Dans la grande salle alors silencieuse, tous les regards fixaient inlassablement les mille et quelques petites bouteilles de jade sur la table. Personne jusque-là n’avait pu voir autant d’élixirs réunis en un seul endroit.

A la vue de tant d’élixirs, Xiao Yu se sentait également étourdie. Inconsciemment, sa langue lécha ses lèvres rouges puis, un instant plus tard, elle secoua la tête pour reprendre ses esprits. C’est avec une lumière dans le regard qu’elle tourna ensuite la tête en direction de la personne au manteau noir.

La jeune fille vêtue de vert assise près de la fenêtre jeta un œil à la table pleine de petites bouteilles de jade, on pouvait voir l’étonnement dans ses beaux yeux transparents. Elle observa à nouveau la personne au manteau noir. Incapable de trouver quoi que ce soit de suspect, elle continua à feuilleter le livre qu’elle tenait dans la main.

Pour briser le silence, la personne en noir toussa doucement, amenant Xiao Zhan, à côté de lui, à revenir vite à la réalité.

« Euh… » Xiao Zhan rit et rougit d’un air embarrassé. Regardant l’alchimiste à la cape noir, le respect dans ses yeux avait encore grandi. Tous les alchimistes n’étaient pas en mesure de sortir comme cela plus de mille bouteilles de remède curatif en un seul coup.

« Monsieur, vous devez savoir que dans la situation actuelle du Clan Xiao, ce dont nous avons besoin avant tout, c’est justement de médecine capable de guérir notre popularité perdue. Votre action nous apporte indubitablement un précieux soutien, et ce lorsque nous en avons le plus besoin. » S’exclama Xiao Zhan avec gratitude.

En murmurant doucement en lui-même, Xiao Zhan hésita un instant avant de s’exprimer de nouveau:

« Et à ce propos, notre Clan Xiao prendra la responsabilité de vendre ces remèdes curatifs. En ce qui concerne les gains, monsieur, vous en toucherez 90%. Les 10% restants nous reviendrons. Bien que j’admette que se soit quelque peu éffronté de notre part, nous avons des besoins importants pour remettre les choses en ordre. Monsieur, qu’en pensez-vous ? »

Alors qu’il terminait sa proposition, Xiao Zhan regardait nerveusement l’homme au manteau noir face à lui. Il craignait qu’il ne fût pas satisfait des termes de cet accord. Le clan ne dépendait plus que de cet alchimiste mystérieux.

“Haha.” L’alchimiste se mit à rire puis secoua la tête.

En voyant l’attitude du vieil homme, Xiao Zhan changea d’expression. Alors qu’il était sur le point de céder les derniers 10% de commission, de façon tout à fait inattendue, la vieille voix s’interposa :

« Le chef de clan Xiao est trop poli, même si je suis le créateur de ces élixirs, je sais bien le travail que cela représente de les commercialiser, je ne voudrais pas profiter de la situation… non… on partage à parts égales 50/50, haha. »

Aux mots de l’homme au manteau noir, les Trois Aînés et le reste des membres du clan restèrent bouche bée, en état de choc. Après un certain temps, ils levèrent inconsciemment une main pour tâter leurs oreilles, comme pour vérifier s’ils avaient bien entendu… 50-50 ? Ce monsieur… n’est-il pas un peu trop prévenant envers le Clan Xiao ? Compte tenu des circonstances actuelles, même s’il avait voulu 100% des bénéfices, personne ne s’y serait opposer.

« L’or est réellement tombé du ciel… » la phrase résonnait dans tous les esprits alors que s’échangeaient les regards.

Après un long moment, Xiao Zhan reprit peu à peu ses esprits. Il prit une profonde inspiration puis dit avec un rire amère :

« Monsieur, vos paroles nous ont bouleversées, nous sommes déjà tellement reconnaissants de votre aide opportune ; comment pourrions-nous abuser de votre générosité ? »

Comme s’il s’agissait d’un sujet sans importance, l’homme à la cape noire agita les mains et rit avec suffisance :

« Ce petit peu de profit ne m’intéresse pas ; si ce n’était pour vous éviter de vous sentir redevable, je ne prendrais même pas la peine recueillir ces 50 pour cent… »

En entendant l’explication arrogante du vieil homme, Xiao Zhan ne put que hocher la tête avec un sourire crispé.

« Bien, je vais vous laisser vous charger de la vente comme bon vous semble. Si j’en ai l’occasion, je repasserai à l’avenir prendre des nouvelles. » L’homme à la cape noire se leva et sourit en disant :

« J’ai encore à faire, je ne vais pas rester trop longtemps. Chef de Clan Xiao vous n’avez pas besoin de me raccompagner ; vous avez vous aussi beaucoup à faire dorénavant, haha. » Avec rejet, il sortit du grand-hall sous les regards de tous.

Juste avant de quitter la pièce, les pas de l’alchimiste au manteau noir firent une pause soudaine, puis avec un petit rire, il ajouta :

« Ah oui, avant de partir, je tiens à ajouter quelques mots. Ce Xiao Yan n’est vraiment pas mauvais. Haha, au revoir… »

Entendant cette déclaration, Xiao Zhan se frotta la tête… Il était sur le point de dire quelque chose, mais l’homme s’était déjà faufilé hors du couloir, disparaissant peu à peu à l’angle du chemin.

Après un moment, Xiao Zhan laissa échapper un léger soupir :

« Il semble que la relation entre mon fils et ce monsieur soit vraiment extraordinaire. Sans quoi, comment cette personne qui ne nous connaît même pas voudrait-elle nous aider à ce point ? »

Les Trois Aînés échangèrent des regards et libérèrent à leur tour un soupir. De la façon dont le vieil alchimiste venait de faire l’éloge de Xiao Yan, il était clair que l’aide que le clan allait recevoir était définitivement liée à lui. Dans la salle, les membres du clan de la génération de Xiao Yan qui avaient entendu les mots de l’homme au manteau noir affichaient une envie non dissimulée sur leurs visages.

La jeune fille vêtue de vert près de la fenêtre inclina légèrement la tête. Ses sourcils se rejoignaient sur son front alors qu’elle regardait à travers la fenêtre la silhouette tourner au coin de l’allée. Un air suspicieux traversa son délicat visage.

À l’extérieur du clan Xiao, l’homme en noir continua lentement son chemin jusqu’à atteindre une zone moins dense. C’est alors seulement qu’une voix jeune gronda tout bas de dessous la robe noire :

« Maître, n’avez-vous rien de mieux à faire que de me citer à chaque phrase ? Si nous sommes découverts, je ne peux pas garantir que je ne vous livrerai pas. »

« Hehe, j’exprimais seulement mes sentiments. Si Xiao Zhan ne t’avait pas si bien traité depuis ton plus jeune âge, où aurais-je été chercher un si bon disciple ? Je ne peux que le remercier. »

La vieille voix plaisantait et riait :

« Si je leur avais simplement donné les pilules, ton père de nature prudente aurait cru que j’avais des arrière-pensées. Xiao Yan secoua la tête, impuissant puis regarda autour de lui avant de demander :

« Où allons-nous maintenant ? »

« Vers la Maison de Vente aux enchères afin de leur remettre la poudre de Concentration du Qi ; il faut éviter de leur devoir quoique ce soit,  je déteste avoir des dettes… En outre, tu as brûlé tous les ingrédients médicinaux pour la pratique, il est temps maintenant d’en acheter d’autres. » murmurait Yao Lao en souriant.

Xiao Yan fit un signe approbateur de la tête, puis, après un instant, il sourit gentiment et demanda:

« Maître, Est-ce qu’en considérant ma condition actuelle… je peux être qualifié d’Alchimiste de premier niveau ? »

« Hem… tu penses vraiment que parce que tu as affiné pendant quelques jours à peine des remèdes médicinaux, tu es devenu alchimiste ? Les médications curatives sont les plus simples élixirs qui soient, il n’y a pas de quoi être fier. » Yao Lao ricanait impitoyablement…

Les mots du vieux Maître faisaient l’effet d’une douche froide. Levant les yeux au ciel, Xiao Yan avait le visage assombri :

« Mais alors, quand pourrais-je vraiment être considéré comme un alchimiste de premier niveau ? »

« Dans le monde de l’alchimie, le minimum requis pour accéder au premier niveau est le raffinage d’un remède du type d’une pilule concentrée et non pas le genre de formule où il suffit de mélanger des essences entre elle pour former une pâte médicinale quelconque. »

« Il semble qu’il y ait encore une assez longue distance à parcourir. » En entendant les conditions, Xiao Yan secoua la tête, impuissant et s’avança sur la grand-place, en direction de la maison des ventes aux enchères.