Le chevalier Aigue-Marine et sa cavalerie avancèrent, mais après s’être heurtés à plusieurs murs de glace, leur élan ralentit. Les voleurs d’Happy se rapprochèrent. Ils ne cherchèrent pas à atteindre une cible unique ou à trouver un chemin. Ils placèrent simplement un piège partout où il y avait un emplacement libre, remplissant tous les espaces vides avant de partir en courant.
Peng peng peng peng peng !
Quelques instants plus tard, les bruits de murs de glace se brisant s’arrêtèrent. La charge du chevalier Aigue-Marine et de sa cavalerie avait été stoppée. De nombreux murs étaient encore debout. Une fois la cavalerie arrêtée, le chevalier Aigue-Marine brandit son épée et brisa le mur de glace devant lui d’un coup sec.
En avant ! Le chevalier Aigue-Marine et sa cavalerie continuèrent à se diriger vers leur cible. Plusieurs murs de glace furent rapidement détruits. Les fragments s’éparpillèrent au sol. La scène n’avait plus l’air de se dérouler dans un désert de sable. Cependant, personne n’eut le temps d’apprécier ce changement. Tout le monde pouvait déjà voir la lumière de l’épée du chevalier Aigue-Marine scintiller.
À ce moment, l’équipe de mages se replia. Les chevaliers s’avancèrent pour former la ligne de défense.
« Boucliers levés ! » ordonna Lord Grim. Les chevaliers en avant levèrent leurs boucliers et se cachèrent derrière.
« Les clercs, préparez-vous ! » Lorsque Lord Grim donna son deuxième ordre, le chevalier Aigue-Marine et sa cavalerie arrivèrent. Mais cette fois, la courte distance qui les séparait n’était pas suffisante pour former une charge à pleine vitesse. Le chevalier et sa cavalerie s’approchèrent à grands pas et levèrent leurs épées.
Dong dong dong dong !!
Les bruits de métal heurtant le métal retentirent à plusieurs reprises. Les chevaliers d’Happy ne se souciaient pas de savoir s’il y avait des ennemis devant eux. Ils levèrent tous leurs boucliers devant eux à un angle de 45 degrés. Ainsi attaqués, ils sentaient clairement leurs boucliers sauter d’un côté à l’autre. Bloquer les attaques féroces affectait le contrôle de leurs personnages. Leur santé tombait également en cascade à chaque attaque. Dans ce genre de situation, même si des clercs les soignaient, les chevaliers s’inquiétaient déjà de savoir s’ils seraient capables de bloquer correctement la seconde attaque.
Heureusement, Lord Grim ne leur ordonna pas de subir la seconde attaque. Lorsque le chevalier Aigue-Marine et sa cavalerie lancèrent leur première attaque, Lord Grim donna un autre ordre.
« Ninjas ! Technique du déplacement souterrain, Immobilisation corporelle ! »
Pendant que le chevalier Aigue-Marine traversait les murs de glace, les ninjas s’étaient cachés sous le sable. Ils sortirent alors et lancèrent la corde attachée à leurs lames ninja en direction des cavaliers.
Ils n’avaient pas de cible en tête et visaient simplement celle qui leur convenait le mieux. Il pouvait y avoir des ratés conduisant à plusieurs tentatives, mais ce n’était pas important. Il était plus important qu’ils saisissent l’opportunité qui se présentait à eux.
Ye Xiu savait très bien que les joueurs de Happy n’étaient pas compétents, il n’avait donc rien mis en place de compliqué ou d’impossible à leur niveau.
Les mages lancèrent des murs de glace, facile.
Les voleurs posèrent des pièges, simple.
Les chevaliers bloquèrent une attaque, rien de plus.
La tâche des ninjas était un peu plus difficile, car leur technique de déplacement souterrain et celle d’immobilisation corporelle étaient des combos. Il fallait les enchaîner correctement et utiliser la technique d’immobilisation corporelle dans les airs. C’était une tâche facile pour n’importe quel joueur du Domaine Céleste, mais ça ne l’était pas pour ces novices du dixième serveur. Ye Xiu n’avait donc aucune exigence les concernant. Tout ce dont ils avaient besoin, c’était de toucher n’importe quelle cible et de ne pas se soucier des autres.
Ils pouvaient même tenter de recommencer leur assaut en cas d’échec, mais les erreurs d’une personne pouvaient être compensées par une autre. Quelques attaques risquaient de rater, mais il y aurait de toute façon encore plus d’erreurs avec des tâches plus compliquées.
La trentaine de ninjas lança son attaque contre les dix-neuf cavaliers invoqués. C’était presque un rapport de deux contre un. Mais comme Ye Xiu ne leur avait imposé aucune condition, il pouvait y avoir des cibles touchées par plusieurs attaques ou d’autres complètement ignorées.
Quoi qu’il en soit, les gens montaient et les chevaux se retournaient.
La majorité des chevaliers touchés par le combo déplacement souterrain-immobilisation corporelle étaient démontés. Certains avaient été touchés mais n’étaient pas tombés et les ninjas s’étaient retrouvés sur les chevaux.
Cela n’avait rien d’étrange. Après tout, le chevalier Aigue-Marine était un boss sauvage. Tous ses subordonnés étaient de puissants monstres d’élite et avaient une forte résistance à de nombreuses attaques. Si le joueur ne visait pas correctement, l’effet escompté risquait de ne pas se produire.
« Mages de combat, balayage circulaire ! »
À ce moment, une nouvelle vague d’attaques s’éleva. L’équipe de mages de combat pinaillait à gauche et à droite. Après que les ninjas aient utilisé le combo déplacement souterrain-immobilisation corporelle, les mages de combat poignardèrent immédiatement les chevaliers qui n’étaient pas tombés de leur monture.
Certaines de leurs attaques manquèrent leur cible ou furent en retard, mais au final, les cavaliers restants furent jetés à terre. Et les vagues d’assaut se succédèrent ainsi.
Enfin, lorsque ces cavaliers tombèrent, il y eut même une petite onde de choc qui fit retomber au sol ceux soulevés par les ninjas.
« Sorcières, niveau 50 et plus utilisez poupée Shururu, en dessous du niveau 50 utilisez fiole de lave, pluie de glace ! »
– Artilleurs, stinger !
– Tireur magique, dispositif incendiaire !
– Mécaniciens, machine Drop !
– Invocateurs, entourez-les de familiers !
– Berserkers…
– Bagarreurs…
– Maîtres du Qi… »
Lord Grim lançait ordre sur ordre. Ye Xiu avait déjà configuré le tchat pour que personne d’autre que lui ne puisse parler, afin que personne ne soit distrait par d’autres messages que son commandement. Les joueurs d’Happy continuèrent à accomplir leurs tâches.
Les sorcières volaient dans les airs, bombardant la cavalerie avec les objets que Lord Grim leur avait demandé de jeter.
Bang bang bang bang !
Les artilleurs se tenaient sur les lignes de fond et lançaient leurs stingers en l’air. Les missiles passèrent au-dessus des têtes de leurs camarades et explosèrent à hauteur de la cavalerie. Chaque missile se propagea en huit missiles plus petits, qui tombèrent en pluie sur le champ de bataille.
Les dispositifs incendiaires des tireurs magiques, combinés aux flacons de lave lancés par les sorcières, couvrirent le sable d’une mer de feu.
Les parachutages des mécaniciens remplissaient le ciel de melons d’hiver. Leurs estomacs s’ouvraient et déversaient des déchets.
Les créatures invoquées avançaient et remplissaient le peu d’espace restant.
Les autres classes attaquèrent également. En un instant, le chevalier Aigue-Marine et sa cavalerie furent submergés par les attaques. Dans cette zone, on ne voyait que des ombres qui se débattaient. Rien d’autre n’était visible.
« Ne serrez pas. Laissez-moi passer. Je n’ai toujours pas utilisé ma compétence !!!
– Toi, Berserker, tu as déjà utilisé ta compétence, n’est-ce pas ? Si tu as fini, écarte-toi !
– Qui a invoqué ce gobelin ? Tu ne peux pas me laisser passer ? Ne m’oblige pas à le tuer !!
– Ah, qui a frappé mes fesses ??? »
Au milieu du bruit des attaques, on pouvait également entendre les cris constants des membres d’Happy. Les espions suivaient aussi le mouvement, mais ne pouvaient rien voir correctement.
En tant que vétérans de Glory, la façon dont Happy combattait le boss était insupportable pour eux. Tout le monde était entassé, comme dans un train bondé.
Mais ils découvrirent aussi que malgré leur coordination, qui pouvait paraître disgracieuse, chaque personne contribuait au combat. Tout le monde attaquait et se déplaçait. Sur les six cents personnes que comptait la guilde, pas une seule ne restait sans rien faire.
Les espions étaient désemparés. Ils avaient déjà reçu l’ordre de trouver un moyen d’empêcher Happy de tuer le chevalier Aigue-Marine. Mais dans ce chaos, ils ne pouvaient rien faire car la bataille avait déjà atteint un niveau inimaginable. C’était peut-être chaotique, mais les attaques se poursuivaient. Comment pouvaient-ils l’arrêter ? Organiser la bataille ?
Vu de l’intérieur, Happy semblait être un véritable chaos, mais de loin, on aurait dit une zone de guerre remplie de feu, de sorts, de lumière d’épée…
On aurait dit une bande-son pour les compétences. Actuellement, toutes les compétences de niveau 50 et moins clignotaient à gauche et à droite. Les joueurs environnants, qui entraient et sortaient de la mêlée en vagues, entretenaient ce mouvement d’agitation.
Les joueurs restants des treize guildes étaient complètement abasourdis. Le sentiment qu’ils avaient eu des espions était complètement différent. Ils avaient l’impression qu’il s’agissait d’un combat de boss de niveau supérieur. La cavalerie du chevalier Aigue-Marine avait été encerclée par ces joueurs et se débattait sans pouvoir faire quoi que ce soit.
« Faites attention, ne blessez pas vos propres alliés !!! »
Ye Xiu avait répété cet ordre à plusieurs reprises.
Il ne pouvait rien y faire. En dehors des évènements spéciaux, un groupe de cent hommes était la plus grande unité de Glory. Les membres d’un même groupe ne pouvaient pas se blesser les uns les autres, mais n’importe qui en dehors pouvait être blessé. Happy comptait six ou sept cents joueurs, donc six ou sept groupes. Dans ce genre de situation, il était difficile d’éviter l’automutilation. Ces novices n’étaient pas doués pour contrôler leurs attaques !
« Ah ! Je crois que j’ai tué l’un d’entre eux !!! » cria soudainement quelqu’un, de surprise. Le système lui avait clairement indiqué qu’il avait tué l’un des subordonnés du chevalier Aigue-Marine.
« Ah ! J’en ai tué un aussi ! »
Même s’il y avait environ six cents joueurs, le système pouvait les différencier et les notifier en conséquence.
« J’en ai tué un !
– J’en ai aussi tué un ! »
Les sous-fifres du chevalier Aigue-Marine avaient les mêmes statistiques. Face à une attaque relativement similaire, ils tombèrent à peu près en même temps.