Le Maître des Secrets | Lord of the Mysteries | 诡秘之主
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Chapitre 106 – “L’aventure” d’Audrey
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Vol 2 : L’Homme Sans Visage / Chapitre 106 – “L’aventure” d’Audrey

Quartier de l’Impératrice, dans la luxueuse villa du Comte Hall…

Audrey, qui était censée travailler son piano, restait assise devant sa coiffeuse, réfléchissant au moyen par lequel, ce même soir, elle allait pouvoir lire et mémoriser le journal de Roselle.

Soudain, une brume se forma autour d’elle dans laquelle elle vit apparaître un brouillard gris.

Tout en haut se tenait le Fou qui, assis sur son siège, écoutait prier un homme à la silhouette à peine discernable :

Je sollicite votre aide.

J’espère que quelqu’un pourra toucher pour moi le signet glissé dans le manuscrit créatif de Roselle.

Comment M. Le Fou peut-il savoir que ce soir, après la fermeture du musée, je compte visiter l’Exposition Commémorative sur Roselle et que j’aurai l’occasion de toucher certains objets… ? Se demanda la jeune femme, un peu hébétée sans vraiment trouver cela étrange

Étant donné la stature et les capacités du Fou, il était très facile pour lui d’être au courant d’une chose aussi basique. Par ailleurs, les Transcendants ordinaires n’avaient pas à essayer de savoir comment il procédait.

Elle était sur le point de répondre lorsque le Fou lui dit à voix basse :

– « Vous êtes libre d’accepter ou non cette mission. »

Audrey réfléchit deux secondes :

– « Je peux toujours essayer, Honorable Monsieur le Fou, mais je ne peux pas vous promettre que je réussirai. »

Non pas qu’elle fût vraiment intéressée par la minimaliste rétribution de 500 Livres, mais elle était curieuse de savoir ce que signet avait de si spécial pour que l’adorateur du Fou en offre un prix non plafonné.

J’avais, de toute façon, l’intention de consulter le journal de Roselle… se dit-elle.

Auréolé de brouillard, le Fou hocha légèrement la tête :

– « Très bien. »

Lorsque l’illusion eut complètement disparu, Audrey se tourna vers le miroir comme pour s’examiner de près.

À la fois nerveuse et excitée, elle se mit à faire des plans quant à la manière dont elle allait procéder.

Personne ne devra rien remarquer d’inhabituel car si l’adorateur de M. Le Fou prenait des mesures par la suite, je ne veux pas devenir un suspect.

Il ne faudra surtout pas me limiter à ce marque-page car s’il venait à disparaître, tous les regards seraient rivés sur moi. Voyons… je vais devoir feindre de m’intéresser également à tous les autres objets présents. Les choses doivent être faites en douceur, sans brusquerie, de façon sensée et logique.

Mais comment causer de légers et discrets dommages à cet objet ? Ce n’est qu’un simple signet…

Audrey balayait d’un regard vague les objets posés sur sa coiffeuse lorsque soudain, ses yeux tombèrent sur une boîte à bijoux ouverte dans laquelle se trouvait une paire de boucles d’oreilles en pierre précieuse ornées de fines aiguilles.

Elle esquissa un sourire et, les sourcils légèrement incurvés, se dit : Avec l’aide de Susie, cela devrait suffire…

Il était six heures du soir. La ville qui, durant cette saison, ne voyait presque jamais le soleil, était déjà sombre et les réverbères allumés.

Les derniers visiteurs partis, le Musée Royal reçut un groupe composé de la fille d’un Comte, des enfants d’un Duc et d’un jeune Vicomte.

Sachant combien certains de ces jeunes aristocrates étaient prétentieux et pouvaient causer des problèmes, la Conscience Collective des Machines avait chargé Max Livermore, le Capitaine de l’escouade du Quartier Ouest, d’assurer la sécurité de l’exposition. Déguisé en agent de sécurité, il se devait de rester à proximité pour prévenir tout accident.

Les cheveux soigneusement coiffés, il portait un monocle qui lui donnait l’air savant d’un professeur d’université mais qui était en fait un Artefact Scellé ̶ nom de code 3-1328 ̶ appelé Œil de Cristal.

Celui-ci lui permettant de voir les corps spirituels, les fantômes et les ombres, il n’avait pas à craindre les Transcendants qui utilisaient ces entités généralement difficiles à détecter pour semer le chaos ou commettre des vols.

Mais cet artefact avait aussi un inconvénient de taille. Il pouvait sans peine attirer des monstres – comme des spectres ou des ombres – qui se trouvaient à proximité et s’il était porté durant une longue période, causer des dommages irréversibles à la personne.

Voilà un soleil radieux dans la pénombre de Backlund… Pensa Max, admiratif, en regardant la jolie blonde aux yeux bleus qui se tenait non loin de lui.

Audrey, qui regardait avec grand intérêt les toilettes plaquées d’or et gravées de motifs complexes, demanda au guide :

– « Est-ce là le premier cabinet à chasse d’eau au sens moderne du terme ? »

– « Oui et pour ma part, je suis convaincu que c’est l’une des contributions les plus remarquables de Roselle à la civilisation humaine. La création d’égouts parallèle à cette invention a permis d’éradiquer la saleté qui régnait partout dans les rues de Trèves. »

Le guide avait failli utiliser le mot “excréments” mais s’était ravisé, ne voulant pas paraître vulgaire devant cette jeune femme.

Audrey hésita un instant :

– « Puis-je le toucher ?  Peut-on encore l’utiliser ? »

– « Pourquoi tant d’intérêt pour cet objet ? » Intervint le Vicomte Glaint avec un sourire. « Quelle que soit son ancienneté, ce ne sera jamais qu’un cabinet. »

Cela fit rire les autres jeunes aristocrates qui étaient en bons termes avec eux.

– « Non, Glaint, vous ne comprenez pas. C’est la gloire de la civilisation humaine », répondit la jeune femme avec un faible sourire tout en soupirant intérieurement, en proie à la nausée :

Jamais je ne ferais ça si ce n’était pour répondre à la demande de l’adorateur de M. Le Fou…

– « Ce que vient de dire Mlle Hall est très juste », fit remarquer le guide. « La gloire de la civilisation humaine ne se reflète pas seulement dans les armes qui ont changé la forme de la guerre. Elle brille aussi dans chaque détail de nos vies. Personne ne pouvant l’utiliser, j’ignore, Madame, s’il peut encore servir. »

Il jeta un coup d’œil à Max Livermore – qui hocha la tête en guise d’accord – et poursuivit : « Vous pouvez le toucher et même ouvrir le réservoir d’eau si vous souhaitez jeter un œil à la structure mécanique. Mais je vous en prie, faites attention. »

– « Merci », dit Audrey en regardant l’agent de sécurité ouvrir la paroi de verre.

Puis elle s’avança, tendit sa main gantée de résille blanche et toucha précautionneusement le bouton de la chasse d’eau.

– « Très bien, restons-en là », dit-elle, gardant en mémoire qu’elle se devait de donner l’image d’une jeune fille naïve et curieuse. « Ma curiosité est satisfaite. Je ne voudrais pas l’abimer davantage. »

Ils entrèrent ensuite dans la salle où était exposé le journal de Roselle.

Après une brève introduction, Audrey, à nouveau, demanda :

– « Puis-je feuilleter ce carnet ? Nous sommes tous très intéressés par ces étranges symboles. Mais…. J’ai entendu dire qu’au bout d’un certain temps, le simple contact de l’air pouvait endommager le papier. Il n’est certainement pas possible de le toucher, n’est-ce pas ? »

Elle cligna des yeux, laissant ses beaux yeux de pierre précieuse exprimer la sincérité, l’envie et un brin de déception.

Le guide regarda à nouveau Max Livermore et sourit :

– « L’Église a adopté une méthode spéciale de conservation afin que le papier reste dans le même état que s’il n’avait que quelques années. Mais même sans cela, nous aurions fait tout notre possible pour répondre à vos demandes. Cela dit, nous aurions peut-être dû changer d’environnement, de vêtements et passer par un processus plus strict.

« Vous pouvez le feuilleter, mais doucement et pas trop longtemps. »

Les yeux d’Audrey s’illuminèrent au point que personne n’aurait pu en détourner le regard.

Après avoir sincèrement remercié le guide et une fois la vitrine ouverte, la jeune femme, le Vicomte Glaint et les autres passionnés d’occultisme purent feuilleter le carnet.

Audrey fit de son mieux pour mémoriser, mais vu la complexité des symboles et le peu de temps dont elle disposait, ce n’était pas évident.

Cela devrait faire environ deux pages. Je me demande s’il y aurait moyen d’en faire une copie…

Toute à ses pensées, elle céda la place à ses compagnons et put ainsi demander à examiner de plus près divers objets exposés, ce qui lui fut largement accordé.

Ils arrivèrent enfin dans la salle où avait été reconstitué le bureau de l’Empereur.

Fidèle à elle-même, la jeune femme se montra pleinement curieuse, posant de temps en temps des questions.

Lorsque le guide leur présenta le manuscrit créatif, ses yeux s’illuminent :

– « Puis-je le feuilleter ? » Demanda-t-elle. « Je voudrais voir à quoi ressemble le manuscrit du grand inventeur qu’était Roselle et quelles merveilleuses idées il renferme. »

– « Aucun problème, belle Miss Hall, honorable Vicomte Glaint. Vous pouvez tous le feuilleter et si l’un d’entre vous est un fervent fidèle de l’Église, il peut même en demander une copie », répondit le guide après avoir consulté Max.

Audrey, qui était une fidèle de la Déesse, se contenta d’un léger sourire. Il aurait été inconvenant de sa part de faire un commentaire.

Feignant de relever ses cheveux, elle toucha son oreille droite et ôta discrètement sa boucle d’oreille.

Aussitôt la vitrine ouverte, la jeune femme s’avança, prit le manuscrit, en sortit le signet et tourna la page d’un geste désinvolte.

Susie, qui avait compris le signal, se mit soudain à aboyer et tous les regards se tournèrent dans la direction où regardait la chienne.

Aidée de sa boucle d’oreille, Audrey piqua le marque-page qu’elle tenait à la main tout en répétant mentalement “Roi Pirate”, d’abord en Hermès puis en Hermès ancien.

Au moment où le bijou, pointu comme une aiguille, touchait la surface du marque-page, la jeune femme sentit soudain une intense résistance et se dit : Voilà quelque chose qui n’est pas normal !

Le phénomène disparut en un éclair et la “fine aiguille” faillit traverser le signet.

Il réagit ! Il y a vraiment là quelque chose d’étrange ! Se dit Audrey, les brillants. Mais n’osant pas retenter l’expérience, elle reposa le marque-page sur le bureau.

Elle regarda Susie puis se tourna vers Annie :

– « Euh… emmène-la à la salle de bain », dit-elle posément.

– « Bien, madame », répondit la femme de chambre qui s’éxécuta.

Saisissant l’occasion, Audrey laissa tomber la boucle d’oreille qu’elle tenait à la main puis pencha la tête :

– « Je suis désolée, j’ai perdu ma boucle d’oreille. »

Une autre servante se précipita, ramassa le bijou et le lui remit.

Tout s’était passé en un clin d’œil.

L’assistance reporta ensuite son attention sur le manuscrit et lorsqu’ils l’eurent vaguement parcouru, Max Livermore replaça le signet et s’empressa de refermer la vitrine.

Audrey montra autant d’intérêt pour les salles qui suivirent.

Une fois rentrée chez elle, la jeune femme s’empressa d’invoquer le titre honorifique du Fou pour lui faire son rapport.

– « … J’ai fait ce que demandait votre adorateur. J’ai légèrement endommagé le signet et… il a réagi de façon étrange. »

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