, je suis de retour à ‘99+’ notifications sur Twatter…

– Ma grande-sœur est connue !

– Je n’ai même pas 2000 abonnées, toutefois…” avoue Deshya.

– C’est déjà bien ! Tu ne vas faire que grandir !

Deshya ne doute pas que Korone a raison, mais elle est quand même étonnée. C’est bien évidemment surtout de Minos dont les gens parlent, mais nous sommes déjà lundi, alors les discussions autour de Sleeping Little Beauty ont commencé à réduire. Un YaTubeur que Deshya aime beaucoup a dit qu’il comptait faire une vidéo dessus et l’a même contacté hier pour avoir certains détails, mais Deshya en parlera plus longuement avec lui ce mercredi soir, de ce qui a été dit. Même Minos a accepté d’en parler avec lui et d’expliquer le procédé pour arriver aux réponses. Deshya répond à certains messages pendant que sa petite-sœur joue avec la grande peluche renard qui se trouve sur son lit.

– Grande-sœur, je peux te demander quelque chose ?

De sa voix mignonne et enfantine habituelle, elle lui pose cette question. Sans se retourner, tapotant sur les touches bruyantes de son clavier, Deshya lui dit qu’elle peut, bien évidemment.

– Qu’est-ce qu’il se passe avec Maruno ?

Cette fois-ci, une voix moins enfantine, presque mature, retentit. Deshya envoie son message avant de se figer devant son ordinateur. Deux secondes passent avant que la fille fasse un demi-tour sur sa chaise, regardant la petite-fille qui n’a plus de sourire sur le visage, assise entre les deux pattes arrières du renard qui est assis sur le lit.

– Comment ça ?” demande Deshya, plissant les yeux.

– Je ne pense pas que monsieur beau-gosse soit juste malade ou pas en forme. En plus, Tessa n’a pas l’air du genre à faire de cadeaux à quelqu’un, surtout pour une telle raison,” avoue Korone.

Deshya cligne des yeux avant de se mettre à rire.

– Ahahah, tu vois vraiment Tessa comme ça ?!” se badine Deshya.

– Je n’ai jamais rencontré la madame dont est amoureuse grande-sœur, mais vu ce que tu as dit sur elle et ce que j’ai vu pendant la partie de Poker, je dirai qu’elle est loin d’être méchante, mais elle n’est pas attentionnée ou inquiète au point de vouloir offrir un cadeau à un ami juste parce qu’il est un peu malade. Il va quand même à l’école, après tout. En plus, aller à l’école vers 7h du mâtin que pour ça paraît d’être exagérée, surtout que je sais que tu n’aimes pas trop te lever trop tôt.

Deshya l’écoute silencieusement avant de secouer la tête.

– Non seulement elle est intelligente, mais elle comprend rapidement les gens… T’es certaine d’avoir 8 ans, Korone ?

La petite-fille lâche un regard amusé, mais aussi… taquin, l’un qu’une petite-fille de son âge ne ferait probablement jamais.

– Je ne sais pas grand-chose de moi, mais je sais que je suis certaine d’avoir environ 8 ans, oui,” assure Korone.

– Si ça se trouve, tu es amnésique comme moi et en réalité, tu as pris une drogue comme Conan.

– Conan ?

Deshya lui explique rapidement de quoi elle parle avant que Korone rigole, promettant que ce n’est pas ça — bien qu’en réalité, elle ne peut pas en être si certaine. Toutefois, Deshya sait que cette discussion ne mènera à rien et donc se lève de sa chaise avant de s’asseoir à côté de sa petite-sœur.

– Pour faire simple, Maruno est probablement en danger et est surveillé par quelqu’un ou plusieurs personnes, mais Tessa a compris ce qu’il se passe quand il a fredonné une musique qui s’appelle ‘S.O.S’. C’est peu probable que ce soit une simple coïncidence venant de Maruno, surtout qu’il a l’air réellement pas en forme. Tessa a un plan pour essayer de lui demander ce qu’il ne va pas, c’est pour ça que je vais la voir demain mâtin,” finit-elle par avouer.

– Est-ce que je peux aider ?” demande Korone.

Deshya ne réfléchit pas longtemps avant de lui offrir sa réponse :

– Non, désolée. Je ne vois pas en quoi tu pourrais aider et en plus de tout ça, le contacter est impossible sans le mettre encore plus en danger. Je n’en ai toujours pas parlé avec mon père pour une bonne raison…

– Alors je peux peut-être trouver une information pour vous.

Deshya plisse les yeux en regardant sa petite-sœur, lui demandant de détailler. Elle lui explique rapidement ce qu’elle peut faire et Deshya y réfléchit, fixant le mur devant elle en se demandant si c’est une bonne idée. Si c’est Korone qui le fait, rien ne paraîtra étrange… Deshya acquiesce et accepte donc, ce qui fait grandement plaisir à Korone.

– Il faut que j’achète un petit cadeau pour monsieur le beau gosse, alors !” avoue Korone. En plus, j’ai toujours voulu lui en faire un, vu que je l’aime bien.

– Alors que tu l’as rencontré qu’une fois…” sourit Deshya.

– Ce qui prouve qu’il est vraiment quelqu’un de cool !

Et Deshya ne peut pas contredire cela. Elle rigole et lui dit qu’un petit magasin de bijoux se trouve pas loin, alors peut-être qu’un bracelet ou un collier pourrait être sympathique. Korone dit à sa grande-sœur qu’elle demandera demain à Pera pour acheter quelque chose de pas trop cher et l’offrir à Maruno, ce qu’accepte Deshya.

Un peu plus tard, elles en reparlent un peu, toutes deux en pyjama, et avant d’aller dormir, Deshya répond encore à l’un ou l’autre message. C’est en espérant que tout se passe bien qu’elles s’endorment ensemble.

Et le matin suivant, celui du mardi 20 Septembre, comme prévu, Deshya et Tessa se rejoignent devant l’école, cette dernière venant à peine d’être ouverte. Elles parlent ensemble quelques instants et—

– Préparons le cadeau pour Maruno, d’accord ?

Deshya acquiesce avec le sourire.

– Un cadeau qu’il ne va pas voir venir, n’est-ce pas ?” lâche Deshya.

Tessa acquiesce à son tour. Avant qu’elles ne se dirigent à l’intérieur de l’école, Tessa tapote le sac qu’elle porte sur son dos.

– J’ai déjà acheté des donuts pour faire semblant qu’on lui a réellement acheté un cadeau,” avoue-t-elle.

– Il aime bien les donuts, donc ça lui fera plaisir,” sourit Deshya.

Elles s’avancent donc à l’intérieur de l’école, toutes les deux prêtes à rencontrer une certaine personne qui est nécessaire pour le plan de Tessa. Sans son accord, cela n’est tout bonnement pas possible et elles devront trouver quelque chose d’autre. En marchant à l’intérieur des bâtiments, passant à côté de très peu d’élèves et de professeurs, Deshya se souvient de ce que lui a dit sa petite-sœur hier soir à propos de Tessa et se met à rire doucement en y repensant. Sa crush tourne son regard vers elle et lui demande ce qu’il se passe.

– Ah, pardon, c’est juste que je me suis souvenu de ce que Korone m’a dit hier,” avoue Deshya.

– Ce qu’elle t’a dit ?

– Je lui ai parlé du plan vu qu’elle voulait vraiment savoir et a compris qu’on ne voyait pas ce mâtin uniquement pour un cadeau, et elle m’a dit que tu n’étais pas du genre à offrir de cadeaux aux autres pour aussi peu, ahah !

Tessa cligne des yeux et observe comme elle peut le sac qui se trouve dans son dos, surprise. Toutefois, elle sourit à son tour.

– Eeeh, elle m’a vu qu’une fois et elle peut déduire quelque chose comme ça ? Ou alors, c’est toi qui lui a dit qu’j’étais comme ça ?” la taquine Tessa.

– Aaah ? Non, même si je pense qu’elle n’a pas tort, je ne lui ai pas dit ça !” avoue Deshya.

– Bah, elle a pas totalement tort, mais si tu venais à être malade à nouveau, j’suis certaine que j’pourrai te faire un cadeau, à toi.

Tessa lâche cela sans gêne, désormais à l’intérieur des bâtiments scolaires. Deshya, elle, rougit doucement, mais c’est peut-être pour cela qu’elle a réellement commencé à aimer Tessa : son comportement presque ‘différent’ contrairement aux autres. En réalité, Deshya a toujours trouvé Tessa très cool, belle et donne un air ‘masculin’ quand elle veut. On ne joue pas avec elle et elle sait très bien se battre, mais aussi défendre ses amis quand il le faut. Très taquine et amusante, elle peut parfois avoir un côté un peu violent, souvent vulgaire, mais cela ne la rend pas méchante ou agressive. Tessa n’est pas réellement affective ou même ‘collante’ avec les autres… mais Deshya a toujours reçu une ‘autre faveur’ de sa part. Tessa est plus protectrice, amicale et presque ‘affective’ avec elle. L’année scolaire dernière, Deshya lui a demandé pourquoi Tessa agissait de la sorte avec elle contrairement aux autres, ce dont la fille a répondu :

– Pourquoi pas ? T’es ma mignonne p’tite renarde.

Même si Deshya ne peut pas mettre le point sur un moment précis où elle est tombée amoureuse d’elle, elle sait que la façon dont Tessa lui a parlé l’a actuellement touchée. Deshya sait depuis longtemps qu’elle est bisexuelle, mais elle a toujours préféré les filles qui ont un côté plus ‘masculin’ pour elles, donc Tessa est parfaite. De plus, vu que Tessa se montre toujours gentille et amicale, cela a aidé à balancer encore plus son cœur vers son côté. Cela fait un petit temps qu’elle a compris ses sentiments pour elle, mais elle n’a toujours pas réussi à regrouper son courage pour lui avouer la vérité… Néanmoins, Deshya s’en sent de plus en plus capable, vu qu’elle a réussi à l’embrasser sur la bouche après la partie de Poker, même si elle a mis cela sur le compte d’un ‘pari’. Deshya se doute que Tessa a déjà ses doutes sur le sujet. Deshya aurait moins de mal à lui avouer s’il n’y avait pas un certain point à prendre en compte :

Elle-même.

Ses attributs de renard, pour être plus clair. Si elle sort avec Tessa, lui cacher la vérité ne sera pas possible. En réalité, si elles sortent ensemble, Deshya n’acceptera plus de lui cacher la vérité. Si elles dorment ensemble, elle ne veut pas avoir à garder son pull et même, si Deshya ose mentir durant son couple, alors cela serait plutôt toxique. Néanmoins, elle a toujours peur de ce qui pourrait arriver à ce moment-là. Va-t-elle se faire tuer pour savoir la vérité ? Elle n’est pas un membre de sa famille, contrairement à Korone qui est leur petite-sœur adoptive, alors…

Après, Korone n’a pas été tué avant alors qu’elle sait la vérité pour mes attributs depuis qu’on s’est rencontrées…” pense Deshya.

Cela n’est malheureusement pas suffisant pour elle, alors elle continue de jouer la carte de la sécurité. Cependant, quoi qu’il advienne, Deshya sait qu’il faudra qu’elle lui avoue ses sentiments un jour ou un autre. Si elles arrivent à sortir ensemble — ce que Deshya ne croit pas vraiment, vu qu’elle ne doit pas être le type de Tessa —, alors Deshya lui expliquera toute la vérité. Pour ses attributs de renard, ce qu’il s’est réellement passé durant sa disparition de 5 mois et pourquoi elle ment à tout le monde, à part sa famille, pour ses attributs. Elle ne sait pas comment Tessa réagira, mais si elle le prend mal ou en est déçue, alors Deshya ne pourra qu’accepter que c’est de sa faute.

– Hey, Deshya.

La fille aux attributs de renard clignote des yeux et se tourne vers Tessa qui lui touche l’épaule.

– On est devant son bureau. Tu rêvasses ?

– A-Ah, pardon, je pensais juste à des trucs.

– Hm.

Tessa hausse les épaules avant de toquer à la porte du bureau. Une voix féminine leur dit d’entrer, ce que fait Tessa directement. Deshya la suit et ferme la porte derrière elle.

– Oh, Tessa et Deshya !” lâche la femme aux yeux bleus, ‘Kana Koweni’.

– Bonjour, directrice,” la salue Deshya.

– J’promets de ne pas faire trop long, mais on a besoin de votre aide.

Tessa ne passe pas quatre chemins, évitant même de lui demander comment elle va, restant debout devant le bureau. La directrice l’interroge du regard, attendant d’en savoir plus.

– C’est quelque chose de réellement important,” avoue Tessa.

– Très important, même,” corrige Deshya.

Tessa acquiesce et Kana s’enfonce dans son siège, les jambes croisées.

– Je vous écoute ?” lâche-t-elle.

Tessa lui explique rapidement ce qu’elle aimerait que Kana fait, mais au début, la directrice est loin d’être convaincue. Deshya avoue qu’elles ne peuvent pas trop expliquer ce qu’il se passe, mais que c’est réellement important ; de plus, Deshya promet d’avouer la vérité à la directrice si quelque chose ne va vraiment pas avec Maruno. Kana les observe avec attention, écoutant leur tentative de la convaincre, et décide enfin…

– Je veux bien, mais si c’est une blague, je vous promets que ce ne sera pas une petite punition que vous recevrez, toutes les deux.

Deshya et Tessa se regardent avec le sourire avant de remercier la directrice plusieurs fois. Elles parlent donc ensemble et se penchent sur l’ordinateur en expliquant quoi faire et un peu plus tard, Deshya et Tessa sortent du bureau de la directrice en la remerciant une dernière fois. Kana prend son téléphone et compose le numéro du professeur qu’elle doit appeler, devant lui expliquer rapidement la situation, et sourit en voyant la porte se fermer.

Ces jeunes…

Elle n’aurait jamais accepté si ça a avait été quelqu’un d’autre. Toutefois, Deshya est une élève très sérieuse et si Tessa vient à montrer une telle inquiétude pour quelqu’un, alors Kana ne peut que la croire. Elle est certes une directrice qui sait que ses élèves peuvent faire des blagues loin d’être drôles, mais elle accepte de les croire, une grosse confiance pour les trois membres des Renards Associés.

Lorsque Maruno est en classe, il remarque la caméra cachée sur l’étagère de la pièce, derrière lui. Il se dit à quel point la personne qui le retient, dont les deux autres qui le surveillent, ont pris des précautions et ne veulent laisser aucune chance à Maruno de s’en sortir. S’ils vont jusqu’à placer des caméras dans l’école, il ne veut même pas espérer que les toilettes soient hors de leur portée… S’ils peuvent le surveiller de partout, alors il peut abandonner trouver un moyen de prévenir Tessa et Deshya : il doit juste espérer que Tessa a compris son fredonnement. Il pourrait tenter avec Deshya, surtout que vu qu’elles lui ont donné des donuts, ça veut probablement signifier qu’elles n’ont pas encore compris sa situation. Si Tessa n’a pas compris le fredonnement, il doit espérer que Deshya le pourra… Il pourrait tenter de chantonner ‘Help!’ des Beatles, mais il ne la connaît pas aussi bien sur ‘S.O.S’… Ses pensées sont interrompues lorsque le professeur pose une feuille de test devant lui. Il regarde le contenu et finit par sourire, confiant.

Je connais les réponses de toutes les questions… Un 10/10.

Parce que ceci n’est pas une fiche de test.

Il suppose que tous les autres élèves ont un réel test surprise, mais en lisant ce qu’il est écrit sur la feuille, Maruno comprend qu’en réalité, il a sous-estimé Tessa. Non seulement a-t-elle compris son message de ‘S.O.S’, elle a aussi compris qu’il ne peut rien dire et est surveillée par quelqu’un.

Parce que sur cette feuille qui est construite comme une feuille de test ne possèdent pas des questions normales.

Ce qu’il est écrit dessus, à la place des questions, est ceci :

« J’ai compris pour ton message ‘S.O.S’ et même si je ne sais pas ce qu’il se passe, Deshya a remarqué quelqu’un avec des jumelles sur le toit d’en face et moi, j’ai vu pour le microphone dans le haut de tes vêtements.

On ne sait pas ce qu’il se passe, mais on suppose déjà que tes parents sont en danger et toi-même tu l’es. On a parlé à la directrice qui a accepté de faire une fiche comme ça que pour toi.

Comme si c’était un réel test, inscris tout ce que tu sais et tout ce qu’il se passe, on va essayer de t’aider comme on peut de nôtre côté. Aussi, trois questions :

Est-ce qu’on prévient le père de Deshya ? Bref, la police ?

Est-ce que tu sais quiconque te retient ? Ou les gens ? Un groupe ? Tout ce que tu sais dessus.

Et finalement, pourquoi ? Ainsi que la situation de tes parents. Bonne chance. »

S’il le pouvait, il prendrait la fiche et se lèverait de la table en criant « MERCI BORDEL !!!», mais faire cela serait la pire idée possible — non seulement parce qu’ils comprendraient que quelque chose est étrange, mais en plus, son professeur l’engueulerait. Il écrit donc tout ce qu’il peut sur la feuille, se sentant extrêmement rassuré, espérant juste que la caméra ne puisse pas jusqu’à voir sur les réponses qu’il inscrit, ce qui signifierait la fin de cette opération, mais aussi la mort de ses parents. Toutefois, avec son dos penché sur la feuille alors qu’il écrit, il est impossible à la caméra de derrière de voir ce qu’il est écrit. Il pense parfois tout haut pour faire croire qu’il passe un réel test surprise, s’arrêtant pour faire semblant de lire les questions, mais il se demande si les personnes qui sont derrière sa ‘capture’ pourraient se douter qu’il est en train d’écrire sur une fiche qui n’est pas réellement un test. Tous les autres élèves sont en train d’en passer un réel et il est dur de croire qu’ils se douteraient que ce professeur vienne à faire une telle chose, probablement sous les ordres de la directrice. Si cela est le cas, alors Maruno acceptera qu’il ne peut juste rien faire face à la personne qui le retient. Toutefois, il ne laissera personne tuer sa copine, ni sa famille, encore moins ses propres parents. Elles ont été suffisamment gentilles pour adapter un garçon comme lui, alors il va s’assurer qu’elles restent en vie.

Maruno fera tout ce qu’il faut pour les protéger.

Certes, dans sa position, il est obligé de se reposer sur les autres, mais est-ce un réel problème ? Justement, il pense que c’est une force. Rien ne le force à agir seul. Il n’a rien à prouver à personne, surtout dans une telle situation : ce n’est pas un jeu. Sur la fiche, il explique rapidement sa situation, ainsi qu’il est convaincu que c’est un homme qui travaille pour la police, probablement de Tetazo, qui a été mis sur l’affaire de la marchandise de drogue de ce dimanche. Il explique aussi que tous ses mouvements sont surveillés et que leur but est de le forcer à assassiner sa copine, Aya Deroom, et que ses deux parents vont aussi mourir ce samedi 24 Septembre, le jour d’inauguration de l’hôtel « FEDER ». Pour finir, il leur explique que c’est bien trop risqué de protéger activement Aya ou de tourner autour d’elle, vu que la personne va peut-être comprendre ce qu’il se passe. Il se doute qu’elles ne comptaient pas le faire, mais il préfère le prévenir. Il rend ainsi sa fiche au professeur, se sentant bien plus rassuré qu’hier ou même ce mâtin. Désormais, il doit espérer qu’elles trouvent le coupable, ainsi qu’un moyen de l’empêcher de tuer ses parents et Aya. En réalité, il a écrit un ‘P.S.’ en fin de fiche, leur demandant une seule chose.

Quelque chose qu’il veut réellement faire de tout son cœur.

Alors que Maruno rentre chez lui, deux personnes le regardent discrètement, tous deux dans une assez belle et spacieuse voiture. Ils sont silencieux, regardant Maruno rentrer chez lui en utilisant ses clefs. La petite fille s’assied à nouveau sur le siège et allume son téléphone en ouvrant son application de message, là où elle n’a que trois personnes actuellement : ‘Grande-Sœur’, ‘Gatito Poule’ et ‘Pera Beauté’. Elle ouvre le dernier message qu’elle a reçu, celle de Deshya.

– De ce que grande-sœur m’a envoyé, Maruno a dit que le coupable qui le retient est un policier qui a été sur l’affaire de la marchandise de drogues,” explique Korone.

– Et pourquoi donc ?

– Il semblerait qu’il ait été appelé au même moment que la police a commencé à s’occuper de la marchandise. Il possède un pistolet ‘FNP-9’ qu’il doit utiliser pour tuer sa copine et vu que l’homme cache un autre pistolet dans la poche de son pantalon ou sa ceinture, il se doute qu’il est un policier.

Gatito reste silencieux, les yeux plissés. Il ne veut pas prendre les mots de Maruno à la légère, vu qu’il sait bien qu’il est loin d’être idiot, mais il doute qu’un policier puisse réellement agir de la sorte. Ils sont occupés la plupart du temps et de plus, ils ont tous promis de servir la justice — alors retenir un pauvre garçon pour le forcer à assassiner sa copine ? Gatito préfère croire qu’il s’est juste trompé et que c’est tout bonnement une mauvaise coïncidence. Toutefois, il ne veut pas écarter cette possibilité et donc se tait, attendant de savoir qui est réellement l’homme — si c’est réellement son sexe — qui doit se trouver chez Maruno actuellement. Korone laisse son téléphone sur le siège de la voiture avant d’ouvrir la portière, disant à Gatito qu’elle va offrir le collier à Maruno. L’homme acquiesce en s’assurant qu’il soit bien caché et ne puisse pas être vu de quiconque — ou en tout cas, que son identité ne puisse pas être comprise. Korone sort donc de la voiture en courant joyeusement vers la maison de Maruno, scrutant les environs en ne bougeant rien d’autre que son regard. Comme prévu, elle sonne à la porte, discute rapidement avec Maruno tout en lui offrant le collier et vérifie que ses parents ne sont pas à la maison. Lorsqu’elle en est convaincue, elle salue Maruno et dit qu’elle retourne à la voiture après avoir menti que c’est Pera qui l’a emmené ici : si c’est réellement un policier qui retient Maruno et qu’il écoute leur conversation, il est préférable qu’il ne pense pas que ce soit Gatito, l’inspecteur de police, qui l’a conduite jusqu’ici. Elle entre dans la voiture et attache directement sa ceinture. Gatito allume le contact et ils partent sans plus attendre, ne voulant pas trop tarder. Avant que l’inspecteur ne puisse poser la moindre question, Korone parle.

– J’ai remarqué une personne qui me surveillait depuis une voiture et une autre dans la rue, assis sur un banc,” lâche Korone.

– T’es certaine qu’ils surveillent la maison ?” demande Gatito.

– La femme dans la voiture a parlé rapidement dans le pli de ses vêtements, donc elle a probablement discuter avec la personne qui doit être chez Maruno. Je ne l’ai pas bien vu à cause des fenêtres teintées. Pour l’homme, il a regardé plusieurs fois en direction de Maruno lorsque je lui ai parlé. J’ai vérifié rapidement quand je lui ai donné le collier, donc si Maruno dit vrai, alors il est bel et bien surveillé par deux personnes qui restent à ses côtés.

Ils savent déjà qu’il y a quelqu’un à la maison, mais au moins, Korone est plus ou moins certaine qu’il y a bel et bien uniquement deux autres personnes qui le surveillent. Il était possible qu’une troisième se cache, mais Korone n’a remarqué personne d’étrange, ni d’autre regard posé sur elle. Néanmoins, rien ne dit que ce n’est pas le cas, donc elle préfère rester sur ses gardes. Sur le chemin, Gatito pense tout haut :

– Est-ce qu’il faut contacter des membres de la station ?

Korone répond directement, les bras croisés :

– Maruno a écrit qu’il semblerait que la personne peut tuer ses parents en un seul coup, donc il est possible que quelqu’un se trouve là où ses parents sont retenus, peut-être même que la pièce est bombée.

Gatito avoue que cela a du sens.

– En plus, sans savoir qui c’est, est-ce que ça serait sage d’en parler avec des membres de la police ?” demande-t-elle.

– Même si j’ai toujours du mal à croire que ce soit un membre de la police, tu n’as pas tort. Il ne faut pas qu’on se presse… Hey, attends !

Gatito fronce les sourcils et lâche un regard vif vers sa fille adoptive.

– Est-ce que je suis en train de me faire corriger par ma propre fille adoptive, qui en plus est toujours une enfant ?!” crie-t-il.

Korone sourit.

– Les enfants sont là pour corriger les erreurs des adultes, n’est-ce pas ?

Gatito soupire et regarde la route devant lui avec des yeux fatigués.

– Je comprends ce que ressentait Sammy, quand ma fille a été enlevée…” lâche-t-il.

Korone pouffe en plaçant les deux mains devant sa bouche.

Quand ils rentrent chez eux, la famille s’assied autour de la table de la salle à manger.

– Du coup, on dirait que nos suspicions étaient fondées,” avoue Deshya.

– Donc Maruno est retenue par quelqu’un et surveillée par des gens…” lâche Pera, triste de savoir cela.

Deshya a décidé d’expliquer la situation à ses parents pour que Korone puisse aller en voiture chez Maruno et vérifier s’il y avait réellement des gens qui le surveillaient là-bas, au cas où le plan de Tessa ne venait pas à fonctionner. Heureusement, Kana Koweni, la direction de leur école, a été suffisamment sympathique pour accepter. Ensuite, elle en a parlé avec Gatito au téléphone, mais Deshya a avoué qu’elle allait leur envoyer la photo de la fiche par message. Elle a décidé de l’envoyer à Korone, vu qu’elle allait chez Maruno avec son père, mais elle n’aurait aucun problème à l’envoyer à Gatito. Pera a aussi appris la vérité de la part de sa fille, cela par message, et ils se trouvent donc autour de la table pour rapidement en discuter.

– Il semblerait que ce soit pour qu’il puisse assassiner Aya. L’homme semble vouloir tuer les parents d’Aya lui-même, mais Maruno ne sait pas comment, même si ça sera durant le jour d’inauguration de l’hôtel « FEDER »,” avoue Deshya.

– Prévenir la famille Deroom ne serait pas impossible, mais vu que les parents de Maruno sont retenus quelque part d’encore inconnu, il est préférable qu’on agisse comme si on ne savait encore rien,” explique Gatito. Il est possible que l’homme vienne de la police et tant qu’on ne connaît pas son identité, je ne vais pas en parler avec quiconque pour éviter les problèmes. Bon, on peut retirer Sammy et Dash de la liste des suspects vu que Sammy était avec sa femme en vacances et que Dash n’a pas quitté son poste ses trois derniers jours, à part tard le soir, ainsi que la majorité des femmes.

– Pas toutes ?” demande Pera.

– Même si Maruno semble être convaincu que c’est un homme policier, rien ne dit que ce n’est pas un déguisement. Le pistolet dans la poche de la personne qui le retient peut toujours être une arme pour se défendre ou menacer Maruno au cas où il décide de se rebeller. Bon, si la personne possède un FNP-9, je pense que je dois accepter que c’est un policier, mais pour l’instant, je préfère prendre toutes les possibilités en compte.

Pera acquiesce, comprenant la situation, et Deshya parle à son tour.

– J’ai ma petite idée pour sauver Aya, mais sans savoir comment il compte se débarrasser de ses parents, je ne peux rien faire pour ça. On a jusqu’à vendredi pour trouver l’identité du coupable et s’occuper de tout cela, vu que samedi est le jour-J pour le coupable. Je renverrai une réponse à Maruno le jour où les tests seront rendus, même si c’est pour l’instant Tesas qui a la feuille chez elle.

– Vraiment aucune idée de comment le coupable compte prendre la vie des parents d’Aya ?” demande Pera.

– Probablement avec du poison,” avoue Korone. Justement, je voulais demander.

La petite fille se tourne vers Gatito.

– Il y a des policiers de Tetazo qui vont s’occuper de la sécurité de l’hôtel, ce samedi, non ?

L’homme roux acquiesce et Korone touche son menton.

– Il est possible que le coupable profite de sa position pour approcher la famille Deroom ou même les plats ou les boissons pour en mettre du poison. Les tuer avec un pistolet dans la salle serait très idiot, vu qu’on pourrait rapidement l’arrêter et vu ses agissements jusqu’ici, on ne dirait pas qu’il veuille être attrapé…

– Rien ne le dit,” avoue Deshya.

Korone regarde sa grande-sœur qui vient de croiser les jambes.

– Peut-être qu’après cette opération, il n’en aura rien à faire d’être arrêté. Peut-être même songe-t-il déjà au suicide…” lâche Deshya. Par contre, je suis d’accord avec Korone pour dire qu’il ne va sûrement pas utiliser son pistolet pour tirer sur les parents d’Aya, mais quelque chose de plus silencieux. Non, plutôt, discret, je devrais dire.

Gatito acquiesce et avoue que c’est fort probable, mais qu’à ce moment-là, ils vont devoir faire très attention à tout ce qu’il se passe dans l’hôtel. S’ils arrivent à découvrir l’identité de la personne qui retient Maruno, ainsi que les deux autres qui ont leur regard dessus, alors les surveiller ne sera pas trop complexe. L’homme roux se lève de la table et se dirige dans le petit bureau entre la cuisine et le hall d’entrée sans expliquer ce qu’il va faire, mais personne ne réplique. Il revient rapidement avec un crayon et une feuille en papier avant d’écrire dessus sur le comptoir. L’instant d’après, il s’assied à nouveau sur sa chaise et dépose le papier sur la table, le montrant à tout le monde. Deshya et Korone s’y penchent et peuvent y lire :

– Hanoka Atege.

      – Karine Shineki.

      – Gatito Oveja.

      – Axel Lymenn.

      – Craig Steur.

      – Ash Gordie.

      – Nilal Sühez.

Elles comprennent toutes les trois assez rapidement ce que cette petite liste signifie, mais Gatito l’explique quand même.

– Nous étions nous sept sur l’affaire — en tout cas, à ce moment-là. Je pense qu’on peut retirer Hanoka et Karine de la liste, dont moi-même, donc cela doit être soit Axel, soit Craig, soit Ash, soit Nilal.

– Et qui ils sont, tous les quatre ?” demande Deshya.

– Axel et Craig sont tous les deux agents de police qui s’occupent surtout d’affaires de drogue ou de même de protection. Craig est un peu plus nouveau qu’Axel, mais tous les deux font du bon boulot,” explique Gatito. Axel ne parle pas souvent de sa famille, mais je sais qu’il a une fille. Pour Craig, il garde son cousin chez lui, mais vu que celui-ci travaille souvent, impossible de lui poser des questions sur Craig, je pense. Ash vient de la brigade canine et vit avec sa femme et ses deux fils et pour Nilal, il est un agent de police qui travaille principalement dans le domaine de la drogue et marchandises illégales.

– Demander des alibis ne servirait à rien, vu que le coupable peut dire à sa famille ou ses amis qu’il doit travailler…” pense Pera tout haut.

Gatito acquiesce et se gratte les cheveux.

– Par contre, si Maruno est convaincu que c’est réellement un policier qui travaille dans le domaine et qu’il a une carrure musclée, alors ils sont tous les quatre suspects. Nilal et Axel sont arrivés un peu plus tôt qu’Ash ou Craig, mais vu qu’ils habitent tous deux dans le nord de Tetazo, ce n’est pas étonnant. Comme ça, je ne pourrai pas dire qui serait le coupable.

Deshya aurait aimé avoir une réponse directement, mais elle s’en doutait que cela n’allait pas être aussi simple que ça. Elle va parler, mais Korone prend la parole en premier.

– Et si Gatito s’occupe de trouver le coupable, tandis que grande-sœur et moi-même, on s’occupe de faire en sorte que madame belle-gosse et sa famille ne meurent pas ?” propose Korone.

Gatito accepte plutôt rapidement, mais il fronce ensuite les sourcils.

– Tu te prends pour qui, quand même, Korone ?

La petite fille sort sa petite langue de sa bouche tout en fixant l’homme musclé.

– Pour une petite choupinette qui est dans une famille de génie. C’est votre faute si je suis intelligente, maintenant !

Même avant qu’on t’adopte, t’étais trop intelligente pour ton âge…” sourit Deshya, une goutte de sueur sur le front.

Les mots de Korone sont compris de tous, mais même Korone se dit que ce qu’elle vient de dire — qui est un mensonge que presque n’importe qui comprendrait — ne veut pas signifier grand-chose… mais elle hausse juste les épaules, s’en fichant totalement.

Le jour suivant, après les cours—

Une femme crie dans la rue de la maison de Maruno Uffite.

Le garçon et la personne qui le retient ne savent tous les deux pas ce qu’il se passe, surtout que le cri n’a pas été faible. L’adulte demande à ses collègues ce qu’il se passe—

– Une femme semble poursuivre un voleur… Non, une voleuse ? Je ne saurai pas dire.

C’est la réponse que la personne reçoit. Avant même qu’elle ne puisse répondre quoi que ce soit… on vient à l’appeler. Elle s’excuse et part dans une autre pièce pour éviter d’être entendue par Maruno et répond à l’appel.

– Qu’y a-t-il ?” demande l’homme.

– Je cours après un coupable !!” lâche la femme à travers le talkie-walkie. Rejoignez-moi dans la rue des Sangliers, dans le nord de Tetazo !!

L’homme hésite à accepter, mais vu qu’il est assez proche et que refuser alors qu’il ne doit être en train de rien faire serait peut-être suspicieux : son travail lui demande d’accepter. Il répond donc par le talkie-walkie qu’il arrive et fonce dans le salon en activant son ‘modifieur de voix’ à nouveau.

– Je dois m’absenter quelques instants.

– Hm, okay.

Maruno acquiesce à nouveau et continue de jouer, ne s’intéressant pas plus aux mouvements de la personne. Cette dernière s’en va donc de la maison en courant, mais change ses vêtements en sortant, retirant aussi sa cagoule.

15 minutes plus tard, un total de 8 personnes se trouvent les uns à côté des autres. Hanoka, qui est la femme qui a appelé à l’aide à travers le talkie-walkie, a repris son souffle depuis. Ils sont situés dans le cul-de-sac d’une rue, celle des Sangliers, qui est son nom. Hanoka soupire.

– Le coupable doit se trouver tout près d’ici !” avoue-t-elle.

– Est-ce que tu sais quoi que ce soit de son physique ?” demande Craig.

– Cela pourrait aider,” avoue Nilal.

– Est-ce que vous savez quoi que ce soit sur la voleuse ?” demande Axel.

– Qu’est-ce qu’il est actuellement passé ?” l’interroge Ash.

Karine plisse les yeux, les mains sur les hanches.

– Oi, oi, posez pas toutes vos questions en même temps, vous !” crie-t-elle.

– Ce n’est pas grave…” lâche Sammy avec le sourire.

– Oui, mais je veux retrouver cette voleuse !” s’énerve Hanoka.

– Cherchons deux par deux,” propose Gatito.

Hanoka acquiesce et l’homme roux s’avance dans la rue.

– Je vais avec Nilal vers les maisons qui sont peintes en bleu. Karine, tu vas avec Axel pour fouiller le grand jardin de la maison tout au bout. Hanoka et Craig, les maisons vers la droite. Finalement, Sammy et Ash, vous restez dans les alentours pour vous assurer que personne ne s’échappe. C’est un cul-de-sac, alors vous devriez la retrouver ! On y va !

– Oui, inspecteur !!

Les huit personnes courent ou restent à leur poste, concentrés et confiants d’attraper la voleuse qu’a chassé Hanoka…

… mais aucun résultat.

– ‘Tain, elle est passée où ?!” demande agressivement Karine.

Elle tapote le sol de son pied droit, les bras croisés et le regard enragé. Sammy essaie de la calmer, mais comme il s’y attendait, cela ne fait que l’agacer encore plus. Hanoka se tourne vers les quatre retardataires en plissant les yeux.

– Pourquoi vous avez pris autant de temps, vous quatre, hein ?!” lâche Hanoka, elle aussi agacée.

L’homme d’1m84, aux cheveux noirs qui ne perdent pas encore de leur couleur, répond en premier.

– Je viens juste de loin,” avoue Axel. Enfin, j’habite dans le nord, mais il fallait que je m’habille et que j’arrive… Ce n’est pas la portée à côté non plus.

Ensuite, c’est l’agent de police d’1m81, cheveux blonds et yeux bleus, qui s’explique.

– Je ne pensais pas qu’on m’appellerait maintenant, alors j’étais en sous-vêtements,” dit Craig. J’ai aussi dû m’habiller, pardon.

Puis c’est l’homme d’1m82, celui de la brigade canine et aux cheveux châtains qui parle.

– J’ai dû prendre la voiture et ça m’a pris un certain temps…” explique Ash.

Finalement, l’homme qui s’occupe principalement et uniquement d’affaires de drogues ou marchandises illégales, celui aux cheveux noirs, 1m87 et la peau plus foncée…

– J’étais avec ma famille,” avoue Nilal. Mon fils ne voulait pas que je parte, donc j’ai dû le calmer.

Hanoka soupire et se retourne vers le cul-de-sac.

– Bah, je sais pas où elle s’est enfuie, mais…

– Il s’est passé quoi exactement ?” demande Karine.

– J’étais un peu plus loin quand j’ai vu qu’une personne est sortie en courant depuis une maison. La femme qui y habitait a crié après elle et donc je l’ai suivi,” explique Hanoka. Elle avait un sac à dos et ses longs cheveux noirs se balançaient dans son dos, surtout que vu ses formes, c’est clair que c’est une femme.

– On pourrait peut-être en savoir plus en parlant avec la femme ?” propose Craig.

– Je vais aller lui parler avec Gatito, je vous recontacte s’il y a du nouveau.

Ils acceptent tous et demandent ce qu’ils ont à faire. Hanoka avoue qu’elle aimerait que Karine et Sammy restent dans les parages pour vérifier que la voleuse ne sorte pas de sa cachette, ce qu’ils acceptent. Gatito dit aux quatre autres hommes qu’ils peuvent rentrer et Hanoka s’excuse pour leur déplacement. Toutefois, ils disent tous que ce n’est pas un souci et ils partent donc tous de leur côté. Gatito et Hanoka s’en vont ensemble, tandis que Sammy et Karine restent sur place.

Tous les quatre… les yeux plissés.

C’était que ça… J’ai eu peur,” pense la personne qui retient Maruno.

Elle n’aime pas devoir s’en aller de la maison de Maruno, vu qu’à tout moment, il peut trouver un moyen de faire quelque chose dans son dos, mais elle suppose qu’il est si bien surveillé que tenter quoi que ce soit est bien trop risqué. Elle n’hésitera réellement pas à tuer ses parents s’il le faut, alors Maruno a intérêt à la prendre au sérieux. Il va retourner dans la maison quand—

– Est-ce que tu peux venir dans la rue juste à côté ? On a peut-être trouvé quelque chose !

C’est la voix de ‘Gatito Oveja’ qui retentit à travers le talkie-walkie. L’homme qui allait entrer chez Maruno l’attrape et grince des dents, mais il accepte et dit qu’il arrive. Il avait complètement oublié d’activer à nouveau l’option qui fait qu’il doit répondre pour entendre la voix de la personne à travers… Si cela était arrivé pendant qu’il était dans la même pièce que Maruno, il aurait pû reconnaître la voix de Gatito et il aurait probablement compris qu’il était un policier de Tetazo… Heureusement que l’inspecteur l’a appelé avant qu’il ne rentre. Il court donc dans la direction opposée d’où il vient d’arriver, vérifiant que personne ne le voie. Il demande même aux deux personnes qui surveillent Maruno si personne n’est dans les parages, mais ils avouent qu’à part Gatito et la femme qui courrait après la voleuse, personne n’est là. Cela rassure l’homme qui part donc.

Toutefois, un sourire apparaît sur le visage d’une certaine fille.

– Alors c’était bien toi…

Quelques minutes plus tard, Gatito revient dans la voiture et tourne directement le visage vers la petite-fille qui n’a pas retiré son sourire. Korone, les bras croisés, garde son regard fixé devant elle.

– Alors, tu sais qui c’est ?” demande Gatito.

Korone acquiesce.

– Comme le pilote de vitesse moto espagnol…

Elle tourne le regard vers Gatito.

– C’est ‘Axel’.

L’agent de police aux cheveux noirs, celui qui est dans la police depuis quelque temps désormais, est l’identité de l’homme qui retient Maruno. Gatito soupire et abaisse le regard, attristé que le coupable soit réellement un membre de la police.

– Donc c’est lui, hein… Attends, comment ça, ‘pilote de vitesse moto espagnol’ ?!” crie ensuite Gatito.

– C’est moi qui lui ai dit !

D’un coup, une femme montre sa tête de la banquête arrière de la voiture. Son sourire est mignon et ses cheveux noirs aux mèches roses se balancent dans son mouvement excité.

– Ah, Mariah.

– ‘Axel Pons’, fils ‘d’Alfonso Sito Pons’, un coureur qui est actif depuis 2008. Il n’a pas un palmarès aussi bon que celui de son père, mais—

– Nan, mais je m’en fiche. Il y a des Axel plus connus que ça, nan ?

– J’aime bien les motos, moi,” avoue Mariah.

Elle croise les bras et fait la moue en voyant que ce qu’elle raconte intéresse si peu Gatito, mais l’homme soupire juste et démarre le moteur. La raison pour laquelle Mariah se trouve dans la banquette arrière est simple : c’est elle qui a joué le rôle de la voleuse que poursuivait Hanoka, tout cela pour attirer les quatre coupables dans le coin.

– Hanoka a dit à Nilal que c’est possible que j’aie un rapport avec l’affaire des marchandises de drogue de l’autre fois, donc il est venu,” lâche Mariah en mettant sa ceinture. Bah, de toute façon, ce n’était pas lui et ça m’aurait étonné que ce soit lui.

– Pourquoi ?” demande Korone.

– Parce que si on en croit ce qu’a dit Maruno et où il habite, cela serait complexe pour Nilal de se déplacer d’un endroit à l’autre. Axel est bien plus proche d’ici, donc il peut retourner chez lui plutôt rapidement. En plus, Nilal a beau être musclé, il n’est pas du genre à parler beaucoup et avec tout mon respect pour lui, je ne pense pas qu’il penserait à même mettre des caméras dans les environs. En plus, de ce que je sais sur lui, il est du genre à adorer la compagnie ‘Lordly’ car ils ont construit une piscine dans le nord du pays où vont souvent ses neveux.

– Mais ça n’excuse pas que ça aurait pû être lui,” lâche Gatito en démarrant la voiture.

– Bah, qu’importe. On sait que c’est Axel, mais je savais que c’était lui avant même qu’on le confirme.

L’inspecteur policier fronce les sourcils.

– Comment tu pouvais le savoir ?” demande-t-il.

– Lorsque j’écoutais les conversations dans la voiture avec Korone, on l’a entendu demander si Hanoka savait quoi que ce soit sur la voleuse. Toutefois, Hanoka n’a jamais rien dit à propos d’une voleuse et n’a même pas parlé de sexe en premier lieu.

– Du coup, ça prouvait qu’il était dans les parages !” continue d’expliquer Korone. Il a dit qu’il n’était pas proche d’ici, c’est pour ça qu’il a pris son temps, mais si c’était réellement le cas, il n’aurait jamais pû savoir que c’était une voleuse. Même si on suppose qu’il se doutait que c’était un voleur ou un cambrioleur, il l’a directement genré en tant que femme, donc on a compris que c’était lui.

Mariah acquiesce avant de jouer avec la cagoule qu’elle a utilisée.

– Bah, on a bien fait d’appeler les suspects un par un pendant que Korone vérifiait la maison. Une minute entre chaque appel, avec toi qui appelle Axel en premier, ensuite Karine pour Craig, Sammy pour Ash et finalement, Hanoka pour Nilal. Vos excuses étaient parfaites et comme ça, on est certain que c’est Axel le coupable,” dit-elle.

Korone tapote dans les mains.

– C’était un bon plan de la part de grande-sœur !” avoue-t-elle.

– J’ai l’impression que la police se fait battre par ma fille… Voire, MES filles,” lâche Gatito.

– Maaaw, dit pas ça ! Korone n’est qu’une petite fille de 8 ans, donc elle peut être aussi intelligente qu’elle veut, elle ne peut pas faire le travail d’une policière. Deshya a plus d’expérience et tout ça, mais je ne pense pas qu’elle soit prête pour un tel métier. Bah, laissons-lui le temps et peut-être qu’elle arrivera même dans le Top 10 des détectives les plus intelligents de ce monde~ ?

– Ah, j’y crois pas, ça. Elle est intelligente, ouais, mais de là à arriver dans le même classement que Minos, Ayumi ou même Kira ? Mouais.

Mariah n’est pas forcément étonnée que Gatito connaisse autant de prénoms de détectives, mais elle pouffe quand même. Gatito rougit et soupire.

– On fait quoi, du coup ? L’arrêter d’un coup est risqué, je suppose…” dit-il.

Mariah acquiesce.

– Comme Maruno ou Korone l’ont dit, il y a deux personnes qui le surveillent, j’ai pu le confirmer dans ma course et quand je me suis échappée discrètement sans être remarquée. Bah, j’ai pas pensé à vérifier qui allait sortir de la maison de Maruno et j’aurai pû directement confirmer l’identité de la personne qui était dedans, mais je ne voulais pas risquer d’être vue. Le truc, c’est que rien dit que les deux autres personnes qui surveillent Maruno ne peuvent pas se débarrasser de ses parents eux-mêmes ou continuer le plan comme prévu. Comme Maruno l’a dit, s’ils vont chercher quelqu’un d’autre pour assassiner Aya et sa famille, cela sera plus complexe de savoir ce qu’ils comptent faire et quand.

– C’est vrai que là, nous savons quand ils comptent le faire et même comment… Une balle dans le cœur, hein…

Gatito fronce les sourcils, énervé : pourquoi est-ce qu’Axel souhaite faire une telle chose ? Quel est son but ? Et surtout, pourquoi utiliser Maruno pour exécuter un plan si… horrible ?

– Malheureusement, rien ne dit qu’il n’y a pas d’autres personnes impliquées dans cet assassinat et je pense qu’il doit y avoir quelqu’un qui surveillent les parents de Maruno pour leur donner à boire et à manger, donc agir trop rapidement est dangereux. Si on arrive à secourir ses parents, alors on pourra agir,” avoue Mariah.

– Tu proposes quoi, alors ?

– On les attrape samedi, le jour même de leur assassinat. De plus, tu as bien vu ce que Maruno a demandé en ‘P.S.’ sur sa feuille, non ?

Gatito ne peut pas oublier cela… Toutefois, il se demande si ce n’est pas trop dangereux. Tout en regardant la route devant lui, il plisse les yeux, serrant un peu plus fermement le volant dans ses mains. Alors qu’il roule, Korone sort son propre téléphone et commence à lire ce que Deshya lui a envoyé : son ‘plan’. Gatito l’écoute attentivement et lorsque Korone a terminé de le réciter, il soupire longuement. Mariah avoue qu’elle est rassurée que tout ira bien, alors, mais cela n’est pas le cas pour Gatito.

Il ressent… un mauvais pressentiment. Il ne sait pas exactement ce que c’est, mais il n’aime pas cela.

– Mariah !

– Oui, Korone ?

– Tu es quand même forte pour fuir, pas vrai !

– Héhé, c’est ma spécialité !

Mariah prend une pose fière et les deux filles se mettent à rire, mais Gatito reste concentré sur la route, les yeux froncés… tout en pensant à ce mauvais pressentiment. Comme si…

Comme si Aya était en grave danger. Qu’au final… cette histoire allait mal se terminer.

Maruno est désormais en classe, le dernier jour d’école avant un week-end bien mérité, n’arrivant pas à se concentrer sur ce qui est dit par le professeur. Il est bien trop dans ses pensées, se demandant comment la soirée de demain va se passer : même avec tout ce qu’il a dit dans la feuille qu’il a rendu au professeur, qui a forcément été envoyé à Deshya et Tessa juste après, il ne sait pas comment empêcher Aya de se faire tuer. Même si elles arrivent à trouver où ses parents sont retenus…

– Voici le résultat des tests que vous avez passés ce mardi.

Le professeur vient de sortir Maruno de ses pensées, plaçant ensuite la ‘feuille de test’ devant le garçon. Il la regarde sans plus attendre, ouvrant grand les yeux…

Parce qu’il a reçu une réponse de Deshya et Tessa.

Elles leur expliquent rapidement ce qu’elles ont fait et qu’elles ont découvert l’identité de la personne qui le retient. De plus, elles ont pû confirmer qu’il y a bien deux autres personnes qui le surveillent de près et d’autres choses, ainsi qu’elles respecteront ce qu’il a écrit dans le ‘P.S.’. Maruno lit tout ce qui a été dit et sourit, se disant qu’il n’a plus rien à craindre. Qu’il peut être entièrement rassuré et sourire.

Qu’il a des amies incroyables.

La fille sur le banc d’à côté lui demande quel point il a eu après avoir donné les siens. Maruno la félicite pour son résultat et tapote sa propre feuille, lui disant avec le sourire :

– Un 10/10 grâce à des amis en or.

En voyant l’interrogation et la confusion sur le visage de la fille, il trouve une excuse pour lui expliquer ce qu’il voulait dire, mais la vérité de ses mots doit rester dans ses pensées, vu qu’on le surveille de près. De plus, elle ne comprendra jamais ce qu’il veut dire.

Cette enquête est un 10/10 grâce à vous, Tessa, Deshya…

Maruno ne peut s’empêcher de sourire. Il peut respirer, mais il doit toujours rester sur ses gardes. Certes, elles ont trouvé l’identité du coupable et avec tout ce qu’elles ont dit juste après, il n’a pas peur pour ce qu’il va se passer, mais rien ne dit que tout se passera parfaitement… rien ne dit que cette personne n’a pas un plan de secours. De plus…

Il a toujours peur pour Aya.

Après avoir refusé d’aller dormir chez Amora, Deshya continue son chemin chez elle… mais en réalité, elle prend un tournant qui ne mène pas vers sa maison. Amora le remarque, mais hausse juste les épaules. Deshya continue de marcher tranquillement, le sac sur son dos, et elle finit par tomber sur—

– Je suis là,” sourit Deshya.

La fille est assise sur un muret, les bras croisés, et sourit en tournant le visage vers son amie.

– Prête pour un petit détour ?” demande Tessa.

Deshya s’arrête devant elle et acquiesce. Tessa se lève du coup de son muret et toutes les deux marches l’une à côté de l’autre, se dirigeant là-bas.

De son côté, Gatito parle avec des policiers de confiance, où se trouvent Hanoka, Karine et même Mariah, de venir à l’hôtel demain pour s’occuper et attraper un homme dangereux : ‘Axel Lymenn’. Il leur explique la situation et ce qui a été dit avec Deshya et d’autres personnes, dont qu’il a l’accord de Farhoü Deroom pour les inviter.

– Bien évidemment, n’en parlez à personne d’autre,” dit Gatito. Absolument personne, réellement.

Ils acquiescent tous et Mariah sourit, les bras croisés. Hanoka lâche un regard rapide vers Karine, mais elle ne dit rien. Ensuite, elle observe Gatito et fronce les sourcils.

Elle remarque bien son expression. Alors que le plan offert semble être efficace et sans trop de faille, Gatito ne semble pas… à l’aise. Ce n’est pas qu’il n’est pas convaincu, plutôt…

Je ressens toujours ce stress…” pense-t-il, presque sur le point de se mordre le pouce.

Plus il y pense, plus il se demande s’il ne doit pas agir de son côté… Même en parler avec Deshya si nécessaire. S’il n’écoute pas son propre instinct et ses inquiétudes, il a peur que quelque chose de terrible ne se passe demain. Il n’est peut-être pas très proche d’Aya, mais ils sont de bons amis de ses parents et quoi qu’il advienne, elle reste une amie de Deshya. La petite-amie d’un ami proche de sa propre fille.

Une vie quoi qu’il advienne.

Non, calmes-toi.

Gatito prend une grande inspiration avant de se lever de sa chaise. Les policiers s’en vont un par un, mais Hanoka lâche un dernier regard vers l’inspecteur avant de partir aux côtés de Mariah qui l’attrape par l’épaule en souriant.

– Revisitons rapidement le plan.

Maruno est assis sur son sofa, les jambes sur la petite table devant, et tourne le visage vers la personne qui vient de parler, elle qui est donc ‘Axel Lymenn’, un agent de police de la station de Tetazo.

– Tu prends le pistolet avec toi, qui possède un silencieux très efficace dessus, et tu le caches dans ton pantalon. J’ai déjà la confirmation qu’ils ne feront pas de fouille sur les gens à part pour certains sacs, alors ils ne t’attraperont pas,” explique la personne.

Il a sûrement eu cette confirmation en parlant avec le staff, utilisant son statut de policier à son avantage,” pense Maruno.

– Il est déjà chargé et tu sais déjà comment utiliser un pistolet, donc je ne pense pas avoir besoin de revenir sur ce détail. Lorsque je serai certain qu’il n’y a personne dans les toilettes des hommes du côté droit du dernier étage, tu emmènes ta petite-copine là-bas, juste après le discours de Farhoü Deroom, et tu lui tires une balle dans le cœur. Tu as plusieurs balles, donc même si tu rates une fois, tu réussiras après. Même si c’est à cause du stress, si tu n’arrives pas à la tuer ou la blesses juste, je considérerai ça comme un échec fait exprès et me débarrasserai de tes parents. Bah, vu que tu es resté bien sage et que personne ne semble savoir pour ta situation, je pense que tout ira bien, p’tit génie.

Dans quelques heures, Maruno va devoir tirer sur sa copine, cela en plein cœur. Même avec les plans qu’il a reçus de la part de Deshya…

Tirer sur Aya est inévitable.

– … Finissons-en rapidement.

La personne plisse les yeux et Maruno le fixe avec une rage intense.

– Je sais parfaitement ce que je dois faire. Vous libérerez mes parents et nous nous croiserons plus jamais à partir de là. Alors finissons-en le plus rapidement possible.

Son expression et son ton sont agressifs et loin d’être respectueux, mais l’homme acquiesce avec le sourire.

– Ouais, comme tu dis, Maruno.

Quelques heures plus tard, Deshya arrive à l’hôtel « FEDER » avec sa famille. Elle ne peut qu’être émerveillée devant une telle beauté et une telle grandeur : 55 étages, c’est immense ! Malgré ce qui va arriver aujourd’hui, elle a hâte de voir le dernier étage et d’avoir le droit d’en voir un peu plus de cet hôtel. Être invitée à un tel endroit est un réel honneur : elle devra encore remercier Aya et sa famille pour leur avoir permis d’être ici. Elle remarque rapidement qu’il y a plusieurs policiers qui se trouvent déjà ici… dont ‘Axel Lymenn’, le coupable qu’ils vont attraper aujourd’hui. Elle aimerait s’approcher de lui et l’insulter, mais faire une telle chose serait une terrible erreur de sa part, alors elle reste plutôt calme et s’amuse comme si de rien n’était. Elle rencontre ensuite Aya qui vient lui parler, lui proposant de visiter un peu l’hôtel avec Korone. Bien évidemment, les deux filles acceptent et suivent la copine de Maruno. C’est environ au même moment que Gatito reçoit un appel et s’excuse. Il s’éloigne un peu des invités et de sa femme avant de décrocher.

– Qu’y a-t-il, Mariah ?” demande-t-il en s’assurant que personne ne l’entende.

– C’est bon, Gatito.

Gatito sourit et se retourne vers le groupe qui est toujours au rez-de-chaussée, mais il fixe surtout Axel, l’agent de police.

– Parfait. Merci.

Et il raccroche directement avant de ranger son téléphone.

Un peu plus tard, Maruno arrive devant l’hôtel, tout seul, son ticket VIP dans la main. Il déglutit bruyamment et avant d’entrer dans l’immense bâtiment. Il baisse le regard en arrière, regardant le pistolet caché sous ses vêtements. Il s’est assuré qu’on ne puisse pas le voir, mais de toute façon, vu que la police sait déjà ce qu’il va se passer aujourd’hui, il n’aura pas de problème quoi qu’il advienne. Malgré les préparations, malgré tout ce qui a été dit et fait…

Maruno a toujours peur. Peur pour sa copine.

Toutefois, il ravale cette peur et entre dans le bâtiment en montrant son ticket à la femme du hall d’entrée. Il prend l’ascenseur en remarquant qu’il transpire, alors il s’essuie le front avec sa main. Il commence à regretter un peu sa décision, mais en même temps… Il secoue la tête et souffle longuement, essayant de récupérer son calme, mais cela est plus difficile qu’il n’aurait pensé.

Et justement, quelques minutes plus tard, il lui a tiré dessus. Une balle en plein cœur.

Il fuit la scène en pleurant, rangeant à nouveau son pistolet dans son pantalon et retourne dans la grande pièce comme demandé. Axel a la confirmation qu’Aya a bel et bien été tiré dessus — et donc vient de périr —, ce qui le rend déjà très heureux… mais il faut désormais que les parents d’Aya périssent. Ils voient tous les deux leur boisson… avant que le verre de Farhoü ne s’éclate contre le sol. Deshya ouvre grand les yeux et la police se met à s’agiter, Axel un sourire impossible à cacher. Son plan avait fonctionné…

Et le directeur de « Lordly » tombe genoux par terre, un air de souffrance sur le visage.

Enfin… !

Axel n’avait pas été confiant sur son plan en premier, mais il avait réussi à rester positif et courageux. Il avait passé des semaines à préparer des caméras et des écrans pour qu’on puisse surveiller Maruno et éviter qu’il fasse la moindre idiotie. Il avait payé cher deux personnes pour qu’ils suivent ses ordres, des espions de qualité. Axel avait réussi sa vengeance… Les invités se mettent tous à s’agiter, n’arrivant pas à comprendre ce qu’il se passe, ainsi que des centaines — non, des milliers de personnes sur internet — regardant les streams diffusés sur internet qui ne comprennent pas ce qu’il se passe. Les invités vont commencer à fuir—

– CAAAAALME !!!

— mais d’un coup, la voix grave, presque agressive d’un homme retentit. Les invités se figent presque tous et Gatito monte sur la scène avec sa fille avant qu’elle s’arrête devant le corps de Farhoü et de Minerva. Axel recule d’un pas, mais il sourit toujours, cela à pleine dent.

Ils vont vérifier comment il est mort, comprendre qu’il y a du poison dans les boissons et chercher le coupable, à ce moment-là—

– — Tu comptes chercher comme tout le monde, n’est-ce pas ?

Axel cligne des yeux et tourne son visage vers une petite fille aux cheveux blancs qui sourit. Le policier lui demande ce qu’elle vient de dire et Korone lui pointe du doigt la scène, de là où—

– C’est ce que t’aurais aimé, n’est-ce pas…

Et Farhoü se relève, souriant.

– — Axel Lymenn ?

Le policier se fige sur place, les yeux grand ouverts, le sourire venant de disparaître. Juste après, c’est sa femme qui se relève, soupirant.

– Tu aurais pû faire attention à ton verre, chéri !” dit-elle.

Farhoü se gratte les cheveux.

– A-Ahah, pardon… mais je voulais vraiment jouer le jeu jusqu’au bout. Tu sais, que tout le monde y croit !

Non seulement sur le visage d’Axel, mais sur celui de tous les invités, de la confusion est visible — palpable, même. L’homme musclé ne comprend absolument pas ce qu’il se passe et Gatito se frotte les yeux.

– Allez-y.

Et Axel est entouré de policiers, tous le visant de leur pistolet.

– JETEZ VOTRE ARME !!!” crient-ils.

Axel s’exécute rapidement sans comprendre ce qu’il se passe et Korone le récupère, le remerciant en courant plus loin, l’offrant à Annie qui lui caresse les cheveux. Axel regarde partout autour de lui avec confusion, troublé par ce qu’il se passe. Minerva s’approche de son mari en faisant à nouveau son nœud de cravate. Axel scrute les environs et s’arrête en remarquant que non seulement la femme qui travaille avec lui est aussi arrêtée, mais aussi l’homme.

– Q-Qu’est—

– Ahahah !!

Un rire féminin retentit dans la grande pièce et une femme saute sur l’une des tables avant que les lumières la visent elle. Elle agite ses cheveux noirs et roses en souriant, pointant du doigt Gatito.

– Comme je te l’avais promis, comme je te l’avais dit, nous avons aussi arrêté les deux personnes qui travaillent pour lui, ahha !” lâche Mariah, un regard taquin sur son visage.

– Pas besoin d’en faire une scène, je te croyais…” soupire Gatito.

– Hm. Il y a encore des ‘live streams’, tu sais ? Je ne peux pas manquer cette chance de briller~ !

Elle agite à nouveau ses cheveux d’une façon sexy en sautant de la table. Axel recule d’un pas, mais les policiers tiennent encore plus fermement leur pistolet, lui faisant bien comprendre qu’un autre geste peut signifier un très grand danger pour lui.

– Q-Qu’est-ce qu’il se passe… ?” demande Axel.

Farhoü passe le microphone à la fille à côté de lui qui s’avance sur la scène.

– Ce qu’il se passe est que tu es un idiot.

Axel ouvre à nouveau grand les yeux et se tourne vers la scène où Farhoü et Minerva auraient dû mourir… mais sont tous debouts en pleine forme. La fille rousse à la robe de renard saute sur une table avec son microphone et plisse les yeux en fixant Axel.

– Tu pensais que tout allait bien pour toi, mais depuis ce lundi, on sait que Maruno était en danger. C’est mardi qu’on a tout compris et mercredi, on savait déjà qui était derrière l’homme cagoulé. Bah, Maruno savait déjà que c’était un homme policier qui était sur l’affaire de marchandises de drogue dès dimanche,” explique Deshya.

Axel n’arrive pas à dire quoi que ce soit, le choc trop fort pour qu’il ose parler. Maruno a toujours la tête baissée, des larmes dans les yeux, mais celles-ci ne coulent plus.

– Vous n’avez sûrement pas fait attention, mais Maruno a fredonné la musique ‘S.O.S’ d’ABBA quand nous étions sur le banc, lundi mâtin, qui a fait comprendre à Tessa Merossa qu’il était en danger. Ensuite, le jour d’après, nous avons demandé à notre directrice de préparer une fiche spéciale avec des questions pour faire comprendre à Maruno que nous savions qu’il avait besoin d’aide, donc elle a inventé l’histoire d’un test surprise pour que cela ne paraisse pas étrange. Bah, Maruno devra passer un autre test surprise pour compenser le fait qu’il ne l’ait pas fait comme tout le monde, mais vu sa situation, ça se comprend,” continue Deshya.

Kana Koweni, la directrice dont elle parle, regarde justement l’un des streams et sourit.

On dirait que j’ai bien fait de les croire…” pense-t-elle.

Tessa regarde aussi l’un des ‘live streams’ avec ses parents et lâche un sourire.

M’appeler par nom de famille pour que les gens savent que c’est moi… Merci, hein,” se dit-elle.

Deshya fronce les sourcils.

– Nous avons pû récupérer sa feuille de test avec tout ce qu’il nous a dit et comme ça, on a pû rechercher sur tous les suspects potentiels.

– A-Alors, la voleuse…

– C’était moi~ !

Mariah monte sur scène avec Hanoka qui est agrippée par les deux mains de son amie détective.

– On a juste attiré les quatre suspects potentiels et après, on vous a rappelé un par un pendant que Gatito était en train de surveiller la maison de Maruno~ !” explique Mariah avec le sourire.

– C’était le plan de Deshya, toutefois,” avoue Hanoka.

– Laisse-nous du crédit, roh !

Hanoka se met à rire, tandis que Mariah fait la moue, mais Gatito leur soupire que ce n’est réellement pas un moment pour rire. Toutefois, voyant que personne ne l’écoute — même Farhoü et Minerva —, il préfère baisser les bras.

– Oh, aussi.

Il demande à Deshya de recevoir le microphone, ce qu’elle accepte avec joie. Elle le lui lance avant qu’il tapote dessus et parle ensuite.

– Nous avons déjà secouru les parents de Maruno, donc rien ne sert d’essayer d’appuyer sur le bouton pour détonner les bombes, Axel,” dit-il.

– A-Ah ?!!

Axel crie en écarquillant les yeux.

– L’équipe de Karine était sur le coup et même si nous n’avions pas beaucoup d’indices, Sammy a travaillé tout mercredi et tout jeudi pour essayer de savoir où tu aurais pû les retenir. Bah, il a tellement travaillé qu’il a fait une nuit blanche mercredi, donc on lui doit beaucoup de crédit.

Hanoka avait expliqué à Deshya que Sammy était allé demander à des centaines de gens à Tetazo et les villes environnantes pour savoir s’ils avaient vu Axel, tout en leur demandant de ne rien dire. Il mérite son repos, car grâce à lui, tout risque est écarté.

– Bah, Karine et les autres ont déjà récupéré les parents de Maruno qui sont actuellement à l’hôpital pour vérifier qu’ils n’ont rien et les bombes ont été désactivées. Si tu ne nous crois pas, il reste une équipe là-bas pour qu’on récupère tes empreintes de doigts sur les bombes, comme ça nous avons des preuves contre toi,” termine Gatito en lançant le microphone de retour à sa fille.

Axel est si choqué que son corps ne tremble même plus. Le silence revient dans la grande salle, des centaines et centaines de messages sont envoyés à la seconde sur les live streams pendant que Korone rejoint sa grande-sœur.

Et là, un rire peut être entendu.

Les regards se tournent vers le garçon qui vient de se sécher les yeux et s’approche d’Axel et passe entre deux policiers qui forment un cercle autour du policier aux cheveux noirs.

– J’avais compris dès dimanche que tu étais un policier, un homme et que tu étais sur l’affaire de drogue… Tu avais perdu dès ce moment-là… Même avant, en réalité.

Maruno lève les yeux vers lui, les joues encore mouillées, mais un sourire presque vilain sur le visage. Axel sert les poings et grince des dents.

– Co… Comment Farhoü et Minerva sont encore en vie ?!!!” hurle Axel.

Il hésite à faire un pas en avant dans sa colère, mais il se retient.

– Je n’ai même pas dit comment j’allais les tuer !!!” vocifère-t-il.

– Pas besoin.

La voix de Deshya retentit à nouveau dans les haut-parleurs. Axel la fixe de ses yeux écarquillés.

– Dès que nous savions qui était la personne derrière la tentative d’assassinat de la famille Deroom et que nous savions que les deux personnes avec elle, donc toi, étaient déguisés en policier de Teuhl, nous n’avions qu’à vérifier leurs mouvements. Quand ma petite-sœur a remarqué que l’un des deux, la femme pour être plus exacte, est sortie discrètement de la pièce, nous l’avons suivi en faisant semblant que nous allions aux toilettes.

Korone saute sur la table et attrape le microphone de Deshya.

– Quand on a vu que madame était allée dans la cuisine, on a juste fait en sorte de parler aux cuisiniers après et on a jeté les boissons empoisonnées !” avoue Korone.

– Plutôt, on les a mis de côté et elles sont surveillées pour qu’on les analyse, mais on sait déjà qu’il y a du poison dedans,” avoue Deshya.

Korone acquiesce et Hanoka demande de recevoir le microphone. Deshya le lui passe et elle commence à parler à son tour.

– Bah, j’avais mes yeux sur vous trois et vu qu’on savait déjà que tu comptais les tuer, jamais on aurait laissé Farhoü ou Minerva ni boire, ni manger quoi que ce soit qui ne présentait pas un risque,” avoue-t-elle. Deshya et Korone ont été plus rapides, mais je m’en serai occupée moi-même, sinon. Ah, aussi.

Elle se tourne vers la famille Deroom qui salue Axel.

– C’est moi qui ai demandé qu’ils jouent la comédie pour te faire croire que tu avais réussi. M’enfin, j’ai demandé ça parce que—

– M’en… M’EN FICHE !!!

Axel hurle en agitant la tête avant de montrer un sourire monstrueux et aux dents acérées.

– Vous parlez, vous parlez, mais j’ai quand même… J’AI QUAND MÊME RÉUSSI UNE PARTIE DU PLAN, AHAHAHAH !!!

Les policiers froncent leurs sourcils, ainsi que Farhoü et Deroom. Axel continue de rire en agitant la tête, avant de pointer du doigt Maruno avec un sourire malicieux.

– IL A TUÉ SA PROPRE COPINE !!! VOTRE FILLE, ELLE EST MORTE !!! D’UNE BALLE DANS LE CŒUR !!! C’EST CERTAIN, AHAHAH, C’EST CERTAIN !!! IL N’AURAIT JAMAIS PÛ CHANGER LES BALLES À TEMPS ET ON REGARDAIT À TRAVERS LA CAMÉRA !!! LA CAMERA N’A JAMAIS ÉTÉ CHANGÉ ET AHAHAHAH, AHAHAHA JE SUIS CERTAIN QU’ELLE EST MORTE !!! AYA EST QUAND MÊME MOOOOORTE !!!!

Axel rigole tellement que des larmes sortent de ses yeux. Toute la foule d’invités le regarde et le silence n’est brisé que par son horrible rire. Maruno le fixe avec des yeux tristes, tandis que Korone fronce les sourcils en l’observant. Maruno finit par ouvrir doucement la bouche—

– T’es con ou quoi ?

— et lâche ces mots en penchant la tête.

Axel cligne des yeux et laisse un ‘Hein… ?’ sortir de sa bouche avant qu’une personne ne se mette à soupirer.

– J’ai cru que ça allait tâcher le doudou…

Aya arrive aux côtés de Maruno, observant la peluche qu’elle a dans les mains.

Les yeux d’Axel sont ouverts à leur maximum et son expression est d’un choc qui touche l’incompréhension. De l’étonnement, même de la terreur dans son regard, il fixe Aya Deroom sans pouvoir bouger le moindre muscle. Ses vêtements sont bel et bien en sang là où Maruno a tiré, après tout.

– T…

Axel secoue finalement la tête.

– MAIS ON T’AS VU MOURIR… À… À TRAVERS LA CAMÉRA ?!” hurle Axel. ELLE N’ÉTAIT PAS TRAFIQUÉE, JE SUIS CERTAIN !

– Pas besoin d’aller jusque là.

Axel tourne vivement le visage vers la scène, mais c’est la fille qui est toujours sur la table qui parle. Elle descend de cette même table pour rejoindre son père et les deux détectives policières, Korone la suivant juste derrière.

– Hier après les cours, ce vendredi, j’ai rejoint Tessa pour aller chez Aya et lui parler rapidement,” avoue Deshya. Si la police venait à la protéger ou même des gens comme moi, ça aurait été suspicieux, donc on a fait quelque chose de bien plus simple.

Deshya arrive sur le devant de la scène et sourit.

– Sous l’accord de mon père, on lui a juste fait porter un gilet par balle !

Axel est immobile, figé par ses propres émotions. Maruno demande à Aya si elle va mieux et lui avoue que le gilet par balle avait été lourd, ce qui l’avait embêté.

– Bien évidemment, on s’est assuré que Maruno puisse tirer sans risquer de réellement la tuer ou la blesser,” lâche Deshya, acquiesçant dans le vide.

– T… Tu te fous de moi…

Ce sont les seuls mots qu’arrivent à prononcer Axel.

– Vu que tirer dans la poche directement aurait éclaboussé le faux sang partout, cela n’aurait pas paru d’être une vraie mort, alors ma petite-sœur adorée ici est restée en dehors des toilettes, a attendu que Maruno tire pour appuyer sur un petit bouton qui a fait éclater doucement la poche de sang qui se trouvait un peu plus bas que l’endroit où a tiré Maruno. Ensuite, Aya s’est touché la poitrine pour montrer qu’elle avait du sang sur les mains, qui était évidemment faux, et faire bel et bien croire qu’elle était morte. Bien évidemment, au cas où vous étiez en train de continuer à regarder la caméra, nous avons demandé à Aya de rester couchée jusqu’à ce que Dash et Annie aient la voir, la débarrasser du gilet, vérifier qu’elle va bien, aussi psychologiquement que physiquement, et qu’elle revienne ensuite là.

Tout en parlant, Deshya caresse doucement les cheveux de sa petite sœur et en terminant sa phrase, elle lâche un regard rapide vers ‘Bibi Derumi’, la psychologue de la police de Tetazo, qui la salue de l’autre côté de la salle, juste aux côtés d’Annie Terru. Axel tourne lentement, presque d’une façon robotique, le visage vers Maruno.

– M-Mais alors… P-Pourquoi il pleurait ?” demande-t-il. C-C’était bien trop réel pour que ce soit… de la comédie, n-non… ?

Parler lui était désormais difficile. Tout ce qu’il avait préparé était en train de s’effondrer devant ses yeux. Tout le monde l’observe, il est entouré de policiers qui pointent des pistolets vers lui et les gens du monde entier peuvent même savoir ce qu’il se passe à cause des ‘live streams’.

Il ne peut même pas espérer se cacher.

– Tu ne comprendrais pas,” répond Maruno en croisant les bras.

Juste aux côtés de sa copine, il lâche ces mots avec du mépris dans le regard. Axel grince des dents, aboyant et insistant qu’il veut savoir pourquoi il a pleuré de la sorte. Il demande à Deshya si Maruno ne savait pas pour ce plan-là et qu’il pensait réellement qu’il allait devoir tuer Aya, mais avant même que Deshya ne puisse lui répondre, Maruno parle.

– Nah, c’était écrit dans la fiche que m’ont donné Deshya et Tessa.

– ALORS—

– Quelqu’un comme toi ne pourrait pas comprendre.

– A-Ah… ?

Maruno décroise les bras et approche Aya de lui d’une seule main, fixant Axel avec une colère intense.

– Je ne pleurais pas parce que j’étais triste en pensant la tuer. En réalité, je ne pleurais même pas de tristesse.

Axel ouvre grand les yeux à nouveau, ses jambes tremblantes.

– Je pleurais de joie parce que je ne m’attendais pas à avoir un cadeau aussi mignon de sa part. Je pleurais de joie parce que j’ai la meilleure copine du monde entier. Je pleurais de joie car je remerciais la vie de m’avoir fait croisé le chemin de ma chou.

Il ne cache pas ensuite le mépris et le dégoût qu’il ressent pour Axel, le montrant bel et bien sur son visage.

– Un homme comme toi ne peut pas comprendre de tels sentiments.

Axel est ébahi, la bouche béante et impossible à refermer. Il fixe Maruno sans se soucier du reste autour de lui. Deshya baisse le microphone dans sa main et le passe à Hanoka avant de s’approcher d’Aya et des autres, s’excusant aux invités qui forment la foule confuse.

– M-Mais…

Axel tremble encore plus qu’avant. Il secoue doucement la tête, fixant toujours Maruno, mais il n’ose même plus l’observer droit dans les yeux.

– Si vous saviez même… où étaient tes parents… pourquoi être allés jusque là ?” demande-t-il. Si…

– Si on aurait pû les secourir dès jeudi, voire vendredi, on aurait pû s’occuper de vous à ce moment-là, c’est ça ?

Maruno le coupe en terminant sa phrase, demandant si c’est bien cela. Alex acquiesce avec difficulté, comme si les rôles étaient désormais inversés. En réalité, ce n’est pas même cela : c’est pire.

Parce que jamais Maruno n’a réellement ressenti un sentiment de désespoir aussi fort.

– C’est à cause de ce que j’ai écrit dans mon ‘P.S.’ dans la fiche que j’ai rendu à Deshya et Tessa, ce mardi,” avoue-t-il.

– C-Comment ça… ?

Axel semble pouvoir s’effondrer à tout moment. Les policiers restent sur leurs gardes et continuent de le viser de leur pistolet, bien qu’ils ne doivent tirer que s’il ose sortir une autre arme, ce qui semble peu probable. Maruno caresse les cheveux de sa copine en silence, mais par finir…

Il sourit à pleine dent. Une expression malicieuse sur son visage.

– Je voulais que tu penses être victorieux jusqu’au bout.

– Que tu penses que tout s’était passé comme prévu, comme si tu avais réussi tout ce que tu avais entrepris.

– Que tu viennes à sourire en pensant que tu étais au-dessus du sommet de la victoire, comme ça…

– Je pouvais mieux t’envoyer dans les fins fonds ténèbres. Dans le gouffre le plus profond possible.

– Et qu’avant de t’envoyer en prison…

– T’envoyer en enfer.

Maruno fait un ‘L’ de son pouce et son index droit et ensuite vise la poitrine de l’homme avec le sourire.

– Tu me demandais de tirer une balle dans le cœur de ma copine, alors j’ai décidé de changer de cible.

Et il lève la main, comme s’il venait de tirer sur l’homme.

– En plein cœur, une balle de la déception la plus totale.

Et sur ces mots, Axel se laisse tomber sur les genoux, les yeux toujours aussi grand ouverts, la bouche béante et qui ne s’est pas encore renfermée. Aya clappe des mains en rougissant, lâchant à son copain qu’elle l’a trouvé trop cool et stylé. Maruno se gratte les cheveux et Deshya arrive à côté du couple, mais elle ne leur dit rien.

– Dites…

Deshya passe à côté d’eux et s’approche d’Axel, mais pas assez pour qu’il puisse l’atteindre.

– Pourquoi tout ça ?” demande Deshya.

– J’avoue que me retenir dès samedi, ça m’a laissé trop de temps pour me préparer. C’était idiot,” avoue Maruno.

– Je voulais surtout savoir pourquoi avoir forcé Maruno à tuer Aya…

Deshya sourit faiblement en regardant Maruno, mais elle tourne à nouveau son attention sur Axel. Farhoü attrape le microphone, mais il ne dit rien pour l’instant. Le temps passe dans le silence, alors que d’autres personnes sont en train de filmer ou ‘streamer’ ce qu’il se passe dans l’hôtel. Axel lève lentement le regard vers Aya avant de sourire.

– Parce que je ne pouvais pas la tuer moi-même…” avoue-t-il. Elle me fait trop penser à ma propre fille… Elle avait le même âge, en plus.

C’est vrai que mon père m’avait dit qu’il avait une fille,” pense Deshya.

– Mais pourquoi moi, hein ?” lâche Maruno, ressentant sa colère remonter en lui.

– …

Il attend une réponse et espère honnêtement en recevoir une, mais en remarquant le silence qui continue sans montrer le signe d’un arrêt, il soupire et hausse les épaules. Toutefois—

– Je voulais que ce soit le copain d’Aya qui la tue… car c’est ce qu’il s’est passé avec ma propre fille.

Deshya, Maruno et Aya plissent les yeux, mais certaines personnes aussi. Le coupable ne parle pas fortement et tout le monde ne peut pas l’entendre, mais certains invités de la foule se rapprochent avec leurs téléphones pour filmer ou streamer ce qui est dit.

– Comment ça ?” demande Aya, confuse.

Axel est toujours par terre et soupire. Quoi qu’il dise, jamais Maruno ne le pardonnera. Quelle que soit la raison, il restera un homme qu’il est heureux d’avoir envoyé en enfer et espère de tout cœur qu’il pourrira en prison. Aucune pitié pour quelqu’un comme lui.

– Avant que je ne devienne agent de police, je travaillais dans petite compagnie qui a complètement coulé quand ‘Lordly’ a coupé les ponts avec… Je suis devenu policier après un petit temps, mais je n’avais presque plus d’argent pour ma fille, encore moins pour moi-même. En plus, vu que je ne travaillais plus pour ‘Lordly’, le copain de ma fille, dont les parents et lui-même travaillent justement cette compagnie, l’a quitté pour cette raison, l’envoyant dans une spiral de désespoir… avant qu’elle ne se suicide dans sa chambre, quelques jours à peine après que je sois devenu policier,” explique Axel.

Tous ceux autour de lui écoutent son histoire, les policiers se regardant les uns les autres, attendant l’ordre de l’attraper et lui mettre des menottes. Certes, il ne doit plus avoir d’arme sur lui et les bombes sont désactivées, mais cela ne signifie pas qu’il ne peut pas tenter quelque chose de dangereux.

– Vu que ‘Lordly’ a coupé les ponts avec la compagnie où je travaillais pour aucune raison, j’ai… Je voulais me venger. Leur donner toute ma rage et ma tristesse et leur faire subir un sort similaire.

Deshya serre les dents et les poings, une réaction similaire à celle de Maruno. Il veut lui crier que ce n’est pas une raison valable, mais avant même de pouvoir lâcher le moindre mot, Aya s’avance vers Axel, bien qu’elle se fasse arrêter par Deshya pour qu’elle ne s’approche pas de trop près.

– Vous veniez de la compagnie ‘Murzet’, ceux qui ont fait faillite et qui était dans la création de milk-shakes, n’est-ce pas ?” demande Aya.

Axel cligne des yeux et lève le regard vers la fille avant d’acquiescer doucement.

– Mon père a décidé de couper les ponts avec eux à cause de leur manque de respect pour leurs ouvriers. Ils n’étaient ni assez payés, ni bien traités. Si vous dites qui était le copain de votre fille, je suis certaine que mes parents seraient même d’accord pour le virer s’il n’a pas d’excuse valable.

Aya garde un air gentil, mignon et doux sur le visage, parlant avec un homme qui a pourtant manipulé son copain et a même voulu tuer ses parents, ainsi qu’elle-même. Bien qu’elle ressente de la colère pour lui et qu’elle s’était sentie triste pour Maruno, elle préfère ne pas s’exciter, ni s’énerver alors qu’il est attrapé.

– Ce que vous faites ne doit pas rendre votre fille heureuse.

Axel l’observe avec de grands yeux, des larmes qui apparaissent dans ceux-ci, le reflet d’Aya bien visible dans ses iris. Deshya reste à côté de son amie au cas où, mais vu l’expression du coupable, elle suppose qu’il ne va faire que pleurer et accepter que tout ce qu’il a fait n’était qu’idioties.

Mais Axel grince des dents et s’enrage.

– TU NE PEUX PAS ME COMPRENDRE, DÉMONE !!!

Il hurle d’un ton hargneux et Maruno force Aya à reculer, Deshya s’éloignant aussi du cercle. Les policiers n’attendent pas les ordres et vont attraper Axel, mais au même moment, ce dernier appuie sur quelque chose dans sa poche avant qu’il se fasse maîtriser par les policiers.

Un bruit d’explosion retentit, suivi directement d’une panne de courant.

– Qu… Qu’est-ce qu’il se passe ?!” crie un homme.

– Une panne de courant ?!” lâche une femme.

– C-C’était une explosion, qu’on a entendu, n’est-ce pas… ?” parle un autre invité, ne se sentant pas à l’aise.

Axel se met à rire comme un fou pendant que les policiers lui crient de se taire, lui plaçant des menottes, et les deux personnes qui ont été engagées par Axel tournent le regard de partout.

– I-Il se passe quoi ?” crie la femme.

Même l’homme, son collègue, ne comprend pas.

Et au même moment, de nouveaux bruits d’explosions retentissent.

Cette fois-ci, cependant, une secousse violente touche l’hôtel. Certains invités viennent même à en perdre la balance, se rattrapant sur d’autres personnes ou tout simplement tombant sur le sol. Gatito relève Korone en fronçant les sourcils : la police comprend déjà ce qu’il se passe.

– Appelez de toute de suite des hélicoptères de secours !!” hurle-t-il. Pas qu’un, mais le plus possible !!!

Au même moment que ses ordres, des explosions retentissent à nouveau et l’hôtel tremble dans un frisson encore plus violent, allant jusqu’à faire tomber les assiettes des nombreuses tables. Maruno rattrape Aya et Deshya garde sa balance en fixant férocement Axel.

Ne me dis pas qu’il avait un plan de secours au cas où… ?!!!” hurle-telle intérieurement.

Sans laisser le temps à quiconque de reprendre ses esprits, de nouvelles bombes explosent dans les étages plus bas et depuis l’extérieur, on peut voir du feu engloutir certaines étages, les flammes furieuses se montrant à la ville entière. Les vitres explosent et les morceaux de verre se laissent tomber par la gravité, s’écrasant contre le sol dans un fracas infernal. Certaines personnes dans leurs voitures s’arrêtent et les passants reculent tous, la peur dans leurs yeux. À l’intérieur de l’hôtel, au dernier étage, les invités se mettent à crier, hurler ou pleurer. Certains enfants font de même, effrayés, et Farhoü attrape le microphone qui est tombé avant de parler dedans :

– TOUS SUR LE TOIT !!!” hurle-t-il.

Cela semble la seule solution : les ascenseurs sont bien trop risqués et tout le monde comprend que ce sont les étages du dessous qui viennent d’exploser. Gatito prend le microphone à son tour et répète les mots de Farhoü, ajoutant qu’ils n’ont pas le temps de réfléchir et que des hélicoptères arrivent les chercher. Vu que la station de police de Tetazo et celles de Teuhl ne sont pas très éloignées, ils ne devraient pas arriver dans trop longtemps, même s’ils n’ont pas beaucoup d’hélicoptères. Il y a environ 120 invités VIPs à cette fête et la majorité des hélicoptères policiers de Bélium ne peuvent accueillir qu’entre 10 et 12 personnes. Avec les enfants, cela peut aller jusqu’à 15, voire 16 grand maximum. Si l’hôtel réussit à tenir assez longtemps, alors tout devrait bien se passer. Sur internet, les gens qui sont encore sur les streams demandent ce qu’il se passe, pas tous certains de savoir si cela est une autre farce ou la vérité. Toutefois, vu la panique générale et les gens qui pleurent et hurlent, dont certains qui crient à l’aide, peu pensent à une blague. Les invités montent les escaliers à l’étage en se bousculant, certains ne pensant qu’à leur propre survie, et Deshya attrape Korone dans la foulée. Une autre rangée de bombes explose, venant à faire trembler l’hôtel encore plus fortement, un frisson d’horreur traversant sa structure. Attrapé par deux policiers qui le forcent à avancer, déjà menotté, Axel continue de rire en pleurant.

– Je savais que peut-être que tout allait mal se passer, ahahah !! Il y a des bombes dans plusieurs étages, ahah !! Le 4, le 7, le 10, le 15, le 16, le 18, le 20 !!! Ahahah, ahahahah !!

– TA GUEULE !!!

Maruno court dans les escaliers et lui hurle dessus en voulant le frapper de son poing, mais pour éviter de créer encore plus de problèmes, il fuit comme tout le monde, évitant de pousser ou d’être bousculé par quiconque. Aya n’a pas cette même chance, étant dans une foule d’invités en panique totale, et se fait même secouer si fort qu’elle lâche la peluche de Maruno, celle-ci glissant de ses mains et roule dans la pièce. Aya l’attrappe rapidement, mais au même moment, une nouvelle série de bombes détonne, faisant trembler l’hôtel encore plus violemment, allant jusqu’à le pencher doucement cette fois-ci. Aya tient fermement la peluche dans ses bras, mais des invités tombent vers elle et la pousse sans faire exprès, l’envoyant valser contre une table où elle perd connaissance. Toutefois, sa peluche reste dans ses bras et Aya glisse un peu plus loin, oubliée par tous dans la commotion.

Tout le monde se trouve désormais sur le toit. Les enfants avec leurs parents ou famille sont recueillis en premier par les hélicoptères qui arrivent toujours à rester à ras du toit, ne pouvant pas risquer de se poser sur l’hôtel qui penche désormais vers l’est. Heureusement, il y a suffisamment d’hélicoptères pour secourir une bonne majorité des invités, les derniers arrivant pour récolter les membres de la police et plus importantes. Gatito a demandé que Deshya et Korone aillent dans des hélicoptères le plus rapidement possible, mais comme Maruno, elles ont refusé et ont dit qu’elles iront en dernières avec Gatito. Alors qu’un des hélicoptères s’envolent, d’autres bombes retentissent dans le bas de l’hôtel et Gatito tombe presque sur les fesses. Il se tourne vers Axel avec un regard enragé.

– Il reste combien de putain de bombes ?!” hurle-t-il.

Toutefois, Axel ne répond pas et regarde le sol avec le sourire, mais il n’a plus aucune vie dans les yeux. Gatito claque de la langue et demande sur son talkie-walkie combien de temps il reste avant les prochains hélicoptères, mais ils peuvent déjà les voir arriver. Les derniers invités sont secouru et il ne reste plus que la famille Deroom, Maruno, les policiers dont Deshya et Korone. Farhoü et Minerva montent en premiers avec le copain de leur fille, accompagnés d’Hanoka, Mariah, Annie et d’autres policiers. Enfin, pour le dernier hélicoptère, Deshya monte avec Korone dans ses bras, dont son père juste à ses côtés. La fille aux attributs de renard retient sa capuche pour qu’elle ne tombe pas et soupire de soulagement, même si elle ressent des frissons effroyables la traverser. En se demandant comment va Maruno, elle tourne le visage vers l’autre hélicoptère qui s’éloigne…

En voyant un Maruno qui tente de sortir en hurlant quelque chose, un policier le retenant.

Même les parents d’Aya ont l’air apeurés. Deshya fronce les sourcils et tourne rapidement le visage vers Gatito en même temps que leur hélicoptère s’apprête à s’envoler et partir.

– Aya est bien montée dans un hélicoptère, hein ?!” crie Deshya.

Le bruit des hélices empêche Gatito de bien entendre, mais il réussit à savoir ce que sa fille vient de lui dire.

– Je ne l’ai pas vu, mais je suppose avec les enfants au début ?!” répond son père en hurlant.

Deshya sent son cœur rater un battement. Elle se tourner à nouveau vers Maruno qui tend la main vers l’hôtel et essaie de lire sur ses lèvres—

« ELLE EST ENCORE LÀ-BAS !!!”

— est ce que Deshya peut comprendre.

– !!!!!!

Deshya ouvre encore plus grand les yeux. Elle ressent son cœur s’arrêter encore plus. Est-ce qu’il est possible qu’Aya ait été bousculé dans la commotion et la panique ? Peut-être est-elle tombée quand une des bombes a explosé ? Quoi qu’il advienne, si Maruno hurle une telle chose, s’il ose montrer une telle expression—

— alors il dit la vérité.

Et Deshya saute de l’hélicoptère en plein vol.

– D-Deshya ?!!!

Son père lui hurle dessus, mais Deshya ne l’entend pas. Elle atterrit sur le sol en roulant, remettant ensuite sa capuche en courant à toute vitesse sur l’hôtel qui penche de plus en plus, le cœur battant à la chamade.

Aya !!!

Elle ne peut penser qu’à elle. Elle frappe violemment la porte qui mène au dernier étage et ventile en descendant les escaliers le plus rapidement qu’elle ne peut. Elle arrive finalement dans la grande pièce—

— là où elle trouve une Aya inconsciente.

Deshya ouvre grand les yeux et hurle son prénom en fonçant vers elle. Elle freine devant elle et la force à se réveiller en l’appelant et la secouant. Quelques secondes passent avant qu’Aya ouvre enfin les yeux en grognant, mais elle remarque Deshya et lui demande ce qu’il se passe. Deshya soupire de soulagement, mais lorsque l’hôtel lâche une plainte douloureuse en penchant encore plus, Deshya secoue la tête et lui hurle qu’elles n’ont pas le temps de discuter !! Aya ouvre grand les yeux à son tour : elle se souvient qu’elle a été assommée en tombant sur le bord d’une table !

– A-Ah !! Il faut monter rapidement !!” crie Aya.

Toutefois, Deshya grince des dents : avec le bâtiment qui penche de la sorte, menaçant de s’effondrer dans les moindres délais, les chances qu’un hélicoptère puisse les récupérer sont presque nulles. Prendre un ascenseur est impossible et descendre les étages par les escaliers ne servirait à rien, vu que non seulement n’ont-elle pas un temps pareil devant elle, elle a vu du feu s’échapper des étages d’en bas. Deshya s’est précipitée pour sauver Aya, mais… Mais…

– P-Pardon…

Deshya cligne des yeux et se tourne vers la fille en pleurs. Elle enlace fermement la peluche qu’elle a fabriqué elle-même en pleurnichant, les yeux fermés et la tristesse sur son visage.

– Si je n’avais… Si j’étais plus forte… Désolée…

Elle s’excuse en comprenant la situation dans laquelle elles se trouvent toutes les deux. Elle pleure qu’elle aurait préféré que cela ne se termine pas comme cela, mais Deshya grince des dents et force Aya à se relever avec une expression enragée.

– JAMAIS !!!

– E-Eh ?

Aya cligne des yeux, ses yeux brillant à cause des larmes salées qui y coulent. Deshya lâche Aya et secoue violemment la tête.

– Jamais je ne te laisserai mourir !! Tu es bien trop importante pour moi ! Tu es bien trop importante pour Maruno !! Toi aussi, tu tiens à lui, alors n’abandonne pas et allez fêter ensemble vos 5 mois !!!

Aya est immobilisée, le bruit de vitres qui se brisent n’arrivant même pas à la faire sursauter. Elle fixe Deshya qui attrape le poignet d’Aya et fronce les sourcils, une détermination enflammée qui émane de son corps.

– Si tu meurs ici, si tu meurs tout court, Maruno va être triste !! Il va redevenir comme avant, il va être déprimé, alors on va survivre !!!

Aya ouvre grand les yeux et finit par acquiescer, de la détermination dans ses yeux à son tour. Elle regarde sa peluche et sourit.

– J’ai encore trop à vivre pour mourir !” crie Aya.

Deshya sourit aussi et lui dit que c’est ce qu’il faut se dire, mais actuellement, elle se demande comment s’en sortir. Est-ce que retourner sur le toit et espérer qu’elles soient récupérées est la meilleure idée ? Peut-êtres peuvent-elles—

– Grande-sœur !!!

Deshya sort de ses pensées lorsqu’elle entend une fille crier tout en courant vers elle : c’est Korone. De plus, elle porte une sorte de sac dans son dos, tenant les deux lanières en transpirant.

– Korone ?! Qu’est-ce que tu—

– On a pas le temps !!” hurle Korone.

Sa voix est si autoritaire que Deshya n’arrive même à répliquer. Elle retire le sac de son dos et le lance vers sa grande-sœur qui sait directement ce que cela est.

– Un…

– Tu avais oublié de prendre un parachute, alors je te l’amène !!” crie Korone.

Toutefois, même avec cela, ce n’est pas clair comment s’échapper d’ici… Sauter d’une fenêtre en utilisant le parachute est bien trop risqué et elles sont trois pour un seul parachute… De plus, avec l’hôtel qui va s’effondrer bientôt, elles ne peuvent pas juste s’attacher les unes sur les autres, aller sur le toit et sauter en espérant que cela fonctionnerait… Elles doivent réussir à s’éloigner de l’immeuble avant de pouvoir utiliser le parachute et de plus, elles sont obligées d’être tous les trois ensemble. Si Deshya y avait pensé et l’avait attrapé, elle aurait pû le passer à Aya en espérant qu’elle s’en sorte seule, pendant qu’elle aurait cherché un moyen de s’en sortir seule, mais avec Korone qui se rajoute… Vu sa taille et sa carrure, il est normal qu’elle n’ait pas réussi à en prendre plusieurs. Deshya scrute les environs avec rapidité, n’ayant pas la moindre seconde à perdre, lorsqu’elle voit la chose qui sort des tentures de la scène :

– La moto !!

Deshya court vers elle en plaçant le parachute dans son dos et en l’attachant. L’hôtel se met à encore plus pencher vers l’est, mais Aya attrape Korone avant qu’elle ne tombe. Les tables et meubles glissent tous et le bruit infernal de la mort de cet hôtel retentit dans la pièce.

– Aya, Korone !! Trouvez une corde ou quoi que ce soit qui peut vous attacher avec résistance !!” hurle Deshya en sautant sur scène.

Les deux filles acquiescent et courent dans des directions opposées. Korone s’approche de sa grande-sœur pour voir si elle peut utiliser la corde qui sert à ouvrir les tentures pendant que Deshya analyse la moto. Elle cligne des yeux et se tourne vers Korone.

– Comment tu as pû atterrir en sûreté, tiens ?! Tu as sauté après moi !” crie Deshya.

– J’ai atterri sur le parachute que j’ai mis sur moi, mais j’avoue que ça m’a fait mal,” explique Korone.

Deshya hausse les épaules, se disant que cela fait du sens, mais elle ne peut de toute façon pas perdre son temps à discuter : elles doivent sortir rapidement. Si l’hôtel s’effondre avant même qu’elles ne puissent fuir, alors elles vont probablement mourir toutes les trois… Le parachute ne pourra jamais fonctionner si elles se trouvent toujours dans la pièce, ni si l’hôtel leur tombe dessus. Aya revient avec une longue corde qu’elle a trouvé dans une boîte à outils plus loin et Deshya sourit : c’est leur seule et unique chance.

– Je me trouve en direct devant l’hôtel « FEDER » qui est sur le point de s’effondrer. Nous ne savons toujours pas ce qu’il s’est passé !

Un hélicoptère vole en tournant doucement autour de l’immeuble immense qui menace de s’effondrer dans les moindres délais. Les dernières bombes viennent d’exploser dans le 20ème étage et la police a déjà demandé aux environs de fuir le plus rapidement possible la zone.

– Les dégâts que cette chute va causer ne sont même pas imaginables !” crie la journaliste.

L’hélicoptère de la station télévision continue de tourner autour du bâtiment en s’assurant de ne pas être trop proche pour ne pas risquer leurs propres vies.

Et à l’intérieur de ce même bâtiment—

– Je ne veux pas mourir !!” crie Aya, des larmes remontant dans ses yeux.

– On ne va pas mourir, promis !!” répond Deshya.

Deshya s’attache fermement à Aya grâce à la corde, se faisant même mal au ventre, et s’assure que Korone soit elle aussi bien attachée. Korone est justement attachée à Aya elle-même au devant de la moto. Deshya a la place pour atteindre les guidons de ses mains, mais elle n’est pas dans la meilleure position pour conduire. Toutefois, c’est elle qui possède le parachute et bien qu’elle aurait pû le placer sur Aya, elles n’ont plus le temps et Deshya avait peur qu’Aya se sente trop effrayée pour réussir à l’activer.

– On se casse d’ici !!” hurle Deshya.

Elle allume d’un coup la moto qui fait un bruit d’enfer. Deshya sait que c’est risqué et elle n’a conduit une moto qu’avec son père, une seule fois, mais cela est leur seule chance. De plus, Deshya a confiance en elle. Elle se met alors à rouler le plus rapidement possible en dehors de la pièce, les lamentations de l’hôtel se font de plus en plus horribles et stridentes. Avec la moto, elle roule dans le couloir du dernier étage et descend les escaliers plus loin en s’assurant de ne pas tomber et garder un maximum de vitesse. Bien que Deshya aurait adoré exécuter son plan au dernier étage, à cause des murs entre la pièce principale et les couloirs étroits qui les entoures, ainsi qu’il faut entrer dans une des nombreuses pièces vitrées pour réussir à sortir, elle n’aurait jamais pû gagner assez de vitesse. Faire cela sur le toit est aussi complexe, vu qu’elle aurait dû monter la moto et que rien ne dit qu’elles auraient eu assez d’élan. Deshya défonce la porte qui sépare le couloir de la cage d’escaliers en lui roulant dedans et commence à foncer dans le couloir en direction d’où l’hôtel tombe. Toutefois, elle n’est pas si idiote et tourne à gauche avant de travers la vitre, continuant de rouler en gardant une certaine vitesse. Elle va le plus vite possible et l’hôtel tremble, expliquant aux trois filles qu’il va s’effondrer dans quelques secondes maximum et Deshya fronce les sourcils, les dents grinçantes.

Encore un peu, mon FEDER !!” crie-t-elle dans ses propres pensées.

Elle tourne à nouveau vers la gauche, cette fois-ci, se dirigeant du côté opposé d’où l’hôtel compte tomber. La vitre devant elles est encore entière, mais Deshya continue de foncer le plus vite possible et hurle à Aya et Korone de se protéger comme elles le peuvent, ce qu’elles s’exécutent comme elles peuvent. Deshya hurle de courage et lâche—

– ON Y VAAAAAA !!!

— avant d’exploser la vitre de la moto.

L’hélicoptère remarque ce qu’il vient de se passer et pointe directement la caméra vers la moto qui vient de sortir de l’hôtel.

– I-IL Y A DES GENS DESSUS ?!!!” hurle la femme.

La moto continue à voler vers l’avant, mais rapidement, la gravité l’attrape dans ses liens. Aya se met à pleurer et Korone grince des dents, évitant de mordre sa propre langue, et Deshya secoue sa tête.

– 1 !!

Les spectateurs qui regardent le direct depuis leur maison sont tous choqués de ce qu’ils voient ; certains se lèvent même de leur siège.

– 2 !!!

Deshya s’en fiche entièrement que sa capuche ne reste plus sur place : c’est une question de vie ou de mort pour elles.

– 3 !!!!!!

Et sur ce, elle lâche la moto, la frappe de ses deux pieds et se laisse tomber quelques mètres avant d’activer le parachute.

Les hélicoptères qui sont toujours là — dont ceux où se trouvent Maruno, Gatito et les journalistes — voient tous la scène. Tous les regards sont ébahis et remplis de sentiments presque indescriptibles. L’hôtel lâche un dernier soupir avant de s’effondrer dans un fracas horrible, toutes ses vitres s’explosant les unes après les autres, ses structures se décomposant et les câblages se séparant dans des bruits électriques. L’hôtel tombe vers la ville, écrasant les maisons telle la chute d’un géant. Deshya essaie de contrôler le mieux qu’elle peut le parachute, mais la chute de l’hôtel et le fait qu’elles soient trois l’agitent un peu dans tous les sens, l’empêchant de diriger exactement où elles vont. Aya continue de pleurer en tenant fermement Korone, celle-ci gardant dans ses mains la peluche de Maruno, celle qu’a fabriquée sa copine, et toutes les trois continuent de tomber vers le sol, mais sans aucun risque. Les caméras des directs filment aussi bien les trois filles en parachute que l’hôtel qui vient de s’effondrer et mourir sur le sol de Teuhl, créant un désastre jamais vu dans cette ville — l’un des pires de tout le pays entier, en réalité.

– A-Aaaaah !!

Deshya crie alors qu’elles vont atterrir et tombe en plein dans la fontaine du parking. Elle défait directement le parachute et la corde en sortant la tête de l’eau, ventilant et les pupilles dilatées. Deshya demande directement comme vont Aya et Korone, mais la seule réponse qu’elle reçoit d’elles—

Un câlin en lui sautant dessus, la faisant tomber à nouveau dans la fontaine.

Le parachute s’envole un peu plus loin, laissant les caméras filmer la scène. Les hélicoptères de secours atterrissent, pour la majorité, dans le parking, du côté ouest pour éviter tout problème.

– Deshyaaaa !!!” pleure Aya, secouant son amie dans son câlin.

– J’ai eu peur aussi !!!” crie Korone, venant tout juste de commencer à pleurer.

Deshya remet correctement sa capuche, des larmes dans les yeux et caressant désormais la tête des deux filles.

– Ahah, j’ai eu peur aussi…” avoue Deshya, ne voulant plus jamais ressentir une telle chose de sa vie entière.

L’incertitude de pouvoir survivre et protéger des gens importants pour elle : un horrible sentiment. De plus, à tout moment, l’hôtel s’effondrait trop tôt. Le parachute ne fonctionnait pas. Peut-être que leur plan avec la moto s’avérait inutile. Toutefois, elles sont toutes les trois encore en vie, alors elle peut pleurer de soulagement. Pleurer de joie en sachant que ni Aya, ni Korone ne sont plus en vie ou mortellement blessées. Elle se relève avec elles en leur parlant et c’est au même moment qu’une personne se met à courir vers les trois filles. Ce garçon saute sur Deshya à son tour, la faisant à nouveau tomber dans l’eau de la fontaine. Aya protège Korone des éclaboussements et toutes deux clignent des yeux en voyant Maruno câliner Deshya en pleurant.

– Merci !!! Merci de tout mon cœur, Deshya !!!” lâche-t-il.

Deshya sort la tête de l’eau et rigole en lui tapotant la tête, hésitant à lui dire ‘De rien’.

– J’ai voulu secourir Aya aussi, quand j’ai remarqué qu’elle était toujours là-bas, mais ils m’ont pas laissé faiiiire !” explique-t-il.

– Comment tu as compris que j’étais encore dans l’hôtel ?” demande Aya, surprise.

Maruno continue d’enlacer Deshya avant d’accepter de la lâcher, se tournant vers sa copine.

– Quand tes parents ont demandé où tu étais, quelqu’un dans l’hélicoptère a demandé si elles parlaient de la fille à la peau foncée et aux yeux bleus clairs. Elle leur a avoué qu’elle t’a vu assommée dans la pièce, mais elle avait trop peur pour sa propre vie pour venir te chercher. J’ai failli la frapper !” explique Maruno avant de la prendre dans ses bras à son tour.

Deshya secoue la tête et Korone s’approche d’elle en souriant. Toutes deux regardent les deux amoureux se prendre dans les bras, tous deux en pleurs.

– Désolé d’avoir été aussi nul… Aussi inutile, aussi… Aussi…

Toutefois, Aya lui tapote le torse en rougissant, secouant la tête.

– Tu es le meilleur des copains. Arrête.

Korone lui rend discrètement la peluche, bien qu’elle soit mouillée à cause de l’eau de la fontaine, et Aya la tend à Maruno.

– Alors joyeux 5 mois, mon amour !” dit-elle avec le sourire.

Maruno attrape la peluche et l’observe de tous les côtés en continuant de pleurer, heureux comme il ne l’avait jamais été. Il la remercie plusieurs fois avant de lui dire que son cadeau arrivera demain, ce qui fait grandement plaisir Aya. Maruno attrape finalement les joues d’Aya—

— et l’embrasse sur la bouche en fermant les yeux.

Aya les ferme à son tour et se laisse tomber dans la fontaine avec lui.

– Ouhlàlà !” lâche Korone en plaçant les deux mains devant sa propre bouche, rougissant. Les beaux-gosses se smoochent !

Deshya rigole en entendant la remarque de Korone avant de remarquer que quelqu’un d’autre s’approche d’elle—

— avant de la tacler, la faisant tomber dans la fontaine une nouvelle fois.

Korone ferme un œil et se fait éclabousser encore plus. Elle se retourne et remarque que Deshya vient de tomber dans l’eau.

– Papa !!” crie-t-elle, les yeux froncés.

Il l’attrape par la robe en s’assurant que la capuche ne tombe pas et la fixe avec une rage intense.

– Je remarque que ma fille a, je ne sais pas… DES TENDANCES SUICIDAIRES ?!!” hurle-t-il.

Deshya ferme les deux yeux, de la douleur causée à cause de son cri, et s’agite dans sa main.

– Mais désolé, je n’allais pas laisser Aya mourir !!” se défend-t-elle.

– Tsk. Suicidaire quoi qu’il advienne. T’aurais fait quoi si Korone, qui est aussi suicidaire, on dirait, n’aurait pas ramené un parachute, hein ?!!

Deshya ouvre les yeux et regarde sa petite-sœur qui a séché ses larmes depuis, de gros yeux observant la scène. Elle sourit, amusée de leur dispute familiale, mais Deshya finit par sourire à son tour, bien que ce soit provoqué par des émotions différentes.

– Tu nous a sauvés, c’est vrai. Merci, Korone. Eh, non, petite-sœur.

– Je ne laisserai pas Deshya, je veux dire, grande-sœur mourir !!

Korone lui fait un baiser sur le front en gloussant, ce qui amuse Deshya. Gatito soupire et laisse sa fille aux cheveux roux atterrir sur le sol…

Avant de la prendre dans ses bras.

– Je sais que tu l’as sauvé car elle est importante pour Maruno et toi, mais tu m’es importante, tu sais,” lâche Gatito. Tu vas me tuer, si ça continue.

Deshya cligne des yeux et prend son père dans ses bras à son tour en s’excusant.

– Je ne veux laisser personne mourir… mais je promets que je reviendrai toujours en vie, coûte que coûte.

Cela n’est pas une réponse qui plait parfaitement à Gatito, mais il l’accepte avec joie. Il se frotte les yeux avant de se retourner, soupirant de soulagement.

– Tu es bien ma fille : une tarée.

– Héhé.

Deshya se gratte l’arrière du crâne et remarque qu’Aya et Maruno sont sortis de la fontaine, discutant ensemble. Toutefois, leur conversation arrive rapidement à un halte quand Farhoü et Minerva enlacent leur fille et son copain dans leurs bras. Deshya sourit en les regardant, se disant que c’est la meilleure fin possible. Néanmoins, en y pensant, elle se retourne vers Gatito et demande si tout le monde est réellement bel et bien sauf.

– On m’a rapporté cinq blessés, mais aucun mort. Rien ne dit que personne n’était en train de visiter l’hôtel ou n’a pas réussi à fuir à temps, mais ça m’étonnerait,” avoue Gatito. On pourra avoir une réponse plus précise dans les jours à venir.

– J’espère réellement que ça restera 5 blessés…” laisse sortir Deshya.

Son père acquiesce et observe à son tour la famille Deroom et Maruno. Ce dernier laisse sa copine pleurer avec ses parents et s’approche de Deshya.

– Il faudra que je remercie Tessa pour tout ce qu’elle a fait,” lâche Maruno. Je suis heureux qu’elle ait directement compris mon appel à l’aide…

– Eh, elle est forte, notre Tessa,” sourit Deshya.

Maruno acquiesce avant de se tourner vers Gatito et s’incline devant lui.

– Merci aussi à la police. Sans vous tous—

– J’ai pas fait grand-chose. Ce sont surtout l’amoureuse de Deshya, sa p’tite-sœur et elle-même qui ont tout fait. Bah, il faudra aussi féliciter Sammy qui a réussi à comprendre où étaient retenus tes parents. Sans ça, on aurait peut-être dû se montrer plus violent avec Axel…

Gatito se retourne vers le bâtiment détruit derrière eux, là où les nombreux jets d’eau qui proviennent des lances des pompiers essaient d’éteindre le feu qui continuent de faire rage.

– Bah, vu ce qu’il s’est passé, on peut dire que la police a complètement été inutile. On aurait dû directement le mettre en menottes, alors les explosifs n’auraient pas—

– Ce n’est pas de votre faute.

Gatito se retourne vers Hanoka qui s’approche d’eux.

– Même s’il les a activé avec un bouton, les bombes étaient programmées d’exploser à une certaine heure, à 21h30 pour être précis.

– Donc quoi qu’il advienne—

– Axel a accepté de parler en se moquant de nous, disant qu’il aurait peut-être désactivé les bombes si tout s’était bien passé, mais je ne pense pas qu’il faut lui faire confiance. Même si la police et ‘Lordly’ vont sûrement être insultés de tous sur internet et dans les médias, il était parfaitement préparé. Toutefois, cela ne change rien qu’on aurait dû voir cette possibilité, mais il les avait déjà cachées il y a quelques mois déjà.

– Un tel niveau de préparation pour retenir Maruno une semaine trop tôt…

Mariah s’approche d’eux tous à son tour et soupire.

– Il a probablement trop pris la confiance. S’il avait retenu Maruno bien plus tard, il n’aurait pas eu le temps de prévenir quiconque, ni de laisser la police trouver qui est le réel coupable.

– Bah, j’aurai quand même trouvé.

Tous les adultes, dont Deshya et Korone, se tournent vers Maruno qui place les deux mains derrière la tête.

– J’aurai trouvé un moyen de m’en sortir quoi qu’il advienne. Car moi aussi…

Maruno sourit.

– Je suis un génie.

Mariah se met à rire et lui caresse la tête en lui disant que dans tous les cas, cela n’est pas arrivé. Maruno avoue qu’il préfère comme cela et ensuite se tourne vers Gatito.

– Pour mes parents…

– Ils sont à l’hôpital de Tetazo. Ils vont tous les deux bien, si j’en crois le message qu’on m’a envoyé, mais ils préfèrent les garder jusqu’à demain.

– Je vois. J’irai les voir demain ou lundi, alors. Je vais rester chez Aya pour qu’on puisse un peu se reposer, car… Rah, quelle semaine de merde.

Maruno soupire et secoue la tête en se tournant vers Deshya.

– Quand c’est pas toi dans une affaire, c’est moi. Tu m’as refilé ta maladie !” crie Maruno.

– Ah. Ah. Ah.

Deshya ne cache pas que cela ne la fait pas rire et Maruno s’excuse en pouffant, lui promettant qu’il n’est pas sérieux et veut juste penser à autre chose. Il retourne avec sa copine en les remerciant, enlaçant sa peluche qu’il adore tant — même s’il va devoir la sécher, maintenant. Les deux détectives policières s’éloignent en disant qu’elles vont voir comment tout se passe, mais en marchant, elles font un regard vif vers Deshya en souriant, pensant exactement la même chose :

La détective aux oreilles de renard, hein…~ ?

Gatito soupire à nouveau et avoue que Pera l’a appelé une bonne trentaine de fois, donc il va lui répondre. Deshya acquiesce et Korone tire la manche de la robe de sa grande-sœur.

– Dis, dis, regarde ! Regarde ce qu’il y a dans la fontaine, grande-sœur !

Deshya cligne des yeux et s’y penche…

Quand Korone lui saute dessus, la forçant à tomber dans l’eau ENCORE UNE FOIS.

– Pourquoi ?!” crie Deshya.

– Car t’es idiote !

– I-Idiote ?

Korone acquiesce.

– On a failli voir tes oreilles de renard, pendant la chute !” avoue Korone.

– Eh. J’ai fait gaffe à retenir ma capuche, même si j’avoue que j’étais plus concentrée sur ma propre vie et les vôtres…

– Hihi, pas grave, tu mérites d’être dans l’eau !

Deshya soupire et hausse les épaules, avouant que c’est vrai, ce qui amuse Korone qui patauge dans la fontaine. Deshya lui demande d’arrêter, vu que ça l’éclabousse, mais Korone continue, alors elle râle et se met à lui courir après. La petite-fille se met à rire en fuyant.

De son côté, Tessa éteint la télévision en mangeant un bol de céréales, mâchant les pépites de chocolat avec joie.

Trop… cool.

Tessa n’arrive pas à croire ce qu’elle a vu : Deshya qui volait sur une moto en sortant de l’hôtel qui était en train de tomber. Bien évidemment, elle se doute que cela a été une question de vie ou de mort et que ce n’était pas de l’amusement, mais Tessa a trouvé cela… INCROYABLE. Malgré cela, elle a ressenti quelque chose qui n’était jamais arrivé auparavant—

— son cœur qui s’était comme arrêté. Une peur réelle pour quelqu’un.

– …

Toutefois, Tessa hausse les épaules et se dit qu’au fond, cela l’importe peu, alors elle continue de manger ses céréales en allumant son téléphone et ensuite fait une partie de 2048.

Deshya rentre chez elle sous les pleurs de sa mère, enlaçant ses deux filles en criant qu’elle avait eu peur. Gatito se repose dans sa chaise, remarquant que tout le monde ne fait que parler de l’incident de l’hôtel, mais aussi de ce qu’il s’est passé avec Deshya à la fin. C’est la folie sur les réseaux sociaux et un homme qui fume observe les news en plissant les yeux.

Notre adorable renard qui fait encore de ses siennes, hein…

Cet homme— ‘Dem’. Il dépose son téléphone et soupire en regardant par la fenêtre de sa chambre, les sourcils froncés.

Si elle continue comme ça… Si les gens remarquent qu’elle est réellement une fille aux attributs de renard…

‘Dem’ jette sa cigarette de son pouce, l’envoyant dans le cendrier sans même retourner le regard vers celui-ci. Il sait que sa cheffe aime que Deshya devient plus populaire, mais même elle doit comprendre les risques.

Deshya… Oveja.

Pendant que Deshya dort, toutes les discussions sur internet parlent d’elle et de l’hôtel « FEDER » encore et encore, cela sans arrêt. Deshya ne le sait toujours pas, mais cette affaire dont elle a fait part—

— va la faire rencontrer une personne effroyable.

À SUIVRE DANS
   [Chapitre 48 : ‘Le Nombre Le Plus
              Populaire de Tous’]


         Commençons cette ‘Enquête 10’, Deshya.



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