Néo-Life
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Palkor se trouvait face à son père, Than le Forgeur Céleste, à son domicile, une maison modeste située à l’étage du Fort, interdit aux visiteurs bien entendu, et son regard était sérieux, concentré.

Construite en roche, comme tous les autres édifices de la cité, les murs intérieurs étaient d’un blanc cassé, et le salon dans lequel ils se trouvaient était richement décoré. De nombreuses étagères étaient chargées de minerais rares, de joyaux translucides ou bien d’opales multicolores dans lesquelles l’on pouvait voir des reflets prendre vie.

D’autres étaient pleines de Sangsues que le Forgeur avait créé, mais certaines étaient l’œuvre de son fils, Palkor. Celui-ci l’avait remarqué depuis des années et savait que c’était la seule forme sous laquelle les sentiments de son père pouvaient s’exprimer.

Sur le mur opposé était suspendue une grande épée à deux mains, dont la lame noire semblait absorber la lumière environnante. Des runes étaient gravées dans la garde de l’arme et semblaient presque vivantes, leur chatoiement jurant avec la noirceur de la lame.

Than, lui, était surpris de voir que son fils s’était déplacé jusque chez lui et sut qu’il ne l’aurait pas fait si ce n’était pas pour quelque chose d’important. Aussi l’avait-il invité à s’asseoir en face d’une infusion herbale et d’un plateau de viande tirée des créatures des Souterrains.

« Alors, expliques-moi, Palkor, pourquoi as-tu demandé à me voir à cette heure tardive ? » demanda le colosse suranné à son fils.

« J’ai une demande à t’exposer, Père, et je pense pour le bien de Forgeciel que tu devrais vraiment accepter. Avant tout, sache que l’idée vient de Revenge. Tu connais les gemmes de stockage de mana ? »

Than hocha la tête en grognant, ne voyant pas où il voulait en venir.

« De jolis cailloux, mais inefficaces au possible… »

L’excitation pouvait se lire sur le visage de Palkor, et ses yeux brillaient d’une anticipation incontrôlée.

« Et que dirais-tu si nous mettions au point une Sangsue qui pourrait stocker le mana, le redistribuant lorsque son porteur en a le plus besoin, se substituant à lui lorsqu’un sort est lancé ? »

Than réfléchit sérieusement à la question avant de répondre, et le silence entre les deux interlocuteurs dura quelques minutes, sans que cela ne soit étrange pour l’un comme pour l’autre. Ils se connaissaient et avaient bien plus de points communs que ce Palkor aurait aimé admettre.

Retourner une réponse dans tous les sens faisait partie de ces points justement, et lorsqu’il répondit, ce fut avec sérieux et pragmatisme.

« Forgeciel en aurait l’utilité, mais ce serait minime. Après tout, les Sangsues puisent dans le mana ambiant pour s’activer. Mais dans un environnement qui en serait presque dépourvu, cela pourrait s’avérer incroyablement utile…et les implications commerciales avec les grandes villes de l’Empire seraient énormes. L’Empereur lui-même serait prêt à payer cher pour un artefact pareil. Nous n’y avons jamais pensé parce que les Pierres de Mana nous ont suffi pendant des siècles…d’où t’es venu cette idée ? »

« …Revenge me l’a donné. »

Les yeux de Than s’étrécirent un peu, et son air sérieux se renforça encore.

« Tu es au courant de ses…progrès ? »

« Oui…et honnêtement, Père, tu as eu un éclair de génie en voulant l’intégrer à notre ville. Qui plus est, il est quelqu’un que je commence à apprécier fortement, tout comme Vladimir. »

Than hocha la tête d’un air entendu et prit un morceau de viande, machant lentement avant d’avaler et de continuer sa discussion avec Palkor.

« Je trouve qu’il est rafraichissant. Honnête, prêt à tout pour protéger ses intérêts, et assez intelligent pour tenter de s’intégrer même si la situation ne lui plaît pas…et cette idée de stockage de mana est intrigante. N’hésite pas à essayer de tirer d’autres idées de lui, et viens me voir si tu veux faire des expérimentations. Un regard neuf comme le sien est souvent nécessaire pour trouver de nouvelles pistes de pensées. Et tu as ma pleine autorisation pour tenter de créer cet artefact. »

Le Forgeur Céleste grogna et son regard se fit lointain, comme se remémorant des souvenirs.

« Je suis presque jaloux de toi, Fils. Cela fait des mois que je n’ai touché à la Forge, et j’aurais adoré expérimenter à nouveau. Mais qui aurait cru que gérer une cité me laisserait si peu de temps libre… »

Palkor et son père discutèrent pendant un bon moment avant que l’Apprenti ne se lève de son fauteuil moelleux, sur le départ.

« Fils, une dernière chose. Méfie-toi des héritiers du Conseil. Leurs pères, pour la plupart, sont catégoriquement contre l’intégration de Revenge, et j’ai peur qu’ils ne vous harcèlent plus qu’à l’habitude… »

« Ne t’inquiète pas, je ferais attention, et après tout, Vladimir n’est jamais loin… »

Avant de s’éclipser, et sur le seuil de la maison de son Père, Palkor se retourna une dernière fois, hésitant, mais finissant par demander à son Père :

« Dis, je sais que cela ne fait qu’une semaine, mais si Revenge continue à s’intégrer comme cela, penses-tu pouvoir le laisser aller dans les Souterrains avec nous avant l’année complète ? »

Les yeux de Than se firent sévères, mais il secoua la tête en soupirant avant de finalement répondre. 

« Mets-au point cette Sangsue, et nous en reparlerons, d’accord ? »

Palkor hocha la tête, comprenant le point de vue de son père, et il rentra après l’avoir salué, un peu plus chaleureusement qu’à son habitude. Quand il arriva à sa résidence, la maisonnée était silencieuse, seuls des ronflements légers provenant de la chambre de Revenge.

Sans perdre une seconde, excité par ce qu’il pouvait accomplir, le jeune Apprenti de génie se dirigea immédiatement vers son atelier, et bientôt des bruits de métal et d’outillage purent se faire entendre derrière la porte fermée de sa pièce réservée.

Le lendemain matin, c’est un Palkor grognon que Marlon retrouva lorsqu’il descendit au salon de la résidence. Des cernes encore plus profonds creusaient son visage et ses yeux étaient hagards, perdus dans le vide.

L’apprenti sursauta même lorsque Marlon posa sa tasse sur la table et s’assit en face de lui en posant une deuxième infusion à destination de Palkor.

« Tu as décidé de te passer définitivement de sommeil ou quoi ? » demanda la Runiste à son camarade au teint pâle et aux yeux rougis par la fatigue.

« Non, j’ai travaillé tard sur ton idée de ‘batteries’, mais je n’ai pas réussi à trouver de combinaisons viables de runes pour le moment. Mais je vais y arriver, je vais…haaaaaaa »

Un bâillement séculaire interrompit Palkor en plein milieu de sa phrase, suivi d’un long soupir de la part de l’Apprenti.

« Bon allez, je t’accompagne pour te montrer où tu as cours aujourd’hui, et je te laisse…je dois dormir, sinon je crois que je vais m’écrouler dans la rue »

« Tu n’as pas de cours aujourd’hui ? »

Palkor secoua la tête, fermant les yeux puis les rouvrant difficilement avant de répondre à Marlon.

« Non. Quand tu passes un certain niveau, tu ne travailles que quatre jours à l’Académie…mais tu en es loin encore…allez, dépêchons-nous, je veux dormir… »

Dix minutes plus tard, Palkor avait laissé Marlon devant un édifice de la partie gauche de l’Académie, la zone des Forgeurs, et était reparti en hâte pour se reposer.

Le runiste avait également eu les instructions de sa part pour se rendre aux tâches communes dans l’après-midi, et cela se trouvait en dehors de l’Académie, à l’étage du Marché.

Marlon n’attendit pas plus et pénétra dans la salle, qui s’avéra être un autre amphi semblable à celui où il avait eu son cours de Runes avec l’enseignant Maleterre.

Se souvenir de l’homme fit froncer les sourcils du Runiste mais il se dérida rapidement en voyant qui était assis derrière le bureau qui se trouvait sur la scène centrale de l’amphi.

Eroch, celui qui lui avait appris les exercices de Mana et lui avait permis d’enrichir sa vision, regarda le jeune homme entrer d’un air neutre et le salua d’un hochement de tête. Il y avait beaucoup moins de monde dans la pièce gigantesque que lors du cours de Runes.

A peine une vingtaine d’étudiants étaient présents, et d’après les mines lasses que presque tous arboraient, ils ne semblaient pas ravis de se trouver là. Quelques instants plus tard, Eroch se leva et se tint devant le bureau, commençant son cours.

« Bonjour à tous et à toutes. Je vais vous parler aujourd’hui d’un sujet que beaucoup pense inutile : les Descendants et leurs origines »

Quelques grommellements s’élevèrent de la bouche d’une bonne moitié de la classe et le regard d’Eroch se fit dur, froid même.

« N’oubliez pas une chose. Si vous savez vous battre, vous serez un soldat. Si en plus vous savez réfléchir, vous serez un général. Mais seuls ceux connaissant leurs origines et leur histoire seront à même de capturer le cœur des gens et de les inspirer, et eux seront des Légendes. »

La répartie d’Eroch eut l’effet escomptée, et tous se turent, les protestations s’éteignant aussi vite qu’elles étaient apparues.

« Bien, maintenant que j’ai votre attention, nous allons pouvoir commencer… »

Eroch leva les mains et comme lors de son cours sur le mana, une projection bleutée s’éleva dans l’air au-dessus de lui, enflant jusqu’à devenir gigantesque, tous pouvant apercevoir le moindre détail de la boule bleutée qui tournait sur elle-même, aux contours informes, des éclairs éclatant dans son cœur de façon violente.

« Il y a des millénaires, peut-être plus, une civilisation extraordinairement avancée dans la magie et la technologie découvrit les secrets du mana, atteignant un apogée incroyable et dominant rapidement tous les continents, que cela soit par sa puissance militaire, que par sa culture. Un âge d’or qui dura des centaines d’années, et que personne ne put remettre en cause. Ils arrivèrent à débloquer le potentiel infini du mana dans chacun des êtres peuplant cette planète, et tous pouvaient devenir ce qu’ils voulaient. »

La boule bleutée se transforma en une ville qui avait presque des allures de science-fiction pour Marlon, qui pourtant venait de la Terre et d’un univers contrôlé par la technologie.

Des centaines de personnes étaient représentées, toutes possédant des pouvoirs très différents et changeant selon leur bon vouloir. Ils étaient heureux, prospérant et s’agrandissant plus que n’importe quel autre peuple de la planète.

« Seulement, rien n’est éternel. On ne sait pas comment ni pourquoi, mais un jour cet empire s’écroula sous le poids d’une guerre civile, et du jour au lendemain le monde se retrouva plongé dans une ère sombre, un âge où des guerres incroyables prirent place, dominées par des magies disparues, tuant des millions de gens, éradiquant presque la vie de ce monde. »

Des scènes de combat prirent alors forme au-dessus de la tête des étudiants et tous retinrent leur souffle alors qu’un spectacle cataclysmique se déroulait devant leurs yeux ébahis, des éclairs désintégrant des cités entières, des vagues déferlant sur les terres sans qu’il n’y ait de mer autour, des vortex absorbant toute matière pour la recracher ailleurs.

« Après que le sang ait fini d’être absorbé par la terre, et que la mort ait cessée de se répandre chaque jour un peu plus, les rares survivants de cette civilisation s’éparpillèrent aux quatre coins de la planète, ayant perdus leurs technologies, désireux d’oublier la catastrophe qu’ils venaient de faire vivre à Gaïa. Sur une promesse commune, ils scellèrent tous leur magie, promettant que jamais telle horreur ne se reproduirait. »

Une cinquantaine de personnes restaient sur la projection magique d’Eroch, prononçant un rituel qui arracha le mana de leurs corps dans de grandes souffrances. Ils se relevèrent, puis tous se saluèrent avant de partir vers des contrées inconnues, laissant leur passé derrière eux.

« Ces gens disparurent, ne laissant qu’une fresque gigantesque sur le continent d’Illiak, la contrée des elfes, et pendant quelques siècles tout ne fut que silence et guérison sur notre monde. La vie reprit son cours et les secrets de cette civilisation restèrent enfouis. »

Eroch fit un geste et la scène changea encore du tout au tout, représentant quelques personnages à l’air majestueux, tous vêtus de manière ostentatoire et semblant prêts au combat.

« Puis commencèrent à apparaître des gens aux dons incroyables, possédant des classes que personne ne connaissait plus, disparues dans les méandres du temps et de l’oubli. L’un d’entre eux, Akton, clama qu’il était un descendant du peuple perdu et que sa classe de Mage élémentaire, capable de contrôler tous les éléments, venait de ce fait. C’est d’ailleurs grâce à lui que nos ancêtres ont eu vent de ce peuple perdu, puis ont transmis au fil du temps toutes ces histoires. D’après ce que racontent les mythes, cet homme défendait les faibles et détruisait les tyrans qui étaient légions. »

Un des personnages s’illumina, un colosse portant une peau de ce qui ressemblait à un Mantis géant comme cape, tenant dans ses mains un bâton sculpté dans ce qui semblait être de la lumière, jouant avec plusieurs éléments à la fois.

« Il s’avéra que ses descendants, une personne par génération, jamais plus, possédaient une Classe rarissime, et que leurs talents s’élevaient bien au-dessus de la norme. Si trois enfants naissaient, seul un était exceptionnel. Et autant que nous le sachions, jamais aucune famille n’a dérogé à cette règle. Tout comme Akton, plusieurs personnages incroyables firent leur apparition au fil des âges. Nous n’en connaissons qu’une infime partie. Une fois qu’il devint un fait établi que ces gens étaient puissants, avec un potentiel presque infini, il fut décidé de les nommer les Descendants. »

La projection bleutée disparut et Eroch s’assit sur le bord de son bureau, tout l’amphithéâtre suspendu à ses lèvres. Ce Sylvain possédait l’art de conter une histoire, c’était sûr.

Marlon leva une main hésitante et Eroch hocha la tête pour lui signifier qu’il pouvait poser sa question.

« Y a-t-il beaucoup d’autres Descendants connus ? Magnus en était-il un ? »

Des murmures agressifs s’élevèrent instantanément des bouches des étudiants présents, mais l’enseignant les fit taire d’un regard de glace avant de se tourner vers le Runiste et de réfléchir posément avant de répondre.

« Oui, Magnus était un Descendant. Tyrannique, cruel et obtus, mais un descendant tout de même. Tous les Forgecielois le détestent, et cette haine est savamment entretenue génération après génération pour que jamais nous n’oublions les raisons de la naissance de Forgeciel. Mais cela fera l’objet d’un autre cours, pour ceux que ça intéresserait. Pour les autres Descendants, il y en a eu quelques-uns, facilement reconnaissables à leurs pouvoirs démesurés et à leur classe rarissime. Seulement, nous n’avons pas toutes les informations des autres pays et continents. L’empereur, par exemple, est l’un d’entre eux, même si nous ne connaissons pas sa classe. Il a effacé ce secret dans le sang voilà bien des années… »

Eroch fit le tour des autres étudiants, mais peu d’entre eux avaient des questions vraiment profondes sur le sujet. Soit cela ne les intéressait pas, soit ils n’osaient pas demander, Marlon n’en savait rien.

Marlon, lui, réfléchissait encore à ce que l’enseignant avait dit sur Magnus. Il dépeignait une image très différente de Magnus que ce que contait les Origines entendues à Delia. Cela rendait le jeune homme curieux, mais il ne voulut pas creuser la question sur le champ, pas devant les autres étudiants.

Une heure plus tard, Eroch signala la fin du cours, et Marlon attendit que tous furent sortis, certains lui jetant des regards mauvais au passage et mimant le fait de cracher sur le sol alors qu’ils passaient devant le runiste. Il les ignora et finit par se lever, se dirigeant vers Eroch qui n’avait pas bougé du bureau et semblait attendre le jeune homme stoïquement.

« Je pensais bien que tu viendrais me poser d’autres questions. Laisse-moi deviner…Magnus ? »

Les yeux de Marlon s’écarquillèrent mais il se reprit rapidement. Les enseignants devaient être au courant de tout sur lui, vu que Than devait leur avoir passé des consignes. Il était donc facile de faire le rapprochement entre lui et sa curiosité sur Magnus.

Il hocha donc la tête et s’assit sur l’invitation de l’enseignant qui lui indiqua d’un geste une chaise lui faisant face.

« Oui. Vous parlez de Magnus d’une façon très différente de ce qui se raconte dans l’Empire, et j’aimerais en savoir plus. Pourquoi vous le détestez, quels pouvoirs il avait exactement…vous êtes surement au courant que je suis un Descendant, n’est-ce pas ? »

Aucune surprise ne se lut dans les yeux d’Eroch et il ne fit qu’hocher la tête pour répondre au jeune homme.

« Oui, en effet, je suis au courant grâce à Than. Sache tout d’abord que je soutiens son idée de t’intégrer, mais je serais très honnête avec toi en te disant que je trouve tout de même cela dangereux…pour ce qui est de Magnus… »

Le Sylvain parut organiser ses pensées pendant quelques secondes avant de commencer à donner une explication au runiste.

« Les contes racontés dans l’Empire ne le dépeignent pas tel qu’il était, tout simplement. Avant d’arriver sur Erengar, Magnus était un homme assoiffé de pouvoir, imbu de sa propre puissance et ne supportant pas que quiconque lui fasse obstacle. Mais lorsqu’il dut fuir sa patrie, Delia, à cause du Fléau, il devint aigri, mauvais, sur la défensive constamment. Les ancêtres des Forgecielois faisaient partie de ses apôtres, ils étaient son bras droit. Lorsque par égoïsme et soif de pouvoir il activa le portail qui invoqua les Necros dans ce monde, ils décidèrent de ne plus le suivre, et ils faillirent y laisser la vie, Magnus ne supportant pas le rejet et la contradiction, il les exila dans les Monts d’Argent, les condamnant par cette action. Ils furent jetés dans des montagnes hostiles, sans nourriture, sans vêtements adaptés, sans ressource aucune. »

Il se leva et commença à faire des allers-retours d’un pas lent derrière le bureau, la passion brûlant son regard alors qu’il semblait se plonger dans le récit qu’il faisait de Magnus.

« Contre toutes les odes, ils parvinrent à survivre et à créer cet endroit, grâce à leur maitrise des runes Astrales et à une opiniâtreté à toute épreuve. Mais ils ont juré qu’ils ne pardonneraient jamais à l’homme pour qui ils avaient tout sacrifié et qui les avait condamnés à mort de cette façon. »

« Je…je comprends que Magnus n’est pas celui que je croyais, mais n’a-t-il pas rattrapé l’erreur commise en construisant la forteresse d’Embria qui contient toujours les Necros ? »

Eroch éclata d’un rire aigri, empreint d’une colère sous-jacente venant d’une tradition plus que millénaire dans la cité-volcan.

« Il exploita le peuple pour construire cette forteresse, il ne l’a pas bâti lui-même. Des centaines de morts dues à l’épuisement, aux accidents, quand lui se contentait d’explorer. Il n’a fait qu’activer les runes finales, et encore, la plupart ont été mises en place par ses apôtres. Et dès que le peuple l’a pardonné, il est parti, abandonnant ceux qui avaient tout donné pour lui… »

Eroch se rassit derrière son bureau, l’air soudainement fatigué alors qu’il semblait avoir fini son explication. Marlon, lui, comprenait que l’image de héros qu’il avait entendu et que l’Empire semblait entretenir était totalement fausse, mais il n’oublia pas ce qui l’intéressait le plus.

« Et savait-on quelle classe Magnus possédait ? Quelles capacités il avait ? Je suppose que c’est quelque chose d’assez connu, non ? »

Eroch secoua la tête, regardant Marlon avec une certaine condescendance, comme s’il s’adressait à un petit garçon naïf.

« Dans l’Empire, personne ne sait plus quelle était cette classe, juste quelques pouvoirs gravés dans les légendes. Mais nous, à Forgeciel, nous l’avons gravé dans nos héritages, gardant la promesse de ne rien oublier de cet homme, de notre ennemi ultime, dans le cas où un jour il reviendrait. Magnus maitrisait les Runes. Toutes les Runes. Il n’avait pas de limites, et était devenu un maître des runes Draconique, Astrales et même Sanguines. Mais cela ne suffisait pas, il en voulait toujours plus, à n’importe quel prix. Nos ancêtres ont même fait des hypothèses sur le fait qu’il cherchait un nouveau type de runes, celles que le peuple perdu maitrisait, mais cette quête n’est que cela, une hypothèse. »

« Et sa classe ? »

« Elle provenait de l’ère antique, et était à même de modifier l’équilibre du pouvoir. Magnus était un Runiste des Temps Anciens… »

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