– « Le Maître Praticien n’est pas venu en personne ? » demanda le Vénérable Blanc.
Quand il l’avait contacté, il lui avait assuré qu’il venait le plus vite possible… Pourquoi avait-il soudainement préféré faire livrer le médicament ?
Le Maître Immortel à l’Amulette de Cuivre haussa les épaules. « Aucune idée. J’ai simplement reçu une requête en plus pour apporter les médicaments nécessaires pour traiter des blessures. Ensuite, je dois récupérer les cobayes en passant. Je suppose que le Maître Praticien avait une expérience importante de dernière minute à faire ou qu’il a eu une inspiration soudaine. »
– « Je vois, » acquiesça Blanc. Ils parlaient d’un savant fou passionné, c’était tout à fait possible.
Song Shuhang désigna la pâte médicinale. « Aîné Amulette de Cuivre, comment dois-je l’utiliser ? »
– « Le Vénérable Blanc a décrit très clairement les blessures de Mlle Chu au Maître Praticien. Il a donc personnellement préparé une pâte très facile à appliquer, il suffit de l’étaler directement sur son corps et elle récupérera petit à petit. Dans deux mois, elle sera capable de bouger et de sauter sans aucune séquelle. »
L’appliquer sur son corps ?
Elle avait été broyée si fermement que son physique en forme de sablier était devenu aussi plat qu’une planche de surf…
Song Shuhang, la pâte entre les mains, regarda autour de lui.
Le Vénérable Blanc, le petit moine, Doudou… Un Aîné, un gamin et un animal. Comparé à lui, mieux valait les laisser l’appliquer sur Chu Chu. Il décida de leur demander s’ils étaient prêts à le faire. S’ils refusaient… Il le ferait.
– « Aîné, Guoguo, Doudou, est-ce que l’un d’entre vous voudrait s’en charger ? »
– « Je ne peux pas toucher le corps nu d’une femme… » s’emporta Guoguo en plaçant ses paumes sur son visage avant d’en appeler au Bouddha.
– « Je suis déjà en couple. Comme si je pouvais faire ça, » déclara honnêtement le pékinois. Puisqu’il y pensait, cela faisait plusieurs jours qu’il ne s’était pas connecté à internet. Quelqu’un avait-il décidé de s’en prendre à sa chérie ?
– « Laissez-moi faire. » Le Vénérable sourit et prit la pâte avant de se diriger vers Chu Chu.
❄️❄️❄️
– « Jeune ami Shuhang, vous avez manqué une occasion de sauver une demoiselle en détresse. » regretta en toute sincérité le Maître Immortel à l’Amulette de Cuivre. « Si vous appliquez vous-même la pâte sur Mlle Chu… et qu’elle ouvre les yeux et découvre sa pudeur profanée, un nouveau couple pourrait se former. »
Song Shuhang était sans voix.
– « Je crois deviner, d’après votre expression, que vous ne me faites pas confiance. Laissez-moi vous expliquer… Une aura rose est émise depuis votre front. Rien qu’en regardant votre visage, je peux affirmer que vous êtes chanceux en amour ! »
Moi ?
Non , les divinations de l ’Aîné doivent être comprises à l’envers, alors j’ai un problème… C’ est quoi, le contraire de “chanceux en amour ” ?
Nul en amour ? Poisseux en amour ?
A cet instant, Doudou leva la tête et le regarda. Puis ses yeux de chien s’illuminèrent.
– « Ouaf ouaf… Il y a en effet une aura entre vos sourcils. Par contre, c’est du noir de jais, comme de l’encre. Amulette de Cuivre, à quel point êtes-vous daltonien pour confondre du noir et du rose ? Ouaf ? Shuhang, vous devez être plus prudent quand vous sortez, quand vous parlez, quand vous faites des courses… Vous risquez d’être tué par un inconnu ! »
L’étudiant était sans voix.
Donc, le contraire de la chance dans l’amour était d’avoir une aura noire autour de l’espace entre vos sourcils et d’être extrêmement malchanceux ?
– « N’importe quoi, j’ai distinctement vu du rose, c’est évident ! Jeune ami Shuhang, ne bougez pas. Je vais exécuter une technique et révéler la nature de cette aura sur votre front ! » Après quoi, l’Aîné tendit la main et la serra, désignant le front du jeune homme.
Alors, le visage du Surhomme s’illumina légèrement.
Un brouillard noir commença à rouler sur son front.
Doudou roula des yeux. « C’est juste un noir profond, il n’y a pas la moindre teinte de rose… Et ne suggérez pas que je suis daltonien, je ne le suis plus depuis le jour où j’ai ouvert mon Acupoint de l’Œil. »
Le Maître Immortel à l’Amulette de Cuivre était perplexe. « Étrange… C’est en effet noir, mais j’ai clairement vu du rose. »
– « Aîné Doudou, Aîné Amulette de Cuivre, il y a en effet une petite teinte de rose au milieu des ténèbres. » Le petit moine pointa un point précis dans le halo qui dégoulinait du front de Song Shuhang. Une ridicule tête d’épingle pouvant facilement être négligée était présente.
Le pékinois ouvrit de grands yeux. « Mais c’est vrai ! »
– « Qu’est-ce que cela signifie ? Malheureux en amour ? » demanda l’étudiant avec inquiétude. Il envisageait même de coller l’Aîné Blanc dans les jours qui suivaient pour grapiller un peu de sa chance.
– « Malheureux en amour ? Ne soyez pas si optimiste ! » répondit le Voyant. « Une telle obscurité avec un peu de rose devrait signifier que si vous n’avez pas de chance, ce sera la pire occurrence jamais vue sous les cieux ! De plus, cet événement sera lié aux femmes. Pour votre propre bien, restez à l’écart de ces créatures. »
– « Aîné, c’est de la divination, là ? »
Si tel était bien le cas, alors il pouvait envisager de regarder la situation sous un autre angle. Cela ne voulait-il pas dire qu’il était béni ?
– « Non, j’essayais juste de vous expliquer la signification de cette aura qui est apparue sur votre front. Mais pourquoi pas ? Puisque je suis de bonne humeur aujourd’hui, je peux faire quelques essais gratuitement pour vous ! » Après avoir terminé sa phrase, le Maître Immortel à l’Amulette de Cuivre se retourna et fouilla dans son chariot.
– « Merci, Aîné ! » le remercia Song Shuhang. En réalité, ses prédictions étaient assez précises… Il suffisait juste de les comprendre à l’envers.
Fier de lui, le Voyant Louche sortit une carapace de tortue ainsi que trois pièces de cuivre qu’il fourra à l’intérieur.
Il secoua la carapace et les trois pièces tombèrent sur le sol.
Song Shuhang n’y connaissait rien. Il se contenta de le regarder faire.
– « Aîné, bonne ou mauvaise fortune ? » demanda-t-il lentement, espérant intérieurement avoir un résultat… extrêmement négatif ! Terriblement inquiétant ! Il valait mieux que Dame Mauvaise Chance eût un bonnet G !
Le Maître Immortel à l’Amulette de Cuivre leva la tête, serra les dents pour forcer un sourire, et dit : « Vous avez de la chance ! »
Le visage de Song Shuhang se ferma immédiatement… Je suis mort, c’est certain !
L’Aîné toussa deux fois, lui adressa un pouce bleu, puis ajouta sérieusement : « C’est une divination positive concernant l’amour ! Jeune ami Shuhang, faites attention aux filles autour de vous, comme Mlle Chu par exemple. Si vous aviez déjà appliqué la pâte sur sa poitrine, vous seriez peut-être déjà en couple ! »
– « Pffff… ! » Doudou pouffa si fort qu’il postillonna partout.
– « Je comprends, Aîné ! » Le Surhomme serra les dents. « Je vais rester le plus loin possible des femmes ! »
– « Ne soyez pas comme ça, jeune ami Shuhang. Vous avez dû être trompé par ces ratés du groupe de discussion. Ne les croyez pas, particulièrement ce vil Rivière du Nord. Mes prédictions sont dignes de confiance ! » Visiblement, il refusait de voir la réalité en face.
– « D’accord, je vous fais confiance. » Song Shuhang fit de son mieux pour se forcer à sourire. Il décida que pendant un temps, il ne lâcherait pas le Vénérable d’une semelle et le suivrait de près partout où il irait. Et qu’il se tiendrait éloigné des femmes. Au moins jusqu’à ce que l’obscurité autour de son front ait disparu.
– « Hein ? Le front de Grand Frère Shuhang est si noir, et il aurait de la chance en amour ? » Le petit moine n’était pas au courant… « Ce type est un charlatan ? »
Doudou tendit la patte pour couvrir sa bouche et cria : « Gamin, ne dis pas la vérité ! Amulette de Cuivre, ce n’est qu’un enfant, ne tenez pas compte de ce qu’il dit ! »
L’Aîné était sans voix.
Il se sentit soudainement très déprimé. Il avait clairement dit la vérité sur ce qu’il avait calculé et avait été honnête dans ses explications. Aurait-il dû mentir ? Les gens sincères n’étaient-ils pas autorisés à vivre sur cette terre ?
Song Shuhang força un rire gêné et tenta de changer de conversation. « Au fait, Aîné Amulette de Cuivre, vous avez suggéré être venu avec d’autres choses à l’esprit… »
– « Ah ! Cette autre affaire me cause une terrible peine… » Il soupira longuement. « En fait, même si j’ai donné l’impression que je ne faisais que passer… La vérité est que je suis spécialement venu vous chercher. »
Song Shuhang, Doudou et le petit moine arboraient le même regard perplexe.
Il commença à raconter son histoire d’un air triste. « J’ai un disciple qui… »
Doudou leva la patte et l’interrompit : « Je sais, vous parlez du Voyant Immortel à l’Amulette de Fer du groupe de discussion. C’est le nom de son compte. C’est le crétin du Mont Jaune qui m’en a parlé. »
– « Ne m’interrompez plus, sinon je vous offre une divination de bon augure tous les jours ! »
Doudou recula aussitôt et se mit à jouer au cabot mignon en tirant la langue.
Song Shuhang ne savait pas s’il devait rire ou pleurer… Aîné, en menaçant Doudou comme ça, on a l’impression que vous réalisez que vous êtes le Voyant Louche !
Après quoi, le Maître Immortel à l’Amulette de Cuivre continua ses lamentations. « Le problème est que, il y a quelques jours, je me suis soudainement emporté et j’ai tenté de voir son avenir ! »
– « Et que s’est-il passé ensuite ? » l’encouragea le petit moine Guoguo en animant la conversation.
– « Ah… C’était une très bonne divination, extrêmement propice. C’était la meilleure que j’ai jamais vu de toute ma vie, » soupira-t-il tristement.
La meilleure divination de toute sa vie ? Putain, c’est du sérieux ! sursautèrent Song Shuhang et Doudou.
– « Alors… Mon disciple bien aimé Amulette de Fer a été pris de panique, il s’est immédiatement enfermé pour méditer et depuis, il refuse de sortir. »
– « Mais pourquoi ? Si c’était une divination aussi incroyable, pourquoi est-il aussi effrayé ? » insista le petit moine en toute innocence, ignorant la nature des prédictions de son interlocuteur.
Ce dernier tressaillit. Il agonisa visiblement un moment avant de reconnaître : « Depuis le jour où j’ai commencé mon activité, jamais aucune de mes divinations ne s’est révélée être exacte. »
Le petit moine se raidit, puis joignit ses paumes et dit sérieusement : « Aîné, retenez votre chagrin s’il vous plaît. »
Doudou, perplexe, demanda : « Mais si vous êtes là, c’est que vous pensez que nous pouvons vous aider, non ? Qu’est-ce que nous pourrions bien faire ? »
Song Shuhang pensa soudainement à quelque chose. « Est-ce à propos du Vénérable Blanc ? »