Le Maître des Secrets | Lord of the Mysteries | 诡秘之主
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Chapitre 107 – Action !
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Vol 2 : L’Homme Sans Visage / Chapitre 107 – Action !

Une réaction anormale ? On dirait qu’il s’agit bien d’une Carte du Blasphème !

D’abord ravi de cette information, Klein se dit :

Mlle Justice n’est-elle pas trop efficace ? Je ne lui ai confié la mission que dans l’après-midi et le soir même, elle a déjà terminé la vérification…

De plus, le Musée Royal est depuis longtemps fermé et à ma connaissance, un Télépathe n’a pas de capacités d’infiltration !

Hmm, sa famille est certainement plus influente que je ne l’aurais pensé…

Heureusement que la vérification n’a pas déclenché de phénomène étrange, sans quoi la seule chose à faire aurait été, pour Miss Justice, de jouer les innocentes et de remettre la carte aux autorités supérieures. Cela aurait voulu dire que je n’étais pas destiné à entrer en possession de ce trésor… Dans ce monde, rien n’est sûr à cent pour cent…

Perdu dans ses pensées, Klein entendit Justice lui demander :

– « M. le Fou, quel secret cache ce signet ? Si votre adorateur ne souhaite pas répondre, faites comme si je ne vous l’avais pas demandé. »

Bien sûr, ce signet cache une Carte du Blasphème ! Pensa Klein qui était aux anges.

Après mûre réflexion, il décida d’attendre pour répondre à sa question d’être en possession de la carte, tout comportement étrange de la part de la jeune fille, fut-il mû par la surprise, pouvant avoir des répercussions négatives sur ce qu’il s’apprêtait à faire.

Peu pressé de retourner dans le monde réel, il resta là, assis dans cet antique palais désert et silencieux, à réfléchir à ce qu’il allait faire et au moment où il passerait à l’action.

J’ose espérer que personne ne s’apercevra que Miss Justice à légèrement endommagé ce marque-page… Et si celui-ci commençait à montrer des signes d’étrangeté qui attirent l’attention ? Je ne peux pas me permettre d’attendre. Le mieux serait que j’intervienne dès ce soir !

Sa décision prise, Klein, se fiant aux observations qu’il avait faites le matin même, fit apparaître un plan du rez-de-chaussée du Musée royal et de son environnement général. Il passa ensuite en revue les différents modes d’action possibles pour établir un plan relativement sûr.

Enfin, il procéda à une nouvelle divination pour s’assurer du degré de danger auquel il s’exposait.

Voyant que la réponse était toujours la même, Klein retourna dans le monde réel et s’affaira à toutes sortes de préparatifs.

A l’origine, il pensait, en s’invoquant lui-même, “dessiner” le motif qu’il avait en mémoire, confectionner un signet similaire et le remplacer une fois sur place, de façon à ce que personne, dans l’immédiat, ne découvre que l’original avait été volé. Le temps que le fait soit découvert, il serait trop tard pour que l’on puisse remonter jusqu’à lui.

Mais après mûre réflexion, il estima que ce n’était pas une bonne idée. Si le faux signet était découvert, la première suspecte serait Justice qui avait touché l’original ce même jour.

Je ne peux pas me permettre de la mettre en danger. C’est pour m’aider qu’elle a fait ça, pensa-t-il.

Finalement, il eut une idée pour éviter qu’Audrey ne soit suspectée : il ne volerait pas seulement le signet mais aussi d’autres objets à proximité, dont certains livres parmi les plus légers !

Ses préparatifs terminés, Klein consulta sa montre à gousset et attendit patiemment qu’il soit plus de neuf heures. Il entendait passer à l’action avant minuit.

S’il agissait trop tôt, les gens qui habitaient les environs ne seraient pas encore couchés, condition indispensable à son plan. Trop tard, il n’y aurait quasiment plus personne dans les rues ce qui le rendrait d’autant plus suspect que depuis un certain temps, Backlund était soumis à un strict couvre-feu en raison des meurtres en série.

Cela pouvait l’avantager tout comme le desservir !

Tic, Toc, Tic, Toc… L’aiguille de sa montre trottait. La nuit s’assombrissait et la lune cramoisie se levait lors que 9 heures sonnèrent enfin.

Klein mit dans ses poches divers objets dont le Passe-Partout, prit sa canne et se rendit dans le Quartier Est. Là, il se changea, loua plusieurs voitures et s’arrêta dans un endroit assez éloigné de l’Avenue du Roi située dans le Quartier Ouest.

Tout cela lui avait pris une heure et quarante-cinq minutes.

Ce n’était pas du tout son plan initial. Au départ, il avait l’intention de s’invoquer et de se répondre pour prendre l’aspect d’un corps spirituel, de survoler à une vitesse extrêmement rapide la distance qui séparait le Quartier de Cherwood du Quartier Ouest et de s’introduire dans le Musée Royal.

Mais il avait dû renoncer, les risques étant potentiellement élevés.

Il y avait plus d’un Transcendant de Haute Séquence à Backlund !

Avec ce tueur en série qui, depuis un bon moment déjà, semait la panique, il se pouvait que quelques-uns d’entre eux utilisent leurs pouvoirs ou des Artefacts Scellés pour surveiller certains secteurs. La distance séparant le Quartier de Cherwood du Quartier Ouest était suffisante pour qu’un esprit de ce type soit repéré s’il la survolait ainsi.

Ce n’est pas parce que la divination m’assure qu’il existe bien un danger mais pas très élevé que je peux me permettre d’écarter ce risque. La divination ne donne jamais de réponse directe mais des révélations qui doivent être interprétées.

En d’autres termes, cette réponse n’est valable que si mes décisions sont relativement judicieuses.

Par prudence, Klein avait donc modifié son plan initial mais conservé l’idée centrale.

2 Avenue du Roi, au Musée Royal…

Vêtus d’épais manteaux et bravant le froid de cette nuit automnale, quatre agents de sécurité, debout sur un toit polygonal, surveillaient attentivement leur secteur respectif. Même caché par les arbres ou par l’ombre des bâtiments, il aurait été difficile pour quelqu’un voulant approcher le musée d’échapper à leur regard.

Cette disposition à elle seule reflétait le professionnalisme de l’agence de sécurité à laquelle on avait fait appel.

L’un des agents regarda ses compagnons qui faisaient leur ronde en contrebas et se secoua :

– « Encore une demi-heure avant la relève… »

A l’intérieur du musée, le personnel de sécurité était divisé en quatre groupes qui patrouillaient par intervalles dans les différentes salles d’exposition en empruntant des parcours différents.

Le capitaine Max Livermore, qui portait toujours son monocle lui permettant de voir directement les spectres, les ombres et autres monstres de type esprit, arpentait la petite salle où était exposé le journal de Roselle une lanterne à la main. De temps à autres, il allait faire un tour dans les autres salles pour voir ce qu’il en était tandis deux de ses hommes restaient à proximité du journal.

Posé sur la vitrine, on pouvait voir un assemblage de blocs aux couleurs vives qui formaient un plan miniature du rez-de-chaussée.

C’était également un Artefact Scellé. Ces blocs, lorsqu’ils étaient assemblés pour représenter un bâtiment donné, permettaient d’établir une connexion avec les lieux réels. En cas d’intrusion, leur surface réagissait immédiatement et se rétrécissait.

Il y avait, bien sûr, certaines limites à cela. D’une part, la distance ne devait pas être trop importante et ensuite, cela ne pouvait fonctionner que si le nombre de blocs était suffisant pour reconstituer tout le bâtiment.

Sans une aide extérieure, il était presque impossible aux personnes ou objets pris à l’intérieur d’en sortir.

– « Vous pensez vraiment que quelqu’un va voler ce carnet, Capitaine ? Je n’y comprends rien ! » dit un membre de l’équipe – qui visiblement s’ennuyait – en voyant revenir Max, sa lanterne à la main.

– « Certaines personnes vouent une adoration sans bornes à Roselle », répondit celui-ci avec un sourire. « Vous ne pouvez pas comprendre.

« Quelques-uns s’imaginent pouvoir le déchiffrer pour peu qu’ils détiennent certaines informations complémentaires, d’autres que ces symboles renferment un pouvoir mystérieux qui, s’ils trouvent la bonne combinaison, leur confèrera des pouvoirs Transcendants.

« Il nous est arrivé, au cours de précédentes expositions, de mettre la main sur certains de ces criminels. »

– « C’est donc pour ça qu’au lieu de cacher le carnet, nous l’avons mis dans un secteur scellé ? Pour attendre que ces gens se ‘rendent’ d’eux-mêmes ? » demanda un autre coéquipier qui venait de comprendre.

Max acquiesça :

– « Qui ne voudrait pas d’actes méritoires gratuits ? »

18 Avenue du Roi, aux abords d’une résidence située à proximité d’un carrefour…

Klein était arrivé là en suivant les ombres et zones ombragées, utilisant de temps en temps le Passe-Partout pour éviter les détours.

Il prit sa clé de laiton d’apparence ordinaire, la pointa sur la porte des cuisines et sans un bruit, la tourna.

Une ondulation imperceptible se produisit et le jeune homme entra dans la pièce. Porte après porte, mur après mur, il se retrouva, sans avoir alerté personne, dans un local de rangement.

Ce Passe-Partout est vraiment très utile ! Mais comme ses deux précédents propriétaires, s’étant perdus, sont entrés dans des endroits dangereux, je ne suis pas rassuré à l’idée de l’avoir continuellement sur moi… soupira le jeune homme en rangeant la clé.

Comme à côté se trouvait la chambre à coucher des domestiques, il prit de la Poudre de Nuit Sacrée et scella la pièce où il se trouvait avec son énergie spirituelle de façon à ce que personne ne puisse percevoir un quelconque mouvement à l’intérieur.

Cela fait, il sortit de sa poche une bougie qu’il plaça sur une caisse devant lui.

Il claqua ensuite des doigts et fit apparaître flamme spirituelle bleu pâle avec laquelle il alluma la mèche, puis s’invoqua lui-même et se transporta au-dessus du brouillard pour pouvoir se répondre.

Moins d’une minute plus tard, Klein flottait dans la pièce face à son corps dont les yeux avaient perdu leur éclat.

Lorsqu’il se fut habitué à la sensation, il enveloppa l’antique et délicat sifflet de cuivre d’Azik pour stabiliser son corps spirituel et le rendre plus fort. Un vent glacial se mit alors à tourbillonner dans la pièce.

Il utilisa également ce pouvoir pour modifier légèrement l’apparence de ce corps illusoire et donner l’impression d’un visage peint.

Cela fait, il prit dans sa poche une boîte d’allumettes ordinaires achetée au hasard dans la rue, découpa une porte transparente dans le mur spirituel et se dirigea vers la sortie.

Passons à l’action ! Se dit le jeune homme pour se donner du courage et tel un vrai fantôme, il traversa un à un les bâtiments résidentiels jusque devant le Musée Royal.

Nul besoin d’activer sa vision spirituelle car dans l’état où il se trouvait, il pouvait voir chaque membre du personnel de sécurité, leur aura et toutes les émotions qui les trahissaient.

Ayant localisé la pelouse flétrie et le lampadaire de fer noir qui faisait face à la fenêtre de la salle, Klein, loin de jouer l’assurance sous prétexte les gens ordinaires ne pouvaient pas le voir, suivit les ombres et emprunta un chemin inaccessible. Il traversa l’arbre sculpté, divers obstacles et arrivé à destination, resta collé au mur car il n’était pas certain que, parmi les agents de sécurité, ne se trouvait pas un membre de la Conscience Collective des Machines.

Les quatre gardiens postés sur le toit ne s’étaient aperçus de rien.

Sa perception spirituelle et son intuition lui ayant soufflé que le sol du musée était enveloppé d’un pouvoir mystérieux et parce qu’il ignorait s’il y avait là des Transcendants, le jeune homme n’entra pas directement dans la salle d’exposition.

Il suivit son plan, fit un détour jusqu’aux toilettes situées tout près de la pièce où était exposé le journal de Roselle, jeta la boîte d’allumettes qu’il avait apportée à travers la bouche d’aération et vola jusqu’à l’étage.

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