Lorsque Deshya rentre chez elle, elle parle à ses deux parents de ce qu’elle a fait après que son père soit parti. Elle explique tout en détail avec un air fier et Gatito fronce les sourcils à la fin de son histoire. Il y réfléchit tandis que sa mère applaudit doucement.
– Je n’y aurai pas pensé !’ avoue Pera, la mère de Deshya.
– … Hmmm…
Son père, cependant, ne semble pas convaincu. Deshya fait la moue après avoir avalé un morceau de baguette.
– Mooooh, tu ne me crois pas ?!’ demande-t-elle.
– … Je ne sais pas. C’est farfelu, mais je suppose que ce n’est pas impossible.
Il trempe son pain dans la soupe aux potirons que Pera a cuisiné et mange le morceau de baguette bruyamment. La mère de Deshya fait une expression assez similaire à sa fille et fixe son mari.
– Il faut croire ta fille !’ dit-elle.
– A-Ah, tu ne vas pas t’y mettre !
– Tu vois, maman sait qui croire.
Gatito avale le morceau de pain et soupire longuement. Il agite la baguette qu’il a dans la main devant Deshya.
– Et dis-moi, comment tu vas prouver que c’est cette personne et qu’elle a fait de cette façon-là, hein ?’ demande-t-il.
Il dépose sa baguette sur la table, ainsi qu’un coude.
– Si ta théorie est correcte, demain, en y allant avec la police, il n’y aura plus aucune preuve et on ne pourra pas confirmer que ça soit elle,’ avoue-t-il.
Deshya ne répond rien, ayant arrêté de faire la moue. Gatito plisse les yeux.
– Même si un autre policier était à tes côtés et qu’on peut se fier à son jugement, rien ne prouve que ça soit elle ni que ça a un rapport avec l’effort, aussi étrange soit-il.
– C-Chéri…
Gatito se tourne vers sa femme, Pera.
– Je ne veux pas paraître méchant ou dur avec Deshya, elle doit juste comprendre qu’on a affaire à un vrai crime ! Même si Mary, la suspecte numéro 1, continue de dire que ce n’est pas elle, nous avons déjà eu des criminels qui continuaient à dire que ce n’étaient pas eux pendant des semaines, voire des mois ; et pourtant, nous avions plusieurs preuves, et même des témoins !!
– Je sais, mais…
Pera baisse le regard, mais Deshya pouffe. Ses deux parents la regardent et Gatito fronce les sourcils.
– C’est si drôle que ça ?’ demande-t-il, commençant à sentir la colère battre dans son cœur.
Deshya secoue la tête et croque dans sa baguette, sans même la tremper dans la soupe qui l’attend dans le beau bol juste devant elle.
– Ce n’est pas drôle et je suis certaine que je ne peux pas faire la moitié de votre travail…
Deshya mâche et mâche silencieusement, sans terminer sa phrase, mais lorsqu’elle avale le morceau de pain bien frais, elle sourit et son regard se pose droit dans celui de son père.
– Mais je suis Deshya Oveja, un génie.
CHAPITRE 4
⎾Détective Aux Oreilles de Renard⏌
(Case 1)
Le 31 Août 2022 ; le dernier jour d’Août de cette année. Les cloches qui annoncent le début des cours retentissent, mais en ce beau Mercredi, qui est la deuxième journée d’école pour cette nouvelle année scolaire, il n’y a pas réellement de cours : ils vont recevoir des informations pour les cours à venir, leurs horaires définitifs et pourront choisir quels cours supplémentaires — ou cours optionnels — les élèves vont prendre. Au moins un est obligatoire, ce qui rend le terme ‘cours optionnel’ un peu étrange pour certains, mais Deshya trouve que c’est totalement normal. Elle regarde la feuille où elle doit inscrire ce qu’elle souhaite avoir et Amora, sa meilleure amie depuis des années, s’approche d’elle avec un grand sourire.
– Tu vas choisir comme l’année dernière ?!’ demande-t-elle.
Deshya se gratte les cheveux et tourne son visage vers Amora.
– J’avais pris ‘Psychologie’ et ‘Espagnol’ l’année dernière… Cependant, si je prends ‘Psychologie’ cette année-ci, ça veut dire que le mercredi, je dois revenir à l’école entre 14h35 et 15h25…’ dit Deshya.
– En plus, tu n’auras pas deux heures de temps de midi le mercredi et le vendredi !’ lâche Amora avec un grand sourire.
Deshya soupire et dépose la feuille sur sa table.
– Raaah, j’ai envie de prendre ‘Psychologie’ aussi, mais les horaires ne sont pas incroyables, raaah !’ se lamente Deshya.
– Espagnol 2, tu vas prendre ?
Un garçon aux cheveux noirs s’approche des deux amies et sourit.
– Pardon, pardon, je m’appelle ‘Raiji Harmony’, je n’ai pas pû m’empêcher d’entendre votre discussion, ahah…
Il se gratte l’arrière du crâne avec un sourire timide et Amora le salue de ses deux mains, les agitant avec énormément d’énergie.
– Saluuuut, Raiji !!
– Hey, Amora !!
Il la salue de la même façon et cela fait pouffer Deshya : ils ont l’air d’avoir une énergie assez similaire. Elle finit par acquiescer.
– Espagnol 4 signifie que je dois revenir à l’école à 17h05 les mardi et les jeudi je reste une heure de plus que prévu…’ dit-elle.
Raiji croise les bras et acquiesce.
– J’ai bien envie de prendre Math 6, mais alors je termine un peu plus tard mercredi et revenir à 17h05 le jeudi… Ew.
Raiji soupire longuement et s’assied sur le banc derrière lui ; le sien. Deshya acquiesce et soupire à son tour.
– Je vais voir ce que je vais faire… Et toi, Amora ?’ demande-t-elle.
– Moi, je vais juste prendre ‘Psychologie’ !’ avoue-t-elle.
– Même si c’est embêtant qu’on doit revenir à l’école un peu plus tard le mercredi, c’est ‘Rinno’ qui présente les cours et à ce qui paraît, c’est un professeur génial !
– Eeeh, c’est vrai, Raiji ?
Il acquiesce avec énergie. Deshya regarde sa feuille et finit par se décider.
– Je vais juste prendre ‘Psycho’ alors, j’étudierai l’espagnol de mon côté…
– Raaah, prends ‘Espagnol’ aussi !!!
Une autre fille se ramène et crie d’un coup, ce qui fait sursauter Deshya et Amora. Cette dernière trébuche sur son propre sac et tombe par terre, renversant le bureau de Raiji — ainsi que Raiji lui-même. Deshya regarde la fille aux longs cheveux blancs qui ont une tournure plus sombre sur leur fin, et cligne des yeux, tremblotant à cause de la douleur dans ses oreilles.
– Ne crie pas comme ça, Shell!’ hurle une fille de l’autre côté de la classe.
– Mais je veux être en option ‘Espagnol’ avec Deshyaaaa !!!
Lorsqu’elle crie ça, toute la classe se retourne vers la fille aux oreilles de renard et celle-ci cligne des yeux à nouveau, un œil ayant un spasme,
– E-Eh ?
Et là, tous les élèves courent autour de son bureau.
– Tu vas en option ‘Espagnol’ ?! Moi aussi !!
– Maintenant que tu le dis, j’aimerai parler l’espagnol !!
– Mi habla el espania very bueno !!!
Deshya soupire longuement et se frappe la tête contre le banc, mais lorsqu’elle note sur son papier qu’elle va aussi en option ‘Espagnol 2’, tout le monde crie en levant les bras et se mettent à écrire sur leur papier.
Lorsque leur titulaire vient chercher leurs papiers, il les lit sur son bureau et fronce les sourcils. Il commence à les lire en vitesse les unes après les autres et les écrase contre le bureau avec violence.
– Pourquoi tout le monde a choisi ‘Espagnol 2’ dans la classe ?!’ s’écrie-t-il.
Deshya soupire à nouveau et dépose sa tête contre la table, déjà épuisée.
*****************
Le reste de la journée se passe avec plus de tranquillité et Deshya a le droit de respirer lorsqu’elle met les pieds hors de l’école. Amora va voir une amie cet après-midi, donc elle ne rentre pas avec Deshya — bref, elle n’aura pas à supporter son interminable énergie. Certes, elle adore Amora et elles s’entendent très bien, mais parfois, même Deshya a besoin de calme et de repos.
Mais ce 31 Août va se terminer sur une soirée plutôt… excitante.
– … Eh.
Elle pense à ce qu’il va se passer ce soir et montre ses dents au soleil qui brille encore dans le ciel.
Elle a hâte de voir comment cela va se passer… Surtout qu’elle a pû discuter avec le professeur de gymnastique. Elle met ses mains dans les poches et sourit.
– Tu ne pourras pas m’échapper, désormais.
**********************
Lorsqu’elle rentre chez elle, Deshya remarque qu’une part de gâteau au chocolat se trouve devant sa chaise, sur une belle assiette. Elle tourne le regard vers sa mère qui est sur le sofa, en train de manger aussi une part de gâteau.
– Tu as préparé un goûter, maman ?” demande Deshya en allant s’asseoir.
Pera avale ce qu’elle a en bouche et tourne un peu la tête vers sa fille, sans pour autant arrêter de regarder la série policière qui passe à la télévision.
– Non, ton papa est allé acheter un gâteau !!
– Papa… ?
– Il a dit que tu aurais une deuxième part si tu avais raison !!
Deshya reste bouche bée et regarde la part de gâteau en face d’elle. Elle finit par sourire et attrape la fourchette qui l’attend à côté de l’assiette.
– Hâte de manger une deuxième part en rentrant, alors~ !
Elle met la fourchette dans la bouche et sourit, le goût de ce gâteau encore plus sucré que d’habitude.
Et le temps passe.
Il est désormais 19h55 et un policier sonne à la porte. Il recule d’un pas. Il ne faut attendre que trois secondes avant qu’une jeune femme vient leur ouvrir.
– Oh, vous êtes là.
Une serviette sur les cheveux, Koinu, la grande-sœur de Kyria, vient les ouvrir. Le policier au nom de Gatito acquiesce poliment.
– Nous sommes là pour l’affaire concernant votre père.
– Votre fille nous en a parlé hier soir, Kyria vient d’aller à la douche, mais ça sera rapide. Cela vous va ?
Gatito acquiesce à nouveau et Koinu se met sur le côté, laissant les policiers passer. Elle remarque que Sammy, le policier détective aux oreilles pointues, est là aussi, dont d’autres policiers, ainsi que celui qui était resté avec Kyria et elle-même dans la salle à manger. En dernière, celle qui se montre est—
– Salut !” dit Deshya avec un petit sourire.
– Hey.
La fille au pull de renard. Elle a encore les mêmes vêtements et la même queue duveteuse qui pend de son dos. Koinu ferme la porte et se sèche les cheveux.
– Elle ne compte pas retirer sa queue de renard, ou quoi… ?” se demande-t-elle.
Deshya rentre dans la cuisine et remarque que tout a déjà été rangé et nettoyé. Même si le mixer détruit se trouve encore sur le plan de travail, à côté du micro-ondes très endommagé, Deshya n’aurait pas cru qu’une explosion avait retenti ici si elle n’était venue qu’aujourd’hui. Un des policiers ouvre la porte de la salle à manger et Sammy se retourne vers Koinu.
– Cela vous va si on vous interroge ici ?” demande-t-il.
– Bien sûr. Je vais en haut et je viens avec Kyria lorsqu’elle a fini de se doucher.
– Merci bien.
Koinu ferme légèrement la porte de la cuisine et monte les marches de l’escalier. Deshya regarde son père et lui demande quand elle va arriver. Gatito dépose son manteau sur la chaise où il va s’asseoir et répond à sa fille.
– La voiture de police où elle se trouve est un peu en retard, mais ils ne devraient pas tarder. Tu peux justement déjà aller les ouvrir et les attendre.
– D’accord !
Gatito s’assied et regarde sa fille courir dans la cuisine, de bonne humeur. Cela fait sourire Sammy qui se met juste à côté de Gatito.
– Elle est excitée à l’idée de résoudre sa première enquête, on dirait…” remarque-t-il.
Gatito tourne le visage vers lui et croise les bras, les posant sur son ventre.
– Hmph. On ne sait pas encore si elle a raison.
– Elle m’a dit qu’elle aura une preuve à coup sûr et sa théorie n’est pas idiote, surtout avec ce qu’elle a vu…
Un policier s’avance vers eux et montre une caméra qu’il a dans sa main.
– J’ai pris des photos de ce que nous avons observé tous les deux sur les murs, donc même s’ils ont été retiré…” dit-il.
Gatito ne répond rien, ne voulant pas trop rapidement s’avancer sur la vérité de ce cas. De toute façon, ils vont bientôt savoir si Deshya a raison ou si ce n’est que des coïncidences, fantaisies créées dans la tête d’une jeune fille se croyant être une détective. Même s’il comprend entièrement la théorie qu’elle a proposée et que tout semble bien se tisser, il ne peut pas juste y croire aveuglément.
**********************
Koinu attend patiemment en haut des escaliers, devant la salle de bain. Kyria en sort finalement, ses cheveux désormais secs.
– Désolée, me voiciii !” dit-elle avec un sourire qui lui ressemble bien.
Koinu se lève et lui dit que les policiers attendent déjà en bas. Kyria semble tracassée, mais elle acquiesce juste et suit sa grande-sœur silencieusement. La mort de leur père est encore dans leurs esprits : cela est arrivé il n’y a qu’un jour, après tout… Comment ne peuvent-elles pas y penser ? Leur mère, Mary, est la coupable de l’affaire et a été emmenée au commissariat — sûrement en prison, à l’heure présent. Kyria vient à peine de revenir à l’école après de superbes vacances d’été, alors elle a toujours du mal à croire que cela vient d’arriver… Koinu aussi a du mal à y croire. Alors qu’il y a quelques jours, la maison était remplie de vie avec leurs deux parents, désormais, elles ne sont qu’elles deux, et leur oncle devrait venir s’occuper d’elles à présent. Toutes deux arrivent en bas des escaliers et Koinu ouvre la porte de la cuisine. Elle regarde le four détruit, ne pouvant pas s’en empêcher, et baisse les yeux. Un tel drame, ici… Kyria ne l’observe pas, fuyant du regard, et Koinu dépose sa main sur la poignée de la porte. Elle l’ouvre et les deux filles voient tous les policiers — dont Deshya — les attendre, mais une autre personne se trouve dans la salle à manger. Cette personne—
– !!! Toi ?!” crie Koinu.
Kyria la voit et recule d’un pas, choquée.
– M-Maman ?!
Mary est assise juste à côté de Dehsya, regardant ses filles avec un air attristé.
Koinu entre dans la pièce et fronce les sourcils, tournant le visage vers tous les policiers.
– Qu’est-ce que ça veut dire ?!” demande-t-elle furieusement.
– Allons, allons, asseyez-vous~ !” dit Deshya avec un sourire presque amusé.
Koinu lâche un ‘Tss’ énervé et Kyria ferme la porte derrière elle, suant un peu.
– D-Deshya, qu’est-ce que ça veut dire… ?” demande-t-elle, peu à l’aise.
– De quoi ?
– M-Maman est—
– On va vous expliquer. Asseyez-vous.
C’est Sammy qui parle. Kyria acquiesce, n’ayant pas trop le choix, et s’assied juste à côté de Koinu, proche de Gatito et du policier qui était resté avec elles hier. Voyant que tout le monde est là, le père de Deshya s’éclaircit la voix et met les deux mains sur la table.
– Comme vous le savez, hier, le 30 Août 2022, à 16h32, une explosion a retenti dans votre cuisine et a tué Miro Blushark, le mari de Mary Blushark et père de Koinu et Kyria Blushark.
Il se tourne vers la femme.
– La conclusion est que c’est sa femme qui l’a tué en plaçant une bombe dans le four après avoir utilisé la cuisine et qu’ensuite, lorsque son mari est revenu et a préparé un gâteau spécial fait maison, cela pour la rentrée des classes de Kyria.
– La famille entière le savait…” lâche Kyria, ne cachant pas ses tracas sur l’expression de son visage.
– Nous le savons,” répond Sammy. Mary nous a expliqué la situation.
– Je vois…
Gatito continue.
– Nous étions certains de nous… mais cela n’est plus le cas.
– !!!
– ?!
– H-Hein ?
Kyria cligne des yeux, surprise, tandis que Koinu fronce les sourcils. Même Mary ouvre grand les yeux, surprise.
– J-Je ne suis plus suspectée… ?” demande-t-elle.
Koinu se tourne vers sa mère, choquée.
– Même maman ne le sait… pas ?!
La fille aînée des Blushark remarque le sourire en coin de Deshya et fronce les sourcils. Est-ce que tout cela est lié à elle… ? Elle serre les poings et se tourne rapidement vers Gatito.
– Est-ce que c’est à cause de votre fille ?!” crie-t-elle.
– De Deshya… ?” demande Kyria en regardant sa sœur.
– Ouais, tu sais, hier, elle est restée plus longtemps avec les deux policiers ! C’est quoi, cette histoire ?!
Il est clair que Koinu est perturbée, mais elle est aussi énervée et montre une certaine confusion. Kyria se tient les deux mains, ressentant les mêmes émotions.
– Mais elle nous a dit—
– J’ai menti.
Avant que Kyria puisse terminer sa phrase, Deshya parle. Les trois membres de la famille Blushark encore en vie se tournent vers la fille au pull renard et celle-ci croise les jambes.
– Hier, j’ai trouvé comment le meurtre a été réellement commis. Ainsi de qui est la réelle coupable.
– !!!!
– ?!!!
– ??!
Toutes trois ne cachent pas leur grande surprise. Gatito s’éclaircit la voix et soupire.
– C’est comme ma fille a dit.
– C… Ce n’est pas une policière, pourtant ?!” crie Mary, choquée.
– Elle a raison !” dit Koinu.
– …
Kyria reste silencieuse, envoyant des regards rapides vers l’une des trois génies de son école. Le policier aux cheveux roux écoute les plaintes des deux femmes, et cela silencieusement. Les policiers autour ne disent rien ; même Sammy ne parle pas. Remarquant le manque de réaction de la part des hommes, Mary se tait et Koinu l’imite. Le silence régnant à nouveau dans la salle à manger, Gatito le brise d’une voix grave.
– Vous avez totalement raison, mais nous ne pouvons pas ignorer son témoignage, son jugement et sa théorie,” répond-t-il sèchement.
– Sa théorie… ?
Kyria et Koinu tournent leurs regards vers Deshya qui acquiesce, toujours assise sur sa chaise, à côté de la soi-disant ‘coupable’.
– Est-ce que j’ai le droit de la dire moi-même ou veux-tu le faire, papa ?” demande-t-elle.
Gatito observe longuement sa fille et ne peut pas s’empêcher de remarquer que son sourire ne se trouve plus sur son visage. Elle qui était si amusée lorsqu’elle lui a tout expliqué en face de sa mère, et si heureuse de pouvoir offrir la vérité à tous… Il sait que sa fille est très intelligente — encore plus que lui — et qu’elle mérite son titre de ‘génie’ à l’école, mais qu’elle s’occupe d’affaires policières…
– …
Certes, ce n’est pas comme si c’est lui-même qui l’a invité sur place : c’est par coïncidence que le meurtre a été commis lorsqu’elle passait par-là. Si les circonstances avaient été un peu différentes, jamais Deshya n’aurait été invité dans la maison des Blushark. Jamais. Gatito ferme les yeux et croise les bras.
– …
Sa fille a bien changé, au fil des années. Il se souvient encore de comment elle sautillait dans l’herbe lorsqu’elle avait 10 ans ou son côté très mignon lorsqu’elle jouait dans la neige… Enfin, elle est toujours pareille, mais ce qui a changé en elle, c’est une chose en particulier.
Son innocence.
Elle ne pouvait pas regarder un cadavre sans vouloir vomir. Elle était traumatisée des meurtres et même si elle a toujours été intelligente, bien plus que les jeunes de son âge autour d’elle, elle n’aimait pas les affaires criminelles. Elle lisait peut-être du Agatha Christie, Mary Higgins Clark ou même Arthur Conan Doyle, mais voir un défunt en vrai ? Elle ne pouvait pas.
Et là, elle est presque amusée de résoudre un vrai meurtre.
Même si elle est toujours Deshya, sa fille au grand sourire, il ne peut pas s’empêcher de remarquer ce changement en elle. Certes, elle grandit et a bien plus d’expériences avec le temps, mais il sait quelque chose que seule sa femme, qui est donc la mèree de Deshya, ne sait.
Son changement a été soudain, juste après sa disparition de 5 mois.
– … Tu peux.
Gatito croise les bras et acquiesce, lui laissant la parole. Deshya le remercie intérieurement et se tourne vers les deux filles de Mary et Miro.
– Laissez-moi donc vous expliquer la vérité derrière le meurtre de Miro Blushark, votre père qui a connu la mort à cause d’une bombe.
– On sait déjà ça !” crie Koinu.
Elle se lève d’un coup et l’un des policiers lui attrape les deux épaules, essayant de la calmer.
– Tu n’es qu’une jeune fille de l’âge de ma sœur, qu’est-ce que tu—
– Je ne suis pas qu’une jeune fille.
– … Hein ?
Deshya se lève à son tour, plus calmement, et fronce les sourcils en regardant Koinu.
Cependant, elle ne lui dit rien.
Elle marche derrière Mary et pose les deux mains sur sa chaise.
– Votre mère n’est pas la coupable. Ce n’est pas elle qui a tué son mari, l’homme qu’elle aime tant,” affirme Deshya.
Koinu grince des dents.
– Alors c’est qui ?! Vous avez trouvé un homme ou une femme qui aurait pû le faire ?! Je pensais que c’était impossible !!
– C’est impossible si la bombe qui a explosé provenait vraiment du four.
– !!!
Koinu est forcée de s’asseoir par l’un des policiers et Kyria attrape la main de sa sœur. Koinu est bouche bée, tandis que Kyria a les dents serrées, inquiète.
– Qu’est-ce que tu veux dire… ?” demande Kyria.
Deshya les fixe avec intensité, une expression peu heureuse sur le visage.
– Et si la bombe se trouvait dans votre mixer ?
– ?!!!
– !!!!
Kyria et Koinu ouvrent grand les yeux, tandis que certains policiers, qui ne sont pas au courant de la théorie de Deshya, se tournent vers elle, choqués. Gatito ferme les yeux et lâche un court soupir tandis que Mary tourne la tête, regardant la fille qui est juste derrière elle.
– Le mixer ?! Mais il ne fonctionne pas !
– Ce n’est pas tout, pas vrai ?
– Pas… tout ?
Deshya se met à tourner doucement autour de la table, les mains à nouveau dans les poches.
– Le mixer ne fonctionnait pas, donc il n’y avait aucun risque que vous l’utilisiez, Mary. Si quelqu’un tentait d’assassiner votre mari, il n’aurait pas peur que vous veniez à l’activer et faire exploser la réelle bombe qui s’y trouvait.
– Mais alors, n-notre père ne l’activerait pas non plus ?! C’est idiot !” crie Koinu.
– Pas besoin de l’activer.
– H-Hein ?
Deshya continue de marcher et arriva à la hauteur de son père.
– Votre mixer était juste au-dessus du four, et bien qu’il était assez proche de votre mur, si la bombe était assez puissante, cela viendrait à tuer votre père. De plus, même s’il était assez loin du plan de travail, les morceaux de verre l’auraient quand même blessé.
– Mais il ne serait pas mort… ?
Deshya acquiesce.
– La tueuse… comptait sur la chance.
– La chance ?!
– … R-Ridicule…
Koinu croise les bras, peu convaincue. Kyria est choquée d’entendre tout cela, tandis que Mary s’avance doucement vers la table.
– Mais pourquoi le mixer ?” demande-t-elle.
Deshya continue de marcher autour de la table, les mains dans les poches et la queue de renard traînant derrière elle.
– Lorsque j’ai regardé le mixer, j’ai remarqué quelque chose sur les verres.
– Quoi donc?” demande l’un des policiers.
– Et bien, à quel point le mixer était sale.
– !!
– V-Vous voulez dire… !
Deshya acquiesce.
– Je suis étonnée que personne ne me l’ait fait remarquer, mais si une bombe était posée dans le mixer, est-ce qu’il ne se ferait pas voir directement ? Même si c’était Mary qui l’avait mise dedans après avoir cuisiné, son mari y était depuis un petit temps, n’est-ce pas ?
– Papa ne s’attendait pas à ça, alors—
– Je serai d’accord s’il ne faisait pas attention pendant une, voire deux minutes, mais même cela paraît peu crédible.
Kyria se fait couper par Deshya qui continue à donner ses explications. Elle s’arrête à côté de la chaise où elle était avant assise et regarde Mary, la femme du tué.
– Vous confirmez que le mixer était réellement sale ?
– Il n’a pas été lavé depuis très longtemps et on comptait le jeter après en avoir eu un autre…” confirme Mary.
– Bref, la bombe n’aurait pas pu être visible derrière le verre dégueulasse.
– Mais pourquoi le mixer ?” demande Koinu.
Les policiers se posent la même question. Deshya s’assied à nouveau et agite doucement ses cheveux.
– Après que Mary se soit fait arrêté, j’ai regardé une dernière fois le cadavre parce que je me disais que c’était triste de se faire tuer par sa propre femme, et c’est là que j’ai compris ce qui m’embêtait à ce point-là.
Deshya croise les jambes.
– Dès le moment où j’ai observé la cuisine, un certain détail — non, deux détails — me restaient dans la gorge. C’est en observant le visage de Miro Blushark que j’ai compris.
Koinu fronce les sourcils.
– Quoi donc… ?
Deshya sort les mains de ses poches et dépose deux choses sur la table. Tout le monde — excepté Gatito — se penchent pour voir, et là—
– … C-C’est !!!
Deshya acquiesce en voyant l’air étonné sur le visage de presque tout le monde dans la pièce.
– Exactement.
Elle attrape l’un des deux morceaux et le montre à tout le monde.
– Il y avait bien plus de morceaux de verres provenant du mixer que ceux du four.
Les policiers se regardent entre eux, tandis que Kyria et Koinu se mettent à trembler. La bouche de Mary est grande ouverte, confuse.
– Q-Qu’est-ce que ça veut dire… ?” demande-t-elle, de l’incompréhension dans les yeux.
Deshya dépose le morceau de verre sur la table et remet les mains dans les poches de son pull.
– Si notre théorie était juste, alors il était accroupi devant le four, l’a ouvert et il a explosé en pleine figure. Cependant, dans le visage du défunt, c’étaient surtout des morceaux provenant du mixer qui étaient dans son visage et certains dans son corps.
– La plupart des morceaux de verre venant du four étaient surtout par terre et n’étaient pas vraiment pénétrés dans sa peau,” ajoute Sammy.
– Cela est illogique si la bombe qui a explosé était réellement dans le four. Bref—
– M-Mais… est-ce que cela veut vraiment dire que c’est le mixer qui a explosé ?” demande Kyria.
Deshya tourne le visage vers la jeune fille aux cheveux blonds.
– Le mixer était dans un état lamentable, explosé dans tous les sens. De plus, le mur derrière et tout à côté était dans un mauvais état et montraient des signes d’explosion.
– Comment ne pas l’avoir remarqué auparavant ?” demande Koinu, les yeux plissés.
– Le feu s’est propagé dans la pièce et ce n’était pas si bien visible, même si j’avoue avoir été idiote. J’avais remarqué que le micro-ondes à côté avait pris de gros dégâts et que le mixer était anormalement détruit.
– Quel est l’autre détail qui vous restait dans la gorge ?” demande un des policiers.
– Me faire vouvoyer par des policiers est étrange, mais plaisant !” pense Deshya avec un sourire interne.
Elle dépose confortablement son dos contre celui de sa chaise et répond calmement :
– La porte du four.
– La porte du four… ?” répète Mary, perturbée.
– Deux choses : déjà, la porte du four n’était pas assez baissée. Bref, si l’explosion provenait réellement du four lui-même, elle aurait été dans une autre position, voire arrachée du four. Cependant, ce qui m’a vraiment perturbé, c’était de voir qu’il restait des morceaux de la vitre sur le bas de la porte du four.
Elle secoue la tête.
– Si l’explosion provenait réellement du four, je n’accepte pas de croire que la vitre ne serait pas entièrement détruite. Même si l’explosion n’était pas aussi violente que ça, je n’accepte juste pas de le croire.
– Ce ne sont pas des preuves !” crie Koinu.
Elle pointe du doigt sa mère en grinçant des dents.
– Rien ne prouve que le mixer a explosé !! Et puis, comment, même ?
Alors qu’elle crie sur Deshya, une musique se met à résonner. Koinu et Kyria tournent la tête pour savoir d’où ça vient.
– Une musique… ?” demande Kyria, perturbée.
Deshya sourit et sort quelque chose de sa poche : son téléphone. Koinu fronce les sourcils.
– Tu joues avec nous… ?
– Tu peux penser ce que tu veux de moi, je ne cherche pas à m’amuser sur une scène de crime, surtout quand la criminelle a tué son propre père et a fait passer sa mère pour la coupable.
Koinu eut un frisson. Le regard de Deshya a changé d’un coup et de la colère — voire de la rage — y est présent. Son poing écrase le téléphone qu’elle a dans la main tandis que ses dents grinçantes prouvent que les mots qu’elle a dit sont à prendre au sérieux. Mary cligne des yeux et, avec des tremblements, elle tourne son regard vers Deshya.
– A-Attendez…
Deshya ne bouge pas, ses yeux toujours rivés sur les deux filles de Mary.
– Q-Que venez-vous de dire… ?
Deshya soupire et, avec un air attristé, lui répond :
– La réelle coupable de la mort de votre mari… est l’une de vos deux filles.
– Q-Quoi ?!
– …
– !!
Mary secoue la tête avec une expression terrifiée.
– C-C’est faux, n’est-ce pas ? Vous mentez ?
Elle se tourne vers le policier aux cheveux roux.
– Votre fille—
– Si sa théorie est juste, alors elle a raison.
Et là, un bruit fracassant retentit sur la table. Les policiers, dont Mary et Deshya, se tournent vers la femme qui vient de frapper violemment les deux poings contre la table.
– VOUS VOUS FOUTEZ DE MOI ?!!!
Son hurlement résonne dans la pièce. Elle agite furieusement la tête, ses cheveux volant dans tous les sens.
– Vous êtes des policiers et vous laissez cette GAMINE nous parler de ce ton, vous la laissez dire des… des CONNERIES et même… Et même—
– Taisez-vous.
Elle ouvre grand les yeux et recule la tête. Gatito a les yeux froncés, observant Koinu avec ses deux bras croisés.
– Asseyez-vous et taisez-vous.
– … C-C’est une blague, hein ?
Elle frappe un nouveau poing sur la table et se tourne vers Deshya avec une expression colérique.
– Si c’est l’une de nous deux, alors dis-nous comment ?!!! Nous n’étions même pas ici et quoi, tu vas nous dire qu’on a explosé la bombe à distance ?!!
– Oui et non.
– !!! Tu te f—
– ASSEYEZ-VOUS !!
Gatito hurle avec une voix si grave que Sammy sursaute à côté de lui. Deshya plisse un œil à cause de la douleur dans ses oreilles, tandis que Koinu se met à trembler. Kyria serre fortement la main de sa sœur et secoue la tête. Koinu claque des dents avant de soupirer et s’assied à nouveau sur sa chaise. Deshya soupire et regarde la table devant elle.
– Je n’aurai pas compris la méthode utilisée si je n’avais pas cherchée un peu plus loin que mon nez, mais la cuisine n’est qu’une partie du puzzle,” commence-t-elle à expliquer.
– Que voulez-vous dire ?” demande Mary, tremblante.
– Je suis certain que vous n’avez pas fait attention, mais le mécanisme pour tuer votre mari était devant vos yeux. Non seulement la bombe était dans le mixer… mais en réalité, le fil de la mort se trouvait à côté de vous et sous vos pieds.
– !!!
Mary ouvre grand les yeux, la bouche ouverte et tremblante. Sammy agite doucement les mains.
– C-Ce n’est pas votre faute, madame !!” dit-il.
Remarquant qu’elle a été un peu trop directe, Deshya essaie de se rattraper en lui disant qu’elle n’aurait jamais pû le voir. Mary déglutit bruyamment.
– C-Comment ça… ?
Deshya croise les jambes et s’explique.
– La bombe mise dans le mixer est accrochée avec du papier collant ou quoi que ce soit qui peut la retenir dessus pour que le mécanisme puisse fonctionner. Ensuite, la personne enroule un morceau de fil fin, mais résistant, et l’attache à un certain endroit.
Tout le monde l’écoute attentivement. Elle acquiesce en regardant un certain policier qui acquiesce à son tour et dépose quelque chose sur la table avant de reprendre sa place. Mary et ses deux filles regardent ce qui a été mis sur la nappe. Deshya continue son explication.
– C’est grâce à cela que la coupable a pû faire la méthode que je vais expliquer.
– C’est…
– …
Mary plisse les yeux.
– Une agrafe ?
Deshya acquiesce.
– Avec le policier qui vient justement de le mettre sur la table, nous en avons trouvé… à des endroits assez particuliers.
– O-Où ça ?” demande Koinu.
– La première semble avoir été… agrafée dans le mur de la cuisine, proche de la porte. Ensuite, une autre dans le mur du couloir principal. Et encore une suite, une autre dans le sol.
– Dans le sol…
Deshya dépose sa tête contre son propre poing, le coude sur la table.
– En suivant ce chemin d’agrafes, nous sommes finalement arrivés à une certaine pièce.
– …
Le silence règne désormais dans la salle à manger. Tout le monde n’attend qu’une chose : que Deshya termine son explication. Bien que certains comprennent où la fille veut en venir, une question se pose dans la tête de tout le monde qui ne sait pas encore la vérité : comment la bombe a été activée ?
– Si c’est Mary qui a tiré sur le fil depuis sa chambre, cela aurait été compréhensible, mais la fille de Gatito dit que c’est l’une des deux filles du tué… Alors comment ?” se demande l’un des policiers.
Deshya remarque que tout le monde réfléchit et voit que la tueuse semble de moins en moins bien aller. Koinu transpire en grinçant des dents tandis que Kyria est silencieuse depuis longtemps, tremblotant. Elle se sent mal pour l’autre fille qui va devoir supporter que sa sœur est la tueuse… Deshya finit par dire dans quelle pièce elle est arrivée avec l’autre policier.
– Je vais devoir t’attraper, désolée…” pense Deshya.
Lorsqu’elle avait marché dans cette rue, jamais n’aurait-elle cru tomber sur un meurtre ; encore moins l’un qui implique le père d’une fille qu’elle connaît, dans la même école qu’elle, dans la classe d’à côté.
Être amie avec elle… va être compliquée.
– Dans la chambre de Kyria.
– ??!!!!
– !!!!!
– K-Kyria ?!” crie sa mère.
Dans les yeux de la jeune fille aux cheveux blonds, sœur de Koinu Blushark, de la terreur est visible. Non, elle n’est pas que visible— elle est palpable. Transpirant fortement et tremblante comme une faible feuille, sa respiration est irrégulière et son cœur bat à la chamade. Elle secoue la tête.
– C-Ce n’est… Ce…
Elle n’arrive pas à parler. Koinu la regarde avec choc, mais sa mère est encore perturbée. Elle claque des dents avant de tourner son visage vers Deshya, cela avec vitesse.
– M-Ma fille n’a pas pû le faire !!! Kyria n’aurait jamais tué son père !!!
Deshya ne répondit rien, son regard droit dans celui de la femme. Ses mains dans les poches, elle plisse doucement les yeux avant de les fermer. Mary secoue la tête avec rapidité, toujours tremblante.
– C-Ce n’est pas possible !!! Kyria, m-même Koinu, elles n’auraient jamais fait ça !!!!
– … Madame.
– … H-Hein ?
Deshya ouvre à nouveau les yeux et regarde Kyria.
– Vous vous souvenez de ce que vous avez dit à mon père, pendant que les policiers vous interrogeaient ?” dit Deshya.
– … J-J’ai dit plein… de… !!!
Et là, elle comprend. Elle ouvre grand les yeux et Kyria recule dans sa chaise.
– T-Tu as dit… Tu as dit quoi, m-ma-maman ?!” demande-t-elle en criant.
Mary secoue la tête et sa langue sort deux secondes, se léchant les lèvres bien trop sèches. Elle respire bruyamment et regarde sa fille.
– R-Rien contre—
– Elle a dit qu’un peu avant l’explosion, elle a crû entendre un certain bruit.
– Un… ?
Deshya ferme les yeux et ouvre la bouche.
– De la musique. Celle… de ton réveil, Kyria.
– !!!!!!!
Et là, Mary comprend. Avec tout ce qu’à dit la fille juste à côté d’elle, elle comprend. Elle se lève et attrape Deshya, ce qui la surprend, et Gatito a le réflexe de se lever, mais d’autres policiers viennent attraper Mary et la force à s’asseoir, ainsi que de lâcher Deshya.
– CE N’EST PAS ELLE !!! CE N’EST PAS ELLE !!!!
Deshya tousse et soupire longuement avant de bien remettre sa capuche sur la tête. Koinu se tourne doucement vers Kyria et cette dernière pleure, une grosse boule dans la gorge.
– …
Elle ne dit rien, les yeux immobilisés sur la fille au pull renard. Une ‘génie’ de son école, celle qui n’arrête jamais de porter ses oreilles et sa queue de renard en toute circonstance ; cela même en gymnastique. Kyria veut crier, secouer la tête, mais elle n’y arrive pas ; les muscles de son corps ne répondent pas. Deshya croise les bras.
– Vous ne le savez pas tous, mais—
– CE N’EST PAS— MMMH !! MMMH !!!
Un des policiers met sa main devant la bouche de la femme en lui criant de se calmer, tandis que les deux autres la retiennent. Elle se met encore plus à pleurer, arrêtant désormais de crier. Deshya grince des dents et, voyant la situation dans laquelle elle se trouve—
Elle frappe sur la table.
Gatito ouvre grand les yeux, même geste que Sammy, et Mary se calme d’un coup. Kyria sursaute et Koinu se tourne vers Deshya.
Elle a un air enragé sur le visage.
– Ton réveil !!! Ouais, ton réveil, Kyria !! Quand il est activé, la ballerine danse sur elle-même, ce qui fait tourner le disque en-dessous !
Elle serre le poing qui se trouve sur la table et baisse faiblement la tête.
– Tu accroches l’autre bout du fil dans la base du disque et tu mets le réveil à 16h30 pile. Ce genre de réveil tourne pendant 5 minutes, sauf si tu mets un rappel ; et tu peux même faire trois rappels, sur ce genre de réveil. Le disque tourne lentement et enroule le fil et au bout d’un moment… BOOM !
Elle frappe à nouveau la main sur sa table et son père fronce les sourcils.
– Deshya.
La fille aux longs cheveux roux grince des dents et regarde la femme à côté d’elle ; elle s’est calmée, mais son exprression est telle qu’on peut croire qu’elle est morte intérieurement. Deshya prend un gros bol d’air et soupire tout longuement avant de poser ses fesses sur la chaise en-dessous d’elle.
– … Pardon.
Elle s’éclaircit la gorge et continue.
– Les agrafes sont là pour tenir le fil sur les murs et le sol pour qu’il passe sans être vu. Sinon, Mary ou même Miro aurait pû le voir. De plus, vu que le fil doit passer dans la cuisine, dans le couloir, ensuite les marches d’escaliers, le couloir de l’étage et cela jusqu’au réveil dans la chambre de Kyria, le fil se serait tendu encore et encore et il est clair que le père l’aurait remarqué. Voyant cela, il aurait regardé le mixer et aurait eu largement le temps de s’enfuir ou simplement couper le fil.
– Si le fil est accroché au mur et au sol par des agrafes, il pourrait déjà être assez tendu et lorsqu’il est tiré par le disque…
– Il ne pourrait pas être vu aussi facilement.
Deshya acquiesce au mot du policier et se tourne vers Mary.
– Cela semblait impossible et il faudrait probablement le savoir à l’avance pour remarquer ce fil-là ; surtout qu’il a été mis hier, le matin de la journée où votre mari a été tué.
– C-C’est idiot !
Koinu crie et serre les deux poings.
– La bombe a explosé à 16h32 ! Cela aurait donc demandé au fil d’être enroulé pendant environ 2 minutes et ensuite, il n’y aurait eu que 3 minutes pour tout rembobiner ?!
– Comment ça ?” demande Mary.
Koinu regarde sa mère avec un petit sourire, bien qu’il soit nerveux.
– Je suppose que Deshya est en train de dire que le fil a été rembobiné autour du disque du réveil, donc il serait presque impossible de le voir sauf si on allait le chercher là-bas précisément, hein ? Même le fil serait invisible à nos yeux, pour la police qui cherche des indices, il aurait été visible, heiiin ?!
Koinu lance une sorte de défi à Deshya, mais cette dernière hausse les épaules.
– Je l’ai dit ? On peut mettre des rappels à l’avance, sur le réveil.
Elle croise les bras à nouveau.
– Il fallait simplement en mettre un, voire deux, et le tour est joué.
– M-Mais maman… maman était dans sa chambre, elle… Elle aurait entendu, non ?” demande Kyria, toujours en pleurs.
– Sa chambre n’est pas loin de la tienne, certes, mais elle lisait paisiblement, et la porte fermée, en plus. Et puis, elle a entendu le bruit d’une faible musique au loin, mais comment croire que c’est la radio de ton réveil ?
– …
Elle claque des dents et secoue à nouveau la tête. Koinu fronce les sourcils, s’énervant de plus en plus.
– Vas-y, vas-y !! Accuses ma sœur, mais as-tu… une preuve ? Une preuve ? UNE PREUVE ?!!!
Koinu prend d’abord un air innocent, ensuite moqueur, et explose pour finir. Gatito frappe la main contre la table et lui dit de se calmer avec un presque cri. Koinu tchipe et s’assied sur sa chaise. Deshya lâche un faible sourire, que seule elle peut voir.
– Enfin on me demande une preuve…
Avant de la lui donner, la fille aux oreilles de renard bouge un peu sur sa chaise et croise les jambes dans l’autre sens.
– Le réveil de Kyria ne peut avoir son alarme mise qu’à 16h00, 16h30 ou 17h00. Il n’a pas été activé à 16h00 car cela aurait pû être tôt, ni à 17h00 car Kyria aurait forcément été à la maison ; rien ne dit qu’elle serait morte en même temps que son père, mais rien ne dit qu’elle ne serait pas passée à la cuisine à ce moment précis et viendrait à être gravement blessée, si pas morte.
– Et alors ?
– Eh bien, le fil n’a pas été entièrement tendu pour qu’il explose à 16h32 environ parce que ‘16h30’ est la seule heure possible pour tuer Miro sans risquer de rater ou de tuer Kyria à la fois. Aussi, si le fil était trop tendu, il y avait des chances que Mary entende la musique et ensuite l’explosion après, donc elle l’aurait fait remarquer à la police à cause de la coïncidence, et du coup…
– Nous aurions cherché du côté des réveils ou des téléphones et auraient sûrement retrouvé le fil enroulé autour du réveil.
Deshya acquiesce. Alors que Mary écoute ce que raconte la jeune fille, elle pense à quelque chose. Elle reste figée sur place quelques instants, totalement immobile. Deshya continue.
– Bref, tout a été pensé à l’avance et honnêtement, sans voir les morceaux de mixer, je n’aurai pas cherché et compris la vérité aussi rapidement ; peut-être jamais, en réalité. Après tout—
– A-Attendez.
Alors que Deshya allait terminer ses explications et montrer sa preuve, Mary la coupe. La fille au pull de renard tourne la tête vers elle.
– Quoi donc ?” demande Deshya.
– V-Vous avez dit… que Kyria serait grandement blessée ?
Deshya acquiesce.
– Mais si c’est… elle, alors…
Mary se tourne doucement vers ses deux filles, la bouche bée. Deshya sourit lorsqu’elle remarque qu’elle a compris ce qui ne va pas dans ses mots et allume son téléphone.
– Tu voulais une preuve, n’est-ce pas, Koinu ?” demande Deshya.
Koinu cligne des yeux et tourne le visage vers Deshya.
– O-Oui. As-tu une preuve que Kyria a tué mon père ?
– …
Deshya ne répond rien d’abord, mais ensuite—
Elle rigole.
Les policiers regardent Deshya avec surprise et choc. Koinu plisse les yeux avec une expression confuse, tandis que Kyria tremble encore plus. Mary continue à regarder ses deux filles, tandis que Sammy s’approche de l’oreille droite de Gatito.
– Votre fille fait un peu peur…” avoue le détective.
Gatito soupire.
– Je sais.
– C’est bien votre fille !” pense Sammy avec une envie de sourire.
Deshya finit par arrêter de rire et, après s’être calmé, fixe Koinu droit dans les yeux.
– Tu me demandes… si j’ai une preuve que Kyria est la coupable ?
Elle secoue la tête, comme si elle n’arrive pas à le croire.
– Tu crois que je dirai tout ça… sans avoir de preuve ?!
– A-Alors montre-la, ta preuve !
Koinu sourit à son tour, bien que cela soit surtout nerveux et un signe de défi à Deshya.
– Quoi, des photos prises du fil ?! Des agrafes ??!!! Est-ce que ça sera suffisant, ahah ?!
– Oui.
– O-Oui ?
Koinu cligne des yeux et tourne la tête vers Gatito, l’homme policier qui vient de lui répondre.
– Même si vous avez tout nettoyé et que les agrafes ne sont plus dans les murs, les photos prises et les verres qui se retrouvent plantés dans le corps de votre père soit surtout ceux du mixer sont des preuves suffisantes.
– … C-C’est ça, ta preuve ? Ce n’est pas assez !!
– Je suis d’accord.
– H-Hein ?!
Koinu grince des dents et fixe Deshya droit dans les yeux. Est-elle en train de dire que… ?!
– Une preuve que Kyria est la tueuse, hein ?!
Deshya dépose le téléphone sur la table et sourit à pleine dent. Kyria se met à pleurer avec encore plus d’intensité tandis que les policiers suent et Deshya crie—
– J’en ai absolument aucune !!!
Et là, le silence. Un silence total. Kirya a les yeux grand ouverts, la bouche bée, et c’est comme si le temps s’est arrêté autour d’elle. Mary regarde la fille au pull renard avec une même expression, tandis que Koinu est abasourdie.
– A-Aucu—
Mais avant même que Koinu puisse parler, Deshya la coupe. Alors que la fille qui joue la détective montrait un air amusé juste avant, cette fois-ci…
Une expression enragée et victorieuse se montre sur les traits de son visage.
– MAIS J’EN AI UNE QUE C’EST TOI, KOINU !!!!
Et sur ses mots, elle reprend son téléphone et le tend pour le montrer à tout le monde—
– !!!!
– HEIN ?!!!
– Q-Quoi ?!!!!!
– !!!!
Et l’écran montre—
Une vidéo de Koinu qui reprend le fil dans le réveil de Kyria.
– !!!!!!!
– K-Koinu ?!
– G-Grande… sœur ?
La vidéo continue et Koinu remet correctement le réveil à sa place avant de partir. Deshya met pause à la vidéo et sourit en mettant son téléphone dans sa poche après l’avoir éteint.
– Vas-y, viens me dire que Kyria t’as dit la vérité et que tu as décidé de reprendre le fil toi-même.
Deshya se craque la nuque.
– Dit que cette preuve n’est pas une preuve car tu as simplement vu les agrafes et que tu as eu la même conclusion que moi, et pour protéger ta petite-sœur, tu as décidé de retirer la preuve du disque du réveil, ainsi que de retirer les agrafes.
Deshya pouffe avant de regarder Koinu avec un regard… presque terrifiant.
– Et vas-y, explique-nous pourquoi tu as appelé le professeur de gymnastique pour qu’il garde ta sœur quelques minutes de plus !!!
– Q-Quoi ?!” crie Gatito, n’ayant pas conscience de ça.
– Qu’est-ce que tu viens de dire… ?” demande Sammy.
Deshya acquiesce.
– Le professeur de gymnastique est un bon ami de Koinu et il m’a tout dit sans hésiter. Koinu lui a demandé de garder Kyria quelques minutes de plus pour qu’ils puissent lui faire une surprise lorsqu’elle rentrait. Même si Koinu lui a demandé d’en parler à personne, il a dit qu’il ne voyait pas le problème à me le dire vu que la surprise devait déjà être passée.
Koinu tremble, la bouche grande ouverte, les yeux grands ouverts. Deshya agite sa franche et sourit à nouveau.
– Vas-y, explique-nous pourquoi tu as protégé ta petite-sœur de la sorte ?
Tous les policiers ont leur regard tournés vers elle. Mary est en pleurs, en train d’observer sa première fille, tandis que Kyria secoue la tête, dans le déni. Koinu serre les poings et va hurler—
— mais elle finit par pleurer à son tour.
– Putain, une caméra cachée dans la chambre… ?
Le policier qui a accompagné Deshya se tourne vers Gatito et s’incline poliment.
– Si vous voulez engueuler quelqu’un parce qu’elle a fait une telle chose, vous pouvez—
– Vous étiez au courant et vous l’avez aidé, c’est bien ça ?
Le policier ne le nie pas et acquiesce. Gatito soupire.
– … Deshya—
La fille lui envoie son téléphone en le faisant glisser sur la nappe de la table. Elle met les mains dans ses poches et croise les jambes.
– Tu peux vérifier, mais elle a accouru pour rechercher le fil quelques minutes à peine après que j’aie mis le téléphone en haut. Je n’ai rien regardé après et le lit de Kyria n’est pas vraiment visible sur la vidéo. Je n’ai rien regardé et tu peux l’effacer quand tu veux, je m’en fiche.
Gatito a les yeux plissés, mais il finit par mettre le téléphone dans la poche de son pantalon et se tourne vers Koinu, elle qui pleure toujours.
– Est-ce que vous avouez avoir commis le crime ?” demande Gatito.
– … Oui.
– P-Pourquoi… ?
Koinu ouvre grand les yeux et regarde sa petite-sœur — elle aussi, qui pleure. Koinu grince des dents et se pose calmement sur sa chaise.
– Papa… Il m’harcelait sexuellement.
– Il n’aurait jamais fait ça !!” hurle Mary.
– SI !!! Il ne m’avait encore rien fait, mais de plus en plus, il voulait me faire… ça me dégoute… Au début, je ne faisais que l’ignorer, mais…
– Mais… ?” demande Kyria, toujours en pleurs.
– … Mais—
– Il a menacé de faire des choses à ta petite-sœur ?
Deshya la coupe en lui demandant cela et Gatito lui crie dessus, mais Koinu sourit en pouffant.
– Tu vois vraiment à travers tout… détective aux oreilles de renard.
Deshya ferme les yeux et soupire, les mains dans les poches. Mary tremblote.
– T-Tu mens…
– Papa me racontait comment lui et toi… vous ne faisiez plus grand-chose car tu n’avais plus tant envie et…
– …
– … Je n’en pouvais plus. Je ne voulais pas non plus que Kyria… Je… Raaah…
Elle se gratte l’arrière du crâne.
– Je pensais mon plan parfait…
– Comment comptiez-vous faire pour les preuves laissées derrière ?” demande Sammy.
– Je comptais simplement retirer les agrafes et faire en sorte que les traces ne soient plus visibles, tandis que pour le fil, je l’ai juste jeté… J’étais convaincue que la police ne trouverait pas la vérité directement, donc je pensais avoir le temps de le faire après que vous ayez arrêté ma mère…
– Donc tu avais prévu que ta mère soit vue comme la coupable ? Je dois avouer ne pas comprendre pourquoi laisser ta mère être arrêtée.
Tout comme Sammy, Gatito et Deshya ne comprennent pas une telle chose. Sa raison de tuer Miro est compréhensible — bien que personne dans la salle à manger ne peut accepter un tel acte —, mais pour la mère… Koinu regarde Mary en soupirant.
– Parce que quand je lui ai dit que j’allais me faire violer par papa, elle m’a juste dit que je mentais.
Deshya fronce les sourcils et regarde Mary. Cette dernière se met à trembler et Koinu se lève, regardant Deshya.
– Elle ne voulait pas me croire car elle faisait trop confiance à son mari, et je suis certaine qu’elle n’en a même pas parlé pendant les interrogatoires. Eh, ridicule.
– Vous nous raconterez tout au commissariat.
– Je n’ai pas le choix, hein.
Elle se laisse faire menotter et deux policiers l’accompagnent en dehors de la pièce. Mary met les deux mains devant son visage, pleurant encore plus fort, et Deshya prend un air attristé—
– Waaaa !!!
Cependant, Kyria lui saute dessus en pleurant encore plus fort.
– P-Pourquoi…… !!
Deshya n’essaie même pas de s’agiter et la prend dans les bras tout en lui caressant les cheveux, ne trouvant pas le moindre mot pour la réconforter. Gatito se lève calmement et dit aux policiers de le suivre.
***********************
Plus tard dans la soirée, la vidéo est vérifiée à nouveau et la courte partie où Koinu est vue reprendre le fil est gardée, utilisée comme preuve de l’enquête, ainsi que les photos prises par Deshya et le policier. Ensuite, la vidéo est effacée du téléphone de Deshya et son père lui rend.
– Merci !” dit-elle.
*******************
Gatito ramène sa fille à la maison dans sa voiture de police et tous deux ne se disent rien. Quelques minutes passent silencieusement, mais pour finir, l’homme parle.
– … Bien joué.
– Eh ?
Il soupire.
– Ne me fais pas répéter—
– S’il te plait !!! Redis-le !!!
Il râle, mais il concède.
– … Bien joué. Je n’y aurai pas pensé.
– Hihi, je te l’avais dit, je suis un génie !!
– Mais plus de vidéos cachées comme ça !! C’est illégal !
– Pardooon, je ne savais pas comment l’attraper…
– Rahlala.
Le père regarde la route, ne montrant pas son sourire à sa fille. Deshya met les deux mains derrière la tête.
– Du coup, la bombe dans le four n’était en réalité que des morceaux coupés à l’avance et pour nous leurrer… Je me demande comment elle s’est procuré la réelle bombe, cependant.
– Elle nous a dit au poste qu’elle en avait mis deux dans le mixer pour être certaine des dégâts et avait simplement coupé des morceaux de celui qui n’était pas attachée par le fil, qu’elle a ensuite mis dans le four en faisant attention que sa mère ne le remarque pas. Pour les bombes elles-mêmes, elle les a achetées dans un marché illégal.
Deshya regarde à travers la fenêtre, les joues gonflées.
– Hmmm…
– Quand as-tu su que c’était Koinu, exactement ?” demande-t-il.
– L’heure.
– L’heure ?
Deshya acquiesce.
– Kyria est le genre de fille à prendre des heures à se réveiller et finit toujours par se lever cinq minutes avant de partir. Même si c’était possible que cette fois-ci, elle n’allait pas faire la même erreur, je me suis dit qu’elle n’arriverait pas à changer une telle habitude…
Deshya sourit.
– Même si en réalité, je dois avouer que je ne voulais pas croire qu’une fille comme elle puisse commettre le moindre crime.
Gatito ne répond rien, mais finit par regarder dans le rétroviseur et lâche un petit sourire à son tour.
– Laisser tes sentiments affecter ton jugement ; je ne pensais pas qu’un génie ferait une telle chose, Deshya.
Elle pouffe.
– J’ai encore du travail à faire, n’est-ce pas…
Il pleut doucement dans les rues de Tetazo, alors que Gatito ramène sa fille à la maison. La réelle criminelle est arrêtée et Kyria est en train de dormir à la maison, après une journée abominable, tandis que Mary pleure dans le salon, s’excusant à son autre fille qui ne peut pas l’entendre qu’elle aurait dû la croire.
Si Mary avait écouté Koinu, jamais tout cela ne serait arrivé.
*********************
Alors que la voiture de Gatito se dirige vers la maison, un homme à la longue veste se promène dehors, sous la douce pluie. Il est dans la ville de Tetazo, mais bien plus loin que la maison de Deshya. Il met son téléphone à côté de l’oreille après avoir composé un certain numéro et après trois secondes d’attente, une voix résonne de l’autre côté.
– Oui ?
La voix n’est pas claire : est-ce un homme ? Une femme ? Il est impossible de le dire. L’homme qui marche dans la pluie fait attention que personne ne soit aux alentours et, remarquant qu’il n’y a personne, il parle.
– C’est moi.
– Qu’y a-t-il ?
– C’est à propos de tu sais qui.
– Des nouvelles inquiétantes ?
L’homme secoue la tête.
– Rien d’inquiétant. Tout se passe bien.
– Est-elle bien surveillée ?
– Pour l’instant, personne ne semble savoir la vérité sur elle, excepté ses parents, comme nous le savons.
– Ne sait-elle rien sur elle ?
– Elle est toujours amnésique, oui.
– … Pourquoi m’appeler, alors ? Est-ce que tu veux que quelqu’un d’autre la surveille ? Est-ce que notre petite ‘Hari’ n’est pas en surveillance avec toi ?
– Justement, c’est elle qui m’a dit de vous dire ceci : notre renarde adorée vient de résoudre une enquête à elle-même…
– Oh ?
– Un policier était proche d’elle, mais il ne semble pas se douter que sa queue de renard soit une vraie. Cependant, même si rien n’est inquiétant pour l’instant, Deshya semble être de plus en plus sociable.
– … Vous avez peur que quelqu’un vienne découvrir la vérité ?
L’homme acquiesce. La pluie se met à tomber un peu plus violemment, un orage vient retentir au loin.
– C’est notre frayeur, à ‘Hari’ et moi-même.
– … Je vois. Vous savez quoi faire si quiconque l’apprend, n’est-ce pas ?
– Je sais très bien.
– Parfait. Merci pour ces nouvelles. Savoir que notre renarde tant adorée semble active, en bonne santée et réussit même à résoudre une enquête me rend heureuse… ! Très heureuse !!
Même avec sa voix qui est changée avec une application, son rire et sa façon de parler prouve une chose : c’est une femme. L’homme sourit et acquiesce.
– De très bonnes nouvelles, oui.
– Continuez à bien la surveiller, toi et ‘Hari’. N’hésitez pas à m’appeler pour me dire quoi que ce soit sur elle.
– Bien sûr.
– Bien. On se parle plus tard, mon petit ‘Dem’.
La femme raccroche et l’homme met son téléphone dans la poche de son manteau. Il s’arrête et regarde le ciel avant de sourire.
– … Notre petite renarde adorée, hein…
Il ferme les yeux et prend une grande inspiration. Il expire tout, et reprend une grande inspiration à nouveau. Expiration, inspiration. Expiration, inspiration, expiration, inspiration.
– Il est clair que nous t’aimons tous…
Il ouvre la bouche et dit des mots que seul Dieu lui-même peut entendre.
Et sur cela, il continue sa route avant de disparaître dans la pluie abondante, le ciel se déchirant de multitudes d’éclairs.