Pendant que Shin et son groupe discutaient des “récompenses”, Wilhelm gardait Hermie, Millie et Konig, récemment libérés de l’objet de soumission, dans la pièce voisine.
Bulk était détenu, cependant, il n’était pas le seul individu dangereux au sein de l’Église. Il n’y avait aucune garantie que des individus, qui opéraient de manière malhonnête, ne puissent se déplacer et profiter de cette situation.
“Vous devriez pouvoir rentrer chez toi bientôt, non ?” dit Hermie
“Puisque grand frère Will et grand frère Shin sont ici, tout ira bien !”
Millie avait le moral : elle était allongée, la tête posée sur les genoux d’Hermie, qui la caressait doucement.
Tout le monde était en sécurité et il y avait quelqu’un en qui elle pouvait avoir confiance parmi ceux qui étaient venus à son secours.
Cette personne, Wilhelm, était juste à côté d’elle en ce moment même, elle n’avait donc aucune raison de s’inquiéter.
“………..”
Wilhelm regardait intensément Millie, sans dire un mot. Il l’observait pour savoir s’il restait quelque chose d’étrange, tout en s’assurant qu’elle ne remarque pas et ne soit pas déstabilisée par ses observations.
Après tout, Millie fut manipulée par Eline et poignarda Wilhelm. Il n’était pas étrange que son cœur puisse porter une profonde blessure à cause de cela.
Cependant, en interrogeant Millie sur la bataille de Wilhelm et Eline, il découvrit que ses souvenirs s’étaient arrêtés au début du combat. On pouvait dire que c’était une chance.
Eline s’était probablement préparée à utiliser Millie en cas de besoin. Pour cette fois, cela aboutit à un résultat positif.
“Vous êtes inquiet ?” demanda Konig.
“….Et bien, oui.” répondit Wilhelm.
Une fois que Shin retira son collier, plus rien ne retenait ses actions. Il retourna donc à son devoir originel, la protection d’Hermie.
Son armure fut rendue inutilisable par l’attaque de Shibaid, mais sa lame bien-aimée, l’épée magique Haufer de niveau Légende, reposait à ses côtés.
Konig ne savait pas que Millie poignarda Wilhelm, mais il savait que le collier fut équipé sur elle. Il supposait que, comme lui, quelque chose s’était produit pendant qu’elle était sous contrôle.
“Au fait, avez-vous l’impression que vos souvenirs ont été altérés ? Il semble que les souvenirs tout en étant manipulés restent différents d’une personne à l’autre.” demanda Wilhelm.
“Je me souviens très bien. Le pouvoir du collier n’a pas été utilisé trop souvent sur moi, même lorsque j’étais manipulé, j’avais l’impression de rêver, tout était flou.”
Bulk utilisait souvent Hermie pour forcer Konig à faire ce qu’il voulait, apparemment.
Konig suggéra que c’était parce que lorsqu’on manipulait les autres via le collier, il n’était pas possible de donner des ordres concrets et détaillés.
“Je vois. L’absence de conscience signifie également que seules des actions simples peuvent être entreprises.”
“Ce n’est qu’une supposition. Cependant, c’est plutôt utile pendant les combats. Un ordre comme “frappez de toutes vos forces” sera exécuté même si cela finit par vous coûter vos bras. Pendant la bataille contre Monsieur Shibaid, j’ai porté un coup puissant que je ne pourrais pas porter en temps normal. Il est également possible d’ordonner des attaques suicides, l’attaquant n’a aucun égard pour sa propre vie.”
“Plus j’entends parler de ça, plus ça me rend malade.” dit Wilhelm avec un air dégoûté.
“Certains de ces objets ont été transférés à l’extérieur. Heureusement, seulement quelques-uns, mais je veux qu’on s’en occupe avant qu’ils ne soient utilisés à mauvais escient.” dit Konig.
“Il y a une chose que je me demandais, cependant. Si la personne qui en est équipée meurt, l’objet peut-il être utilisé sur quelqu’un d’autre ?” demanda Wilhelm.
Si une telle utilisation répétée était possible, l’utilité de l’objet augmentait encore plus… de la pire façon possible.
“Je n’ai jamais entendu parler d’une réutilisation. Cependant, le nombre d’objets obtenus par Bulk et le nombre de fois où il les a utilisés ne correspondent pas. Ce n’est qu’une hypothèse aussi, mais une utilisation répétée après la mort pourrait être possible.”
Selon Konig, le nombre de femmes que Bulk avait soumis à son profit était plus élevé que le nombre de colliers.
Konig apprit le nombre de colliers de Bulk lui-même. Bulk baissa sa garde, puisque Konig était sous son contrôle.
“Un sac à m€rd$ de part en part, je vois.”
“Je ne peux qu’être d’accord. Si seulement je n’étais pas contrôlé par ce collier, je l’aurais abattu sur le champ.”
Konig était un chevalier qui croyait fermement à la doctrine de l’Eglise de protéger les faibles.
Son sens aigu de la justice ne le poussa pas seulement à mépriser Bulk, mais l’empêcha probablement même de reconnaître son existence.
“Cependant… j’ai peut-être été manipulé, mais j’ai tué d’autres personnes de mes propres mains.” remarqua Konig.
“…vous vous sentez coupable ? Si vous vous inquiétez pour ça, vous allez bientôt mourir toi aussi”. dit Wilhelm.
“Vous dites que je ne devrais pas m’en soucier ?” demanda Konig.
“Je dis que rien ne change, même si vous le faites.” répondit Wilhelm.
“Regrettez tant que vous le voulez, mais les morts ne reviendront pas à la vie. Au final, tout dépend des sentiments de ceux qui sont encore en vie. Si vous vous inquiétez de cela et que vous finissez par mourir, les personnes que vous devriez protéger mourront aussi.” continua Wilhelm.
Hermie pouvait être à nouveau prise pour cible à cause de ses capacités, comme cela venait de se produire. À ce moment-là, si son épée était émoussée par les doutes, cela signifiait la mort non seulement de Konig mais aussi des autres.
Les proches des personnes qu’il tua pouvaient vouloir se venger. On pouvait lui demander d’expier ses péchés.
Cependant, c’étaient les conséquences naturelles de ses actions. Il n’y avait rien à faire.
Le cours du temps ne s’inversait pas, les morts ne revenaient pas.
C’était la règle de ce monde.
Dans le monde d’avant le “Crépuscule de la Majesté”, la rumeur disait qu’une potion de résurrection existait. Mais ce monde n’existait plus.
‘Peut-être qu’il pourrait… non, ce n’est pas quelque chose à quoi il faut penser’ pensa Wilhelm.
Dans l’esprit de Wilhelm, les silhouettes d’un certain Haut Humain et de ses deux soutiens apparaissaient.
Shin et Schnee pouvaient connaître un moyen de créer une telle potion, ou même en avoir déjà une en leur possession.
Il ne dirait pas un mot, cependant. Il n’avait aucune preuve, et même si une telle chose était possible, Wilhelm doutait que Shin et Schnee fassent revivre les personnes que Konig tua.
La résurrection des morts. C’était une pratique hérétique à ne jamais tenter, c’était gravé dans la conscience de Wilhelm.
Wilhelm connaissait quelqu’un qui tenta de telles pratiques, et comment il s’était détruit lui-même.
C’était pourquoi il cessa d’y penser. Même dans l’Église, les recherches concernant la résurrection des morts étaient un tabou parmi les tabous. C’était un miracle complètement perdu.
Après un long silence, Konig reprit la parole : “Ce serait un problème.”
“Vous devez juste trouver votre réponse rapidement, alors. La plupart du temps, ce genre de choses arrive que vous le vouliez ou non, après tout.” dit Wilhelm.
“Vous parlez en connaissance de cause ?” demanda Konig.
“Qui sait ?”
Wilhelm esquiva la question de Konig et se mura dans le silence.
Konig, qui se méfiait de ce genre de comportement, suivit le regard de Wilhelm et trouva une Millie qui dormait paisiblement.
“Je vois, donc c’est l’homme qu’ils appellent la “Lance Démoniaque”.” dit Konig.
“Hmph.” se moqua légèrement Wilhelm.
Sa silhouette était, comme celle d’un chevalier, celle d’un protecteur.
~ Quelque part dans Palmirack ~
“C’est donc la résidence de Bulk.” demanda Shibaid.
“Oui. L’accès a été restreint, donc je ne sais pas ce qu’il y a à l’intérieur.” répondit un chevalier qui l’accompagnait.
Les prêtres se voyaient attribuer des chambres privées, ce qui était un endroit idéal pour agir en secret, sans risque d’être vu par les autres.
Infiltrer une pièce vide semblait possible, mais cette pièce était à l’intérieur du Palmirack, ce n’était pas une mince affaire.
Les pièces étaient entourées de Chimeradite, ce qui rendait extrêmement difficile le fait de se faufiler entre ses murs ou de déverrouiller ses portes.
Pour cette raison, même les élus ne pouvaient pas facilement entrer dans la pièce et découvrir les secrets de Bulk.
“Je l’ouvre.” dit Shibaid en posant une main sur la porte.
Il reçut la permission de Shin de déverrouiller toutes les portes ; pour un temps limité, il pouvait entrer dans presque toutes les pièces situées à l’intérieur du Palmirack.
Shibaid se concentra sur sa main et la porte s’ouvrit sans presque aucune résistance.
” !! Reculez, tout le monde !”
Shibaid s’avança devant les chevaliers.
D’intenses miasmes émanaient de l’autre côté de la porte.
“C’est…c’est…”
“Ne vous approchez pas ! Vous pourriez perdre la raison !” dit Shibaid aux chevaliers à l’air malade et entra dans la pièce.
Shibaid était en train d’équiper son arme, la hallebarde géante “Lune Placide”. La lumière qui brillait de sa lame purifiait complètement les miasmes provenant de la pièce.
Après avoir été améliorées par Shin, les armes brandies par Shibaid acquirent la capacité de purifier le miasme.
“Le miasme a été purifié. Vous pouvez entrer maintenant.”
Après que les mots de Shibaid leur soient parvenus, les chevaliers entrèrent dans la pièce à pas prudents. Ils étaient des chevaliers de l’église, mais cela ne signifiait pas qu’ils avaient une grande résistance aux miasmes.
Le miasme émanant de la pièce était si dense que le simple fait de le regarder provoquait une sensation viscérale de danger imminent. Même les élus de la classe supérieure n’étaient pas capables de résister à un tel niveau de miasme.
Ce n’était pas quelque chose que les chevaliers, même entraînés, pouvaient endurer.
“Bulk était continuellement immergé dans ce miasme concentré ? Pourtant… il semble que cela n’ait causé aucune détérioration mentale…”
Le doute s’installa dans l’esprit de Shibaid.