Les yeux de la Sœur Aînée Ye Si s’illuminèrent. Elle n’avait aucun doute… Ce sentiment si familier, si doux, était celui d’un lien du sang. Par conséquent, elle ne put s’empêcher de marmonner pour elle-même : « Cette sensation… C’est comme si j’avais retrouvée ma mère ! »
Song Shuhang était abasourdi. « Ah ? » Elle n’a pas vraiment l’intention de traiter la Fée Litchi comme sa mère à partir de maintenant… Non ?
Elle l’avait dit d’une voix très basse, mais tous les cultivateurs présents étaient puissants, des êtres de Cinquième et de Sixième Rang. Tous avaient une ouïe aiguisée et des yeux perçants.
La Fée Litchi, un Véritable Monarque de Sixième Rang, l’entendit également. Elle jeta un regard en coin vers le duo. Elle balançait toujours Amulette de Cuivre comme un moulin à vent quand elle aperçut la Sœur Aînée Ye Si, debout à côté de Song Shuhang. Elle découvrit une femme très mignonne dont les cheveux étaient soigneusement tressés en nattes. Sa longue frange couvrait légèrement ses yeux. L’aura des Érudits la recouvrait.
L’instant suivant, leurs regards se croisèrent.
Immédiatement, la Fée Litchi eut l’impression que son corps se figeait dans le temps. Sa respiration, ses pensées et sa chair s’immobilisèrent un instant.
Peu de temps après, un certain sentiment monta soudainement dans son cœur. Une sensation familière, douce…
C’était une émotion absurdement familière !
Que se passe-t-il exactement ?! C’était la première fois qu’elle voyait cette Ye Si !
Elle se sentit oppressée. Lorsqu’elle s’était figée, la panique l’avait envahie et ses mains étaient devenues glissantes. En conséquence, le pauvre Maître Immortel lui avait échappé accidentellement et fut projeté très haut dans le ciel…
– « Aaaaaah ! » Ses larmes dansèrent dans le vent lors de sa parabole.
Malgré ses cris, il était plutôt heureux, au fond. Non, ce n’était pas un masochiste. Il était soulagé d’avoir enfin une opportunité de fuir les griffes de sa tortionnaire. S’il pouvait s’enfuir, la Fée ne lui courrait probablement pas derrière pour régler une deuxième fois leurs comptes. Après tout, elle lui avait déjà donné une bonne raclée, une répétition était improbable.
Quand il se serait enfui, il chercherait une occasion de lui envoyer un cadeau pour faire disparaître complètement sa colère résiduelle, mettant enfin un terme à cette épreuve !
Ainsi, le Maître Immortel à l’Amulette de Cuivre continuait à faire étalage de ses talents d’acteur sur sa trajectoire, hurlant encore et encore. Dans le même temps, il mobilisait son énergie spirituelle discrètement pour aller de plus en plus haut, tout cela pour s’échapper.
– « Ce Voyant Louche essaie de s’enfuir ! » cria soudainement le Cultivateur Solitaire Rivière du Nord, qui l’avait surveillé tout du long.
Cependant, il ne le poursuivit pas personnellement. Amulette de Cuivre et lui allaient se battre, mais pas à ce moment-là.
Il devait ronger son frein encore quelques jours.
Pendant la bataille au sommet de la Cité Interdite, il allait donner à ce diseur de bonne aventure raté une choquante leçon, le pousser à s’agenouiller en larmes et implorer pitié !
Aussitôt, plusieurs Daoïstes se précipitèrent vers le ciel. Le Véritable Monarque Ancien Temple du Lac, le Moine Errant Profond Principe, le Jeune Maître Tueur de Phénix et plusieurs autres Aînés lui couraient derrière. Tous avaient un ou deux comptes à régler avec lui. Il avait dû se déguiser en eux à un moment donné pour effectuer quelques-unes de ses divinations discutables.
La Fée Litchi avait déjà évacué sa colère, mais la leur brûlait toujours. Elle ne s’était pas encore éteinte ! Elle flamboierait tant qu’ils ne l’auraient pas rattrapé pour lui donner une bonne raclée.
En parlant de cela… Quelle apparence avait Amulette de Cuivre à ce moment-là ? Ils trouvaient ce visage familier, mais ils n’arrivaient pas à mettre le doigt sur l’identité de la personne en qui il était déguisé. Probablement un Daoïste reclus depuis longtemps… De toute façon, ce n’était certainement pas sa véritable forme.
– « Grand Maître, estimé Ancien Temple du Lac, est-ce que quelqu’un d’entre vous sait à quoi il ressemble réellement ? » demanda le Jeune Maître Tueur de Phénix, curieux. Cela ne faisait pas bien longtemps depuis son entrée dans le Groupe des Neuf Provinces #1, si bien qu’il n’avait jamais vu le visage naturel du Maître Immortel à l’Amulette de Cuivre.
Profond Principe secoua silencieusement la tête.
Le Véritable Monarque Ancien Temple du Lac se força à sourire. « Depuis le jour où j’ai fait sa connaissance, je ne l’ai jamais vu deux fois avec la même apparence. Il avait un visage différent à chaque fois que je le voyais, et même son sexe et son âge différaient systématiquement. Personne ne peut deviner qui il est s’il ne le dit pas lui-même. »
Tueur de Phénix serra les dents. « C’est vraiment gênant. Bref, nous ne pouvons absolument pas le laisser s’échapper. Si nous le perdons de vue, seul Dieu sait quelle tête il aura la prochaine fois que nous le rencontrerons ! »
Tous hochèrent la tête les uns après les autres. Ils ne pouvaient absolument pas laisser ce diseur de bonne aventure raté s’enfuir !
❄️❄️❄️
Sur la plateforme, la Fée Litchi et la Soeur Aînée Ye Si se regardaient.
La première ne savait pas quoi dire. Elle avait lu dans le salon de discussion que Sept du Clan Su avait rencontré une jeune femme tandis qu’il était à la recherche du Maître Immortel à l’Amulette de Cuivre, et que celle-ci appelait le Voyant “mère” alors qu’il s’était déguisé en elle.
Pour faire simple, elle avait trouvé cela absurde.
Mais elle ne s’était pas attendue à ressentir quelque chose d’encore plus perturbant dans son propre corps… Elle ressentait également cette familiarité, cette douceur avec Ye Si.
Elle avait l’impression que cette fille… Qu’elle était vraiment sa fille !
Non, non, non ! Comment une pensée aussi terrifiante a-t-elle pu me traverser l’esprit ?!
C’est absolument impossible !
Elle n’était pas encore mariée, et voilà qu’elle avait une gamine ? Elle allait vraiment perdre les pédales !
Alors que la Fée Litchi était plongée dans ses pensées, la Sœur Aînée Ye Si encore loin sentit être incapable de se contrôler plus longtemps. Elle ouvrit alors la bouche et se prépara à lui crier quelque chose. D’après la forme de ses lèvres, ce devait être “maman”.
Je ne peux absolument pas la laisser prononcer ce mot !
Si elle l’appelait “maman” devant tout le monde, l’article le plus lu du Quotidien du Cultivateur le lendemain serait : “La célèbre Fée Litchi révèle être la mère d’une jolie demoiselle. Qui est le mystérieux papa ?” ou quelque chose du même genre !
– « Un instant ! » s’écria-t-elle donc rapidement avant l’appel critique.
Son air inquiet alarma les Daoïstes à proximité. Ils ne l’avaient jamais vu agir comme cela.
La Sœur Aînée Ye Si eut également peur, elle manqua de s’étouffer en prenant son inspiration.
L’instant suivant, la Fée s’élança. Même sa force était hors de contrôle, et le sol de la plateforme se brisa sous la pression de ses jambes. Elle atterrit à côté de Ye Si dans une grande déflagration.
Ye Si ferma la bouche et la regarda de plus près, l’air heureuse.
– « Cher Sept Noms de Dao, je vous emprunte votre amie pendant une minute, » déclara Litchi en tendant sa main pour saisir la jeune femme par la taille avant de la soulever.
L’instant suivant, elle s’enfuit. Elle avait instantanément disparu. Nul ne savait où elle était passée.
Song Shuhang eut un sourire crispé.
La Fée Litchi avait-elle enlevé la Sœur Aînée Ye Si pour lui faire un lavage de cerveau définitif ? Non, il était peu probable qu’elle lui fit du mal.
À cause de l’apparition soudaine de Ye Si, la grande bataille entre la Fée Litchi et le Maître Immortel à l’Amulette de Cuivre avait brusquement pris fin.
Bref. Il est déjà assez tard comme ça. Je ferais mieux d’aller dormir, pensa Song Shuhang.
– « Est-ce que vous allez retourner vous reposer ? » lui demanda Yu Jiaojiao. « Dans ce cas, laissez-moi vous accompagner. J’ai rencontré un petit goulot d’étranglement pendant que je m’entraînais ces derniers jours, j’ai besoin de louer les effets de votre Pierre d’Illumination. »
Elle voulait en profiter un peu.
– « Bien sûr. Allons-y. » Comment sera la relation entre la Fée Litchi et la Sœur Aînée Ye Si à leur retour ? Seront-elles devenues mère et fille ?
❄️❄️❄️
Quelques minutes plus tard.
Song Shuhang retournait dans sa chambre pour se reposer. Yu Jiaojiao changea d’apparence et rétrécit jusqu’à atteindre la taille d’une paume, s’allongeant dans la zone de cinq mètres de rayon autour de lui.
– « Bonne nuit, Jiaojiao. »
– « Bonne nuit. »
Mais juste au moment où le Roi Guerrier fermait les yeux, son téléphone sonna soudainement : l’Érudit Xian Gong l’appelait.
N’est-il pas parti avec le démodragon hier ? Pourquoi m’appelle-t-il à cette heure ?
Song Shuhang décrocha, curieux.
– « Allo, jeune ami Shuhang ? Où êtes-vous ? »
– « Je suis dans ma chambre. »
– « Bien. J’arrive. »
Song Shuhang était un peu confus. « Oui ? Aîné, est-ce que vous avez besoin de moi ? »
– « Ahahaha ! Voilà : nous venons de terminer la préparation du Remède démodragon. Nous en avons raffiné quarante lots entiers, et nous les diviserons en deux, vingt chacun. J’arrive immédiatement, restez où vous êtes. » Son sourire s’entendait au téléphone. Il était vraiment de très bonne humeur.
– « Vous venez de terminer ? Déjà ? » Après tout, il lui avait fallu plusieurs heures pour concocter quelque chose d’aussi simple que la potion de Trempe Corporelle. Pourtant, ce remède capable d’agir sur un Véritable Monarque de Sixième Rang avait été préparé en si peu de temps ?
– « Ahaha, un médicament et une pilule médicinale sont deux choses différentes. Le raffinage du premier ne prend pas autant de temps, qui se compte parfois en jours, voire en mois. Le pratiquant doit juste faire attention aux ratios et au moment où il faut mélanger. Pardon, ce n’est pas très clair, mais en bref il n’a fallu que quelques heures au Maître Praticien pour préparer le Remède démodragon. Je viens immédiatement avec. Maintenant, il n’y aura plus besoin de s’inquiéter de notre constitution ! »
Song Shuhang lui emboîta le pas. « Exact, plus jamais nous n’aurons à nous soucier de notre énergie mentale qui est trop forte ! »
Ah ! Le Remède démodragon, j’en ai tant besoin !
La puissance de l’énergie mentale de l’étudiant approchait déjà celle pour le Quatrième Rang, elle était sur le point de devenir parfaitement argentée. Par contre, sa constitution approchait à peine le niveau du premier méridien du Troisième Rang. Pour éviter une trop grande pression de son énergie mentale sur son corps, il devait prendre le Remède démodragon pour porter sa chair à un stade proche du Quatrième Rang. Un médicament produit à partir du sang d’un monstre de la puissance d’un Véritable Monarque en était sûrement capable.
Yu Jiaojiao demanda : « Le Remède démodragon est-il prêt ? »
Il hocha la tête. « Oui. L’Aîné Xian Gong vient pour m’en donner. »
Toc toc toc. Juste à ce moment-là, quelqu’un frappa à la porte.
Quand on parle du loup.
Le Roi Guerrier ouvrit la porte et vit que l’Érudit était là, une pipe à tabac dans la bouche et un sac en tissu spécial dans les mains. Ce dernier était rempli de tubes à essais, eux-mêmes contenant un liquide rouge qui s’agitait en prenant souvent l’apparence d’un petit dragon rouge.